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Sans surprise, l'Iran a mené cette nuit une opération de représailles contre les frappes israéliennes. Le Jerusalem Post a passé, nous dit-il, « une nuit dans un abri israélien, sous les missiles iraniens ». L’un des habitants raconte : « j’étais à un dîner pour Shabbat lorsque les deux vagues de missiles ont été lancées depuis l’Iran (…) Nous étions une vingtaine, et nous avons été stupéfaits de voir la vidéo d’un missile s’écraser sur le centre d’Israël, d’autant que ça s’est passé à seulement quelques pâtés de maisons d’où nous nous trouvions ».
Le reporter du Jerusalem Post raconte « les centaines de secouristes », qui sont sur place. « Plusieurs heures après le drame », ajoute-t-il, « des familles sortaient encore du bâtiment. Des parents portaient des bébés (…) je n’ai vu ni larmes ni panique. Seulement des gens qui en ont tellement vu, qui ont tellement vécu et qui sont terriblement fatigués. »
Réactions en IranDe son côté, Courrier international a cherché à savoir comment les Iraniens réagissent aux frappes menées par Israël. « Réveillés en pleine nuit par le bruit assourdissant des multiples explosions dues aux frappes », nous dit-on, « les habitants de Téhéran sont descendus en panique dans les rues. Dès le matin, de longues files d’attente se sont formées devant les stations-services, aussi bien à Téhéran qu’ailleurs dans les grandes villes du pays, par crainte de pénurie ou de hausse des prix. » Courrier international reprend par ailleurs les propos du site réformateur Asr-e Iran, qui « reproche au régime "de ne pas avoir pris au sérieux les avertissements contre une possible infiltration" des services de renseignements israéliens ». Le même site d’information iranien ajoute que « si le régime n’est pas en mesure de faire "regretter aux Israéliens" leur attaque par une riposte d’envergure, il vaudrait mieux envisager "une révision de profondeur de sa politique", vis-à-vis d’Israël. »
Pari risquéLa situation, en tout cas, suscite l’inquiétude. Inquiétude exprimée notamment par le journal Libération, qui parle « d’un embrasement dangereux aux accents religieux ». « L’attaque israélienne spectaculaire contre l’Iran », poursuit le quotidien français (…) « représente d’un point de vue militaire une énorme réussite. Du point de vue politique, par contre, elle met en danger des millions de civils, y compris la population israélienne, et fait basculer le Moyen-Orient dans un embrasement que les pompiers habituels (les États-Unis, le Conseil de sécurité et les États avoisinants) ne peuvent ou ne veulent plus éteindre ». Enfin, en Espagne, El Païs parle « d’un pari risqué », estimant que « l’attaque israélienne encourage ceux qui, en Iran, voient la bombe atomique comme une garantie de survie du régime ».
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L'attaque israélienne fait la Une d’une grande partie de la presse internationale, à commencer par la presse israélienne. « Après des années de préparation », titre le Times of Israel, « l'État hébreu lance une offensive majeure contre l’Iran et son programme nucléaire ». « Des dizaines d’avions israéliens ont frappé des cibles à travers l’Iran, dans la nuit de jeudi à vendredi, y compris des sites nucléaires », explique de son côté Haaretz, selon lequel « des sirènes ont retenti partout en Israël » par crainte de représailles. Représailles qui ont d’ores et déjà commencé car, selon le Times of Israel, l’Iran a lancé « plus de cent drones vers Israël au cours de ces dernières heures ». L’Agence de presse iranienne IRNA, fait d’ailleurs savoir, ce matin, « qu’un plan est en cours d’élaboration pour une réponse ferme aux récentes attaques du régime sioniste ». IRNA cite également le guide suprême, l’ayatollah Khamenei, selon lequel Israël doit s’attendre à « une punition sévère ». L’ayatollah Khamenei reconnaît par ailleurs que « des commandants et des scientifiques ont été tués dans l’attaque israélienne ».
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200 avions de combatEt la presse américaine donne des précisions sur l’identité des responsables iraniens tués dans cette attaque. Le New York Times estime ainsi « qu’Israël a anéanti la chaîne de commandement militaire iranienne ». Le Washington Post annonce que « le chef des Gardiens de la Révolution, le général Hossein Salami, a été tué ». Le Wall Street Journal publie de son côté une vidéo de Téhéran, dans la nuit, qu’illuminent des explosions et cite un porte-parole israélien selon lequel « Israël a envoyé plus de 200 avions de combat en Iran et a largué plus de 330 types de munitions ». Le Wall Street Journal rappelle également le contexte de cette attaque, « qui intervient quelques jours avant que l’envoyé spécial américain Steve Witkoff ne rencontre ses homologues iraniens pour un sixième cycle de négociations sur le nucléaire ». Les États-Unis qui ont tenu à faire savoir, via le secrétaire d'État Marco Rubio, « qu'ils n’étaient pas impliqués dans les frappes iraniennes, mettant en garde l’Iran contre une attaque des forces américaines ». Affirmation qui n’aura pas convaincu l’Iran. Selon l’agence de presse IRNA, le ministère iranien des Affaires étrangères, a déclaré que les attaques israéliennes n’auraient « pu avoir lieu sans la coordination et l’autorisation des États-Unis ». « La promesse de Donald Trump, de "faire la paix" est fortement mise à mal par les frappes israéliennes contre l’Iran », constate de son côté le Japan Times, qui parle même d’un « affront » et cite un ancien conseiller de Barack Obama selon lequel « la diplomatie trumpienne est l’une des premières victimes de ces attaques ».
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Nouvel embrasementEn Europe, l’heure est également aux premières constatations. En Espagne, El Païs publie la photo d’un pompier, casque blanc sur la tête, au pied d’un immeuble dont certains étages sont éventrés. Autre photo, publiée cette fois par Die Welt, celle d’un petit groupe d’habitants constatant les dégâts près d’un immeuble effondré. Selon le quotidien allemand, Israël aurait informé les États-Unis « qu’il considérait ces attaques comme indispensables à sa légitime défense ». En Belgique, Le Soir rappelle que « l’amer contentieux entre Israël et l’Iran ne date pas d’hier ». Après plusieurs périodes de calme, voire d’entente, les Israéliens ont estimé que « la menace n’était pas qu’un leurre, depuis que l’Iran a annoncé, en 1998, avoir testé pour la première fois […] un missile capable d’atteindre Israël. » Enfin, en France, Le Parisien rappelle que l'opération israélienne n'est pas terminée et « qu'elle durera aussi longtemps que nécessaire », selon les propos tenus par le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu. Libération, de son côté, estime que « cette attaque massive et inédite rapproche un peu plus le Moyen-Orient d'un nouvel embrasement ».
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Saknas det avsnitt?
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Los Angeles vit une seconde nuit consécutive sous couvre-feu, pour tenter d'endiguer les affrontements entre manifestants dénonçant la politique migratoire de Donald Trump et forces de l’ordre depuis ce weekend. Et l'heure est à un premier bilan. Celui des images d'abord.
La Süddeutsche Zeitung consacre ce matin un long format numérique sur son site intitulé Chaos et réalité.
On découvre cette photo d'un homme cagoulé, posant torse nu sur le capot d'une voiture en flamme. Un désordre auquel ont aussi largement participé les policiers et les soldats de la garde nationale déployés sur ordre de Donald Trump.
Dans l'article du média allemand, deux d'entre eux décrivent leur action sous couvert d'anonymat : « Il n'y avait aucune coordination, pour nous, c'était comme essayer de jouer au football, au hockey sur glace et au baseball dans un même stade. »
« Les soldats ne sont pas formés pour faire face à des manifestations, contrairement aux forces de police locales », alerte Le Temps qui parle d'un « Donald Trump en guerre contre son propre pays. » Ce « recours unilatéral à l’armée sans précédent depuis soixante ans », souligne le journal suisse, est « une expérimentation à hauts risques qui pourrait être étendue à d'autres villes ».
« Ce n'est pas un cas isolé », grince-t-on aussi chez Sarah Mehta, de l'Union américaine des libertés civiles, interrogée par The Guardian.
Le New York Times, lui, donne la parole à un professeur de droit de l'université de Georgetown pour qui Trump a établi une « définition très large de ce qui constitue une situation d'urgence. Il s'est engagé à utiliser les troupes américaines pour "libérer" Los Angeles comme si elle était sous le contrôle d'une armée étrangère ».
Au Texas, le gouverneur républicain Greg Abbott, « fervent allié du président Trump notamment sur les questions d'immigration », souligne El Pais, a d'ailleurs lui aussi annoncé le déploiement de la Garde nationale.
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Un premier bilan politiqueDie Welt l'assure, le locataire de la Maison Blanche « sait qu'il sortira vainqueur des manifestations de Los Angeles. Si la police et l'administration de la métropole parviennent à maîtriser les troubles, Trump l'attribuera à ses tactiques de dissuasion. Si la situation s'aggrave et oblige les troupes qu'il a dépêchées à intervenir, lui seul aura sauvé la Californie ».
Le président américain peut s'appuyer pour cela sur un surprenant « allié » comme le baptise Le Monde, à savoir « le camp démocrate, incapable d’articuler des évidences consensuelles et de proposer un discours clair sur l’immigration. C’est toute la gauche qui flotte, entre condamnation de la répression trumpiste et promotion éthérée des vertus de l’immigration ».
Le journal français prévient, « Los Angeles est un piège », dans lequel les démocrates glisseront s'ils ne réussissent pas à répondre à plusieurs questions épineuses comme celle-ci « comment condamner les violences dans ses rues, les voitures brûlées ou les pierres lancées contre les forces de l’ordre, tout en rejetant l’idée d’une anarchie ? ».
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Un mouvement de contestation qui granditEl Pais a relevé des « manifestations dans 24 villes américaines » hier, « d'un océan à l'autre, de Las Vegas et Seattle à New York et Austin ».
Samedi, des centaines de rassemblements sont prévus à l'occasion d'un mouvement national, coordonné avant même l'embrasement californien, au moment où Donald Trump fêtera son 79e anniversaire. Un vent de protestation « qui sera peut-être le plus important depuis l'arrivée de Trump au pouvoir il y a cinq mois », prédit El Pais.
La Californie perd Brian WilsonBrian Wilson, le leader des Beach Boys, est décédé hier à 82 ans. Il était « l'une des figures les plus innovantes et pionnières de la musique pop » d'après The Independant, au Royaume-Uni. « L’égal des Beatles », s'enflamme Paris Match. Cet artiste avait incarné « le style de vie des adolescents californiens » comme le dépeint Variety avec ses hits dans les années 60. Enfin, selon le Washington Post, la large palette de Brian Wilson permettait de transformer aussi bien en mélodie « le soleil californien » que « l'angoisse existentielle ».
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Un drame qui endeuille une nouvelle fois la France. « Mélanie, tuée par un collégien de 14 ans » : le visage de la jeune surveillante est en première page du Parisien. « Le drame de trop », s’exclame le journal. « Comment est-ce possible ? Comment un jeune de 14 ans peut-il poignarder à mort la surveillante de son collège, en présence des gendarmes ? Depuis hier matin, le petit bourg paisible de Nogent en Haute-Marne et toute la France s’interrogent. Aucun village, aucune ville n’est donc à l’abri de cette hyperviolence qui étend peu à peu son linceul. »
Déjà fin avril, rappelle Le Monde, « un élève d’un lycée catholique de Nantes avait tué une camarade et blessé trois autres avec un couteau et les agressions de ce type se sont succédé ces derniers mois. Devant l’émoi suscité et la surenchère sécuritaire dont fait preuve une partie de la droite et de l’extrême droite, l’exécutif cherche comment prévenir ces agressions. Mais les solutions se sont révélées jusqu’ici inopérantes, soupire Le Monde, tant il est difficile de sécuriser 12 millions d’élèves et 1,2 million de personnels. Le meurtre d’hier l’a encore prouvé : du lycée privé de centre-ville au collège rural, tous les établissements peuvent être concernés par ces violences, y compris quand ils ne sont pas identifiés comme "à risque". »
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« Trop complexe pour y plaquer un discours de prêt-à-penser sécuritaire »« Sidération » et « tristesse » pour Libération : « La décence oblige a minima à attendre les premières conclusions des enquêteurs, estime le journal. On devrait en savoir plus ce mercredi. C’est d’autant plus nécessaire que la surveillante a été agressée alors que des gendarmes se trouvaient à quelques mètres d’elle, lors d’une opération "inopinée de fouilles de sac", dispositif récemment mis en place par Bruno Retailleau et Élisabeth Borne. C’était après la mort d’un adolescent à proximité d’un lycée de l’Essonne. Cette présence des forces de l’ordre au moment des faits n’invalide évidemment en rien, pointe Libération, la nécessaire réflexion sur les mesures de sécurité à prendre pour éviter que d’autres drames du même ordre se produisent. La prolifération des armes blanches, par exemple, est évidemment une question qu'il faut traiter. Mais la mort de la surveillante du collège Françoise-Dolto de Nogent démontre aussi que ce sujet de la violence en milieu scolaire est trop complexe pour y plaquer un discours de prêt-à-penser sécuritaire. Et que c’est dans le croisement des mailles éducatives et sécuritaires que se niche la bonne réponse. »
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Déconstruction…« Effroi et colère », s’indigne Le Figaro. « Comment les armes, "blanches" ou pas, la violence, la drogue, la pornographie et le sang ont-ils colonisé l’espace et l’esprit de nos enfants, de nos adolescents ? Ni les portiques de sécurité ni les consultations de santé mentale, pour souhaitables qu’ils soient, ne suffiront à endiguer cette effroyable dérive. Penseur du siècle dernier, Norbert Elias décrivait le processus de civilisation et l’intelligence des hommes comme le fruit de la transmission et de l’intériorisation des normes sociales et de la maîtrise de soi. C’est peu dire, soupire Le Figaro, que notre siècle, épris d’une idée dévoyée de la liberté, "déconstruit" toute idée d’autorité ou d’empêchement, d’héritage ou de savoirs… Or, derrière "la mince pellicule de la civilisation", avertissait à sa suite Raymond Aron, guette la barbarie. Qui s’emploiera, enfin, à restaurer cette "mince pellicule" ? »
L’arraisonnement du voilier Madleen : une opération com’ réussie…À la Une également, l’affaire du voilier humanitaire vers Gaza arraisonné par la marine israélienne hier avec ce commentaire du Temps à Genève : « Certes, cette flottille de la liberté était un pur coup de communication. Mais il a été efficace, relève le quotidien suisse. Il a trusté les antennes, en tout cas en France. Et il a jeté une lumière différente sur un blocus humanitaire inacceptable, dont on a beaucoup parlé, mais sur lequel les analyses commençaient à tourner en rond. Alors que l’on a parfois l’impression que tout a été essayé pour faire plier Benyamin Netanyahu, les matelots d’un jour auront réussi à provoquer d’importantes manifestations en France et ailleurs, pointe encore Le Temps, à forcer les autorités françaises à se positionner encore un peu plus contre ce blocus, bref à maintenir la pression sur le sujet dans certaines opinions publiques européennes. »
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Le ton monte entre le président américain et le gouverneur de la Californie. « L’affrontement est désormais brutal et sans filtre, s’exclame Le Monde à Paris, après l’envoi exceptionnel de plusieurs centaines de marines à Los Angeles [en renfort à la garde nationale déjà présente], envoi décidé par Donald Trump pour protéger les fonctionnaires et bâtiments fédéraux des heurts qui sévissent dans la mégapole. "Les marines ont servi honorablement dans de multiples guerres pour défendre la démocratie. Ce sont des héros", affirme le gouverneur californien, Gavin Newsom. "Ils ne devraient pas être déployés sur le sol américain, face à leurs propres compatriotes, pour réaliser le fantasme fou d’un président dictatorial. C’est une attitude anti-américaine", a ajouté le démocrate. Interrogé plus tôt sur une possible arrestation de Gavin Newsom, l’une de ses bêtes noires, Donald Trump avait lancé : "Je pense que ce serait super. Il a fait un boulot horrible". »
Commentaire du Monde : « Difficile, comme souvent, de savoir si ses propos relevaient de la pure provocation ou signalaient une réelle intention. »
Un bras-de-fer arbitré par l’opinion« Soyons clairs, s’exclame le Washington Post, ce déploiement de la Garde nationale n’était pas nécessaire, et l’envoi d’un bataillon de marines en service actif est une provocation de plus. Les forces de l’ordre locales et de l’État étaient en train de maîtriser la situation dans les rues de Los Angeles (…). Ces renforts ont attisé les tensions et pourraient prolonger la violence. À partir de là, l’impératif est de désamorcer l’escalade. Malheureusement, pointe le Washington Post, Trump et Newsom voient apparemment un intérêt à se battre. Les représentants de Trump menacent d’arrêter Newsom, et le gouverneur dénonce un coup de bluff. L’administration Trump menace également d’interrompre le financement fédéral de la Californie, et Gavin Newsom, en réponse, menace de ne pas payer d’impôts. »
En fait, analyse le quotidien américain, « les images de violences à L.A. jouent sur la plus grande force politique de Trump : la désapprobation populaire de l’immigration illégale. Newsom, quant à lui, semble essayer de provoquer de la part du président une réaction si extrême qu’elle aliénerait même les Américains qui soutiennent par ailleurs sa politique de répression de l’immigration. »
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Le spectre de la guerre civile ?Résultat, s’inquiète le Guardian à Londres, « l’idée que cette présidence puisse finalement se terminer par un conflit civil ne semble plus aussi exagérée qu’elle l’était autrefois. »
En effet, s’alarme le Los Angeles Times, « Trump déploie l’armée, les manifestants répondent. Cela ne se terminera pas bien… »
« Donald Trump déclare la guerre à la Californie honnie », renchérit Libération à Paris. Libération qui affirme qu’on assiste à « une entreprise autoritaire contre un État devenu symbole de l’opposition au trumpisme. Sous les oripeaux de la sécurité, Trump mène une croisade contre une Californie qui, depuis près de dix ans, incarne la résistance acharnée à sa vision de l’Amérique. En s’en prenant au "Golden State", Trump ne se contente pas de défier son gouverneur, Gavin Newsom, figure montante du Parti démocrate et possible prétendant à la présidentielle de 2028. Il s’attaque, dénonce Libération, à une Amérique progressiste, multilingue, et fière de sa diversité. Une Amérique qui protège ses sans-papiers, ses étudiants transgenres, ses universités, ses écosystèmes. Une Amérique qui, surtout, refuse la soumission. »
« No Kings ! »Pour le New York Times, voilà « ce à quoi ressemble une autocratie… (…) Un président qui déploie l’armée dans une ville américaine sur la base de mensonges ridicules concernant une invasion étrangère. En effet, il est difficile d’imaginer un panneau indicateur plus clair sur la route de la dictature. Samedi prochain, jour de l’anniversaire de Trump, ce dernier prévoit un gigantesque défilé militaire à Washington, censé célébrer le 250e anniversaire de l’armée. Des chars ont été photographiés en route vers la ville ; le Lincoln Memorial se dressant tragiquement à l’arrière-plan, comme une image tirée d’une dystopie hollywoodienne. Ce jour-là, il y aura des manifestations dans tout le pays sous la rubrique "No Kings" (pas de rois). Nous espérons désespérément, conclut le New York Times, que la tentative de Trump d’étouffer la protestation finira au final par l’alimenter. Ceux qui veulent vivre dans un pays libre peuvent avoir peur, mais ils ne doivent pas être intimidés. »
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Des manifestants pacifiques à Los Angeles brandissant des pancartes contre la politique de lutte contre l’immigration imposée par Donald Trump, mais aussi des voitures incendiées et des scènes d’affrontements avec les forces de l’ordre : ce sont les images à la Une de la presse internationale lundi 9 juin.
Dimanche 8 juin, le président américain a déployé la Garde nationale pour tenter de ramener le calme. Mais ce déploiement a, semble-t-il, au contraire jeté de l’huile sur le feu. C’est ce que constate le Los Angeles Times : « les forces de l’ordre ont affronté des manifestants hier après-midi dans le centre-ville de Los Angeles après l’arrivée des troupes de la Garde nationale à la demande du président Trump. »
En effet, renchérit le Boston Globe, « les manifestations s'intensifient à Los Angeles après le déploiement par Trump de centaines de soldats de la Garde nationale. » Pour sa part, constate le Washington Post, « le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, demande officiellement à l’administration Trump d’annuler le déploiement des troupes de la Garde nationale dans le comté de Los Angeles, qu’il juge “illégal“. »
« Il crée le chaos qu’il était censé prévenir… »En fait, commente le New York Times, le vrai problème, c’est en effet, le recours à l’armée. « La Garde nationale est généralement déployée dans les villes américaines lors de situations d’urgence, précise le journal, telles que les catastrophes naturelles et les troubles civils, ou pour apporter un soutien lors de crises de santé publique, lorsque les autorités locales ont besoin de ressources ou d’effectifs supplémentaires. Rien n’indique que cela ait été nécessaire ou souhaité à Los Angeles ce week-end, pointe le New York Times, où les forces de l’ordre locales ont, pour l’essentiel, maîtrisé les manifestations contre les raids fédéraux en matière d’immigration. (…) L’ordre du président Trump est fondé sur de faux prétextes et il est déjà en train de créer le chaos qu’il était censé prévenir. »
Et le New York Times de s’interroger : « où sont les limites ? Un président peut-il ordonner à des troupes de combat de répondre à ses caprices ? Et en fin de compte, à qui et à quoi sert l’armée américaine ? Au public américain ou à l’agenda politique du président ? »
« Les démocrates prêchent l’anarchie ! »Autre analyse pour le New York Post, quotidien conservateur proche de la présidence : « jusqu’à quel point les démocrates auraient-ils laissé aller les émeutes de Los Angeles si Trump n’avait pas envoyé la Garde nationale ? », s’interroge le tabloïd conservateur. « Le fait est, poursuit le New York Post, qu’un président démocrate (Joe Biden) a fait entrer (durant son mandat) 10 millions de migrants illégaux à l’intérieur du pays, et que la nation a réagi en élisant Trump pour renvoyer ces masses chez elles, en commençant par les criminels et par ceux qui ont épuisé leurs droits à rester dans le pays. Mais (…), de Newark à New York, de Chicago à Los Angeles, les démocrates prêchent l’anarchie, s’exclame encore le New York Post, prétendant que les agents de l’immigration n’ont aucun droit légal d’arrêter les personnes en situation irrégulière. »
Un affrontement politique ?La presse européenne, de son côté, est plutôt critique. Ainsi pour le Süddeutsche Zeitung à Munich, « Trump joue désormais avec le feu, car les agents en uniforme déployés à ses côtés ne contribueront guère à apaiser la situation. De plus en plus d’Américains sont consternés par le traitement réservé par le gouvernement aux immigrants considérés comme illégaux, alors même que nombre d’entre eux vivent, travaillent et paient des impôts aux États-Unis depuis des années, voire des décennies. »
Par ailleurs, poursuit le quotidien allemand, « Trump cherche également à affronter les dirigeants californiens, car cette région, la plus importante du pays, est gouvernée par les démocrates. Il veut démontrer, comme il a tenté de le faire après les incendies de janvier, que les démocrates ne savent pas gérer leur territoire. D’autant que le gouverneur Newsom, qui prendra sa retraite après les élections de 2026, pourrait bien se présenter à la présidence en 2028. »
Une manœuvre de diversion ?Enfin, pour le Guardian à Londres, Trump fait diversion. « Les manifestations (à Los Angeles) contre les raids des services de l’immigration lui offrent un front qui focalise la colère, la haine et la peur, détournant ainsi les critiques de son action vers un soi-disant “ennemi intérieur“. Trump est passé maître dans l’art de la diversion et, à l’aide d’images sordides de droite, il cherche à détourner l’attention de ses échecs politiques et de sa querelle avec Elon Musk. »
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Le clash entre Donald Trump et Elon Musk provoque des remous au sein de l'extrême droite américaine. Cette « querelle […] révèle une faille fatale dans le projet MAGA » lance The Guardian. MAGA, l'acronyme de Make America Great Again (soit rendre l'honneur à l'Amérique, en français), le célèbre slogan de campagne de Donald Trump, dont les partisans se rangent derrière le président et célèbrent le « désarrimage avec Musk jugé fébrile et incontrôlable », écrit le Soir.
Des partisans « purs et durs ravis » de la brouille, tant ils « se défiaient depuis longtemps d'Elon Musk », analyse encore le quotidien belge qui rapporte les propos enflammés contre le milliardaire de la Tech de l'un des « cerveaux du mouvement » MAGA, Steve Bannon, l'ex-directeur de la stratégie présidentielle : « Le président l’a traité presque comme un fils. Il a invité sa famille au repas de Noël. Il l’a laissé dormir chez lui. Va te faire fout**, mon vieux. »
Pour le Figaro, « la lune de miel aura été de courte durée » au sein de « cette union improbable des grands oligarques de la tech et du camp MAGA - les uns incarnant le futur et les autres l’Amérique populaire et enracinée - qui s’expliquait par leur volonté commune de stopper[...] la gauche démocrate woke. »
Mais choisir le progressisme comme ennemi commun n'aura pas suffi à masquer les divergences. Le journal français en note trois principales. D’abord les droits de douanes, chers à Donald Trump alors que les mastodontes de la technologie ont « massivement profité du libre-échangisme ». Deuxièmement, la question des dépenses publiques, le président américain n'ayant « jamais mis l'amaigrissement de l'État et de la dette publique au premier rang de ses préoccupations », car ce n'est pas un libertarien, rappelle encore le Figaro.
Et troisième point de discorde, l'immigration. La Silicon Valley reste « attachée au maintien d'une immigration sélective massive ».
Un migrant expulsé par erreur rentre aux États-UnisLe Salvadorien Kilmar Abrego Garcia est arrivé samedi 7 juin sur le sol américain pour y être jugé en raison de son appartenance présumée à un réseau de passeurs visant à faire entrer aux États-Unis des membres du gang MS-13. Une affaire qui avait « gagné en notoriété, car le gouvernement avait reconnu pour la première fois une erreur dans sa politique d'expulsion », rappelle El Pais.
L'homme qui résidait dans l'État américain du Maryland avait été envoyé en mars dans une prison salvadorienne « tristement célèbre », souligne le Wall Street Journal. Et ce malgré une ordonnance antérieure interdisant son renvoi dans son pays d'origine. Le quotidien économique pense que « la décision de rapatrier Kilmar Abrego Garcia aux États-Unis constitue un revirement pour l'administration Trump », en offrant à celle-ci une porte de sortie hors d'une « impasse juridique de plus en plus tendue », note le Washington Post. Impasse « dans laquelle les tribunaux ont accusé l'administration de bafouer les ordonnances judiciaires ».
La présence armée russe au Mali redéfinieLe ministère de la Défense russe reprend la main en installant son Africorps après quatre années de présence de Wagner sur le sol malien. Le groupe était arrivé à la suite du départ progressif des troupes françaises et européennes pour des missions de lutte antiterroriste confiées par Bamako. La capitale n'a « jamais reconnu la présence de Wagner », souligne Afrik.com, « préférant évoquer des instructeurs russes ». Les paramilitaires quittent le Mali après avoir « éliminé des milliers de terroristes », selon leur communiqué.
Des « déclarations triomphalistes » décrit encore le site d'information africain. En Allemagne, la Süddeutsche Zeitung appuie : « Ces derniers mois, les mercenaires ont subi de lourdes pertes, y compris parmi leurs commandants de haut rang. »
Le succès affiché reste donc « très relatif » explique le Monde Afrique. « De larges pans du territoire restant sous contrôle djihadiste », en attestent les récentes attaques dans le centre du pays comme sur le camp militaire de Boulikéssi.
Le média français rappelle aussi que les combattants du groupe se sont « illustrés par de nombreux massacres de civils », comme à Moura en mars 2022, où au moins 500 personnes avaient été tuées, selon l’ONU.
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Le président américain et son désormais ex-allié, chargé jusqu'à peu de tailler à la tronçonneuse dans les dépenses publiques, se sont violemment écharpés jeudi 5 juin. Donald Trump traite Elon Musk de « fou », il se dit « déçu » des commentaires acerbes du patron de Tesla et X quelques jours plus tôt sur un projet de loi budgétaire actuellement débattu au Congrès. « Sans moi… Trump aurait perdu l'élection présidentielle en 2024 », grince Elon Musk dans sa réponse, « quelle ingratitude ».
Et ce n'est qu'un extrait des messages postés par réseaux interposés : « Un choc des titans, […] mesquin, lyrique, enfantin, désordonné », liste le New York Times, sur des sujets « importants et insignifiants » note le Guardian. En France, Le Figaro ose même comparer la joute à « une lutte digne de deux héros de Marvel avec leurs superpouvoirs ».
« Presque aussi célèbre que lui, nettement plus riche, et disposant avec son réseau social X d’un porte-voix médiatique capable de rivaliser avec celui dont dispose le président des États-Unis, [Elon] Musk est presque aussi vindicatif et rancunier que Trump ». Celui-ci, écrit Le Figaro,« voit se retourner contre lui ses propres méthodes : le tweet vengeur et l’insinuation fielleuse, avec quelques émoticônes en plus ».
« Il y a exactement une semaine, tout allait bien »Die Welt en Allemagne rappelle pourtant, « qu’il y a exactement une semaine, tout allait bien : c'était le dernier jour du milliardaire de la tech en tant qu'assistant spécial du gouvernement, et Trump voulait lui faire ses adieux lors d'une conférence de presse spécialement organisée pour lui ».
Le Washington Post analyse : « pendant des mois, [...] la question de savoir combien de temps un duo entre deux hommes habitués à jouer en solo pouvait rester en suspens. Les échanges houleux de jeudi ont apporté une réponse définitive ».
« Dommage que nous n'ayons pas organisé de pari en janvier », sourit le Wall Street Journal, en référence à l'investiture de Donald Trump.
« Et comme ces types ne savent que faire monter les enchères », ajoute le journal économique, l'homme le plus riche du monde a lancé l'idée d'un nouveau parti pour destituer les Républicains. Le locataire de la Maison Blanche a rétorqué et brandi une menace majeure : la suspension des crédits gouvernementaux, « dont dépend l'empire commercial de Musk » selon le Washington Post.
Le quotidien de la capitale américaine qui avance un chiffre de « 38 milliards de dollars de fonds publics reçus par les entreprises »d’Elon Musk. Donald Trump ironise, le voilà, « le moyen le plus simple d’économiser dans notre budget ».
Des piques et des noms d'oiseaux qui ont eu des conséquences notables puisque le titre de l'action Tesla a chuté de près de 15 % jeudi en Bourse.
Une détente amorcée entre Donald Trump et Xi JinpingLe président américain et son homologue chinois ont décroché leur téléphone pour « sortir de l'impasse » jeudi. C'est ce qu'écrit le South China Morning Post après cet entretien téléphonique entre Donald Trump et Xi Jinping pour tenter d'apaiser les tensions entre les deux pays liés aux droits de douanes. La première prise de contact par téléphone « depuis le déclenchement de la guerre commerciale début avril », souligne le China Daily.
« Dans ce qui peut être interprété comme une main tendue », selon le quotidien espagnol El Pais, le dirigeant chinois a proposé à Donald Trump de se rendre en Chine. Une invitation acceptée et retournée par le républicain au n°1 de l'État chinois.
Quatre juges de la CPI sanctionnés par les États-UnisWashington a sanctionné ce jeudi quatre magistrats de la Cour Pénale Internationale qui estiment qu'il y a des « motifs raisonnables » à soupçonner le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou de crimes de guerre et crime contre l'humanité.
Actualité qui entre en résonance avec cette tribune de plusieurs historiens publiée dans Le Monde vendredi matin. « Le silence sur Gaza met à nu de façon dramatique un point aveugle de nos cultures mémorielles », écrivent les chercheurs qui précisent que, pourtant, « les sociétés européennes sont éduquées à la prévention des crimes de masse, en particulier par la mémoire de la Shoah ».
« Les dirigeants européens ont une responsabilité historique alors que [...] le piège de la mémoire s'est refermé dans les décombres et sur les corps déchiquetés de Gaza ».
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Le Premier ministre israélien pourrait être sur la sellette : « la guerre à Gaza menace enfin l’emprise de [Benyamin] Netanyahu sur le pouvoir », constate ainsi Haaretz. Puisque d’un côté, « le conflit ne peut pas se poursuivre sans nouvelles recrues », et de l’autre, « la population ultra-orthodoxe refuse d’envoyer ses fils combattre ».
Il faut dire qu’il s’agit « d’un problème vieux de plusieurs décennies », rappelle le journal, qui s’est encore accéléré depuis le début du conflit : les partis concernés « font entendre leur désaccord avec le gouvernement depuis longtemps, et à présent, ils semblent plus près que jamais d’y mettre fin ». Au point que les partis ultra-orthodoxes ont menacé de quitter la coalition du Premier ministre.
Un désaccord de longue dateEn fait, ces extrémistes religieux refusent de participer au service militaire – ils bénéficient d’une exemption pour consacrer leur temps à l’étude de la Torah. Pourtant, juge le Jerusalem Post, « du point de vue de la Torah », justement, « les arguments en faveur d’un service militaire partagé ne sont pas seulement défendables : ils sont irréfutables. » Le journal conservateur considère en effet que le service militaire « touche au symbolisme au cœur de l’identité israélienne : le retour à une terre promise autrefois perdue ».
C’est bien là d’ailleurs qu’est tout le paradoxe, pointe Haaretz : d’un côté, les « haredim » sont « dédiés à la poursuite ad-vitam eternam de la guerre à Gaza, jusqu’à ce que leur rêve d’un nettoyage ethnique total soit accompli » ; de l’autre, l’armée a besoin de nouvelles recrues. Or, « la plus grande réserve d'effectifs potentiels est la jeunesse ultra-orthodoxe ».
Et le résultat, conclut le quotidien, est que « Benyamin Netanyahu se retrouve coincé entre les menaces, les fantasmes et les peurs » de ses partenaires politiques. Alors, « pour l’heure, le Premier ministre joue la montre, comme il le fait toujours ».
Au milieu du tumulte, des milliers d'oubliésAu milieu du tumulte figurent des milliers d'oubliés : les Gazaouis qui, chaque jour, subissent la faim, les bombardements, le deuil. « Ceux que la majorité des Israéliens ne veut pas voir, et dont on ne veut pas savoir l’histoire », accuse Le Temps en Suisse. « Les experts courent les plateaux pour analyser les dernières bisbilles politiques et les décisions militaires », occultant les récits des horreurs vécues par la population palestinienne.
Conclusion, analyse le journal, « pour les Israéliens, Gaza est un territoire d’abstrait, l’enfer d’où sont sorties des cohortes sanguinaires un sombre jour d’octobre » et rien d’autre. « Cela doit cesser », martèle le titre : « Il faut sauver Israël de lui-même. »
Sauver les États-Unis de Donald Trump ?Face aux dernières annonces du président américain Donald Trump, le New York Times s’insurge de l'« approche autoritaire de la présidence » et dénonce « son envie compulsive de dominer, sa quête égotique de pouvoir sur tout ce, et ceux, qu’il rencontre ». Pour Le Monde, cela ne fait pas de doute non plus : les États-Unis sont en pleine bascule vers « le nationalisme autoritaire », tandis qu’El Pais prédit que le pays « se dirige vers un État de surveillance technologique de masse », capable de « surveille[r] la vie de millions de personnes », même si son infrastructure, « pour le moment, se concentre sur la persécution des migrants ».
Le quotidien espagnol énumère les outils de ce système de surveillance : « analyse massive et non autorisée des réseaux sociaux ; analyse des données biométriques (…) ; interception des communications téléphoniques ; géolocalisation », le tout « sans autorisation judiciaire ». Que le pouvoir espionne et contrôle, ce n’est pas nouveau - ce qui l’est, en revanche, s’inquiète le titre, c’est que « Washington se vante plus qu’il ne nie l’existence » de ce système de techno-surveillance.
Une difficile marche arrièreLe New York Times exprime ses craintes : « nous devrions traiter Trump et son administration ouvertement autoritaire comme un échec », écrit le journal, pourtant, « il n’y a même pas de consensus public sur la nature de notre situation actuelle ». Dans ce contexte, « comment renverser la glissade de l’Amérique vers le despotisme ? »
Et attention à ceux qui penseraient que ce qui se passe outre-Atlantique reste outre-Atlantique. Pour Le Monde, « certaines tendances observées » aux États-Unis et en France « sont comparables et susceptibles d’aboutir à une catastrophe de même ampleur ». « La désindustrialisation », d’abord, et son « désespoir teinté d’amertume ».
La disparition, aussi, « des solidarités et des organisations syndicales », et le fait de se recroqueviller sur « [s]es proches. Ceux "comme nous" ». Contre les ‘autres, en résumé : « les immigrés et les profiteurs ». Autant de points communs qui n’encouragent pas le Monde à l’optimisme : « Si l’on se fie au miroir américain, les graines du désastre sont déjà semées ».
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Une attaque « audacieuse » « aussi inattendue que diplomatiquement ciblée » pointe le Washington Post. Dimanche, l’Ukraine a visé plusieurs aérodromes russes, installés profondément dans les terres. Kiev aurait détruit une quarantaine d’avions militaires dont une dizaine de bombardiers. C’est-à-dire, s’exclameLe Soir en Belgique, « un tiers de l’aviation stratégique russe » ce qui en fait « une opération d’exception qui rentrera dans les livres d’histoire ».
Ce n’est pas la première fois que Kiev touche des cibles en Russie en profondeur. Mais, ce qui est inédit, juge le Post, c’est que l’opération « Toile d’Araignée » a frappé les terres russes « à cette échelle et avec cette complexité ». Et cela démontre rien de moins, martèle le quotidien, que la capacité ukrainienne à tirer « à proximité de ce qui fait partie des atouts militaires russes les mieux protégés ».
Avis partagé par Le Monde, selon qui l’attaque « révèle la vulnérabilité de la Russie » puisque les Ukrainiens ont réussi « à s’infiltrer sur le territoire russe et à détruire des forces aériennes stratégiques » y compris liées au nucléaire.
L'impact psychologique au-delà de l'opération militaireSur ce plan-là, c’est bien simple : l’opération « aura stupéfié en Russie » selon Le Figaro et aura surtout été « un sérieux camouflet » pour les autorités. On peut même, estime Le Monde, parler d’ « humiliation » pour Moscou, privée d’appareils « qui valent des dizaines, voire des centaines, de millions de dollars, » rendus hors d’usage par « de simples drones FPV à 10 ou 20.000 dollars la pièce ». En clair, résume le Wall Street Journal : « l’Ukraine en a eu pour son argent ».
Mais attention à ce que les partenaires de l’Ukraine ne se réjouissent pas trop vite. Pour le quotidien financier, cette opération est « un avertissement » pour les États-Unis : « pas besoin d’être un amateur de thrillers pour imaginer un scénario similaire » dans le pays, avec cette fois des assaillants venus d’Iran ou de Chine, pointe un expert militaire. Car, s’inquiète le WSJ, loin de n’être mis en danger que par des missiles balistiques, « les États-Unis sont aussi confrontés à des menaces (…) allant des drones et des dirigeables espions, aux missiles de croisière tirés depuis des sous-marins ». Dans ce contexte, le projet de « Dôme d’or » anti-aérien annoncé en grande pompe par Donald Trump n’est peut-être pas « le ‘gaspillage’ dont la presse veut bien parler ».
Bisbilles entre Donald Trump et Elon MuskLa relation autrefois idyllique entre les deux hommes semble avoir du plomb dans l’aile. Une semaine après avoir quitté le Doge, le patron de Tesla a qualifié « d’abomination répugnante » la loi sur le budget voulue par le président, « ce qui témoigne, analyse le New York Times, d’un fossé grandissant avec les Républicains ». Et même si ces derniers jours, « les deux hommes ont continué de professer publiquement leur admiration mutuelle, le départ d’Elon Musk de Washington semble l’avoir libéré de son obligation de présenter un front uni avec la Maison-Blanche » qui peut de nouveau « semer le chaos » sur son fil X. Et, selon un éditorialiste quelques pages plus loin, « l'année écoulée n'a fait aucun mal, à long terme » à celui qui reste, pour l'auteur, au-delà d'un personnage « instable et imprudent », « un visionnaire... » « pour le meilleur et pour le pire ».
L'intelligence artificielle et les violences sexistesDroits d’auteur, création artistique, désinformation… toutes ces craintes sont connues… mais le Guardian s’inquiète ce matin d’un autre phénomène : pour le journal britannique, « l’IA ouvre la voie à une nouvelle ère de violences contre les femmes ». Alors que cette nouvelle technologie a été « décrite par certains analystes comme le ‘nouveau pétrole’ » alors que « chacun entre dans la danse » les garde-fous, eux, « passent à la trappe ». Et cela va plus loin que les deepfakes de photos intimes : le Guardian raconte qu’il existe désormais « un site où les utilisateurs peuvent discuter avec des robots IA » et « avoir accès à une maison close en ligne où travaillent des jeunes filles – virtuelles donc – de moins de 15 ans ». Pire encore, l’IA complète désormais des robots sexuels, capables de performer certains actes. Et, pointe le journal britannique, « certains industriels ont imaginé un réglage ‘frigide’ qui permettrait aux utilisateurs de simuler un viol ». On avait déjà constaté que l’intelligence artificielle générative, ChatGPT par exemple, reproduit les biais sociaux – le racisme, le sexisme, le mépris de classe. C’est pire, dénonce le Guardian, « lorsque l’on réalise combien de contenu en ligne va bientôt être produit par ce nouvel outil ».
En bref, prédit le journal : « les femmes risquent d’être ramenées à l’âge des ténèbres, par la même technologie qui promet aux hommes de les catapulter dans un avenir radieux ».
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C’est le cri de dépit lancé par Le Soir à Bruxelles après l’élection dimanche à la présidence polonaise du candidat nationaliste Karol Nawrocki, incarnant le parti Droit et Justice (le PiS). « À peine, en Europe, a-t-on eu le temps de pousser un "ouf" de soulagement qu’on se retrouve à nouveau hors d’haleine, soupire le quotidien belge, étouffés par la vague populiste et extrémiste qui continue de “remporter" nombre de démocraties. Après la victoire du centriste Nicusor Dan en Roumanie, on s’était repris à croire à la force des mobilisations citoyennes et à la puissance des électeurs déterminés à ne pas laisser leurs gouvernements passer fatalement dans le camp de l’extrême droite et de ses multiples déclinaisons. Mais, depuis ce dimanche et la victoire à la présidence de la Pologne du candidat national populiste Karol Nawrocki, le sursaut roumain ne pèse plus lourd au regard du coup de massue venu de Varsovie ».
« Un échec et un cauchemar pour le gouvernement Tusk »« Pologne : un coup de tonnerre dans le ciel européen », renchérit Le Monde à Paris. C’est « un échec et un cauchemar pour le gouvernement Tusk, au pouvoir depuis les élections législatives d’octobre 2023 et dont l’agenda progressiste de rétablissement de l’État de droit était freiné par l’obstruction du président sortant conservateur, Andrzej Duda. En cohabitation avec Nawrocki, le pro-européen Tusk va devoir composer avec un président qui maniera son droit de veto avec beaucoup plus d’activisme que son prédécesseur et tentera de le pousser à organiser des élections anticipées. (…) L’élection de Nawrocki est aussi lourde de conséquences pour l’Union européenne, pointe encore Le Monde. Le nouveau président ne remet pas en cause l’appartenance de son pays à l’UE, ni celle à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord, mais il appuiera les forces souverainistes au sein de l’Union et il est opposé à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN ».
Enfin, relève Le Monde, « cette victoire du camp nationaliste en Pologne illustre la poussée de la dynamique d’extrême droite en Europe appuyée par les ingérences américaines. Karol Nawrocki était, de fait, le candidat de Donald Trump ».
L’ombre de Trump…En effet, « Trump triomphe en Pologne », insiste Die Welt à Berlin. « Le leitmotiv est toujours le même – celui qui a sous-tendu le discours du vice-président de Trump, J.D. Vance, lors de la Conférence de Munich sur la sécurité en février : l’Europe est dépeinte comme un continent où la liberté d’expression est mise à mal par la gauche – et où l’immigration massive incontrôlée menace la perte de la culture et des traditions conservatrices. Selon cette représentation, la seule issue réside dans les mouvements et partis nationalistes d’extrême droite européens. Eux seuls peuvent rendre à l’Europe sa grandeur et la ramener à un prétendu âge d’or ».
Alors, soupire Die Welt, « “la Pologne d’abord", “l’Allemagne d’abord", « la Roumanie d’abord". C’est le rêve d’une Europe des patries souveraines ».
Et le quotidien allemand de s’interroger :« le continent est-il réellement en route vers un avenir politique meilleur si tous les pays se comportent de manière égoïste et nationaliste, à l’image de l’Amérique de Trump ? Difficile à imaginer ».
Deux visions sociétales aux antipodesEn tout cas, résume Le Temps à Genève, « avec Karol Nawrocki président, la Pologne reste un pays extrêmement divisé, où se font face deux visions sociétales aux antipodes. Des blocages pourraient survenir concernant l’avortement, les droits LGBT+, la migration ou encore l’aide aux réfugiés ukrainiens. Les liens avec Bruxelles risquent de se tendre. Notamment sur les questions liées à l’Etat de droit. Le premier ministre Donald Tusk, à la tête de la présidence tournante de l’UE jusqu’à fin juin, a bien sûr déjà dû composer avec un président conservateur. Mais le voilà, s’exclame encore le quotidien suisse, avec une nouvelle muselière bien tenace, lui qui espérait avoir les coudées franches ».
Enfin, ce commentaire du Times à Londres : « la cohabitation est un mot odieux (…). “On dort dans le même lit, mais on rêve de choses différentes", dit un proverbe chinois. (…) Si le libéral Trzaskowski avait gagné, Tusk se réjouirait d’un partenariat de gouvernement dynamique. Au lieu de cela, il doit traîner un boulet jusqu’aux prochaines élections législatives, prévues pour 2027, entravé par un président déterminé à saper son action à chaque occasion (…) ».
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Paoutina qui veut dire en ukrainien « toile d’araignée » : ce qu’ont réalisé hier dimanche les services secrets ukrainiens est « une opération militaire unique dans l’histoire, s’exclame Le Soir à Bruxelles, stupéfiante à bien des égards ».
À savoir, le « bombardement de quatre des principaux aérodromes militaires russes, abritant la flotte de bombardiers stratégiques, au moyen de simples petits drones dissimulés dans des camions. En l’espace de deux heures, 41 appareils porteurs de missiles de croisière ont été détruits, soit un tiers de la flotte aérienne stratégique russe ! Les forces ukrainiennes ont souvent fait preuve d’audace, relève Le Soir, mais elles ont encore repoussé leurs limites avec cette opération “Paoutina", semble-t-il planifiée depuis un an et demi ».
Le « Pearl Harbor russe »C’est « une humiliation pour l’armée et les services secrets russes »,s’exclame La Croix à Paris. La Croix qui cite cette réaction du blogueur militaire russe Roman Alekhine : « c’est le Pearl Harbor russe ».
Le Washington Post fait le rapprochement également avec Pearl Harbor… « Les Ukrainiens ont à nouveau réécrit les règles de la guerre hier, affirme le journal. Le haut commandement russe a dû être aussi abasourdi que les Américains en 1941 (lors de l’attaque japonaise), lorsque les Ukrainiens ont mené hier cette attaque surprise contre cinq bases aériennes russes situées loin du front - dont deux à des milliers de kilomètres dans le Grand Nord et en Sibérie. (…) L’analogie avec Pearl Harbor est pertinente, poursuit le Washington Post, dans la mesure où les deux attaques signent l’obsolescence de systèmes de frappes autrefois dominants : à savoir en 1941, les cuirassés, et aujourd’hui, les avions pilotés ».
Vulnérabilité…En effet, « des essaims de drones ukrainiens, dont la construction a probablement seulement coûté quelques dizaines de milliers de dollars, ont pu détruire les aéronefs russes les plus sophistiqués, provoquant plus de 2 milliards de dollars de dégâts ». Et « ce faisant, relève encore le Washington Post, les Ukrainiens ont révélé une vulnérabilité qui devrait donner des insomnies à tous les généraux du monde. (…) Les armées qui pensaient avoir sécurisé leurs bases aériennes avec des clôtures électrifiées et des postes de garde devront désormais compter avec la menace aérienne que représentent les drones bon marché, omniprésents et facilement modifiables à des fins militaires ».
Commentaire du Devoir à Québec :« en quelques années, les Ukrainiens, tragiquement forcés par les événements, ont bâti de remarquables capacités militaires. Ce dernier épisode — avec “zéro aide occidentale“ — le démontre encore une fois : peu à peu, l’Ukraine s’autonomise face à ses donateurs et à ses soutiens et s’affirme comme nation ».
Paris en liesse…A la Une également, Paris qui n’en finit plus de fêter son sacre en ligue des Champions…
« Jour de liesse », lance Le Parisien en première page. « De la plus célèbre avenue du monde au Parc des Princes, en passant par l’Elysée, Paris a honoré les joueurs de Luis Enrique (…). Une douce folie ».
« Paris vaut bien une liesse », ironise Libération, travestissant ainsi la fameuse formule d’Henri IV.
« Les scènes de joie qui ont suivi le match de samedi sont la preuve d’un élan collectif toujours vivace pour les grands-messes sportives, poursuit le journal, quelques mois après la vague d’enthousiasme pour les Jeux olympiques, qui avaient redonné du peps à une France affectée par une dissolution ratée. Et rien de mieux pour faire société, relève Libé, quand émerge en plus la figure d’un jeune héros. Tel Kylian Mbappé en 2018, c’est aujourd’hui un jeune nommé Désiré qui suscite la passion de tout un peuple. Avant cette finale, une question agitait le microcosme des journalistes sportifs, celle de la “nationalité" du PSG, localisé à Paris mais puissant instrument de soft power qatari. Pourtant, pointe Libération, avec ses pépites de joueurs tricolores comme Désiré Doué, Ousmane Dembélé ou Bradley Barcola, et sa réussite portée par son sens du jeu collectif, ce PSG-là a su se faire aimer des Français, au-delà de la capitale ».
L’Equipe, enfin, s’interroge : quid de l’avenir ? « Le club parisien peut envisager d’autres conquêtes, à l’horizon », affirme le quotidien sportif. Contrairement à d’autres clubs, « le PSG a les moyens (financiers) de sécuriser tous ses jeunes joueurs et d’être inattaquable par les grandes familles du foot européen. La théorie du début d’une domination est aléatoire, mais séduisante. Tout dépendra de la capacité du PSG à continuer de grandir et à digérer cet accomplissement, et de la manière dont ses adversaires vont réagir ».
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Après 19 mois de guerre quasi-ininterrompue, certains journaux s’autorisent à y penser, après qu’Israël a accepté une proposition américaine de cessez-le-feu. Plusieurs d’entre eux – à commencer par Haaretz et le Jerusalem Post – rapportent les propos du président Donald Trump selon qui « Israël et le Hamas sont proches de signer un accord. »
Reste à voir ce qu’en dit le groupe armé palestinien, qui à ce stade, analyse Haaretz, « demeure hésitant, (…) à cause du manque de garanties sur la fin effective de la guerre. » Surtout, écrit le journal israélien, qui a pu consulter la proposition de cessez-le-feu, le Hamas « n’a pas confiance en la volonté de Donald Trump d’intervenir si les discussions coincent. » Et le Jerusalem Post va plus loin : d’après le quotidien, « le Hamas se sent trahi par l’administration américaine, et pense s’être ‘fait avoir’ avec une proposition pro-israélienne. »
Les États-Unis, toujours fervents soutiens d'IsraëlMalgré une séquence qui a « souligné la volonté grandissante de l’Europe de faire pression sur le gouvernement Netanyahu », retrace le Washington Post, les positions européennes restent « en conflit avec le soutien vocal et continu des États-Unis ». Les européens, eux, font part d’une « insatisfaction grandissante », rappelle le titre. Ils « ont perdu patience avec Benyamin Netanyahu, ont tenu compte de l’opinion publique et ont assisté à un nouveau tournant sombre de la guerre », lorsque les autorités israéliennes ont bloqué pendant près de trois mois l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza.
Même maintenant que le blocus a pris fin, décrit Haaretz, le pays « ne laisse entrer l’aide qu’au compte-gouttes » – pour le journal israélien, l’enclave palestinienne est même devenue « le lieu le plus affamé de la planète ». La faim, la dévastation, le désespoir, sont presque trop grands pour être mesurés. Il le faut pourtant, et le New York Times s’y attelle : « La famine à Gaza peut être calculée au nombre de côtes saillantes d’une fillette de six ans, (…) aux kilos qu’elle et ses proches ont perdu. Aux deux tomates, aux deux poivrons, et à l’unique concombre qu’un enfant peut acheter pour nourrir toute sa famille ce jour-là. »
La situation est dramatique et pourtant, rien, ou si peu, ne bouge. C’est comme si, écrit un penseur de confession juive dans les colonnes du Monde, « les Palestiniens n’exist[aient] plus, de manière générale, dans l’esprit des Israéliens ». Cet auteur, qui a passé de longues années au Rwanda, sans comparer deux situations qui « ne sont guère comparables », rappelle qu’en 1993, « on évoquait un risque de génocide, mais on ajoutait toujours que cela n’arriverait pas. À Gaza, c’est la même chose ». Avec un risque, selon lui : « une inflexion du destin » de l’enclave, mais aussi d’Israël, dont l’attitude « est un renoncement à ce qu’il a été ». N’en déplaise à Donald Trump. Pour ce même auteur, le président américain, avec son idée de station balnéaire à Gaza, « veut couvrir la zone de peinture blanche, y construire (…) un endroit joyeux. C’est une manière absurde d’effacer l’histoire ».
D'autres préoccupations pour le président américainEt principalement, encore et toujours, ses droits de douane. Malgré un revers en justice, le président américain ne désarme pas : « Il a annoncé [hier], rapporte Le Devoir au Canada, que la surtaxe sur l’acier et l’aluminium passerait mercredi prochain à 50 %. » Une nouvelle escalade dans sa politique douanière, que le South China Morning Post décrit sans aménité : « L'ignorance, l’arrogance, (…) et la peur de 'l’autre' ont convergé, en une démonstration de la grossièreté américaine sous stéroïdes. »
Des justifications économiquesC’est en tout cas l’opinion du Wall Street Journal, puisque « le prix mondial de l’acier a chuté ces derniers mois », le quotidien juge qu’il est « plus facile pour les acheteurs de payer les taxes actuelles sur les imports, tout en acquérant de l’acier à un prix réduit par rapport aux tarifs nationaux ». Ces nouvelles surtaxes devraient donc régler le problème, tout en « donnant aux producteurs locaux plus de pouvoir pour augmenter leurs prix ».
Une analyse que ne partage pas le South China Morning Post : en réalité, juge le titre, « le déficit commercial américain, souvent cité comme justification, n’est que le symptôme d’un malaise plus profond ». Celui d’une Amérique « qui cherche désespérément à montrer sa force », une Amérique dont l’image « a été soutenue pendant des décennies par une hégémonie économique » à présent « en déclin ». Finalement, assène le quotidien, cette séquence révèle « la vacuité du soi-disant rêve américain (…), un tigre de papier ».
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C'est le rythme auquel avance la lutte entre les tribunaux américains et le président Donald Trump en ce moment. La justice a suspendu ses droits de douane ? Pas de problème, l’administration réplique et obtient « une "suspension d’urgence" de la décision » raconte le Guardian.
C’est là surtout un moyen de gagner du temps, pour que, raconte le Wall Street Journal « les responsables américains évaluent leurs options, au cas où elles doivent trouver une nouvelle autorité légale pour imposer les droits de douane » présidentiels. Car c’est bien là le problème : les tribunaux ont suspendu ces mesures au motif que le président, lui, n’avait pas l’autorité pour les imposer.
La question de la stratégieSelon le Wall Street Journal toujours, « l’équipe du président examine une réponse en deux temps. » D’abord, se tourner vers « une disposition jamais utilisée de la loi sur le commerce de 1974, » pour « imposer des droits de douane provisoires sur des pans entiers de l’économie mondiale pendant 150 jours. » Pendant ce temps-là, il pourrait, en vertu de la même loi, « concevoir des droits de douane individualisés pour chaque grand partenaire commercial. »
À moins que, pointe le Washington Post, l'administration ne décide d' « ignorer cette décision de justice, de continuer de récolter les droits de douane et de défier quiconque de l’arrêter. » Ce ne serait pas la première fois que l’équipe Trump adopte cette attitude, souligne le New York Times même si, admet le Post, cette option « nucléaire » « déclencherait immédiatement une crise constitutionnelle ».
L'exécutif retient son souffle, l'économie aussiLes entreprises américaines sont bien obligées, grimace le New York Times, « de digérer rapidement ce dernier rebondissement dans [une] guerre douanière aux airs de montagnes russes », qui, une fois de plus, « rend impossible toute planification au-delà de quelques semaines. » Une plaie pour les commerces et plus largement pour l’image des États-Unis. Un entrepreneur interrogé par le quotidien martèle que le pays « a besoin d’être connu à travers le monde comme un partenaire fiable »or, c’est pour l’instant tout l’inverse qui se produit.
Un autre entrepreneur fait la moueEt pas n’importe lequel : Elon Musk lui-même ! « Un petit tour et puis s’en va, » ironise Le Figaro. On a appris cette semaine le départ du milliardaire américain du Doge, ce département d’État créé pour sabrer dans les dépenses administratives du pays avec un bilan « plus que mitigé » juge le quotidien, puisque si Elon Musk « promettait plus de 1 000 milliards de dollars d’économies sur le budget fédéral », il n’a finalement réussi à en obtenir que 150 malgré ses « licenciements spectaculaires » et autres coups de tronçonneuse. Sa méthode – « celle du chaos, de l’outrance et de la précipitation, (…) la marque de fabrique du trumpisme », tance le Figaro – a échoué : retour aux affaires donc, X, Tesla, et surtout SpaceX, puisque rappelle une autre journaliste du quotidien, « selon lui, l’avenir sera extra-planétaire ou ne sera pas. »
La Terre en piteux étatEn témoigne l’effondrement de ce glacier, jeudi à Blatten, petit village suisse quasi intégralement englouti, « dévoré » dit le Bild allemand, par 3 millions de mètres cubes de roche et d’eaux boueuses. Finie, « la vue autrefois magnifique sur les Alpes » : là où se dressait avant la montagne, trône à présent « un grand trou béant. »
Après cet éboulement, restent, raconte Le Temps, « les chants des oiseaux et les pales des hélicoptères » seuls désormais à troubler « le calme d’une vallée qui semble presque déserte. » Dans une vallée défigurée, « les vaches s’affalent dans les prés, le soleil rayonne : ils rappellent que la nature continue de vivre à son rythme, sans en demander la permission. »
Pour autant, on est loin du « jour d'après », alerte Bild : « la prochaine catastrophe se profile, » puisque « le lit de la rivière » toute proche est bloqué par les décombres et « il a commencé à pleuvoir, ce qui augmente les risques d’inondation. » Le Temps signale quant à lui que « le site est si dangereux que personne ne peut intervenir sur les lieux. »
Et au-delà de Blatten, cet événement, aussi rare soit-il, « jette une lumière crue sur la mauvaise santé des glaciers ». D’autant qu’une nouvelle étude, rapportée par le New York Times, est formelle : en dépit « des stratégies de limitation de la casse climatique », « certains glaciers disparaîtront quoi qu’il arrive. »
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Trois hommes, trois dirigeants influents, trois personnalités pour le moins controversées encore et toujours au centre des commentaires de la presse. Et particulièrement ce matin. D’abord ce triste constat, établi par L’Orient-Le Jour à Beyrouth : « infiniment meurtrière est la déraison dont font montre les hommes qui mènent le monde. On peut se demander si notre ronde planète n’a pas perdu la boule dans cet enchevêtrement de guerres, de chantages à l’apocalypse nucléaire et de batailles commerciales qui font désormais l’actualité internationale. Cela peut paraître absurde, poursuit le quotidien libanais, mais nul mieux que ce fantasque Trump ne pouvait en témoigner. Le chef de la Maison-Blanche n’a jamais caché en effet son admiration pour Vladimir Poutine ; mais voilà soudain qu’à ses yeux, le Russe est devenu complètement fou, pour avoir trop forcé sur les drones contre l’Ukraine. »
Et L’Orient-Le Jour de s’interroger : « à partir de quel bilan en vies humaines l’œuvre de mort, accomplie avec la plus grande diligence, revêt-elle donc un caractère clinique ? Et quels nouveaux massacres dans son utopique Riviera de Gaza le président américain attend-il pour désigner du doigt cet autre fou furieux de Netanyahu, qui a largement dépassé son ancien score de 50 000 morts ? »
« Bibi et Vlad : les hommes les plus recherchés au monde »Le Guardian à Londres n’hésite pas à mettre Poutine et Netanyahou dans le même sac. « Les dirigeants israélien et russe ont beaucoup en commun. Tous deux affirment toujours combattre héroïquement les nazis, respectivement à Gaza et en Ukraine. Cette fiction est utilisée pour justifier le massacre de civils, la spirale des pertes militaires et les énormes coûts économiques. Peut-être cela les aide-t-il à dormir la nuit. Bibi et Vlad : les hommes les plus recherchés au monde – et probablement les plus méprisés, s’exclame encore le Guardian. Superviser le meurtre, la mutilation et le traumatisme injustifiés de milliers d’enfants est l’un de leurs nombreux comportements communs. Ces deux “hommes forts“ autoritaires ont chacun fait de leurs pays des parias sur la scène internationale. Le conflit les maintient au pouvoir. Ils exploitent le sentiment patriotique pour intimider leurs opposants nationaux et vilipendent les critiques de l’étranger, les qualifiant d’antisémites, de sympathisants du terrorisme ou encore de russophobes. Ils font la guerre par peur de la paix. »
Trump : « s’enrichir »Et Donald Trump en prend également pour son grade dans le New York Times. « Il est étrange d’observer comment Trump et Netanyahu utilisent un cahier des charges similaire pour saper leurs démocraties respectives (…), toutes les institutions qui défendent l’État de droit. Dans le cas de Trump, pointe le New York Times, il s’agit de s’enrichir personnellement et de déplacer la richesse du pays des moins privilégiés vers les plus privilégiés. Dans le cas de Netanyahu, il s’agit d’échapper aux nombreuses accusations de corruption qui pèsent sur lui et de déplacer le pouvoir et l’argent du centre démocratique et modéré d’Israël vers les colons et les ultra-orthodoxes. (…) L’année prochaine, relève encore le quotidien américain, Netanyahu devra organiser des élections nationales et Trump devra affronter les élections de mi-mandat. Les partisans de la démocratie et de la décence en Israël et aux États-Unis n’auront qu’une seule tâche à accomplir d’ici là : s’organiser, s’organiser et s’organiser pour conquérir le pouvoir. »
Floué ou complice ?Trump ciblé aussi par Le Figaro à Paris. Cette fois pour son attitude ambiguë vis-à-vis du président russe. « Face à Poutine, Trump le floué consentant », c’est le titre de l’éditorial du Figaro.
« N’ayant produit que des mirages, le “shérif“ de Washington menace maintenant de prendre ses cliques et ses claques et de laisser les protagonistes se débrouiller entre eux. C’est exactement ce que veut Poutine : réduire l’engagement de l’Amérique sur le Vieux Continent, abandonner les Européens à leurs lacunes sécuritaires et isoler l’Ukraine comme une proie à sa merci. On se demande, s’interroge Le Figaro, si le novice de la Maison-Blanche a été floué par le vieux briscard du Kremlin ou si une connivence entre eux s’exerce sur le dos de l’Europe, dont ils partagent la détestation. (…) Ce que le président des États-Unis ne semble pas voir, pointe encore Le Figaro, c’est que le mépris du Russe s’étend à son pays et à sa personne. De Moscou à Pékin, Trump est vu comme un accélérateur du déclin américain, ce qui en fait un homme paradoxalement ménagé par ceux qui ne lui veulent aucun bien. »
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Donald Trump est à bout de patience avec Vladimir Poutine. « Hier, pointe le New York Times, il accusait le président russe de “jouer avec le feu“. La veille, il affirmait qu’il envisageait d’imposer des sanctions supplémentaires à la Russie en raison de la poursuite de ses bombardements sur des cibles civiles dans les villes ukrainiennes. » Toutefois, poursuit le journal, « après quatre mois de vaines menaces à l’encontre de Vladimir Poutine, reste à savoir si les derniers commentaires acerbes de Donald Trump indiquent une nouvelle phase agressive à l’encontre de la Russie ou alors s’ils se limitent à un nouveau coup d’épée dans l’eau. »
Des paroles aux actes ?Pour le Washington Post, le président doit se montrer ferme et passer à l’acte. « Après quatre mois passés à se faire rouler dans la farine par Vladimir Poutine, Donald Trump semble enfin ouvrir les yeux sur l’infamie du dictateur russe. Chaque fois qu’il a tenté de mettre fin à la guerre qui dure depuis trois ans en Ukraine, notamment en appelant à un cessez-le-feu immédiat, Poutine a dit niet. »
En fait, analyse le Washington Post, « tant que Poutine pensera pouvoir l’emporter militairement, il ne conclura pas d’accord pour mettre fin à la guerre. Lorsque Trump critique le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur les réseaux sociaux, cela encourage Poutine à penser qu’il peut creuser un fossé entre les États-Unis et l’Ukraine. Et lorsque le vice-président JD Vance déclare : “nous sommes plus qu’ouverts à l’idée de nous retirer“ si un accord n’est pas conclu, il encourage lui aussi les Russes à traîner des pieds. »
Alors, conclut le Post, « les États-Unis ne doivent pas s’incliner devant les atermoiements de la Russie et abandonner les pourparlers de paix. Le conflit en Ukraine est la guerre par procuration de notre époque entre le monde libre et les régimes autocratiques qui méprisent l’Amérique et l’Europe. Poutine est plus susceptible de répondre à la force qu’aux subtilités. Trump devrait le comprendre. »
France : le droit à l’aide à mourirÀ la Une également, en France, le vote en première lecture à l’Assemblée de la loi sur le droit à l’aide à mourir et les soins palliatifs. Le Monde s’en félicite : « en votant hier deux textes sur le sujet aussi intime qu’universel qu’est la mort, les députés montrent qu’il est possible de passer outre l’instrumentalisation politique et les clivages partisans pour faire progresser la société française. (…) Les avancées que rendent possibles ces propositions de loi répondent à des préoccupations fondamentales de chacun – la peur de la souffrance et de la solitude au moment de la mort, la liberté de choisir sa fin de vie –, tout en cherchant à préserver un impératif collectif, la protection des plus vulnérables. »
Le quotidien catholique La Croix, à l’instar de la Conférence des évêques de France, n’est pas d’accord : « légiférer sur la fin de vie n’est pas affaire que de liberté personnelle. Ce “droit à l’aide à mourir“ nécessitera l’action d’autrui. Il engage donc un projet de société, il a des répercussions sur ce qui nous lie. Beaucoup de soignants s’opposent ainsi à une mise en cause du pacte de soin. Et des associations de personnes handicapées craignent que la loi induise l’idée que les vies marquées par le handicap ou la maladie ne méritent plus d’être vécues. »
Pour Ouest-France, certes, « dans les sondages, une majorité de Français y apparaît favorable (…). Mais le débat mérite d’être poursuivi. La loi ne peut pas tout, et notamment prévoir l’ensemble des situations, tant chaque vie est singulière. »
Enfin le Guardian à Londres se fait l’écho également de ce débat en France sur la fin de vie. Le Guardian qui relève qu’une loi sur le même sujet est aussi en discussion depuis novembre dernier devant le Parlement britannique. Et que plusieurs pays européens ont franchi le pas avec des variantes : Pays-Bas, Belgique, Luxembourg, Autriche, Espagne. Enfin, la Suisse est le premier pays où l’aide médicale à mourir a été légalisée.
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Et surprise, c’est le chancelier allemand Friedrich Merz qui est à la manœuvre. C’est ce que constate Le Figaro à Paris : « Les alliés occidentaux ne fixent plus de “limitations“ à la portée des armes qu’ils envoient à l’Ukraine : par cette déclaration, le chancelier Friedrich Merz ouvre un nouveau chapitre du soutien militaire européen à Kiev, et ceci au moment où la position de Washington à l’égard du conflit reste des plus nébuleuses et où la Russie intensifie ses attaques nocturnes sur le territoire de son voisin. “Cela signifie que l’Ukraine peut désormais se défendre, par exemple, en attaquant des positions militaires en Russie (...) ce qu’elle ne faisait pas, il y a quelque temps, à quelques exceptions près. Elle peut le faire maintenant“, a déclaré hier le dirigeant allemand. »
Commentaire de Die Welt à Berlin : « soudainement, l’Allemagne apparaît comme un pays qui veut montrer la voie en matière de politique de sécurité en Europe et qui, si nécessaire, prendra de nouvelles décisions concernant le soutien à l’Ukraine en alliance avec la Grande-Bretagne, la Pologne et la France. L’Allemagne, décrite il y a peu comme faible et en crise, par le chef de l’opposition Friedrich Merz, est maintenant perçue par le même Friedrich Merz, désormais chancelier, comme un pays pilier de la sécurité européenne. »
DiscrétionL’Ukraine pourrait donc utiliser des armes fournies par ses alliés européens pour frapper la Russie en profondeur. Le conditionnel reste de rigueur pour Le Monde à Paris. « Aucun des pays concernés n’a pour l’instant confirmé cette évolution de la doctrine militaire, qui aurait des conséquences potentielles importantes pour la suite du conflit. Friedrich Merz n’a pas spécifié si ses propos auraient une incidence sur les armes livrées à l’avenir par Berlin à l’Ukraine, en particulier concernant les missiles de longue portée Taurus. (…) Avant son entrée en fonction début mai, rappelle Le Monde, il s’était dit favorable à la livraison de ces missiles d’une portée de plus de 500 kilomètres, permettant d’atteindre le territoire russe en profondeur. Mais depuis, il s’est montré plus ambigu, soulignant qu’il ne détaillerait plus les armes qu’il enverrait à l’Ukraine, pour des raisons stratégiques, afin de ne pas en informer Moscou. »
Renforcer les sanctions !En attendant une éventuelle fourniture à l’Ukraine de ces missiles longue portée, il faut accentuer la pression sur la Russie sur le plan économique. C’est ce que préconise le Times à Londres. « Puisque Vladimir Poutine ne semble voir aucun avantage à mettre fin aux combats, la seule façon envisageable de l’amener à la table des négociations est d’exercer une pression croissante et ciblée sur Moscou. (…) Si Donald Trump croit encore en sa mission de médiation, il doit à la fois élargir et renforcer les sanctions financières et les interdictions de voyager contre les responsables du Kremlin, les dirigeants du secteur bancaire et du secteur de l’énergie. Surtout, il doit les affiner de manière à ce que l’économie russe souffre plutôt qu’elle ne profite de la poursuite de la guerre. »
Déjà un premier pas, note le Times : « le Sénat américain doit examiner cette semaine un projet de loi sur les sanctions secondaires élaboré par le sénateur Lindsey Graham pour punir les pays achetant du pétrole et du gaz russes. Au cours des trois dernières années, des flottes fantômes, échappant aux sanctions, ont contribué à générer les fonds nécessaires au maintien de l’armée russe sur le terrain et dans les airs. Ces profiteurs pourraient bientôt être touchés, perdant leurs marchés aux États-Unis et dans une grande partie du reste du monde. »
Gaza : au-delà de l’horreur, un « génocide »À la Une également, la situation humanitaire catastrophique à Gaza. « Gaza, injustifiable ! », titre Libération en première page. Libération qui publie une tribune signée par 300 écrivains, parmi lesquels plusieurs prix Goncourt et un prix Nobel. « Nous ne pouvons plus nous contenter du mot “horreur”, il faut aujourd’hui nommer le “génocide” à Gaza », affirment-ils.
Enfin, à lire cette autre tribune dans le quotidien israélien Haaretz, signée Ehoud Olmert, ancien Premier ministre et prédécesseur de Benyamin Netanyahu. « Ce que nous menons actuellement à Gaza est une guerre de dévastation, écrit-il. Oui, Israël commet des crimes de guerre. (…) Le gouvernement Netanyahu est désormais un ennemi de l’intérieur. Il a déclaré la guerre à l’État et à ses habitants. (…) Il est temps d’arrêter, s’exclame encore Ehoud Olmert, avant que nous soyons tous bannis de la famille des nations et convoqués devant la Cour pénale internationale pour crimes de guerre, sans aucune défense valable. Ça suffit. »
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Hôpitaux, écoles, camps de réfugiés, simples habitations : les bombes pleuvent sur Gaza depuis la reprise de l’offensive israélienne sur l’enclave le 17 mai. Rien qu’hier, les frappes aériennes ont fait 22 morts.
Le Guardian à Londres relate la tragédie qui a frappé vendredi la famille d’un couple de médecins : « aux premières heures, comme chaque jour, le docteur Alaa al-Najjar, mère de 10 enfants leur dit au revoir avant de quitter la maison. Le plus jeune, Sayden, six mois, dort encore. Et comme chaque jour, alors que la guerre fait rage à Gaza et que les frappes israéliennes s’abattent à quelques mètres de son quartier de Khan Younis, elle s’inquiète de les laisser à la maison sans elle. Mais elle n’a guère le choix, pointe le Guardian. Pédiatre respectée au complexe médical Nasser, elle fait partie des derniers médecins présents à Gaza. Elle doit aller travailler pour soigner les bébés blessés qui ont survécu aux attaques israéliennes. Elle n’imagine pas que cet adieu à sa famille sera le dernier. Quelques heures plus tard, les corps calcinés de sept de ses enfants, tués dans un raid aérien israélien sur Khan Younis, arrivent à son hôpital. Deux autres corps, dont celui de Sayden, restent sous les décombres. De ses dix enfants, un seul a survécu, ainsi que leur père, Hamdi al-Najjar, 40 ans, également médecin. Tous deux sont actuellement hospitalisés ».
Le Guardian précise que « selon le ministère de la Santé de Gaza, les frappes israéliennes ont fait au total près de 54 000 morts, dont plus de 16 000 enfants ».
« Rien ne me préparait à ce que j’ai vu et vécu à Gaza »À lire dans Le Monde à Paris, les bonnes feuilles du livre de l’historien et spécialiste du Proche-Orient, Jean-Pierre Filiu. Un livre intitulé Un historien à Gaza, qui paraît après-demain mercredi. Jean-Pierre Filiu évoque son voyage de trente-deux jours, du 19 décembre au 21 janvier, au sein du territoire palestinien. « Un témoignage rare », souligne Le Monde. « "Rien ne me préparait à ce que j’ai vu et vécu à Gaza. Rien de rien. De rien" : ainsi débute l’ouvrage de l’historien, relate le journal, récit des semaines passées dans la bande de Gaza au sein d’une équipe de Médecins sans frontières, en partie cantonnée à la "zone humanitaire" dans le centre et le sud de l’enclave. Ce spécialiste du Proche-Orient se rend régulièrement à Gaza depuis les années 80. En complément de son témoignage direct des ravages et des souffrances causés par la guerre déclenchée après l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, il propose, précise Le Monde, une mise en perspective historique du conflit entre Israël et ce territoire occupé ou sous blocus depuis sa conquête en 1967.Un récit d’autant plus nécessaire que les autorités israéliennes interdisent à la presse étrangère l’accès à l’enclave. Qu’il s’achève sur les images de liesse lors de la trêve déclarée le 19 janvier rend plus déchirants les espoirs de paix, rompus par le blocus humanitaire décidé par l’État hébreu début mars et la reprise des bombardements israéliens ».
« L’opinion publique doit se réveiller »Ce matin, en Israël, le quotidien d’opposition Haaretz hausse le ton : « il est impossible d’expliquer, et encore moins de justifier, ce qu’Israël fait dans la bande de Gaza. C’est une campagne de vengeance qui a totalement échappé à tout contrôle. Elle se poursuit pour des raisons politiques. Elle n’a aucun objectif militaire ou diplomatique et ne bénéficie d’aucun soutien international. Et elle est menée au prix de la vie des otages. (…) L’opinion publique doit se réveiller, poursuit Haaretz. Elle doit crier haut et fort et exiger la fin de la guerre. Elle doit exiger la fin de ce massacre inconcevable de civils, y compris d’enfants, que ce soit par la famine délibérée ou par les bombardements aériens ».
Urgence…Enfin, le Jerusalem Post, plutôt favorable au pouvoir en place, estime que le temps presse… « Plus la guerre durera et plus les victimes civiles s’accumuleront, plus cela portera atteinte à la réputation internationale d’Israël et renforcera le défi auquel sont confrontés les défenseurs de l’État juif dans le monde entier pour faire valoir la légitimité d’Israël dans sa juste bataille contre le Hamas. L’urgence est flagrante en ce qui concerne nos réservistes (…). Mais surtout, l’urgence est ressentie chaque jour et chaque heure par les otages de Gaza et leurs familles qui vivent un enfer (…). Israël doit donc prendre une décision, affirme encore le Jerusalem Post. Va-t-il continuer à faire un pas en avant puis un autre en arrière dans son double effort pour vaincre le Hamas et ramener les otages à la maison ? »
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« Donald Trump affirme ne plus chercher d’accord avec l’Union européenne et menace d’appliquer des droits de douane de 50 % sur les produits européens à partir du 1er juin » titre le journal le Temps. « L’annonce a très vite fait dégringoler les bourses européennes et plombé l’ouverture de Wall Street », ajoute le quotidien suisse. « Droits de douane : Donald Trump exige la capitulation en rase campagne de l’Union européenne. Cela s’appelle un ultimatum », annonce de son côté le Soir. Le journal belge précise que « pour l’Union européenne, le réveil est brutal… Les négociations, visiblement, n’avancent pas assez vite au goût du président… Plus exactement : l’Union résiste encore à une bonne partie des exigences américaines ». « Pourquoi Trump s’en prend à l’Europe ? » interroge de son côté le Wall Street Journal, qui parle « d’une frustration croissante au sein de l’équipe économique de Trump ». « Ses conseillers », nous dit-on, « ont exprimé leur irritation face au ralentissement des négociations liées aux divergences de priorités commerciales entre les pays membres de l’UE ». Mais on s’agace aussi côté européen. Selon le Washington Post, « des responsables européens ont estimé ces dernières semaines, que l’équipe de Donald Trump exigeait des concessions unilatérales sans offrir grand-chose en retour ».
TorpeurDans la presse internationale également, la guerre à Gaza et le martyre des Palestiniens. « Gaza : le réveil tardif des Européens n’absout pas l’Occident », titre l’Orient-Le Jour, qui déplore : « il a fallu deux mois d’un horrible siège israélien sur Gaza, depuis la rupture du cessez-le-feu en mars dernier – le refus de nourriture, d’eau et de médicaments, et le bombardement d’hôpitaux – pour sortir quelques États occidentaux de leur torpeur. Trois pays, la France, le Canada et le Royaume-Uni, ont menacé Israël de "sanctions ciblées" et "promis des actions concrètes s’il n’arrêtait pas son offensive à Gaza et ne levait pas les restrictions sur l’aide humanitaire" ».
« Même en reconnaissant ce changement significatif », estime le quotidien francophone libanais, « il n’est pas surprenant qu’Israël ait été en mesure de perpétrer ce que plusieurs universitaires et chroniqueurs israéliens et internationaux considèrent comme un génocide ». Et l’Orient-le-Jour interroge : « comment se fait-il que les Ukrainiens aient pu bénéficier de la sympathie de l’Occident et être accueillis à bras ouverts, après l’invasion russe en 2022, (..) alors que maintenant plus de 2 millions de Gazaouis ne peuvent partager une telle faveur ? »
Géant du noir et blancEnfin la mort d’un artiste mondialement connu : le photographe franco-brésilien Sébastiao Salgado, s’est éteint hier à l’âge de 81 ans. Sa photo est en Une du quotidien brésilien El Globo, qui rend hommage à celui « qui a documenté les injustices sociales à travers le monde, avec des images alliant réflexion, émotion et lyrisme (…) et toujours avec la maîtrise de la lumière naturelle, ainsi que le contraste saisissant du noir et blanc ». Mais « Sébastiao était bien plus que l’un des plus grands photographes de notre temps », estime l’Institut Terra, une ONG dédiée aux écosystèmes, fondée par le photographe et son épouse. « Ils ont semé l’espoir là où la dévastation régnait et fait germer l’idée que la sauvegarde de l’environnement était aussi un profond geste d’amour pour l’humanité », ajoute l’Institut Terra qui, rappelle El Globo, « a planté plus de 2 millions d’arbres dans la forêt, côté atlantique, et rétabli environ 2500 sources ».
En France, Libération rend aussi hommage à Sebastiao Salgado, « géant du noir et blanc, Brésilien globe-trotter qui aura documenté sans relâche la condition des déclassés et des exilés, donnant des visages aux damnés d’une Terre ravagée par l’homme ». Le quotidien français estime ainsi : « Nul ne pourra contester la puissance évocatrice de ses reportages, comme dans cette mine d'or à ciel ouvert de Serra Pelada, en 1986, que des grappes d'hommes, le corps maculé de sueur, de boue et de poussière arpentent inlassablement...»
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Donald Trump a décidé d’interdire à la prestigieuse université d’accueillir des étudiants étrangers. Une décision qui provoque un émoi certain, aux États-Unis, mais aussi en Europe. Aux États-Unis, tout d’abord, le New York Times rapporte que « la peur et la confusion ont rapidement gagné hier les étudiants étrangers de Harvard, qui représentent plus d’un quart des inscriptions ». « Les diplômes et l’avenir de milliers d’étudiants – une part essentielle de l’identité et de la culture de l’université – sont plongés dans une profonde incertitude », explique le quotidien new-yorkais, qui a interrogé Karl, un étudiant autrichien. « Tellement d’étudiants viennent à Havard (…) pour changer en mieux l’Amérique et leur pays d’origine. Tout risque de s’effondrer, ça me brise le cœur », témoigne le jeune homme.
Dehors les étrangersEn Europe, dont sont originaires une partie de ces étudiants étrangers, la colère gronde…Le journal allemand die Welt rappelle le contexte : « Trump a qualifié Harvard « d’institution d’extrême gauche » et qui plus est « antisémite ». Il lui a reproché « d’accepter les manifestations propalestiniennes sur ses campus ». « C’est pourquoi », poursuit die Welt, « l’administration américaine a déjà réduit de plusieurs milliards de dollars les subventions accordées à Harvard ». En Suisse, le Temps remarque que « cette décision, sur fond de chantage, a de quoi effrayer toutes les autres universités ». « Dehors les étrangers », s’exclame la Republica, en Italie, qui évoque aussi le « préjudice économique » de cette décision, les frais de scolarité payés par les étudiants étrangers sont plus élevés que ceux des étudiants américains ». « C’est en attirant les jeunes les plus qualifiés du monde entier qu’Harvard a bâti en quatre siècles sa réputation de meilleure université de la planète », remarque encore la Republica…
Jeunes et amoureuxDans la presse internationale également ce matin, la photo du jeune couple juif, travaillant à l’ambassade d’Israël et abattu hier à Washington. Photo dans le Wall Street Journal notamment, lui souriant, tenant un verre à la main. Elle, toute de rose vêtue, parlant devant un micro. « Ils étaient jeunes et amoureux », « selon leurs proches, ils consacraient tous leurs efforts à la paix », raconte le quotidien américain. « La veille de son assassinat », poursuit le Wall Street Journal, « Yaron Lischinsky cherchait anxieusement une alternative à un vol annulé vers Israël (…) il emmenait sa petite amie rencontrer ses parents pour la première fois à Jérusalem, il comptait la demander en mariage pendant le voyage ».
Le quotidien américain a par ailleurs interrogé Ayelet Razin, experte israélienne en droits de l’homme, également amie de la jeune femme tuée Sarah Milgrim. « Elle était jeune et pleine de vie », dit-elle, « cet antisémitisme qu’elle s’était donné pour mission de combattre lui a tragiquement couté la vie ». « Lorsqu’ils ont été tué mercredi soir », précise le journal, « les deux jeunes gens venaient d’assister à une réunion de jeunes diplomates, « pour promouvoir « la collaboration israélo-palestinienne et régionale » et « répondre à la crise humanitaire à Gaza ».
Expulser les étudiants militantsEn Israël, le Jerusalem Post évoque également le drame, et le lie, d'une certaine manière, à l'Université d'Harvard, dont nous parlions tout à l'heure…Le Jerusalem Post se demande « si Trump va sévir contre les militants anti-israéliens », alors que, dit-il, le président américain, « a mené ces derniers mois une offensive contre l’activisme propalestinien ». Et le Jerusalem Post prend les étudiants pour exemple, indiquant que « l’administration américaine a cherché à expulser les étudiants militants, gelant des milliards de financement universitaires, exigeant des réformes dans leur lutte contre l’antisémitisme ». Le quotidien israélien ajoute qu’à ce titre, « l’administration américaine a retiré hier à l’université d’Harvard, son autorisation d’accueillir des étudiants étrangers ». Enfin, le journal Haaretz, quotidien d’opposition israélien, publie une tribune, intitulée : « L’antisémitisme meurtrier n’empêchera pas les Juifs de Washington de parler à voix haute ».
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