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  • Claude Lévi-Strauss dans l’un de ses ouvrages, “La Pensée sauvage”, avait consacré un chapitre à ce qu’il appelait l’art du bricolage. Je trouve que la façon dont Lacan utilise ces bouts de ficelle relève en effet de cet art. C’est en 1972 que Lacan a emprunté à Guilbaud ce nœud borroméen. Il a trouvé qu’il lui allait « comme bague au doigt » pour y démontrer ce qu’il avait déjà mis en évidence depuis fort longtemps, les trois registres du symbolique, de l’imaginaire et du réel. Théodule Guilbaud était un mathématicien qui s’était lui aussi intéressé à l’application des mathématiques aux sciences sociales.

    C’est d’’une façon très tardive, de 1973 à 1976, au cours des trois séminaires « Les non-dupes errent », « RSI » et « le Sinthome », qu’il élabore alors un nouveau mode d’approche de la psychanalyse avec sa théorie des nœuds, avec ce qu’il appelle ses ronds de ficelle.

    Chemin faisant, il nous livre les secrets de leur maniement dans la mesure où ils sont faits, fabriqués, pour rendre compte de « sa pratique», les trois registres du symbolique, de l’imaginaire et du réel, noués ensemble dans le nœud, structurant le champ de l’expérience analytique.

    J’ai donc regroupé pour en constituer un petit Vademecum, les conseils que Lacan nous donne, et se donne à lui-même, dans une certaine mesure, puisque cette nouvelle logique de « sacs et de cordes » est en cours d’élaboration.

    J’en ai dégagé ces trois règles

    Ce noeud borroméen, il faut l’utiliser “ Bêtement” Il ne faut pas non plus mettre la charrue avant les bœufs et s’intéresser à ce nœud avant d’avoir lu et travaillé l’ensemble des séminaires de Lacan. C’est en effet eux qui permettent son usage effectif. Son maniement implique de même une référence constante au texte freudien.

    Je me pose cette question : quels seront les auditeurs de ce podcast qui arriveront jusqu”au bout ? En guise de récompense, Pour le prochain j’évoquerai l’amusant lapsus calami d’un assassin cité par Freud.


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  • Il n'est pas facile de saisir, dans une approche analytique, l'importance du nom propre. J'ai plusieurs fois essayé de reprendre pas à pas les textes de Lacan où il en parle, notamment celui d' "Un discours qui ne serait pas du semblant", mais je n'ai pas réussi à en faire, à mon idée, un juste repérage sauf quand même quelques points qui sautent aux yeux :

    1 - Le nom propre a ceci de particulier que, bien sûr, vous le portez, mais que ce nom vous a quand même été donné par quelqu'un, votre père, votre mari et quelquefois votre mère quand il n'y a pas eu d'acte de reconnaissance par le père et qu'il ne vous a pas donné son nom. Porter volontiers ou non ce nom qui vous a été donné, l'accepter ou le refuser, se trouver des noms de plume, de théâtre ou de psychose, c'est une façon de prendre position par rapport à ce don du nom, poser votre désir par rapport au désir du père ou de l'homme qui vous l'a donné ou pas donné.

    2 - En même temps, c'est aussi un nom qui vous permet de vous repérer dans votre lignée, la lignée de vos ancêtres. Il est frappant de constater comment dans la Bible nous pouvons lire une longue litanie de noms organisés en fonction d’une filiation paternelle et ce qui m'a toujours frappé dans cette longue énumération, c'est que justement le nom des femmes qui ont porté ces fils est le plus souvent élidée, comme si c’était une façon symbolique d’instaurer la métaphore paternelle, littéralement donc d'effectuer la substitution de ce nom du père à ce qu’il en était du désir de la mère.

    3 - On trouve, dans toute analyse, y compris bien sûr dans la sienne, la façon dont chacun utilise son nom propre en le mettant en scène dans les rêves et les symptômes - Les névrosés brodent autour des lettres de leur nom propre ou des significations qu’on peut leur donner pour construire ce que Freud appelait le roman familial du névrosé et Lacan, la chanson de geste de la névrose dont le sujet est le héros. Au titre d’exemple, on peut évoquer comment on a pu découvrir dans l’après coup au moment où on a su son nom le fait que le Petit Hans qui s’appelait en fait Herbert Graff avait ainsi utilisé les lettres de son nom propre pour raconter sa fantaisie de la girafe chiffonnée, “Giraffe”, celle qui représentait tantôt sa mère, sous la forme de la grande girafe, tantôt sa soeur Anna, comme petite girafe. Cette fantaisie participant à toute l’élaboration signifiante de sa phobie, celle qui le protégeait du désir envahissant de sa mère.

    Pour préciser dons ce qu’il en est de cette fonction du nom propre dans l’analyse, dans une première approche on peut dire que le nom propre, étant pris dans les symptômes, participe ainsi à cette fonction de suppléance du nom du père qui est attribué au symptôme mais ça mériterait d'être un peu plus solidement étayé, étayé par la clinique.


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  • Ce sont les circonstances actuelles, en cette période électorale animée, qui m’ont donné l’idée de reprendre ce rêve de Freud car nous avons besoin plus que jamais d’un peu d’humour et même d’espoir.

    Ce rêve qui se trouve donc dans le grand ouvrage princeps de Freud, L'interprétation du rêve, est là, avec d'autres, pour démontrer que les rêves sont toujours égoïstes et sont les célébrations du Moi du sujet. C’est toujours ce Moi le héros du rêve, quelques soient ses déguisements.

    Ce rêve rappelle un peu celui de la monographie botanique. Là encore c’est un livre exposé dans la vitrine d’un libraire qui le provoque : Freud écrit « Le nom de la nouvelle collection est : orateurs (ou discours) célèbres, et le numéro 1 de la série porte le nom du docteur Lecher. » c’est le texte même du rêve. Il est donc très court. Dans l’analyse de ce rêve, Freud s’étonne de l’intérêt qu’il porte à ce dénommé Lecher. Il le définit en effet comme « l’orateur perpétuel de l’obstruction allemande au parlement ». C’est donc un incorrigible parleur ou orateur mais qui ne le fait que pour empêcher les autres de parler. De fait, ce Lecher, c’est lui, Freud, obligé de parler plusieurs heures par jour avec de nouveaux analysants. Cela peut paraître curieux à une première lecture, d’accorder tellement plus d’importance au fait de parler plutôt qu’au fait d’écouter. Mais peut-être qu’après tout Freud constate que l’analyse est en effet une expérience de parole et que ce rêve le met tout particulièrement en évidence.

    En tout cas Freud le proclame en effet « je suis donc moi-même de la sorte un orateur ou un parleur perpétuel »

    Une note des traducteurs cite la série des signifiants oraux qui sont à l’oeuvre. de ce rêve Je cite cette note parce qu’elle met bien évidence ce qu’il en est de la voix comme objet petit a Je cite « Le rêve joue avec le paradigme du discours (Rede), de l’orateur ( Redner) et enfin du Dauerredner, du député qui garde la parole pendant des heures au Parlement pour faire obstruction. Mais reden veut dire aussi parler tout simplement. »

    On peut quand même remarquer que ce rêve n’est pas interprété à proprement parler. Il n’est là que pour souligner le fait que Freud s’est identifié dans son rêve à ce député qui ne cesse de faire obstruction à la parole des autres, qui littéralement les empêche de parler. Alors on peut certes penser que c’est peut-être un avertissement qu’il s’adresse à lui-même, un effet de son Surmoi « Tu parles un peu trop, mesure tes paroles » ? En effet en français, j’ajouterai bien à la liste de ces signifiants allemands, celui de « parler à bon escient » ou encore « parler en connaissance de « cause » ».

    Mais il est vrai aussi qu’avec cette invention de la psychanalyse et le déchiffrage du sens de ces rêves, il est devenu un véritable homme de parole et pas seulement un parleur.

    De fait, on peut aussi penser que de voir son nom propre exposé dans la vitrine d’une librairie mérite bien de s’identifier à ce dénommé Lecher, quelques soient par ailleurs les défauts qui l’ont rendu célèbre. A noter enfin que, comme nous ne savons pas quel était pour Freud le sens de ce rêve, nous nous trouvons dans la même situation que l’analyste écoutant le rêve d’un analysant. Avant de savoir ce que lui nous en dira, nous pouvons toujours analyser ce qu’il provoque en nous d’effets de transfert.

    A ce propos, je me souviens avoir raconté en cours d’analyse, un rêve où je faisais parler Jacques Alain Miller. il disait en substance : » Je fais toujours ce que je dis ». Lacan m’avait rétorqué sobrement qu’en attendant, c’était quand même moi qui avait fait ce rêve ! Il en va de même pour Freud, c’était lui qui avait fait ce rêve et qui comptait bien faire de l’obstruction au parlement par la magie de son verbe.

  • Au moment où le structuralisme était en vogue et que les philosophes l'opposaient à l'existentialisme, Lacan précisait, aux journalistes qui lui posaient souvent la question, ce que, lui, en tant que psychanalyste, mettait sous ce terme de structure et quel usage rigoureux il en faisait dans la champ de la psychanalyse. C'était en décembre 1966. Il avait accordé un interview au Figaro le 1 er décembre 1966, avec ce titre “ Un psychanalyste s’explique”

    Il disait à ce journaliste ceci : " Ce qu'on voit dans Freud, c'est un homme qui est tout le temps en train de débattre sur chaque morceau de son matériel linguistique, d'en faire jouer les articulations. Voilà Freud, un linguiste… toute l'œuvre de Freud est à déchiffrer en fonction d'une grille linguistique qui n'a été inventée qu'après lui ". Freud avait donc devancé Saussure. C’est dans cet interview que nous trouvons la définition la plus explicite de ce qu’est cette référence à la structure en psychanalyse : " La structure n'a pas la même signification pour chacun. Ainsi pour moi, le mot structure désigne exactement l'incidence du langage comme tel dans ce champ phénoménal qui peut être groupé sous la rubrique de ce qui est analysable au sens analytique. Je précise dans le champ de ma recherche dire " structuré comme un langage " est un pléonasme ". Les deux termes structure et langage sont équivalents, peuvent être substitués l’un à l”autre.

    Et maintenant si vous souhaitez trouver des preuves dans le texte freudien de ce que Lacan avance que Freud était un linguiste avant même l’invention de la linguistique, vous pourrez relire un texte passionnant qui a pour titre "L'intérêt de la psychanalyse" avec un de ses chapitres a d’ailleurs pour titre "L'intérêt pour les sciences du langage" Et oui ! Freud n'avait pas attendu Lacan pour s'intéresser à la linguistique !

    J'en extrait ce passage que je trouve magnifique : "La langue du rêve peut-on dire, est le mode d'expression de l'activité psychique inconsciente. Mais l'inconscient parle plus qu'un simple dialecte. Parmi les conditions psychologiques modifiées qui caractérisent les formes particulières de névroses et les distinguent les unes des autres, se trouvent aussi de constantes modifications de l'expression concernant les motions psychiques inconscientes. Alors que la langue gestuelle de l'hystérie coïncide avec la langue pictographique du rêve, des visions, etc... pour la langue de pensée de la névrose obsessionnelle et de la paraphrénie se présentent des formations idiomatiques particulières .... Ce qu'une hystérique, par exemple, représente par des vomissements, cela s'exprimera chez un malade obsessionnel par de méticuleuses mesures de précaution contre une infection et provoquera chez un paraphrénique une plainte ou un soupçon qu'on est en train de l'empoisonner. Ce qui trouve ici un expression si diverse, c'est le désir, refoulé dans l'inconscient, d'engrossement, et d'autre part la résistance de la personne malade contre celui-ci".

    Lacan reprendra ces fantasmes de grossesse pour en faire un mode d'instauration de la fonction paternelle dans la psychose et la névrose, laissant dans l'ombre, élidée, la question de leur rôle dans la perversion.


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  • A l’occasion d’un voyage en Italie, j’ai eu l’occasion d’admirer les fresques de la collégiale de San Giminiano, en Toscane. Une de ces fresques m’a bien amusée et intéressée. Elle décrit la scène du manteau de Noé.

    Selon la parole biblique, Noé, ignorant les effets du jus de la vigne, s’était enivré et une fois endormi, avait laissé voir tous ses attributs virils à ses trois fils. Sur cette fresque, on y voit donc en clair l’objet de l’interdit à savoir le pauvre petit zizi du père, avant qu’il ne soit vivement recouvert de son manteau par deux de ses fils respectueux, Sem et Japhet. D’après cette fresque on ne peut pas deviner que le troisième des fils, Cham, s’est, quant à lui, risqué à en avoir le cœur net et à jeter un petit coup d'œil sur la nudité du père. Il a même incité ses frères à braver cet interdit.

    Sans doute ce coup d'œil n’est-il pas loin de là, admiratif, puisque pour cette outrecuidance, Cham sera lourdement puni. Noé, sorti de son ivresse, le maudit et surtout le condamne à devenir l’esclave de ses deux frères. J’ai relu tout ce qu’il en est raconté dans la Genèse. Il y est décrit notamment comment les deux frères, pour recouvrir le corps du père de son manteau et mettre ainsi fin à cet intolérable spectacle, lui tournent le dos et marchent donc à reculons pour ne pas avoir à le regarder en face. Avec ce mythe du manteau de Noé, il semble bien que ce soit l’insuffisance de l’organe viril du père au regard du signifiant phallique que les fils ne doivent constater à aucun prix, pour pouvoir continuer à se soutenir de sa fonction d’exception et trouver ainsi leur statut d’hommes.

    Cette si amusante mise en scène ainsi que toutes les descriptions bibliques de la vie de Noé peuvent servir de points d’appuis pour aborder les trois registres dans lesquels intervient la fonction paternelle, le registre du réel, de l’imaginaire et du symbolique.




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  • Pour qui s’intéresse à cette question, Il n'est certes pas facile de savoir ce qui peut bien différencier un psychiatre d'un psychologue et d'un psychanalyste car ces trois praticiens ont au moins en commun le fait qu'ils s'occupent tous les trois de la souffrance psychique,.

    Si nous faisons apparaître ces deux termes de guérison et de suggestion, ils vont être pour nous deux éléments de différenciation décisifs

    Le psychiatre vous écoutera et vous parlera mais ce sera de surcroît car c'est un médecin : il vous donnera quelques paroles d'encouragement mais il vous prescrira également des médicaments. C'est avant tout sur eux qu'il compte pour vous guérir.

    Le psychologue ou psychothérapeute, vous écoutera et vous parlera, c'est en effet par la parole qu'il espère vous guérir de vos symptômes. Mais vous serez avec lui en face à face, c'est à dire que vous vous parlerez, de vous à lui et de lui à vous, et peut-être sera-t-il ainsi sollicité de vous répondre quelquefois du tac au tac.

    Le psychanalyste vous écoutera surtout - et par ses interprétations fort rares - vous permettra de vous guérir vous-même. Vous êtes allongé sur un divan, et le psychanalyste se trouve derrière vous pour n'avoir à prêter attention qu'à vos paroles et également pour se dérober à votre regard, pour mieux s'effacer devant vous.

    Mais cette première approche est loin d'être suffisante et c'est la que ce terme de Suggestion est très utile puisque tous trois n'en font pas du tout le même usage. Ce terme on peut je pense le définir comme le fait d'influencer quelqu'un, de lui imposer éventuellement une image, une pensée, une conduite, mais si on passe du nom au verbe, on peut choisir soit le verbe suggestionner, qui existe, soit le verbe suggérer.

    La césure entre ces deux verbes, suggestionner et suggérer, permet d'établir une coupure entre la psychanalyse et les autres formes de thérapies psychiques. Le psychanalyste ne suggestionne pas, il suggère, par ses interprétations ; Il « sussure », comme dit Lacan, des signifiants qui ont le pouvoir de guérir la névrose, voire la perversion.

    Ces faits liés à ces deux termes guérison, suggestion, on peut les retrouver dans le texte freudien, ce qui différencie la psychanalyse des autres formes de psychothérapie c'est un double renoncement : tout d'abord, celui concernant le plus court chemin pour arriver à la guérison au profit de l'élucidation des mécanismes en jeu, d'autre part le renoncement à la suggestion ou tout au moins à son utilisation mise à chaque fois en suspens, déboutée par le déchiffrage de ce que traduit, à chaque étape de l'analyse, l'amour de transfert, à savoir une manifestation du désir de l'analysant dans son lien au désir du psychanalyste.

    Par le biais du transfert, dans l'analyse, si la guérison des symptômes peut être obtenue c'est en retrouvant leurs sources infantiles : "… pour dissoudre les symptômes, il faut remonter à leurs origines, réveiller le conflit qui leur a donné naissance et orienter ce conflit vers une autre solution, en mettant en œuvre des facteurs qui à l'époque où sont nés les symptômes n'étaient pas à la disposition du malade".


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  • Dès les années 1900, au moment où Freud écrit son oeuvre initiale l’Interprétation des rêves, il analyse déjà quelques rêves qu’il met sous la rubrique “ Rêves de castration”. C’est donc là qu’il en découvre la dimension clinique.

    Parmi tous ces rêves, J’en ai retenu deux qui abordent si on peut dire clairement la question. Pour le premier Freud écrit “ Un garçon de trois ans et cinq mois, qui visiblement accepte mal le retour de campagne de son père, se réveille un matin perturbé et énervé et répète sans cesse la question ; pourquoi papa a porté sa tête sur une assiette ?

    Ce premier rêve exprime donc que cette crainte de castration est liée à une idée de vengeance du père par rétorsion. C’est l’enfant qui a d’abord souhaité castrer son père.

    Le second rêve que Freud lui a adjoint exprime alors cette angoisse de castration. C’est le rêve d’enfance d’un étudiant souffrant d’une grave névrose obsessionnelle. Il se souvient que dans sa sixième année, il avait souvent rêvé ceci “ Il va chez le coiffeur se faire couper les cheveux. Arrive une grande femme aux traits sévères, qui approche de lui et lui tranche la tête. il reconnait cette femme comme étant sa mère.”

    C’est le moins qu’on puisse dire, ce type de rêves fait dans l’enfance ne doit pas contribuer à favoriser les rapports harmonieux entre les hommes et les femmes une fois devenus adultes.

    La première fois que Freud parle, tout au moins d’une façon un peu élaborée, du complexe de castration masculin, dans les « Trois essais sur la théorie de la sexualité », en 1905, ce qu’il appelle complexe de castration c’est la difficulté du petit garçon à accepter que la mère ne soit pas pourvue du même organe que le sien. » il note que ce n’est pas le cas de la petite fille « elle ne se refuse pas à accepter et reconnaître l’existence d’un sexe différent du sien, une fois qu’elle a aperçu l’organe génital du garçon ; elle est sujette à l’envie du pénis qui la porte au désir si important plus tard, d’être à son tour un garçon. »

    Quelques années plus tard en 1914, dans son texte « Pour introduire le narcissisme »[1], Freud aborde à nouveau cette question du complexe de castration en le ramenant cette fois-ci non plus à la question de la castration de l’Autre mais de la sienne propre, une castration qui met en grand danger son narcissisme.

    Mais en ces mêmes années, dans le texte de l’Homme aux loups, dans cette partie qu’il intitule “ Complexe de castration et érotisme anal” en prenant appui sur la petite parcelle d’hystérie de l’Homme aux loups, nous pouvons aisément trouver un point de jonction entre la façon dont Freud aborde cette question du complexe de castration et ce que Lacan a élaboré, à propos de ce complexe, des trois modes d’instauration de la fonction paternelle, pour le sujet dit normal, le sujet névrosé, et le psychotique. Là où on peut effectuer cette articulation c'est en effet autour de la grossesse symbolique de L'homme aux loups que peut s'effectuer cette passerelle de l'un à l'autre.


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  • C’est pour réhabiliter l’hystérie, lui redonner ses titres de noblesse que j’ai choisi, dans l’un de mes premiers livres, ce terme d’éloge à son sujet. "Eloge de l’hystérie", et d’ailleurs en mettant, pour une fois, à l’encontre de toutes les idées reçues, cette hystérie du côté du masculin. Son titre complet étant "Eloge de l'hystérie masculine" avec comme sous-titre “sa fonction secrète dans les renaissances de la psychanalyse”

    C’est un renversement qui est très utile, car, du coup, les analystes qui se sont toujours beaucoup intéressé aux femmes hystériques sont mis, à leur tour, sur la sellette, interrogés sur leur propre hystérie, sur leurs symptômes et donc sur leur désir inconscient.

    L’hystérie je la définirai donc comme une aptitude humaine fort répandue, celle de pouvoir traduire les douleurs psychiques intolérables en douleurs corporelles.

    C’est Madame Cécilia M., une mystérieuse héroïne des Études sur l’hystérie, qui a donné à Freud le secret de fabrication du symptôme hystérique. Elle lui a donc appris que l’hystérique redonne toujours à des locutions verbales les plus ordinaires, les plus utilisées, si ce n’est les plus usées, leur sens premier, leur sens d’origine.

    En voici un florilège: “ça m’a fait battre le coeur”

    “ J’en ai eu froid dans le dos"

    “J’en ai le souffle coupé”.

    “J’ai été clouée sur place” - “les bras m’en sont tombés” - “ j’en ai plein le dos”.

    C’est donc avec toutes ces expressions verbales que l’hystérique fabrique ses symptômes corporels : des palpitations, des vomissements, des diarrhées, des paralysies, des douleurs de dos et bien d’autres choses encore.

    Avec ce que je vous ai dit du symptôme hystérique on peut donc décrire comment chaque psychanalyste réinvente, remet la psychanalyse au monde avec ses propres fantasmes de grossesse qui s’expriment toujours par un symptôme hystérique.

    Je vous donne tout de suite un exemple de ces fantasmes de grossesse, avec celui de l’Homme aux loups, l’un des plus célèbres cas décrits par Freud dans les cinq psychanalyses.

    Je ne vais pas bien sûr vous raconter toute son histoire mais juste vous décrire son symptôme hystérique.

    Son désir d’être aimé du père et d’en recevoir un enfant se manifestait par un symptôme intestinal : Il souffrait d’une constipation opiniâtre qui ne cédait que lorsqu’un homme, son valet de chambre, lui administrait un lavement. Lorsqu’il était ainsi délivré de cet enfant, un enfant un peu particulier, il revenait à la vie, il se sentait renaître.

    Dans l’analyse, les fantasmes de grossesse de l’analysant et de l'analyste s’expriment avec l’aide du verbe Sauver, sous forme de fantasmes de sauvetage. L’analysant veut être sauvé - guéri par son analyste. De même, l’analyste peut vouloir sauver guérir son analysant.

    C’est là que la situation peut devenir fort périlleuse car pour l’inconscient, quand un homme sauve une femme, il lui donne un enfant. De même, quand une femme sauve un enfant de la noyade, comme la fille de Pharaon avait sauvé Moïse, elle le met au monde. Elle est sa mère.

    C’est donc important que l’analyste soit un peu au clair quant à ses propres fantasmes de sauvetage et qu’il sache donc où il en est de son désir de guérir ses analysants.

    Ce livre Eloge de l'hystérie masculine; sa fonction secrète dans les renaissances de la psychanalyse est paru chez L'harmattan en janvier 2020.

    J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse".

    ( https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )
    Musique : Sincerity par Glowing Palace


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  • Bienvenue sur ce site de podcast Une psychanalyse à fleur d'inconscient. Aujourd'hui je voudrais vous parler des émeutes urbaines survenues il y a quelques mois avec ces hordes de jeunes déchaînés semant le chaos et la destruction autour d’eux et qui sont venues reposer d’une façon aiguë sinon urgente ces questions de la délinquance. Une approche analytique de ces questions ne pourrait bien sûr qu’être bénéfique, ne serait-ce que pour proposer quelques pistes de travail en vue d’y apporter des solutions.
    On pourrait partir de ce fait premier : On peut considérer à juste titre que la famille est en quelque sorte la petite cellule élémentaire de la société. C’est en son sein en tout cas que l’enfant est censé apprendre les modes de fonctionnement de la vie en société et donc ses lois.

    Des analystes se sont déjà préoccupés de ces questions si difficiles à résoudre de la délinquance, l’un des premiers et l’un des plus attachants est incontestablement August Aichhorn avec son livre Jeunes en souffrance. Il avait abordé ces sujets au temps de Freud. Mais dans les années 1950 une autre analyste mettait l’accent sur cette structure familiale, qui se trouve être la cause et la source de ces comportements asociaux dans son ouvrage au titre explicite “ La délinquance juvénile”. Elle s’appelle Kate Friedlander. Selon elle, les raisons de ces comportements asociaux seraient à mettre en relation avec les premiers liens pulsionnels de l’enfant à sa mère au moment du sevrage et de l’apprentissage de la propreté. Elle souligne en effet que “Les facteurs primaires responsables d’un comportement asocial se découvrent dans la relation de l’enfant avec sa mère et plus tard avec son père et dans d’autres facteurs affectifs qui durant les premières années de la vie constituent l’ambiance familiale ».

    Reconnaître ces faits, cette source première de la délinquance se trouvant au sein de la famille est peut-être déjà un premier pas. Il me semble que c’est pour la première fois que cette source essentielle est évoquée par les responsables politiques de ce pays. Ils font en effet nommément appel à la responsabilité des parents.

    Au cours de ces mêmes années 1950 quand Lacan était encore psychiatre mais quand même déjà psychanalyste, il avait indiqué que les questions de délinquance et de criminalité était lié pour lui à la façon dont la famille de ces sujets se trouvait être non seulement isolée dans le contexte social qui l’entoure et surtout qu’elle était réduite au couple parental et aux enfants, avec donc très peu d’identifications possibles valorisantes et nombreuses à des adultes dont a besoin tout sujet pour trouver sa place dans la société. Dans l’ approche de la délinquance qu’en fait Kate Friedlander, on peut trouver une raison d’espérer, elle se trouve, comme souvent, au niveau de l’école. L’enfant après celui de la famille devra s’adapter à un autre groupe, le groupe scolaire. Elle aussi le préparera à sa future vie en société. C’est peut-être là que l’on pourrait agir de façon préventive, en mobilisant pour cette cause, une armée d’ouvriers, une armée de psychothérapeutes, prêts à intervenir auprès des enfants mais aussi des parents.


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  • Dans le journal d’une analyse, celle de l’Homme aux rats, dès les premières séances, Freud raconte comment son analysant était poursuivi par l’idée qu'il était un grand criminel. Quand cela lui arrivait, il allait chercher l’aide de l’un de ses amis qui avait le pouvoir de le libérer de son obsession .

    A ce propos, cet été, j’ai lu un livre que j’ai beaucoup aimé qui s’appelle « le criminel et ses juges ». Ce livre écrit par des psychanalystes de la génération de Freud aborde la question du crime et de sa punition par la justice dans une approche analytique en fonction des désirs de meurtre inconscients de tout un chacun, y compris bien sûr des juges.

    Ce livre qui a été écrit en 1928, par Alexander et Staub. Les auteurs partent tous les deux de la métapsychologie de la névrose, pour éclairer analytiquement ce qu’il en est des actes criminels.

    Ils démontrent que la névrose est donc l’épanouissement, dans le domaine psychique, des tendances asociales de l’homme cultivé. Elle est dans son contenu psychologique et dans sa structure, une fidèle répétition de la justice pénale de l’histoire primitive [...] Le crime originel sous la forme de l’inceste et du parricide et même la forme de la peine primordiale, la castration.

    Ce qui n’est pas résolu dans cette approche analytique de la question de la criminalité, c’est le fait que le névrosé, selon la formule chrétienne de la confession, a péché en pensée, tandis que le criminel a péché en action.

    En 1950, Dans son texte “ Fonctions de la psychanalyse en criminologie”, Lacan a pris appui sur cet ouvrage d’Alexander et Staub, pour expliquer les mécanismes même du crime, par une énigmatique formule qui mériterait un long développement. Il exprimerait ce crime une “déhiscence dans le champ social du groupe familial”. Or si on a recours au dictionnaire, pour apprécier le poids de cette déhiscence du groupe familial dans le champ social, on constate que c’est un terme de botanique. C’est la fonction de certains organes végétaux qui s'ouvrent sans se déchirer à certaines époques pour libérer leur contenu : fruit, graine, pollen ou spore.

    La métaphore mérite d’être retenue car elle marque ainsi le point d’origine de la criminalité et des actes délictueux qui font bien irruption au sein de la société mais naissent au cœur de la famille.

    Lacan dans cet article de 1950, utilise encore pour expliquer ces mécanismes, un terme psychiatrique qui peut être fort équivoque, celui d’oedipisme.

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  • Aujourd'hui je voudrais vous parler de ces hommes hystériques qui ont pourtant toujours été présents à tous les grands moments, les moments décisifs de l’invention freudienne et notamment à son début. Ils étaient là bien sûr à ce grand moment inaugural où Freud revient de Paris avec son précieux butin, tout ce qu’il a appris de Charcot, après avoir assisté à ses entretiens du mardi à la Salpêtrière. Nous sommes en 1886 et Freud présente à ses confrères viennois, son premier cas d’hystérie masculine. sa conférence n'obtient pas le succès escompté et Freud en garde de l’amertume.

    Ils sont encore là ces prolétaires, ouvriers du bâtiment, chauffeurs de locomotives ou conducteurs de tramway, pour franchir avec Freud cette étape décisive, au fondement même de la psychanalyse, lorsque Freud étend le

    concept de traumatisme de la névrose traumatique à toutes les formes d’hystérie mais aussi bien à toutes les formes de névrose.

    Ils sont encore là, ces hommes hystériques, tellement féminisés, pour franchir une troisième étape, en 1908/1909, lorsque Freud loge à la même enseigne, les hommes et les femmes, sous le drapeau flamboyant de l'hystérie, dans son texte majeur, si éclairant quant à cette structure “ Les fantasmes hystériques et leur rapport à la bisexualité.

    Mais ce n’est qu’en 1928, avec son texte “Dostoïevski et le parricide”, qu’il donne ainsi ses titres de gloire à l’hystérie masculine. Elle est en effet liée à la question du désir de meurtre du père qui est au coeur de l’Oedipe mais aussi au fondement de la civilisation.

    Encore un pas de plus, et ces hommes hystériques aident alors Freud à déchiffrer comment cette haine pour le père, dans le cas de la névrose obsessionnelle, trouve elle aussi refuge dans le noyau hystérique de cette

    névrose, dans son soubassement hystérique.

    Mais l’importance de cette hystérie masculine peut également être retrouvée lorsque, dans l'enseignement de Lacan, au cours de son séminaire "Les structures freudiennes des psychoses" il a réussi à formuler ce qu’il en était de la structure de la psychose par rapport à la névrose, avec ce terme qu’il a avancé celui de forclusion du Nom-du père.

    J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse".

    ( https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )
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  • Bienvenue sur ce site de podcasts “une psychanalyse à fleur d’inconscient”. Aujourd’hui je voudrais vous parler des trois sources du rêves avec parmi celles-ci une qui est particulièrement intéressante, celle des rêves qui surviennent en cours d’analyse et que Freud appelle rêves autobiographiques et qui révèlent de fait la source de la névrose, l’événement traumatique autour duquel elle s’est organisé.

    Mais Freud décrit tout d’abord comme première source du rêve celle du désir de dormir. C’est en quelque sorte un désir qui émane du Moi. Il cite comme exemple de rêve, celui de cet étudiant en médecine qui pour ne pas avoir à se réveiller et à se lever, avait rêvé qu’il était déjà à l'hôpital mais dans un lit de malade pour pouvoir y dormir tranquille.

    Mais ce désir de dormir peut entrer en conflit avec le désir inconscient qui demande à s’exprimer, les vigiles donnent aussitôt l'alarme et le rêve devient rêve d'angoisse ou cauchemar. Il trouble à ce moment-là le sommeil, il provoque le réveil.

    Ces "rêves à déplaisir" qui semblent faire obstacle au principe de plaisir restent quand même sous sa domination, au titre de sentiment de culpabilité ou de punition pour un désir interdit.

    Cependant en 1920, dans son "Au-delà du principe de plaisir", il décrit une autre catégorie de rêve qui fait non pas objection mais "exception à la théorie du rêve comme accomplissement de désir", ce sont d'une part les rêves de l'hystérie traumatique point de départ, ne l'oublions pas, de la découverte freudienne, d'autre part les rêves effectués au cours d'une psychanalyse.

    Ces rêves, souvent fait en début d’analyse, méritent en effet d'être considérés en tant que tels car ils témoignent de ce que Lacan appelait la chanson de geste de la névrose et désignent en quelque sorte, quels seront les buts à atteindre et les étapes qui seront à franchir au cours de cette analyse, ils en tracent en quelque sorte le chemin. Il peuvent être utiles à l’analyste, si ce n’est dans ce qu’on appelle, peut-être de façon présomptueuse, la “ conduite de la cure” mais il peut au moins lui donner quelques repères quant à la structure de la névrose, qu’elle soit phobique, hystérique ou obsessionnelle de l’analysant.

    Pour l’analysant, même si, en ce premier temps de l’analyse, il n’est pas à même de déchiffrer ce rêve, dans l’après-coup, il pourra découvrir, que tout était déjà là dans ce rêve, écrit avec les lettres de son destin, et notamment les lettres de son nom propre, tracées à partir de son histoire familiale.

    J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des
    premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse". Vous pouvez y retrouver la plupart de ces textes développés. ( https://www.le-gout-de-la psychanalyse.fr/ )

    Liliane Fainsilber

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  • Aujourd’hui, à propos du souvenir d'enfance de Goethe si amusant, celui où il raconte comment il avait envoyé par la fenêtre toute une série d'ustensiles de cuisine, d'assiettes et de pots sous l’oeil admiratif de leurs voisins, souvenir d'enfance qu’il raconte dans “Fiction et vérité", je me pose la question de savoir quelle place l’oeuvre littéraire de Goethe a eu dans sa vie, tout comme l’oeuvre analytique de Freud dans la sienne ?

    Le texte de Freud qui a pour titre “ Un souvenir d’enfance dans Fiction et Vérité de Goethe ” peut nous en donner la dimension.

    Freud prend tout d'abord ce récit de Goethe comme un exemple de ce qu'est en fait un souvenir-écran, " cette chose conservée dans la mémoire" qui est "l'élément le plus significatif de toute cette partie de vie de l'enfance, ou bien qui l'est devenu après-coup, "sous l'effet d'expériences ultérieures". Puis, à partir de ce souvenir d’enfance, il généralise donc cette fonction du souvenir-écran. Il écrit : “On considère en règle générale que c'est le souvenir que l'analysé met en avant, qu'il raconte en premier, par lequel il introduit la confession de sa vie, qui s'avère être le plus important, celui qui recèle donc les clés des tiroirs secrets de sa vie psychique”. Mais ce qui a surtout retenu mon attention dans ce texte de Freud qu'il consacre à ce souvenir d'enfance de Goethe, c'est la conclusion inattendue qu'il en tire :

    Le jeune Goethe, écrit Freud, témoignait ainsi en racontant ce souvenir de ceci : "J'ai été un enfant chanceux; le destin m'a maintenu en vie bien que je fusse donné pour mort quand je vins au monde. Mais il a éliminé mon frère, de sorte que je n'ai pas eu à partager avec lui l'amour de ma mère"... Or je l'ai exprimé dans un autre endroit, quand on a été le favori incontesté de sa mère, on en garde pour la vie ce sentiment conquérant, cette assurance du succès... Et une remarque du genre : ma force s'enracine dans ma relation à ma mère, aurait pu être mise à juste titre par Goethe en exergue à sa biographie."

    Question : n'aurait-elle pas pu être également mise en exergue dans la biographie de l'inventeur de la psychanalyse ?




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  • Les séances dites courtes de Lacan suscitent encore de nos jours de vives polémiques d’autant plus qu’elles sont mises en exercice par d’autres analystes, aussi la question mérite-t-elle d’être posée à la lumière de ce que lui-même a pu en dire et en écrire.

    En 1953, dans son grand texte des Ecrits « Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse » il avait abordé ce sujet en écrivant « Nous voulons … toucher un autre aspect particulièrement brûlant dans l’actualité, la fonction du temps dans la technique. Nous voulons parler du temps de la séance.

    Pour lui, il indique que c’est un élément qui appartient manifestement à la réalité, puisqu’il représente notre temps de travail, et sous cet angle, il tombe sous le coup d’une réglementation professionnelle qui peut être tenue pour prévalente »

    Mais il soulève alors un autre aspect beaucoup plus important, les incidences du temps de la séance tout d’abord par rapport à l’analyste puis par rapport à l’analysant.

    Concernant le temps de la séance par rapport à l’analyste et par rapport au groupe analytique il évoque “le caractère scrupuleux, pour ne pas dire obsessionnel, que prend pour certains sinon pour la plupart, l’observation d’un standard dont les variations historiques et géographiques ne semblent au reste inquiéter personne, est bien le signe de l’existence d’un problème qu’on est d’autant moins disposé à aborder qu’on sent qu’il entraînerait fort loin dans la mise en question de l’analyste ».

    Bien au-delà donc de ces questions institutionnelles, cette question du temps des séances est liée à la question de la part de l’analyste dans le travail de l’analyse, ce en quoi il va pouvoir favoriser, provoquer, l’émergence, le surgissement de la vérité.

    Il parle donc du temps de la séance par rapport à ce que raconte l’analysant. Il écrit :

    « Pour le sujet en analyse, d’autre part, on n’en saurait méconnaître l’importance. L’inconscient, profère-t-on, sur un ton d’autant plus entendu qu’on est moins capable de justifier ce qu’on veut dire, l’inconscient, dit-on, demande du temps pour se révéler [...] Mais nous demandons quelle est sa mesure ? Est-ce celle de l’univers de la précision… ? Peut-être en prendrons-nous quelque meilleure idée en comparant le temps de la création d’un objet symbolique et le moment d’inattention où nous le laissons choir ?

    Je me pose quand même cette question: est-il donné à tout analyste de pratiquer ces séances courtes et en tout cas de les pratiquer de façon systématique. Il faut quelquefois un peu de temps à l’analyste pour pouvoir briser ce discours de l’analysant et lui permettre d’accoucher de cette parole.


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  • Aujourd'hui je voudrais vous parler d'une gente dame, célébrée par Rabelais, qui prenait grand soin des attributs virils de son mari alors qu'il s'apprêtait à partir en escarmouche.

    Certes depuis mai 68, la libération des mœurs et la découverte de moyens de contraception efficaces ont modifié les rapports entre les hommes et les femmes, tout au moins dans nos pays, mais les ont-ils pour autant simplifiés et surtout améliorés ?

    Aussi l'évocation de l'éthique rabelaisienne qui place le souverain Bien au niveau des braies et des braguettes peut-elle être, dans notre approche, de quelques secours pour redonner son poids et ses pouvoirs de séduction non pas à l'organe masculin en tant que tel, mais à son symbole, celui qui était célébré au temps des divins mystères, sous la forme d'un phallus érigé, ce phallus sous l'égide duquel, les femmes et les hommes se trouvent ainsi rangés, d'un côté ou de l'autre. Ce phallus en devient ainsi un objet d'intérêt commun.

    En témoigne cette gente dame rabelaisienne, l'épouse du dit seigneur de Melville, qui voyant son mari tout armé partir en guerre avec son Roi, se préoccupait fort de ses parties intimes mal protégées selon elle et lui enjoignit de les couvrir d'un lourd casque de combat.

    Rabelais accompagne la morale de l'histoire, de ces vers :

    « Celle qui vit son mari tout armé.

    Fors la braguette, aller à l’escarmouche,

    Lui dit : « Ami, de peur qu’on ne vous touche,

    Armez cela, qui est le plus aimé. »

    Quoi ! tel conseil doit-il être blâmé ?

    Je dis que non, car sa peur la plus grande

    De perdre était, le voyant animé,

    Le bon morceau dont elle était friande. »

    Aussi avec cette supplique de la dame nous pouvons relire par exemple l'approche freudienne de la féminité selon laquelle il faudrait qu'une femme réussisse à étendre son amour de l'organe au porteur de celui-ci.

    Ce récit de Rabelais m'a aussi fait penser à un fragment d'une des plus tardives interventions de Lacan, à Genève, qui avait pour titre le symptôme où il y évoquait ce qu'il en est de la prédominance phallique dont se plaignent beaucoup les féministes pour y souligner que, selon lui, ce sont les femmes qui y trouvent les plus grands avantages.

    « Moi, je serais assez porté à croire, affirmait-il, que, contrairement à ce qui choque beaucoup de monde, c’est plutôt les femmes qui ont inventé le langage. D’ailleurs, la Genèse le laisse entendre. Avec le serpent, elles parlent – c’est-à-dire avec le phallus . Quoique ce soit l’un de mes rêves, on peut tout de même se poser la question – comment est-ce qu’une femme a inventé ça ? On peut dire qu’elle y a intérêt. Contrairement à ce qu’on croit, le phallocentrisme est la meilleure garantie de la femme. Il ne s’agit que de ça ». La Vierge Marie avec son pied sur la tête du serpent, cela veut dire qu’elle s’en soutient ».

    C'est merveilleux je trouve que Lacan évoque à propos de ce phallocentrisme définie comme la meilleure garantie de la femme, toutes les représentations de la Vierge foulant au pied le serpent.

    On peut en effet considérer qu'en le foulant ainsi au pied, comme le Petit-Hans avec sa girafe chiffonnée, elle en fait un signifiant.

    Dans cette anecdote racontée par Rabelais, outre l'importance de cette question du phallus, nous pouvons aussi retrouver avec ce bon morceau dont elle était friande, par ce glissement de l'objet viril à l'objet oral, cet objet primordial, le sein. La friandise, la gourmandise décrivent ces plaisirs de la bouche. Ainsi est évoqué ce que Lacan, dans son algèbre, a nommé l'objet petit a.

    J'ai emprunté ce récit au Tiers livre des faits et dits du bon Pantagruel dans le chapitre « Comment la braguette est la pièce principale de l'armure pour les hommes de guerre. C'est en effet un chapitre plein d'enseignement, comme j'ai essayé de le démontrer.

  • Bienvenue sur ce site de podcast, une psychanalyse à fleur d'inconscient. Aujourd'hui, je voudrais vous parler de l'un des destins de la pulsion, celui de la sublimation. Elle peut être considérée, à la suite de Lacan, comme un travail de symbolisation de la perte, une célébration de l'objet perdu.

    Freud, malgré la définition qu'il en a donné, « une satisfaction de la pulsion sans refoulement », n'a pas tout à fait réussi, malgré son étude de Léonard de Vinci, à tracer la métapsychologie de cette sublimation.

    Lacan, lui a franchi un pas de plus dans cette approche mais en repartant justement de l'un des plus anciens textes de Freud, son « Esquisse d'une psychologie scientifique » dans laquelle il décrit les premiers liens du petit nourrisson à sa mère.

    Freud y décrit comment le bébé découvre la présence de cette Autre préhistorique, la mère, en tant qu'elle est capable d'apporter satisfaction à ses besoins, lorsqu'il l'alerte par ses cris. Par son intermédiaire il fait tout d'abord l'expérience de la satisfaction, lorsque elle lui donne le sein, mais tout aussi bien l'épreuve de la souffrance. En effet elle n'obéit pas toujours au doigt et à l'oeil, elle vaque à ses occupations et ne répond pas toujours à son attente. C'est cette grande Autre archaïque qui est célébrée par tous ses troubadours, poètes, peintres, musiciens mais aussi psychanalystes.

    Cette Autre préhistorique, cette première étrangère, point d'origine de l'inconscient, se divise, selon Freud, en deux parties. L'une entre dans le champ des représentations inconscientes, au
    titre de traces mnésiques ou mnémoniques de l'objet, comme souvenirs de l'objet ; L'autre partie va rester définitivement étrangère, inassimilable. C'est ce que Lacan isolera sous ce terme de Das Ding, La chose. C'est avec ce nouveau concept pris dans le texte de Freud
    qu'il décrit alors ces mécanismes mis en jeu lors de cette œuvre de sublimation.

    Das Ding, c'est cet objet qui échappe à toute symbolisation, à tout jugement qu'il soit d'attribution ou d'existence. Autour de cet objet par contre, s'organisent donc toutes les représentations inconscientes soumises au principe de plaisir, ce que Lacan appelle la ronde des signifiants. Ainsi cerné par du symbolique, s'instaure au cœur du sujet un point de réel, qui n'est autre que celui de l'objet perdu de la théorie freudienne et que Lacan appelle la Chose. C'est justement Autour de cette Chose, que pourront être cultivées les fleurs les plus délicates et les plus belles de la civilisation.

    Par rapport à ce concept de Das Ding, de La Chose, Lacan définit donc la sublimation comme étant le fait d'élever un objet à la dignité de la Chose. Il en devient le signifiant. Pour qu'il puisse ainsi représenter la Chose, cet objet créé par la sublimation doit toujours être construit autour d'un vide évoquant l'absence de l'objet. Les poèmes des troubadours célèbrent la dame inhumaine à jamais inaccessible. De même, les premiers vases, les premières poteries, traces d'anciennes civilisations, les peintures rupestres d'Altamira, même les pommes
    de Cézanne exaltent l'absence de cet objet perdu, instaurent sa nostalgie.

    La sublimation du psychanalyste autour de ce même objet ne pourrait-elle pas mettre à nu la fonction de toutes les formes de sublimation, en constituer une sorte de paradigme en spécifiant les rapports singuliers de chaque psychanalyste à la Chose analytique et notamment en explicitant comment il a, autour de cet objet, à réinventer la psychanalyse à
    partir même de ses symptômes. Ce dont pourrait témoigner ce changement d'orthographe, du « symptôme » au « sinthome », proposé par Lacan ?

    J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse".

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  • Bienvenue sur ce site de podcasts “ une psychanalyse à fleur d’inconscient”. Aujourd’hui en cette période de vacances, j’ai choisi de vous parler de parfums, des bonnes ou des mauvaises odeurs qui nous ravissent ou nous incommodent.

    Juliette, Juliette Nouredine, une chanteuse qui compose le plus souvent à la fois les textes et les musiques de ses chansons, a célébré dans l’une d’elles, des parfums, traces de la présence d’une femme aimée ou peut-être de l’homme aimé, on ne sait. Mais ce serait plutôt des parfums de femme qui sont ainsi évoqués.

    «Je veux garder pour en mourir

    Ce que vous avez oublié

    Sur les décombres de nos désirs

    Votre parfum sur l’oreiller.

    Laissez-moi deviner ces subtiles odeurs

    Et promener mon nez

    Parfait inquisiteur

    Il y a des fleurs en vous

    Que je ne connais pas

    Et que gardent jaloux

    Les replis de mes draps »

    On peut mourir d’amour et Juliette, célébrant les secrètes fragrances de son objet d’amour, nous en apporte la preuve, tout au moins en chanson. Mais il est un autre mot, dans le registre de ces odeurs qui est, lui aussi, un peu tombé en désuétude, et qui, au contraire des fragrances, est de l’ordre des mauvaises odeurs, c’est celui de « pestilence ». C’est un mot que Lacan avait utilisé à propos de l’analyste. Il avait en effet trouvé cette très jolie métaphore selon laquelle « l’analyste est un feu follet ». «Un feu follet, affirme-t-il, n’éclaire rien, il sort même ordinairement de quelque pestilence ».

    Lacan effectue ainsi un bien curieux rapprochement. Est-ce pour indiquer qu’avec les signifiants de ces pulsions partielles qui ont jalonnées son enfance, avec ces pestilences pulsionnelles, l’analyste trouve le chemin de son désir, un désir « averti » concernant « l’humaine condition »?

    Pour ma part, je me suis souvent posé cette question, à propos de ces bonnes et mauvaises odeurs. Pourquoi Freud et Lacan, dans la même veine, n’ont-ils pas érigé ces effluves odorantes ou nauséabondes au titre d’objet petit a, au même titre que le sein, les selles, la voix et le regard puisque Freud indiquait que les représentations de ces zones sexuelles abandonnées, ces signifiants de la pulsion, pour l’interpréter en termes de logique du signifiant, “dégagent maintenant la même puanteur” que le souvenir infantile évoqué.


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  • Bienvenue sur ce site de podcasts Une psychanalyse à fleur d’inconscient. Aujourd’hui je vous poserai bien cette question : Le désir de devenir psychanalyste n’est-il pas du même ordre que le désir qu’expriment les enfants de devenir aviateur, conducteur de train ou camionneur, instituteur ou brocanteur ? Les analystes n’en parlent pas souvent parce que c’est de l’ordre
    de l’intime, mais quand surgissent des rêves en cours d’analyse où pour la première fois le timide désir d’exercer ce métier s’exprime de façon plus ou moins voilée on s’aperçoit alors à
    quel point un tel désir a de profondes racines inconscientes. Ce sont celles-ci, une fois analysées, interprétées, qui permettent alors à chacun de savoir, selon la jolie formule de Lacan, de savoir s’il veut ce qu’il désire.


    L'essentiel est donc d'analyser ce symptôme, puisque s'en est un, celui de souhaiter devenir psychanalyste pour laisser la place à quelque chose d’un autre ordre, ce que Lacan a appelé «
    "désir du psychanalyste » qui, au cœur de l’analyse de celui qu’il a accepté d’écouter, trouvera, dans la répétition de cette expérience, sa véritable fonction, celle de renouveler, de réveiller la névrose du sujet, d’en faire à proprement parler une névrose de transfert, de la répéter puis de la dénouer justement parce qu’il peut occuper cette fonction du désir de
    l’Autre. A la fin du séminaire de l’acte analytique, pour évoquer ce qui en est de l’expérience analytique, Lacan reprend le mythe des paroles gelées de Rabelais. Au cours de leur voyage,
    soudain Pantagruel et ses compagnons virent tomber sur le tillac de leur navire, telle une bourrasque de grêlons, des mots gelés qui se réchauffèrent progressivement dans leurs mains. Panurge demanda à Pantagruel de lui en donner encore. Il en jeta trois ou quatre
    poignées et j’y vis, dit-il, des paroles fort piquantes, des paroles sanglantes, dont le pilote disait qu’elles revenaient du lieu où elles avaient été prononcées. Et bien de même, les
    paroles gelées du symptôme, celles de l’analysant viennent se réchauffer au contact de ce désir du psychanalyste. C’est ainsi que toutes ces paroles prononcées dans l’enfance et notamment celles qui ont entouré sa naissance, reprennent vie et surtout toute leur vivacité, grâce au transfert, quand le psychanalyste est ainsi venu réoccuper la place de celui que Lacan appelle “le parent traumatique”.

    Rabelais, Le quart livre, chapitre 56. “Comment, parmi les paroles gelées, Pantagruel trouva des mots de gueule »



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  • Bienvenue sur ce site de podcasts, « Une psychanalyse à fleur d'inconscient ». Aujourd'hui J'ai choisi en guise d'introduction, un rêve de Freud que je trouve amusant. Il écrit dans L'interprétation du rêve : « Je me retrouve de nouveau entrain de faire de la chimie au laboratoire de l’université. Le conseiller aulique L m'invite à venir quelque part. Il tient dans
    sa main levée en l’air devant lui une lampe ou quelque autre instrument avec des airs d’intelligence affûtée ou de perception aiguë, dans une posture caractéristique, la tête tendue vers l’avant ».

    Il évoque l' événement de la veille qui a provoqué ce rêve, le fait qu’il avait appris une mauvaise nouvelle, la suppression du lieu où il pouvait jusqu’alors donner ses conférences. et Cela lui avait fait penser à ses débuts de jeune médecin où on lui avait refusé toute aide.

    Dans son interprétation, Freud décrit la façon dont ce conseiller aulique porte la lampe ou la loupe et évoque par cette association, la statue d’Archimède à Syracuse. Or ce monument célèbre le fait qu'Archimède avait pu mettre le feu aux voiles de la flotte romaine qui assiégeait la ville de Syracuse à l'aide d'un miroir incendiaire. C'est ce même objet que porte le conseiller aulique qui devance Freud. C'est ainsi que Freud met le feu à l'université.
    Sobrement Freud interprète ce rêve « Toute personne experte en interprétation du rêve devinera aisément que ni désir de vengeance ni présomption de grandeur ne sont étrangers aux pensées du rêve.»

    Le vernis de la civilisation est extrêmement fragile, il se craquelle et se fissure dans le moindre de nos gestes et de nos propos. Sous les plus belles réalisations humaines, dans les domaines de l’art, de la littérature ou de la politique, réapparaît sans cesse, sous une forme plus ou moins masquée, notre inhumanité à savoir notre désir de destruction envers ceux qui nous entourent.

    Si nous nous référons à ce que nous pouvons apprendre, à propos du moindre de nos rêves ou de nos actes manqués, nous pouvons découvrir que nous nous y débarrassons allègrement de tous ceux qui peuvent faire obstacle à la réalisation de nos désirs les plus
    chers, ou de tous ceux qui portent atteinte à la haute opinion que nous avons de nous-mêmes, en les envoyant au Diable ou encore « ad patres ». Nous les envoyons ainsi, sans autre forme de procès, rejoindre le monde de nos ancêtres.

    Pour décrire cette foncière méchanceté qui est au cœur de chacun de nous, Freud, comme souvent, aime bien faire appel non seulement au savoir mais aussi à l’humour des poètes.


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  • Aujourd'hui j'ai choisi un titre un brin provocateur. Certes la guérison de la névrose n'est pas censée être l'effet premier, le but d'une psychanalyse, mais il n'empêche que cette dernière a des effets et des effets bénéfiques pour le sujet, car sinon comment chaque analysant mais aussi chaque psychanalyste pourrait-il s'engager dans cette entreprise malgré toutes les embûches rencontrées à commencer par le choix d’un psychanalyste, les souffrances réveillées, remises à vif, du fait du transfert, et ce qu’il en coûte à chacun des efforts de toute sorte, surtout et y compris les efforts financiers.

    En 1978, au moment de la clôture du congrès de la transmission de la psychanalyse, Lacan avait posé cette question « comment se fait-il, que de par l'opération du signifiant, il y a des gens qui
    guérissent, qui guérissent de leur névrose, voire de leur perversion, car c’est un fait qu’il y a des gens qui guérissent » et pour en rendre compte il avait avancé un curieux terme celui de «truquage».

    Si on tourne un peu autour de ce mot, il est pour le moins ambigu. Il peut décrire le savoir faire du psychanalyste, il connaît le truc, il sait comment s’y prendre. Il évoque donc l’habileté de l’artisan
    ou l’astuce du bricoleur. Mais si nous passons du mot truquage au verbe truquer, il prend tout d’un coup une tonalité plus péjorative. Surgissent à l’horizon une cohorte de truqueurs, de
    faussaires, d’escrocs. Il me semble que les analystes ne doivent pas perdre de vue cette dimension maléfique du truquage. Car ils se tiennent sur cette étroite limite, une crête entre deux versants, celui de l’habileté et celui de l’escroquerie. Je reprends ce terme puisqu’il a déjà été utilisé par Lacan.

    Ces deux versants possibles du truquage vont se trouver mis en jeu, mis en scène à propos des fantasmes de guérison de l’analysant qui existent dans toute analyse, pour peu bien sûr qu’on y prête attention.



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