Avsnitt
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Lecture par Anna Mouglalis
Entretien mené par Élisabeth Philippe
Sororité et amitié sont intimement liées. L’amitié, ou la famille que l’on choisit, se construit à partir d’affinités électives et permet d’inventer des nouvelles formes de vie. Hélène Giannecchini explore ce choix, par le biais d’une enquête intime et incarnée. Le mouvement queer et sa généalogie n’est jamais loin. Et Blanche Leridon fait l’archéologie de ce qui unit les fratries féminines – pour lesquelles d’ailleurs, il manque un mot dans la langue française. Rivales, complices, sorcières, les sœurs sont multiples et les enjeux de ces relations, plus politiques qu’on en croit. Si ces livres s’augmentent et se complètent par leur thématique, ils sont par ailleurs portés par des écritures sensibles, où l’image, notamment la photographie, tient une place importante.
Anna Mouglalis, fortement impliquée dans ces sujets, donnera à entendre des extraits de deux livres.
À lire –
Hélène Giannecchini, Un désir démesuré d’amitié, Seuil, 2024. – Blanche Leridon, Le château de mes sœurs, Des Brontë au Kardashian, enquête sur les fratries féminines, Les Pérégrines, 2024. -
Par Emmanuel Lascoux & Jacques Bonnaffé
En présence du compositeur Martin Moulin
Entretien mené par Francesca Isidori
Après son Odyssée, (P.O.L, 2021) Emmanuel Lascoux revient à la Maison de la Poésie avec son Iliade
« Revenir : c’est le verbe d’Ulysse, oui, mais de tout Grec, même et surtout quand, comme Achille, on sait depuis toujours qu’on n’en reviendra pas. Alors pour revenir de l’Odyssée à l’Iliade, il m’a fallu monter encore le son de la colère, déchaîner les bruits de la guerre, lâcher entre les murs de Troie et les vaisseaux toute la meute des insultes (n’oubliez pas que c’est le grand défouloir prescrit dès le début par Athéna), pousser à ses confins la voix, jusqu’au rire goguenard ou narquois des hommes, toujours énorme des dieux, pour mieux accueillir, oh, la douceur imprévisible, la tendresse inattendue, ou, chuut ! inouï, le silence. » -
Saknas det avsnitt?
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Lecture par l’auteur
Entretien mené par Camille Thomine
Dans le quartier du Guéliz à Marrakech, un mystérieux bruit hante et tourmente, nuit et jour, une vieille dame. Inquiets, sa fille et son petit-fils quittent Paris pour mener l’enquête. Sur place, ils guettent, épient, espèrent, mais aucun bruit ne se fait entendre… Tout le bruit du Guéliz ne nous livre pas une mais mille histoires : celles des exodes, des traditions, des liens qui se font et se défont, des origines perdues. À la violence et au vacarme assourdissant de notre époque, ce premier roman aux allures de conte, à la fois tendre, drôle et bouleversant, oppose un bruit. Le bruit du Guéliz. Celui d’un temps révolu, où l’on vivait ensemble.
À lire –
Ruben Barrouk, Tout le bruit du Guéliz, Albin Michel, 2024. -
Les Petites Conférences #6
C’est une école pas comme les autres. On pourrait l’appeler « l’école du dimanche ». On peut venir avec ses amis avec les parents ou les grands-parents, en famille ou tout seul, adulte ou enfant, pour rencontrer, écouter et dialoguer avec les plus grands, philosophes, historiens, plasticiens, musiciens, géographes, astrophysiciens, écrivains, mathématiciens, cuisiniers…Tous passionnés par leur métier et leur recherche ont accepté de venir partager leurs savoirs : Ulysse, le Minotaure, les mots, les images, la guerre, l’amour, la mort, la fête, l’amitié, les trous noirs, le langage, la beauté, le temps, la révolte, le fini et l’infini…À chaque fois un pan du monde est touché.
Ensuite la conférence et le dialogue avec le public seront publiés aux éditions Bayard dans la collection qui comprend déjà plus de 80 titres et dont les livres sont traduits dans de nombreux pays en Europe et plus loin encore.
Cette conférence aura pour thème “Comment devient-on un grand chef cuisinier ?” avec Michel Troisgros. Celui-ci incarne la troisième génération d’une des plus grandes familles de la gastronomie française.Il nous parlera des origines de sa carrière passionnée : les cuisines du célèbre restaurant familial à Roanne, les paysages du Forez, les traditions bourguignonnes, mais aussi la cuisine de sa grand-mère italienne, puis sa formation auprès des plus grands chefs, ses voyages autour du monde et sa découverte de la gastronomie japonaise.
Il a construit son identité culinaire en réhabilitant l’acidité et en l’associant aux produits les plus simples. Pour lui, le plaisir se vit dans le partage, l’amitié, la curiosité : une plante, un client, un arbre, ou encore un artiste, un légume, un vigneron, un apprenti, un confrère, un jardinier, un parent, une volaille, un son, un agriculteur…rien n’est indifférent. Un passionné avec une folle envie de transmettre qu’il s’agisse de sa cuisine ou de son potager. Il a passé la main à ses fils César et Léo, et la tradition familiale se poursuit aujourd’hui avec la quatrième génération.
Ce cycle de conférences est proposé par Gilberte Tsaï.
À lire –
Éric Poitevin, Michel Troisgros, Jean-Claude Lebensztejn, Servez citron, Macula, 2020.
À regarder –
Frederick Wiseman, Menus-Plaisirs – Les Troisgros, 2023. -
Rencontre animée par Victor Macé de Lépinay
Bernard Mélois est sculpteur. Il a consacré son existence à souder des figures spectaculaires dans le capharnaüm de son atelier, en chantant sous une pluie d’étincelles. Alors qu’il vit ses derniers jours, ses filles reviennent dans leur maison d’enfance. En compagnie de leur mère, des amis, des voisins, elles vont faire de sa mort une fête, et de son enterrement une œuvre d’art. Périple en Bretagne pour faire émailler la croix, customisation du cercueil, préparatifs d’une cérémonie digne d’un concert au Stade de France : l’autrice raconte cette période irréelle et l’histoire de ce père hors du commun dont la voix éclaire le récit.
À lire – Clémentine Mélois, Alors c’est bien, Gallimard, 2024 -
Entretien mené par Pauline Le Gall
En se remémorant les moments vécus avec un ancien amant, le narrateur tente de percer le mystère de Jérémie. Qui était cet homme qu’il ne connaissait pas vraiment, et qu’il a aimé, peut-être ? Ce portrait, composé de 1000 fragments, aboutit à un grand roman sur la passion, dans la belle lignée de Roland Barthes et Hervé Guibert.
À lire – Clément Ribes, Mille images de Jérémie, Verticales, 2024. -
Avec Mathieu Baillot
Tout le monde connaît la « méthode Coué » qui désigne, dans l’usage courant, nos vaines tentatives d’auto-persuasion. À ceci près qu’on a oublié combien Émile Coué (pharmacien de son état, né en 1857) fut une star au tournant du vingtième siècle. Étienne Kern nous rafraîchit la mémoire, retraçant la carrière de cet idéaliste et philanthrope qui ne cesse de nous adresser des clins d’œil, à nous qui sommes plus que jamais obsédés par nos souffrances et prêts à tout pour les soulager.
À lire – Étienne Kern, La vie meilleure, Gallimard, 2024 -
Avec Nesles
Au tournant des années 1980, tous les yeux sont rivés sur Marguerite Yourcenar, l’autrice des Mémoires d’Hadrien. Pourtant, que sait-on d’elle ? Qu’elle vit aux États-Unis, qu’elle vient de perdre sa compagne, l’Américaine Grace Frick… À près de soixante-seize ans, Yourcenar semble ne plus rien avoir à attendre de la vie. La rencontre de Jerry Wilson va tout changer. Avec ce photographe américain homosexuel âgé de trente ans commence alors un roman d’amour aussi inattendu que destructeur. On connaissait le dernier amour de Marguerite Duras (Yann Andréa) ; c’est celui de Marguerite Yourcenar que Christophe Bigot exhume en cette rentrée. Invention d’un amour hors normes sur lequel le VIH va venir jeter son ombre.
À lire –
Christophe Bigot, Un autre m’attend ailleurs, éd. de La Martinière, 2024. -
Entretien mené par Sophie Joubert
Un jour de mai 1980, Ilaria, huit ans, monte dans la voiture de son père à la sortie de l’école. De petits hôtels en aires d’autoroute, l’errance dans le nord de l’Italie se prolonge. En pensant à sa mère, elle se promet de ne plus pleurer. Elle apprend à conduire et à mentir, découvre Trieste, Bologne, l’internat à Rome, une vie paysanne et solaire en Sicile. Grâce aux jeux, aux tubes chantés à tue-tête dans la voiture, l’enlèvement ressemble à une enfance presque normale. Mais le père boit trop, il est un «guépard nerveux» dans un nuage de nicotine. S’il la prend par la main, mieux vaut ne pas la retirer, ni reculer son visage quand il lui pince la joue. Ilaria observe et ressent tout : l’écroulement d’une petite fille qui doit accomplir seule l’apprentissage de la vie.
Avec le soutien de Pro Helvetia.
À lire –
Gabriella Zalapi, Ilaria ou la conquête de la désobéissance, éd. Zoé, 2024. -
Lecture par l’auteur & Sophie MarceauStockholm, hiver 1970. Le jeune Björn, quinze ans, se présente aux auditions de Mort à Venise. Il ignore que sa rencontre avec Luchino Visconti est sur le point de changer sa vie : le maestro a trouvé « le plus beau garçon du monde ». Deux destins s’entremêlent, unis par cette beauté – offerte à l’un, révérée par l’autre. C’est l’histoire d’un orphelin et de sa traversée du miroir aux alouettes ; l’histoire d’une famille souveraine et victorieuse dont les relents, déjà, se font sentir. Les armoiries des Visconti étaient formelles : le serpent, toujours, dévore l’enfant. D’une plume virtuose, Guillaume Perilhou dépeint l’écrin doré des palais vénitiens, ou le théâtre funeste du monde ancien. Ce soir, il donne voix à Visconti au côté de Sophie Marceau qui fera entendre ce Björn dont elle ne peut que comprendre l’adolescence starifiée. À lire – Guillaume Perilhou, La couronne du serpent, éd. de l’Observatoire, 2024. Sophie Marceau, La souterraine, Seghers, 2023
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Entretien mené par Christian Casaubon & Julie Gresh
Tandis qu’au volant de sa voiture de location, il fait le tour de la France par les bords, Philippe Jaenada ne peut s’ôter de la tête l’image de cette jeune femme qui, à l’aube du 28 novembre 1953, s’est écrasée sur le trottoir de la rue Cels, derrière le cimetière du Montparnasse. Elle s’appelait Jacqueline Harispe, elle avait vingt ans, on la surnommait Kaki. Elle passait son existence Chez Moineau, un café de la rue du Four où quelques très jeunes gens, serrés les uns contre les autres, jouissaient de l’instant sans l’ombre d’un projet d’avenir. Sans le vouloir ni le savoir, ils inventaient une façon d’être sous le regard glacé du jeune Guy Debord qui, plus tard, fera son miel de leur désinvolture suicidaire.
Dans ce livre magnifique, Philippe Jaenada a cherché à savoir, à comprendre pourquoi une si jolie jeune femme, intelligente et libre, entourée d’amis, une fille que la vie semblait amuser, amoureuse d’un beau soldat américain, s’est jetée, un matin d’automne, par la fenêtre d’une chambre d’hôtel.
En préambule, l’équipe de la Femelle du requin nous proposera un petit retour sur l’oeuvre de Philippe Jaenada (à qui un dossier est consacré dans le dernier numéro) mettant ainsi en perspective ce nouveau livre.
À lire – Philippe Jaenada, La désinvolture est une bien belle chose, Mialet-Barrault, 2024. Revue La Femelle du Requin, n°59 -
Rencontre animée par Sylvie Tanette
Les parents de Miranda, tous deux comédiens, l’élevent dans la joie de vivre et la passion de l’art, de la culture et de la liberté. Avec une fougue rare et précieuse, pensent-ils. Mais depuis sa tendre enfance, leur fille développe une triste étrangeté qui, à l’adolescence, confine à la dépression. Jeune adulte, les troubles s’accentuent : Miranda souffre de dédoublement, lit dans les pensées d’autrui. Rattrapée par des fantômes, elle se rapproche du Club des 27, qui réunit les artistes du rock morts à l’âge de 27 ans. Un terrible compte à rebours commence.
À lire – Rebecca Lighieri, Le Club des enfants perdus, P.O.L., 2024 -
Lecture par l'auteur & Constance Dollé
Entretien mené par Camille Thomine - Interprète : Marguerite Capelle
Patient X est un texte à part dans l’œuvre de David Peace, un livre né du culte qu’il voue à Ryūnosuke Akutagawa (1892-1927), l’un des plus grands auteurs japonais dont l’œuvre phare, Rashomon, a été adaptée au cinéma par Akira Kurosawa. Patient X traverse ainsi la vie de l’écrivain japonais à travers douze nouvelles incarnant différents moments de son existence, depuis sa gestation dans le ventre de sa mère jusqu’à son suicide à l’âge de 35 ans. David Peace sonde tous les états d’âme du poète, des plus lyriques aux plus sombres. En s’inspirant des écrits d’Akutagawa (nouvelles, essais, correspondance), David Peace défie les conventions de la biographie littéraire et compose un singulier et brillant exercice d’admiration, en même temps qu’un bijou pour les amoureux de la littérature et de la culture japonaises.
À lire – David Peace, Patient X, trad. de l’anglais par Jean-Paul Gratias, Rivages, 2024. Ryūnosuke Akutagawa, Les Grenouilles, trad. du japonais par Catherine Ancelot et Silvain Chupin, Cambourakis, 2024 -
Lecture par Marie-Sophie Ferdane
Entretien mené par Céline du Chéné - Interprète : Manuela Corigliano
« Une comédienne, on ne cherche pas à savoir qui elle est. Une comédienne, on l’invente. Une comédienne est un rêve. » La comédienne de ce roman, l’actrice trans la plus connue du monde, peut vivre toutes les vies sur scène mais se sent acculée par un nouvel événement dans son quotidien : elle a décidé, contre tout bon sens, de fonder une famille.
Contre l’avis de tout le monde aussi, elle décide de monter une pièce de Jean Cocteau et de tenter, en plus, un retour périlleux au village natal pour voir ses parents…
Ce roman élégant, érotique et profondément universel est un coup de pioche dans les fondations de la famille et des traditions, une exploration brutale d’un couple atypique, un livre sur les mille et une manières de désirer, de provoquer, de ressentir.
À lire – Camila Sosa Villada, Histoire d’une domestication, trad. de l’espagnol (Argentine) par Laura Alcoba, éd. Métailié, 2024 -
Lecture par Zakary Bairi
Entretien mené par Antoine Idier
À la mort de sa mère, Youssef, un professeur marocain exilé en France depuis un quart de siècle, revient à Salé, sa ville natale, à la demande de ses sœurs, pour liquider l’héritage familial. En lui, c’est tout un passé qui ressurgit. Les voix du passé résonnent et l’interpellent, dont celle de Najib, son ami et amant de jeunesse au destin tragique, happé par le trafic de drogue et la corruption d’un colonel de l’armée du roi Hassan II. À mesure que Youssef s’enfonce dans les ruelles de la ville actuelle, un monde perdu reprend forme, guetté par la misère et la violence, où la différence, sexuelle, sociale, se paie au prix fort. Récit d’une enfance terrible, d’un amour absolu, aussi, pour ses sœurs magnifiques et sa mère disparue.
« Essuie tes larmes et viens à côté de moi. Tes larmes me brûlent maintenant, et j’ai envie de rire, rire avec toi, tu comprends ? »
Abedellah Taïa, Le Bastion des larmes
À lire – Abdellah Taïa, Le bastion des larmes, Julliard, 2024 -
Lecture par Anna Mouglalis
Entretien mené par Francesca Isidori
L’Expédition des Mille, un des épisodes-clefs du mouvement d’unification de l’Italie au XIXe siècle, réserve une surprise de taille : parmi ces mille hommes, l’un d’entre eux était une femme ! Elle s’appelait Rosalie Montmasson, héroïne de l’unité italienne, effacée de tous les livres d’Histoire et de la mémoire collective.
Maria Attanasio va mener l’enquête, et signe le portrait de cette femme oubliée, garibaldienne et socialiste, épouse du premier ministre du premier parlement italien, Francesco Crispi. Qu’elle soit politique ou amoureuse, la trahison sera totale… C’est une histoire d’amour et d’imposture, racontée comme seule Maria Attanasio sait le faire : si ces vicissitudes sont passionnantes, la manière de les faire vivre dans ce livre les sublime.
« La nuit du 5 mai 1860 à Quarto, sur les deux vapeurs en attente eut lieu l’embarquement des victuailles, armes, des hommes, et de la seule femme participant à l’expédition. »
Maria Attanasio, La fille de Marseille
À lire – Maria Attanasio, La fille de Marseille, trad. de l’italien par Laura Brignon, Ypsilon, 2024 -
Rencontre animée par Nicolas Herbeaux
La mère est malade, le père a disparu, l’aîné s’est enfui dans la nuit. Et Nati, ce curieux petit frère, n’est pas un enfant comme les autres. Isolée dans une maison emplie d’ombres, la narratrice interroge le passé. Que cachent tous ces silences autour de leur histoire ? À mesure que le mystère s’épaissit, la maison semble se transformer. Et si c’était elle qui détenait la vérité ? Porté par une écriture électrique, ce huis clos haletant explore les secrets d’une famille troublante.
Née en 1998, Alix Lerasle, poétesse, a obtenu le prix de la Vocation pour son recueil Faut-il des murs pour faire une maison ? (Cheyne). Du verre entre les doigts est son premier roman.
À lire – Alix Lerasle, Du verre entre les doigts, Castor Astral, 2024 -
Entretien mené par Elisabeth Philippe
Une jeune femme idéaliste comme on peut l’être à vingt ans arrive à Paris à la fin des années 1990. On la suit dans sa découverte d’un milieu intellectuel qui a tout d’une caste d’hommes.
Elle y rencontre l’écrivain Alain Robbe-Grillet, imposant « Pape du Nouveau Roman », et son épouse Catherine, maîtresse-star de cérémonies sadomasochistes. Ils incarnent une certaine idée de la littérature et de la liberté sexuelle. Toutes choses auxquelles l’héroïne s’affronte tant bien que mal.
Raconté avec impertinence depuis aujourd’hui, son apprentissage, d’une drôlerie irrésistible, est un conte contemporain. Sa leçon est que la liberté s’exerce dans le jeu avec les autorités établies. Et sa morale, qu’il ne faut jamais sous-estimer les jeunes femmes.
« Pour veiller les unes sur les autres, elles faisaient ce que pouvaient faire des filles seules quand, dans la ville, on laissait circuler des ogres. Soit, presque rien. »
Emmanuelle Lambert, Aucun respect
À lire – Emmanuelle Lambert, Aucun respect, Stock, 2024 -
Entretien mené par Marie-Madeleine Rigopoulos
Berkeley, 1973. Département de dynamique des systèmes. Quatre jeunes chercheurs mettent les dernières touches au rapport qui va changer leur vie. Les résultats de l’IBM 360 sont sans appel : si la croissance industrielle et démographique ne ralentit pas, le monde tel qu’on le connaît s’effondrera au cours du XXIe siècle. Au sein de l’équipe, chacun réagit selon son tempérament. Le couple d’Américains décide d’alerter l’opinion, le Français songe à sa carrière et va conseiller l’industrie pétrolière, quant au Norvégien, surdoué des maths, on ne sait pas trop. Certains disent qu’il est devenu fou. De la tiède insouciance des seventies à la gueule de bois des années 2020, Cabane est la satire féroce d’une humanité qui danse au bord de l’abîme.
“L’avenir des États-Unis dans deux ou dix ans, disait-on en substance aux Dundee, est une chose sérieuse. L’avenir du monde dans cent ans ne l’est pas. »
Abel Quentin, Cabane
À lire – Abel Quentin, Cabane, L’Observatoire, 2024 -
Entretien animé par Margot Dijkgraaf
En avril 2022, la mère de Julia Deck est victime d’un accident cérébral. Selon les médecins, ses chances de survie sont infimes. Mais la patiente déjoue les diagnostics. Commence alors un long cheminement, dans l’espoir d’une convalescence, à travers le dédale des établissements de soins. En parallèle, Julia Deck raconte la vie de cette femme issue d’une famille ouvrière anglaise, passionnée de littérature, qui s’est élevée socialement, est venue habiter en France, tout en continuant d’entretenir un rapport complexe avec sa famille d’Angleterre. Car au milieu de son histoire, Julia décèle une étrangeté, peut-être un secret – un point aveugle dans le récit de sa filiation. Mais à cette interrogation, seule sa mère, précisément, pourrait répondre.
« On y pense ou on n’y pense pas. J’y pense depuis trente ans. Je tente de m’y préparer. J’essaie de me le représenter, d’imaginer les circonstances par quoi s’incarnera l’inévitable, comme si l’envisager sous tous les angles permettait d’améliorer le pire, ou simplement d’y survivre. »
Julia Deck, Ann d’Angleterre
À lire – Julia Deck, Ann d’Angleterre, Seuil, 2024 - Visa fler