Avsnitt

  • Dans nos sociĂ©tĂ©s sĂ©culaires, le religieux a souvent Ă©tĂ© rĂ©duit au dĂ©clin supposĂ© de la religion dans les modes de rĂ©gulation des rapports sociaux. Pourtant, de nombreux.euses chercheur.euse.s ont soulignĂ©s que la diminution du pouvoir religieux dans la sociĂ©tĂ© ne confirme pas pour autant un rejet de croyance et d’attachement identitaire. Il existerait mĂȘme une certaine vitalitĂ© religieuse toute moderne, qu’il convient de saisir en rendant compte notamment de ce que qu’est le religieux contemporain, et comment se vit-il au travers les pratiques et le vĂ©cu des personnes aujourd’hui.

    L’anthropologie des religions est justement une des multiples disciplines des sciences des religions qui viennent renouveler l’approche des faits religieux afin de mieux comprendre ce qui se joue aujourd’hui quand on parle des religions et du religieux. Quelle est la spĂ©cificitĂ© de la dĂ©marche anthropologique ? Comment se mĂšne une recherche en anthropologie des religions ?

    Pour rĂ©pondre Ă  ces questions et bien d’autres encore, j’accueille aujourd’hui RaphaĂ«l-Mathieu Legault-Laberge. RaphaĂ«l-Mathieu est coordonnateur et chercheur partenaire au Centre de recherche SociĂ©tĂ©, Droit et Religions de l’UniversitĂ© de Sherbrooke (SoDRUS). Il est Ă©galement professeur associĂ© et coordonnateur acadĂ©mique au Centre d’études du religieux contemporain de l’UniversitĂ© de Sherbrooke (CERC). Il vient prĂ©senter entre autre son dernier ouvrage Quatre essais d’anthropologie des religions, paru en avril 2022 aux Presses de l’UniversitĂ© Laval.

    Illustration : @Emmablancdesigner

  • Depuis plus d’une cinquantaine d’annĂ©es, les populations autochtones du Canada sont engagĂ©es dans une dĂ©marche de rĂ©appropriation des acquis perdus dans le sillon du colonialisme. Cette action se retrouve Ă  travers les multiples revendications territoriales et autonomistes ou les manifestations ou les protestations ponctuelles. Mais on la retrouve Ă©galement dans une rĂ©actualisation de la culture et de la spiritualitĂ© dites traditionnelles Ă  des fins identitaires. C’est ce dernier phĂ©nomĂšne que nous souhaitons aborder dans cette Ă©mission, Ă  la lumiĂšre des dĂ©marches de dĂ©finition identitaire de la composante religieuse Ă  l’Ɠuvre au sein des communautĂ©s autochtones du Canada. En voulant s’affranchir de l’hĂ©ritage colonial et de la dĂ©structuration qu’il a engendrĂ©e, l’objectif affichĂ© des communautĂ©s autochtones est de retrouver une cohĂ©rence sociale et une fiertĂ© Ă  l’échelle des collectivitĂ©s, un premier pas nĂ©cessaire vers l’aspiration Ă  l’autodĂ©termination. Ce processus de guĂ©rison appelle, entre autres, une mobilisation de la culture traditionnelle et de la spiritualitĂ© en particulier afin de redĂ©finir une identitĂ© signifiante. Toutefois, ces communautĂ©s sont dĂ©sormais pluralistes sur le plan religieux alors que l’on peut retrouver, cĂŽte-Ă -cĂŽte, des adeptes des spiritualitĂ©s traditionnelles, des catholiques, des anglicans, des Ă©vangĂ©listes, ou encore des pentecĂŽtistes.

    Dans ce contexte, quels dĂ©fis cette diversitĂ© religieuse pose pour la dĂ©finition d’une identitĂ© culturelle et religieuse collective chez les peuples autochtones au Canada ? Peut-on parler de l’existence d’une spiritualitĂ© pan-indianiste ? 

    Telles seront, entre autres, les questions qui seront abordĂ©es dans cette Ă©mission. Pour y rĂ©pondre, mon invitĂ© d’aujourd’hui sera Claude GĂ©linas, Professeur titulaire en Ă©thique appliquĂ©e Ă  la FacultĂ© de philosophie de l’UniversitĂ© de Sherbrooke. Il est Ă©galement chercheur rĂ©gulier au SoDRUS.

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  • Dans cet Ă©pisode, nous examinerons comment la libertĂ© religieuse s’exerce dans un lieu bien prĂ©cis de nos sociĂ©tĂ©s, l’hĂŽpital. À travers le recours Ă  diffĂ©rentes situations que peut rencontrer le personnel soignant en pratique, nous verrons comment les soignants et soignantes agissent lorsqu’ils et elles sont confronter Ă  des demandes religieuses particuliĂšres de la part de patient.e.s ou de leurs proches.

    Comment se prĂ©sentent des enjeux liĂ©s Ă  la dimension religieuse des patients Ă  l’hĂŽpital  ? L’objectif de cet Ă©pisode sera de prĂ©senter comment se matĂ©rialisent, dans le quotidien de services hospitaliers, et notamment dans les salles d’urgences, la gestion du droit Ă  la libertĂ© de religion des patients.

    Pour rĂ©pondre Ă  ces questions, nous recevrons aujourd’hui Bertrand Lavoie, Professeur adjoint Ă  la FacultĂ© de Droit de l’UniversitĂ© de Sherbrooke. Chercheur rĂ©gulier au Sodrus, il a dĂ©veloppĂ© une expertise sur les questions d'accommodements raisonnables. Depuis 2018, ses recherches portent sur le pluralisme des valeurs dans le secteur de la santĂ©, en particulier dans les salles d'urgence. En collaboration avec plusieurs Ă©quipes mĂ©dicales, Bertrand Lavoie Ɠuvre Ă  rĂ©pondre aux dĂ©fis que pose la diversitĂ© ethnoculturelle et religieuse au partenariat patient.

  • Plusieurs questions se posent en 2022 en regard des enfants qui sont nĂ©s ou qui sont arrivĂ©s en bas Ăąge dans des groupes sectaires. Plusieurs de ces jeunes, maintenant adultes, sont sortis de leur communautĂ© et voilĂ  maintenant 17 ans que notre invitĂ©e s’intĂ©resse Ă  eux et Ă  ce qu’ils ou elles ont Ă  dire. Son plus rĂ©cent ouvrage Ces enfants oubliĂ©s - Grandir dans une communautĂ© sectaire qui vient de paraĂźtre aux Éditions de l’Homme donne la place Ă  ces enfants dans une sociĂ©tĂ© qui les a oubliĂ©s. Que peut-on apprendre de leur expĂ©rience? Telle sera la question que nous traiterons dans cet Ă©pisode. 

    Pour y rĂ©pondre, mon invitĂ©e d’aujourd’hui sera Lorraine Derocher, sociologue et chercheuse au Centre de recherche sur l’enfance et la famille (CREF) de l’UniversitĂ© McGill. Elle est Ă©galement professeure associĂ©e au Centre d’études du religieux contemporain (CERC), rattachĂ© Ă  la FacultĂ© de droit de l’UniversitĂ© de Sherbrooke

  • Il y a un fait qui est difficilement ignorable dans la majoritĂ© des pays en Afrique francophone subsaharienne, c’est que la majoritĂ© des citoyens et citoyennes se rĂ©clament d’une croyance religieuse. Terre de spiritualitĂ© et de coexistence entre diffĂ©rents courants religieux et animistes, le continent africain regorge de diversitĂ©s en matiĂšre de religieux. Cependant, la plupart des pays africains peinent Ă  rĂ©guler leur systĂšme de rapports religions-États. Le religieux est partout et influe sur les dĂ©bats politiques, figure au cƓur de pleins de conflits mais tisse aussi souvent des liens entre acteurs sociaux. Cette complexitĂ© des relations religions-État ne peut se comprendre que dans une large perspective historique et dans le contexte spĂ©cifique du continent africain. DĂšs  les indĂ©pendances, les États d’Afrique francophone ont cherchĂ© Ă  se construire sur le modĂšle des États “modernes”. La modernitĂ©, dans la construction de l’État africain, a consistĂ© en l’appropriation d’idĂ©ologies importĂ©es, la rĂ©ception des techniques juridiques de l’ancienne puissance coloniale (ici, la France) et l’accession Ă  une conception de l’État construit sur le modĂšle occidental. La construction de l’État dĂ©mocratique en 1990 en Afrique francophone s’est Ă©galement caractĂ©risĂ©e par un lourd passif , en ce qui concerne les principes et les techniques du droit constitutionnel français auxquels les Ă©lites africaines semblaient attachĂ©es lors de ce processus dĂ©mocratique.

  • Depuis maintenant deux dĂ©cennies, le terme « laĂŻcitĂ© » s’est invitĂ© de maniĂšre durable dans le dĂ©bat public au QuĂ©bec. Lorsqu’il en est question, la laĂŻcitĂ© est souvent rĂ©duite Ă  des enjeux relatifs Ă  la visibilitĂ© et au port de signes religieux. Cette comprĂ©hension est cependant bien Ă©loignĂ©e de celle qui prĂ©valait Ă  ses origines. 

    Dans cette Ă©mission, nous reviendrons ainsi sur la polysĂ©mie du terme laĂŻcitĂ© qui semble aujourd’hui ĂȘtre Ă  l’Ɠuvre dans la sociĂ©tĂ© quĂ©bĂ©coise comme ailleurs dans le monde, et notamment en France.

    C’est ce qu’a analysĂ© dans un tout nouvel ouvrage mon invitĂ© d’aujourd’hui, David Koussens. Titulaire de la Chaire de recherche Droit, Religion et LaĂŻcitĂ©, professeur titulaire agrĂ©gĂ© Ă  la facultĂ© de Droit de l’UniversitĂ© de Sherbrooke et chercheur rĂ©gulier au SODRUS, il vient de publier un ouvrage collectif en collaboration avec ValĂ©rie Amiraux et Charles Mercier en dĂ©cembre 2020 intitulĂ© « Nouveaux vocabulaires de la laĂŻcitĂ© » paru chez Classiques Garnier. Cet ouvrage analyse comment des entrepreneurs de cause (re)dĂ©finissent la laĂŻcitĂ© en fonction de leur projet idĂ©ologique ou Ă©lectoral et observe comment les citoyens se la rĂ©approprient, donnant ainsi naissance Ă  de nouveaux vocabulaires de la laĂŻcitĂ©.

    Comment dĂ©finir la laĂŻcitĂ© ? Quelles Ă©volutions le terme a-t-il connu en contexte quĂ©bĂ©cois ? À qui profite ces Ă©volutions ? Telles sont les questions qui seront abordĂ©es dans cet Ă©pisode.

  • Pour des personnes non initiĂ©es comme je le suis au monde de la science-fiction, plus communĂ©ment appelĂ© (SF), penser Ă  la place prĂ©pondĂ©rante du religieux dans ce genre littĂ©raire et artistique n’a rien d’évident. Je ne sais pas vous mais lorsque j’entends science-fiction, j’imagine tout de suite des univers futuristes, oĂč les humains cohabitent avec des vies extraterrestres, des robots, sur des planĂštes d’autres galaxies. Pourtant, en prĂ©parant cette Ă©mission, je me suis vite rendu compte que les religions et les spiritualitĂ©s sont souvent des pierres angulaires des rĂ©cits de SF. Le cas le plus Ă©loquent est peut-ĂȘtre celui de Dune, roman de Frank Herbert, paru en 1965. Ce nom vous dit peut-ĂȘtre quelque chose, il est rĂ©cemment revenu au centre de l’actualitĂ©, avec la trĂšs attendue adaptation cinĂ©matographique de Denis Villeneuve, faisant suite Ă  une premiĂšre adaptation au cinĂ©ma de David Lynch en 1984. Le cycle romanesque Dune use de façon explicite le vocabulaire religieux dans les titres de certains des romans qui le compose : Le messie de Dune ; L’Empereur Dieu de Dune ou encore Les HĂ©rĂ©tiques de Dune. Frank Herbert n’est Ă©videmment pas le seul Ă  laisser une place importante aux thĂ©matiques gĂ©nĂ©ralement associĂ©e au religieux. D’autres auteurs et autrices ont dĂ©veloppĂ© des rĂ©cits faisant rĂ©fĂ©rence de façon plus ou moins explicite Ă  des mythes religieux, je pense ici Ă  Esther Rochon, James S.A Corey, Phillip K. Dick, Dan Simmons, Ursula Le Guin ou encore Clifford D. Simak. La liste est Ă©videmment trĂšs loin d’ĂȘtre exhaustive, et souligne Ă  quel point la SF, depuis ses origines, semble avoir intĂ©grĂ© des questionnements spirituels tels que ceux inhĂ©rent Ă  la mort, la transcendance, le sens de la vie, la condition humaine.

    Mais alors, comment la science-fiction aborde-t-elle la question religieuse ? Qu’est-ce que la SF a Ă  dire sur le religieux ? Quelles sont les spĂ©cificitĂ©s de l’Ɠuvre science-fictionnelle qui font de ce genre littĂ©raire un outil propice Ă  des questionnements d’ordre religieux et spirituels ?

    Pour aborder ces questions, Sara Teinturier sera l’invitĂ©e de cette Ă©mission. ChargĂ©e de cours Ă  l’UniversitĂ© de Sherbrooke, chercheure associĂ©e au SODRUS, elle vient rĂ©cemment de publier un chapitre co-Ă©crit avec David Koussens intitulĂ© « Les religions dans Dune : Ă©manciper l’ordre politique et la paix galactique » dans l’ouvrage collectif dirigĂ© par Isabelle Lacroix, Les enseignements de Dune, publiĂ© aux Presses Universitaires du QuĂ©bec en 2020.

  • Pour des personnes non initiĂ©es comme je le suis au monde de la science-fiction, plus communĂ©ment appelĂ© (SF), penser Ă  la place prĂ©pondĂ©rante du religieux dans ce genre littĂ©raire et artistique n’a rien d’évident. Je ne sais pas vous mais Lorsque j’entends science-fiction, j’imagine tout de suite des univers futuristes, oĂč les humains cohabitent avec des vies extraterrestres, des robots, sur des planĂštes d’autres galaxies. Pourtant, en prĂ©parant cette Ă©mission, je me suis vite rendu compte que les religions et les spiritualitĂ©s sont souvent des pierres angulaires des rĂ©cits de SF. Le cas le plus Ă©loquent est peut-ĂȘtre celui de Dune, roman de Frank Herbert, paru en 1965. Ce nom vous dit peut-ĂȘtre quelque chose, il est rĂ©cemment revenu au centre de l’actualitĂ©, avec la trĂšs attendue adaptation cinĂ©matographique de Denis Villeneuve, faisant suite Ă  une premiĂšre adaptation au cinĂ©ma de David Lynch en 1984. Le cycle romanesque Dune use de façon explicite le vocabulaire religieux dans les titres de certains des romans qui le compose : Le messie de Dune ; L’Empereur Dieu de Dune ou encore Les HĂ©rĂ©tiques de Dune. Frank Herbert n’est Ă©videmment pas le seul Ă  laisser une place importante aux thĂ©matiques gĂ©nĂ©ralement associĂ©e au religieux. D’autres auteurs et autrices ont dĂ©veloppĂ© des rĂ©cits faisant rĂ©fĂ©rence de façon plus ou moins explicite Ă  des mythes religieux, je pense ici Ă  Esther Rochon, James S.A Corey, Phillip K. Dick, Dan Simmons, Ursula Le Guin ou encore Clifford D. Simak. La liste est Ă©videmment trĂšs loin d’ĂȘtre exhaustive, et souligne Ă  quel point la SF, depuis ses origines, semble avoir intĂ©grĂ© des questionnements spirituels tels que ceux inhĂ©rent Ă  la mort, la transcendance, le sens de la vie, la condition humaine.

    Mais alors, comment la science-fiction aborde-t-elle la question religieuse ? Qu’est-ce que la SF a Ă  dire sur le religieux ? Quelles sont les spĂ©cificitĂ©s de l’Ɠuvre science-fictionnelle qui font de ce genre littĂ©raire un outil propice Ă  des questionnements d’ordre religieux et spirituels ?

    Pour aborder ces questions, Sara Teinturier sera l’invitĂ©e de cette Ă©mission. ChargĂ©e de cours Ă  l’UniversitĂ© de Sherbrooke, chercheure associĂ©e au SODRUS, elle vient rĂ©cemment de publier un chapitre co-Ă©crit avec David Koussens intitulĂ© « Les religions dans Dune : Ă©manciper l’ordre politique et la paix galactique » dans l’ouvrage collectif dirigĂ© par Isabelle Lacroix, Les enseignements de Dune, publiĂ© aux Presses Universitaires du QuĂ©bec en 2020.

  • Si les expĂ©riences de conversion religieuse sont des objets d’études privilĂ©giĂ©s des en sciences des religions, celles des dĂ©conversions le sont beaucoup moins. Les situations de dĂ©conversions reprĂ©sentent pourtant des moments charniĂšres pour les individus qui les vivent. Ces personnes peuvent vivre de la dĂ©tresse intense, Ă©motionnelle ou cognitive. Elles peuvent ĂȘtre appelĂ©es Ă  redĂ©finir leurs liens d’appartenance, Ă  changer d’emploi, de partenaire de vie. Le parcours de certaine personne peut aussi ĂȘtre parfois plus dramatique, les menant jusqu’au suicide.

    Ces parcours divers s’ancrent dans un contexte bien spĂ©cifique de pluralitĂ© religieuse, de sociĂ©tĂ© sĂ©cularisĂ©e, impliquant perte de sens, recherche de soi, mise Ă  distance personnelles des croyances, pouvant conduire Ă  remettre en question une appartenance religieuse, C’est ici que prend tout le sens de la libertĂ© de religion, libertĂ© de croire ou de ne pas croire, de quitter une appartenance religieuse.

    Dans cet Ă©pisode, nous allons donc nous demander quels sont les enjeux sociologiques psychologiques, et juridiques de la dĂ©conversion. Qu’est-ce que cela implique de changer son rapport personnel aux croyances ? Dans quel contexte social s’ancrent les expĂ©riences de dĂ©conversion ?

    Tout cela, nous allons l’aborder avec mes deux invitĂ©s, RaphaĂ«l Mathieu Legault-Laberge et MĂ©lanie GagnĂ©. RaphaĂ«l Mathieu Legault-Laberge est titulaire d’un doctorat en Études du religieux contemporain de l’UniversitĂ© de Sherbrooke. SpĂ©cialiste des sciences humaines des religions, posant un regard multidisciplinaire sur le religieux, ses recherches portent avant tout sur les groupes anabaptistes du Canada. Chercheur partenaire et coordonnateur du Centre de recherche SociĂ©tĂ©, Droit et Religions de l’UniversitĂ© de Sherbrooke. MĂ©lanie GagnĂ© est dĂ©tentrice d’une maĂźtrise en Ă©tude des pratiques psychosociales de l’UniversitĂ© du QuĂ©bec Ă  Rimouski. AprĂšs avoir vĂ©cu une expĂ©rience de dĂ©conversion, elle en a fait son sujet de spĂ©cialisation. Aujourd’hui, elle travaille en accompagnement humain, elle enseigne, Ă©crit et prĂ©sente des confĂ©rences. Ils viennent nous parler tous les deux Ă©galement d’un ouvrage collectif Ă  paraitre incluant des rĂ©cits de dĂ©conversions.

  • Traiter de l’histoire des femmes et des fĂ©minismes en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, c’est se confronter Ă  beaucoup de prĂ©supposĂ©s. Les pays oĂč le rĂ©fĂ©rent musulman est majoritaire sont en effet souvent perçus comme un seul bloc monolithique, au sein desquels la pluralitĂ© d’identitĂ©s n’existerait pas. Selon cette logique, est considĂ©rĂ© musulman toute personne nĂ©e dans un pays musulman. L’islam est aussi souvent prĂ©sentĂ© par ses dĂ©tracteurs-trices comme Ă©tant une religion n’assurant pas l’égalitĂ© des sexes et ne favorisant pas une pleine Ă©mancipation des femmes. Plus globalement, un certain nombre de fĂ©ministes considĂšrent la religion et tout particuliĂšrement l’islam, comme incompatible avec ces idĂ©aux. La lutte pour l’égalitĂ© des sexes passerait donc nĂ©cessairement par une mise Ă  distance du religieux. De l’autre cĂŽtĂ©, un certain nombre de musulman-e-s considĂšrent qu’il s’agit d’une occidentalisation de l’islam et apprĂ©hendent la pensĂ©e musulmane comme un cadre dĂ©fini, qui serait hostile Ă  toute dynamique de renouvellement et de relecture. Les fĂ©minismes en Afrique du Nord et au Moyen-Orient semblent donc se heurter Ă  un mĂȘme essentialisme, celui qui conçoit l’islam comme une rĂ©alitĂ© statique, fondamentalement dogmatique, sexiste dans son essence et le fĂ©minisme comme modĂšle unique, symbole d’une modernitĂ© occidentale normative. Cette logique nie aussi les fĂ©minismes qui ne s’inscrivent pas dans un cadre religieux, mais dans une approche laĂŻque, tirant sa lĂ©gitimitĂ© de l’universalitĂ© des droits de la personne.

    Pourtant, des revendications Ă  caractĂšre fĂ©ministe, c’est-Ă  -dire de contestation de la domination masculine, existent depuis bien longtemps dans les pays musulmans. C’est ce que les travaux de mon invitĂ©e Osire Glacier Hadouche dĂ©montrent. Professeure d’histoire et de sciences politiques Ă  l’UniversitĂ© Bishop’s, chercheure associĂ©e au SODRUS, ses travaux de recherche portent sur l’histoire des femmes au Maroc en particulier, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord en gĂ©nĂ©ral. Elle met en exergue comment les construits de la sexualitĂ© et des corps fĂ©minins et masculins produisent la dĂ©prĂ©ciation des femmes et de leur contribution Ă  leur sociĂ©tĂ©. Ses deux derniers ouvrages, « Femmes, Islam et Occident » et « Le sexe niĂ©. FĂ©minitĂ©, MasculinitĂ© et SexualitĂ© au Maroc et Ă  Hollywood » parus aux Ă©ditions Pleine Lune en 2018 et 2019 vont venir nourrir les rĂ©flexions dĂ©veloppĂ©es dans cette Ă©mission.

    Comment se pensent, s’articulent et se dĂ©veloppent les rĂ©flexions autour de la question de l’égalitĂ© des sexes dans les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient ? Comment se dĂ©finissent les fĂ©minismes dans les pays musulmans ? Qui les portent, les produits ? Quelles perspectives quant Ă  la maniĂšre de poser le lien entre femmes, fĂ©minismes et islam ? Peut-on rĂ©ellement concilier fĂ©minisme et religion ? Tout cela, nous allons l’aborder dans cette Ă©mission avec Osire Glacier Hadouche.

  • « Je suis l’élu ». C’est en ces termes que se prĂ©sentait Donald Trump lors d’une confĂ©rence de presse le 21 aoĂ»t 2019 pour dĂ©fendre sa guerre commerciale contre la Chine. Le dĂ©sormais ex-prĂ©sident amĂ©ricain, bien qu’à l’heure oĂč nous enregistrons ce podcast, il n’a toujours pas reconnu sa dĂ©faite, n’avait pourtant rien d’un saint sur le papier. Cela n’a cependant pas empĂȘchĂ© une large majoritĂ© de chrĂ©tiens blancs de confession Ă©vangĂ©lique de soutenir ardemment le businessman, en participant amplement Ă  sa victoire de 2016, oĂč 80% d’entre eux avaient votĂ© pour lui. Quatre ans de prĂ©sidence Trump plus tard, ces soutiens de poids ont certes Ă©chouĂ© Ă  faire rĂ©Ă©lire leur candidat favori, mais ils pourraient continuer Ă  influer sur la vie politique amĂ©ricaine Ă  l’avenir. 

    Alors qui sont ces personnes que l’on nomme dans la catĂ©gorie fourre-tout chrĂ©tiens Ă©vangĂ©liques ? Quelles sont les diffĂ©rentes composantes de ce groupe qui reprĂ©sente quelques 110 millions d’amĂ©ricains ? Comment elles et ils ont progressivement pris l’ascendant politique, mĂ©diatique et religieux au sein de la droite conservatrice amĂ©ricaine ? Quel est le poids religieux de ces groupes dans le reste du monde ?

    Pour rĂ©pondre Ă  ces questions, je reçois AndrĂ© GagnĂ©, professeur titulaire au dĂ©partement d’études thĂ©ologiques de l’UniversitĂ© Concordia Ă  MontrĂ©al. Il vient de publier cet automne 2020 un ouvrage intitulĂ© « Ces Ă©vangĂ©liques derriĂšre Trump » chez Labor et Fides. Il s’intĂ©resse tout particuliĂšrement aux nĂ©o charismatiques pentecĂŽtiste, un groupe Ă©vangĂ©lique qui a comptĂ© parmi les plus fervents et fidĂšles soutient Ă  Trump. C’est la mouvance religieuse qui a la plus forte croissance au sein du christianisme aujourd’hui. En 2050, elles et ils seront plus d’un milliard sur Terre. Alors autant mieux les connaitre dĂšs Ă  prĂ©sent.