Avsnitt

  • Dans un cadre budgétaire restreint, la France a annoncé en février dernier devoir faire 10 milliards d’économie. 800 millions se feront sur les budgets de l’Aide publique au développement. Ce qui ramène l’APD à 0,5% du revenu national brut de l’État. « Bras armé » de la politique d’aide de la France : l’Agence française de développement a rendu publics ses résultats annuels mi-mai. Et la question des restrictions budgétaires ont pris une place importante dans les discussions.

    Agence française de développement

  • Le Maroc et la France ont relancé leur partenariat bilatéral au cours des dernières semaines. Après deux ans de crise, les deux pays ont choisi l’économie pour renouer les liens. Au cœur du contentieux entre les Paris et Rabat, la question du Sahara occidental, un territoire revendiqué par le Maroc, mais aussi par des indépendantistes soutenus par l’Algérie. Le Royaume chérifien reprochait notamment à Paris son manque de solidarité avec ce qu’il appelle « son intégrité territoriale ». Alors la France, en signe de bonne volonté, a autorisé ses investisseurs publics à financer des projets sur ce territoire.

    De notre correspondant à Rabat,

    L’annonce est intervenue quelques semaines avant la grande réconciliation. La Banque publique d’investissement, la BPI, et Proparco, une filiale de l’Agence française de développement, ont été autorisées par le gouvernement français à financer des projets dans les trois régions qui composent le Sahara occidental, contrôlé par le Maroc.

    Depuis, plusieurs ministres sont venus confirmer cette volonté française de faire un pas vers Rabat. « Le choix qui a été fait est très clair, a souligné le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, en visite à la fin du mois de mars. C’est de participer au financement d'une ligne de transport d’énergie décarbonée entre Dakhla et Casablanca. Donc j’ai fait part, comme l’avait fait notre ministre du Commerce extérieur Franck Riester, de notre disponibilité à participer au financement de cette ligne. »

    Usine de dessalement à Dakhla, ligne à haute tension

    Plusieurs entreprises françaises sont déjà impliquées dans des projets au Sahara occidental. Le géant de l’énergie Engie construit actuellement en partenariat avec le marocain Nareva une usine de dessalement à Dakhla. Une présence française qui pourrait s’amplifier suite à ces annonces. « C’est une avancée essentielle que je salue ici devant le ministre Bruno Le Maire, a commenté le président du Mouvement des entreprises de France (Medef), Patrick Martin, présent aux côtés de Bruno Le Maire à Rabat. Je suis ici pour affirmer et vous confirmer que le secteur privé français sera au rendez-vous et prendra, pour autant qu’on la lui laisse, toute sa part dans ces projets. »

    Pas seulement des investissements tricolores

    Les entreprises françaises ne sont pas les seules potentielles bénéficiaires de ces financements BPI et Proparco. Cet argent pourra aussi être utilisé dans des projets non français. « C’est une bonne nouvelle pour les entreprises françaises. C’est un levier complémentaire pour les entreprises françaises qui voudraient s’implanter dans les provinces du sud marocain, précise Jean-Charles Damblin, directeur général de la Chambre française de Commerce et d’Industrie au Maroc. Mais c’est une bonne nouvelle de façon générale pour l’investissement tout court. On parle de financement et non d’investissement. Le financement va supporter l’investissement, mais l’investissement pourra être européen, non européen, mais aussi marocain. »

    Quant aux projets marocains sur lesquels la France s’est positionnée, comme la ligne haute tension Dahkla Casablanca, le Maroc n’a pas encore officiellement choisi ses futurs partenaires.

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  • La Zambie peine à doper sa production de cuivre, un des métaux dits critiques pour la transition énergétique et source de 75% des devises du pays. Après des problèmes de gouvernance à la tête des mines, la sécheresse est la nouvelle menace, car elle crée de grave pénuries d'électricité, indispensable à l'exploitation des gisements.

    Deuxième producteur de cuivre en Afrique, la Zambie a vu sa production chuter sous les 700 000 tonnes l'an dernier. Un déclin avant tout lié aux restructurations des dernières années. « Il y a eu la liquidation en 2019 de la mine de Konkola qui a eu un impact négatif sur la production de cuivre en Zambie, explique Alex Caramento, spécialiste des mines zambiennes au Social Science and Humanity Research Council. Puis la renationalisation de la mine de Mopani, qui était entre les mains de Glencore, et qui avait un besoin urgent de nouveaux capitaux. »

    Un groupe émirien est depuis venu au secours du gisement Mopani. Mais désormais, c'est la sécheresse prolongée qui menace la production de cuivre zambienne. Le principal barrage, Kariba, n'a pas été rempli pendant la saison des pluies. Or, 80% du courant dans le pays est d'origine hydroélectrique.

    Impact immédiat sur les finances et à venir sur les volumes

    Pour l'instant, l'impact de ces délestages sur les mines de cuivre zambiennes est avant tout financier. « Le manque d'énergie suffisante pour les mines crée beaucoup de pression sur les finances des mines, sur la capacité financière des compagnies minières à produire leur propre source de courant, observe Claude Kabemba, directeur général de l'Observatoire des ressources naturelles de l'Afrique australe. Je pense qu'ils ont encore la capacité financière de faire travailler les générateurs pour leurs mines. »

    L'impact sur la production de cuivre n'est donc pas immédiat, mais il pourrait selon cet expert se faire sentir à partir de juin, puisqu’on entrera dans la saison sèche. « Les compagnies minières pourront avoir beaucoup de difficultés à produire assez de minerais », juge-t-il.

    À moyen et long terme, les mines auront intérêt à développer la production d'énergie solaire sur les gisements. Mais la Zambie devra également créer de nouvelles sources d'énergie pour compenser la baisse de rendement des barrages – elle doit déjà acheter plus de courant au Mozambique.

    Qui paiera les nouvelles sources de courant ?

    Mais qui paiera pour ces dépenses, alors que les Zambiens subissent déjà des délestages huit heures par jour ? C’est tout l’enjeu. « Si vous augmentez le tarif de l'électricité pour les citadins, souligne Alex Caramento, vous mécontentez beaucoup de gens. Et si vous vous tournez vers les mines, les mines vont vous dire : "bon, nous, on a déjà moins de courant disponible, et on va devoir le payer plus cher ?" C'est ça, le plus grand problème pour la Zambie : comment financer les nouveaux projets de production d'énergie et d'électricité. »

    Le débat risque de ne pas être tranché par les autorités de Lusaka d'ici au scrutin présidentiel, dans deux ans. L'objectif de produire 3 millions de tonnes de cuivre en 2030 semble dans ce contexte difficile à atteindre.

  • Sur le terrain, l’Union européenne, à travers sa Banque d’investissement (BEI), veut contribuer au développement d’une agriculture durable. En Côte d’Ivoire, elle a accordé un prêt de 25 millions d’euros en septembre dernier au groupe financier Cofina – un organisme panafricain qui accorde des crédits dans le secteur agricole notamment et aux PME – pour aider notamment la filière cacao à se mettre dans les clous de la nouvelle loi communautaire.

    De notre envoyée spéciale à San Pedro,

    La nouvelle loi européenne va imposer des importations « zéro déforestation » et englober également des exigences sociales (le respect des travailleurs, la mise en avant des femmes, le non-travail des enfants, etc.). Brahima Niampa est à la tête de la coopérative Ecopas. Nous marchons au milieu des cacaoyers de l’un des producteurs avec qui il travaille. Il a obtenu un prêt de 200 millions de francs CFA de Cofina. « C’est pour acheter plus de cacao parce que par moments, si vous n’avez pas de liquidités, le cacao peut partir en dehors de la coopérative, explique Brahima Niampa. Donc, avec l’aide du financement de Cofina, nous avons pu récolter plus de 90% de la production de nos producteurs et cela nous a permis de dégager une plus-value que nous avons réinvestie au niveau de la population. »

    Une partie de cette plus-value, assure ce responsable de coopérative, va aux communautés « en leur créant des facilités de prêts, en constituant des écoles, en octroyant des kits scolaires, en mettant les femmes en associations pour leur permettre d’être financièrement stables ». Autre objectif, encourager également l’agroforesterie. Une prime est reversée en fonction des arbres plantés dans la cacaoyère, assure-t-il par ailleurs.

    Développement durable et impacts sociaux

    30% des prêts accordés doivent soutenir l’entrepreneuriat féminin et au moins 30 autres être consacrés à des financements verts, détaille le vice-président de la Banque européenne d’investissement, qui est venu visiter la plantation. « Nous ne sommes pas une institution de réseau, mais en revanche, on est très intéressé à ce que nos projets financent bien des bénéficiaires finaux des coopératives agricoles dans ce cas-là, qui répondent aux caractéristiques de nos prêts en matière de développement durable, détaille Ambroise Fayolle. Ce que je trouve remarquable, c’est qu’en général, cela prend beaucoup de temps et là, on a à peine signé il y a six mois que déjà, les cacaoculteurs bénéficient des revenus. »

    La BEI a accordé un crédit à faible taux au groupe financier Cofina, qui dispense lui-même des facilités aux coopératives qui affichent leur volonté à travailler de façon durable. La Banque européenne d'investissement apporte également de l’assistance technique à ce groupe. « Pour nous, c’est surtout mesurer l’impact environnemental et social », précise Serge Massamba Ndombele, directeur stratégie de Cofina.

    Il s’agit pour lui de s’assurer de « l’impact sur les populations des prêts qui arrivent au nom de la BEI comme partenaire. Donc c’est ça, on veut vraiment avoir une assistance technique pour mesurer l’impact en termes de baisse de la pauvreté de la population et en termes d’éducation. C’est important d’accompagner les planteurs en termes de prêts scolaires, etc. » Vingt-deux coopératives de cacao ont déjà bénéficié des prêts de la Cofina, pour un montant de plus de 2 millions d’euros.

  • Dans une Tunisie en proie à la crise économique, un lycéen de 18 ans est parvenu à créer sa propre fabrique de baskets, dans la médina de Tunis. Le fonctionnement de son entreprise est encore artisanal, mais Mouheb Weslati a des rêves plein la tête.

    De notre correspondante à Tunis,

    Un rouleau de tissu sous la main, Mouheb Weslati a des airs de grand adolescent. « C’est ici que je m’approvisionne, explique-t-il en s’enfonçant dans le dédale de la médina. Je viens ici tous les matins dès 7 heures. Je regarde les commandes que j’ai reçues sur Messenger et en fonction de cela, je fais mes achats. Puis je vais en cours. »

    Entrepreneur et lycéen à la fois, Mouheb était prédestiné à se lancer dans les affaires. « Je suis dans ce quartier depuis que je suis tout petit, raconte-t-il. Mon père avait un atelier de chaussures qu’il a dû fermer. Comme j’ai appris le métier, j’ai eu envie de me lancer. J’ai travaillé l’été, j’ai mis de l’argent de côté, et voilà… »

    Créer la plus grande marque de baskets de Tunisie

    L’atelier est situé dans une ancienne auberge qui tombe en ruines. Mais la fabrique n’en a pas moins sorti, selon Mouheb, 2 400 paires de chaussures pendant le ramadan. Un mois à l’issue duquel les Tunisiens ont l’habitude de s’acheter une tenue neuve pour l’Aïd.

    Vendues aux alentours de 40 dinars, soit environ 12 euros, les baskets de Mouheb lui permettent de faire vivre six personnes. Et il a de grandes ambitions. « Plusieurs de mes amis du quartier ont quitté la Tunisie pour l’Europe, observe-t-il. Moi, ça ne m’intéresse pas. Quitter mon chez moi pour me trouver sous un pont, ça n’a pas de sens. J’ai un rêve et je vais tout faire pour le réaliser. Je veux lancer la plus grande marque de baskets en Tunisie. »

    À écouter aussiTunisie: comment rendre l'artisanat plus profitable pour les femmes

    « L'histoire m'a poussé à le soutenir »

    Ce talent allié à un culot tout en douceur n’est pas passé inaperçu dans les ruelles de la médina. Lotfi Hamadi est à la tête d’une maison d’hôtes de luxe et il vient de passer une première commande d’une dizaine de paires, pour les employés de son établissement.

    « L’idée de soutenir un jeune artisan-entrepreneur de la médina me plaît, explique-t-il. Moi qui viens tous les jours à la médina et qui passe devant toutes ces boutiques de baskets, je ne savais pas qu’il y en avait un qui en produisait sur place. Je pensais que tout venait de Chine. Quand j’ai découvert, par hasard, qu’il y avait un atelier et que derrière, il y avait un gamin… Au-delà du produit, l’histoire m’a poussé à le soutenir absolument. »

    Avec les bénéfices des premières commandes, Mouheb a prévu de mettre aux normes son petit atelier de la médina. Il cherche toujours un nom à sa marque.

    À écouter aussiTunisie: les artisans bijoutiers qui travaillent le corail menacés de disparition

  • Selon le ministère de l'Agriculture mauritanien, la première expérience à grande échelle a porté ses fruits en mars dernier dans la commune de Rosso, dans la région du Trarza. Cet essai est le fruit d’un partenariat entre le secteur public et deux sociétés privées agricoles. Une excellente nouvelle pour ce pays qui importe la quasi-totalité de son blé.

    L’essai à grande échelle consistait à cultiver deux variétés de blé sur 200 hectares de sols sablonneux dans la commune de Rosso. Selon le ministère de l'Agriculture, entre 4 et 5 tonnes de blé par hectares ont été obtenues.

    Un résultat prometteur et encourageant pour ce pays importateur, selon Isselmou Ould Sid El Moktar, délégué régional du ministère de l’Agriculture dans le Trarza. Il souligne que cette nouvelle expérience prouve une fois de plus que la culture de blé est rentable, et précise qu’avec l’accompagnement soutenu des pouvoirs publics et l’investissement du secteur privé, la Mauritanie pourrait couvrir ses besoins en blé comme c’est presque le cas aujourd’hui avec le riz.

    « Les exigences en terre et en eau sont favorables, estime-t-il. Le blé, c’est moins contraignant que la culture de riz, moins coûteux en termes d'eau, c'est nouveau, il n'y a pas beaucoup de maladies... L’État a fourni un appui aux investisseurs. La stratégie de l’État à l’époque privilégiait le riz, je pense que maintenant, il s’engage pour cette culture et je pense qu'il va continuer ou augmenter l’appui. Car on a besoin de ces céréales. »

    Un investissement nécessaire

    Le délégué régional précise que pour mener à bien cette expérience, l’État mauritanien a multiplié les aides : à travers la fourniture d’engrais, le désenclavement de la zone, la protection des cultures ou encore l’électrification des zones de production. « Un investissement nécessaire et stratégique pour l’approvisionnement du pays », selon Isselmou Ould Mohamed Taleb, économiste et statisticien qui rappelle le contexte international, notamment depuis l’expiration en juillet dernier de l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes. Selon la dernière note trimestrielle de 2023, la Mauritanie y importait 1/5e de son blé.

    Le défi de la rentabilité

    L’économiste Isselmou Ould Mohamed Taleb précise aussi que cette nouvelle culture est un pari : « Le blé est certes une denrée stratégique pour la Mauritanie, explique-t-il, on prend moins de risques avec les évènements internationaux. Mais le riz était pendant de nombreuses années en Mauritanie subventionné, les intrants aussi. Est-ce que cultiver du blé va être aussi rentable que cultiver du riz ? Le prix du blé est nettement plus bas que le prix du riz sur les marchés et il y a aussi la concurrence du blé extérieur. »

    Il espère par ailleurs que cette volonté de cultiver du blé perdura malgré les défis : « Il faudra beaucoup de temps pour d’abord avoir une main-d’œuvre qualifiée. Il y a aussi ceux qui sont propriétaires fonciers, qui n’ont pas les moyens de mettre en valeur et en plus, il faudra s’assurer que le marché sera un marché avec un pouvoir d’achat suffisant. Mais ça pourrait marcher. »

    Selon les données de la FAO, la Mauritanie a importé plus de 75 000 tonnes de blé d’une valeur de 322 millions de dollars sur le marché international en 2022.

  • Au Maroc, se tenait récemment le Salon international de l’agriculture de Meknès. Le secteur agricole est central pour l'économie du Royaume. Il représente un peu plus de 13% du PIB et fait l’objet d’une attention accrue de l’État. Pour entretenir le domaine agricole et l’améliorer, les solutions numériques sont encouragées et encadrées par un pôle digital, créé par le ministère de l’Agriculture.

    De notre envoyée spéciale à Meknès, Nadia Ben Mahfoudh

    Le nouveau pôle digital rassemble des acteurs du privé et du public, autour d’un même objectif : intégrer le digital à l’agriculture. « Autour de la table, nous avons les établissements de recherche et de formation, les établissements "métiers" du ministère, le Conseil agricole, la sécurité alimentaire, les zones oasiennes, l'arganier, l'assurance et le foncier », détaille la directrice de ce pôle, Loubna El Mansouri.

    Tous ces acteurs travaillent sur un premier projet commun, celui des réseaux de fermes digitales du Maroc, lancé il y a quelques jours (en avril 2024) lors du Salon International de l’Agriculture du Maroc de Meknès. L’objectif est de changer la pratique agricole grâce au digital. « Nous croyons beaucoup à ce mécanisme qui va servir à vulgariser la digitalisation et la faire sortir des laboratoires, des start-ups, et la mettre à disposition dans l'actif de l'agriculteur, souligne Loubna El Mansouri. Nous voulons être ensemble, depuis l'idée qui normalement doit venir de l'agriculteur jusqu'à la consommation de la technologie. »

    Khalid Hanafi fait partie des agriculteurs qui ont déjà contribué à cette démarche avec une idée innovante. Il est ingénieur en télécommunication et producteur de pommes et de poires depuis 2013.

    Un logiciel pour mieux conserver les fruits

    Tout est parti du constat de l'impossibilité de conserver l’ensemble de sa récolte en bon état. « 80% des frigos sont des frigos qui ne contrôlent que la température et l'humidité, explique-t-il. Alors qu’il y a un troisième paramètre très important : l'éthylène. Lorsqu'on fait la cueillette de la pomme et de la poire, elles produisent de l'éthylène. Si ce gaz est toujours confiné, il accélère le processus de maturation et il détériore le produit stocké. » Khalid Hanafi a donc cherché une solution pour préserver sa récolte stockée. Il a développé un logiciel relié à de simples détecteurs d’humidité, de température et surtout d’éthylène à installer dans les réfrigérateurs. « On a développé une solution qui va mesurer la concentration de l'éthylène à l'intérieur de la chambre froide. Une fois qu'on détecte qu'il dépasse un seuil, le système va nettoyer cet éthylène sans ouvrir les portes, sans que la chambre froide soit en contact avec l’extérieur », explique-t-il.

    Le tout coûte 20 000 dirhams, soit environ 2 000 euros et permet d’éviter les 15% de pertes que génère un réfrigérateur non équipé. L’agriculteur est prêt à commercialiser cette solution digitale. Il est en discussion avec le ministère de l’Agriculture pour mettre en place des subventions qui permettront d’encourager les agriculteurs et les frigoristes à intégrer ce système dans leur activité.

  • Au Kenya, le commerce de la fripe tient un rôle économique de taille. Mais le secteur est très critiqué pour son impact environnemental et sanitaire. D’après l’organisation des Nations unies pour l’environnement, l’industrie du textile est responsable d’entre 2 à 8% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde chaque année. Face à ce constat, Africa Collect Textile tente de donner une seconde vie aux vêtements usagées.

    C’est dans une petite maison en bordure de Nairobi qu’Africa Collect Textile a élu domicile. Au rez-de-chaussée, des vêtements attendent d’être triés. À l’étage, des couturières s’activent. « Dans cette salle, il y a le tressage et de la couture. Dans ce coin, c’est la fabrication des sacs à dos. Nous récupérons des pantalons cargo, nous les découpons, ajoutons une doublure et vous voyez, ça donne un sac. On ne dirait pas que c’était un pantalon à l’origine, n’est-ce pas ?! », décrit Whitney Speke, responsable de la communication d’Africa Collect Textile.

    Africa Collect Textile récupère des fripes de deux façons : grâce à des dons faits dans la trentaine de bennes à vêtements placées à Nairobi. Ou en achetant les invendus du marché de la seconde main. Les habits en bon état sont donnés, le reste transformé en vestes, sacs à dos ou tapis. Puis vendus au Kenya ou en Europe. « La plupart des personnes ne savaient pas où donner ou jeter leurs vêtements usagés, ils ne trouvaient pas de structures adaptées pour les récupérer, constate Whitney Speke, donc ces habits sont mis à la poubelle et finissent dans des décharges à ciel ouvert ou même dans la rivière de Nairobi. Africa Collect textile a constaté ces lacunes et a voulu mettre en place une structure pour encourager le recyclage de ces vêtements. »

    Un meilleur tri avant l’exportation

    Dans un rapport publié l’année dernière, la fondation Changing Markets a dénoncé qu’un tiers des vêtements importés au Kenya contenait du plastique et était de si mauvaise qualité que ces habits étaient directement jetés ou brulés. Polluant ainsi l’environnement et entrainant des conséquences sanitaires pour les populations. « Il est temps de se poser une question : où finissent ces vêtements ? est-ce que les pays qui importent ont les capacités de gérer les habits en fin de vie ? Et puis, il y a aussi un problème avec la fast fashion, il y a une surproduction des vêtements, déclare Betterman Musasia à la tête de Clean Up Kenya, une association qui milite pour une meilleure gestion des déchets, il faut améliorer notre façon de consommer. Prenons les européens par exemple. Plus ils achètent et donnent leurs vêtements usagés, plus ces fripes finissent par avoir des conséquences sur une autre partie du monde. » Betterman Musasia salue les initiatives comme Africa Collect Textile. Mais il aimerait surtout voir, entre autres, un meilleur tri fait avant l’exportation et la mise en place de systèmes efficaces de gestion des vêtements en fin de vie.

  • Les vêtements de seconde main représentent un important poids économique au Kenya. Mais des voix s’élèvent pour critiquer la pollution que ces fripes importées entrainent. La France, la Suède et le Danemark ont lancé un appel à l’Union européenne pour interdire les exportations de déchets textiles vers les pays qui ne sont pas en capacité de les gérer durablement. Au Kenya, la proposition inquiète les acteurs de ce secteur.

    Les vendeurs interpellent chaque passant. Pour vendre jeans, chaussures ou sacs... le marché de Toi à Nairobi est un haut lieu de la seconde main. Sidney a 23 ans, il y vend des robes depuis sa sortie du lycée : « Les mauvais jours, je fais entre 7 et 15 euros. Les bonnes journées, ça peut me rapporter jusqu’à plus de 35 euros. Ça paie mes factures. Ce secteur permet de créer de l’emploi, un jeune qui sort de l’université, qui ne trouve pas de travail, peut acheter des vêtements et venir les vendre ici. »

    180 000 tonnes par an

    Une partie des vêtements importés provient de dons, faits aux États-Unis ou en Europe. Les vendeurs de Toi Market, comme Sidney, les achètent à de plus gros importateurs. « Nous avons là des pantalons en coton pour hommes, des combinaisons, des jeans slims. Le Kenya importe environ 180 000 tonnes de vêtements usagés chaque année, explique Teresia Wairimu Njenga, la présidente du principal consortium de vendeurs, partout dans le pays, on trouve de la seconde main, que ce soit dans les grandes villes, les villes moyennes ou les villages. »

    Plusieurs chercheurs estiment que la seconde main fournit les trois quarts des besoins en habillement des classes populaires kényanes. Lors de la dernière campagne présidentielle en 2022, le candidat vaincu, Raila Odinga avait annoncé vouloir prioriser les vêtements fabriqués localement. Pour redynamiser le secteur du textile, en difficulté au Kenya.

    Vers une restriction des importations ?

    La proposition avait fait débat. Le marché de l’occasion mettant en avant son poids économique. Un argument de nouveau avancé aujourd’hui face à ceux qui plaident pour plus de restrictions des exportations de vêtements usagés vers des pays comme le Kenya. Teresia Wairimu Njenga revient justement de Bruxelles où elle a défendu la cause du secteur : « Le milieu de la seconde main fait vivre deux millions de personnes entre ceux qui importent, les intermédiaires, les vendeurs... Sans compter que toute une tranche de la population kényane n’a pas les moyens d’acheter du neuf et dépend de la seconde main pour s’habiller. Restreindre les exportations de fripes vers l’Afrique, ce serait ouvrir la voie à des vêtements pas cher produit en Asie. »

    Les défenseurs de l’environnement estiment qu’une partie des fripes importées sont de mauvaise qualité ou abimés. Faute de gestion des déchets adaptée, ces vêtements finissent dans la nature, dans des décharges à ciel ouvert ou sur les berges de la rivière de Nairobi, polluant ainsi l’environnement.

  • La crise soudanaise se répercute sur le marché mondial de la gomme arabique. Le Soudan, producteur historique de gomme, a réduit ses exportations. Résultat : des pays comme le Tchad sont des alternatives intéressantes pour les importateurs. Mais le pays rencontre actuellement des difficultés pour répondre à la forte demande.

    Des pistes en mauvais état, un manque criant de points d'eau proches des pépinières d'acacias… Faute d'infrastructure sur les zones de production, la filière tchadienne ne peut pas suivre le rythme de la demande mondiale. « Si ça continue comme ça, les clients vont être obligés de chercher des produits de substitution. C'est pour ça qu'on veut vraiment augmenter la production, explique Albachir Ahmat, président des exportateurs tchadiens de gomme arabique, on ne peut pas y arriver sur certaines zones parce qu'il n'y a pas de route, il n'y a pas d'accès, il n'y a pas d'eau non plus. Et tout ça, ça demande l'intervention de l'État ou bien des bailleurs de fonds. »

    Risque de produits sans gomme arabique

    Le kilo de gomme dure, appelée kitir, est passé en un an de 700 francs CFA à aujourd'hui 1 750 francs. Problème : une trop forte flambée des prix poussera les clients à trouver d'autres produits. « Il ne faut pas se mentir : si les prix grimpent trop, nous, importateurs et transformateurs de gomme arabique, on ne va plus pouvoir vendre, prévient Charles Alland, PDG de la société française Alland et Robert, numéro 2 mondial de la transformation de gomme arabique. Les prix ne peuvent pas monter aux arbres, il y a des limites. Si ça continue, certains clients iront reformuler leurs produits pour enlever la gomme arabique et la remplacer avec d'autres produits concurrents tels que les amidons, par exemple. »

    Le circuit logistique soudanais pour l'exportation de la gomme arabique n'est plus aussi efficace. Difficile d'estimer la production réelle de gomme dans le pays en guerre. En tout cas, le Tchad voisin peut récupérer cette manne importante.

    Manque de volonté politique ?

    À condition de pérenniser la production et de la faire grossir. « Il y a entre 600 et 700 000 personnes qui vivent de la gomme arabique, précise Albachir Ahmat. Si on ne la vend plus, ça va être catastrophique pour le pays, et même pour la nature. Parce que les arbres seront coupés pour en faire du bois de chauffe. C'est ça qui nous inquiète. »

    L'importateur français de gomme arabique Charles Alland, lui, mise sur le Tchad : « On essaye de convaincre et puis d'accompagner nos fournisseurs. Mais derrière, s'il n’y a pas de volonté politique au Tchad, les choses ne changeront pas de manière drastique dans les mois ou années à venir. Le Tchad a un énorme potentiel ; c'est l'opportunité, aujourd'hui, de se moderniser et d'améliorer la filière gomme. » Le Fond spécial de préparation des projets d’infrastructures au Tchad aurait donné des garanties pour un soutien financier. « Il ne faudra pas trainer », expliquent les professionnels de la filière.

  • En Tunisie, sur 12 millions d’habitants, plus de 8 millions sont abonnés à Facebook, près de 3 millions ont un compte Instagram et Tiktok est une plateforme en pleine croissance, avec déjà près d’un million de comptes. Le succès des réseaux sociaux est tel que le gouvernement tunisien envisage de taxer les créateurs de contenu pour éviter l’évasion fiscale. Mais les professionnels, eux, jugent qu’il faut commencer par une reconnaissance juridique et culturelle du métier.

    De notre correspondante à Tunis,

    Avec ses 1,3 million d’abonnés sur Instagram, 400 000 sur YouTube, Samy Cheffai gère non seulement ses comptes sur les réseaux sociaux, mais aussi une boîte de production avec un comptable et un site web. Ce créateur de contenu et réalisateur très connu chez les jeunes tunisiens figure parmi ceux qui ont su rendre l’activité légale et professionnelle aux yeux de la loi.

    Mais il lui a fallu un peu de temps, dans un pays où le statut de créateur de contenu n’existe pas. « Quand on te sollicite pour un travail bien particulier, le client qui t’appelle te dit : "Ok, comment on va facturer ça ?" », se souvient Samy Cheffai. « Je me suis posé la question de savoir comment ça allait se passer. On me parlait de "revenus à la source", "19%", de "taxes", des mots que je ne comprenais pas du tout. Et en fait, j’ai réalisé qu’il fallait que j’ouvre ma propre patente. »

    Producteur, mais pas encore créateur de contenu

    Aujourd’hui, son métier de producteur lui permet de réaliser des courts-métrages, mais aussi des activités commerciales et du contenu pour des publicitaires. Cependant, juridiquement, il reste producteur et non pas créateur de contenu. « En fait, ce sera toujours flou pour une certaine catégorie de personnes, parce que c’est nouveau pour eux, ce qui est totalement normal », observe Samy Cheffai. « Même le community manager, dix années en arrière, c’était bizarre. Qui aurait cru que quelqu’un allait s’occuper d’une page Facebook et être payé ? »

    Si les mentalités ont changé en dix ans, la loi tunisienne peine à encadrer ce métier qui séduit de nombreux jeunes. Une commission au sein du ministère des Finances a dénombré 20 000 créateurs de contenu et prestataires de services sur les réseaux sociaux en 2023, dont beaucoup échappent au fisc faute de statut.

    Des écoles niveau bac

    Dans les écoles de publicité et de création digitale, des formations professionnelles tentent de lever la barrière culturelle à reconnaître ces métiers comme tels. « Le frein, c’est vraiment un frein culturel, surtout les parents », reconnaît Selma Elloumi, directrice de la Créativ Adschool, qu’elle a lancée il y a un an et demi. « Le digital, le publicitaire, ce sont des métiers qui ne sont pas connus. Ils ont l’impression que leurs enfants sont dans un domaine pas sérieux, que c’est du jeu. Mais on a vite montré que la formation était solide. »

    La plupart des jeunes diplômés sortent avec une formation en publicité et création digitale pour 2 700 euros l’année. Beaucoup trouvent rapidement un emploi, en attendant de se lancer à leur compte. « Notre cible, c’est le niveau bac et plus », précise Selma Elloumi. « S’ils n’ont pas eu le bac et qu’ils ont un côté créatif, on peut les accepter et il y en a beaucoup qui cherchent aussi une reconversion. »

    Même si la loi reste encore peu claire, ces nouveaux métiers séduisent de plus en plus, dans un pays où le taux de chômage des 15-25 ans avoisine les 40%.

  • Quelles conséquences aurait une sortie du franc CFA pour le Mali, le Burkina Faso et le Niger ? Deux chercheurs de l’Université catholique de Madagascar et de l’Université Paris Dauphine se sont appuyés sur une littérature très fournie et différentes expériences sur le continent pour réaliser des projections. Aujourd’hui, l’impact potentiel de cette réforme sur les échanges et l’inflation.

    La création de la zone monétaire de l’AES et d’une nouvelle monnaie a priori moins forte que le franc CFA devrait favoriser les exportations comme le coton. Mais l’AES restera très dépendante des importations de ses voisins.

    « Les principaux offreurs, dans la zone Afrique de l'Ouest, sont les pays les plus développés, à savoir la Côte d'Ivoire et le Sénégal, qui ont des productions que les pays de l’AES n'ont pas, souligne François Giovalucchi, de l’Université catholique de Madagascar. Donc on voit mal comment des pays très pauvres pourraient échanger entre eux et se fournir en biens qu'ils trouvent d'habitude à l'extérieur. On voit mal la création de filières industrielles, machines-outils ou véhicules, qui seraient vendus d'un pays à l'autre. Donc les perspectives nous semblent tout à fait limitées. »

    Les importations encore dépendantes de la zone franc

    Avec la nécessité d’importer en grande quantité et une monnaie faible, la nouvelle banque centrale de l’AES devra pourvoir aux besoins de liquidités des États. Le risque est de faire un usage trop important de la planche à billets.

    « On risque de se retrouver avec un phénomène déjà bien connu puisqu’il a touché les pays qui sont sortis de la zone franc, comme la Mauritanie ou Madagascar, souligne Marc Raffinot, de l’Université Paris Dauphine. Le Mali lui-même est sorti et puis il y est rentré à nouveau. Dans tous ces pays, même dans ceux qui ont une monnaie indépendante, comme le Ghana par exemple, on constate souvent que cette spirale se manifeste. On a de l'inflation qui se traduit par une dévalorisation extérieure de la monnaie, qui à nouveau, engendre de l'inflation, et ça fait une sorte de cercle vicieux, qui fait que la valeur de la monnaie se déprécie et que l'inflation galope. »

    L'inflation, effet collatéral d'une monnaie autonome sans appui

    Les dirigeants ont par ailleurs donné peu de détails sur le régime de change qui serait choisi. La monnaie sera-t-elle adossée à l’or, à une autre monnaie étrangère, etc. ? Quoi qu’il en soit, le phénomène d’inflation pourrait ressembler à ce qu’a connu le franc CFA en 1994.

    « Il y a déjà eu une dévaluation. Le franc français à l'époque avait augmenté de 100% et l'inflation avait été de l’ordre de 25-35%, rappelle Marc Raffinot. Ces phénomènes risquent de se reproduire. On le retrouve dans la plupart des pays qui ont une monnaie indépendante ou qui ont quitté la zone franc. Créer une monnaie n'est pas impossible, conclut-il, mais il y a un effet collatéral à la création d'une monnaie autonome qui n'aurait pas d'appui, qui n'aurait pas une crédibilité bien assise. » La crainte des auteurs : la spirale inflationniste qui toucherait les foyers les plus modestes.

  • L’un des objectifs politiques affichés par l’AES est de retrouver une souveraineté monétaire. Ces trois États – Mali, Niger, Burkina Faso – veulent créer leur propre monnaie et abandonner le franc CFA, adossé au cours de l’euro, imprimé en France et perçu comme un vestige de la colonisation française. Mais qu’impliquerait la sortie du franc CFA ? Dans un article conjoint, deux experts, François Giovalucchi de l’université catholique de Madagascar, et Marc Raffinot, de l’université Paris-Dauphine, rappellent que ces États devraient sortir de l’Union économique et monétaire ouest-africaine.

    Préalable juridique à la création d’une nouvelle monnaie : la sortie de l’UEMOA. Or cette union économique et monétaire prévoit des facilités pour la mobilité de travailleurs et des marchandises. Elle est également pourvoyeuse de liquidités pour les États. « Ce que l'on constate, c'est qu’à la fin de 2023, les pays de l'AES manquent beaucoup de devises, note François Giovalucchi, ancien chef du service Afrique centrale du Trésor français, actuel membre du conseil scientifique de l’université catholique de Madagascar. Ces pays puisent donc dans le pot commun de la BCEAO, ils bénéficient de la solidarité des autres pays. »

    Fin des liquidités de la BCEAO

    Coupés des liquidités de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, l’AES se priverait aussi de la possibilité d’emprunter sur le marché régional. « Un des avantages, un des succès de l'UEMOA, c'est que les pays se prêtent de l'argent entre eux, souligne François Giovalucchi. Par exemple, le Mali, le Niger ou le Burkina Faso émettent des titres d'État qui sont achetés par des banques essentiellement d'autres pays, par exemple de la Côte d'Ivoire. Ce qui leur permet d'avoir de l'argent qui n'est pas trop cher, avec des taux pas trop élevés, en tout cas beaucoup moins élevés que les taux des euros-marchés. Donc les pays perdraient l'avantage d'avoir accès à ces financements régionaux et devraient trouver d'autres financements, notamment internationaux, et la conjoncture ne me semble pas favorable. »

    La création par ailleurs d’une monnaie propre à l’AES, une monnaie peu attractive, risque de créer l’inverse de l’effet voulu, c’est-à-dire conduire à ce que les chercheurs appellent la « CFAïsation ».

    Le franc CFA pourrait sortir renforcé

    « C’est le paradoxe qu'on a souligné dans notre papier, c'est que finalement la création d'une nouvelle monnaie risque de renforcer le franc CFA !, souligne Marc Raffinot, maître de conférence à l’Université Paris-Dauphine. Parce que tous ceux qui font du commerce entre le Mali, la Côte d'Ivoire seront intéressés à garder une monnaie forte stable pour conserver leur épargne ou conserver des actifs de sécurité. Et donc ils se retournent à ce moment-là vers le franc CFA. C’est ce qui se passe actuellement avec le Nigeria, le Ghana, qui sont attirés par le franc CFA parce que leur monnaie est une monnaie fondante. »

    Ces besoins de devises pourraient être partiellement comblés par l’augmentation à venir de la production du pétrole du Niger et par la taxation du secteur aurifère. À condition, préviennent les auteurs, de ne pas le mettre trop rudement à contribution.

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  • En Afrique, seule 2% des données collectées sont stockées sur le continent. Ces dernières années, des initiatives et start-up africaines se développent dans le but d’inverser la tendance. Lors de la 4ᵉ édition de l’Africa Cyber Forum tenu mi-avril à Abidjan, les échanges ont tourné notamment autour de la gestion des données dans le domaine de la santé et les défis liés à la sécurisation des informations à caractère personnel.

    De notre correspondant à Abidjan,

    Au quotidien, les nouvelles technologies de l'information et de la communication sont indispensables. Nos appareils connectés, tels que les ordinateurs et les smartphones, produisent des données en grande quantité. Une fois collectées et traitées, celles-ci aident les États et les entreprises dans la prise de décisions efficientes.

    Mais pour l'heure, l'Afrique dispose localement de très peu d’infrastructures de stockage de ses données. Pourtant, cela y va de sa souveraineté, estime Alain Yao Kouadio, directeur général de Kaydan Group, une entreprise qui investit dans le domaine de la gestion des données.

    « Vous ne pouvez pas avoir vos données sur la santé de votre population, sur le comportement de consommation de votre population et j'en passe, stockées à l'extérieur, alerte-t-il. Vous n'avez pas de souveraineté là-dessus, à tout moment ces données peuvent vous être coupées. Donc l'extérieur prendra mieux les décisions avec une plus grande acuité que vous-même parce que vous n'avez pas vos données sur place, vous ne savez pas les traiter sur place. »

    Anticiper les possibles attaques

    Dans le secteur de la santé, ces défis sont d’autant plus énormes, au regard de la sensibilité de certaines informations, notamment dans le domaine médical. « Dans les pays développés, il y a encore du hacking. Aujourd'hui, étant donné qu'on n'est pas encore autant exposé, il faut se préparer. Il faut apprendre des autres, apprendre des hôpitaux français qui ont été attaqués, dont leurs systèmes ont été bloqués », estime Éric Djibo, PDG de la polyclinique PISAM à Abidjan. « Il faut vraiment protéger ces données », insiste-t-il.

    Parmi les sujets évoqués lors de la 4ᵉ édition du Cyber Africa Forum, la question de la gestion des données était au cœur des échanges. Le but est d’attirer l’attention des autorités sur la nécessité d’investir dans ce domaine. « C'est le lieu justement pour nous à travers cette initiative de mettre un coup d'accélérateur », explique Franck Kié. Il compte sur les décideurs publics et privés « pour avoir une attention vraiment particulière sur la gestion des données, sur la sécurisation des données et sur leur exploitation également. » Pour le professionnel, il faut anticiper « avant qu'on soit face à une catastrophe, y apporter une attention encore plus particulière ».

    Le nombre de cyberattaques a plus que doublé au cours des cinq dernières années, tandis que les coûts liés à la cybercriminalité sont également en hausse, avec des estimations qui s'élèvent à 10 500 milliards de dollars d'ici à 2025.

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  • À Madagascar, la demande de cacao est telle que les planteurs, dans le nord-ouest du pays, ont vu leur rémunération quadrupler. Le cacao rapporte cette année plus que la vanille. Pourtant, les exportateurs malgaches sont inquiets : les fèves ne peuvent pas quitter le pays, car la dernière tempête a coupé les accès au port.

    Le kilo de fèves de cacao payé 7 à 8 dollars, plus cher qu’un kilo de gousses de vanille. Eric Flavien Gérard Ranaivosoa, producteur à Ambantja, dans la région Diana, n'avait jamais connu un tel prix ni un tel engouement des acheteurs. « Entre 70 et 80% des acheteurs de cacao à Madagascar sont des nouveaux venus, souligne-t-il. Ils n'étaient pas là il y a deux ans. Comme ils manquent de fèves partout, ils sont venus à Madagascar pour tenter leur chance et c'est ça qui fait flamber les prix. Tant mieux pour les petits producteurs. Les gens entretiennent mieux leurs plantations en ce moment. »

    Trois ponts coupés

    Mais les exportateurs malgaches comme Nayatta Keyticia Theodule sont loin de se réjouir. Pas moyen depuis un mois d'acheminer les fèves jusqu'au port d'Antisiranana, encore appelé Diego, à cause des destructions du dernier cyclone. « On a trois ponts coupés, une route inondée, c'est inaccessible. Actuellement, nos produits sont stockés dans l'entrepôt, les contrats sont signés, mais il n'y a pas d'export. »

    Tant que les fèves ne quittent pas la Grande Île, l'exportatrice ne sera pas payée et elle craint de manquer de capital pour payer la récolte. « Car il faut continuer d'acheter, souligne-t-elle. Les producteurs vivent au jour le jour. Alors que de notre côté, on ne peut pas envoyer les produits disponibles en ce moment. »

    Vers un manque de capital pour payer les producteurs

    L'alternative du port de Nosy Be est exclue : les produits industriels et chimiques qu'il importe pourraient dénaturer le cacao malgache qui devrait au préalable prendre le bac, avec un risque de contact avec l'eau de mer.

    Dernier recours, craint Nayatta Keyticia Theodule : une longue route vers les ports d'autres régions malgaches. « Ce sera Majunga ou Tamatave et ça, ça va coûter très cher. Nous ne pouvons pas demander à nos importateurs de faire un prix spécial pour les contrats déjà signés et ça va être à la charge de la société. »

    L’exportatrice craint aussi l’insécurité sur la route, d'autant qu'à Madagascar, les vols de fèves de cacao se multiplient.

  • Alors qu’en Côte d’Ivoire et au Ghana, la récolte est mauvaise et l’augmentation du prix au planteur limitée, les producteurs du Cameroun, du Nigeria ou de République démocratique du Congo se frottent les mains. Non seulement ils profitent à plein de la hausse des cours, mais ils sont devenus des alternatives très recherchées pour les acheteurs en manque de fèves, comme en témoignent les opérateurs présents à Bruxelles pour la conférence mondiale du cacao.

    De notre envoyée spéciale de retour de Bruxelles,

    Plafonné à 1 000, puis 1 500 francs CFA en Côte d’Ivoire, ou leur équivalent au Ghana, le kilo de cacao s’est vendu plus de 5 100 francs CFA – soit plus de 8 dollars au Cameroun –, le troisième producteur africain. Les planteurs camerounais tirent actuellement pleinement profit de leur système libéralisé, après des années difficiles.

    « Au Cameroun, la commercialisation est libre, elle est directe, il y a peu d’intermédiaires », souligne Omer Maledy, secrétaire exécutif des professionnels du café et du cacao du Cameroun. « Le producteur camerounais, informé des cours du cacao quotidiennement, fait son marché, il fait au mieux pour gagner plus. On souhaite que ça dure, qu’ils gagnent bien et qu’ils gagnent longtemps, parce qu’il y a à peine plus d’un an, on était encore au plus bas des cours, donc s'ils peuvent être élevés, qu’ils le soient le plus longtemps possible ! »

    Quatrième producteur africain, le Nigeria est très sollicité ces derniers mois. Un intermédiaire présent à Bruxelles pour la Conférence mondiale du cacao compte vendre 30% de fèves supplémentaires cette année, aux négociants Olam et Sunbeth.

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    Pas de stock, pas dans les dépôts

    Immense pays, mais encore petit dans le cacao, la République démocratique du Congo n'en voit pas moins affluer plein de nouveaux acheteurs en mal de fèves. « De plus en plus, il y a des acheteurs qui n’étaient pas présents en RDC mais qui commencent à venir », constate Séraphine Ntoumba, qui appuie les producteurs de cacao de la région du mai Ndombé et du Kongo central (ex-Bas-Congo), dans l’ouest de la RDC, pour l’ONG Trias. « Donc, on a l’opportunité de présenter la bonne qualité de la RDC et de bénéficier des prix qui augmentent. »

    Le kilo de fèves, qui rapportait au maximum 2,5 dollars aux producteurs de ces coopératives congolaises l’an dernier, a plus que doublé, et l’intégralité de leurs 200 tonnes a été vendue. « Les coopératives qu’on accompagne ont la facilité maintenant d’écouler leur produit à temps, se félicite Séraphine Ntoumba, et donc ça ne traine pas dans les dépôts, c’est acheté avant même d’être produit. » Le dernier lot partant ce mois-ci, les acheteurs de cacao auprès de ces coopératives congolaises devront désormais attendre les fèves de la récolte principale, à partir d’août et septembre prochains.

  • Au Cameroun, les importations de volaille sont interdites pour protéger la production locale. Mais la survie des élevages est régulièrement mise en péril, par la grippe aviaire mais aussi par le manque d'aliments du bétail de qualité à un prix abordable. Alors que s'ouvre le Salon international de l'aviculture à Yaoundé, une nouvelle usine d'aliments est inaugurée à Olembe, au nord de la capitale. Quel impact sur la filière ?

    Devant la demande croissante des élevages de volaille au Cameroun, l'usine d'alimentation animale du groupe NJS, du nom de son fondateur Noutchogoin Jean Samuel et située à Bafoussam, était saturée. Désormais, le champion camerounais de l'agroalimentaire dispose d'une autre usine à Olembe, au nord de Yaoundé : les Provenderies du Centre. Un choix d'emplacement stratégique, selon son directeur général.

    « Cette société est née du fait que notre plus grand marché d'aliments pour la volaille, surtout, et le porc, est Yaoundé, dans le Centre, explique Bart Buytaert. Tout devait toujours être transporté de l'Ouest, avec tous les problèmes logistiques. On s'est donc dit qu'il nous fallait quelque chose dans le Centre. D'où cette usine qui reprend une grande partie de la clientèle déjà existante de la toute première société. »

    Vers une meilleure qualité de l’alimentation du bétail ?

    Cette nouvelle usine pourra monter jusqu'à 100 000 tonnes d'aliments complets par an, soit plus du tiers des besoins actuels en nourriture des élevages de poulet du Cameroun, mais aussi à l'avenir alimenter des élevages dans les pays limitrophes, Congo ou Gabon. Expert en nutrition et en santé animale, le docteur Albert Ichako espère avant tout une montée en gamme de l'aliment du bétail au Cameroun.

    « Nous avons beaucoup de provendiers [de provende, le mélange alimentaire destiné aux animaux d'élevage, NDLR] qui malheureusement ne respectent pas les caractéristiques de matières premières et les besoins des animaux, déplore-t-il. Le fait d'installer cette usine ultra-moderne, où on va faire des analyses afin de répondre aux besoins des animaux, permettra non seulement de lutter contre l'aliment de mauvaise qualité, mais aussi de rendre l'aliment disponible sur l'ensemble du territoire. »

    Faute de maïs local, produire des poulets de chair n’est pas rentable

    Reste un problème de taille : la disponibilité en maïs, qui entre pour deux tiers dans l'alimentation des volailles. La production de cette céréale au Cameroun a été découragée par le coût élevé des engrais, depuis le Covid-19 et la guerre en Ukraine. Le prix du maïs est le principal frein pour les élevages, selon l'interprofession avicole, l'Ipavic. « Avant, on achetait le maïs autour de 180 francs CFA le kilo [l'équivalent de 2,70 euros] et en début d'année 2023, on est passé à 300 francs, rappelle son président François Djonou. Vous imaginez, le prix a doublé ! Il faut surtout que le ministre en charge de l'agriculture développe la production de maïs », insiste-t-il.

    La nouvelle usine sera-t-elle à même de doper la production locale de maïs ? Entre 20 et 40% des besoins en cette céréale sont toujours importés. Les éleveurs vendent quasiment à perte leurs poulets de chair, du fait de la cherté de l'aliment du bétail. C'est ce qui explique que la production avicole camerounaise, 44 millions de tonnes l'an dernier, n'a toujours pas remonté la pente depuis la grippe aviaire de 2016.

  • L’Afrique du Sud célèbre, en cette fin du mois d’avril, les 30 ans des premières élections multiraciales, et l’avènement de la démocratie. Le 27 avril 1994, après un scrutin historique, Nelson Mandela était élu président, et le pays tournait la page des années apartheid. Depuis, l’ANC s’est toujours maintenu au pouvoir. L’économie a continué à se développer, et le pays est désormais l’un des plus industrialisés du continent, mais le bilan est plutôt contrasté.

    De notre correspondante à Johannesburg,

    Pour l’économiste Azar Jammine, le pays a en fait connu, depuis 1994, deux périodes : avant et après la présidence de Jacob Zuma, marquée par la corruption. « Les quinze premières années ont été plutôt un succès. Le pays a connu une croissance moyenne de 3% par an, entre 1994 et 2001. Et ensuite, presque 5% par an entre 2001 et 2007. Il faut dire que cela coïncidait avec un boom des prix des matières premières, donc tout allait bien. Mais à partir de 2012, l’économie sud-africaine a fait très peu de progrès, avec une baisse significative de la croissance », détaille-t-il.

    Le FMI prévoit désormais une croissance de 0,9% en 2024 pour le pays. Et même si le nombre d’emplois a augmenté depuis 1994, le rythme n’a pas été assez soutenu, puisque près de 32% des Sud-Africains sont au chômage – et en particulier les populations noires. De plus, les politiques de discrimination positive n’ont pas suffisamment permis de transformer le monde du travail, selon Xhanti Payi, économiste pour PwC.

    « Faciliter l’inclusion au sein de l’économie a été un défi, si l’on regarde qui est à la tête des entreprises, ou qui possède la richesse en Afrique du Sud. L’ancien président Mbeki parlait même de deux économies », rappelle l’expert. « Or, l’inclusion est importante, car lorsqu’on distribue la richesse, on en crée aussi un peu plus, puisque davantage de gens vont avoir de quoi consommer, et de quoi contribuer. »

    Le salaire minimum, « une des réussites de l'ANC »

    L’Afrique du Sud reste ainsi l’un des pays les plus inégalitaires au monde, selon l’indice de Gini. « Un des gros problèmes en termes de réduction sur le long terme de la pauvreté et des inégalités, c'est le manque d’actifs détenus par la majorité de la population sud-africaine », met en avant Isobel Frye, la directrice du think tank Social Policy Initiative (SPI).

    « Sous l’apartheid, les communautés noires ne pouvaient presque pas posséder de terres. Pareil pour les petites entreprises, les gens étaient prolétarisés et dépendants de leurs salaires. Et les salaires, pour ceux qui sont employés, et surtout pour les emplois semi ou peu qualifiés, sont très bas. Donc, l’introduction d’un salaire minimum est l’une des réussites de l’ANC », ajoute-t-elle.

    Le système d’allocations sociales, parmi les plus développés du continent, est une bouée pour les plus pauvres : près de 30% de la population en bénéficie, sans compter l’aide post-Covid toujours distribuée.

  • Ce week-end se sont clôturées les assemblées de printemps, à Washington, rendez-vous annuel des grandes institutions financières internationales. L’occasion pour elles de dressées leurs bilans et de partager leurs perspectives.

    Cinq, six, parfois plus de 7% de croissance selon les États africains et pourtant, la pauvreté et les inégalités ne reculent pas de manière significative. Pour lutter contre cela, la Banque mondiale préconise un environnement économique et politique stables : une dette sous contrôle et des budgets transparents.

    Pour la Banque mondiale, le premier levier se trouve dans celui de l’humain. « Il est très difficile pour des personnes talentueuses de démarrer des entreprises qui se développent, grandissent et créent des emplois, et au final, on aboutit à une société avec de très faibles niveaux de mobilité intergénérationnelle », note Andrew Dabalen, économiste en chef de la Banque mondiale pour l'Afrique.

    « Promouvoir la mobilité générationnelle »

    L’Afrique détient le niveau le plus bas de mobilité intergénérationnelle. Selon les données de la Banque mondiale, sur une cohorte d’enfants nés dans les années 1980, seul un tiers d’entre eux ont pu effectivement dépasser le niveau d’éducation de leurs parents. « C’est donc une façon de penser les inégalités. Ce sont des inégalités structurelles dont nous parlons », souligne l’économiste.

    Et cela n’est pas sans conséquence. C’est pourquoi l’institution appelle les États à investir dans le capital humain. Andrew Dabalen précise : « Il est important de promouvoir la mobilité générationnelle en éliminant un bon nombre de ces inégalités qui commencent très tôt dans la vie. L'égalisation des chances pour les enfants est donc très importante à travers l'éducation dès la petite enfance, un socle d’apprentissage pour les enfants, une meilleure nutrition, une meilleure santé, etc. »

    Des constats qui sont largement partagés par le FMI. La persistance d’un haut niveau de pauvreté est en partie due à des dysfonctionnements sur les marchés financiers, explique Luc Eyraud, le chef des études pour l’Afrique subsaharienne.

    « Il y a ce qu'on appelle une très faible inclusion financière, détaille Luc Eyraud. C’est-à-dire que si vous êtes une toute petite entreprise, vous avez beaucoup de mal, par exemple à avoir accès au marché bancaire, à aller voir une banque et avoir un prêt. Et donc ça aussi ça fait en sorte qu'un petit entrepreneur a du mal à développer son activité. Et ça, ça entretient les spirales de pauvreté. »

    Augmenter les recettes fiscales

    L'un des principaux leviers : augmenter les recettes publiques. « En priorité, il faut ce qu'on appelle augmenter la base fiscale. On ne pense pas forcément à augmenter les taux d'imposition, mais il y a très souvent ce qu'on appelle des dépenses fiscales, c'est-à-dire des exemptions qui s'appliquent à des grandes parties de la population, poursuit-il. Et il faut faire en sorte que tout le monde paye l'impôt. C'est ça la priorité. Et quand il y a des exemptions fiscales qui bénéficient aux parties de la population les plus aisées, il faut évidemment les éliminer en priorité. »

    La Banque mondiale souligne notamment que la mobilisation de recettes nationales peut être conçue pour protéger les plus pauvres « en imposant [par exemple] les personnes fortunées par le biais de l’impôt sur le revenu et de l’impôt foncier ».

  • Longtemps critiquée pour le déversement des boues et résidus du manganèse dans une rivière, la Comilog, leader mondial du manganèse, a construit des laveries modernes moins polluantes et investi dans le social dans la ville de Moanda au sud-est du Gabon.

    De notre correspondant à Libreville,

    Depuis son poste d’observation, Jean-Baptiste Nzeng Eyi veille sur les moindres détails. Il est le responsable d’exploitation des nouvelles laveries de la Comilog. Une avancée importante en matière de lutte contre la pollution, car, selon lui, « ces vastes cuves d’eau ne sont rien d’autre que les décanteurs qui nous permettent de faire la séparation solide, liquide. Rien ne se perd et tout se transforme et tout se valorise. »

    Après le nettoyage du manganèse, toute la boue et l’eau usée sont évacuées vers d’autres bassins pour traitement. « Les boues sont aujourd’hui jetées dans les bassins industriels, poursuit Jean-Baptiste Nzeng Eyi, donc quand on extrait le manganèse, de façon vulgaire, on dit qu’on aura des trous. La vision de Comilog aujourd’hui c’est qu’après l’exploitation des bassins industriels, qu’on soit capable de mettre la terre végétale et que l’écosystème va reprendre son environnement normal ou naturel. »

    Le président de l’ONG gabonaise Croissance Saine Environnement, Nicaise Moulombi reste toutefois prudent : « C’est bien de savoir que la Comilog a enfin décidé de sécuriser ses résidus miniers dans le cadre des bassins. Maintenant quel est le niveau de la nappe phréatique ? Est-ce qu’il n’y a pas des infiltrations ? C’est à Comilog de nous donner les éléments scientifiques qui nous permettent d’apprécier leur esprit vertueux. »

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    Des compensations jugées insuffisantes

    La Comilog fait cependant face à des critiques sur le plan social. Elle va bientôt délocaliser des populations vivant sur une zone qui sera prochainement exploitée. En guise de compensation, l’entreprise a construit une nouvelle cité de 417 maisons. Mais elles ne sont pas au goût de nombreux bénéficiaires. « Les maisons sont toutes en béton, il y a des éboulements autour du site, des érosions, explique Gaétan Ayami, président du collectif des futurs déguerpis, la Comilog avait recensé plus de 600 maisons, ils n’ont réalisé aujourd’hui que 417 maisons. »

    Le projet a coûté 19 milliards de Francs CFA, se défend l’Administrateur directeur général de Comilog, Leod Paul Batolo : « La Comilog est fière de pouvoir proposer une nouvelle cité moderne qui va permettre d’améliorer les conditions de vie, les conditions d’accès à l’eau, les conditions d’accès à l’électricité à nos compatriotes. »

    Du point de vue de l’État, actionnaire à hauteur de près de 30% de la Comilog, les investissements de l’entreprise illustrent un partenariat public-privé gagnant-gagnant. L’entreprise emploie 10 500 personnes dans le pays, presque toutes gabonaises.

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