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Il semble que l’Occident et l’Extrême-Orient, sous des formes différentes, aient vécu les mêmes évolutions aux mêmes moments. La réduction de l’être humain au dualisme corps/âme ou corps/psychisme ou encore corps/qi procède de la même démarche limitative et réductionniste. En dépit des grands discours spirituels, la grande majorité des pratiquants et des théoriciens du taijiquan, sans même sans rendre compte, sont enfermés dans le paradigme dualiste.
Depuis le début de ma pratique, je n’ai jamais considéré la forme (les formes) comme une finalité. J’ai utilisé (et j’utilise) la forme (aspect extérieur) pour découvrir le moule (pattern/forme intérieure) qui me permet de remonter jusqu’à l’Esprit.
Ma recherche ne va pas dans le sens de remonter le cours d’une histoire linéaire à la recherche d’une forme qui, parce qu’elle serait plus ancienne, serait forcément plus authentique. Je suis en quête non de l’original, mais de l’originel.
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À l’origine, confucianisme et taoïsme sont des mouvements spontanés avec un enseignement fluide et vivant communiqué à des groupes de tailles restreintes. Après quelques siècles, l’un et l’autre s’érigeront en doctrine. Le confucianisme se fige en ritualisme et bureaucratie tandis que le taoïsme se délite en superstitions. Le premier succombe à un excès de « terre » et le second à un excès de « ciel ».
Comme l’histoire n’est qu’un éternel recommencement, le taijiquan aujourd’hui en Occident est confronté aux mêmes problématiques : d’un côté, le cadre institutionnel des fédérations et de l’autre, la magie du Qi. Dans le premier cadre, les structures limitantes étouffent et provoquent une perte de vie tandis que dans le second, faute d’un minimum de structures, la vie se disperse. On a le choix entre rigidité ou laxisme. Dans les deux cas, on se coupe de l’esprit. La voie du milieu est la plus étroite, la plus difficile et la moins fréquentée.
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Saknas det avsnitt?
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Le taoïsme religieux (utopisme dogmatique, superstition, magie horizontale) illustre les risques et écueils à éviter par tout pratiquant ou groupe engagé dans une recherche sincère. La magie horizontale amène à développer son pouvoir sur les autres par l’utilisation de trucs et recettes tandis que la magie verticale vise à se relier à un principe universel transcendant (le Dao par exemple) afin de récupérer son propre pouvoir (que l’on exerce sur soi-même).
Comme Confucius, nous assistons nous aussi à un délitement de l’ordre politique combiné à la disparition d’une certaine conception du monde, le phénomène atteint maintenant une dimension mondiale. Comme Platon était confronté à la désintégration de l’ancienne institution qu’était la cité grecque, nous sommes aujourd’hui confrontés à la désintégration de l’ancienne institution que sont nos États. Avons-nous, aurons-nous des philosophes comme Platon, des penseurs comme Confucius ? Serons-nous capables de les entendre, de les comprendre et d’agir dans les directions qu’ils nous montre(ro)nt ?
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Wang Fuzhi (1619-1692) est considéré comme l’un des plus éminents philosophes chinois. Pour lui, l’unité de l’homme et du monde est réalisée dans l’énergie vitale. Il récuse le non manifesté (wu) taoïste afin de réaffirmer la réalité éternelle et indescriptible de l’énergie universelle (qi). Pour lui, il n’y a rien à chercher en dehors de l’interaction du Yin et du Yang qui suffit à expliquer entièrement le fonctionnement de l’univers. Il s’agirait en quelque sorte d’un monisme vitaliste.
Dai Zhen (1724-1777) est issu de l’élite intellectuelle qui se développe dans le milieu des riches marchands du Jingnan. Ce génie rigoureux et curieux représente une parfaite illustration du nouvel esprit critique qui se développe en Chine à cette époque. Sa devise est de « ne rechercher le vrai que dans les faits réels ». Il est sans aucun doute le digne homologue de ses contemporains européens, les Encyclopédistes.
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À partir du 11ème siècle, les néoconfucéens mirent également l’accent sur la vocation de l’homme à s’unir avec le cosmos, préoccupation première des taoïstes depuis toujours, mais avec une coloration plus humaniste, caractéristique de la tradition confucéenne : il s’agit alors d’accomplir en soi ce qui est spécifiquement humain tout en participant à l’œuvre créatrice du Ciel et de la Terre. Isabelle Robinet précise que l’une des vertus cardinales du néoconfucianisme est la connaissance zhi qui n’est pas seulement une connaissance cognitive, mais aussi une expérience existentielle intégrée, et qui porte à la fois sur le sens des choses de l’univers afin de s’y conformer, et sur soi-même pour trouver sa nature propre, car l’un et l’autre ne font qu’un. (...) Cette connaissance est indissociable de sa mise en acte, sans quoi elle n’est pas : « Savoir est le début de l’action, agir en est le parachèvement » dit le néoconfucéen Wang Yangming (1472-1529).
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Plus qu’un homme ou un penseur, Confucius représente un véritable phénomène culturel. Plus qu’une école de pensée, le confucianisme se confond avec le destin de la civilisation chinoise depuis plus de 2.500 ans.
Anne Cheng dégage trois pôles essentiels dans son enseignement : l’apprendre, le sens de l’humain et l’esprit rituel. Pour Maître Kong, apprendre est à la fois une démarche intellectuelle et une expérience de vie. Il n’y a pas de séparation entre théorie et pratique. L’éducation, selon Confucius, ne saurait être purement livresque, la connaissance consiste davantage dans le développement d’une aptitude que dans l’acquisition d’un contenu intellectuel. Apprendre, c’est finalement apprendre à être humain, car notre humanité n’est pas un donné, elle se construit et se tisse dans nos rapports avec les autres.
Les deux principaux héritiers de Confucius ont formé un corps de doctrine appelé confucianisme qui, sous les Han, fut choisi comme philosophie d’État. Le système d’examen basé sur le corpus confucéen resta en vigueur jusqu’à la fin de l’Empire en 1911.
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À la fin du 4e siècle apparaît un nouveau taoïsme dans lequel les pratiques physiologiques se trouvent transposées sur le plan spirituel, notamment avec le courant du Shangqing (La Haute Pureté).
L’alchimie intérieure (neidan) ne cherche pas à fabriquer un produit, elle est avant tout une méthode d’ordonnancement et de façonnement du monde et de soi-même entraînant une compréhension au sens d’intégration existentielle et intellectuelle.
Sous les dynasties Ming et Qing (1368-1911), c’est le déclin … Il faudra attendre la politique de libéralisation lancée par Deng Xiaoping en 1979 pour que le taoïsme puisse commencer à tenter, non sans mal, de revivifier ses anciennes traditions.
Les cultes populaires envers les Immortels abondaient sous les Han. Dans le courant du 2e siècle après J.– C. apparaît une forme de taoïsme collectif (politico-religieux) bien différente de celle des petits groupes indépendants que l’on avait connus jusqu’alors. Ces mouvements messianiques et utopistes connurent un grand succès.
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Le principe ultime est spontané, il est par lui-même. La liberté et l’autonomie consistent à épouser complètement le grand mouvement naturel de l’univers : c’est là la Voie véritable. Cette thèse se développe donc en opposition aux structures culturelles telles qu’elles sont représentées par le confucianisme naissant.
Lorsque la notion de taoïsme se cristallise vers le 2e siècle av. J.-C., l’opposition idéologique du naturel et du culturel avait déjà revêtu diverses formes : réaction contre l’envahissement de l’administration centrale, option pour l’individualisme contre l’assujettissement aux normes officielles et à leurs systèmes de valeurs. Cette polarisation, tout en conduisant aussi bien à l’évasion mystique qu’à la révolte populaire, donnera au taoïsme sa qualité d’éternel alternatif et contribuera à faire de lui une doctrine de la liberté profondément originale.
Les pratiques vivifiantes auxquelles s’adonnaient les taoïstes sont mentionnées de manière allusive dans le Daode jing. Le Zhuangzi en fournit des indications bien plus nettes. L’union avec le Dao se réalise par l’extase.
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Fonctionnant par champs et totalité, la pensée chinoise embrasse et englobe. Elle appréhende, non par secteurs isolés, mais par ensembles. La pensée chinoise privilégie le mode génératif au mode causal, elle n’est pas de l’ordre de l’être, mais du processus.
La Chine est souvent présentée comme un autre monde. Sa culture, sa langue, sa pensée apparaissent alors comme l’antithèse, la contre-épreuve de leurs homologues occidentaux. Ces images frappent, interpellent, plaisent, séduisent.
J’ai moi aussi rencontré l’ailleurs en Chine. J’ai bien sûr, comme tout Occidental, été confronté à sa logique tout autre. Mon intellect ne pouvait qu’être enthousiaste de cette vision Orient-Occident en Yin/Yang. Pourtant, sans être tout à fait fausse, cette conception ne me semblait pas tout à fait juste : quelque chose sonnait faux.
Je présente plusieurs interprétations et c’est à chacun de se questionner, de réfléchir, de croiser et de choisir … de penser autrement pour tenter de comprendre.
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Dans ma pratique du taijiquan, en utilisant mon esprit analytique, j’ai assez vite distingué ce que je comprenais bien, ce que je comprenais mal et ce que je ne comprenais pas.
Après cette première opération de mise en évidence des difficultés, j’ai toujours utilisé mon intuition et mon imagination pour voyager au cœur du taijiquan. Après une analyse minutieuse des éléments formels d’une forme, je navigue dans l’imaginal, je me laisse porter par mes visions à la recherche de la trame sous-jacente.
Il me faut ensuite me reconnecter à mon âme (ce qui anime la vie intérieure) occidentale et laisser mes visions et sensations se transformer subtilement en ce qui peut être ressaisi et compris par la sensibilité occidentale.
Je n’hésite pas à prendre certaines libertés si c’est pour mieux faire comprendre L’esprit du taijiquan. J’essaie de faire goûter la quintessence en utilisant tous les outils et éclairages de la culture occidentale de ce début de troisième millénaire.
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Lorsque le calligraphe possède en lui toutes les ressources du répertoire, son écriture coule de source. Lorsqu’il se révèle tout entier dans son écriture, celle-ci dégage un extraordinaire rayonnement.
Il abandonne toute soumission pour ne plus suivre que son propre mouvement. Il s’aventure au-delà de toute perfection apprise pour aller dans ce qui semble être une imperfection. L’impertinence remplace l’application, les écarts et impairs résultent d’une création permanente et non plus d’une maladresse ou d’une inattention.
Dans mon cheminement, je n’ai pas provoqué les événements, les choses se sont faites d’elles-mêmes. Elles se sont, à un moment donné, imposées avec une évidence incontournable.
L’effet de mode, l’ambiance syncrétiste, la marchandisation et le pouvoir castrateur de certaines personnes et/ou associations ne représentent certes pas le contexte le plus propice, ni pour le développement et la maturation des différentes phases de l’apprentissage, ni pour l’émergence d’êtres authentiques capables de (se) créer.
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L’acquisition de la technique en taijiquan et en calligraphie répond aux mêmes exigences : la progressivité de la méthode, la difficulté de coordonner le tout et les parties, l’orientation dans l’espace, la référence au modèle choisi, la nécessité de la pratique régulière, la recherche et l’expérimentation des différents paramètres du mouvement, le maintien d’une attention vigilante en toutes circonstances. Dans ces deux disciplines, la maîtrise de la technique remplit l’élève d’une joie intense. Il réalise qu’il a acquis non pas un simple savoir-faire, mais un pouvoir nouveau qu’il apprendra à utiliser dans l’étape suivante.
L’étude des oeuvres/formes de différents styles représente une suite d’imprégnations qui fécondent peu à peu la substance du pratiquant. En se conformant aux formes qui l’informent, il se transforme. En s’oubliant et en se perdant, il se trouve. Le vieil homme (l’aspect extérieur, superficiel) meurt et l’homme nouveau (l’être profond) naît.
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Les similitudes entre la posture du corps du calligraphe et celle du pratiquant de tai chi chuan sont interpellantes : quoi de plus normal lorsque les fondements (la tradition chinoise et ses classiques), les exigences techniques (geste naturel, libéré et vivant pour mieux occuper l’espace) et les finalités (obtention du gong fu, c’est-à-dire connaissance et maîtrise de soi au travers de la connaissance et de la maîtrise de l’art) sont identiques.
Le calligraphe doit avoir la possibilité de partir à n’importe quel moment dans n’importe quelle direction et donner à l’élément qu’il trace n’importe quel calibre, n’importe quelle modulation : sa liberté de mouvement doit être maximale. De là découlent la façon d’utiliser le corps et les règles du positionnement. Les mouvements qui déplacent le pinceau dans l’espace émanent du tronc en passant par l’épaule. Afin de donner au torse un socle large et solide, les jambes sont écartées et les pieds plantés de part et d’autre de l’axe central.
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Certains élèves éprouvant des difficultés dans l’apprentissage du tai chi chuan disent spontanément : « c’est du chinois ». Cela peut être compris et interprété à deux niveaux. Tout d’abord, ils se rendent compte de la distance qui sépare l’Orient de l’Occident : deux conceptions du monde, deux visions de l’être humain fondamentalement différentes.
Ils mesurent ainsi la difficulté de pénétrer dans un système élaboré sur d’autres bases. En outre, l’expression « c’est du chinois » comparerait les difficultés rencontrées dans l’apprentissage des gestes du tai chi chuan à celles rencontrées dans l’étude de la langue chinoise. Cette métaphore spontanée et récurrente est non seulement très révélatrice, mais aussi très instructive.
Afin d’expliquer mon approche méthodologique et pédagogique, j’ai souvent comparé l’étude et la pratique du tai chi chuan à l’étude et à la pratique d’une langue, et ce sur trois plans :
• La structuration et l’articulation des matières ;
• Les étapes dans la progression ;
• La question de la traduction et de l’interprétation.
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La structure de ma pensée et de ma personnalité ainsi que les aléas de la vie m’ont toujours amené à être dans l’entre-deux : entre l’Orient et l’Occident, entre tradition et modernité, entre pratique corporelle et philosophie. C’est cette pratique de l’entre-deux qui m’a amené à l’élaboration de la méthode tai chi.
La méthode est ce qui apprend à apprendre, son objectif est d’aider à penser par soi-même pour mieux répondre aux défis de la complexité de la vie. La méthode, même si elle comprend des méthodologies, ne se réduit pas à des recettes techniques. Si certains segments sont programmés, une large place est réservée à la découverte, à la stratégie et à la créativité. La méthode, comme son étymologie grecque l’indique, est une voie.
La méthode tai chi plutôt que d’utiliser des modèles particuliers et contingents propres à une culture se focalise davantage sur les zones de concordances : l’axe, le centre, la sphère, la spirale, la triade matière/souffle/esprit.
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Beaucoup d’enseignants restent assez flous sur leur propre formation, titres et parcours tandis que d’autres se cachent derrière ceux-ci.
Quel est le parcours de l’enseignant ? Qui est-il ? A-t-il quelque chose à transmettre ? Possède-t-il les aptitudes et les moyens de transmettre ? A-t-il la volonté de le faire ? Qu’est-ce qui anime sa démarche ? Pourquoi transmet-il ? Quelle est la mission qu’il s’est donnée ? Vend-il des enchaînements de tai chi chuan ? Les vend-il dans un emballage exotique ? Culturel ? … ou aide-t-il des êtres humains à se tenir debout et à se mettre en marche (au sens propre comme au sens figuré) ? L’enseignant explique-t-il les principes posturaux ? Veille-t-il aux alignements corporels, particulièrement au niveau des genoux ? Privilégier des postures trop basses peut avoir des conséquences au niveau des articulations. Les différentes facettes de l’art sont-elles transmises ? On peut débuter par la pratique de santé et puis progressivement être intéressé par les mains collantes ou par la dimension initiatique. -
Qu’est-ce que le tai chi chuan ? : Une gymnastique douce, une méthode de santé, une méditation en mouvement, un art martial? Une pratique effectuée avec un regard critique amènera rapidement d’autres questions :
Est-ce réellement si doux ? En effet, si l’on demande de détendre l’extérieur, le développement de la force interne nécessite de maintenir et d’unifier la structure par le tonus des muscles profonds. Les effets du tai chi chuan se limitent-ils au niveau préventif ou débordent-ils parfois dans le domaine curatif ? Le tai chi chuan pratiqué en tant que méditation amène-t-il l’éveil ou l’endormissement ? La pratique martiale se réduit-t-elle à l’efficacité extérieure ? Ou bien l’efficacité extérieure reflète-t-elle une pratique intérieure ?Si nous considérons comme le philosophe Alain qu’une idée est fausse à partir du moment où l’on s’en contente, nous devons donc admettre que le questionnement est inhérent au cheminement.
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Pour moult d’Occidentaux pratiquant le tai chi chuan, la compréhension représente une étape indispensable entre le savoir (domaine de la matière) et la connaissance (domaine de l’esprit). Beaucoup de nos contemporains rêvant à une spiritualité facile sont séduits par un taoïsme superficiel. Au nom d’une harmonie avec la nature, ils confondent souplesse et mollesse, liberté et laxisme.
La quasi-totalité des auteurs développe largement l’influence du taoïsme dans l’élaboration du tai chi chuan et personne ne mentionne les apports du confucianisme. Je suis de plus en plus convaincu que cet art du geste, dans les premières années de sa pratique, développe principalement des qualités confucéennes : l’apprentissage, le sens de l’humain et l’esprit rituel.
Nombre de pratiquants n’ont d’ailleurs jamais vraiment accès à la dimension taoïste : ils en sont toujours à l’apprentissage des techniques, à développer leur éthique et à pratiquer des formes, c’est-à-dire des rituels.
Lorsque la technique maîtrisée est dépassée et transcendée, alors nous expérimentons la spontanéité et la liberté propres au taoïsme.
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Comprendre, c’est à la fois contenir en soi, englober, inclure, incorporer mais, aussi percevoir le sens de, déchiffrer, traduire, interpréter. C’est d’abord accepter et puis creuser en faisant appel aussi bien à l’analyse qu’à l’intuition. Faire comprendre, c’est montrer et démontrer.
Incorporer : qu’est-ce que le taijiquan, sinon un travail d’intégration, d’incorporation ? L’objectif est d’incarner dans sa chair et dans son sang le principe de la coïncidence des contraires, de faire vivre et de donner corps et forme à notre pensée.
Traduire, interpréter : la véritable compréhension ne peut se limiter au simple fait de (re)copier. Il faut être capable de s’oublier pour copier les modèles et puis d’oublier les modèles pour se retrouver. Il faut être capable d’oublier son formatage culturel pour traduire et puis être capable de se le réapproprier pour interpréter. Sans traduction, ni interprétation, le taijiquan se réduit à une caricature. Il n’est qu’un article de plus dans le grand rayon des nouvelles recettes de bien-être.
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Les 109 épisodes précédents proposent de se familiariser avec les différentes facettes du tai chi chuan et des arts internes. Ils mettent l'accent sur la manière dont ces pratiques peuvent nous aider à mieux gérer les multiples crises et défis en ouvrant d'autres possibles.
Les prochains épisodes proposent d'approfondir le taijiquan. Ils nous invitent à aller plus loin. Ils suivent la trame d'un de mes ouvrages publiés en 2010 : Comprendre le taijiquan. Les différentes thématiques de ce livre seront reprises, expliquées, complétées.
Depuis ma plus tendre enfance, je me suis toujours interrogé sur le mode de fonctionnement des choses. Lors de mes séjours en Extrême-Orient, je me suis immergé dans cette culture autre. Enseigner à des Occidentaux les arts traditionnels étudiés là-bas demande un travail d’intégration et de réinterprétation.
Cela m’a permis d’élaborer diverses stratégies d’apprentissage, de vérifier leur efficience dans des contextes très différents et de mettre en évidence certaines clés facilitant l’accès à une compréhension véritable.
- Visa fler