Avsnitt

  • DĂšs les annĂ©es 1900, au moment oĂč Freud Ă©crit son oeuvre initiale l’InterprĂ©tation des rĂȘves, il analyse dĂ©jĂ  quelques rĂȘves qu’il met sous la rubrique “ RĂȘves de castration”. C’est donc lĂ  qu’il en dĂ©couvre la dimension clinique.

    Parmi tous ces rĂȘves, J’en ai retenu deux qui abordent si on peut dire clairement la question. Pour le premier Freud Ă©crit “ Un garçon de trois ans et cinq mois, qui visiblement accepte mal le retour de campagne de son pĂšre, se rĂ©veille un matin perturbĂ© et Ă©nervĂ© et rĂ©pĂšte sans cesse la question ; pourquoi papa a portĂ© sa tĂȘte sur une assiette ?

    Ce premier rĂȘve exprime donc que cette crainte de castration est liĂ©e Ă  une idĂ©e de vengeance du pĂšre par rĂ©torsion. C’est l’enfant qui a d’abord souhaitĂ© castrer son pĂšre.

    Le second rĂȘve que Freud lui a adjoint exprime alors cette angoisse de castration. C’est le rĂȘve d’enfance d’un Ă©tudiant souffrant d’une grave nĂ©vrose obsessionnelle. Il se souvient que dans sa sixiĂšme annĂ©e, il avait souvent rĂȘvĂ© ceci “ Il va chez le coiffeur se faire couper les cheveux. Arrive une grande femme aux traits sĂ©vĂšres, qui approche de lui et lui tranche la tĂȘte. il reconnait cette femme comme Ă©tant sa mĂšre.”

    C’est le moins qu’on puisse dire, ce type de rĂȘves fait dans l’enfance ne doit pas contribuer Ă  favoriser les rapports harmonieux entre les hommes et les femmes une fois devenus adultes.

    La premiĂšre fois que Freud parle, tout au moins d’une façon un peu Ă©laborĂ©e, du complexe de castration masculin, dans les « Trois essais sur la thĂ©orie de la sexualitĂ© », en 1905, ce qu’il appelle complexe de castration c’est la difficultĂ© du petit garçon Ă  accepter que la mĂšre ne soit pas pourvue du mĂȘme organe que le sien. » il note que ce n’est pas le cas de la petite fille « elle ne se refuse pas Ă  accepter et reconnaĂźtre l’existence d’un sexe diffĂ©rent du sien, une fois qu’elle a aperçu l’organe gĂ©nital du garçon ; elle est sujette Ă  l’envie du pĂ©nis qui la porte au dĂ©sir si important plus tard, d’ĂȘtre Ă  son tour un garçon. »

    Quelques annĂ©es plus tard en 1914, dans son texte « Pour introduire le narcissisme »[1], Freud aborde Ă  nouveau cette question du complexe de castration en le ramenant cette fois-ci non plus Ă  la question de la castration de l’Autre mais de la sienne propre, une castration qui met en grand danger son narcissisme.

    Mais en ces mĂȘmes annĂ©es, dans le texte de l’Homme aux loups, dans cette partie qu’il intitule “ Complexe de castration et Ă©rotisme anal” en prenant appui sur la petite parcelle d’hystĂ©rie de l’Homme aux loups, nous pouvons aisĂ©ment trouver un point de jonction entre la façon dont Freud aborde cette question du complexe de castration et ce que Lacan a Ă©laborĂ©, Ă  propos de ce complexe, des trois modes d’instauration de la fonction paternelle, pour le sujet dit normal, le sujet nĂ©vrosĂ©, et le psychotique. LĂ  oĂč on peut effectuer cette articulation c'est en effet autour de la grossesse symbolique de L'homme aux loups que peut s'effectuer cette passerelle de l'un Ă  l'autre.


    Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
  • C’est pour rĂ©habiliter l’hystĂ©rie, lui redonner ses titres de noblesse que j’ai choisi, dans l’un de mes premiers livres, ce terme d’éloge Ă  son sujet. "Eloge de l’hystĂ©rie", et d’ailleurs en mettant, pour une fois, Ă  l’encontre de toutes les idĂ©es reçues, cette hystĂ©rie du cĂŽtĂ© du masculin. Son titre complet Ă©tant "Eloge de l'hystĂ©rie masculine" avec comme sous-titre “sa fonction secrĂšte dans les renaissances de la psychanalyse”

    C’est un renversement qui est trĂšs utile, car, du coup, les analystes qui se sont toujours beaucoup intĂ©ressĂ© aux femmes hystĂ©riques sont mis, Ă  leur tour, sur la sellette, interrogĂ©s sur leur propre hystĂ©rie, sur leurs symptĂŽmes et donc sur leur dĂ©sir inconscient.

    L’hystĂ©rie je la dĂ©finirai donc comme une aptitude humaine fort rĂ©pandue, celle de pouvoir traduire les douleurs psychiques intolĂ©rables en douleurs corporelles.

    C’est Madame CĂ©cilia M., une mystĂ©rieuse hĂ©roĂŻne des Études sur l’hystĂ©rie, qui a donnĂ© Ă  Freud le secret de fabrication du symptĂŽme hystĂ©rique. Elle lui a donc appris que l’hystĂ©rique redonne toujours Ă  des locutions verbales les plus ordinaires, les plus utilisĂ©es, si ce n’est les plus usĂ©es, leur sens premier, leur sens d’origine.

    En voici un florilùge: “ça m’a fait battre le coeur”

    “ J’en ai eu froid dans le dos"

    “J’en ai le souffle coupĂ©â€.

    “J’ai Ă©tĂ© clouĂ©e sur place” - “les bras m’en sont tombĂ©s” - “ j’en ai plein le dos”.

    C’est donc avec toutes ces expressions verbales que l’hystĂ©rique fabrique ses symptĂŽmes corporels : des palpitations, des vomissements, des diarrhĂ©es, des paralysies, des douleurs de dos et bien d’autres choses encore.

    Avec ce que je vous ai dit du symptĂŽme hystĂ©rique on peut donc dĂ©crire comment chaque psychanalyste rĂ©invente, remet la psychanalyse au monde avec ses propres fantasmes de grossesse qui s’expriment toujours par un symptĂŽme hystĂ©rique.

    Je vous donne tout de suite un exemple de ces fantasmes de grossesse, avec celui de l’Homme aux loups, l’un des plus cĂ©lĂšbres cas dĂ©crits par Freud dans les cinq psychanalyses.

    Je ne vais pas bien sûr vous raconter toute son histoire mais juste vous décrire son symptÎme hystérique.

    Son dĂ©sir d’ĂȘtre aimĂ© du pĂšre et d’en recevoir un enfant se manifestait par un symptĂŽme intestinal : Il souffrait d’une constipation opiniĂątre qui ne cĂ©dait que lorsqu’un homme, son valet de chambre, lui administrait un lavement. Lorsqu’il Ă©tait ainsi dĂ©livrĂ© de cet enfant, un enfant un peu particulier, il revenait Ă  la vie, il se sentait renaĂźtre.

    Dans l’analyse, les fantasmes de grossesse de l’analysant et de l'analyste s’expriment avec l’aide du verbe Sauver, sous forme de fantasmes de sauvetage. L’analysant veut ĂȘtre sauvĂ© - guĂ©ri par son analyste. De mĂȘme, l’analyste peut vouloir sauver guĂ©rir son analysant.

    C’est lĂ  que la situation peut devenir fort pĂ©rilleuse car pour l’inconscient, quand un homme sauve une femme, il lui donne un enfant. De mĂȘme, quand une femme sauve un enfant de la noyade, comme la fille de Pharaon avait sauvĂ© MoĂŻse, elle le met au monde. Elle est sa mĂšre.

    C’est donc important que l’analyste soit un peu au clair quant Ă  ses propres fantasmes de sauvetage et qu’il sache donc oĂč il en est de son dĂ©sir de guĂ©rir ses analysants.

    Ce livre Eloge de l'hystérie masculine; sa fonction secrÚte dans les renaissances de la psychanalyse est paru chez L'harmattan en janvier 2020.

    J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse".

    ( https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )
    Musique : Sincerity par Glowing Palace


    Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
  • Saknas det avsnitt?

    Klicka här för att uppdatera flödet manuellt.

  • Bienvenue sur ce site de podcast Une psychanalyse Ă  fleur d'inconscient. Aujourd'hui je voudrais vous parler des Ă©meutes urbaines survenues il y a quelques mois avec ces hordes de jeunes dĂ©chaĂźnĂ©s semant le chaos et la destruction autour d’eux et qui sont venues reposer d’une façon aiguĂ« sinon urgente ces questions de la dĂ©linquance. Une approche analytique de ces questions ne pourrait bien sĂ»r qu’ĂȘtre bĂ©nĂ©fique, ne serait-ce que pour proposer quelques pistes de travail en vue d’y apporter des solutions.
    On pourrait partir de ce fait premier : On peut considĂ©rer Ă  juste titre que la famille est en quelque sorte la petite cellule Ă©lĂ©mentaire de la sociĂ©tĂ©. C’est en son sein en tout cas que l’enfant est censĂ© apprendre les modes de fonctionnement de la vie en sociĂ©tĂ© et donc ses lois.

    Des analystes se sont dĂ©jĂ  prĂ©occupĂ©s de ces questions si difficiles Ă  rĂ©soudre de la dĂ©linquance, l’un des premiers et l’un des plus attachants est incontestablement August Aichhorn avec son livre Jeunes en souffrance. Il avait abordĂ© ces sujets au temps de Freud. Mais dans les annĂ©es 1950 une autre analyste mettait l’accent sur cette structure familiale, qui se trouve ĂȘtre la cause et la source de ces comportements asociaux dans son ouvrage au titre explicite “ La dĂ©linquance juvĂ©nile”. Elle s’appelle Kate Friedlander. Selon elle, les raisons de ces comportements asociaux seraient Ă  mettre en relation avec les premiers liens pulsionnels de l’enfant Ă  sa mĂšre au moment du sevrage et de l’apprentissage de la propretĂ©. Elle souligne en effet que “Les facteurs primaires responsables d’un comportement asocial se dĂ©couvrent dans la relation de l’enfant avec sa mĂšre et plus tard avec son pĂšre et dans d’autres facteurs affectifs qui durant les premiĂšres annĂ©es de la vie constituent l’ambiance familiale ».

    ReconnaĂźtre ces faits, cette source premiĂšre de la dĂ©linquance se trouvant au sein de la famille est peut-ĂȘtre dĂ©jĂ  un premier pas. Il me semble que c’est pour la premiĂšre fois que cette source essentielle est Ă©voquĂ©e par les responsables politiques de ce pays. Ils font en effet nommĂ©ment appel Ă  la responsabilitĂ© des parents.

    Au cours de ces mĂȘmes annĂ©es 1950 quand Lacan Ă©tait encore psychiatre mais quand mĂȘme dĂ©jĂ  psychanalyste, il avait indiquĂ© que les questions de dĂ©linquance et de criminalitĂ© Ă©tait liĂ© pour lui Ă  la façon dont la famille de ces sujets se trouvait ĂȘtre non seulement isolĂ©e dans le contexte social qui l’entoure et surtout qu’elle Ă©tait rĂ©duite au couple parental et aux enfants, avec donc trĂšs peu d’identifications possibles valorisantes et nombreuses Ă  des adultes dont a besoin tout sujet pour trouver sa place dans la sociĂ©tĂ©. Dans l’ approche de la dĂ©linquance qu’en fait Kate Friedlander, on peut trouver une raison d’espĂ©rer, elle se trouve, comme souvent, au niveau de l’école. L’enfant aprĂšs celui de la famille devra s’adapter Ă  un autre groupe, le groupe scolaire. Elle aussi le prĂ©parera Ă  sa future vie en sociĂ©tĂ©. C’est peut-ĂȘtre lĂ  que l’on pourrait agir de façon prĂ©ventive, en mobilisant pour cette cause, une armĂ©e d’ouvriers, une armĂ©e de psychothĂ©rapeutes, prĂȘts Ă  intervenir auprĂšs des enfants mais aussi des parents.


    J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse".

    ( https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )

    Musique : Sincerity par Glowing Palace


    Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
  • Dans le journal d’une analyse, celle de l’Homme aux rats, dĂšs les premiĂšres sĂ©ances, Freud raconte comment son analysant Ă©tait poursuivi par l’idĂ©e qu'il Ă©tait un grand criminel. Quand cela lui arrivait, il allait chercher l’aide de l’un de ses amis qui avait le pouvoir de le libĂ©rer de son obsession .

    A ce propos, cet Ă©tĂ©, j’ai lu un livre que j’ai beaucoup aimĂ© qui s’appelle « le criminel et ses juges ». Ce livre Ă©crit par des psychanalystes de la gĂ©nĂ©ration de Freud aborde la question du crime et de sa punition par la justice dans une approche analytique en fonction des dĂ©sirs de meurtre inconscients de tout un chacun, y compris bien sĂ»r des juges.

    Ce livre qui a Ă©tĂ© Ă©crit en 1928, par Alexander et Staub. Les auteurs partent tous les deux de la mĂ©tapsychologie de la nĂ©vrose, pour Ă©clairer analytiquement ce qu’il en est des actes criminels.

    Ils dĂ©montrent que la nĂ©vrose est donc l’épanouissement, dans le domaine psychique, des tendances asociales de l’homme cultivĂ©. Elle est dans son contenu psychologique et dans sa structure, une fidĂšle rĂ©pĂ©tition de la justice pĂ©nale de l’histoire primitive [...] Le crime originel sous la forme de l’inceste et du parricide et mĂȘme la forme de la peine primordiale, la castration.

    Ce qui n’est pas rĂ©solu dans cette approche analytique de la question de la criminalitĂ©, c’est le fait que le nĂ©vrosĂ©, selon la formule chrĂ©tienne de la confession, a pĂ©chĂ© en pensĂ©e, tandis que le criminel a pĂ©chĂ© en action.

    En 1950, Dans son texte “ Fonctions de la psychanalyse en criminologie”, Lacan a pris appui sur cet ouvrage d’Alexander et Staub, pour expliquer les mĂ©canismes mĂȘme du crime, par une Ă©nigmatique formule qui mĂ©riterait un long dĂ©veloppement. Il exprimerait ce crime une “dĂ©hiscence dans le champ social du groupe familial”. Or si on a recours au dictionnaire, pour apprĂ©cier le poids de cette dĂ©hiscence du groupe familial dans le champ social, on constate que c’est un terme de botanique. C’est la fonction de certains organes vĂ©gĂ©taux qui s'ouvrent sans se dĂ©chirer Ă  certaines Ă©poques pour libĂ©rer leur contenu : fruit, graine, pollen ou spore.

    La mĂ©taphore mĂ©rite d’ĂȘtre retenue car elle marque ainsi le point d’origine de la criminalitĂ© et des actes dĂ©lictueux qui font bien irruption au sein de la sociĂ©tĂ© mais naissent au cƓur de la famille.

    Lacan dans cet article de 1950, utilise encore pour expliquer ces mĂ©canismes, un terme psychiatrique qui peut ĂȘtre fort Ă©quivoque, celui d’oedipisme.

    J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse".

    ( https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )
    Musique : Sincerity par Glowing Palace


    Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
  • Aujourd'hui je voudrais vous parler de ces hommes hystĂ©riques qui ont pourtant toujours Ă©tĂ© prĂ©sents Ă  tous les grands moments, les moments dĂ©cisifs de l’invention freudienne et notamment Ă  son dĂ©but. Ils Ă©taient lĂ  bien sĂ»r Ă  ce grand moment inaugural oĂč Freud revient de Paris avec son prĂ©cieux butin, tout ce qu’il a appris de Charcot, aprĂšs avoir assistĂ© Ă  ses entretiens du mardi Ă  la SalpĂȘtriĂšre. Nous sommes en 1886 et Freud prĂ©sente Ă  ses confrĂšres viennois, son premier cas d’hystĂ©rie masculine. sa confĂ©rence n'obtient pas le succĂšs escomptĂ© et Freud en garde de l’amertume.

    Ils sont encore lĂ  ces prolĂ©taires, ouvriers du bĂątiment, chauffeurs de locomotives ou conducteurs de tramway, pour franchir avec Freud cette Ă©tape dĂ©cisive, au fondement mĂȘme de la psychanalyse, lorsque Freud Ă©tend le

    concept de traumatisme de la nĂ©vrose traumatique Ă  toutes les formes d’hystĂ©rie mais aussi bien Ă  toutes les formes de nĂ©vrose.

    Ils sont encore lĂ , ces hommes hystĂ©riques, tellement fĂ©minisĂ©s, pour franchir une troisiĂšme Ă©tape, en 1908/1909, lorsque Freud loge Ă  la mĂȘme enseigne, les hommes et les femmes, sous le drapeau flamboyant de l'hystĂ©rie, dans son texte majeur, si Ă©clairant quant Ă  cette structure “ Les fantasmes hystĂ©riques et leur rapport Ă  la bisexualitĂ©.

    Mais ce n’est qu’en 1928, avec son texte “DostoĂŻevski et le parricide”, qu’il donne ainsi ses titres de gloire Ă  l’hystĂ©rie masculine. Elle est en effet liĂ©e Ă  la question du dĂ©sir de meurtre du pĂšre qui est au coeur de l’Oedipe mais aussi au fondement de la civilisation.

    Encore un pas de plus, et ces hommes hystériques aident alors Freud à déchiffrer comment cette haine pour le pÚre, dans le cas de la névrose obsessionnelle, trouve elle aussi refuge dans le noyau hystérique de cette

    névrose, dans son soubassement hystérique.

    Mais l’importance de cette hystĂ©rie masculine peut Ă©galement ĂȘtre retrouvĂ©e lorsque, dans l'enseignement de Lacan, au cours de son sĂ©minaire "Les structures freudiennes des psychoses" il a rĂ©ussi Ă  formuler ce qu’il en Ă©tait de la structure de la psychose par rapport Ă  la nĂ©vrose, avec ce terme qu’il a avancĂ© celui de forclusion du Nom-du pĂšre.

    J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse".

    ( https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )
    Musique : Sincerity par Glowing Palace


    Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
  • Bienvenue sur ce site de podcasts “une psychanalyse Ă  fleur d’inconscient”. Aujourd’hui je voudrais vous parler des trois sources du rĂȘves avec parmi celles-ci une qui est particuliĂšrement intĂ©ressante, celle des rĂȘves qui surviennent en cours d’analyse et que Freud appelle rĂȘves autobiographiques et qui rĂ©vĂšlent de fait la source de la nĂ©vrose, l’évĂ©nement traumatique autour duquel elle s’est organisĂ©.

    Mais Freud dĂ©crit tout d’abord comme premiĂšre source du rĂȘve celle du dĂ©sir de dormir. C’est en quelque sorte un dĂ©sir qui Ă©mane du Moi. Il cite comme exemple de rĂȘve, celui de cet Ă©tudiant en mĂ©decine qui pour ne pas avoir Ă  se rĂ©veiller et Ă  se lever, avait rĂȘvĂ© qu’il Ă©tait dĂ©jĂ  Ă  l'hĂŽpital mais dans un lit de malade pour pouvoir y dormir tranquille.

    Mais ce dĂ©sir de dormir peut entrer en conflit avec le dĂ©sir inconscient qui demande Ă  s’exprimer, les vigiles donnent aussitĂŽt l'alarme et le rĂȘve devient rĂȘve d'angoisse ou cauchemar. Il trouble Ă  ce moment-lĂ  le sommeil, il provoque le rĂ©veil.

    Ces "rĂȘves Ă  dĂ©plaisir" qui semblent faire obstacle au principe de plaisir restent quand mĂȘme sous sa domination, au titre de sentiment de culpabilitĂ© ou de punition pour un dĂ©sir interdit.

    Cependant en 1920, dans son "Au-delĂ  du principe de plaisir", il dĂ©crit une autre catĂ©gorie de rĂȘve qui fait non pas objection mais "exception Ă  la thĂ©orie du rĂȘve comme accomplissement de dĂ©sir", ce sont d'une part les rĂȘves de l'hystĂ©rie traumatique point de dĂ©part, ne l'oublions pas, de la dĂ©couverte freudienne, d'autre part les rĂȘves effectuĂ©s au cours d'une psychanalyse.

    Ces rĂȘves, souvent fait en dĂ©but d’analyse, mĂ©ritent en effet d'ĂȘtre considĂ©rĂ©s en tant que tels car ils tĂ©moignent de ce que Lacan appelait la chanson de geste de la nĂ©vrose et dĂ©signent en quelque sorte, quels seront les buts Ă  atteindre et les Ă©tapes qui seront Ă  franchir au cours de cette analyse, ils en tracent en quelque sorte le chemin. Il peuvent ĂȘtre utiles Ă  l’analyste, si ce n’est dans ce qu’on appelle, peut-ĂȘtre de façon prĂ©somptueuse, la “ conduite de la cure” mais il peut au moins lui donner quelques repĂšres quant Ă  la structure de la nĂ©vrose, qu’elle soit phobique, hystĂ©rique ou obsessionnelle de l’analysant.

    Pour l’analysant, mĂȘme si, en ce premier temps de l’analyse, il n’est pas Ă  mĂȘme de dĂ©chiffrer ce rĂȘve, dans l’aprĂšs-coup, il pourra dĂ©couvrir, que tout Ă©tait dĂ©jĂ  lĂ  dans ce rĂȘve, Ă©crit avec les lettres de son destin, et notamment les lettres de son nom propre, tracĂ©es Ă  partir de son histoire familiale.

    J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des
    premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse". Vous pouvez y retrouver la plupart de ces textes développés. ( https://www.le-gout-de-la psychanalyse.fr/ )

    Liliane Fainsilber

    Musique : Sincerity par Glowing Palace


    Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
  • Aujourd’hui, Ă  propos du souvenir d'enfance de Goethe si amusant, celui oĂč il raconte comment il avait envoyĂ© par la fenĂȘtre toute une sĂ©rie d'ustensiles de cuisine, d'assiettes et de pots sous l’oeil admiratif de leurs voisins, souvenir d'enfance qu’il raconte dans “Fiction et vĂ©ritĂ©", je me pose la question de savoir quelle place l’oeuvre littĂ©raire de Goethe a eu dans sa vie, tout comme l’oeuvre analytique de Freud dans la sienne ?

    Le texte de Freud qui a pour titre “ Un souvenir d’enfance dans Fiction et VĂ©ritĂ© de Goethe ” peut nous en donner la dimension.

    Freud prend tout d'abord ce rĂ©cit de Goethe comme un exemple de ce qu'est en fait un souvenir-Ă©cran, " cette chose conservĂ©e dans la mĂ©moire" qui est "l'Ă©lĂ©ment le plus significatif de toute cette partie de vie de l'enfance, ou bien qui l'est devenu aprĂšs-coup, "sous l'effet d'expĂ©riences ultĂ©rieures". Puis, Ă  partir de ce souvenir d’enfance, il gĂ©nĂ©ralise donc cette fonction du souvenir-Ă©cran. Il Ă©crit : “On considĂšre en rĂšgle gĂ©nĂ©rale que c'est le souvenir que l'analysĂ© met en avant, qu'il raconte en premier, par lequel il introduit la confession de sa vie, qui s'avĂšre ĂȘtre le plus important, celui qui recĂšle donc les clĂ©s des tiroirs secrets de sa vie psychique”. Mais ce qui a surtout retenu mon attention dans ce texte de Freud qu'il consacre Ă  ce souvenir d'enfance de Goethe, c'est la conclusion inattendue qu'il en tire :

    Le jeune Goethe, Ă©crit Freud, tĂ©moignait ainsi en racontant ce souvenir de ceci : "J'ai Ă©tĂ© un enfant chanceux; le destin m'a maintenu en vie bien que je fusse donnĂ© pour mort quand je vins au monde. Mais il a Ă©liminĂ© mon frĂšre, de sorte que je n'ai pas eu Ă  partager avec lui l'amour de ma mĂšre"... Or je l'ai exprimĂ© dans un autre endroit, quand on a Ă©tĂ© le favori incontestĂ© de sa mĂšre, on en garde pour la vie ce sentiment conquĂ©rant, cette assurance du succĂšs... Et une remarque du genre : ma force s'enracine dans ma relation Ă  ma mĂšre, aurait pu ĂȘtre mise Ă  juste titre par Goethe en exergue Ă  sa biographie."

    Question : n'aurait-elle pas pu ĂȘtre Ă©galement mise en exergue dans la biographie de l'inventeur de la psychanalyse ?




    Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
  • Les sĂ©ances dites courtes de Lacan suscitent encore de nos jours de vives polĂ©miques d’autant plus qu’elles sont mises en exercice par d’autres analystes, aussi la question mĂ©rite-t-elle d’ĂȘtre posĂ©e Ă  la lumiĂšre de ce que lui-mĂȘme a pu en dire et en Ă©crire.

    En 1953, dans son grand texte des Ecrits « Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse » il avait abordĂ© ce sujet en Ă©crivant « Nous voulons 
 toucher un autre aspect particuliĂšrement brĂ»lant dans l’actualitĂ©, la fonction du temps dans la technique. Nous voulons parler du temps de la sĂ©ance.

    Pour lui, il indique que c’est un Ă©lĂ©ment qui appartient manifestement Ă  la rĂ©alitĂ©, puisqu’il reprĂ©sente notre temps de travail, et sous cet angle, il tombe sous le coup d’une rĂ©glementation professionnelle qui peut ĂȘtre tenue pour prĂ©valente »

    Mais il soulĂšve alors un autre aspect beaucoup plus important, les incidences du temps de la sĂ©ance tout d’abord par rapport Ă  l’analyste puis par rapport Ă  l’analysant.

    Concernant le temps de la sĂ©ance par rapport Ă  l’analyste et par rapport au groupe analytique il Ă©voque “le caractĂšre scrupuleux, pour ne pas dire obsessionnel, que prend pour certains sinon pour la plupart, l’observation d’un standard dont les variations historiques et gĂ©ographiques ne semblent au reste inquiĂ©ter personne, est bien le signe de l’existence d’un problĂšme qu’on est d’autant moins disposĂ© Ă  aborder qu’on sent qu’il entraĂźnerait fort loin dans la mise en question de l’analyste ».

    Bien au-delĂ  donc de ces questions institutionnelles, cette question du temps des sĂ©ances est liĂ©e Ă  la question de la part de l’analyste dans le travail de l’analyse, ce en quoi il va pouvoir favoriser, provoquer, l’émergence, le surgissement de la vĂ©ritĂ©.

    Il parle donc du temps de la sĂ©ance par rapport Ă  ce que raconte l’analysant. Il Ă©crit :

    « Pour le sujet en analyse, d’autre part, on n’en saurait mĂ©connaĂźtre l’importance. L’inconscient, profĂšre-t-on, sur un ton d’autant plus entendu qu’on est moins capable de justifier ce qu’on veut dire, l’inconscient, dit-on, demande du temps pour se rĂ©vĂ©ler [...] Mais nous demandons quelle est sa mesure ? Est-ce celle de l’univers de la prĂ©cision
 ? Peut-ĂȘtre en prendrons-nous quelque meilleure idĂ©e en comparant le temps de la crĂ©ation d’un objet symbolique et le moment d’inattention oĂč nous le laissons choir ?

    Je me pose quand mĂȘme cette question: est-il donnĂ© Ă  tout analyste de pratiquer ces sĂ©ances courtes et en tout cas de les pratiquer de façon systĂ©matique. Il faut quelquefois un peu de temps Ă  l’analyste pour pouvoir briser ce discours de l’analysant et lui permettre d’accoucher de cette parole.


    Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
  • Aujourd'hui je voudrais vous parler d'une gente dame, cĂ©lĂ©brĂ©e par Rabelais, qui prenait grand soin des attributs virils de son mari alors qu'il s'apprĂȘtait Ă  partir en escarmouche.

    Certes depuis mai 68, la libĂ©ration des mƓurs et la dĂ©couverte de moyens de contraception efficaces ont modifiĂ© les rapports entre les hommes et les femmes, tout au moins dans nos pays, mais les ont-ils pour autant simplifiĂ©s et surtout amĂ©liorĂ©s ?

    Aussi l'Ă©vocation de l'Ă©thique rabelaisienne qui place le souverain Bien au niveau des braies et des braguettes peut-elle ĂȘtre, dans notre approche, de quelques secours pour redonner son poids et ses pouvoirs de sĂ©duction non pas Ă  l'organe masculin en tant que tel, mais Ă  son symbole, celui qui Ă©tait cĂ©lĂ©brĂ© au temps des divins mystĂšres, sous la forme d'un phallus Ă©rigĂ©, ce phallus sous l'Ă©gide duquel, les femmes et les hommes se trouvent ainsi rangĂ©s, d'un cĂŽtĂ© ou de l'autre. Ce phallus en devient ainsi un objet d'intĂ©rĂȘt commun.

    En témoigne cette gente dame rabelaisienne, l'épouse du dit seigneur de Melville, qui voyant son mari tout armé partir en guerre avec son Roi, se préoccupait fort de ses parties intimes mal protégées selon elle et lui enjoignit de les couvrir d'un lourd casque de combat.

    Rabelais accompagne la morale de l'histoire, de ces vers :

    « Celle qui vit son mari tout armé.

    Fors la braguette, aller à l’escarmouche,

    Lui dit : « Ami, de peur qu’on ne vous touche,

    Armez cela, qui est le plus aimé. »

    Quoi ! tel conseil doit-il ĂȘtre blĂąmĂ© ?

    Je dis que non, car sa peur la plus grande

    De perdre était, le voyant animé,

    Le bon morceau dont elle était friande. »

    Aussi avec cette supplique de la dame nous pouvons relire par exemple l'approche freudienne de la féminité selon laquelle il faudrait qu'une femme réussisse à étendre son amour de l'organe au porteur de celui-ci.

    Ce rĂ©cit de Rabelais m'a aussi fait penser Ă  un fragment d'une des plus tardives interventions de Lacan, Ă  GenĂšve, qui avait pour titre le symptĂŽme oĂč il y Ă©voquait ce qu'il en est de la prĂ©dominance phallique dont se plaignent beaucoup les fĂ©ministes pour y souligner que, selon lui, ce sont les femmes qui y trouvent les plus grands avantages.

    « Moi, je serais assez portĂ© Ă  croire, affirmait-il, que, contrairement Ă  ce qui choque beaucoup de monde, c’est plutĂŽt les femmes qui ont inventĂ© le langage. D’ailleurs, la GenĂšse le laisse entendre. Avec le serpent, elles parlent – c’est-Ă -dire avec le phallus . Quoique ce soit l’un de mes rĂȘves, on peut tout de mĂȘme se poser la question – comment est-ce qu’une femme a inventĂ© ça ? On peut dire qu’elle y a intĂ©rĂȘt. Contrairement Ă  ce qu’on croit, le phallocentrisme est la meilleure garantie de la femme. Il ne s’agit que de ça ». La Vierge Marie avec son pied sur la tĂȘte du serpent, cela veut dire qu’elle s’en soutient ».

    C'est merveilleux je trouve que Lacan évoque à propos de ce phallocentrisme définie comme la meilleure garantie de la femme, toutes les représentations de la Vierge foulant au pied le serpent.

    On peut en effet considérer qu'en le foulant ainsi au pied, comme le Petit-Hans avec sa girafe chiffonnée, elle en fait un signifiant.

    Dans cette anecdote racontée par Rabelais, outre l'importance de cette question du phallus, nous pouvons aussi retrouver avec ce bon morceau dont elle était friande, par ce glissement de l'objet viril à l'objet oral, cet objet primordial, le sein. La friandise, la gourmandise décrivent ces plaisirs de la bouche. Ainsi est évoqué ce que Lacan, dans son algÚbre, a nommé l'objet petit a.

    J'ai emprunté ce récit au Tiers livre des faits et dits du bon Pantagruel dans le chapitre « Comment la braguette est la piÚce principale de l'armure pour les hommes de guerre. C'est en effet un chapitre plein d'enseignement, comme j'ai essayé de le démontrer.

  • Bienvenue sur ce site de podcast, une psychanalyse Ă  fleur d'inconscient. Aujourd'hui, je voudrais vous parler de l'un des destins de la pulsion, celui de la sublimation. Elle peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e, Ă  la suite de Lacan, comme un travail de symbolisation de la perte, une cĂ©lĂ©bration de l'objet perdu.

    Freud, malgré la définition qu'il en a donné, « une satisfaction de la pulsion sans refoulement », n'a pas tout à fait réussi, malgré son étude de Léonard de Vinci, à tracer la métapsychologie de cette sublimation.

    Lacan, lui a franchi un pas de plus dans cette approche mais en repartant justement de l'un des plus anciens textes de Freud, son « Esquisse d'une psychologie scientifique » dans laquelle il décrit les premiers liens du petit nourrisson à sa mÚre.

    Freud y décrit comment le bébé découvre la présence de cette Autre préhistorique, la mÚre, en tant qu'elle est capable d'apporter satisfaction à ses besoins, lorsqu'il l'alerte par ses cris. Par son intermédiaire il fait tout d'abord l'expérience de la satisfaction, lorsque elle lui donne le sein, mais tout aussi bien l'épreuve de la souffrance. En effet elle n'obéit pas toujours au doigt et à l'oeil, elle vaque à ses occupations et ne répond pas toujours à son attente. C'est cette grande Autre archaïque qui est célébrée par tous ses troubadours, poÚtes, peintres, musiciens mais aussi psychanalystes.

    Cette Autre préhistorique, cette premiÚre étrangÚre, point d'origine de l'inconscient, se divise, selon Freud, en deux parties. L'une entre dans le champ des représentations inconscientes, au
    titre de traces mnésiques ou mnémoniques de l'objet, comme souvenirs de l'objet ; L'autre partie va rester définitivement étrangÚre, inassimilable. C'est ce que Lacan isolera sous ce terme de Das Ding, La chose. C'est avec ce nouveau concept pris dans le texte de Freud
    qu'il dĂ©crit alors ces mĂ©canismes mis en jeu lors de cette Ɠuvre de sublimation.

    Das Ding, c'est cet objet qui Ă©chappe Ă  toute symbolisation, Ă  tout jugement qu'il soit d'attribution ou d'existence. Autour de cet objet par contre, s'organisent donc toutes les reprĂ©sentations inconscientes soumises au principe de plaisir, ce que Lacan appelle la ronde des signifiants. Ainsi cernĂ© par du symbolique, s'instaure au cƓur du sujet un point de rĂ©el, qui n'est autre que celui de l'objet perdu de la thĂ©orie freudienne et que Lacan appelle la Chose. C'est justement Autour de cette Chose, que pourront ĂȘtre cultivĂ©es les fleurs les plus dĂ©licates et les plus belles de la civilisation.

    Par rapport Ă  ce concept de Das Ding, de La Chose, Lacan dĂ©finit donc la sublimation comme Ă©tant le fait d'Ă©lever un objet Ă  la dignitĂ© de la Chose. Il en devient le signifiant. Pour qu'il puisse ainsi reprĂ©senter la Chose, cet objet crĂ©Ă© par la sublimation doit toujours ĂȘtre construit autour d'un vide Ă©voquant l'absence de l'objet. Les poĂšmes des troubadours cĂ©lĂšbrent la dame inhumaine Ă  jamais inaccessible. De mĂȘme, les premiers vases, les premiĂšres poteries, traces d'anciennes civilisations, les peintures rupestres d'Altamira, mĂȘme les pommes
    de CĂ©zanne exaltent l'absence de cet objet perdu, instaurent sa nostalgie.

    La sublimation du psychanalyste autour de ce mĂȘme objet ne pourrait-elle pas mettre Ă  nu la fonction de toutes les formes de sublimation, en constituer une sorte de paradigme en spĂ©cifiant les rapports singuliers de chaque psychanalyste Ă  la Chose analytique et notamment en explicitant comment il a, autour de cet objet, Ă  rĂ©inventer la psychanalyse Ă 
    partir mĂȘme de ses symptĂŽmes. Ce dont pourrait tĂ©moigner ce changement d'orthographe, du « symptĂŽme » au « sinthome », proposĂ© par Lacan ?

    J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse".

    ( https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )
    Musique : Sincerity par Glowing Palace


  • Bienvenue sur ce site de podcasts “ une psychanalyse Ă  fleur d’inconscient”. Aujourd’hui en cette pĂ©riode de vacances, j’ai choisi de vous parler de parfums, des bonnes ou des mauvaises odeurs qui nous ravissent ou nous incommodent.

    Juliette, Juliette Nouredine, une chanteuse qui compose le plus souvent Ă  la fois les textes et les musiques de ses chansons, a cĂ©lĂ©brĂ© dans l’une d’elles, des parfums, traces de la prĂ©sence d’une femme aimĂ©e ou peut-ĂȘtre de l’homme aimĂ©, on ne sait. Mais ce serait plutĂŽt des parfums de femme qui sont ainsi Ă©voquĂ©s.

    «Je veux garder pour en mourir

    Ce que vous avez oublié

    Sur les décombres de nos désirs

    Votre parfum sur l’oreiller.

    Laissez-moi deviner ces subtiles odeurs

    Et promener mon nez

    Parfait inquisiteur

    Il y a des fleurs en vous

    Que je ne connais pas

    Et que gardent jaloux

    Les replis de mes draps »

    On peut mourir d’amour et Juliette, cĂ©lĂ©brant les secrĂštes fragrances de son objet d’amour, nous en apporte la preuve, tout au moins en chanson. Mais il est un autre mot, dans le registre de ces odeurs qui est, lui aussi, un peu tombĂ© en dĂ©suĂ©tude, et qui, au contraire des fragrances, est de l’ordre des mauvaises odeurs, c’est celui de « pestilence ». C’est un mot que Lacan avait utilisĂ© Ă  propos de l’analyste. Il avait en effet trouvĂ© cette trĂšs jolie mĂ©taphore selon laquelle « l’analyste est un feu follet ». «Un feu follet, affirme-t-il, n’éclaire rien, il sort mĂȘme ordinairement de quelque pestilence ».

    Lacan effectue ainsi un bien curieux rapprochement. Est-ce pour indiquer qu’avec les signifiants de ces pulsions partielles qui ont jalonnĂ©es son enfance, avec ces pestilences pulsionnelles, l’analyste trouve le chemin de son dĂ©sir, un dĂ©sir « averti » concernant « l’humaine condition »?

    Pour ma part, je me suis souvent posĂ© cette question, Ă  propos de ces bonnes et mauvaises odeurs. Pourquoi Freud et Lacan, dans la mĂȘme veine, n’ont-ils pas Ă©rigĂ© ces effluves odorantes ou nausĂ©abondes au titre d’objet petit a, au mĂȘme titre que le sein, les selles, la voix et le regard puisque Freud indiquait que les reprĂ©sentations de ces zones sexuelles abandonnĂ©es, ces signifiants de la pulsion, pour l’interprĂ©ter en termes de logique du signifiant, “dĂ©gagent maintenant la mĂȘme puanteur” que le souvenir infantile Ă©voquĂ©.


    Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
  • Bienvenue sur ce site de podcasts Une psychanalyse Ă  fleur d’inconscient. Aujourd’hui je vous poserai bien cette question : Le dĂ©sir de devenir psychanalyste n’est-il pas du mĂȘme ordre que le dĂ©sir qu’expriment les enfants de devenir aviateur, conducteur de train ou camionneur, instituteur ou brocanteur ? Les analystes n’en parlent pas souvent parce que c’est de l’ordre
    de l’intime, mais quand surgissent des rĂȘves en cours d’analyse oĂč pour la premiĂšre fois le timide dĂ©sir d’exercer ce mĂ©tier s’exprime de façon plus ou moins voilĂ©e on s’aperçoit alors Ă 
    quel point un tel dĂ©sir a de profondes racines inconscientes. Ce sont celles-ci, une fois analysĂ©es, interprĂ©tĂ©es, qui permettent alors Ă  chacun de savoir, selon la jolie formule de Lacan, de savoir s’il veut ce qu’il dĂ©sire.


    L'essentiel est donc d'analyser ce symptĂŽme, puisque s'en est un, celui de souhaiter devenir psychanalyste pour laisser la place Ă  quelque chose d’un autre ordre, ce que Lacan a appelĂ© «
    "dĂ©sir du psychanalyste » qui, au cƓur de l’analyse de celui qu’il a acceptĂ© d’écouter, trouvera, dans la rĂ©pĂ©tition de cette expĂ©rience, sa vĂ©ritable fonction, celle de renouveler, de rĂ©veiller la nĂ©vrose du sujet, d’en faire Ă  proprement parler une nĂ©vrose de transfert, de la rĂ©pĂ©ter puis de la dĂ©nouer justement parce qu’il peut occuper cette fonction du dĂ©sir de
    l’Autre. A la fin du sĂ©minaire de l’acte analytique, pour Ă©voquer ce qui en est de l’expĂ©rience analytique, Lacan reprend le mythe des paroles gelĂ©es de Rabelais. Au cours de leur voyage,
    soudain Pantagruel et ses compagnons virent tomber sur le tillac de leur navire, telle une bourrasque de grĂȘlons, des mots gelĂ©s qui se rĂ©chauffĂšrent progressivement dans leurs mains. Panurge demanda Ă  Pantagruel de lui en donner encore. Il en jeta trois ou quatre
    poignĂ©es et j’y vis, dit-il, des paroles fort piquantes, des paroles sanglantes, dont le pilote disait qu’elles revenaient du lieu oĂč elles avaient Ă©tĂ© prononcĂ©es. Et bien de mĂȘme, les
    paroles gelĂ©es du symptĂŽme, celles de l’analysant viennent se rĂ©chauffer au contact de ce dĂ©sir du psychanalyste. C’est ainsi que toutes ces paroles prononcĂ©es dans l’enfance et notamment celles qui ont entourĂ© sa naissance, reprennent vie et surtout toute leur vivacitĂ©, grĂące au transfert, quand le psychanalyste est ainsi venu rĂ©occuper la place de celui que Lacan appelle “le parent traumatique”.

    Rabelais, Le quart livre, chapitre 56. “Comment, parmi les paroles gelĂ©es, Pantagruel trouva des mots de gueule »



    Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
  • Bienvenue sur ce site de podcasts, « Une psychanalyse Ă  fleur d'inconscient ». Aujourd'hui J'ai choisi en guise d'introduction, un rĂȘve de Freud que je trouve amusant. Il Ă©crit dans L'interprĂ©tation du rĂȘve : « Je me retrouve de nouveau entrain de faire de la chimie au laboratoire de l’universitĂ©. Le conseiller aulique L m'invite Ă  venir quelque part. Il tient dans
    sa main levĂ©e en l’air devant lui une lampe ou quelque autre instrument avec des airs d’intelligence affĂ»tĂ©e ou de perception aiguĂ«, dans une posture caractĂ©ristique, la tĂȘte tendue vers l’avant ».

    Il Ă©voque l' Ă©vĂ©nement de la veille qui a provoquĂ© ce rĂȘve, le fait qu’il avait appris une mauvaise nouvelle, la suppression du lieu oĂč il pouvait jusqu’alors donner ses confĂ©rences. et Cela lui avait fait penser Ă  ses dĂ©buts de jeune mĂ©decin oĂč on lui avait refusĂ© toute aide.

    Dans son interprĂ©tation, Freud dĂ©crit la façon dont ce conseiller aulique porte la lampe ou la loupe et Ă©voque par cette association, la statue d’ArchimĂšde Ă  Syracuse. Or ce monument cĂ©lĂšbre le fait qu'ArchimĂšde avait pu mettre le feu aux voiles de la flotte romaine qui assiĂ©geait la ville de Syracuse Ă  l'aide d'un miroir incendiaire. C'est ce mĂȘme objet que porte le conseiller aulique qui devance Freud. C'est ainsi que Freud met le feu Ă  l'universitĂ©.
    Sobrement Freud interprĂšte ce rĂȘve « Toute personne experte en interprĂ©tation du rĂȘve devinera aisĂ©ment que ni dĂ©sir de vengeance ni prĂ©somption de grandeur ne sont Ă©trangers aux pensĂ©es du rĂȘve.»

    Le vernis de la civilisation est extrĂȘmement fragile, il se craquelle et se fissure dans le moindre de nos gestes et de nos propos. Sous les plus belles rĂ©alisations humaines, dans les domaines de l’art, de la littĂ©rature ou de la politique, rĂ©apparaĂźt sans cesse, sous une forme plus ou moins masquĂ©e, notre inhumanitĂ© Ă  savoir notre dĂ©sir de destruction envers ceux qui nous entourent.

    Si nous nous rĂ©fĂ©rons Ă  ce que nous pouvons apprendre, Ă  propos du moindre de nos rĂȘves ou de nos actes manquĂ©s, nous pouvons dĂ©couvrir que nous nous y dĂ©barrassons allĂšgrement de tous ceux qui peuvent faire obstacle Ă  la rĂ©alisation de nos dĂ©sirs les plus
    chers, ou de tous ceux qui portent atteinte Ă  la haute opinion que nous avons de nous-mĂȘmes, en les envoyant au Diable ou encore « ad patres ». Nous les envoyons ainsi, sans autre forme de procĂšs, rejoindre le monde de nos ancĂȘtres.

    Pour dĂ©crire cette fonciĂšre mĂ©chancetĂ© qui est au cƓur de chacun de nous, Freud, comme souvent, aime bien faire appel non seulement au savoir mais aussi Ă  l’humour des poĂštes.


    Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
  • Aujourd'hui j'ai choisi un titre un brin provocateur. Certes la guĂ©rison de la nĂ©vrose n'est pas censĂ©e ĂȘtre l'effet premier, le but d'une psychanalyse, mais il n'empĂȘche que cette derniĂšre a des effets et des effets bĂ©nĂ©fiques pour le sujet, car sinon comment chaque analysant mais aussi chaque psychanalyste pourrait-il s'engager dans cette entreprise malgrĂ© toutes les embĂ»ches rencontrĂ©es Ă  commencer par le choix d’un psychanalyste, les souffrances rĂ©veillĂ©es, remises Ă  vif, du fait du transfert, et ce qu’il en coĂ»te Ă  chacun des efforts de toute sorte, surtout et y compris les efforts financiers.

    En 1978, au moment de la clÎture du congrÚs de la transmission de la psychanalyse, Lacan avait posé cette question « comment se fait-il, que de par l'opération du signifiant, il y a des gens qui
    guĂ©rissent, qui guĂ©rissent de leur nĂ©vrose, voire de leur perversion, car c’est un fait qu’il y a des gens qui guĂ©rissent » et pour en rendre compte il avait avancĂ© un curieux terme celui de «truquage».

    Si on tourne un peu autour de ce mot, il est pour le moins ambigu. Il peut dĂ©crire le savoir faire du psychanalyste, il connaĂźt le truc, il sait comment s’y prendre. Il Ă©voque donc l’habiletĂ© de l’artisan
    ou l’astuce du bricoleur. Mais si nous passons du mot truquage au verbe truquer, il prend tout d’un coup une tonalitĂ© plus pĂ©jorative. Surgissent Ă  l’horizon une cohorte de truqueurs, de
    faussaires, d’escrocs. Il me semble que les analystes ne doivent pas perdre de vue cette dimension malĂ©fique du truquage. Car ils se tiennent sur cette Ă©troite limite, une crĂȘte entre deux versants, celui de l’habiletĂ© et celui de l’escroquerie. Je reprends ce terme puisqu’il a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© utilisĂ© par Lacan.

    Ces deux versants possibles du truquage vont se trouver mis en jeu, mis en scĂšne Ă  propos des fantasmes de guĂ©rison de l’analysant qui existent dans toute analyse, pour peu bien sĂ»r qu’on y prĂȘte attention.



    Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
  • Bienvenue sur ce podcast une psychanalyse Ă  fleur d'inconscient”. Aujourd”hui je voudrais vous parler de la façon dont Freud, en son temps, avait relu DostoĂŻevski, tout comme Lacan avait relu Joyce pour le nommer Joyce le symptĂŽme. Mon espoir Ă©tant de tirer quelques profits de ce rapprochement autour de la question de l’hystĂ©rie et tout spĂ©cialement de l’hystĂ©rie masculine.

    Dans son texte « DostoĂŻevski et le parricide », Freud Ă©crit : « Ce n’est pas un hasard si trois des chefs d’Ɠuvres de la littĂ©rature de tous les temps, L’ƒdipe-Roi de Sophocle, le Hamlet de Shakespeare et les frĂšres Karamazov de DostoĂŻveski, traitent tous du mĂȘme thĂšme, du meurtre du pĂšre. Dans les trois Ɠuvres le motif de l’acte - la rivalitĂ© sexuelle pour une autre femme est aussi rĂ©vĂ©lĂ©. »

    Si Ulysse de Joyce est maintenant considĂ©rĂ© comme une Ɠuvre majeure de la littĂ©rature mondiale du dernier siĂšcle, la question du parricide me semble y ĂȘtre Ă©ludĂ©e, tout autant que la question de la rivalitĂ© des hommes entre eux pour la conquĂȘte d’une femme.

    Bloom, tout au long de son pĂ©riple au travers des rues de Dublin sait que Molly a rendez-vous avec l’un de ses amants, il connaĂźt mĂȘme l’heure de leur rendez-vous, sans pour autant apporter la moindre entrave Ă  cette rencontre. De retour chez lui, il se glisse simplement dans le lit conjugal.

    Cette “abnĂ©gation”, sinon cette â€œĂ©quanimitĂ©â€ devant le triomphe de ses rivaux dans l’amour d’une femme, Freud l’a dĂ©jĂ  dĂ©crite dans ce mĂȘme texte de DostoĂŻevski et du parricide. Il la dĂ©crit en prenant pour exemple les hĂ©ros de certaines autres nouvelles de DostoĂŻevski, mais en la replaçant dans les composantes du complexe de castration masculin.

    Avec beaucoup d’assurance mais aussi de sĂ©rĂ©nitĂ© voici ce que Freud en Ă©nonce : « le meurtre du pĂšre est, selon une conception bien connue, le crime majeur et originaire de l’humanitĂ© aussi bien que de l’individu ».

    De lĂ  vient son sentiment de culpabilitĂ©. Les motions sadiques envers le pĂšre, le dĂ©sir de le tuer et de le castrer s’inversent et prĂ©vaut alors le masochisme dit fĂ©minin des hommes.

    En effet, Ă  cette partie du complexe de castration, vient s'ajouter une autre composante, celle que Freud appelle la bisexualitĂ© de chaque sujet. Lorsque cette composante est trop forte, « la menace que la castration fait peser sur la masculinitĂ© renforce l’inclinaison du garçon Ă  s’identifier Ă  sa mĂšre, « Ă  tenir le rĂŽle de celle-ci comme objet d’amour pour le pĂšre ». Cette prĂ©disposition renforce donc la nĂ©vrose.

    Est-ce que ce que Freud nous dĂ©crit lĂ  ne pourrait pas s’appliquer Ă  Joyce, il semble en tout cas qu’une piste s’ouvre celle d’éclairer ce que Lacan a avancĂ© Ă  propos de Joyce, de cette question de sa « PĂšre-version », ou encore sa version vers le pĂšre qu’il a soutenu Ă  la mesure de ses moyens par son Ă©criture, par son art d’écrire.

    Ce terme de pĂšre-version Ă©crit avec un tiret et donc cette version vers le pĂšre est donc Ă  prendre, tout au moins dans une premiĂšre approche, comme correspondant Ă  ce temps de l’Oedipe ou le pĂšre se fait prĂ©fĂ©rer Ă  la mĂšre comme Ă©tant celui qui dĂ©tient le phallus.

    J’ai effectuĂ© ce rapprochement dans l’un de mes ouvrages « Eloge de l’hystĂ©rie masculine. Sa fonction secrĂšte dans les renaissances de la psychanalyse » paru chez L’Harmattan en 97.


    Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
  • Bienvenue sur ce site de podcast “une psychanalyse Ă  fleur d’inconscient”. Aujourd’hui je voudrais vous parler de l’art d’interprĂ©ter les obsessions en le rapprochant de l’art d’interprĂ©ter les rĂȘves.

    Dans le grand texte des cinq psychanalyses, Freud a entrepris de dĂ©crire l’Histoire de l’Homme aux rats, faisant ainsi une magnifique approche thĂ©orique et surtout clinique de ce qu’est la structure d’une nĂ©vrose obsessionnelle qu’au dĂ©but de ses recherches il appelait nĂ©vrose de contrainte. Le sujet est en effet contraint Ă  penser ou Ă  agir au grĂ© de ses obsessions ou de ses compulsions. Il ne peut s’y dĂ©rober. Il agit au commandement.

    Dans ce texte de l’Homme aux rats Freud rĂ©dige un paragraphe ayant pour titre « quelques obsessions et leur explication »1 Il y est question de la technique d’interprĂ©tation des obsessions. Il en Ă©dicte deux rĂšgles :

    PremiÚre rÚgle ne pas se laisser impressionner par leur apparente absurdité

    « On fait bien, écrit Freud, de ne jamais se laisser troubler, dans cette tùche de la traduction des obsessions, par leur apparente absurdité ; les obsessions les plus absurdes et les plus étranges se laissent résoudre si on les approfondit dûment. »

    A propos de cette caractĂ©ristique des obsessions, dans “L’InterprĂ©tation du rĂȘve”, Freud consacre un chapitre spĂ©cialement aux rĂȘves absurdes et il faut noter qu’ils ont tous pour thĂšme latent les dĂ©sirs de la mort du pĂšre.

    Seconde rÚgle : rattacher cette obsession aux événements de la vie courante.

    Donc en apparence on utilise pour interprĂ©ter les obsessions, la mĂȘme technique que celle de l’interprĂ©tation des rĂȘves qui consiste Ă  rechercher le petit Ă©vĂ©nement de la veille qui a provoquĂ© le rĂȘve. Ce que Freud appelle « le reste diurne du rĂȘve ». C’est souvent par lĂ  qu’il commence.

    Il en est de mĂȘme pour l’obsession, mais on ne peut plus parler de «reste diurne », il s’agit d’évĂ©nements qui semblent plus marquants et plus dĂ©ployĂ©s dans le temps. Il ne s’agit plus du jour qui prĂ©cĂšde le rĂȘve, mais de jours, de mois, voire d’annĂ©es qui prĂ©cĂšdent l’obsession.

    Pour illustrer la portĂ©e de ces deux rĂšgles, je dĂ©montrerai leur efficacitĂ© Ă  propos de quelques-unes des obsessions de l’homme aux rats, notamment son obsession de se trancher la gorge avec un rasoir.

    J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse". Vous pouvez y retrouver la plupart de ces textes développés ( https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )


    J'ai aussi écrit quelques livres, la plupart, ont été publiés chez L'Harmattan. Parmi eux " Les orthographes du désir" : https://www.editions-harmattan.fr/livre-les_orthographes_du_desir_liliane_fainsilber-9782343105512-54074.html

    Musique : Sincerity par Glowing Palace








    Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
  • Bienvenue sur ce site de podcast “une psychanalyse Ă  fleur d’inconscient”. Aujourd'hui je voudrais vous parler de l’un des hĂ©ros des cinq psychanalyses, celui dont Freud a choisi d’évoquer l’histoire, en mĂȘme temps que celles de Dora, de l’Homme aux loups et de l’Homme aux rats, sans oublier, bien sĂ»r celle pleine d’alĂ©as du PrĂ©sident Schreber. Il s’appelle le Petit Hans. Son histoire a ceci de particulier c’est que c’est une des premiĂšres analyses d’enfant.

    DĂšs les premiers jours du janvier 1908, son pĂšre, Max Graf Ă©crivait Ă  Freud pour lui demander de l'aide au sujet de son petit garçon alors ĂągĂ© de trois ans. Il avait peur d'ĂȘtre mordu par un cheval et de ce fait refusait de sortir dans la rue. D'autres lettres du pĂšre suivirent dĂ©crivant le dĂ©ploiement et l'Ă©volution de ce symptĂŽme ainsi que les tentatives d'interprĂ©tation qu’il en faisait. Ainsi naquit l’observation du "Petit Hans", Ă©crite cette fois-ci par Freud.

    En un second temps, dans le séminaire de la Relation d'objet, Lacan en fit, à son tour, un trÚs long commentaire, la reprenant presque ligne à ligne et jour aprÚs jour.

    La phobie du petit Hans prendra trĂšs vite une grande extension, se dĂ©ployant en de nombreuses formes, sa peur initiale d'ĂȘtre mordu par un cheval deviendra aussi peur des chevaux qui tombent, peur des chevaux lourdement chargĂ©s, peur des chevaux ayant quelque chose de noir devant la bouche. D'autres animaux seront eux aussi appelĂ©s Ă  la rescousse de ce cheval, deux girafes, la grande et la petite, la cigogne, personnage Ă©nigmatique qui apporte aussi bien la mort que la vie, et, presque passĂ©s inaperçus, une poule et son poussin Ă  propos desquels ce jeune garçon se pose bien des questions sur les mystĂšres de sa naissance et le rĂŽle qu'avait bien pu y jouer son pĂšre.

    Je ne résiste pas au plaisir de le citer.

    "A Mungden, dit-il Ă  son pĂšre, tu as pondu un Ɠuf dans l'herbe et un poulet en est tout de suite sorti. Tu as pondu un Ɠuf un jour, je le sais, je sais que c'est sĂ»r. Parce que maman l'a dit.

    Moi - je demanderai Ă  maman si c'est vrai.

    Hans - ce n'est pas vrai du tout mais moi j'ai une fois pondu un Ɠuf et un poulet en est sorti."

    Au mensonge de la cigogne des parents, rĂ©pond le mensonge du poulet du petit Hans. Mais il n'empĂȘche que lui, aussi bien que son pĂšre, peuvent mettre au monde des petits poussins. Il vient d'inventer, pour son propre usage, le mythe de la couvade.

    J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse". Vous pouvez y retrouver la plupart de ces textes développés ( https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )


    J'ai aussi écrit quelques livres, la plupart, ont été publiés chez L'Harmattan. Parmi eux " Les orthographes du désir" : https://www.editions-harmattan.fr/livre-les_orthographes_du_desir_liliane_fainsilber-9782343105512-54074.html

    Musique : Sincerity par Glowing Palace


    Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
  • Bienvenue sur ce site de podcasts “une psychanalyse Ă  fleur d’inconscient. Aujourd’hui je partirai d’une jolie chanson de Serge Gainsbourg qui a pour titre " Le grand mĂ©chant vous".

    Elle peut en effet servir d’exemple à ce dont je veux vous parler aujourd' hui.

    Alors jeune psychanalyste, au congrĂšs de Marienbad, Lacan avait provoquĂ© quelques remous dans le monde analytique, en y prĂ©sentant un travail sur le stade du miroir. Il a ainsi fait faire un grand pas Ă  la thĂ©orie en mettant ainsi en Ă©vidence l’importance dans la structuration du sujet, de la rencontre tout d’abord de sa propre image qui, Ă  un stade trĂšs prĂ©coce, entre six et dix-mois, constitue en somme la matrice imaginaire source de ses futures identifications. Si cette premiĂšre rencontre avec son image est source d’exultation il n’en va pas de mĂȘme des rencontres ultĂ©rieures avec l’image des autres humains qui l’entourent. . Lacan a trĂšs souvent repris la description de Saint Augsutin dĂ©crivant comment un enfant regardait d’un regard empoisonnĂ© son petit frĂšre de lait appendu au sein de sa mĂšre. C’est pourtant grĂące Ă  ces petits autres que l’enfant dĂ©couvre le monde illimitĂ© de ses dĂ©sirs et constitue toutes ces identifications avec ses objets d’amour ou ses objets rivaux auxquels il a dĂ» renoncer. On dĂ©couvre donc que la jalousie y joue un rĂŽle essentiel et nĂ©cessaire.
    Cet autre, ce rival, qu’il souhaite de toutes ses forces dĂ©truire, chaque fois qu’il le rencontre, c’est ce grand mĂ©chant Vous que dĂ©crit si bien Serge Gainsbourg.
    Je cite un fragment de sa chanson :
    "Promenons-nous de dans le Moi tant que le vous n’y est pas

    Car s’il y Ă©tait, sĂ»rement il nous mangerait

    J’ai peur, j’ai peur de ce grand mĂ©chant Vous."

    Quelques strophes plus loin il chante :
    "Ah quel animal que ce Vous,

    Mais comment savoir dans cette rivalité

    Qui de Moi ou qui de vous

    l’emporte en cruautĂ©

    Promenons-nous dedans le moi pendant que le Vous n’y est pas!"

    La métaphore poétique, cette substitution du Vous ou Loup porte ses fruits !

    Qui hurle avec les loups, qui se jette dans la gueule du loup et qui de vous ou de Moi l’emporte en cruautĂ© ?
    Ce petit autre est donc l’objet d’une intense jalousie. on dĂ©sire le dĂ©truire en tant que c’est lui qui est censĂ© possĂ©der ce dont on est privĂ©. Comment sortir de cette impasse, c’est lui ou moi ? C’est lĂ  que Lacan fait intervenir, par le biais de la fonction paternelle, le champ du symbolique qui procure l’apaisement, l’accord, la reconnaissance, la coexistence possible. Je cite Lacan “ Dieu merci, le sujet est dans l’ordre du symbole, c'est-Ă - dire dans un monde d’autres qui parlent. C’est pourquoi son dĂ©sir est susceptible de la mĂ©diation et de la reconnaissance. Sans quoi, toute fonction humaine ne pourrait que s’épuiser dans le souhait indĂ©fini de la destruction de l’autre comme tel.”

    J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse". Vous pouvez y retrouver la plupart de ces textes développés. ( https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )


    Liliane Fainsilber


    Musique : Sincerity par Glowing Palace






    Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

  • Bienvenue sur ce site de podcast « Une psychanalyse Ă  fleurd’inconscient » Les psychiatres et les psychologues parlent de tocs, abrĂ©viation scientifique pour parler de troubles obsessionnels compulsifs.
    Dans le champ de la psychanalyse, on ne parle pas de tocs mais on parle de la structure d’une nĂ©vrose obsessionnelle. Elle a Ă©tĂ© approchĂ©e par Freud avec l’aide de termes qui riment entre eux, obsession, compulsion, superstition. Échappe Ă  cette sĂ©rie, le doute.

    La superstition anciennement évoquait plutÎt la croyance en de faux-dieux par rapport aux religions officielles mais de nos jours, elle est définie, par FuretiÚre, comme une « croyance irrationnelle à l'influence, au pouvoir de certaines choses, de certains faits, à la valeur heureuse ou funeste de certains signes ». Un chat noir porte malheur.
    A propos de superstition, en Corse, c’était la coutume, enfin du temps de ma jeunesse, de mettre au cou des bĂ©bĂ©s un brin de corail qui avait une forme allongĂ©e et qu’on pouvait tout Ă  fait interprĂ©ter comme un symbole phallique. Il avait pour but de protĂ©ger ces enfants du «mauvais Ɠil ». De mĂȘme quand une femme s’extasiait devantun bel enfant au fond de son landau ou de son berceau et disait « quel beau bĂ©bĂ© ! » aussitĂŽt, il fallait prononcer cette phrase '"que le Bon dieu le bĂ©nisse ! ». la formule Ă©tait destinĂ©e Ă  le protĂ©ger de la jalousie Ă©ventuelle que cette femme Ă©tait censĂ©e Ă©prouver.

    C’est une jolie dĂ©monstration des nĂ©cessitĂ©s de la mĂ©taphor paternelle, mĂȘme si elle se rĂ©vĂšle un peu faiblarde, dans la mesure oĂč on est obligĂ© d’en appeler Ă  la bienveillance de Dieu, pour protĂ©ger cet enfant de la jalousie d’une autre femme. Ce qui prouve que dans ces faits de superstition, les protagonistes sont au fait de cette jalousie inconsciente qui vise l’objet du dĂ©sir de l’Autre, voire le souhait de sa destruction. Car c’est cela le mauvais Ɠil,
    c'est jeter un regard mauvais, un regard qui tue.

    Être superstitieux, c’est prendre en compte les dĂ©sirs inconscients qui nous animent,
    aussi bien les nĂŽtres que ceux des autres, c'est donc savoir que nous ne sommes pas forcĂ©ment pleins de mansuĂ©tude Ă  l’égard d’autrui. De ce fait mĂȘme nous avons aussi peur qu’à les avoir seulement pensĂ©s, tous ces mauvais souhaits puissent se rĂ©aliser. Cela tient de la magie.

    Dans son ouvrage « Psychopathologie de la vie quotidienne », Freud rreprend cette question de la superstition et indique que "chez les nĂ©vrosĂ©s, souvent trĂšs intelligents et souffrant d’idĂ©es obsĂ©dantes et d’états obsessionnels, qu’on constate avec le plus de nettetĂ© que la superstition a sa racine dans des tendances refoulĂ©es d’un caractĂšre hostile et cruel. La superstition signifie avant tout attente d’un malheur, et celui qui a souvent souhaitĂ© du mal Ă  d’autres, mais qui dirigĂ© par l’éducation, a rĂ©ussit Ă  refouler ces souhaits dans l’inconscient, sera particuliĂšrement enclin Ă  vivre dans la crainte perpĂ©tuelle qu’un malheur ne vienne le frapper Ă  titre de
    chùtiment pour sa méchanceté inconsciente » (2).

    J'ai donc cru un moment que la superstition est premiĂšre et que c’est elle qui engendre des obsessions, obsessions qui crĂ©ent Ă  leur tour, comme un systĂšme de dĂ©fense, des actes compulsionnels, et plus complexes encore, des cĂ©rĂ©monials compliquĂ©s, des rituels, analogues Ă  des cĂ©rĂ©monies religieuses, cĂ©rĂ©monies d’une religion secrĂšte et privĂ©e que se rĂ©vĂšle ĂȘtre la nĂ©vrose obsessionnelle.
    Mais j'avais laissé de cÎté, dans cette énumération superstition, obsession et compulsion,
    le doute. Or c'est lui qui est premier devant l'impossible choix entre l'amour et la haine Ă©prouvĂ© par le sujet. C’est cette hainamoration qui engendre le doute. Et de ce doute partent les trois
    termes décrits par Freud, superstition, Obsession, compulsion. Ils établissent la robuste métapsychologie freudienne de la névrose obsessionnelle.

    Et tous les thĂ©rapeutes qui s'occupent de ces Tocs auraient grand intĂ©rĂȘt Ă  s'y replonger.




  • J’ai trouvĂ©, dans un texte de Lacan qui a pour titre « le symptĂŽme », quelques lignes qui Ă©voquent la nĂ©cessitĂ© des entretiens prĂ©liminaires. Cette question n’est pas souvent abordĂ©e, celle de savoir Ă  partir de quand celui qui vient demander une analyse s’allonge sur le divan.

    Lacan articule cette question des entretiens prĂ©liminaires au nom qu’il a donnĂ© Ă  celui qui vient demander une analyse, celui d’analysant. De la durĂ©e des entretiens prĂ©liminaires et de ce qui s’y passe dĂ©pendra le fait que l’analysant puisse effectuer ou non sa tache psychanalysante.

    Du participe passĂ© au participe prĂ©sent c’est ainsi qu’il met au travail le dit analysant. Il a la charge de dĂ©chiffrer lui-mĂȘme le sens de ses symptĂŽmes et de tracer ainsi la voie de sa guĂ©rison en prĂ©sence de l’analyste Ă  qui il s’adresse mais qui est aussi l’objet de ses cogitations, de par l’effet du transfert.

    Il Ă©crit : « Ce que je voulais dire, c’était que dans l’analyse, c’est la personne qui vient formuler une demande d’analyse qui travaille. A condition que vous ne l’ayez pas mise tout de suite sur le divan auquel cas c’est foutu. »

    Il prĂ©cise donc qu’il faut attendre une nouvelle formulation de sa demande : “Quand vous lui dites de commencer – et ça ne doit ĂȘtre ni la premiĂšre, ni la seconde fois, au moins si vous voulez vous comporter dignement – la personne donc, qui a fait cette demande d’analyse, quand elle commence le travail c’est elle qui travaille. Vous n’avez pas du tout Ă  la considĂ©rer comme quelqu’un que vous devez pĂ©trir. C’est tout le contraire. Qu’est-ce que vous y faites lĂ  ? Cette question est tout ce pour quoi je m’interroge depuis que j’ai commencĂ© ».

    Dans ce paragraphe, chaque phrase, chaque mot a son importance. S’en dĂ©gagent ces trois points :

    nĂ©cessitĂ© de reformuler sa demande d’analyse au cours de ces entretiens prĂ©liminaires puisque elle est condition mĂȘme de son travail d'analysant tout au long de ces annĂ©es d'analyse. L’éthique du psychanalyste : Il s’agit donc de se comporter dignement en tant qu’analyste et pour cela savoir dĂ©cider du moment oĂč il convient de commencer l’analyse. Une autre question est Ă©galement posĂ©e : L’analysant travaille et vous ? “ Qu’est-ce que vous y faites-lĂ  ?”

    J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse". Vous pouvez y retrouver la plupart de ces textes développés. ( https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )

    Liliane Fainsilber

    Musique : Sincerity par Glowing Palace


    Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.