Avsnitt
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DĂšs les annĂ©es 1900, au moment oĂč Freud Ă©crit son oeuvre initiale lâInterprĂ©tation des rĂȘves, il analyse dĂ©jĂ quelques rĂȘves quâil met sous la rubrique â RĂȘves de castrationâ. Câest donc lĂ quâil en dĂ©couvre la dimension clinique.
Parmi tous ces rĂȘves, Jâen ai retenu deux qui abordent si on peut dire clairement la question. Pour le premier Freud Ă©crit â Un garçon de trois ans et cinq mois, qui visiblement accepte mal le retour de campagne de son pĂšre, se rĂ©veille un matin perturbĂ© et Ă©nervĂ© et rĂ©pĂšte sans cesse la question ; pourquoi papa a portĂ© sa tĂȘte sur une assiette ?
Ce premier rĂȘve exprime donc que cette crainte de castration est liĂ©e Ă une idĂ©e de vengeance du pĂšre par rĂ©torsion. Câest lâenfant qui a dâabord souhaitĂ© castrer son pĂšre.
Le second rĂȘve que Freud lui a adjoint exprime alors cette angoisse de castration. Câest le rĂȘve dâenfance dâun Ă©tudiant souffrant dâune grave nĂ©vrose obsessionnelle. Il se souvient que dans sa sixiĂšme annĂ©e, il avait souvent rĂȘvĂ© ceci â Il va chez le coiffeur se faire couper les cheveux. Arrive une grande femme aux traits sĂ©vĂšres, qui approche de lui et lui tranche la tĂȘte. il reconnait cette femme comme Ă©tant sa mĂšre.â
Câest le moins quâon puisse dire, ce type de rĂȘves fait dans lâenfance ne doit pas contribuer Ă favoriser les rapports harmonieux entre les hommes et les femmes une fois devenus adultes.
La premiĂšre fois que Freud parle, tout au moins dâune façon un peu Ă©laborĂ©e, du complexe de castration masculin, dans les « Trois essais sur la thĂ©orie de la sexualitĂ© », en 1905, ce quâil appelle complexe de castration câest la difficultĂ© du petit garçon Ă accepter que la mĂšre ne soit pas pourvue du mĂȘme organe que le sien. » il note que ce nâest pas le cas de la petite fille « elle ne se refuse pas Ă accepter et reconnaĂźtre lâexistence dâun sexe diffĂ©rent du sien, une fois quâelle a aperçu lâorgane gĂ©nital du garçon ; elle est sujette Ă lâenvie du pĂ©nis qui la porte au dĂ©sir si important plus tard, dâĂȘtre Ă son tour un garçon. »
Quelques annĂ©es plus tard en 1914, dans son texte « Pour introduire le narcissisme »[1], Freud aborde Ă nouveau cette question du complexe de castration en le ramenant cette fois-ci non plus Ă la question de la castration de lâAutre mais de la sienne propre, une castration qui met en grand danger son narcissisme.
Mais en ces mĂȘmes annĂ©es, dans le texte de lâHomme aux loups, dans cette partie quâil intitule â Complexe de castration et Ă©rotisme analâ en prenant appui sur la petite parcelle dâhystĂ©rie de lâHomme aux loups, nous pouvons aisĂ©ment trouver un point de jonction entre la façon dont Freud aborde cette question du complexe de castration et ce que Lacan a Ă©laborĂ©, Ă propos de ce complexe, des trois modes dâinstauration de la fonction paternelle, pour le sujet dit normal, le sujet nĂ©vrosĂ©, et le psychotique. LĂ oĂč on peut effectuer cette articulation c'est en effet autour de la grossesse symbolique de L'homme aux loups que peut s'effectuer cette passerelle de l'un Ă l'autre.
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Câest pour rĂ©habiliter lâhystĂ©rie, lui redonner ses titres de noblesse que jâai choisi, dans lâun de mes premiers livres, ce terme dâĂ©loge Ă son sujet. "Eloge de lâhystĂ©rie", et dâailleurs en mettant, pour une fois, Ă lâencontre de toutes les idĂ©es reçues, cette hystĂ©rie du cĂŽtĂ© du masculin. Son titre complet Ă©tant "Eloge de l'hystĂ©rie masculine" avec comme sous-titre âsa fonction secrĂšte dans les renaissances de la psychanalyseâ
Câest un renversement qui est trĂšs utile, car, du coup, les analystes qui se sont toujours beaucoup intĂ©ressĂ© aux femmes hystĂ©riques sont mis, Ă leur tour, sur la sellette, interrogĂ©s sur leur propre hystĂ©rie, sur leurs symptĂŽmes et donc sur leur dĂ©sir inconscient.
LâhystĂ©rie je la dĂ©finirai donc comme une aptitude humaine fort rĂ©pandue, celle de pouvoir traduire les douleurs psychiques intolĂ©rables en douleurs corporelles.
Câest Madame CĂ©cilia M., une mystĂ©rieuse hĂ©roĂŻne des Ătudes sur lâhystĂ©rie, qui a donnĂ© Ă Freud le secret de fabrication du symptĂŽme hystĂ©rique. Elle lui a donc appris que lâhystĂ©rique redonne toujours Ă des locutions verbales les plus ordinaires, les plus utilisĂ©es, si ce nâest les plus usĂ©es, leur sens premier, leur sens dâorigine.
En voici un florilĂšge: âça mâa fait battre le coeurâ
â Jâen ai eu froid dans le dos"
âJâen ai le souffle coupĂ©â.
âJâai Ă©tĂ© clouĂ©e sur placeâ - âles bras mâen sont tombĂ©sâ - â jâen ai plein le dosâ.
Câest donc avec toutes ces expressions verbales que lâhystĂ©rique fabrique ses symptĂŽmes corporels : des palpitations, des vomissements, des diarrhĂ©es, des paralysies, des douleurs de dos et bien dâautres choses encore.
Avec ce que je vous ai dit du symptĂŽme hystĂ©rique on peut donc dĂ©crire comment chaque psychanalyste rĂ©invente, remet la psychanalyse au monde avec ses propres fantasmes de grossesse qui sâexpriment toujours par un symptĂŽme hystĂ©rique.
Je vous donne tout de suite un exemple de ces fantasmes de grossesse, avec celui de lâHomme aux loups, lâun des plus cĂ©lĂšbres cas dĂ©crits par Freud dans les cinq psychanalyses.
Je ne vais pas bien sûr vous raconter toute son histoire mais juste vous décrire son symptÎme hystérique.
Son dĂ©sir dâĂȘtre aimĂ© du pĂšre et dâen recevoir un enfant se manifestait par un symptĂŽme intestinal : Il souffrait dâune constipation opiniĂątre qui ne cĂ©dait que lorsquâun homme, son valet de chambre, lui administrait un lavement. Lorsquâil Ă©tait ainsi dĂ©livrĂ© de cet enfant, un enfant un peu particulier, il revenait Ă la vie, il se sentait renaĂźtre.
Dans lâanalyse, les fantasmes de grossesse de lâanalysant et de l'analyste sâexpriment avec lâaide du verbe Sauver, sous forme de fantasmes de sauvetage. Lâanalysant veut ĂȘtre sauvĂ© - guĂ©ri par son analyste. De mĂȘme, lâanalyste peut vouloir sauver guĂ©rir son analysant.
Câest lĂ que la situation peut devenir fort pĂ©rilleuse car pour lâinconscient, quand un homme sauve une femme, il lui donne un enfant. De mĂȘme, quand une femme sauve un enfant de la noyade, comme la fille de Pharaon avait sauvĂ© MoĂŻse, elle le met au monde. Elle est sa mĂšre.
Câest donc important que lâanalyste soit un peu au clair quant Ă ses propres fantasmes de sauvetage et quâil sache donc oĂč il en est de son dĂ©sir de guĂ©rir ses analysants.
Ce livre Eloge de l'hystérie masculine; sa fonction secrÚte dans les renaissances de la psychanalyse est paru chez L'harmattan en janvier 2020.
J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse".
( https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )
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Bienvenue sur ce site de podcast Une psychanalyse Ă fleur d'inconscient. Aujourd'hui je voudrais vous parler des Ă©meutes urbaines survenues il y a quelques mois avec ces hordes de jeunes dĂ©chaĂźnĂ©s semant le chaos et la destruction autour dâeux et qui sont venues reposer dâune façon aiguĂ« sinon urgente ces questions de la dĂ©linquance. Une approche analytique de ces questions ne pourrait bien sĂ»r quâĂȘtre bĂ©nĂ©fique, ne serait-ce que pour proposer quelques pistes de travail en vue dây apporter des solutions.
On pourrait partir de ce fait premier : On peut considĂ©rer Ă juste titre que la famille est en quelque sorte la petite cellule Ă©lĂ©mentaire de la sociĂ©tĂ©. Câest en son sein en tout cas que lâenfant est censĂ© apprendre les modes de fonctionnement de la vie en sociĂ©tĂ© et donc ses lois.
Des analystes se sont dĂ©jĂ prĂ©occupĂ©s de ces questions si difficiles Ă rĂ©soudre de la dĂ©linquance, lâun des premiers et lâun des plus attachants est incontestablement August Aichhorn avec son livre Jeunes en souffrance. Il avait abordĂ© ces sujets au temps de Freud. Mais dans les annĂ©es 1950 une autre analyste mettait lâaccent sur cette structure familiale, qui se trouve ĂȘtre la cause et la source de ces comportements asociaux dans son ouvrage au titre explicite â La dĂ©linquance juvĂ©nileâ. Elle sâappelle Kate Friedlander. Selon elle, les raisons de ces comportements asociaux seraient Ă mettre en relation avec les premiers liens pulsionnels de lâenfant Ă sa mĂšre au moment du sevrage et de lâapprentissage de la propretĂ©. Elle souligne en effet que âLes facteurs primaires responsables dâun comportement asocial se dĂ©couvrent dans la relation de lâenfant avec sa mĂšre et plus tard avec son pĂšre et dans dâautres facteurs affectifs qui durant les premiĂšres annĂ©es de la vie constituent lâambiance familiale ».ReconnaĂźtre ces faits, cette source premiĂšre de la dĂ©linquance se trouvant au sein de la famille est peut-ĂȘtre dĂ©jĂ un premier pas. Il me semble que câest pour la premiĂšre fois que cette source essentielle est Ă©voquĂ©e par les responsables politiques de ce pays. Ils font en effet nommĂ©ment appel Ă la responsabilitĂ© des parents.
Au cours de ces mĂȘmes annĂ©es 1950 quand Lacan Ă©tait encore psychiatre mais quand mĂȘme dĂ©jĂ psychanalyste, il avait indiquĂ© que les questions de dĂ©linquance et de criminalitĂ© Ă©tait liĂ© pour lui Ă la façon dont la famille de ces sujets se trouvait ĂȘtre non seulement isolĂ©e dans le contexte social qui lâentoure et surtout quâelle Ă©tait rĂ©duite au couple parental et aux enfants, avec donc trĂšs peu dâidentifications possibles valorisantes et nombreuses Ă des adultes dont a besoin tout sujet pour trouver sa place dans la sociĂ©tĂ©. Dans lâ approche de la dĂ©linquance quâen fait Kate Friedlander, on peut trouver une raison dâespĂ©rer, elle se trouve, comme souvent, au niveau de lâĂ©cole. Lâenfant aprĂšs celui de la famille devra sâadapter Ă un autre groupe, le groupe scolaire. Elle aussi le prĂ©parera Ă sa future vie en sociĂ©tĂ©. Câest peut-ĂȘtre lĂ que lâon pourrait agir de façon prĂ©ventive, en mobilisant pour cette cause, une armĂ©e dâouvriers, une armĂ©e de psychothĂ©rapeutes, prĂȘts Ă intervenir auprĂšs des enfants mais aussi des parents.
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Dans le journal dâune analyse, celle de lâHomme aux rats, dĂšs les premiĂšres sĂ©ances, Freud raconte comment son analysant Ă©tait poursuivi par lâidĂ©e qu'il Ă©tait un grand criminel. Quand cela lui arrivait, il allait chercher lâaide de lâun de ses amis qui avait le pouvoir de le libĂ©rer de son obsession .
A ce propos, cet Ă©tĂ©, jâai lu un livre que jâai beaucoup aimĂ© qui sâappelle « le criminel et ses juges ». Ce livre Ă©crit par des psychanalystes de la gĂ©nĂ©ration de Freud aborde la question du crime et de sa punition par la justice dans une approche analytique en fonction des dĂ©sirs de meurtre inconscients de tout un chacun, y compris bien sĂ»r des juges.
Ce livre qui a Ă©tĂ© Ă©crit en 1928, par Alexander et Staub. Les auteurs partent tous les deux de la mĂ©tapsychologie de la nĂ©vrose, pour Ă©clairer analytiquement ce quâil en est des actes criminels.
Ils dĂ©montrent que la nĂ©vrose est donc lâĂ©panouissement, dans le domaine psychique, des tendances asociales de lâhomme cultivĂ©. Elle est dans son contenu psychologique et dans sa structure, une fidĂšle rĂ©pĂ©tition de la justice pĂ©nale de lâhistoire primitive [...] Le crime originel sous la forme de lâinceste et du parricide et mĂȘme la forme de la peine primordiale, la castration.
Ce qui nâest pas rĂ©solu dans cette approche analytique de la question de la criminalitĂ©, câest le fait que le nĂ©vrosĂ©, selon la formule chrĂ©tienne de la confession, a pĂ©chĂ© en pensĂ©e, tandis que le criminel a pĂ©chĂ© en action.
En 1950, Dans son texte â Fonctions de la psychanalyse en criminologieâ, Lacan a pris appui sur cet ouvrage dâAlexander et Staub, pour expliquer les mĂ©canismes mĂȘme du crime, par une Ă©nigmatique formule qui mĂ©riterait un long dĂ©veloppement. Il exprimerait ce crime une âdĂ©hiscence dans le champ social du groupe familialâ. Or si on a recours au dictionnaire, pour apprĂ©cier le poids de cette dĂ©hiscence du groupe familial dans le champ social, on constate que câest un terme de botanique. Câest la fonction de certains organes vĂ©gĂ©taux qui s'ouvrent sans se dĂ©chirer Ă certaines Ă©poques pour libĂ©rer leur contenu : fruit, graine, pollen ou spore.
La mĂ©taphore mĂ©rite dâĂȘtre retenue car elle marque ainsi le point dâorigine de la criminalitĂ© et des actes dĂ©lictueux qui font bien irruption au sein de la sociĂ©tĂ© mais naissent au cĆur de la famille.
Lacan dans cet article de 1950, utilise encore pour expliquer ces mĂ©canismes, un terme psychiatrique qui peut ĂȘtre fort Ă©quivoque, celui dâoedipisme.
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Aujourd'hui je voudrais vous parler de ces hommes hystĂ©riques qui ont pourtant toujours Ă©tĂ© prĂ©sents Ă tous les grands moments, les moments dĂ©cisifs de lâinvention freudienne et notamment Ă son dĂ©but. Ils Ă©taient lĂ bien sĂ»r Ă ce grand moment inaugural oĂč Freud revient de Paris avec son prĂ©cieux butin, tout ce quâil a appris de Charcot, aprĂšs avoir assistĂ© Ă ses entretiens du mardi Ă la SalpĂȘtriĂšre. Nous sommes en 1886 et Freud prĂ©sente Ă ses confrĂšres viennois, son premier cas dâhystĂ©rie masculine. sa confĂ©rence n'obtient pas le succĂšs escomptĂ© et Freud en garde de lâamertume.
Ils sont encore lĂ ces prolĂ©taires, ouvriers du bĂątiment, chauffeurs de locomotives ou conducteurs de tramway, pour franchir avec Freud cette Ă©tape dĂ©cisive, au fondement mĂȘme de la psychanalyse, lorsque Freud Ă©tend le
concept de traumatisme de la nĂ©vrose traumatique Ă toutes les formes dâhystĂ©rie mais aussi bien Ă toutes les formes de nĂ©vrose.
Ils sont encore lĂ , ces hommes hystĂ©riques, tellement fĂ©minisĂ©s, pour franchir une troisiĂšme Ă©tape, en 1908/1909, lorsque Freud loge Ă la mĂȘme enseigne, les hommes et les femmes, sous le drapeau flamboyant de l'hystĂ©rie, dans son texte majeur, si Ă©clairant quant Ă cette structure â Les fantasmes hystĂ©riques et leur rapport Ă la bisexualitĂ©.
Mais ce nâest quâen 1928, avec son texte âDostoĂŻevski et le parricideâ, quâil donne ainsi ses titres de gloire Ă lâhystĂ©rie masculine. Elle est en effet liĂ©e Ă la question du dĂ©sir de meurtre du pĂšre qui est au coeur de lâOedipe mais aussi au fondement de la civilisation.
Encore un pas de plus, et ces hommes hystériques aident alors Freud à déchiffrer comment cette haine pour le pÚre, dans le cas de la névrose obsessionnelle, trouve elle aussi refuge dans le noyau hystérique de cette
névrose, dans son soubassement hystérique.
Mais lâimportance de cette hystĂ©rie masculine peut Ă©galement ĂȘtre retrouvĂ©e lorsque, dans l'enseignement de Lacan, au cours de son sĂ©minaire "Les structures freudiennes des psychoses" il a rĂ©ussi Ă formuler ce quâil en Ă©tait de la structure de la psychose par rapport Ă la nĂ©vrose, avec ce terme quâil a avancĂ© celui de forclusion du Nom-du pĂšre.
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Bienvenue sur ce site de podcasts âune psychanalyse Ă fleur dâinconscientâ. Aujourdâhui je voudrais vous parler des trois sources du rĂȘves avec parmi celles-ci une qui est particuliĂšrement intĂ©ressante, celle des rĂȘves qui surviennent en cours dâanalyse et que Freud appelle rĂȘves autobiographiques et qui rĂ©vĂšlent de fait la source de la nĂ©vrose, lâĂ©vĂ©nement traumatique autour duquel elle sâest organisĂ©.
Mais Freud dĂ©crit tout dâabord comme premiĂšre source du rĂȘve celle du dĂ©sir de dormir. Câest en quelque sorte un dĂ©sir qui Ă©mane du Moi. Il cite comme exemple de rĂȘve, celui de cet Ă©tudiant en mĂ©decine qui pour ne pas avoir Ă se rĂ©veiller et Ă se lever, avait rĂȘvĂ© quâil Ă©tait dĂ©jĂ Ă l'hĂŽpital mais dans un lit de malade pour pouvoir y dormir tranquille.
Mais ce dĂ©sir de dormir peut entrer en conflit avec le dĂ©sir inconscient qui demande Ă sâexprimer, les vigiles donnent aussitĂŽt l'alarme et le rĂȘve devient rĂȘve d'angoisse ou cauchemar. Il trouble Ă ce moment-lĂ le sommeil, il provoque le rĂ©veil.
Ces "rĂȘves Ă dĂ©plaisir" qui semblent faire obstacle au principe de plaisir restent quand mĂȘme sous sa domination, au titre de sentiment de culpabilitĂ© ou de punition pour un dĂ©sir interdit.
Cependant en 1920, dans son "Au-delĂ du principe de plaisir", il dĂ©crit une autre catĂ©gorie de rĂȘve qui fait non pas objection mais "exception Ă la thĂ©orie du rĂȘve comme accomplissement de dĂ©sir", ce sont d'une part les rĂȘves de l'hystĂ©rie traumatique point de dĂ©part, ne l'oublions pas, de la dĂ©couverte freudienne, d'autre part les rĂȘves effectuĂ©s au cours d'une psychanalyse.
Ces rĂȘves, souvent fait en dĂ©but dâanalyse, mĂ©ritent en effet d'ĂȘtre considĂ©rĂ©s en tant que tels car ils tĂ©moignent de ce que Lacan appelait la chanson de geste de la nĂ©vrose et dĂ©signent en quelque sorte, quels seront les buts Ă atteindre et les Ă©tapes qui seront Ă franchir au cours de cette analyse, ils en tracent en quelque sorte le chemin. Il peuvent ĂȘtre utiles Ă lâanalyste, si ce nâest dans ce quâon appelle, peut-ĂȘtre de façon prĂ©somptueuse, la â conduite de la cureâ mais il peut au moins lui donner quelques repĂšres quant Ă la structure de la nĂ©vrose, quâelle soit phobique, hystĂ©rique ou obsessionnelle de lâanalysant.
Pour lâanalysant, mĂȘme si, en ce premier temps de lâanalyse, il nâest pas Ă mĂȘme de dĂ©chiffrer ce rĂȘve, dans lâaprĂšs-coup, il pourra dĂ©couvrir, que tout Ă©tait dĂ©jĂ lĂ dans ce rĂȘve, Ă©crit avec les lettres de son destin, et notamment les lettres de son nom propre, tracĂ©es Ă partir de son histoire familiale.
J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des
premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse". Vous pouvez y retrouver la plupart de ces textes développés. ( https://www.le-gout-de-la psychanalyse.fr/ )Liliane Fainsilber
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Aujourdâhui, Ă propos du souvenir d'enfance de Goethe si amusant, celui oĂč il raconte comment il avait envoyĂ© par la fenĂȘtre toute une sĂ©rie d'ustensiles de cuisine, d'assiettes et de pots sous lâoeil admiratif de leurs voisins, souvenir d'enfance quâil raconte dans âFiction et vĂ©ritĂ©", je me pose la question de savoir quelle place lâoeuvre littĂ©raire de Goethe a eu dans sa vie, tout comme lâoeuvre analytique de Freud dans la sienne ?
Le texte de Freud qui a pour titre â Un souvenir dâenfance dans Fiction et VĂ©ritĂ© de Goethe â peut nous en donner la dimension.
Freud prend tout d'abord ce rĂ©cit de Goethe comme un exemple de ce qu'est en fait un souvenir-Ă©cran, " cette chose conservĂ©e dans la mĂ©moire" qui est "l'Ă©lĂ©ment le plus significatif de toute cette partie de vie de l'enfance, ou bien qui l'est devenu aprĂšs-coup, "sous l'effet d'expĂ©riences ultĂ©rieures". Puis, Ă partir de ce souvenir dâenfance, il gĂ©nĂ©ralise donc cette fonction du souvenir-Ă©cran. Il Ă©crit : âOn considĂšre en rĂšgle gĂ©nĂ©rale que c'est le souvenir que l'analysĂ© met en avant, qu'il raconte en premier, par lequel il introduit la confession de sa vie, qui s'avĂšre ĂȘtre le plus important, celui qui recĂšle donc les clĂ©s des tiroirs secrets de sa vie psychiqueâ. Mais ce qui a surtout retenu mon attention dans ce texte de Freud qu'il consacre Ă ce souvenir d'enfance de Goethe, c'est la conclusion inattendue qu'il en tire :
Le jeune Goethe, Ă©crit Freud, tĂ©moignait ainsi en racontant ce souvenir de ceci : "J'ai Ă©tĂ© un enfant chanceux; le destin m'a maintenu en vie bien que je fusse donnĂ© pour mort quand je vins au monde. Mais il a Ă©liminĂ© mon frĂšre, de sorte que je n'ai pas eu Ă partager avec lui l'amour de ma mĂšre"... Or je l'ai exprimĂ© dans un autre endroit, quand on a Ă©tĂ© le favori incontestĂ© de sa mĂšre, on en garde pour la vie ce sentiment conquĂ©rant, cette assurance du succĂšs... Et une remarque du genre : ma force s'enracine dans ma relation Ă ma mĂšre, aurait pu ĂȘtre mise Ă juste titre par Goethe en exergue Ă sa biographie."
Question : n'aurait-elle pas pu ĂȘtre Ă©galement mise en exergue dans la biographie de l'inventeur de la psychanalyse ?
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Les sĂ©ances dites courtes de Lacan suscitent encore de nos jours de vives polĂ©miques dâautant plus quâelles sont mises en exercice par dâautres analystes, aussi la question mĂ©rite-t-elle dâĂȘtre posĂ©e Ă la lumiĂšre de ce que lui-mĂȘme a pu en dire et en Ă©crire.
En 1953, dans son grand texte des Ecrits « Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse » il avait abordĂ© ce sujet en Ă©crivant « Nous voulons ⊠toucher un autre aspect particuliĂšrement brĂ»lant dans lâactualitĂ©, la fonction du temps dans la technique. Nous voulons parler du temps de la sĂ©ance.
Pour lui, il indique que câest un Ă©lĂ©ment qui appartient manifestement Ă la rĂ©alitĂ©, puisquâil reprĂ©sente notre temps de travail, et sous cet angle, il tombe sous le coup dâune rĂ©glementation professionnelle qui peut ĂȘtre tenue pour prĂ©valente »
Mais il soulĂšve alors un autre aspect beaucoup plus important, les incidences du temps de la sĂ©ance tout dâabord par rapport Ă lâanalyste puis par rapport Ă lâanalysant.
Concernant le temps de la sĂ©ance par rapport Ă lâanalyste et par rapport au groupe analytique il Ă©voque âle caractĂšre scrupuleux, pour ne pas dire obsessionnel, que prend pour certains sinon pour la plupart, lâobservation dâun standard dont les variations historiques et gĂ©ographiques ne semblent au reste inquiĂ©ter personne, est bien le signe de lâexistence dâun problĂšme quâon est dâautant moins disposĂ© Ă aborder quâon sent quâil entraĂźnerait fort loin dans la mise en question de lâanalyste ».
Bien au-delĂ donc de ces questions institutionnelles, cette question du temps des sĂ©ances est liĂ©e Ă la question de la part de lâanalyste dans le travail de lâanalyse, ce en quoi il va pouvoir favoriser, provoquer, lâĂ©mergence, le surgissement de la vĂ©ritĂ©.
Il parle donc du temps de la sĂ©ance par rapport Ă ce que raconte lâanalysant. Il Ă©crit :
« Pour le sujet en analyse, dâautre part, on nâen saurait mĂ©connaĂźtre lâimportance. Lâinconscient, profĂšre-t-on, sur un ton dâautant plus entendu quâon est moins capable de justifier ce quâon veut dire, lâinconscient, dit-on, demande du temps pour se rĂ©vĂ©ler [...] Mais nous demandons quelle est sa mesure ? Est-ce celle de lâunivers de la prĂ©cision⊠? Peut-ĂȘtre en prendrons-nous quelque meilleure idĂ©e en comparant le temps de la crĂ©ation dâun objet symbolique et le moment dâinattention oĂč nous le laissons choir ?
Je me pose quand mĂȘme cette question: est-il donnĂ© Ă tout analyste de pratiquer ces sĂ©ances courtes et en tout cas de les pratiquer de façon systĂ©matique. Il faut quelquefois un peu de temps Ă lâanalyste pour pouvoir briser ce discours de lâanalysant et lui permettre dâaccoucher de cette parole.
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Aujourd'hui je voudrais vous parler d'une gente dame, cĂ©lĂ©brĂ©e par Rabelais, qui prenait grand soin des attributs virils de son mari alors qu'il s'apprĂȘtait Ă partir en escarmouche.
Certes depuis mai 68, la libĂ©ration des mĆurs et la dĂ©couverte de moyens de contraception efficaces ont modifiĂ© les rapports entre les hommes et les femmes, tout au moins dans nos pays, mais les ont-ils pour autant simplifiĂ©s et surtout amĂ©liorĂ©s ?
Aussi l'Ă©vocation de l'Ă©thique rabelaisienne qui place le souverain Bien au niveau des braies et des braguettes peut-elle ĂȘtre, dans notre approche, de quelques secours pour redonner son poids et ses pouvoirs de sĂ©duction non pas Ă l'organe masculin en tant que tel, mais Ă son symbole, celui qui Ă©tait cĂ©lĂ©brĂ© au temps des divins mystĂšres, sous la forme d'un phallus Ă©rigĂ©, ce phallus sous l'Ă©gide duquel, les femmes et les hommes se trouvent ainsi rangĂ©s, d'un cĂŽtĂ© ou de l'autre. Ce phallus en devient ainsi un objet d'intĂ©rĂȘt commun.
En témoigne cette gente dame rabelaisienne, l'épouse du dit seigneur de Melville, qui voyant son mari tout armé partir en guerre avec son Roi, se préoccupait fort de ses parties intimes mal protégées selon elle et lui enjoignit de les couvrir d'un lourd casque de combat.
Rabelais accompagne la morale de l'histoire, de ces vers :
« Celle qui vit son mari tout armé.
Fors la braguette, aller Ă lâescarmouche,
Lui dit : « Ami, de peur quâon ne vous touche,
Armez cela, qui est le plus aimé. »
Quoi ! tel conseil doit-il ĂȘtre blĂąmĂ© ?
Je dis que non, car sa peur la plus grande
De perdre était, le voyant animé,
Le bon morceau dont elle était friande. »
Aussi avec cette supplique de la dame nous pouvons relire par exemple l'approche freudienne de la féminité selon laquelle il faudrait qu'une femme réussisse à étendre son amour de l'organe au porteur de celui-ci.
Ce rĂ©cit de Rabelais m'a aussi fait penser Ă un fragment d'une des plus tardives interventions de Lacan, Ă GenĂšve, qui avait pour titre le symptĂŽme oĂč il y Ă©voquait ce qu'il en est de la prĂ©dominance phallique dont se plaignent beaucoup les fĂ©ministes pour y souligner que, selon lui, ce sont les femmes qui y trouvent les plus grands avantages.
« Moi, je serais assez portĂ© Ă croire, affirmait-il, que, contrairement Ă ce qui choque beaucoup de monde, câest plutĂŽt les femmes qui ont inventĂ© le langage. Dâailleurs, la GenĂšse le laisse entendre. Avec le serpent, elles parlent â câest-Ă -dire avec le phallus . Quoique ce soit lâun de mes rĂȘves, on peut tout de mĂȘme se poser la question â comment est-ce quâune femme a inventĂ© ça ? On peut dire quâelle y a intĂ©rĂȘt. Contrairement Ă ce quâon croit, le phallocentrisme est la meilleure garantie de la femme. Il ne sâagit que de ça ». La Vierge Marie avec son pied sur la tĂȘte du serpent, cela veut dire quâelle sâen soutient ».
C'est merveilleux je trouve que Lacan évoque à propos de ce phallocentrisme définie comme la meilleure garantie de la femme, toutes les représentations de la Vierge foulant au pied le serpent.
On peut en effet considérer qu'en le foulant ainsi au pied, comme le Petit-Hans avec sa girafe chiffonnée, elle en fait un signifiant.
Dans cette anecdote racontée par Rabelais, outre l'importance de cette question du phallus, nous pouvons aussi retrouver avec ce bon morceau dont elle était friande, par ce glissement de l'objet viril à l'objet oral, cet objet primordial, le sein. La friandise, la gourmandise décrivent ces plaisirs de la bouche. Ainsi est évoqué ce que Lacan, dans son algÚbre, a nommé l'objet petit a.
J'ai emprunté ce récit au Tiers livre des faits et dits du bon Pantagruel dans le chapitre « Comment la braguette est la piÚce principale de l'armure pour les hommes de guerre. C'est en effet un chapitre plein d'enseignement, comme j'ai essayé de le démontrer.
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Bienvenue sur ce site de podcast, une psychanalyse Ă fleur d'inconscient. Aujourd'hui, je voudrais vous parler de l'un des destins de la pulsion, celui de la sublimation. Elle peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e, Ă la suite de Lacan, comme un travail de symbolisation de la perte, une cĂ©lĂ©bration de l'objet perdu.
Freud, malgré la définition qu'il en a donné, « une satisfaction de la pulsion sans refoulement », n'a pas tout à fait réussi, malgré son étude de Léonard de Vinci, à tracer la métapsychologie de cette sublimation.
Lacan, lui a franchi un pas de plus dans cette approche mais en repartant justement de l'un des plus anciens textes de Freud, son « Esquisse d'une psychologie scientifique » dans laquelle il décrit les premiers liens du petit nourrisson à sa mÚre.
Freud y décrit comment le bébé découvre la présence de cette Autre préhistorique, la mÚre, en tant qu'elle est capable d'apporter satisfaction à ses besoins, lorsqu'il l'alerte par ses cris. Par son intermédiaire il fait tout d'abord l'expérience de la satisfaction, lorsque elle lui donne le sein, mais tout aussi bien l'épreuve de la souffrance. En effet elle n'obéit pas toujours au doigt et à l'oeil, elle vaque à ses occupations et ne répond pas toujours à son attente. C'est cette grande Autre archaïque qui est célébrée par tous ses troubadours, poÚtes, peintres, musiciens mais aussi psychanalystes.
Cette Autre préhistorique, cette premiÚre étrangÚre, point d'origine de l'inconscient, se divise, selon Freud, en deux parties. L'une entre dans le champ des représentations inconscientes, au
titre de traces mnésiques ou mnémoniques de l'objet, comme souvenirs de l'objet ; L'autre partie va rester définitivement étrangÚre, inassimilable. C'est ce que Lacan isolera sous ce terme de Das Ding, La chose. C'est avec ce nouveau concept pris dans le texte de Freud
qu'il dĂ©crit alors ces mĂ©canismes mis en jeu lors de cette Ćuvre de sublimation.Das Ding, c'est cet objet qui Ă©chappe Ă toute symbolisation, Ă tout jugement qu'il soit d'attribution ou d'existence. Autour de cet objet par contre, s'organisent donc toutes les reprĂ©sentations inconscientes soumises au principe de plaisir, ce que Lacan appelle la ronde des signifiants. Ainsi cernĂ© par du symbolique, s'instaure au cĆur du sujet un point de rĂ©el, qui n'est autre que celui de l'objet perdu de la thĂ©orie freudienne et que Lacan appelle la Chose. C'est justement Autour de cette Chose, que pourront ĂȘtre cultivĂ©es les fleurs les plus dĂ©licates et les plus belles de la civilisation.
Par rapport Ă ce concept de Das Ding, de La Chose, Lacan dĂ©finit donc la sublimation comme Ă©tant le fait d'Ă©lever un objet Ă la dignitĂ© de la Chose. Il en devient le signifiant. Pour qu'il puisse ainsi reprĂ©senter la Chose, cet objet crĂ©Ă© par la sublimation doit toujours ĂȘtre construit autour d'un vide Ă©voquant l'absence de l'objet. Les poĂšmes des troubadours cĂ©lĂšbrent la dame inhumaine Ă jamais inaccessible. De mĂȘme, les premiers vases, les premiĂšres poteries, traces d'anciennes civilisations, les peintures rupestres d'Altamira, mĂȘme les pommes
de CĂ©zanne exaltent l'absence de cet objet perdu, instaurent sa nostalgie.La sublimation du psychanalyste autour de ce mĂȘme objet ne pourrait-elle pas mettre Ă nu la fonction de toutes les formes de sublimation, en constituer une sorte de paradigme en spĂ©cifiant les rapports singuliers de chaque psychanalyste Ă la Chose analytique et notamment en explicitant comment il a, autour de cet objet, Ă rĂ©inventer la psychanalyse Ă
partir mĂȘme de ses symptĂŽmes. Ce dont pourrait tĂ©moigner ce changement d'orthographe, du « symptĂŽme » au « sinthome », proposĂ© par Lacan ?J'ai crĂ©Ă©, il y a maintenant longtemps, dans les annĂ©es 2000, un des premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelĂ© " Le goĂ»t de la psychanalyse".
( https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )
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Bienvenue sur ce site de podcasts â une psychanalyse Ă fleur dâinconscientâ. Aujourdâhui en cette pĂ©riode de vacances, jâai choisi de vous parler de parfums, des bonnes ou des mauvaises odeurs qui nous ravissent ou nous incommodent.
Juliette, Juliette Nouredine, une chanteuse qui compose le plus souvent Ă la fois les textes et les musiques de ses chansons, a cĂ©lĂ©brĂ© dans lâune dâelles, des parfums, traces de la prĂ©sence dâune femme aimĂ©e ou peut-ĂȘtre de lâhomme aimĂ©, on ne sait. Mais ce serait plutĂŽt des parfums de femme qui sont ainsi Ă©voquĂ©s.
«Je veux garder pour en mourir
Ce que vous avez oublié
Sur les décombres de nos désirs
Votre parfum sur lâoreiller.
Laissez-moi deviner ces subtiles odeurs
Et promener mon nez
Parfait inquisiteur
Il y a des fleurs en vous
Que je ne connais pas
Et que gardent jaloux
Les replis de mes draps »
On peut mourir dâamour et Juliette, cĂ©lĂ©brant les secrĂštes fragrances de son objet dâamour, nous en apporte la preuve, tout au moins en chanson. Mais il est un autre mot, dans le registre de ces odeurs qui est, lui aussi, un peu tombĂ© en dĂ©suĂ©tude, et qui, au contraire des fragrances, est de lâordre des mauvaises odeurs, câest celui de « pestilence ». Câest un mot que Lacan avait utilisĂ© Ă propos de lâanalyste. Il avait en effet trouvĂ© cette trĂšs jolie mĂ©taphore selon laquelle « lâanalyste est un feu follet ». «Un feu follet, affirme-t-il, nâĂ©claire rien, il sort mĂȘme ordinairement de quelque pestilence ».
Lacan effectue ainsi un bien curieux rapprochement. Est-ce pour indiquer quâavec les signifiants de ces pulsions partielles qui ont jalonnĂ©es son enfance, avec ces pestilences pulsionnelles, lâanalyste trouve le chemin de son dĂ©sir, un dĂ©sir « averti » concernant « lâhumaine condition »?
Pour ma part, je me suis souvent posĂ© cette question, Ă propos de ces bonnes et mauvaises odeurs. Pourquoi Freud et Lacan, dans la mĂȘme veine, nâont-ils pas Ă©rigĂ© ces effluves odorantes ou nausĂ©abondes au titre dâobjet petit a, au mĂȘme titre que le sein, les selles, la voix et le regard puisque Freud indiquait que les reprĂ©sentations de ces zones sexuelles abandonnĂ©es, ces signifiants de la pulsion, pour lâinterprĂ©ter en termes de logique du signifiant, âdĂ©gagent maintenant la mĂȘme puanteurâ que le souvenir infantile Ă©voquĂ©.
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Bienvenue sur ce site de podcasts Une psychanalyse Ă fleur dâinconscient. Aujourdâhui je vous poserai bien cette question : Le dĂ©sir de devenir psychanalyste nâest-il pas du mĂȘme ordre que le dĂ©sir quâexpriment les enfants de devenir aviateur, conducteur de train ou camionneur, instituteur ou brocanteur ? Les analystes nâen parlent pas souvent parce que câest de lâordre
de lâintime, mais quand surgissent des rĂȘves en cours dâanalyse oĂč pour la premiĂšre fois le timide dĂ©sir dâexercer ce mĂ©tier sâexprime de façon plus ou moins voilĂ©e on sâaperçoit alors Ă
quel point un tel dĂ©sir a de profondes racines inconscientes. Ce sont celles-ci, une fois analysĂ©es, interprĂ©tĂ©es, qui permettent alors Ă chacun de savoir, selon la jolie formule de Lacan, de savoir sâil veut ce quâil dĂ©sire.
L'essentiel est donc d'analyser ce symptĂŽme, puisque s'en est un, celui de souhaiter devenir psychanalyste pour laisser la place Ă quelque chose dâun autre ordre, ce que Lacan a appelĂ© «
"dĂ©sir du psychanalyste » qui, au cĆur de lâanalyse de celui quâil a acceptĂ© dâĂ©couter, trouvera, dans la rĂ©pĂ©tition de cette expĂ©rience, sa vĂ©ritable fonction, celle de renouveler, de rĂ©veiller la nĂ©vrose du sujet, dâen faire Ă proprement parler une nĂ©vrose de transfert, de la rĂ©pĂ©ter puis de la dĂ©nouer justement parce quâil peut occuper cette fonction du dĂ©sir de
lâAutre. A la fin du sĂ©minaire de lâacte analytique, pour Ă©voquer ce qui en est de lâexpĂ©rience analytique, Lacan reprend le mythe des paroles gelĂ©es de Rabelais. Au cours de leur voyage,
soudain Pantagruel et ses compagnons virent tomber sur le tillac de leur navire, telle une bourrasque de grĂȘlons, des mots gelĂ©s qui se rĂ©chauffĂšrent progressivement dans leurs mains. Panurge demanda Ă Pantagruel de lui en donner encore. Il en jeta trois ou quatre
poignĂ©es et jây vis, dit-il, des paroles fort piquantes, des paroles sanglantes, dont le pilote disait quâelles revenaient du lieu oĂč elles avaient Ă©tĂ© prononcĂ©es. Et bien de mĂȘme, les
paroles gelĂ©es du symptĂŽme, celles de lâanalysant viennent se rĂ©chauffer au contact de ce dĂ©sir du psychanalyste. Câest ainsi que toutes ces paroles prononcĂ©es dans lâenfance et notamment celles qui ont entourĂ© sa naissance, reprennent vie et surtout toute leur vivacitĂ©, grĂące au transfert, quand le psychanalyste est ainsi venu rĂ©occuper la place de celui que Lacan appelle âle parent traumatiqueâ.Rabelais, Le quart livre, chapitre 56. âComment, parmi les paroles gelĂ©es, Pantagruel trouva des mots de gueule »
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Bienvenue sur ce site de podcasts, « Une psychanalyse Ă fleur d'inconscient ». Aujourd'hui J'ai choisi en guise d'introduction, un rĂȘve de Freud que je trouve amusant. Il Ă©crit dans L'interprĂ©tation du rĂȘve : « Je me retrouve de nouveau entrain de faire de la chimie au laboratoire de lâuniversitĂ©. Le conseiller aulique L m'invite Ă venir quelque part. Il tient dans
sa main levĂ©e en lâair devant lui une lampe ou quelque autre instrument avec des airs dâintelligence affĂ»tĂ©e ou de perception aiguĂ«, dans une posture caractĂ©ristique, la tĂȘte tendue vers lâavant ».Il Ă©voque l' Ă©vĂ©nement de la veille qui a provoquĂ© ce rĂȘve, le fait quâil avait appris une mauvaise nouvelle, la suppression du lieu oĂč il pouvait jusquâalors donner ses confĂ©rences. et Cela lui avait fait penser Ă ses dĂ©buts de jeune mĂ©decin oĂč on lui avait refusĂ© toute aide.
Dans son interprĂ©tation, Freud dĂ©crit la façon dont ce conseiller aulique porte la lampe ou la loupe et Ă©voque par cette association, la statue dâArchimĂšde Ă Syracuse. Or ce monument cĂ©lĂšbre le fait qu'ArchimĂšde avait pu mettre le feu aux voiles de la flotte romaine qui assiĂ©geait la ville de Syracuse Ă l'aide d'un miroir incendiaire. C'est ce mĂȘme objet que porte le conseiller aulique qui devance Freud. C'est ainsi que Freud met le feu Ă l'universitĂ©.
Sobrement Freud interprĂšte ce rĂȘve « Toute personne experte en interprĂ©tation du rĂȘve devinera aisĂ©ment que ni dĂ©sir de vengeance ni prĂ©somption de grandeur ne sont Ă©trangers aux pensĂ©es du rĂȘve.»Le vernis de la civilisation est extrĂȘmement fragile, il se craquelle et se fissure dans le moindre de nos gestes et de nos propos. Sous les plus belles rĂ©alisations humaines, dans les domaines de lâart, de la littĂ©rature ou de la politique, rĂ©apparaĂźt sans cesse, sous une forme plus ou moins masquĂ©e, notre inhumanitĂ© Ă savoir notre dĂ©sir de destruction envers ceux qui nous entourent.
Si nous nous rĂ©fĂ©rons Ă ce que nous pouvons apprendre, Ă propos du moindre de nos rĂȘves ou de nos actes manquĂ©s, nous pouvons dĂ©couvrir que nous nous y dĂ©barrassons allĂšgrement de tous ceux qui peuvent faire obstacle Ă la rĂ©alisation de nos dĂ©sirs les plus
chers, ou de tous ceux qui portent atteinte Ă la haute opinion que nous avons de nous-mĂȘmes, en les envoyant au Diable ou encore « ad patres ». Nous les envoyons ainsi, sans autre forme de procĂšs, rejoindre le monde de nos ancĂȘtres.Pour dĂ©crire cette fonciĂšre mĂ©chancetĂ© qui est au cĆur de chacun de nous, Freud, comme souvent, aime bien faire appel non seulement au savoir mais aussi Ă lâhumour des poĂštes.
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Aujourd'hui j'ai choisi un titre un brin provocateur. Certes la guĂ©rison de la nĂ©vrose n'est pas censĂ©e ĂȘtre l'effet premier, le but d'une psychanalyse, mais il n'empĂȘche que cette derniĂšre a des effets et des effets bĂ©nĂ©fiques pour le sujet, car sinon comment chaque analysant mais aussi chaque psychanalyste pourrait-il s'engager dans cette entreprise malgrĂ© toutes les embĂ»ches rencontrĂ©es Ă commencer par le choix dâun psychanalyste, les souffrances rĂ©veillĂ©es, remises Ă vif, du fait du transfert, et ce quâil en coĂ»te Ă chacun des efforts de toute sorte, surtout et y compris les efforts financiers.
En 1978, au moment de la clÎture du congrÚs de la transmission de la psychanalyse, Lacan avait posé cette question « comment se fait-il, que de par l'opération du signifiant, il y a des gens qui
guĂ©rissent, qui guĂ©rissent de leur nĂ©vrose, voire de leur perversion, car câest un fait quâil y a des gens qui guĂ©rissent » et pour en rendre compte il avait avancĂ© un curieux terme celui de «truquage».Si on tourne un peu autour de ce mot, il est pour le moins ambigu. Il peut dĂ©crire le savoir faire du psychanalyste, il connaĂźt le truc, il sait comment sây prendre. Il Ă©voque donc lâhabiletĂ© de lâartisan
ou lâastuce du bricoleur. Mais si nous passons du mot truquage au verbe truquer, il prend tout dâun coup une tonalitĂ© plus pĂ©jorative. Surgissent Ă lâhorizon une cohorte de truqueurs, de
faussaires, dâescrocs. Il me semble que les analystes ne doivent pas perdre de vue cette dimension malĂ©fique du truquage. Car ils se tiennent sur cette Ă©troite limite, une crĂȘte entre deux versants, celui de lâhabiletĂ© et celui de lâescroquerie. Je reprends ce terme puisquâil a dĂ©jĂ Ă©tĂ© utilisĂ© par Lacan.Ces deux versants possibles du truquage vont se trouver mis en jeu, mis en scĂšne Ă propos des fantasmes de guĂ©rison de lâanalysant qui existent dans toute analyse, pour peu bien sĂ»r quâon y prĂȘte attention.
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Bienvenue sur ce podcast une psychanalyse Ă fleur d'inconscientâ. Aujourdâhui je voudrais vous parler de la façon dont Freud, en son temps, avait relu DostoĂŻevski, tout comme Lacan avait relu Joyce pour le nommer Joyce le symptĂŽme. Mon espoir Ă©tant de tirer quelques profits de ce rapprochement autour de la question de lâhystĂ©rie et tout spĂ©cialement de lâhystĂ©rie masculine.
Dans son texte « DostoĂŻevski et le parricide », Freud Ă©crit : « Ce nâest pas un hasard si trois des chefs dâĆuvres de la littĂ©rature de tous les temps, LâĆdipe-Roi de Sophocle, le Hamlet de Shakespeare et les frĂšres Karamazov de DostoĂŻveski, traitent tous du mĂȘme thĂšme, du meurtre du pĂšre. Dans les trois Ćuvres le motif de lâacte - la rivalitĂ© sexuelle pour une autre femme est aussi rĂ©vĂ©lĂ©. »
Si Ulysse de Joyce est maintenant considĂ©rĂ© comme une Ćuvre majeure de la littĂ©rature mondiale du dernier siĂšcle, la question du parricide me semble y ĂȘtre Ă©ludĂ©e, tout autant que la question de la rivalitĂ© des hommes entre eux pour la conquĂȘte dâune femme.
Bloom, tout au long de son pĂ©riple au travers des rues de Dublin sait que Molly a rendez-vous avec lâun de ses amants, il connaĂźt mĂȘme lâheure de leur rendez-vous, sans pour autant apporter la moindre entrave Ă cette rencontre. De retour chez lui, il se glisse simplement dans le lit conjugal.
Cette âabnĂ©gationâ, sinon cette âĂ©quanimitĂ©â devant le triomphe de ses rivaux dans lâamour dâune femme, Freud lâa dĂ©jĂ dĂ©crite dans ce mĂȘme texte de DostoĂŻevski et du parricide. Il la dĂ©crit en prenant pour exemple les hĂ©ros de certaines autres nouvelles de DostoĂŻevski, mais en la replaçant dans les composantes du complexe de castration masculin.
Avec beaucoup dâassurance mais aussi de sĂ©rĂ©nitĂ© voici ce que Freud en Ă©nonce : « le meurtre du pĂšre est, selon une conception bien connue, le crime majeur et originaire de lâhumanitĂ© aussi bien que de lâindividu ».
De lĂ vient son sentiment de culpabilitĂ©. Les motions sadiques envers le pĂšre, le dĂ©sir de le tuer et de le castrer sâinversent et prĂ©vaut alors le masochisme dit fĂ©minin des hommes.
En effet, Ă cette partie du complexe de castration, vient s'ajouter une autre composante, celle que Freud appelle la bisexualitĂ© de chaque sujet. Lorsque cette composante est trop forte, « la menace que la castration fait peser sur la masculinitĂ© renforce lâinclinaison du garçon Ă sâidentifier Ă sa mĂšre, « Ă tenir le rĂŽle de celle-ci comme objet dâamour pour le pĂšre ». Cette prĂ©disposition renforce donc la nĂ©vrose.
Est-ce que ce que Freud nous dĂ©crit lĂ ne pourrait pas sâappliquer Ă Joyce, il semble en tout cas quâune piste sâouvre celle dâĂ©clairer ce que Lacan a avancĂ© Ă propos de Joyce, de cette question de sa « PĂšre-version », ou encore sa version vers le pĂšre quâil a soutenu Ă la mesure de ses moyens par son Ă©criture, par son art dâĂ©crire.
Ce terme de pĂšre-version Ă©crit avec un tiret et donc cette version vers le pĂšre est donc Ă prendre, tout au moins dans une premiĂšre approche, comme correspondant Ă ce temps de lâOedipe ou le pĂšre se fait prĂ©fĂ©rer Ă la mĂšre comme Ă©tant celui qui dĂ©tient le phallus.
Jâai effectuĂ© ce rapprochement dans lâun de mes ouvrages « Eloge de lâhystĂ©rie masculine. Sa fonction secrĂšte dans les renaissances de la psychanalyse » paru chez LâHarmattan en 97.
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Bienvenue sur ce site de podcast âune psychanalyse Ă fleur dâinconscientâ. Aujourdâhui je voudrais vous parler de lâart dâinterprĂ©ter les obsessions en le rapprochant de lâart dâinterprĂ©ter les rĂȘves.
Dans le grand texte des cinq psychanalyses, Freud a entrepris de dĂ©crire lâHistoire de lâHomme aux rats, faisant ainsi une magnifique approche thĂ©orique et surtout clinique de ce quâest la structure dâune nĂ©vrose obsessionnelle quâau dĂ©but de ses recherches il appelait nĂ©vrose de contrainte. Le sujet est en effet contraint Ă penser ou Ă agir au grĂ© de ses obsessions ou de ses compulsions. Il ne peut sây dĂ©rober. Il agit au commandement.
Dans ce texte de lâHomme aux rats Freud rĂ©dige un paragraphe ayant pour titre « quelques obsessions et leur explication »1 Il y est question de la technique dâinterprĂ©tation des obsessions. Il en Ă©dicte deux rĂšgles :
PremiÚre rÚgle ne pas se laisser impressionner par leur apparente absurdité
« On fait bien, écrit Freud, de ne jamais se laisser troubler, dans cette tùche de la traduction des obsessions, par leur apparente absurdité ; les obsessions les plus absurdes et les plus étranges se laissent résoudre si on les approfondit dûment. »
A propos de cette caractĂ©ristique des obsessions, dans âLâInterprĂ©tation du rĂȘveâ, Freud consacre un chapitre spĂ©cialement aux rĂȘves absurdes et il faut noter quâils ont tous pour thĂšme latent les dĂ©sirs de la mort du pĂšre.
Seconde rÚgle : rattacher cette obsession aux événements de la vie courante.
Donc en apparence on utilise pour interprĂ©ter les obsessions, la mĂȘme technique que celle de lâinterprĂ©tation des rĂȘves qui consiste Ă rechercher le petit Ă©vĂ©nement de la veille qui a provoquĂ© le rĂȘve. Ce que Freud appelle « le reste diurne du rĂȘve ». Câest souvent par lĂ quâil commence.
Il en est de mĂȘme pour lâobsession, mais on ne peut plus parler de «reste diurne », il sâagit dâĂ©vĂ©nements qui semblent plus marquants et plus dĂ©ployĂ©s dans le temps. Il ne sâagit plus du jour qui prĂ©cĂšde le rĂȘve, mais de jours, de mois, voire dâannĂ©es qui prĂ©cĂšdent lâobsession.
Pour illustrer la portĂ©e de ces deux rĂšgles, je dĂ©montrerai leur efficacitĂ© Ă propos de quelques-unes des obsessions de lâhomme aux rats, notamment son obsession de se trancher la gorge avec un rasoir.
J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse". Vous pouvez y retrouver la plupart de ces textes développés ( https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )
J'ai aussi écrit quelques livres, la plupart, ont été publiés chez L'Harmattan. Parmi eux " Les orthographes du désir" : https://www.editions-harmattan.fr/livre-les_orthographes_du_desir_liliane_fainsilber-9782343105512-54074.htmlMusique : Sincerity par Glowing Palace
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Bienvenue sur ce site de podcast âune psychanalyse Ă fleur dâinconscientâ. Aujourd'hui je voudrais vous parler de lâun des hĂ©ros des cinq psychanalyses, celui dont Freud a choisi dâĂ©voquer lâhistoire, en mĂȘme temps que celles de Dora, de lâHomme aux loups et de lâHomme aux rats, sans oublier, bien sĂ»r celle pleine dâalĂ©as du PrĂ©sident Schreber. Il sâappelle le Petit Hans. Son histoire a ceci de particulier câest que câest une des premiĂšres analyses dâenfant.
DĂšs les premiers jours du janvier 1908, son pĂšre, Max Graf Ă©crivait Ă Freud pour lui demander de l'aide au sujet de son petit garçon alors ĂągĂ© de trois ans. Il avait peur d'ĂȘtre mordu par un cheval et de ce fait refusait de sortir dans la rue. D'autres lettres du pĂšre suivirent dĂ©crivant le dĂ©ploiement et l'Ă©volution de ce symptĂŽme ainsi que les tentatives d'interprĂ©tation quâil en faisait. Ainsi naquit lâobservation du "Petit Hans", Ă©crite cette fois-ci par Freud.
En un second temps, dans le séminaire de la Relation d'objet, Lacan en fit, à son tour, un trÚs long commentaire, la reprenant presque ligne à ligne et jour aprÚs jour.
La phobie du petit Hans prendra trĂšs vite une grande extension, se dĂ©ployant en de nombreuses formes, sa peur initiale d'ĂȘtre mordu par un cheval deviendra aussi peur des chevaux qui tombent, peur des chevaux lourdement chargĂ©s, peur des chevaux ayant quelque chose de noir devant la bouche. D'autres animaux seront eux aussi appelĂ©s Ă la rescousse de ce cheval, deux girafes, la grande et la petite, la cigogne, personnage Ă©nigmatique qui apporte aussi bien la mort que la vie, et, presque passĂ©s inaperçus, une poule et son poussin Ă propos desquels ce jeune garçon se pose bien des questions sur les mystĂšres de sa naissance et le rĂŽle qu'avait bien pu y jouer son pĂšre.
Je ne résiste pas au plaisir de le citer.
"A Mungden, dit-il Ă son pĂšre, tu as pondu un Ćuf dans l'herbe et un poulet en est tout de suite sorti. Tu as pondu un Ćuf un jour, je le sais, je sais que c'est sĂ»r. Parce que maman l'a dit.
Moi - je demanderai Ă maman si c'est vrai.
Hans - ce n'est pas vrai du tout mais moi j'ai une fois pondu un Ćuf et un poulet en est sorti."
Au mensonge de la cigogne des parents, rĂ©pond le mensonge du poulet du petit Hans. Mais il n'empĂȘche que lui, aussi bien que son pĂšre, peuvent mettre au monde des petits poussins. Il vient d'inventer, pour son propre usage, le mythe de la couvade.
J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse". Vous pouvez y retrouver la plupart de ces textes développés ( https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )
J'ai aussi écrit quelques livres, la plupart, ont été publiés chez L'Harmattan. Parmi eux " Les orthographes du désir" : https://www.editions-harmattan.fr/livre-les_orthographes_du_desir_liliane_fainsilber-9782343105512-54074.htmlMusique : Sincerity par Glowing Palace
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Bienvenue sur ce site de podcasts âune psychanalyse Ă fleur dâinconscient. Aujourdâhui je partirai dâune jolie chanson de Serge Gainsbourg qui a pour titre " Le grand mĂ©chant vous".
Elle peut en effet servir dâexemple Ă ce dont je veux vous parler aujourd' hui.
Alors jeune psychanalyste, au congrĂšs de Marienbad, Lacan avait provoquĂ© quelques remous dans le monde analytique, en y prĂ©sentant un travail sur le stade du miroir. Il a ainsi fait faire un grand pas Ă la thĂ©orie en mettant ainsi en Ă©vidence lâimportance dans la structuration du sujet, de la rencontre tout dâabord de sa propre image qui, Ă un stade trĂšs prĂ©coce, entre six et dix-mois, constitue en somme la matrice imaginaire source de ses futures identifications. Si cette premiĂšre rencontre avec son image est source dâexultation il nâen va pas de mĂȘme des rencontres ultĂ©rieures avec lâimage des autres humains qui lâentourent. . Lacan a trĂšs souvent repris la description de Saint Augsutin dĂ©crivant comment un enfant regardait dâun regard empoisonnĂ© son petit frĂšre de lait appendu au sein de sa mĂšre. Câest pourtant grĂące Ă ces petits autres que lâenfant dĂ©couvre le monde illimitĂ© de ses dĂ©sirs et constitue toutes ces identifications avec ses objets dâamour ou ses objets rivaux auxquels il a dĂ» renoncer. On dĂ©couvre donc que la jalousie y joue un rĂŽle essentiel et nĂ©cessaire.
Cet autre, ce rival, quâil souhaite de toutes ses forces dĂ©truire, chaque fois quâil le rencontre, câest ce grand mĂ©chant Vous que dĂ©crit si bien Serge Gainsbourg.
Je cite un fragment de sa chanson :
"Promenons-nous de dans le Moi tant que le vous nây est pasCar sâil y Ă©tait, sĂ»rement il nous mangerait
Jâai peur, jâai peur de ce grand mĂ©chant Vous."
Quelques strophes plus loin il chante :
"Ah quel animal que ce Vous,Mais comment savoir dans cette rivalité
Qui de Moi ou qui de vous
lâemporte en cruautĂ©
Promenons-nous dedans le moi pendant que le Vous nây est pas!"
La métaphore poétique, cette substitution du Vous ou Loup porte ses fruits !
Qui hurle avec les loups, qui se jette dans la gueule du loup et qui de vous ou de Moi lâemporte en cruautĂ© ?
Ce petit autre est donc lâobjet dâune intense jalousie. on dĂ©sire le dĂ©truire en tant que câest lui qui est censĂ© possĂ©der ce dont on est privĂ©. Comment sortir de cette impasse, câest lui ou moi ? Câest lĂ que Lacan fait intervenir, par le biais de la fonction paternelle, le champ du symbolique qui procure lâapaisement, lâaccord, la reconnaissance, la coexistence possible. Je cite Lacan â Dieu merci, le sujet est dans lâordre du symbole, c'est-Ă - dire dans un monde dâautres qui parlent. Câest pourquoi son dĂ©sir est susceptible de la mĂ©diation et de la reconnaissance. Sans quoi, toute fonction humaine ne pourrait que sâĂ©puiser dans le souhait indĂ©fini de la destruction de lâautre comme tel.âJ'ai crĂ©Ă©, il y a maintenant longtemps, dans les annĂ©es 2000, un des premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelĂ© " Le goĂ»t de la psychanalyse". Vous pouvez y retrouver la plupart de ces textes dĂ©veloppĂ©s. ( https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )
Liliane Fainsilber
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Bienvenue sur ce site de podcast « Une psychanalyse Ă fleurdâinconscient » Les psychiatres et les psychologues parlent de tocs, abrĂ©viation scientifique pour parler de troubles obsessionnels compulsifs.
Dans le champ de la psychanalyse, on ne parle pas de tocs mais on parle de la structure dâune nĂ©vrose obsessionnelle. Elle a Ă©tĂ© approchĂ©e par Freud avec lâaide de termes qui riment entre eux, obsession, compulsion, superstition. Ăchappe Ă cette sĂ©rie, le doute.La superstition anciennement Ă©voquait plutĂŽt la croyance en de faux-dieux par rapport aux religions officielles mais de nos jours, elle est dĂ©finie, par FuretiĂšre, comme une « croyance irrationnelle Ă l'influence, au pouvoir de certaines choses, de certains faits, Ă la valeur heureuse ou funeste de certains signes ». Un chat noir porte malheur.
A propos de superstition, en Corse, câĂ©tait la coutume, enfin du temps de ma jeunesse, de mettre au cou des bĂ©bĂ©s un brin de corail qui avait une forme allongĂ©e et quâon pouvait tout Ă fait interprĂ©ter comme un symbole phallique. Il avait pour but de protĂ©ger ces enfants du «mauvais Ćil ». De mĂȘme quand une femme sâextasiait devantun bel enfant au fond de son landau ou de son berceau et disait « quel beau bĂ©bĂ© ! » aussitĂŽt, il fallait prononcer cette phrase '"que le Bon dieu le bĂ©nisse ! ». la formule Ă©tait destinĂ©e Ă le protĂ©ger de la jalousie Ă©ventuelle que cette femme Ă©tait censĂ©e Ă©prouver.
Câest une jolie dĂ©monstration des nĂ©cessitĂ©s de la mĂ©taphor paternelle, mĂȘme si elle se rĂ©vĂšle un peu faiblarde, dans la mesure oĂč on est obligĂ© dâen appeler Ă la bienveillance de Dieu, pour protĂ©ger cet enfant de la jalousie dâune autre femme. Ce qui prouve que dans ces faits de superstition, les protagonistes sont au fait de cette jalousie inconsciente qui vise lâobjet du dĂ©sir de lâAutre, voire le souhait de sa destruction. Car câest cela le mauvais Ćil,
c'est jeter un regard mauvais, un regard qui tue.Ătre superstitieux, câest prendre en compte les dĂ©sirs inconscients qui nous animent,
aussi bien les nĂŽtres que ceux des autres, c'est donc savoir que nous ne sommes pas forcĂ©ment pleins de mansuĂ©tude Ă lâĂ©gard dâautrui. De ce fait mĂȘme nous avons aussi peur quâĂ les avoir seulement pensĂ©s, tous ces mauvais souhaits puissent se rĂ©aliser. Cela tient de la magie.Dans son ouvrage « Psychopathologie de la vie quotidienne », Freud rreprend cette question de la superstition et indique que "chez les nĂ©vrosĂ©s, souvent trĂšs intelligents et souffrant dâidĂ©es obsĂ©dantes et dâĂ©tats obsessionnels, quâon constate avec le plus de nettetĂ© que la superstition a sa racine dans des tendances refoulĂ©es dâun caractĂšre hostile et cruel. La superstition signifie avant tout attente dâun malheur, et celui qui a souvent souhaitĂ© du mal Ă dâautres, mais qui dirigĂ© par lâĂ©ducation, a rĂ©ussit Ă refouler ces souhaits dans lâinconscient, sera particuliĂšrement enclin Ă vivre dans la crainte perpĂ©tuelle quâun malheur ne vienne le frapper Ă titre de
chùtiment pour sa méchanceté inconsciente » (2).
J'ai donc cru un moment que la superstition est premiĂšre et que câest elle qui engendre des obsessions, obsessions qui crĂ©ent Ă leur tour, comme un systĂšme de dĂ©fense, des actes compulsionnels, et plus complexes encore, des cĂ©rĂ©monials compliquĂ©s, des rituels, analogues Ă des cĂ©rĂ©monies religieuses, cĂ©rĂ©monies dâune religion secrĂšte et privĂ©e que se rĂ©vĂšle ĂȘtre la nĂ©vrose obsessionnelle.
Mais j'avais laissé de cÎté, dans cette énumération superstition, obsession et compulsion,
le doute. Or c'est lui qui est premier devant l'impossible choix entre l'amour et la haine Ă©prouvĂ© par le sujet. Câest cette hainamoration qui engendre le doute. Et de ce doute partent les trois
termes dĂ©crits par Freud, superstition, Obsession, compulsion. Ils Ă©tablissent la robuste mĂ©tapsychologie freudienne de la nĂ©vrose obsessionnelle.Et tous les thĂ©rapeutes qui s'occupent de ces Tocs auraient grand intĂ©rĂȘt Ă s'y replonger.
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Jâai trouvĂ©, dans un texte de Lacan qui a pour titre « le symptĂŽme », quelques lignes qui Ă©voquent la nĂ©cessitĂ© des entretiens prĂ©liminaires. Cette question nâest pas souvent abordĂ©e, celle de savoir Ă partir de quand celui qui vient demander une analyse sâallonge sur le divan.
Lacan articule cette question des entretiens prĂ©liminaires au nom quâil a donnĂ© Ă celui qui vient demander une analyse, celui dâanalysant. De la durĂ©e des entretiens prĂ©liminaires et de ce qui sây passe dĂ©pendra le fait que lâanalysant puisse effectuer ou non sa tache psychanalysante.
Du participe passĂ© au participe prĂ©sent câest ainsi quâil met au travail le dit analysant. Il a la charge de dĂ©chiffrer lui-mĂȘme le sens de ses symptĂŽmes et de tracer ainsi la voie de sa guĂ©rison en prĂ©sence de lâanalyste Ă qui il sâadresse mais qui est aussi lâobjet de ses cogitations, de par lâeffet du transfert.
Il Ă©crit : « Ce que je voulais dire, câĂ©tait que dans lâanalyse, câest la personne qui vient formuler une demande dâanalyse qui travaille. A condition que vous ne lâayez pas mise tout de suite sur le divan auquel cas câest foutu. »
Il prĂ©cise donc quâil faut attendre une nouvelle formulation de sa demande : âQuand vous lui dites de commencer â et ça ne doit ĂȘtre ni la premiĂšre, ni la seconde fois, au moins si vous voulez vous comporter dignement â la personne donc, qui a fait cette demande dâanalyse, quand elle commence le travail câest elle qui travaille. Vous nâavez pas du tout Ă la considĂ©rer comme quelquâun que vous devez pĂ©trir. Câest tout le contraire. Quâest-ce que vous y faites lĂ ? Cette question est tout ce pour quoi je mâinterroge depuis que jâai commencĂ© ».
Dans ce paragraphe, chaque phrase, chaque mot a son importance. Sâen dĂ©gagent ces trois points :
nĂ©cessitĂ© de reformuler sa demande dâanalyse au cours de ces entretiens prĂ©liminaires puisque elle est condition mĂȘme de son travail d'analysant tout au long de ces annĂ©es d'analyse. LâĂ©thique du psychanalyste : Il sâagit donc de se comporter dignement en tant quâanalyste et pour cela savoir dĂ©cider du moment oĂč il convient de commencer lâanalyse. Une autre question est Ă©galement posĂ©e : Lâanalysant travaille et vous ? â Quâest-ce que vous y faites-lĂ ?âJ'ai crĂ©Ă©, il y a maintenant longtemps, dans les annĂ©es 2000, un des premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelĂ© " Le goĂ»t de la psychanalyse". Vous pouvez y retrouver la plupart de ces textes dĂ©veloppĂ©s. ( https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )
Liliane Fainsilber
Musique : Sincerity par Glowing Palace
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