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    Le 2 mars 2020, le Vatican annonçait l'ouverture des archives du pape Pie XII. Alors que celles de la secrétairerie d'État étaient accessibles en ligne depuis plusieurs années, l'ouverture des papiers "Pie XII" allait permettre à tous les historiens de renouveler leur regard sur l'un des règnes les plus controversés de l'histoire contemporaine. D'origine romaine, Eugenio Pacelli est élu pape en 1939, au seuil de la Seconde Guerre mondiale. Ses silences sur la Shoah sont ainsi considérés comme une faute à la fois morale et politique. Quelle a été la place de la Grande Guerre sur les perceptions du futur Pie XII ? Quel a été son rôle diplomatique à Munich puis à Berlin ? Comment a-t-il participé à l'élaboration de l'encyclique Mit Brennender Sorge (1937) condamnant le nazisme, sous le pontificat de Pie XI ? Pourquoi, enfin, ces silences : étaient-ils délibérés ? Finalement, Pie XII était-il fait pour gouverner dans ce moment si particulier de l'histoire, et a-t-il été à la hauteur de cet événement inouï ? 

    Notre invité : Frédéric Le Moal est historien, spécialiste du fascisme (Histoire du fascisme, Victor-Emmanuel III. Roi d’Italie), professeur au lycée militaire de Saint-Cyr-l’École. Il vient de publier Pie XII. Le pape face au mal (Perrin, 432 p., 25 €). 

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    À la différence des civilisations méditerranéennes, les peuples du Nord des époques antique et médiévale ne forment pas une civilisation de l'écrit. Dans son travail quotidien, l'historien avance donc principalement grâce aux découvertes archéologiques. Pourtant, les runes prouvent que le monde scandinave entretenait un lien particulier avec l'écriture. Quand apparaissent-elles ? Qu'est-ce que les chartes et les lois nous disent des organisations politiques ? Quels sont les différents genres littéraires chez les Vikings, et que nous enseignent-ils de leur société ? Est-ce que les sagas sont au monde scandinave ce que L'Iliade est au monde hellénique ? 

    Notre invitée : Ancienne élève de l’École normale supérieure (Ulm), agrégée et docteure en histoire, Lucie Malbos est maîtresse de conférences en histoire médiévale à l’université de Poitiers et membre du CESCM. Elle est l’autrice d’une thèse remarquée, publiée sous le titre Les Ports des mers nordiques à l’époque viking (VIIe-Xe siècle). Elle a publié chez Passés composés : Harald à la Dent bleue, viking, roi, chrétien (288 pages, 22 €) et Le Monde Viking. Portraits de femmes et d’hommes de l’ancienne Scandinavie chez Tallandier (352 pages, 21,90 €). Avec Les Peuples du Nord, elle rejoint la fameuse collection Anciens mondes chez Belin (640 p., 49 €).

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    Loin de l’image véhiculée par les récits de Marco Polo dans le Livre des merveilles ou encore de nos jour par un jeu vidéo au titre évocateur, Les Assassins d’Alamût met en lumière les fondements politiques, culturels et religieux qui ont contribué au développement de la secte chiite des ismaéliens nizarites, appartenant en leur temps à l’islam minoritaire.

    Au Moyen Âge, en Occident, nombreuses furent les fondations d’ordres religieux. Nous en connaissons bien les règles et la discipline. Pourtant, lorsqu’en Orient, au XIe siècle, un jeune Iranien du nom d’Hassan Sabbah fonde l’ordre des Assassins, ses membres sont très rapidement perçus comme des fanatiques et des meurtriers, et ce au-delà de leur territoire, au-delà même de leur temps, jusqu’à nos jours. 

    Les Assassins, terme qui qualifie en réalité les ismaéliens nizarites, apparaissent à la suite d’une crise de succession qui survient à la mort du calife fatimide al-Mustansir, en 1094. Son fils aîné, Nizar, est écarté du pouvoir, mais en Iran le missionnaire Hassan ibn al-Sabbah lui apporte son soutien. Il organise dès lors un mouvement autour de grands maîtres ayant pris pour base la forteresse d’Alamût, dans le nord de l’Iran actuel. 
    Parfois qualifiée de secte, cet ordre religieux se maintient en Orient malgré la puissance de ses opposants venus de l'Empire seldjoukide. Mais les incursions des Mongols et de leur chef Gengis Khan finissent par faire chuter l'ordre des Assassins.

    L’auteur : Yves Bomati, historien, spécialiste de l’Iran et auteur de L’ Âge d’or de la Perse. L’épopée des Saffavides 1501-1722, rétablit  une vision historique de l’ordre des ismaéliens nizarites à  travers son ouvrage, Les Assassins d’Alamut (Armand Colin, Paris, 2024, 288 p. 23,90 €).

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    Contrairement à l'idée reçue, les Vikings ne sont pas seulement un peuple tourné vers le monde maritime. Loin s'en faut. La terre est aussi essentielle dans leur vie quotidienne que l'est la mer : la terre donne du bois pour les bateaux et des céréales pour l'alimentation ; elle permet aussi l'élevage, qui sert autant à se vêtir qu'à se nourrir. Quelles étaient d'ailleurs les conditions de subsistances de ces peuples du Nord ? Peut-on se représenter de façon précise leur habitat ? Comment la hiérarchie sociale était-elle structurée ? Est-ce que les frontières entre les catégories sociales étaient mouvantes, notamment pour les esclaves ? Quel était enfin le rôle du thing dans la gestion de la communauté ? 

    Notre invitée : Ancienne élève de l’École normale supérieure (Ulm), agrégée et docteure en histoire, Lucie Malbos est maîtresse de conférences en histoire médiévale à l’université de Poitiers et membre du CESCM. Elle est l’autrice d’une thèse remarquée, publiée sous le titre Les Ports des mers nordiques à l’époque viking (VIIe-Xe siècle). Elle a publié chez Passés composés : Harald à la Dent bleue, viking, roi, chrétien (288 pages, 22€) et Le Monde Viking. Portraits de femmes et d’hommes de l’ancienne Scandinavie chez Tallandier (352 pages, 21,90€). Avec Les Peuples du Nord, elle rejoint la fameuse collection Anciens mondes chez Belin (640 p., 49€).

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    La guerre en Ukraine, le printemps arabe ou la montée du protectionnisme et du nationalisme au aux États-Unis : pour comprendre ces événements, la question du blé reste un impensé, alors même que son importance est déterminante. Comment expliquer le rôle stratégique occupé par cette céréale ?

    Pour répondre à cette question, Alessandro Stanziani offre une réflexion sur le temps long à travers le prisme du blé, en associant histoire économique, politique, sociale et environnementale. Dans cette perspective originale, l'historien démontre l’importance consubstantielle du blé dans la construction des États modernes européens et eurasiatiques. Moteur de l'expansion territoriale et des conquêtes coloniales, le blé constitue un paramètre décisif pour appréhender l'extermination des peuples autochtones aux Amériques et dans les steppes d’Eurasie entre le XVIIe et le XIXe siècle.

    L’impact du blé se mesure aussi dans les bouleversements politiques et économiques qui secouent le Vieux Continent. À la fin du siècle des Lumières, les spéculations et la mise en place des marchés céréaliers sont pointées comme responsables des famines et des révoltes qui aboutissent parfois à de véritables révolutions. Pourquoi certains États parviennent-ils à se maintenir tandis que d’autres s'effondrent ? Comment les conditions de travail des paysans ont-elles évolué ? Peut-on expliquer les troubles politiques grâce au climat ? Quelles ont été les conséquences de l’industrialisation et de l’accélération des échanges ?

    L’invité : Directeur d’études à l’EHESS et directeur de recherche au CNRS, Alessandro Stanziani est spécialiste d’histoire économique. Il est l'auteur d’une trentaine d’ouvrages, comme Les Métamorphoses du travail contraint. Une histoire longue du monde d'après (Presses de Sciences Po, 2020, 336 p., 24€) ou Capital Terre (Payot, 2021, 432 p., 24€. Au micro de Storiavoce, il présente son dernier livre : Les guerres du blé. Une éco-histoire écologique et géopolitique (La Découverte, 2024, 344 p., 22€).

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    Grâce aux héros Marvel, le monde des dieux vikings suscite un intérêt renouvelé dans le grand public. Odin, Thor ou encore Loki nous semblent ainsi familiers. Ils reflètent nos joies et nos peurs, nos plaisirs et nos peines. Autrement dit, ils sont proches de ce que nous sommes au quotidien. Pourtant, la réalité du fait religieux des peuples du Nord reste difficile à appréhender, faute de sources suffisantes. Longtemps considéré à travers un prisme chrétien, le polythéisme scandinave est étroitement lié à la nature dans une forme d'animisme. Il est aussi pluriel et mouvant. La religion scandinave possède-t-elle une dimension civique comme sous l'Empire romain ? Quels sont les cultes rendus aux dieux, et qui les célèbre ? Comment, enfin, le christianisme a-t-il transformé la société et les croyances ?

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    Alors que nos regards sont tournés vers la réouverture de Notre-Dame de Paris au début du mois de décembre, nous en oublierions presque le millénaire chartrain. En effet, après l'incendie de la quatrième cathédrale en 1020, l'évêque Fulbert fait refaire l'ensemble de la crypte. En 1024, il annonce l'achèvement des travaux dans une lettre adressée au duc d'Aquitaine, Guillaume V. Dans cette émission, Storiavoce retrace tout d'abord l'histoire de l'édifice inscrit au Patrimoine mondial de l'humanité. Dans ce reportage enregistré sur place, nous évoluons aussi au cœur des fouilles archéologiques, nous partons à la découverte du trésor de la chapelle Saint-Piat, et nous terminons notre parcours par la découverte des deux expositions organisées au musée des Beaux-Arts, consacrées aux enluminures et aux sculptures du Moyen Âge jusqu'à l'époque contemporaine.

    Nos invités : Mathias Dupuis est Directeur de l’archéologie pour le service territorial de Chartres métropole / Ville de Chartres depuis août 2021. Hervé Yannou est administrateur du Centre des monuments nationaux et administrateur par intérim de la cathédrale de Chartres. Grégoire Hallé est directeur du musées des Beaux-Arts de Chartres.

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    La Seconde Guerre mondiale a été le terrain de grandes batailles mémorables, comme Barbarossa ou Overlord. Mais derrière la guerre officielle se cachent des opérations secrètes tout aussi spectaculaires. Durant le conflit, les services secrets des différents belligérants font preuve d'ingéniosité, de ruse et parfois d’imprudence, afin de renverser l’ennemi. 

    La figure de l’espion est complètement fantasmée dans la pop culture, avec James Bond, personnage de roman puis de cinéma, ou Alan Turing, dont la vie a été adaptée en biopic en 2014. Au micro de Storiavoce, Rémi Kauffer montre que la réalité n’a rien à envier à la fiction. Par des trajectoires individuelles hors du commun ou par la grande Histoire, l’historien révèle toute la complexité de cette guerre souterraine.

    L’invité : Historien, journaliste et enseignant, Rémi Kauffer est un spécialiste des services secrets. Auteur d’une trentaine d’ouvrages sur le sujet, comme L’Histoire mondiale des services secrets (Perrin, 2017, 1024 p., 14.90 €), ou plus récemment Les Espions de Cambridge. Cinq taupes soviétiques au cœur des services secrets de Sa Majesté (Perrin, 2022, 384 p., 22€). Au micro de Storiavoce, il vient nous parler de son dernier livre : La Guerre Mondiale des services secrets (Perrin, 2024, 496 p., 25 €).

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    Le 29 mai 1453, Constantinople tombe. La ville est prise par le sultan Mehmet II, dénommé dès lors le “conquérant”. Constantin XI Dragasès meurt, les armes à la main, anonyme dans la masse des guerriers”

    La chute de Constantinople marque la fin d’un empire qui, depuis la chute de Rome, avait maintenu l’Occident dans l’ère chrétienne : l’empire byzantin. Cette ville porteuse du nom de son bâtisseur Constantin revêt une symbolique particulière.

    Les turcs du sultan Mehmet II sont parvenus à  mettre Constantinople à sac par un déploiement colossal d’artillerie et de guerriers et de navires. Les récits des témoins oculaires de cette bataille sans précédant, mettent en lumière la puissance de l'empire ottoman, qui parvient de faire de la basilique Sainte Sophie une mosquée stambouliote.

    Perte majeure pour l’occident chrétien la prise de la ville résultât d’un long abandon, d’un délaissement des marges de l’empire qui représentaient pourtant un point de contact central avec l’ennemi Turc. La prise constitue l’apogée de la lutte entre l’occident chrétien et l’orient musulman.

    L'auteur : Sylvain Gougenheim, historien médiéviste, spécialiste de la Réforme Grégorienne auteur de Constantinople 1453 “La ville est tombée” , Perrin, Paris, 2024, 372 p. 25 €

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    Longtemps, Cicéron nous est apparu comme un philosophe désincarné, éloigné de toute contingence politique. En réalité, Cicéron fut aussi un homme d'action, un avocat d'exception et un politicien, alors que Rome était plongée dans la guerre civile au Ier siècle av. J.-C. L'un et l'autre sont d'ailleurs indissociables : Cicéron agit en philosophe et il philosophe en homme d'action. Luttant pour la protection de la République romaine, il promeut la culture du débat en associant la rhétorique et la sagesse, jusqu'au prix de sa vie. Éloigné d'une conception moraliste ou vertueuse de la politique, il prône un retour de la justice, l'amour de la raison et des institutions. Une posture qui rend son message profondément universel.

    L'invité : Charles Guérin est un ancien élève de l'ENS et membre honoraire de l'Institut universitaire de France. Professeur à la Sorbonne, il mène ses recherches sur les pratiques intellectuelles, judiciaires et politiques de la Rome classique. Il vient de publier chez Calype Cicéron. Un philosophe en politique (111 p., 11,90 €). Il est aussi l'auteur de La voix de la vérité. Témoin et témoignage dans les tribunaux romains du Ier siècle av. J.-C. (Belles Lettres, 432 p., 27,50 €).

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    La mondialisation ibérique qui se met en place au cours du XVIe siècle crée des liens entre les quatre parties du monde : l'Europe, l'Asie, l'Afrique et les Amériques. Dans ce processus inédit dans l'histoire, on échange des esclaves mais aussi des objets, des denrées et des savoirs. Qui sont les acteurs de cette mondialisation et les premières "élites mondialisées" ? Est-ce qu’il existe une globalisation de la pensée ? Alors que l'Europe est intimement liée à la Renaissance, quelle est la place des savoirs antiques dans ce Nouveau Monde ? Enfin, quels sont les objets et les denrées que l'on retrouve sur ce marché "global" ? Dans cette émission, Serge Gruzinski nous révèle un monde fait de mosaïques, loin d'être uniformisé et occidentalisé.

    L’invité : Serge Gruzinski a été chargé de recherche au CNRS et est directeur adjoint du Centre de recherches sur le Mexique, l’Amérique centrale et les Andes. Archiviste paléographe, ancien membre de l’École française de Rome et de la Casa de Velasquez, il est l’auteur de très nombreux ouvrages reconnus sur l’Amérique espagnole et portugaise. Il est notamment l'auteur de Les Quatre Parties du monde. Histoire d'une mondialisation (Seuil, 556 p., 13,95€). Il a récemment publié Quand les Indiens parlaient latin. Colonisation alphabétique et métissage dans l’Amérique du XVIe siècle (Fayard, 320 p., 23 €).

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    Les Roosevelt ont joué un rôle absolument fondamental dans la destinée de l'Amérique de la fin du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle. Émigrée des Pays-bas au XVIIe siècle, puis séparée en deux branches, la famille Roosevelt réussit, s'enrichit et s'intègre à la haute société américaine. Qu'est-ce qu'une dynastie dans un pays qui affirme être celui de la démocratie ? Les Roosevelt donnent deux présidents aux États-Unis. L'un est républicain : Théodore (1858-1919) ; l'autre est démocrate : Franklin (1882-1945), élu quatre fois. Et pourtant, on souligne leur parenté spirituelle dans leur manière de gouverner. La continuité et la popularité de la famille n'est pas le seul fait de ces deux présidents. On les doit également aux femmes de la famille : "Princesse Alice" (1884-1980), la grande mondaine, fille de Théodore, et Eleanor (1884-1962), épouse de Franklin. Comment expliquer la durabilité et la célébrité de cette immense famille, et sa soudaine disparition après la Seconde Guerre mondiale ?

    L'auteur : Georges Ayache, ancien diplomate et universitaire, est l'auteur de livres d'histoire contemporaine, et plus particulièrement d'histoire américaine : Les Roosevelt. Une dynastie américaine (Perrin, 2023, 384 p., 23.00 €), Les présidents des États-Unis. Histoire et portraits (Perrin, 2016, 450 p.,24.00 €),1960, la première élection moderne de l'Amérique (Perrin, 2024, 400 p., 24.00 €)

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    Véritable fourmilière humaine avant et après la conquête, la ville de Mexico s'inscrit au cœur de la mondialisation ibérique au XVIe siècle : "Les origines et les couleurs se mêlent, mais également les langues et les activités, les croyances et les idées. Les êtres et les choses se côtoient comme jamais ils ne l'avaient fait auparavant". Serge Gruzinski présente les mutations d'un monde indien qui intègre les techniques occidentales, ne reste jamais passif au vaste mouvement de la colonisation, ni à ce qui se passe en Espagne. Mexico nous révèle ainsi la coexistence, les affrontements, mais aussi les métissages entre les mondes. Fait majeur le plus souvent oublié, la ville gigantesque est aussi tournée vers l'Asie et l'Afrique. Elle se situe ainsi au cœur des réseaux marchands qui se mettent en place, et participe à l'émergence de la mondialisation. 

    L’invité : Serge Gruzinski a été chargé de recherche au CNRS et est directeur adjoint du Centre de recherches sur le Mexique, l’Amérique centrale et les Andes. Archiviste paléographe, ancien membre de l’École française de Rome et de la Casa de Velasquez, il est l’auteur de très nombreux ouvrages reconnus sur l’Amérique espagnole et portugaise. Il est notamment l'auteur de Les Quatre Parties du monde. Histoire d'une mondialisation (Seuil, 556 p., 13,95€). Il a récemment publié Quand les Indiens parlaient latin. Colonisation alphabétique et métissage dans l’Amérique du XVIe siècle (Fayard, 320 p., 23 €).

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    Entre 1940 et 1944, la France mène une politique de collaboration active avec le pouvoir nazi. De ces années noires, on retient souvent la participation du personnel politique, des administrations, des entreprises ou encore de la milice française. Pourtant, l’une des images symboliques de la collaboration et de sa condamnation représente une femme anonyme : La tondue de Chartres.

    Cette femme, photographiée par Robert Capa en 1944, est devenue une figure de la collaboration “horizontale”, qui désigne les Françaises qui ont pris des allemands pour amants. L’épuration violente et spontanée contre ces femmes a pu occulter dans les mémoires les rôles extrêmement variés des femmes dans la collaboration. Loin d’être l’apanage des hommes, des femmes artistes, mondaines, intellectuelles comme Arletty ou Coco Chanel, ont collaboré avec l’Occupant. D'autres profils, les filles de ou femmes de collaborateur comme Josée Laval de Chambrun, la fille de Pierre Laval, interrogent. À l'heure de la révolution nationale, qui circonscrit les femmes à l’espace domestique, comment définir le rôle tenu par celles qui sont les proches des collaborateurs ?

    Mais Joëlle Dusseau et Pierre Brana ne s'arrêtent pas là. Dans leur livre, ils mettent au jour ces milliers de femmes anonymes, qui ont participé à une collaboration du quotidien à diverses échelles. Ces femmes ont pratiqué la délation, se sont engagées dans la milice, ont espionné au profit de l’Occupant… La question de la motivation des collaboratrices reste un point central :  pourquoi, alors même que l’idéologie nazie est délétère pour les femmes, ces dernières choisissent de se mettre à son service ? 

    L’invitée :  Agrégée d'histoire et docteur ès lettres, Joëlle Dusseau concilie une carrière politique dans l’Éducation nationale à une production d'ouvrages historiques abondante. Avec Pierre Brana, elle écrit sur des politiques et des syndicalistes, et leurs itinéraires dans la collaboration et la Résistance. On peut citer par exemple sa biographie du collaborateur Philippe Doriot parue en 2017. Cette année, toujours en tandem avec Pierre Brana, elle publie Collaboratrices. 1940-1945, Histoire des femmes qui ont soutenu le régime de Vichy et l’occupant nazi (Perrin, 2024, 24 €).

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    Au XVIe siècle, la monarchie catholique a pour ambition de dominer "les quatre parties du monde" : Europe, Amériques, Asie et Afrique. Cette mobilisation ibérique est-elle sans précédent dans l’histoire ? Comment faut-il définir ce nouvel espace-monde : faut-il parler de "royaume universel" ou de "planète philippique", en référence à Philippe II d’Espagne ? Comment pense-t-on aussi ce "Nouveau Monde", et doit-on le réduire à un rapport de dominants et de dominés ?

    Dans cette émission, l'historien Serge Gruzinski révèle un monde mouvant, fait d'échanges et d'ouvertures, loin d'être européo centré. Il décrit aussi un monde métissé, avec ses limites et ses seuils, que les colonisateurs franchissent parfois. Loin des clichés habituels sur la colonisation, l'auteur révèle une nouvelle modernité, qui ne se pense pas à l'échelle de l'Europe, mais bien au-delà.

    L’invité : Serge Gruzinski a été chargé de recherche au CNRS et est directeur adjoint du Centre de recherches sur le Mexique, l’Amérique centrale et les Andes. Archiviste paléographe, ancien membre de l’École française de Rome et de la Casa de Velasquez, il est l’auteur de très nombreux ouvrages reconnus sur l’Amérique espagnole et portugaise. Il est notamment l'auteur de Les Quatre Parties du monde. Histoire d'une mondialisation (Seuil, 556 p., 13,95€). Il a récemment publié Quand les Indiens parlaient latin. Colonisation alphabétique et métissage dans l’Amérique du XVIe siècle (Fayard, 320 p., 23 €).

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    Phénomène tentaculaire, violent et mystérieux, la mafia italienne effraie autant qu’elle fascine. Celle qu’on surnomme la pieuvre œuvre à couvert aux quatre coins du monde. C’est en Calabre, à la pointe de la botte italienne, que se transmet la légende de sa création. Trois chevaliers espagnols en fuite auraient établi une société secrète, de laquelle seraient issues la mafia sicilienne, la Camorra napolitaine et la ‘Ndrangheta calabraise.

    Mais pour découvrir les véritables origines de la mafia, il faut s’éloigner du mythe chevaleresque et plonger dans l’Italie du milieu du XIXe siècle. La période, marquée par les guerres et les soulèvements populaires, a engendré l’État italien moderne. C’est plus précisément dans le royaume des Deux-Siciles, au cœur des conspirations révolutionnaires, mais aussi à l’ombre des citronniers, que se forment les fondements de la mafia telle que nous la connaissons aujourd’hui. Qui sont les premiers mafieux ? Comment opèrent-ils ? Comment ces organisations criminelles issues du XIXe siècle ont-elle réussi à perdurer jusqu’à aujourd’hui ?

    Cet épisode est adapté d’un article paru dans Histoire & Civilisations de mars 2020 de John Dickie, University College, Londres, « Naples, Sicile, Calabre : dans l’antre de la mafia ».

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    Au Ier siècle de notre ère, le terme Hellènistes apparaît dans les Actes des Apôtres : le mot désigne alors "celui qui parle grec" ou "celui qui adopte les mœurs grecques". Dans le contexte du texte biblique, il s'agit ici d'un Juif hellénisé. Le terme, avec le temps, évolue. L'époque contemporaine lui donne ainsi un autre sens, à la fois volontariste et même extensif. Il qualifie alors le génie, mêlant à la fois la civilisation, la langue et l'esprit des Hellènes par opposition aux mondes barbares. Depuis une soixantaine d'années, le mot perd sa dimension missionnaire et qualifie, selon le mot d'Hérodote, "une communauté de sang, de langue, de cultes et d'usages".  

    Nos invités : Gerbert-Sylvestre Bouyssou est maître de conférences en histoire ancienne à l’université de Polynésie française. À travers sa thèse et plusieurs articles, il s’est intéressé aux représentations grecques de la tyrannie, à l’histoire politique et à la guerre dans l’Antiquité. Pierre-Olivier Hochard est maître de conférences en histoire ancienne à l’université de Tours et membre junior de l’IUF. Spécialiste de numismatique, ses anacoluthes portent sur l’Orient grec hellénistique et impérial. Avec Christophe Chandezon, ils sont les co-auteurs, sous la direction de Catherine Grandjean, de La Grèce hellénistique et romaine. D’Alexandre à Hadrien (Belin, 815 pages, 49 €). 

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    Bénéficiant d'un effet de loupe évident, le débarquement en Normandie rayonne dans les études historiographiques et les mémoires, tant et si bien qu'on en oublierait presque le débarquement de Provence du 15 août 1944. Redouté par Hitler, l'événement est pourtant essentiel dans la libération de la France. L'opération Anvil-Dragoon (Enclume-Dragon) se distingue avant tout par l'importance des forces françaises engagées, mais aussi par la rapidité de l'avancée des troupes. Quand la décision d'un débarquement dans le Sud est-elle prise ? Quelles sont les forces en présence ? Comment les troupes sont-elles accueillies par la population ? Quel rôle joue la résistance au cours des événements ? L'historienne Claire Miot répond à toutes ces questions. Dans un album illustré, elle a réuni de nombreuses photos inédites sur ce moment de notre histoire, dont nous célébrons le 80e anniversaire.

    L'invitée : ancienne élève de l'Ecole normale supérieure de Cachan, Claire Miot est maîtresse de conférences en histoire contemporaine à Sciences Po Aix. Dans le cadre de ses recherches, elle a travaillé sous la direction d'Olivier Wieviorka. Autrice de nombreux ouvrages sur la guerre au XXe siècle, elle a notamment publié La Première Armée française, de la Provence à l’Allemagne (1944-1945), chez Perrin en 2021. Son dernier ouvrage s'intitule Le Débarquement de Provence. Août 1944 (Passés composés, Ministère des Armées, ECPAD, 175 p., 25 €).

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    Pour les cités grecques, la monarchie, c'est-à-dire le pouvoir d'un seul, était une idée profondément choquante. Pourtant, les royautés hellénistiques se sont imposées sur l'ensemble du pourtour oriental de la Méditerranée. Alexandre le Grand fut l'archétype de ce nouvel exercice du pouvoir. Cependant, la recherche historique nous révèle que la polis grecque ne disparaît pas pour autant, ni ne décline. En outre, des trois royautés ( lagide en Egypte, séleucide en Orient et antigonide en Grèce), cette dernière fait figure d’exception. Quelle est cette exception et comment l'expliquer ? Peut-on parler de centralisation du pouvoir ou, au contraire, d'une "archipélisation" du processus de décision politique ?

    Nos invités : Gerbert-Sylvestre Bouyssou est maître de conférences en histoire ancienne à l’université de Polynésie française. À travers sa thèse et plusieurs articles, il s’est intéressé aux représentations grecques de la tyrannie, à l’histoire politique et à la guerre dans l’Antiquité. Pierre-Olivier Hochard est maître de conférences en histoire ancienne à l'université de Tours et membre junior de l'IUF. Spécialiste de numismatique, ses recherches portent sur l'Orient grec hellénistique et impérial. Avec Christophe Chandezon, ils sont les co-auteurs, sous la direction de Catherine Grandjean, de La Grèce hellénistique et romaine. D'Alexandre à Hadrien (Belin, 815 pages, 49 €). 

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    Rival potentiel du numéro un ou serviteur dévoué ? 

    Au cours de l’Histoire, la place des numéros deux a varié en fonction des contextes et des espaces. Dans le même temps, des stéréotypes se sont développés à leur égard. Mauvais seconds, traîtres, ambitieux assoiffés de pouvoir. 

    En effet, la place de numéro deux peut être choisie ou subie, car tous les hommes de pouvoirs ne peuvent pas devenir le numéro un. La place de numéro un, quel que soit le type d’État est l’objet d’une lutte plus ou moins intense. Ainsi, certaines personnalités politiques restent volontairement secondes, tels Cambacérès dans l’ombre de Napoléon ou bien Waldeck-Rousseau auprès de Gambetta. D’autres, de par les faveurs de leurs princes, atteignent presque un rang égal, tel Richelieu aux côtés de Louis XIII, faisant parfois eux-même de l’ombre au numéro un. 

    Pour mieux comprendre ce qu’il en a réellement été de la place des numéro deux, leur observation historique de l’Antiquité grecque à nos jours se révèle particulièrement intéressante. Elle permet de distinguer des types de postures politiques, ainsi que des évolutions en fonction des périodes et des espaces géographiques concernés. Enfin, Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre de Jacques Chirac, livre son témoignage sur sa place de numéro deux sous la Ve République.

    L’invité : Warren Pezé, maître de conférences à Paris Créteil, diplômé de l’ENS, spécialiste de l’histoire sociale à l’époque carolingienne a publié Le Virus de l’erreur. La controverse carolingienne sur la double prédestination : essai d’histoire sociale (Brepols, 2017, 565 p. 94,95 €). Il dirige aux côtés de Pierre-Emmanuel Guigo Être le numéro deux. Une histoire des rapports de pouvoir à la tête de l'État (PUR, 2024, 314 p. 28 €)

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