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  • Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, est l’invité exclusif de RFI et France24. Le chef de la diplomatie française revient sur les récentes tensions diplomatiques avec Israël, la politique commerciale européenne face à Donald Trump, la situation en Ukraine, et sur l’importance d’une coopération appuyée avec l’Afrique.

    France 24 : Votre déplacement en Israël a été marqué par un incident diplomatique : des policiers israéliens sont entrés dans un domaine national français à Jérusalem-Est. Vous avez convoqué l’ambassadeur d'Israël en France au Quai d'Orsay. Passé cette convocation, est-ce que l'incident sera clos ? Vous avez dit : « Nous n'en resterons pas là. »

    Jean-Noël Barrot : C'est une situation qui est inacceptable et c'est la raison pour laquelle j'ai pris la décision de convoquer l'ambassadeur d'Israël en France. Dans l'échelle des sanctions diplomatiques, la convocation d'un ambassadeur est le premier degré. C'est l'occasion pour la France de rappeler qu'elle ne tolérera pas que des forces armées israéliennes entrent dans ses domaines - ses domaines dont elle a la responsabilité, dont elle assure la protection -, et de réaffirmer avec force que cet incident ne doit plus jamais se reproduire.

    RFI : Que les forces entrent sans autorisation et armées, c'est bien le problème.

    Sans autorisation, bien évidemment.

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    RFI : Quel est le deuxième degré ? Vous parlez du premier degré, la convocation. Une fois la convocation passée, selon ce que vous dit l'ambassadeur, tout à l'heure, qu'enclenchez-vous ?

    Comme je viens de vous le dire, dans le langage diplomatique, dans la grammaire diplomatique, il y a un certain nombre de sanctions. Nous avons considéré que cet incident était extrêmement grave. J'ai donc décidé d'appliquer la première des sanctions. Elle vous signale que la France n'acceptera pas qu'un tel incident se reproduise et qu'elle se réserve toutes les options.

    RFI : Mais vous attendez, excusez-moi, Monsieur le Ministre...

    Je n'attends rien. Je sanctionne !

    Vous sanctionnez, vous n’attendez rien de ce que pourrait vous dire l’ambassadeur d’Israël.

    J'attends que cela ne se reproduise plus jamais. Il y a un certain nombre de sanctions diplomatiques qui peuvent être activées. Nous avons activé la première.

    RFI : Le ministre israélien des Finances est attendu à Paris, demain. On sait que Bezalel Smotrich est contre le cessez-le-feu avec le Hamas et pour la colonisation en Cisjordanie. Est-ce que la France peut accueillir quelqu'un qui se revendique fasciste et suprémaciste ?

    Ce qui est clair, c'est que nous dénonçons la politique qui est encouragée par ce ministre du gouvernement israélien qui consiste à poursuivre une activité qui est illégale au terme du droit international - la colonisation, et la colonisation agressive de la Cisjordanie. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous avons activé d'autres sanctions à plusieurs reprises. Au titre national d'abord. En ciblant 28 colons extrémistes et violents qui, pour certains, ont été encouragés par ce ministre du gouvernement Netanyahu. Et puis, ensuite, au niveau européen, où nous avons été moteurs pour créer un régime de sanctions visant les entités ou les personnes coupables ou complices de fait de colonisation. Ce régime a été activé deux fois. Nous avons lancé deux trains de sanctions à l'encontre de ces personnes et de ces entités, et nous sommes en train de travailler sur un troisième train de sanctions européen.

    RFI : C'est pour bientôt, disiez vous hier. Pour la visite de monsieur Smotrich, pas d'état d'âme à sa venue, il n'est pas invité par la France, je précise, c'est l'organisation Israël is Forever qui l’a invité à un gala. Cela ne vous pose pas de question, de problème ? On sait que ce gala a été organisé...

    À ce stade, je n'ai pas de confirmation de sa venue en France.

    France 24 : Revenons sur quelque chose qui, évidemment, marque beaucoup l'actualité internationale, à savoir la victoire aux États-Unis de Donald Trump. Le président en France, Emmanuel Macron, a été parmi les premiers Européens à le féliciter. Mais est-ce que, finalement, au plus profond de vous-même, Jean-Noël Barrot, vous avez plutôt tendance à penser que cette victoire n'arrange pas tellement nos affaires ?

    Ça n'est pas vraiment la question. D'abord parce que le choix du peuple américain est souverain et que, depuis 250 ans, nous travaillons de manière étroite avec les États-Unis. Nous avons survécu à 59 élections présidentielles américaines. Nous survivrons évidemment à la 60e. Et d'autre part, parce que cela fait depuis longtemps, si je puis dire, au moins depuis sept ans, que nous nous préparons à cette transformation du monde qui est à l'œuvre en appelant, comme le président de la République l'a fait dès 2017 dans son premier discours de la Sorbonne, l'Europe à se donner les moyens de sa souveraineté et de son indépendance.

    France 24 : L’Europe n’avait pas l'air très préparée précisément, elle a eu l’air surprise.

    Non, je crois que l'Europe est beaucoup plus préparée qu'elle ne l'était en 2016 à une présidence Trump. Parce que, au fond, les grandes crises que nous avons traversées, la Covid et ses conséquences, mais encore la guerre en Ukraine, ont consolidé l'unité des Européens qui doivent aujourd'hui faire preuve de volonté et de courage pour accélérer sur cet agenda que la France a rédigé, il faut bien le dire, et que désormais nos partenaires européens se sont appropriés, mais qui supposent de passer à l'action et sans doute d'accélérer en matière de sécurité, en matière de compétitivité, en matière de protection de la démocratie. Voilà des sujets que nous abordions déjà en 2017 et sur lesquels nous avons commencé à progresser, mais là, il faut accélérer.

    RFI : Jean-Noël Barrot, vous n'ignorez pas que les États-Unis sont les premiers clients de l'Union européenne en termes de commerce, c'est le premier destinataire de biens européens. On sait que Donald Trump veut imposer de nouvelles barrières douanières, au moins 10%, peut-être plus. Est-ce que l'Europe peut tenir le choc de ce qui serait une nouvelle guerre commerciale, voire répliquer ?

    Vous avez raison de rappeler que l'Union européenne est le premier partenaire commercial des États-Unis d'Amérique. C'est pourquoi pour les États-Unis, d'appliquer des droits de douane de manière un peu indiscriminée et massive à l'Europe serait une erreur de calcul majeure. Cela pénaliserait lourdement les très nombreuses entreprises américaines qui aujourd'hui sont installées en France ou en Europe. Et cela amputerait immédiatement les contribuables, les classes moyennes américaines, de toute une partie de leur pouvoir d'achat parce que, eux aussi, achètent des produits importés et venus de l'Europe. Si l'administration Trump devait persister dans ce que j'ai qualifié d'erreur majeure, alors nous défendrons nos intérêts agricoles, industriels et commerciaux, avec une volonté de fer et sans trembler, nous avons démontré...

    RFI : Mais qu'est-ce qu'une volonté de fer, Monsieur le Ministre ?

    France 24 : L'Allemagne frappe un peu quand même...

    Qu'est-ce qu'une volonté de fer ? Eh bien, on parlait tout à l'heure du premier mandat de Trump et peut-être de l'impréparation des Européens à l'époque. À l'époque, nous étions encore sous le dogme du libre-échange. Il était interdit d'évoquer en Europe l'opportunité de sanctionner ou de répliquer à des mesures d'iniquité commerciale. Eh bien, l'Europe a changé. Vous l'avez vu, le mois dernier, l'Europe a décidé d'appliquer elle-même des droits de douane sur les véhicules électriques chinois, considérant que les subventions dont bénéficient les entreprises chinoises aujourd'hui sont désavantageuses pour les entreprises européennes, donc nous avons, nous avons construit des moyens de rétorsion.

    RFI : Cela existe, vous l'avez déjà fait. L'Europe va le refaire si Donald Trump persiste dans sa volonté de taxer les importations.

    L'Europe va commencer par ouvrir la discussion avec l'administration nouvelle en indiquant que tout le monde aurait à perdre à une guerre commerciale, et lui dire aussi que si jamais des droits de douane devaient être appliqués, eh bien, il y aurait évidemment réciprocité.

    RFI : Réciprocité. La France est pour ?

    Bien sûr.

    France 24 : L’autre grande inquiétude, bien sûr, des Européens et des Français, c'est de savoir si l'administration Trump risque de lâcher l'Ukraine. L'Europe sera-t-elle d'ailleurs en mesure de prendre le relais sachant que les 27 achètent beaucoup d'armes aux États-Unis pour, justement, les envoyer en Ukraine et sont très divisés à l'idée de compenser l'aide financière américaine de façon massive, de faire des emprunts et de pouvoir justement se soustraire aux États-Unis et les remplacer ?

    Alors, il y a trois éléments dans votre question, et je vais en parler très brièvement. Premièrement, sur les moyens financiers. Il se trouve qu'avec l'administration américaine sortante et avec les autres pays du G7, nous venons de signer un prêt historique de 50 milliards de dollars au profit de l'Ukraine qui ne sera payé ni par les Américains ni par les Européens ni par les Ukrainiens, mais par les Russes et par les revenus d'aubaine [avoirs] tirés des actifs russes que nous avons immobilisés. Et cela va permettre à l'Ukraine de poursuivre sa résistance héroïque face à l'agression russe.

    Deuxième élément, et vous avez raison de le signaler, 80% des approvisionnements militaires des armées européennes proviennent de l'extérieur de l'Union européenne. C'est une situation de dépendance qui est inacceptable, qui conditionne, d'une certaine manière, certains de nos choix géostratégiques, et cela ne peut plus durer. C'est pourquoi nous appelons depuis 2017, je le disais, à ce que notre industrie de défense, eh bien, se développe. Et c'est pourquoi nous disons qu'à l'heure où la France ou l'Allemagne ou la Pologne ou les autres pays européens augmentent leurs dépenses publiques en matière de défense, et bien, qu'il faut que ces dépenses se tournent vers l'industrie européenne. Pourquoi ? Eh bien, parce qu'il serait inacceptable pour les contribuables français, européens, pour nos concitoyens, que nous augmentions dans une période de contraintes budgétaires les dépenses en matière de défense, si cela ne crée pas des emplois et des entreprises en Europe.

    France 24 : C'est pourtant ce que va nous demander Donald Trump, il comptera beaucoup sur nous pour lui acheter ses armes.

    Et nous lui répondrons qu'il est dans son intérêt, puisqu'il nous l'a dit de très nombreuses fois, que nos dépenses en matière de défense augmentent pour que l'Europe puisse assurer sa propre sécurité. Il l'a dit à de nombreuses reprises. Et nous répondrons que nous sommes d'accord, mais qu'il faut nous laisser nous approvisionner, si je puis dire, ou il faut accepter l'idée que l'Europe s'approvisionne elle-même, sans quoi nos compatriotes, les contribuables européens, refuseront que, si je puis dire, nous sacrifions dans d'autres dépenses publiques au profit de dépenses militaires qui ne seraient orientées que vers les États-Unis ou la Corée du Sud.

    France 24 : Quid de l’Otan ?

    RFI : Un dernier mot peut-être sur votre troisième volet ?

    Le troisième volet, c'est celui de l'abandon imaginé par l'administration Trump des Ukrainiens. Je crois que Donald Trump est trop avisé pour accepter...

    RFI : C’est toute la question. Les États-Unis vont-ils lâcher l’Ukraine ?

    ... pour accepter d'être celui qui avalise la plus grande annexion territoriale...

    France 24 : En un jour. Il a dit en 24 heures...

    ... de notre histoire depuis 75 ans. Ce serait consacré définitivement la loi du plus fort et ça aurait des conséquences extrêmement lourdes. Non seulement en Europe, mais partout ailleurs, où les plus forts, où les puissances agressives considéraient qu'elles ont un sauf-conduit pour envahir le pays voisin ou le pays dans lequel elles ont un intérêt. Et par ailleurs...

    RFI : Monsieur le Ministre, on entend bien le problème, mais c'est bien ce qu'il a annoncé malgré tout.

    Je crois qu'il aura la volonté de prendre sa part dans la résolution de cette crise pour mettre fin à cette guerre d'agression. Ce que je ne crois pas, c'est qu'il voudra faire des cadeaux à un Vladimir Poutine qui est aujourd'hui affaibli au point d'être obligé d'exporter la guerre en Asie pour aller chercher, auprès de la Corée du Nord, des troupes de manière à défendre ou plutôt à agresser les Ukrainiens. Une économie russe qui elle-même est au bord de l'asphyxie, avec des taux d'intérêt à 21%, des pénuries de main d'œuvre et un déficit public abyssal.

    RFI : Le président français reçoit aujourd’hui le nouveau secrétaire général de l'Alliance atlantique, Mark Rutte. On sait que Donald Trump pourrait encore une fois se désinvestir de l'Otan. Est-ce qu'il y a un grave problème ?

    Le président de la République, il l'a dit à de nombreuses reprises, notre responsabilité, la responsabilité de notre génération qui vient après celle qui a fondé cette alliance de sécurité transatlantique, eh bien, c'est de concevoir un pilier européen de l'Otan de manière à faire en sorte que, progressivement, les Européens prennent une part de plus en plus grande de leur propre sécurité, de leur propre défense.

    France 24 : Mais il n'existe pas encore. Les pays de l'Est et les pays baltes sont assez terrorisés de ne pas bénéficier, peut-être demain, d'un parapluie américain suffisamment réaffirmé.

    Au contraire, je crois que, constatant et d'ailleurs vivant de très près, si je puis dire, la menace existentielle que pose l'agressivité de Vladimir Poutine à l'Europe et en particulier à l'Europe orientale, nos partenaires des pays de l'Est et des pays nordiques sont aujourd'hui convaincus qu'il y a quelque chose qui doit évoluer. Qu'effectivement les États-Unis d'Amérique ont d'autres priorités stratégiques que la défense de l'Europe, et qu'il nous faut donc progresser dans la direction que nous indiquons depuis des années, c'est-à-dire le développement d'une industrie de défense, le relèvement de nos dépenses et une intimité toujours plus grande entre les armées européennes.

    RFI : C’est la direction, mais une industrie de défense européenne ne va pas se faire du jour au lendemain, Monsieur le Ministre ?

    Ça a bien commencé. Nous avons commencé à faire évoluer, je dirais, nos outils de financement au niveau européen. Nous avons en discussion en ce moment même à Bruxelles un programme pour l'industrie de défense européenne qui vise justement à atteindre rapidement cet objectif. Et c'est sur ce point-là que nous devons accélérer.

    France 24 : Et un commissaire à l'industrie, Stéphane Séjourné, va passer ces auditions. Il y en a un quand même qui s'est réjoui très fortement de la victoire de Donald Trump dans le club des 27, c'est l'ultranationaliste hongrois Viktor Orban qui parle de « son ami ». Est-ce qu'il ne va pas en profiter d'ailleurs, puisqu'il n'a jamais été très pro-Ukraine, pour exiger une paix très défavorable aussi, au sein du club, et devenir l'homme qui murmure à l'oreille du président américain ?

    Je ne crois pas que Viktor Orban puisse exiger quoi que ce soit. Vous savez, les décisions, elles sont prises parfois à l'unanimité, à Bruxelles, au Luxembourg, et parfois, elles sont prises à la majorité qualifiée. Et que dit la majorité qualifiée aujourd'hui des pays européens ? Que dit-elle ? Eh bien, elle dit que la situation est extrêmement grave, que ce qui est en jeu sur le front ukrainien, c'est l'existence même de l'Europe. Écoutez, ce que dit le président polonais, écoutez ce que disent les pays baltes, écoutez ce que dit la Roumanie : aujourd'hui, si nous abandonnions - ce qui n'arrivera pas - les Ukrainiens en rase campagne, eh bien, c'est la sécurité sur l'ensemble du continent qui se trouverait menacée. Et cette conviction-là, qui est très largement partagée par les 26, ça n'est pas, je dirais, la vision de Viktor Orban et ses relations avec Donald Trump qui va la faire changer.

    RFI : Viktor Orban est-il loyal avec ses partenaires européens ?

    Viktor Orban exerce aujourd'hui la responsabilité de présider le Conseil de l'Union européenne. Il a accueilli jeudi et vendredi dernier d'abord une réunion de la Communauté politique européenne qui va au-delà de l'Union européenne, qui rassemble une cinquantaine de pays, 700 millions de citoyens au travers du continent, puis un Conseil européen consacré à la compétitivité. Ce que je constate, c'est que ces deux rendez-vous ont été à la hauteur des enjeux. La communauté politique européenne a montré son unité, et en matière de compétitivité, le lendemain, les 27 ont réaffirmé leur ambition.

    RFI : Vous vous souvenez aussi de son passage en Géorgie, après les élections, pour féliciter les pro-russes ?

    Je me souviens aussi qu'il est allé juste après sa prise de fonction en Russie, qu'il est allé en Chine sans avoir consulté au préalable ses ...

    RFI : Donc il y a quand même une question, il y a...

    Non, je crois que le pays qui, pendant six mois, exerce la présidence du Conseil de l'Union européenne doit toujours veiller à associer très étroitement les 26 autres de manière à ce que ses déplacements, ses prises de position ne puissent pas être interprétées comme étant celles de l’Union européenne.

    RFI : Et vous constatez que ça n'est pas forcément ce qu’il fait.

    Je constate qu'il a parfois manqué à ses exercices de consultation préalables à ses déplacements.

    RFI : Vous êtes en poste depuis sept semaines, Jean-Noël Barrot, vous avez déjà effectué de nombreux déplacements. Est-ce que vous comptez-vous rendre bientôt en Afrique subsaharienne ?

    Évidemment, et d'ici la fin du mois, je me rendrai à Addis-Abeba pour un échange entre la France et l'Union africaine qui sera l'occasion d'abord de réaffirmer l'ambition qui est celle de la France de réformer les institutions multilatérales et internationales, je pense en particulier au Conseil de sécurité de l'ONU, pour que l'Afrique puisse y être mieux représentée, de manière à ce que ses institutions soient plus légitimes et que lorsqu’elles prennent des décisions, eh bien, ces décisions puissent être entendues et appliquées.

    RFI : L’Afrique mieux représentée, cela veut dire un poste au Conseil de sécurité, un poste permanent au Conseil de sécurité de l'ONU ?

    Ce que nous défendons, c'est l'idée d'avoir deux sièges permanents pour les pays africains.

    France 24 : La France a dû se retirer quand même de plusieurs pays du Sahel où elle entendait lutter contre le terrorisme. Est-ce que vous n'avez pas le sentiment, Monsieur le Ministre, qu'il y a un rejet de l'influence française désormais sur ce continent africain ?

    La France a choisi de faire évoluer sa relation avec les pays africains.

    RFI : A choisi ou a été contrainte ?

    Elle l'a choisi, de transformer sa relation avec les pays africains, de concevoir une relation tournée vers l'avenir, fondée sur les complémentarités, fondée sur les intérêts mutuels, et qui passe par des liens toujours plus étroits entre, bien sûr, les pays et leurs autorités, mais aussi les sociétés civiles, les mondes économiques, que ce soit d'ailleurs en Afrique ou en France et en Europe, où nous avons des diasporas africaines très importantes qui contribuent très largement à la vie économique, sociale et culturelle de nos pays. C'est cet agenda de transformation que nous avons commencé à mettre en œuvre et que nous allons continuer à amplifier. Eh bien, nous voyons qu'il produit des effets, des résultats qui sont très intéressants, ce qui nous encourage à poursuivre dans cette direction.

    RFI : Un nouveau type de relation. Vous savez que le 1er décembre prochain, c'est le 80e anniversaire du massacre de Thiaroye au Sénégal. Je rappelle que des dizaines de tirailleurs avaient été tués par l'armée française. Est-ce que la France va participer aux commémorations ? Est-ce que la France est invitée à un quelconque niveau à participer à ce moment ?

    La France sera présente pour ce moment important. Je ne peux pas vous indiquer aujourd'hui de quelle manière et à quel niveau.

    RFI : Puisque vous serez prochainement en déplacement sur le continent, est-ce que cela pourrait être vous ?

    Je ne peux pas vous confirmer la manière dont la France sera représentée, mais elle sera présente parce que c'est un moment important.

    RFI : Vous avez été invité par les autorités sénégalaises ?

    Cette refondation des relations entre la France et les pays africains, elle passe aussi par un travail mémoriel qui, comme vous le savez, est placé au premier rang des priorités du président de la République.

    RFI : C'est toute la question, mais techniquement, est-ce que la France a été invitée par les autorités sénégalaises ?

    Techniquement, je vous répondrai quand j'aurai la réponse.

    RFI : Quand vous aurez une réponse et vous ne l'avez pas pour l'instant.

    France 24 : C'est vrai que l'Union européenne, vous êtes aussi ministre de l'Europe, noue des relations avec l'Afrique et entend contrer l'influence croissante de la Chine et de la Russie sur ce continent, et notamment par de grands accords stratégiques et qui incluent beaucoup le volet migration. On a l’impression que notre finalité absolue est de sous-traiter la gestion migratoire et des demandeurs d'asile en externalisant celle-là, en particulier dans les pays africains, avec des rapports bilatéraux UE et des rapports aussi de certains pays avec d'autres. Cela n'est-il pas un peu réducteur ? Est-ce que ce sont précisément ces rapports uniquement sur la migration avec l'Afrique qui ne posent pas problème ?

    En aucun cas et d'aucune manière, la relation avec l'Afrique n'est placée sous le seul prisme des mobilités et des migrations. Et je dirais même que, au chapitre des mobilités et des migrations, la question de l'immigration irrégulière est un sujet que nous abordons avec nos partenaires africains, parce qu’eux-mêmes subissent en grande partie ces migrations irrégulières. Mais ça n'en est que l'un des sous-chapitres, puisque nous avons aussi des échanges humains, les échanges de talents, les allées et les retours de l'Afrique vers l'Europe que nous devons traiter en parallèle de ce sujet, de la migration irrégulière. Mais tout ça n'est que l'un des chapitres de ce livre que nous écrivons avec chacun des pays africains avec lesquels nous voulons, je le disais, refonder une relation sur la base de nos complémentarités, de nos intérêts mutuels. Et ensuite toutes les coopérations - coopération en matière économique, en matière culturelle, coopération avec les sociétés civiles, sociétés civiles qui parfois sont également présentes en France et que nous voulons associer à ce travail de refondation. Donc, je pense qu'il serait beaucoup trop réducteur, contre-productif et en réalité illusoire de résumer la relation avec n'importe quel pays africain à cette question migratoire.

    RFI : Jean-Noël Barrot, il nous reste un peu plus d'une minute. La COP29 s'est ouverte hier en Azerbaïdjan. Les relations entre la France et cette République sont notoirement tendues. L'Azerbaïdjan a arrêté trois Français. Elle mène aussi une campagne hostile dans les territoires d'outre-mer. Est-ce que la France compte répondre d'une manière ou d'une autre ?

    D'abord, vous me parlez de la COP, et je veux rappeler que nous fêtons en 2025, l'année prochaine, les 10 ans de l'Accord de Paris qui est une victoire, qui est une immense victoire de la diplomatie française, qui a fait progresser la cause du climat comme ça n'avait jamais été le cas auparavant.

    RFI : Et sur l’Azerbaïdjan ?

    C'est pourquoi nous avons à Bakou des négociateurs qui travaillent en ce moment même à faire aboutir un certain nombre de négociations, et notamment sur les marchés de quotas carbone. Ceci étant dit, nous sommes très vigilants, parce que cette COP, elle draine aussi, elle attire à elle des représentants de la société civile, et nous sommes très vigilants à ce que cette participation à la COP ne pose aucun problème...

    RFI : C'est-à-dire qu'il n'y a pas de risque pour les Français qui se présentent à la COP ?

    Il n’y a pas de risque. Nous sommes très vigilants et nous sommes très attentifs à la situation.

    France 24 : 11 et 12 novembre, Forum de la paix à Paris. Est-ce que le multilatéralisme, l'ordre mondial qui fonctionne, est encore d'actualité ? Est-ce qu'avec cette ONU très impuissante, des appels au cessez-le-feu sans réponse, vous êtes très optimiste ?

    Le multilatéralisme survivra à condition qu'il se réforme, et c'est toute l'ambition de la France, que nous puissions avoir un Conseil de sécurité qui soit plus représentatif des grands émergents et des pays africains, que nous ayons des institutions financières qui permettent aux pays du Sud de n'avoir pas à choisir entre la lutte contre la pauvreté et la lutte pour le climat, et que nous ayons un droit international humanitaire qui, en toutes circonstances, soit respecté. Voilà les trois axes du travail que le président de la République, le Premier ministre, m'ont demandé de mener et je compte le faire avec résolution.

    France 24 : Merci à vous d'avoir été notre invité aujourd'hui, Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères de la France.

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  • John R. MacArthur, président du Harpers Magazine, l'une des revues les plus prestigieuses et les plus anciennes des États-Unis, est l'invité de RFI ce 5 novembre. En ce jour d'élection présidentielle américaine, il dit sa préférence pour Kamala Harris face à un Donald Trump « en état de déséquilibre total ». Il s'inquiète des risques de dérapages violents après le scrutin.

  • Enrico Letta, président de l'Institut Jacques Delors et ancien chef du gouvernement italien, était l'invité de RFI ce 4 novembre. Il publie Des idées nouvelles pour l'Europe (Odile Jacob). Selon lui, les Européens doivent « apprendre à être un peu plus autonomes dans ce monde qui est en train de changer ». Il plaide pour une plus grande unité européenne pour faire face à la concurrence des États-Unis et de la Chine.

    ► Des idées nouvelles pour l’Europe. Avec les femmes et les hommes qui la font d'Enrico Letta (édition Odile Jacob).

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    Agnès Nabat, journaliste et co-réalisatrice avec Marianne Getti du reportage Viols au Tigré, l'arme silencieuse, diffusion le 23 novembre 2024 sur la chaîne Arte.

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  • Quel avenir pour les réfugiés ukrainiens en France ? Ce matin, nous nous interrogeons sur les perspectives de leur accueil. Les associations expriment depuis plusieurs mois des inquiétudes croissantes, amplifiées récemment par un épisode en Meurthe-et-Moselle. Là-bas, des réfugiés ukrainiens ont reçu des lettres leur demandant de quitter leur logement, invoquant des lacunes d'insertion professionnelle et d’autonomie. Face à la polémique, la préfecture a fait marche arrière, mais pour combien de temps ? Joseph Zimet, préfet et directeur de la cellule interministérielle pour l'accueil des réfugiés ukrainiens, en parle.

  • Après les pluies torrentielles et les inondations dans la région de Valence en Espagne, le climatologue Benjamin Sultan, chercheur à l'IRD, contributeur du dernier rapport du GIEC est l'invité de RFI ce jeudi 31 octobre. L'expert confirme que le réchauffement climatique aggrave les évènements météo. Il pointe l'urgence des politiques d'adaptation pour éviter des catastrophes aux conséquences encore plus lourdes. Entretien.

  • Pascal Allizard, sénateur français, coordinateur spécial de la mission d'observation internationale des élections législatives en Géorgie, était l'invité de RFI matin ce 30 octobre. Après six jours de mission, il raconte les choses vues et évoque une « élection assez déséquilibrée et pas du niveau d'un pays qui prétend intégrer l'Union européenne ». Le vice-président de la Commission des Affaires Étrangères et de la Défense du Sénat assure qu'une « ingérence russe » ne peut être exclue. Entretien.

  • Sophie Primas, ministre déléguée, chargée du Commerce extérieur et des Français de l’étranger, est ce mardi 29 octobre, l'invitée de RFI. Elle revient du G20 Commerce au Brésil, où elle a réaffirmé le refus de la France de ratifier l’accord UE-Mercosur en l'état. Dans cet entretien, elle explique les raisons de cette opposition et revient aussi sur les tensions commerciales avec la Chine, qui riposte aux régulations européennes en visant les exportations françaises de cognac.

  • Le président de la République Emmanuel Macron entreprend lundi 28 octobre une visite d'État de trois jours au Maroc. Le déplacement s’inscrit dans l’optique de la réconciliation et la détente, suivi d’une projection sur l’avenir des relations entre les deux pays, au terme d’une séquence diplomatique tendue trois ans durant. Pour en parler, Abdellah Taïa, écrivain et cinéaste marocain, auteur de l’ouvrage Le bastion des larmes, publié aux éditions Julliard, est le grand invité de notre matinale.

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  • Scrutin de tous les dangers à Tbilissi en Géorgie, les bureaux de vote ont ouvert pour des législatives aux accents de référendum. Celles-ci pourraient redéfinir l’avenir du pays tiraillé entre Moscou et Bruxelles. Le Rêve géorgien, parti au pouvoir pro-russe, affiche sa volonté d’obtenir les trois quarts des sièges du Parlement, face à une opposition pro européenne qui espère pouvoir l’emporter. Pour en parler, Thorniké Gordadzé, ancien ministre géorgien en charge des Relations avec l’Union européenne et enseignant à Sciences Po Paris. Il est le grand invité international de notre matinale.

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  • Élection présidentielle américaine, plus que onze jours avant le jour-J. Et une question qui taraude les observateurs, s’il revenait au pouvoir, à quoi ressemblerait un nouveau mandat de Donald Trump ? Kamala Harris a alerté les électeurs en qualifiant son adversaire de fasciste. Pour en parler, Alice Cohen, journaliste, réalisatrice du documentaire « Droite radicale, la conquête de Washington » sur Arte, est ce matin notre invitée internationale.

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  • Comment faire pour panser les plaies d'un mois de guerre qui sévit actuellement au Liban ? La question est au centre d'une Conférence internationale de soutien au peuple et à la souveraineté libanaise qui s'ouvre ce matin à Paris. Elle a pour ambition diplomatique, encourager un cessez-le-feu, et comme option humanitaire, débloquer des fonds pour une action d'urgence. Jérôme Bertrand, responsable urgence au sein d’Handicap International, de retour de Beyrouth, est le grand invité de notre matinale.

  • Dix jours de travaux, près de 200 pays représentés, la Colombie accueille depuis le lundi 21 octobre la COP16 sur la biodiversité. Mais, deux ans après les engagements forts pris à Montréal, seuls 32 pays ont soumis leur stratégie nationale pour la biodiversité. Les autres n'ont donc toujours pas véritablement de plan d'action. Et pourtant, comme sur le climat, il y a urgence. Pour en parler, notre invité, Bruno David, ancien président du Museum national d’Histoire naturelle.

  • Antony Blinken, le secrétaire d'État américain, est arrivé en Israël ce mardi 22 octobre, marquant le début de sa onzième tournée au Moyen-Orient depuis le déclenchement du conflit à Gaza. Alors que la violence perdure et que la situation humanitaire s'aggrave de manière alarmante dans l'enclave palestinienne, Washington exprime des réserves quant à la reprise des négociations pour un cessez-le-feu. Les défis diplomatiques sont considérables, et les perspectives d'une résolution rapide semblent de plus en plus incertaines. Pour en parler, notre invitée, Hala Abou Hassira, ambassadrice de Palestine en France.