Avsnitt

  • Python de Nathalie Azoulai
    En dialogue avec Nicolas Fargues et des personnages de "Python"

    « Les machines du monde tournent grâce à des programmes informatiques qu’on appelle le code. Cette révolution technique ressemble à celle de l’électricité à la différence près qu’elle se compose de langages, de grammaires, de traductions, toutes choses qui devraient nous concerner mais dont nous ignorons tout. Je suis une femme, j’ai plus de cinquante ans, je suis écrivain et, malgré tous ces handicaps, je veux apprendre à coder. Je veux comprendre ce qui se passe sous les doigts des jeunes codeurs qui pianotent jour et nuit, font défiler sur leurs écrans noirs des lignes de signes multicolores, véloces, écrites dans notre alphabet mais que nous autres ne décodons pas. Ils sont là, à côté de nous, silencieux et puissants, et nous ne les voyons pas.
    Mes proches se moquent de moi, me rappellent que je panique au moindre bug et ils ont raison, alors que faire ? Par où commencer ?
    Python est bien le nom d’un langage de programmation mais c’est surtout ici une autofiction écrite comme un conte initiatique, mythologique, au cours duquel je croise Boris, Chloé, Margaux, Enzo, des jeunes gens qui codent et tentent de m’expliquer comment ils font. Je n’y comprends rien, je laisse tomber, je n’ai plus l’âge, je retourne à mes livres, à quoi bon ? Mais Python m’obsède et je m’obstine. Je m’y remets, intriguée par ces bataillons de geeks tournés vers des fonds où ils descendent entre eux, entre hommes. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Que cachent-ils ?
    J’enquête et Python s’écrit en images sur mon mur à coups de visages, de scènes, de mots, de tableaux, de films, comme dans la série Homeland. Et brusquement, le visage de mon suspect affleure. Je remonte le temps, je retrouve Simon qui, le premier, m’a guidée dans le monde des jeunes hommes entre eux, Simon qui planquait ses magazines porno sous mon lit de jeune fille… »

    Python est le récit fascinant d’une séduction contrariée pour le « nouveau monde » informatique, son langage, la puissance et la jeunesse qui lui sont associées. L’enquête se fait progressivement plus intime et trouble, jusqu’à révéler une autre séduction.

  • Rencontre animée par Juliette Cerf
    Interprète : Marguerite Capelle

    Dans cette lettre adressée à son fils de 15 ans, Ta-Nehisi Coates évoque la condition des Noirs aux États-Unis afin de le préparer au monde dans lequel il vit. Il décrit la violence raciste à laquelle il a été confronté tout en revenant sur le parcours qui lui a permis de prendre conscience de sa place dans la société – de son enfance dans le West Baltimore à l’université Howard, du South Side de Chicago à Paris. Et déboulonne l’idée de « race » ancrée dans la culture américaine, mensonge qui gangrène le corps des noirs, autrefois victimes de l’esclavage et de la ségrégation, aujourd’hui menacés, enfermés, détruits au moindre prétexte. Partageant les préoccupations intimes d’un père pour son fils, Ta-Nehisi Coates s’interroge sur ce que c’est que d’habiter un corps noir, comment vivre dans ce corps et se libérer du fardeau de l’histoire. Tissé de récits personnels, Entre le monde et moi jette une lumière crue sur la société américaine et sur ses crises actuelles.
    À l’occasion de cette nouvelle traduction précédée d’un avant-propos inédit, nous sommes heureux de redonner la parole à Ta-Nehisi Coates pour cet ouvrage essentiel devenu un classique contemporain.

    « C’est la nuit sans fin. Et cette nuit a occupé la plus grande part de notre histoire. »
    Ta-Nehisi Coates, Lettre à mon fils.

    À lire – Ta-Nehisi Coates, Entre le monde et moi. Lettre à mon fils, trad. de l’anglais (États-Unis), éd. Autrement, 2024.

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  • Par Christophe Brault

    Le comédien Christophe Brault s’est donné une mission : rattraper l’écrivain-marathonien Éric Chevillard qui alimente son blog quotidiennement depuis plus de dix ans, à raison de trois publications par jour, réunies en un livre par an. Comme s’il était la voix haute de l’auteur silencieux – et plutôt discret – il en fait entendre à merveille toutes les tonalités : sa drôlerie, ses facéties, ses pirouettes verbales, son ironie cruelle, sa tendre cruauté, sa noire lucidité, sa bile multicolore. Voyons s’il suivra le rythme… Le public lui, choisit le sien : une, plusieurs ou toutes les étapes.

    « À ma mort, je demande que soit détruit le manuscrit inédit que vous trouverez dans le deuxième tiroir de mon bureau, certainement mon chef-d’oeuvre, où je livre quelques secrets de ma double vie tout en renouvelant radicalement l’art du roman. »
    Erci Chevillard, L’autofictif : Journal 2007-2008

    À lire
    – aux éditions de l’Arbre vengeur : Éric Chevillard, Craintif des falaises, illustré par Killoffer, 2023
    – L’Autofictif selon Proust, 2023
    – La Chambre à brouillard, éd. de Minuit, 2023.

  • Lecture & rencontre animée par Olivia Gesbert

    Grand poème amoureux, récit d’une passion absolue mais aussi journal d’un auteur sur les routes, d’un père, d’un homme séparé, Le ciel ouvert est le kaléidoscope poétique d’un homme d’aujourd’hui qui affirme son existence résolue : « de ce monde, de cette vie, de ce temps, je veux ma terrible part. Rien n’y fera. »

    « Un chignon, un trait de mascara. Déjà, je ne te reconnais plus. Tu as renoué avec le mensonge de la civilisation. Il ne reste qu’un peu d’ironie dans ton œil pour rappeler le désordre de tout à l’heure. Reviens bientôt. On fera pire, je te promets. »
    Nicolas Mathieu, Le ciel ouvert

    À lire – Nicolas Mathieu, Le ciel ouvert, illustrations d’Aline Zalko, Actes Sud, 2024.

  • Avec Anna Ayanoglou, Joanna Dunis & Sofia Karampali FarhatDialogue animĂ© par Marie-Madeleine RigopoulosTrois poĂ©tesses d’aujourd’hui partagent un lien Ă  la francophonie et Ă  la grĂ©citĂ©, ainsi qu’un solide ancrage dans l’altĂ©ritĂ©, qui se manifestent dans leurs vĂ©cus intimes et leurs Ă©crits littĂ©raires. Dans le cadre d’un renouveau de la poĂ©sie contemporaine irriguĂ© par les femmes, leurs poĂ©sies rĂ©sonnent de maniĂšre chorale, dressant un champ littĂ©raire riche de ses variations. Cette discussion et cette lecture croisĂ©e Ă  trois voix se propose d’étendre et d’entendre un territoire poĂ©tique fĂ©minin, entre francophonies et grĂ©citĂ©s singuliĂšres.SoirĂ©e proposĂ©e par le Centre Culturel HellĂ©nique.« Face Ă  la mer, une Reine un jour m’a dit :Pourquoi la GrĂšce ?J’ai rĂ©pondu parce que le Tout, les images, et le cielEt toi,Que deviens-tu ? »Joanna Dunis, Topologies – Contes d’AthĂšnes.À lire– Anna Ayanoglou, Sensations du combat, Gallimard 2022 ; Appartenir, Castor Astral, 2024– Joanna Dunis, Topologies, Contes d’AthĂšnes, Castor Astral, 2023– Sofia Karampali Farhat, Zaatar, Ă©d. Bruno Doucey, 2023. LaurĂ©ate Prix Ganzo espoir 2024

  • Lecture musicale avec Charly Mitch

    Dans un monologue cavalcadant, un homme nous raconte son histoire : la solitude de l’adolescence et la difficulté à aborder une fille, les relations tendues avec un père envahissant, une mère transparente, une ville périphérique où il n’y a rien à faire. En bref, l’horizon limité d’une existence promise à un ennui incommensurable. Pourtant un jour, tout va changer pour lui. Le jour où il voit pour la première fois Arnold Schwarzenegger au cinéma. Il le sait, il le comprend, il vient de trouver un sens à sa vie : il lui faut prendre toujours plus de muscle et devenir une “machine de guerre”.

    Victor Malzac fait parler un homme en proie à la misère sentimentale et sexuelle – et dépeint du même coup toutes les injonctions qui pèsent sur les garçons pour qu’ils deviennent des hommes. Drolatique, curieusement tendre et électrisant, Créatine est le premier roman d’un poète qui sait muscler ses phrases comme personne.

    « C’est plutôt ridicule d’avoir pour modèle un homme comme mon père, et professeur de français en plus, non, mon modèle c’était Schwarzenegger, c’était Conan le Barbare comme tout le monde. »
    Victor Malzac, Créatine

    À lire – Victor Malzac, Créatine, coll. « Scribes », Gallimard, 2024.

  • Lecture par l’autrice
    Rencontre animée par Sophie Joubert

    Bastien exerce comme inspecteur du travail à Lyon. Lorsqu’un accident terrible survient dans une entreprise de recyclage de plastique, il doit aller faire un constat sur place. Il fait alors face, sans le savoir, à une découverte scientifique aussi fabuleuse que terrifiante.
    Maïa est journaliste scientifique. Elle se débat pour apporter de l’intelligence dans un milieu où on lui demande parfois de vendre du sensationnel. Lorsqu’elle décide d’écrire sur le cristal scintillateur, un matériau développé dans un centre de recherche nucléaire, elle ne s’attend pas à être transportée dans une aventure aussi palpitante que dangereuse.
    Maïa et Bastien, tous les deux embrigadés malgré eux dans cette affaire, sont les deux protagonistes de ce roman haletant comme une série… et comme une fantastique histoire d’amour.

    À lire – Sophie Divry, Fantastique histoire d’amour, Seuil, 2024.

  • Lecture par Nicolas Gény commentée par l’autrice

    Il a fallu près de deux siècles pour que le marché de la rencontre connaisse la vitalité et la légitimité que lui donne aujourd’hui l’ère numérique. Les registres d’agences matrimoniales et l’examen de la presse dédiée aux annonces permettent de lever le voile sur ce domaine de réputation douteuse. Par leurs silences entendus et leurs connotations équivoques, les annonces ne renseignent-elles pas ce qui est communément perçu comme admis, désirable ou au contraire inacceptable ? Indices de la transformation des sociétés, elles révèlent les évolutions du marché matrimonial – qu’il s’agisse de l’équilibre changeant entre enjeux économiques et amour romantique, du poids des stéréotypes de genre, ou des failles grandissantes de la société bourgeoise patriarcale.

    Une soirée spéciale Saint-Valentin bien sûr !

    À lire – Claire-Lise Gaillard, Pas sérieux s’abstenir, Histoire du marché de la rencontre (XIXe-XXe siècle), coll “Interdépendances”, CNRS éditions, 2024.

  • Lecture par l'autrice & Julia Kerninon
    Rencontre animée par Jennifer Padjemi

    Années 80 dans le nord de l’Angleterre. Yrsa grandit avec son frère Roo et sa mère infirmière. Démunie, leur mère les confie à leurs grands-parents, membres de l’Église Adventiste du 7e jour. Au fil des ans, Yrsa subit, de façon insidieuse puis frontale et traumatique, l’emprise des hommes sur son corps transformé.

    Le récit d’Yrsa est le contrepied poétique et touchant au male gaze, par la voix mutante d’une enfant, d’une sœur, d’une ado, d’une escort, d’une poétesse dans l’âme, d’une femme en plein empowerment. La Vie précieuse est un ultra-moderne récit de formation, qui rappelle les effets de composition cinglants de la réalisatrice Michaela Coel (série I May Destroy You) et les envolées pleines de vie et de rage de Kae Tempest.

    Libre, déterminée, militante féministe et intersectionnelle, Yrsa Daley-Ward a imposé sa voix dans le monde entier, saluée par le Pen Prize du meilleur roman autobiographique. Elle a par ailleurs collaboré avec Beyoncé en 2020 pour le film et l’album Black is King.

    « Jusqu’ici, j’ai tout aimé, même les choses les plus terribles. »
    Yrsa Daley-Ward, La Vie précieuse.

    À lire
    – Yrsa Daley-Ward, La vie précieuse, trad. de l’anglais par Julia Kerninon, éd. La Croisée, 2024.
    – Julia Kerninon, Sauvage, L’Iconoclaste, 2023.

  • Lecture par l'autrice & rencontre animée par Sylvie Tanette

    Fauvel a perdu un œil suite à un tir de LBD. Elle accepte de garder la chienne du père d’une de ses amies dans une maison isolée à la campagne. Hannah n’est pas un chien comme les autres, c’est le clone d’une première Hannah, qui trône empaillée au milieu du salon. Elle suscite les peurs et les reproches muets du village, à mesure qu’on découvre au matin des animaux massacrés, et qu’elle-même rentre parfois ensanglantée.
    Cette situation est le point de départ d’un récit de traque et de cauchemar délicatement progressif. Au fil d’une pseudo-enquête hallucinée, le roman explore les notions de domination, d’animalité et de violence. À travers la proximité, voire l’amalgame entre animaux et humains, Aliène questionne la nature de ce qui est caché, la vie animale, et surtout l’instinct de peur. Tel est le véritable fil du récit, rarement traité avec autant de nuance et de force.

    « Ainsi il existe encore des lieux sur ce continent et dans ce pays qui est malencontreusement le mien, dans la mesure où cent fois préférable aurait été de naître apatride ou de ne pas naître du tout, il existe encore des lieux qui ressemblent à l’image idéale que l’on s’en fait. »
    Phœbe Hadjimarkos Clarke, Aliène.

    À lire – Phoebe Hadjimarkos Clarke, Aliène, éd. du sous-sol, 2024.

  • Rencontre animée par Simon Paye

    Avec On a peur mais ça va, prix de la Vocation 2023, Andrea Thominot signe son premier livre chez Cheyne éditeur. Dans ce texte, l’auteur abandonne le « je », devenu impersonnel et choisit le « on » pour porter la voix de la jeunesse d’aujourd’hui. Il imagine d’autres manières de parler du corps, de respirer, d’avancer. Sa poésie se fait l’écho de ces voix hésitantes, qui ne savent plus comment faire, qui se réveillent dans plusieurs corps. Ces voix qui doutent, heurtent, brûlent, cherchent la douceur et l’harmonie « on ne sait plus où ».

    Dans On a peur mais ça va, il s’agit de tentatives. D’essayer et de s’essayer, sans certitude. De reprendre souffle. De reprendre courage aussi. Andrea Thominot donne voix à ce « on », à cette communauté qui redoute l’avenir. Mais avance coûte que coûte.

    “on garde des secrets.
    on se garde du temps en trop après minuit
    on se garde un endroit sur la peau qu’on n’a jamais blessé
    on a des recettes secrètes
    avec du café, du poivre, de la menthe verte
    on fait un poison qui nous soigne
    on recrache de la terre qui s’est accumulée
    dans nos poumons
    on recrache la terre les racines la roche
    on ne s’étouffe plus,
    on peut presque dire qu’on respire.”
    Andrea Thominot, On a peur mais ça va

    À lire – Andrea Thominot, On a peur mais ça va, éd. Cheyne, 2023.

  • Rencontre animée par Sébastien Rongier

    Il est des romans qui sont des enquêtes aussi littéraires que psychanalytiques, des dialogues qui entremêlent les livres et les destins.
    Lucie est psychiatre. Elle retrouve les traces d’un ancien patient, Hector. Elle décide de comprendre qui est la figure paternelle qui a détruit et hanté le jeune homme et découvre sur le chemin des landes anglaises, une histoire familiale, celle des Brontë qui mêle les névroses à la littérature, la nuit romantique à la fragilité des sentiments.
    Par les lieux qu’il choisit, les zones d’ombres qu’il arpente mais aussi par la force des victoires intimes, Quitter Hurlevent est un roman sur la beauté et le danger de vivre.

    Une soirée proposée par remue.net

    « Fourrant ma montre dans ma poche, je m’assieds à la table de jeux. Maintenant j’ai tout mon temps pour savoir ce qu’il s’est passé cet après-midi du 4 juillet 2016, en bas de la colline de Hurlevent. »
    Laurence Werner David, Quitter Hurlevent.

    À lire
    – Chez Quidam : Laurence Werner David, Quitter Hurlevent, 2024
    – Un autre dieu pour Violette, réédition 2024.

  • Lecture par l’auteur
    Rencontre animée par Victor Pouchet

    En glanant dans les champs désolés est un choix de poèmes écrits par Eugène Green pendant les deux premières décennies du siècle présent. Le cinéaste et écrivain y cherche à renouer avec une certaine tradition poétique, qu’il a tenté de définir dans son essai En faisant, en trouvant (2022). Ces pièces tantôt lyriques, tantôt contemplatives, tantôt comiques, écrites en vers métriques, souvent avec des rimes, et même en utilisant des formes fixes, invitent le lecteur à les lire à haute voix, et sont fondées, comme les films de l’auteur, sur l’idée de la présence qui se révèle dans le verbe incarné.

    Je suis né pauvre et nu, ce qui est très courant,
    Mais je me suis trouvé sans langue ni pays,
    Sans troupeau, sans berger, et sans ami,
    Et ainsi j’ai zoné à travers mon enfance.
    Dans ce désert je ne voyais de beau
    Que les arbres, les fleurs, les animaux
    Eugène Green, En glanant dans les champs désolés

    À lire – Eugène Green, En glanant dans les champs désolés, Champ Vallon, 2023.

  • Rencontre animée par Marie-Madeleine Rigopoulos

    « Je ne sais pas ce que déclenche la mort d’un père, je ne sais pas si je vais me briser, me tordre ou grandir, m’élever. Je sais que je vais devenir une autre personne, j’espère être meilleure, progresser, j’espère ne jamais perdre ma douceur et mon étonnement sur le monde, j’espère que je saurai remplacer ce qui va désormais me manquer. (…) Il y aura une force nouvelle et inconnue parce que je ne veux pas tomber. »

    Face à la douleur, Nina Bouraoui se tourne vers l’écriture, et mêle la vie de son père à la sienne. Tous les souvenirs reviennent de Paris à Alger, un art de jouer et d’aimer, une façon de vivre et d’observer. Nina Bouraoui raconte ce grand seigneur à l’existence hautement romanesque, et imagine les secrets qu’il emporte. C’est le bouleversant récit d’une perte et d’un rendez-vous par la mémoire et l’amour.

    À lire – Nina Bouraoui, Grand Seigneur et Le désir d’un roman sans fin, J.C. Lattès 2024.

  • Lecture par l’autrice

    Gaëlle Obiégly, qui a l’art de poser sur le monde un regard joyeusement décalé, s’intéresse dans ce texte à ce qu’elle « trimballe » avec elle. Que ce soit dans un sac à dos ou à bandoulière, dans ses bibliothèques, dans ses lieux de vie, dans sa tête ou dans son corps, quelle valeur donner à ce qui la constitue, intérieurement et extérieurement ? Et que faire lorsqu’elle croise sur sa route un « petit tas d’ordures » qui lui semble posséder une richesse sans nom ? Le « sauver » déjà, de sa condition de déchets, l’analyser ensuite, comme un objet protéiforme, plein d’histoires et de symboles. L’incarner, en somme, et tâcher de le comprendre en s’adressant à ce qu’il renvoie – : « Qui es-tu, petit tas d’ordures ? »

    Dans le cadre des Nuits de la lecture.

    « Triant laborieusement, j’ai passé plusieurs mois à discriminer ce qui a de la valeur et ce qui ne vaut rien. D’un côté ce qui est destiné au paradis des archives ; de l’autre ce qui est voué à disparaître dans le néant des ordures. »
    Gaëlle Obiégly, Sans valeur.

    À lire – Gaëlle Obiégly, Sans valeur, éd. Bayard, 2024.

  • Rencontre animée par Pierre Benetti

    Depuis plus de trente ans, Antoine Volodine et ses hétéronymes (Lutz Bassmann, Manuela Draeger ou Eli Kronauer pour ne citer qu’eux), bâtissent le “post-exotisme”, un ensemble de récits littéraires de “rêves et de prisons”, étrangers “aux traditions du monde officiel”. Cet édifice dissident comptera, comme annoncé, quarante-neuf volumes, du nombre de jours d’errance entre la mort et la réincarnation selon les bouddhistes. Vivre dans le feu est le quarante-septième opus de cette entreprise sans précédent et c’est le dernier signé par Antoine Volodine. On y suit Sam, un soldat qui va être enveloppé dans les flammes quelques fractions de seconde plus tard, quelques fractions de seconde que dure ce livre, fait de souvenirs et de rêveries. Un roman dont la beauté est forcément, nécessairement, incandescente.

    À lire – Antoine Volodine, Vivre dans le feu, Seuil, 2024.

  • Par André Manoukian, Claire Mouradian & Olivier Martinaud

    Qui d’autre qu’André Manoukian pour célébrer en musique et en poésie la mémoire de Missak et Mélinée Manouchian qui entreront au Panthéon, le 21 février 2024, 80 ans après l’exécution par l’occupant allemand de Missak et de ses camarades communistes de l’Affiche rouge.

    De leur enfance à leur rencontre dans le Paris du Front populaire et à leur engagement dans la résistance armée des FTP MOI, l’itinéraire de ces orphelins du génocide des Arméniens est retracé par trois historiens, Astrig Atamian, Claire Mouradian et Denis Peschanski, dans un ouvrage des éditions Textuel, illustré de nombreux documents d’archives dont des poèmes de Missak et son émouvante dernière lettre à Mélinée, qui inspirera Aragon et Léo Ferré.

    Lectures et musique jalonneront la soirée présentée par Claire Mouradian.

    À lire – Astrig Atamian, Claire Mouradian, Denis Peschanski, Manouchian, Textuel, 2023.
    Ouvrage publié avec le soutien de l’UGAB, de la Fondation d’entreprise La Poste, du ministère des armées, d’Amber Capital, de la Fondation Aznavour, de la Fondation Boghossian, de la Fondation Gabriel Péri, de la Fondation Topalian et d’Olivier Legrain, créateur du fonds de dotation Riace France pour les migrants.

  • Rencontre animée par Antoine Idier

    Le sort réservé à Joseph K dans Le procès de Kafka a de quoi épouvanter : on y découvre un monde régi par un pouvoir « omniprésent et sans règle, effrayant et illogique, tout-puissant mais insaisissable ». Très loin du nôtre a priori. Et, pourtant, nous y reconnaissons quelque chose. Quel est ce « quelque chose » ? Et n’y a-t-il pas matière à nous méfier de cette identification spontanée ? Ce qui nous semble kafkaïen (injuste, arbitraire et donc opaque et imprévisible) ne retrouve-t-il pas une terrible clarté quand on s’extrait de l’appréhension subjective pour penser avec la sociologie ? Joseph K n’est personne en soi ; mais à lui donner un visage, une classe sociale et le cauchemar kafkaïen devient funestement réel, permettant à Geoffroy de Lagasnerie d’interroger la nature même du système judiciaire dans nos sociétés, y compris la notion de jugement et de culpabilité.

    « Sans doute est-ce parce que chacun d’entre nous ressent au plus profond de lui-même que notre monde est opaque, que les institutions avec lesquelles nous devons composer pour vivre nos vies sont dotées de fonctions cachées et mystérieuses, (…) que nous cherchons sans cesse, dans la littérature ou la théorie, dans l’art ou la psychanalyse, des interprétations qui pourraient nous dire la vérité de ce qui est – nous révéler ce qui se joue derrière la façade trompeuse des apparences. »
    Geoffroy de Lagasnerie, Se méfier de Kafka

    À lire – Geoffroy de Lagasnerie, Se méfier de Kafka, Flammarion, 2024.

  • Rencontre animée par Sophie Joubert
    Interprète : Manuela Corigliano

    Quand Marcelo disparaît, Irene rassemble ses économies, quitte Madrid et embarque pour un voyage autour de la Méditerranée à bord d’un cabriolet. De restaurants en hôtels de luxe, de la Cinecittà à Sète, des décors de Ben-Hur aux cimetières marins, chaque escale a son lot de solitude et de rencontres. Telle une sorcière de l’amour invoquant le fantôme de Marcelo, elle ressuscite l’homme de sa vie dans le corps consommé des amants qu’elle collectionne, jusqu’à ce que le roman d’amour prenne des allures de thriller dramatique…

    En partenariat avec l’Institut Cervantes.

    À lire – Manuel Vilas, Irene, trad. de l’espagnol par Isabelle Gugnon, éditions du sous-sol, 2024.

  • Rencontre avec l’auteur & Diane Foley
    Dialogue animé par Kerenn Elkaïm
    Interprète : Marguerite Capelle

    Comment rester debout face à la violence, à l’horreur ? Comment regarder dans les yeux celui qui vous a enlevé ce que vous aviez de plus précieux ? Comment pardonner à l’assassin d’un des siens ? Comment garder espoir quand tant d’atrocités sont commises au nom de la religion ? Colum McCann a accompagné Diane Foley au procès des bourreaux de Daech, ceux qui ont torturé et décapité son fils, le journaliste américain James Foley. Jour après jour, il a vu cette mère au courage exceptionnel puiser dans sa foi et son humanisme la force d’affronter ce drame atroce et violent. De cette expérience hors normes, Colum McCann a tiré un texte puissant, pour redonner voix à tous ceux qui souffrent et luttent contre les fanatismes.

    À lire – Colum McCann (avec Diane Foley), American mother, trad. de l’anglais par Clément Baude, éd. Belfond, 2024.