Avsnitt

  • 1. Introduction

    Dans cette conférence intitulée La logique du pire, Michel Onfray poursuit son analyse du pessimisme de Schopenhauer, en abordant l’une de ses facettes les plus controversées : sa misogynie radicale. À partir du célèbre texte Sur les femmes issu des Parerga et Paralipomena, Onfray démontre comment Schopenhauer systématise une vision du monde fondée sur une ontologie noire, où la femme devient l’incarnation de la ruse de la nature, et où la sexualité est condamnée comme instrument de la tyrannie du vouloir-vivre.

    2. Une misogynie enracinée dans la tradition philosophique et religieuse

    Onfray commence par rappeler que la misogynie ne commence pas avec Schopenhauer :

    * Elle traverse toute l’histoire de la philosophie, de Platon à Sartre, en passant par Rousseau, Freud, Augustin.

    * Elle est aussi ancrée dans les mythes fondateurs (Ève dans la Genèse, Pandore chez les Grecs) qui associent le féminin à la faute originelle, à la négativité, à la chute du monde idéal.

    * À l’inverse, certaines traditions marginales (stoïciens, épicuriens, gnostiques, Montaigne…) ont valorisé le féminin et reconnu la capacité des femmes à philosopher.

    3. Biographie et doctrine : une douleur d’enfance non résolue

    La misogynie de Schopenhauer est autobiographique :

    * Il entretient une relation conflictuelle avec sa mère Johanna, qu’il juge volage, narcissique, indifférente.

    * Sa sœur Adèle et les femmes de sa vie sont souvent jugées superficielles ou intéressées.

    * Son expérience personnelle, marquée par l’absence d’amour, le conduit à élaborer une théorie généralisée de l’infériorité féminine, transformant une douleur intime en système philosophique.

    4. Le texte “Sur les femmes” : une accumulation d’insultes rationalisées

    Dans Sur les femmes, Schopenhauer dresse une liste accablante :

    * Les femmes sont décrites comme inférieures, menteuses, capricieuses, immatures, intéressées, dépensières, inaptes à l’intelligence ou à l’art.

    * Leur beauté est une ruse de la nature pour tromper les hommes et les pousser à la reproduction.

    * Leur physiologie même (hanches larges, épaules étroites) serait le signe de leur destin biologique : faire des enfants.

    5. La sexualité comme ruse du vouloir-vivre

    Schopenhauer inscrit la sexualité dans une métaphysique tragique :

    * Le désir n’est qu’un mécanisme aveugle, commandé par la nature pour reproduire l’espèce.

    * L’amour est une illusion, un habillage culturel de l’instinct reproducteur.

    * Le vouloir-vivre, tyrannique, pousse les êtres à perpétuer la souffrance du monde à travers la procréation.

    6. Une vision déterministe du rôle des sexes

    Selon Schopenhauer :

    * Les hommes sont naturellement polygames et portés à l’action.

    * Les femmes sont sédentaires, vouées au foyer et à l’éducation des enfants.

    * Cette répartition est biologique et universelle, et justifie l’exclusion des femmes des sphères intellectuelles, politiques ou juridiques.

    7. Vers une ontologie de la stérilité : nier le vouloir-vivre

    Schopenhauer propose un pessimisme intégral, avec une seule issue : nier la volonté. Pour cela :

    * Il faut refuser le désir sexuel, la reproduction, la famille.

    * L’idéal est la chasteté, l’extinction du vouloir, dans une perspective proche du bouddhisme.

    * Le suicide est rejeté, car il affirme encore le vouloir-vivre ; seule la négation intérieure du désir permet d’atteindre la paix.

    8. Contre les illusions de l’amour et du bonheur

    Loin d’un romantisme naïf, Schopenhauer dénonce :

    * L’amour comme mensonge de la nature.

    * Le mariage comme institution oppressive.

    * Le bonheur comme mirage : la vie oscille entre ennui et souffrance, et n’a de sens que dans sa négation consciente.

    9. Art, pitié, négation : trois voies de salut

    Malgré son pessimisme, Schopenhauer ouvre trois voies d’échappatoire au vouloir-vivre :

    * L’art, en particulier la musique, qui suspend le désir.

    * La pitié, qui nous relie à la souffrance de tous les êtres vivants (hommes, animaux).

    * La négation du vouloir, par une forme de sagesse ascétique et la connaissance libératrice.

    💡 Conclusion

    La misogynie de Schopenhauer n’est pas un simple excès personnel : elle est le symptôme d’une ontologie noire, où la femme devient l’outil biologique de la perpétuation du mal. Mais Michel Onfray montre aussi que ce pessimisme radical, nourri de douleur et d’expériences vécues, débouche sur une philosophie de la libération, fondée sur la lucidité, le refus du désir, et la possibilité d’une vie détachée. L’ultime éthique de Schopenhauer réside dans la négation du vouloir-vivre, seule capable de faire taire la souffrance du monde.

    📚 Philosophes et concepts mentionnés

    * Bouddha (env. VIe s. av. J.-C.) — Philosophe indien, figure centrale du bouddhisme, modèle pour la négation du désir.

    * Sophocle (env. 496–406 av. J.-C.) — Tragédien grec, auteur de la formule : « le plus grand bien est de ne pas être né ».

    * Platon (env. 428–348 av. J.-C.) — Philosophe grec, parfois misogyne dans ses dialogues.

    * Épicure (341–270 av. J.-C.) — Philosophe grec, défenseur de l’ataraxie et de l’égalité dans son jardin.

    * Lucrèce (env. 98–55 av. J.-C.) — Philosophe épicurien, critique de l’illusion amoureuse.

    * Montaigne (1533–1592) — Philosophe humaniste, défenseur d’une égalité éducative entre hommes et femmes.

    * Jean-Jacques Rousseau (1712–1778) — Philosophe des Lumières, aux positions ambivalentes sur les femmes.

    * Immanuel Kant (1724–1804) — Philosophe allemand, source centrale pour Schopenhauer.

    * Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770–1831) — Philosophe allemand, cible majeure des critiques de Schopenhauer.

    * Arthur Schopenhauer (1788–1860) — Philosophe allemand, auteur du Monde comme volonté et comme représentation, penseur pessimiste.

    * Friedrich Nietzsche (1844–1900) — Philosophe allemand, lecteur de Schopenhauer, critique du nihilisme.

    * Sigmund Freud (1856–1939) — Fondateur de la psychanalyse, influencé par Schopenhauer.

    Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie



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  • 1. Introduction

    Dans ce deuxième épisode de la saison 12, Michel Onfray approfondit l’opposition entre deux figures du philosophe : le philosophe existentiel et le professeur de philosophie. À travers une critique acerbe de Hegel et de l’idéalisme allemand, Onfray montre comment Schopenhauer, héritier de la tradition antique, s’oppose radicalement à la philosophie académique, institutionnelle et étatique. Cette conférence explore les enjeux de la vérité, de la liberté de pensée et du rapport entre biographie et métaphysique.

    2. Philosophie antique et modernité universitaire

    Onfray s’appuie sur Pierre Hadot pour rappeler qu’avant le triomphe du christianisme, la philosophie était avant tout un mode de vie, non une activité spéculative. Le philosophe était un sage, un guide, pas un professeur. Avec le christianisme, puis les institutions modernes, la philosophie devient une discipline académique, subordonnée au pouvoir religieux ou politique.

    3. Schopenhauer contre les professeurs

    Schopenhauer incarne la philosophie existentielle : il pense avec sa vie, et vit sa pensée. À l’inverse :

    * Le professeur de philosophie vit de la philosophie, non pour elle.

    * Il enseigne dans un cadre contraint par l’État, doit plaire à ses étudiants, et se soumet à des obligations administratives.

    * Schopenhauer critique cette dépendance salariale, la compromission avec l’idéologie officielle, et l’impossibilité de penser librement dans ce cadre.

    4. Hegel : figure du philosophe fonctionnaire

    Hegel est, pour Schopenhauer, le représentant type du philosophe salarié :

    * Il professe à Berlin, défend l’État prussien, le christianisme luthérien et la monarchie.

    * Sa philosophie est une théodicée déguisée, justifiant l’ordre établi au nom de la raison.

    * Il est qualifié de sophiste, de charlatan, d’idéologue du pouvoir, utilisant un langage abscons pour dissimuler des idées banales.

    5. La querelle personnelle et théorique

    Schopenhauer a tenté d’enseigner à Berlin, au même moment que Hegel. Son échec cuisant (5 étudiants contre un amphithéâtre plein pour Hegel) nourrit un ressentiment personnel, mais aussi une critique de fond :

    * Il reproche à Hegel son obscurantisme conceptuel, qui cache la pauvreté de sa pensée.

    * Il valorise une philosophie claire, limpide, directe, comme chez Lucrèce ou Épicure.

    6. Différences de méthode : géologues contre géographes

    Onfray distingue :

    * Les géologues (comme Schopenhauer), qui approfondissent une intuition unique.

    * Les géographes (comme Hegel), qui couvrent tous les domaines sans profondeur réelle. Schopenhauer creuse une seule idée — le vouloir-vivre — qu’il décline dans tous les champs (art, morale, sexualité, musique...).

    7. Opposition métaphysique et morale

    La divergence entre les deux penseurs est totale :

    * Hegel est optimiste, dialecticien, pense que le mal est justifié car il produit le bien (influence sur le marxisme, le communisme).

    * Schopenhauer est pessimiste, pense que la souffrance est le fond de toute chose, que le mal est irréductible.

    * Il rejette le libre-arbitre, fondement de la morale chrétienne et de l’État pénal, au profit d’un déterminisme absolu.

    8. Philosophie et religion : incompatibilité

    Schopenhauer voit dans la religion une métaphysique pour le peuple, faite de mythes et de fables. Il considère la philosophie chrétienne comme une contradiction, une tentative de travestir la pensée sous des oripeaux religieux. La philosophie véritable, selon lui, ne peut être que laïque, matérialiste et indépendante.

    9. Le langage : obscurité ou clarté ?

    Onfray critique l’obscurité volontaire de certains philosophes (Hegel, Heidegger, Deleuze), qui s’entourent d’un jargon ésotérique pour créer une caste élitiste. À l’inverse, Schopenhauer revendique un style clair, accessible, incisif, où la complexité du fond ne doit pas être trahie par celle de la forme.

    10. Une philosophie à vivre, non à réciter

    Schopenhauer oppose deux façons de philosopher :

    * Penser avec sa bibliothèque, comme les professeurs de philosophie.

    * Penser avec le monde, l’expérience, l’introspection. Il prône une philosophie pratique, qui nous apprend à vivre, non une discipline académique pour occuper un poste.

    💡 Conclusion

    Schopenhauer incarne une philosophie de la liberté, en rupture avec la philosophie institutionnelle incarnée par Hegel. Refusant le compromis avec le pouvoir, l’idéologie chrétienne et l’académisme, il défend une pensée lucide, existentielle et subversive, enracinée dans l’expérience vécue. Sa critique des « professeurs de philosophie » est aussi une défense de la philosophie comme art de vivre, fidèle à l’idéal antique.

    📚 Philosophes et concepts mentionnés

    * Socrate (env. 470–399 av. J.-C.) — Philosophe grec, maître du "connais-toi toi-même".

    * Platon (env. 428–348 av. J.-C.) — Philosophe grec, critique des sophistes.

    * Antiphon (Ve siècle av. J.-C.) — Sophiste grec, relativiste et naturaliste.

    * Épicure (341–270 av. J.-C.) — Philosophe grec, partisan de la simplicité et de l’ataraxie.

    * Lucrèce (env. 98–55 av. J.-C.) — Poète et philosophe latin, auteur du De natura rerum.

    * Augustin d’Hippone (354–430) — Théologien chrétien, auteur de La Cité de Dieu.

    * Emmanuel Kant (1724–1804) — Philosophe allemand, influence majeure de Schopenhauer.

    * Johann Gottlieb Fichte (1762–1814) — Philosophe idéaliste allemand, critiqué par Schopenhauer.

    * Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770–1831) — Philosophe allemand, figure de l’idéalisme allemand, cible principale de Schopenhauer.

    * Arthur Schopenhauer (1788–1860) — Philosophe allemand, auteur du Monde comme volonté et comme représentation, fondateur du pessimisme philosophique.

    * Karl Marx (1818–1883) — Philosophe allemand, influencé par Hegel.

    * Friedrich Nietzsche (1844–1900) — Philosophe allemand, lecteur critique de Schopenhauer.

    * Pierre Hadot (1922–2010) — Philosophe français, spécialiste de la philosophie antique comme mode de vie.

    Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie



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  • 1. Introduction

    Dans ce premier épisode de la saison 12, Michel Onfray consacre une séance dense et passionnante à la métaphysique pessimiste de Schopenhauer, qu’il qualifie d’ontologie noire. Il y explore la structure profonde de son œuvre maîtresse Le Monde comme volonté et comme représentation, en montrant comment Schopenhauer développe une pensée unique, déployée dans tous les domaines, de la biologie à la musique, en passant par la morale, la sexualité ou encore l’esthétique.

    2. Le monde comme volonté et comme représentation

    Schopenhauer condense toute sa philosophie dans une seule formule :

    « Le monde est ma volonté et ma représentation. »

    * Représentation : tout ce que nous percevons est une construction du cerveau, subjective, sans existence indépendante. Le monde n’existe que dans et par notre perception.

    * Volonté : réalité fondamentale, force aveugle, irrationnelle, universelle, présente en tout (de la pierre à l’homme), désir insatiable responsable de toutes les manifestations du monde.

    3. Une métaphysique moniste, vitaliste et anti-idéaliste

    Contrairement aux dualismes platoniciens ou cartésiens, Schopenhauer développe un monisme original :

    * Il n’existe qu’une seule réalité, la volonté.

    * Cette volonté est sans but, sans finalité, sans conscience, pure pulsion de vie (et de mort).

    * Elle agit comme principe physique, biologique et psychique, à la croisée de la philosophie et de la science.

    Il s’inspire notamment de Kant, qu’il détourne, mais aussi de penseurs matérialistes et vitalistes comme Cabanis ou Bichat.

    4. Une théorie pessimiste du désir

    Au cœur du système de Schopenhauer se trouve la souffrance :

    * Désirer, c’est manquer, donc souffrir.

    * Satisfaire un désir, c’est s’ennuyer.

    * La vie oscille sans cesse entre ces deux états : souffrance et ennui, comme un balancier tragique.

    Le plaisir n’est jamais que le soulagement d’un manque, jamais une jouissance durable.

    5. Onze thèses d’une ontologie noire

    Onfray présente les 11 thèses fondamentales de la philosophie pessimiste de Schopenhauer :

    * La souffrance est le fond de toute chose.

    * Si on ne souffre pas, on s’ennuie.

    * Le vouloir-vivre aveugle gouverne le monde.

    * Le caractère et l’intellect sont tout-puissants.

    * Le déterminisme est total, il n’y a pas de libre arbitre.

    * Il n’existe aucun sentiment élevé : pas d’amour, d’amitié, de générosité.

    * Le bonheur n’a pas d’existence positive, seulement négative.

    * Le plaisir est une impasse.

    * Le désir nous damne.

    * L’instinct sexuel est le noyau du vouloir.

    * La mort est la vérité de toute chose.

    6. Une pensée sans échappatoire ?

    Pour Schopenhauer, tout est volonté, donc souffrance et illusion. Il n’y a ni amour véritable, ni liberté, ni noblesse dans l’humain. Tout est tromperie du vouloir, y compris l’amour, simple ruse de l’espèce pour se reproduire.Pourtant, Onfray annonce que des fissures dans ce système tragique permettent une forme d’optimisme : par la pitié, l’art et la négation du vouloir-vivre.

    7. Un philosophe total, influent et moderne

    Schopenhauer a influencé :

    * Nietzsche, qui le considère d’abord comme un maître avant de le rejeter pour son ascétisme.

    * Freud, pour la pulsion de mort, la compulsion de répétition, l’inconscient.

    * Des écrivains (Maupassant, Zola, Rémy de Gourmont) et des musiciens comme Wagner.

    Sa pensée touche autant la philosophie morale que la science, la psychologie ou encore l’esthétique.

    💡 Conclusion

    Avec cette ontologie noire, Schopenhauer livre une vision tragique, cohérente et radicale du monde. Fondée sur la volonté aveugle, sa philosophie dissout toute illusion de liberté, d’amour ou de bonheur durable. Pourtant, cette pensée pessimiste ouvre aussi paradoxalement la voie à une éthique de la lucidité, à une reconnaissance de nos limites, et à des stratégies pour interrompre la tyrannie du désir : l’art, la pitié, et la négation du vouloir.

    📚 Philosophes et concepts mentionnés

    * Démocrite (env. 460–370 av. J.-C.) — Philosophe grec, fondateur de l’atomisme.

    * Platon (env. 428–348 av. J.-C.) — Philosophe grec, théoricien du dualisme intelligible/sensible.

    * Épicure (341–270 av. J.-C.) — Philosophe grec, fondateur de l’ataraxie comme forme de bonheur négatif.

    * Lucrèce (env. 98–55 av. J.-C.) — Poète et philosophe matérialiste romain.

    * René Descartes (1596–1650) — Philosophe dualiste, opposé à la conception moniste.

    * Julien de La Mettrie (1709–1751) — Médecin et philosophe matérialiste.

    * Julien Offray de La Mettrie (1709–1751) — Philosophe matérialiste français.

    * Claude-Adrien Helvétius (1715–1771) — Philosophe français, défenseur du déterminisme.

    * Immanuel Kant (1724–1804) — Philosophe allemand, dont Schopenhauer reprend et détourne la chose en soi.

    * Pierre Jean Georges Cabanis (1757–1808) — Philosophe et médecin, penseur des rapports entre corps et esprit.

    * Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770–1831) — Philosophe allemand, adversaire de Schopenhauer.

    * Marie François Xavier Bichat (1771–1802) — Médecin français, auteur de Recherches sur la vie et la mort.

    * Arthur Schopenhauer (1788–1860) — Philosophe allemand, auteur du Monde comme volonté et comme représentation, figure majeure du pessimisme philosophique.

    * Giacomo Leopardi (1798–1837) — Poète et philosophe italien, pessimiste radical.

    * Friedrich Nietzsche (1844–1900) — Philosophe allemand, influencé puis critique de Schopenhauer.

    * Sigmund Freud (1856–1939) — Fondateur de la psychanalyse, lecteur de Schopenhauer.

    * Émile Cioran (1911–1995) — Philosophe et écrivain franco-roumain, héritier du pessimisme schopenhauerien.

    * Jean-Pierre Changeux (né en 1936) — Neurobiologiste français, auteur de L’homme neuronal.

    Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie



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  • 1. Introduction

    Dans cet épisode intitulé Schizophrénie du philosophe, Michel Onfray poursuit son analyse de Arthur Schopenhauer, en se concentrant sur le décalage flagrant entre sa philosophie théorique et sa vie personnelle. Il met en lumière les contradictions existentielles du penseur, entre son éloge du détachement, de la pitié et de l’ascèse, et son comportement souvent misanthrope, colérique et brutal. Cette "schizophrénie", loin d’être anecdotique, structure profondément l’œuvre de Schopenhauer.

    2. Une lecture subjective de Platon et Kant

    Schopenhauer découvre très jeune Platon et Kant, dont il propose une lecture personnelle :

    * Il retient le dualisme platonicien (monde intelligible / monde sensible), mais en le dépassant vers un monisme centré sur la volonté.

    * Il reprend le concept kantien de chose en soi et le relie à sa notion centrale de “vouloir-vivre”.

    Dès 25 ans, il élabore sa vision philosophique, exprimée dans sa thèse De la quadruple racine du principe de raison suffisante, saluée par ses pairs.

    3. La construction du système moniste : volonté et représentation

    Dans Le Monde comme volonté et comme représentation, Schopenhauer expose une vision unifiée du réel :

    * Il rejette toute transcendance, toute dualité chrétienne, pour défendre une immanence absolue.

    * La seule réalité est le “vouloir-vivre”, principe aveugle qui anime minéraux, végétaux, animaux et humains sans distinction hiérarchique.

    * Ce vouloir est source de souffrance, d’où la nécessité de le nier pour atteindre la quiétude.

    4. Influence de la pensée orientale et du bouddhisme

    Onfray montre l’importance décisive des lectures de Schopenhauer sur l’Inde :

    * Les textes védiques et le bouddhisme nourrissent chez lui une vision du monde fondée sur l'impassibilité du sage, l'ascèse et la compassion universelle.

    * Il théorise une pitié pour tous les êtres vivants, et prône le végétarisme et l’opposition à la cruauté animale, tout en se montrant contradictoire dans sa pratique.

    5. Les contradictions existentielles : misanthropie et violence

    Schopenhauer se montre souvent en contradiction flagrante avec ses propres principes :

    * Il prône la chasteté mais entretient des relations avec des servantes.

    * Il célèbre la pitié mais agresse physiquement sa voisine Caroline Marquet, ce qui lui vaudra vingt ans de pension imposée par la justice.

    * Il défend la négation du “vouloir-vivre” mais mène une existence bourgeoise, hypochondriaque, préoccupée par l’argent et la réputation.

    Onfray qualifie cette tension constante de schizophrénie philosophique.

    6. Philosophie anti-hégélienne et critique du professeur de philosophie

    Schopenhauer s’oppose frontalement à Hegel, qu’il méprise :

    * Il rejette l’idée d’une philosophie universitaire au service de l’État.

    * Il défend une philosophie libre, indépendante, existante en dehors des institutions, inspirée par sa propre situation de rentier.

    * Il considère que la philosophie ne doit jamais être subordonnée aux pouvoirs politiques ou religieux.

    7. La métaphysique de la stérilité : célibat, rejet du mariage et de l’amitié

    Schopenhauer refuse les attaches affectives :

    * Il théorise la métaphysique du célibat, estimant que l’amour n’est qu’un subterfuge du “vouloir-vivre” pour assurer la reproduction.

    * Il se méfie des amitiés, suivant les moralistes comme La Rochefoucauld et Gracián, convaincu qu’elles finissent toujours en trahison.

    8. Un mode de vie rigoureusement réglé : hygiène du philosophe

    Schopenhauer adopte une hygiène stricte pour préserver sa liberté :

    * Trois heures de travail le matin, deux heures de promenade quotidienne.

    * Régime alimentaire frugal (bien qu'il déroge à son végétarisme théorique).

    * Indifférence aux modes vestimentaires, promenades avec son chien Atma, incarnation de son rejet des conventions.

    * Une vie marquée par l’hypocondrie, la crainte permanente du bruit et du dérangement.

    9. L’art, la musique et le refus du suicide

    Malgré son pessimisme, Schopenhauer ne sombre jamais dans le désespoir total :

    * Il trouve dans la musique (Mozart, Rossini) une consolation existentielle majeure.

    * Il théorise la possibilité d’échapper à la souffrance par l’art et la contemplation esthétique.

    * Il réfute le suicide, considérant que le “vouloir-vivre” subsiste dans l’univers au-delà de la mort individuelle.

    💡 Conclusion

    Arthur Schopenhauer incarne une figure philosophique profondément contradictoire, alliant une pensée rigoureusement moniste, antichrétienne, anti-étatique, avec une existence marquée par la misanthropie, la misère affective et le repli sur soi. Cette schizophrénie entre théorie et pratique fait de lui un penseur fascinant, dont la radicalité existentielle, l’éloge du détachement et la critique des liens sociaux résonnent encore puissamment aujourd’hui.

    📚 Philosophes et concepts mentionnés

    * Parménide (env. 515-450 av. J.-C.) — Philosophe grec, réflexion sur l’être et le non-être.

    * Platon (env. 428-348 av. J.-C.) — Philosophe grec, penseur du dualisme monde intelligible / monde sensible.

    * Épicure (341-270 av. J.-C.) — Philosophe grec, défenseur de l’ataraxie.

    * Plotin (env. 205-270) — Philosophe néoplatonicien, défenseur de l’impassibilité du sage.

    * Longin (IIIe siècle) — Théoricien du sublime.

    * Balthasar Gracián (1601-1658) — Philosophe et jésuite espagnol, moraliste, traduit par Schopenhauer.

    * La Rochefoucauld (1613-1680) — Moraliste français, sceptique sur l’amitié.

    * Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) — Philosophe des Lumières, référence sur la nature.

    * Immanuel Kant (1724-1804) — Philosophe allemand, théoricien du transcendantal et de la chose en soi.

    * Hegel (1770-1831) — Philosophe allemand, figure dominante du XIXe siècle, opposé à Schopenhauer.

    * Arthur Schopenhauer (1788-1860) — Philosophe allemand, auteur du Monde comme volonté et comme représentation, penseur pessimiste, moniste et antichrétien.

    * Friedrich Nietzsche (1844-1900) — Philosophe allemand, grand lecteur de Schopenhauer, théoricien de l’individuation radicale.

    Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie



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  • 1. Introduction

    Dans cet épisode, Michel Onfray débute l’analyse du philosophe Arthur Schopenhauer, en s’attachant à montrer comment sa pensée pessimiste s’est construite à partir de son expérience biographique. Il défend l’idée qu’aucun philosophe ne naît philosophe : il le devient, façonné par son environnement familial, son époque et ses blessures. L’objectif est donc de comprendre comment Schopenhauer est devenu ce penseur tragique, pessimiste et misanthrope.

    2. Une famille toxique : origine du tempérament pessimiste

    Onfray insiste sur le contexte familial de Schopenhauer :

    * Un père dépressif, angoissé et suicidaire, avec des antécédents familiaux lourds (deux oncles internés, une grand-mère folle).

    * Une mère hystérique, colérique, mondaine et futile, peu aimante, davantage préoccupée par sa réputation sociale que par ses enfants.

    * Une sœur malheureuse, tentée par le suicide, vivant à l’ombre maternelle sans autonomie affective.

    Ce climat familial explique la méfiance de Schopenhauer vis-à-vis des liens sociaux et affectifs, et alimente son rapport douloureux au monde.

    3. Un apprentissage imposé, source de rébellion intérieure

    Le père voulait faire de son fils un négociant, comme lui. Schopenhauer, bien qu'intéressé par les sciences et la philosophie, accepte cet apprentissage par soumission. Cette tension entre ses aspirations profondes et le destin familial imposé le rend amer, cynique, et accentue son sentiment d’inadéquation face à la société.

    4. Le voyage initiatique : émergence des intuitions philosophiques

    Entre 1803 et 1804, il voyage à travers l’Europe (France, Angleterre, Autriche, Suisse, Italie) avec sa famille. Ce périple est fondateur :

    * Il découvre le sublime face à la nature (Alpes, cataractes, glaciers), expérience décisive dans sa future philosophie esthétique.

    * Il assiste à des scènes marquantes (bagne de Toulon, pauvreté à Bordeaux, pendaisons publiques à Londres) qui confirment sa vision tragique du monde.

    * Il découvre les œuvres d’art majeures (Raphaël, Michel-Ange) et assiste à des opéras (Mozart), posant les bases de sa future réflexion sur l’art et la musique.

    5. Influence des grands auteurs et premiers rejets sociaux

    Durant ses années d’étude, Schopenhauer lit Platon, Kant, Helvétius, Chamfort, Gracián, et intègre les grandes lignes de sa philosophie : primat de la volonté, illusion des représentations, importance du sublime.

    Parallèlement, ses relations sociales sont conflictuelles :

    * Il est sarcastique, redresseur de torts, méprisant envers ses professeurs.

    * Ses échanges avec sa mère deviennent tendus, violents, marqués par des reproches constants.

    6. Le refus des trois piliers sociaux : travail, famille, patrie

    Très tôt, Schopenhauer rejette :

    * Le travail comme aliénation.

    * La famille comme structure oppressive.

    * La patrie comme autorité extérieure.

    Il cherche à vivre en rentier, indépendant, sans attaches, fidèle à l’idéal d’autonomie radicale.

    7. La découverte du bouddhisme et l’importance du vouloir

    Un moment clé de son voyage : sa découverte d’une statue de Bouddha à Amsterdam. Cette rencontre influence sa philosophie :

    * Il adhère à l’idée que l’existence est souffrance.

    * Il développera plus tard sa théorie du vouloir-vivre, principe aveugle et universel source de douleur, à laquelle il opposera la négation du vouloir.

    💡 Conclusion

    Michel Onfray montre comment la philosophie pessimiste et tragique de Schopenhauer s’enracine profondément dans son vécu familial, ses voyages, ses lectures et ses expériences fondatrices. Loin d’être un pur théoricien déconnecté, Schopenhauer est avant tout un philosophe existentiel, dont la pensée s’élabore comme réponse à un monde ressenti comme hostile. Pourtant, au cœur même de ce pessimisme, subsiste une aspiration au bonheur à travers l’art, la contemplation et la quête d’autonomie.

    📚 Philosophes et concepts mentionnés

    * Bouddha (env. VIe siècle av. J.-C.) — Fondateur du bouddhisme, influence majeure de Schopenhauer.

    * Platon (env. 428-348 av. J.-C.) — Philosophe grec, penseur du monde des idées.

    * Épicure (341-270 av. J.-C.) — Philosophe grec, défenseur de l’ataraxie et de la réduction des désirs.

    * Longin (IIIe siècle) — Théoricien du sublime dans l'Antiquité.

    * Balthasar Gracián (1601-1658) — Philosophe et moraliste espagnol, traduit par Schopenhauer.

    * Blaise Pascal (1623-1662) — Philosophe français, auteur du Pari, pessimiste sur la condition humaine.

    * David Hume (1711-1776) — Philosophe empiriste écossais, cité en filigrane.

    * Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) — Philosophe des Lumières, auteur du Contrat social.

    * Emmanuel Kant (1724-1804) — Philosophe allemand, fondateur de l’idéalisme transcendantal.

    * Arthur Schopenhauer (1788-1860) — Philosophe allemand, auteur du Monde comme volonté et comme représentation, penseur pessimiste et anti-hégélien.

    * Friedrich Nietzsche (1844-1900) — Philosophe allemand, lecteur enthousiaste de Schopenhauer, théoricien du surhomme.

    Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie



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  • 1. Introduction

    Dans cet ultime épisode consacré à Henry David Thoreau, Michel Onfray approfondit la dimension politique et existentielle de sa philosophie, centrée autour du concept : vivre libre et sans lien. Il oppose Thoreau aux anarchistes classiques, pour mieux le définir comme un libertaire, engagé dans une révolution spirituelle plus qu’une révolution sociale ou politique.

    2. Les exercices spirituels de Thoreau : vers la liberté absolue

    Onfray rappelle les six exercices spirituels déjà abordés (explore-toi toi-même, vivre la vie qu'on a imaginée, aime ta vie, simplifie, fais-toi un corps parfait) et introduit le septième : vivre libre et sans lien. Cette proposition repose sur :

    * Le refus de toute dépendance vis-à-vis des autres, du travail, de la famille ou de la patrie.

    * L'affirmation d'une solitude ontologique, où l’individu assume sa condition d'être seul face à lui-même, libre de toute aliénation sociale.

    3. Libertaire mais non anarchiste : distinction essentielle

    Michel Onfray insiste sur la différence entre libertaire et anarchiste :

    * Le libertaire (défini par Littré) refuse toute limitation de sa liberté individuelle sur les plans social et politique.

    * Contrairement à l’anarchiste, Thoreau n’appelle pas à la suppression de l’État, du capitalisme ou des institutions, mais à leur mise à distance dès lors qu’elles entravent la liberté individuelle.

    4. Solitude, misanthropie et rapport à autrui

    Thoreau prône une mise à distance des autres, préférant les animaux, les forêts et la nature à la société humaine. Cette misanthropie est souvent interprétée à tort comme du narcissisme, mais Onfray y voit une souffrance sous-jacente, un rapport douloureux au monde. Thoreau ne hait pas l’homme, il cherche simplement à préserver sa liberté face aux contraintes sociales et morales.

    5. Refus des trois piliers : travail, famille, patrie

    Thoreau rejette les trois piliers traditionnels de l’ordre social :

    * Travail : pour lui, il ne doit servir qu’à satisfaire les besoins essentiels.

    * Famille : il refuse les obligations sociales et affectives liées à la cellule familiale.

    * Patrie : il refuse tout sacrifice pour l’État ou la nation, prônant une indifférence radicale à l’égard du pouvoir politique.

    6. Résistance et désobéissance civile

    Thoreau s’engage cependant politiquement, notamment contre l’esclavage :

    * Son texte La désobéissance civile (1849) est un appel à la résistance individuelle face aux lois injustes.

    * Il milite activement pour l’abolition de l’esclavage, soutient les actions de John Brown, allant jusqu’à justifier le recours à la violence dans certaines situations extrêmes.

    * Pour lui, l’engagement politique découle d’abord d’une nécessité éthique : quand l’État entrave la liberté individuelle, il faut désobéir.

    7. Une révolution spirituelle plus qu'une révolution sociale

    Thoreau refuse les utopies collectivistes des anarchistes ou socialistes. Son combat vise à préserver l’expansion de l’individualité, non à réorganiser la société. Sa maison idéale, qu’il décrit comme ouverte, simple, sans propriété ni hiérarchie, devient l’allégorie de cette philosophie : chacun y vit libre, sans maître, selon ses propres règles.

    💡 Conclusion

    Henry David Thoreau incarne un libertaire radical, prônant la liberté individuelle absolue, débarrassée de tout lien social oppressif. Sa vie, comme son œuvre, est un manifeste d'autonomie : ni travail contraint, ni famille imposée, ni patrie sacralisée. À travers la désobéissance civile et la simplicité volontaire, il propose une révolution intérieure fondée sur l’affirmation de soi, la résistance et la construction d’une existence libre, exemplaire pour ceux qui veulent être seigneurs de leur propre royaume.

    📚 Philosophes et concepts mentionnés

    * Socrate (env. 470-399 av. J.-C.) — Philosophe grec, maître du "connais-toi toi-même", modèle pour Thoreau.

    * Diogène de Sinope (env. 412-323 av. J.-C.) — Philosophe cynique, défenseur du dénuement et de la liberté individuelle.

    * Michel de Montaigne (1533-1592) — Philosophe humaniste français, modèle d’écriture de soi.

    * Arthur Schopenhauer (1788-1860) — Philosophe allemand, penseur du pessimisme, contemporain de Thoreau.

    * John Brown (1800-1859) — Militant abolitionniste américain, soutenu par Thoreau.

    * Ralph Waldo Emerson (1803-1882) — Philosophe transcendantaliste américain, ami et influence majeure de Thoreau.

    * Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865) — Philosophe anarchiste français, proche des idées libertaires.

    * Henry David Thoreau (1817-1862) — Philosophe américain, auteur de Walden et La désobéissance civile, figure majeure du libertarisme et de l’écologie politique.

    * Friedrich Nietzsche (1844-1900) — Philosophe allemand, défenseur de l'individualité et critique du grégaire.

    * Pierre Hadot (1922-2010) — Philosophe français, théoricien des exercices spirituels antiques.

    * Michel Foucault (1926-1984) — Philosophe français, auteur des techniques de soi.

    Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie



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  • 1. Introduction

    Dans cet épisode, Michel Onfray poursuit son analyse de Henry David Thoreau, en se concentrant sur l’idée centrale : sculpter sa propre statue. En référence à Plotin, Onfray montre comment Thoreau incarne cette tradition philosophique antique qui invite à faire de sa vie une œuvre d’art, un exercice d’individuation radicale, en rupture avec les normes sociales et les philosophies théorétiques.

    2. La sculpture de soi : une tradition antique remise au goût du jour

    Onfray rappelle que l’expression sculpter sa propre statue vient de Plotin, philosophe néoplatonicien. L’idée est simple : nous sommes tous à la naissance un bloc informe, qu’il nous appartient de travailler, tailler et façonner, pour faire de nous une singularité.Thoreau reprend cette conception antique, refusant la vision chrétienne du moi pécheur à effacer, préférant une subjectivité assumée, une individualité forte.

    3. Une philosophie à la première personne

    Thoreau revendique l’usage du "je" dans son œuvre, contrairement à la tradition philosophique qui l’évite. À l’instar de Montaigne et plus tard de Nietzsche, il considère que toute philosophie est d’abord autobiographique, ancrée dans une expérience personnelle. Pour Thoreau, il n’y a pas de modèle unique : il ne prêche pas, ne cherche pas à être imité, mais invite chacun à inventer sa propre existence.

    4. Critique des philosophes théoriciens

    Thoreau s’oppose aux philosophes "de cabinet", théoriciens déconnectés de l’expérience réelle. Il privilégie le récit simple et sincère, à la première personne, plutôt qu’un discours technique, dialectique ou démonstratif. La philosophie doit être pratique, concrète, vécue, non un exercice rhétorique.

    5. Influences antiques : Socrate, Diogène, Épicure, les stoïciens

    Onfray montre que Thoreau est traversé par plusieurs influences antiques :

    * Socrate : l’injonction à se connaître soi-même, à pratiquer la maïeutique intérieure.

    * Diogène : le dénuement volontaire, la provocation sociale, la recherche d’autonomie.

    * Épicure : la frugalité, la réduction des besoins, la sobriété heureuse.

    * Stoïciens : l’acceptation du destin, le panthéisme, le travail sur les représentations pour atteindre la sérénité face à la mort.

    6. Les exercices spirituels de Thoreau

    Onfray identifie plusieurs exercices pratiques chez Thoreau, hérités des antiques :

    * Explore-toi toi-même : plutôt que chercher le monde, découvrir les zones blanches en soi.

    * Vivre la vie qu’on a imaginée : ne pas renoncer à ses rêves, construire ses propres fondations après avoir bâti ses châteaux en l’air.

    * Aimer sa vie : valoriser le présent, refuser l’ascétisme chrétien et les mortifications.

    * Simplifier : réduire le logement (cabane minimale), le vêtement (fonctionnel), l’alimentation (sobre), le travail (un jour sur sept suffit), et éliminer les désirs superflus.

    * Sculpter son corps : entretenir son autonomie physique, marcher, méditer, lire peu mais bien, refuser les journaux et la distraction.

    7. Une philosophie de la liberté et de l’autonomie

    Thoreau cherche à atteindre un état où l’on ne dépend ni de rien ni de personne, où l’on ne craint rien ni personne. Cette souveraineté intérieure est pour lui l’aboutissement d’une vie philosophique réussie, une véritable existence libertaire avant l’heure.

    💡 Conclusion

    Thoreau propose une philosophie existentielle héritée des antiques, où chaque individu doit sculpter sa propre statue, c’est-à-dire façonner sa vie comme une œuvre unique, libre et autonome. En privilégiant l’expérience directe, la frugalité et la liberté intérieure, il incarne une alternative radicale aux philosophies théoriques et aux dogmes religieux, appelant chacun à devenir pleinement soi-même.

    📚 Philosophes et concepts mentionnés

    * Socrate (env. 470-399 av. J.-C.) — Philosophe grec, défenseur du "connais-toi toi-même".

    * Diogène de Sinope (env. 412-323 av. J.-C.) — Philosophe cynique, prônant le dénuement et l’insoumission.

    * Épicure (341-270 av. J.-C.) — Philosophe grec, défenseur de l’ataraxie et de la réduction des désirs.

    * Plotin (env. 205-270) — Philosophe néoplatonicien, auteur de la formule "sculpter sa propre statue".

    * Michel de Montaigne (1533-1592) — Philosophe humaniste français, auteur des Essais, défenseur de l’introspection.

    * Arthur Schopenhauer (1788-1860) — Philosophe allemand, contemporain de Thoreau, penseur du monde comme volonté.

    * Ralph Waldo Emerson (1803-1882) — Philosophe américain, figure majeure du transcendantalisme.

    * Henry David Thoreau (1817-1862) — Philosophe américain, figure de l’autonomie existentielle, auteur de Walden et de La désobéissance civile.

    * Friedrich Nietzsche (1844-1900) — Philosophe allemand, défenseur de l’individuation radicale et du dépassement de soi.

    Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie



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  • 1. Introduction

    Dans cet épisode, Michel Onfray poursuit l’analyse de Henry David Thoreau à travers la question centrale : comment mener une vie philosophique ? Il propose une lecture qui s’inscrit dans la tradition antique de la philosophie comme mode de vie, plutôt que comme simple discours académique. Onfray oppose cette conception pratique de la philosophie à l’émergence des professeurs de philosophie du XIXe siècle, incarnant le basculement vers un savoir théorique détaché de l’existence.

    2. Les trois figures alternatives du philosophe

    Onfray revient sur trois figures chères à Thoreau qui illustrent cette vie philosophique concrète :

    * L’Indien, proche de la nature, modèle d’autonomie et d’harmonie.

    * Le bûcheron, homme simple qui incarne une sagesse pratique sans érudition livresque.

    * Le brahmane, inspiré par les textes védiques, vivant selon une sagesse intérieure, sans ostentation ni prosélytisme.

    Ces figures permettent à Thoreau de proposer une philosophie existentialiste, immanente et incarnée, en rupture avec les académismes européens.

    3. Critique radicale de la modernité

    Dès ses années à Harvard, Thoreau rédige un texte critique intitulé L’esprit commercial des temps modernes, où il dénonce :

    * Le culte de la technique, du commerce, de l’industrie.

    * La ville, symbole d’aliénation, d’accélération et d’asservissement salarial.

    * La déconnexion entre l’homme moderne et la nature.

    Thoreau ne propose pas une révolution sociale comme Marx, mais une révolution intérieure, une réforme individuelle face à la modernité.

    4. Éloge de la simplicité et de l’autonomie

    Thoreau prône une vie fondée sur :

    * La réduction des besoins, en écho à l’épicurisme.

    * Le rejet de la consommation et de l’accumulation.

    * L’autosuffisance, rendue possible par la vie à la campagne.

    Il devient ainsi une référence pour les mouvements futurs prônant la décroissance, l’écologie, et l’autonomie individuelle, des hippies aux décroissants modernes.

    5. Technologie et écologie : deux visions antagonistes

    Onfray oppose la position technophobe de Thoreau à celle de John Adolphus Etzler, contemporaine du XIXe siècle :

    * Etzler imagine un paradis technologique fondé sur les énergies renouvelables, l’exploitation des machines, la fin du travail humain et la prospérité urbaine.

    * Thoreau rejette cette utopie, considérant que les besoins essentiels sont simples et que le bonheur réside dans la connexion avec la nature, non dans la profusion technologique.

    Cette opposition demeure actuelle : écologie technophile (Etzler) versus écologie technophobe (Thoreau).

    6. Observer la nature comme exercice philosophique

    Thoreau propose une philosophie empirique de l’observation :

    * Observer les cycles de la nature, les variations du temps, la croissance des plantes.

    * Noter ces observations quotidiennement, afin de créer une encyclopédie du réel.

    * Faire de chaque détail du monde naturel une source d’enseignement existentiel.

    Il se situe dans la lignée des philosophies du sublime, à la manière des romantiques, où l’infiniment grand comme l’infiniment petit révèlent la condition humaine.

    7. La ville, pathogène et criminogène

    Thoreau voit dans la ville un lieu d’aliénation et de dépression :

    * Coupée de la nature, elle génère frustrations, consumérisme, maladies mentales et morales.

    * Il oppose cette réalité à la sérénité, la santé et la paix trouvées dans la ruralité et l’intimité avec la nature.

    8. Mener une vie philosophique : les règles selon Thoreau

    Onfray résume les grandes règles thoreauviennes :

    * Jouir du pur plaisir d’exister, à chaque instant.

    * Vouloir son bonheur, le construire activement.

    * Se remettre au centre de soi, ne pas vivre pour autrui ou pour des valeurs extérieures (argent, réputation, pouvoir).

    * Réduire ses besoins, pour maximiser sa liberté et sa joie.

    * Habiter l’instant présent, vivre ici et maintenant.

    * Transformer le négatif en positif : que ce soit la prison, un incendie, une charogne ou l’agonie, chaque expérience doit être vécue pleinement.

    💡 Conclusion

    Michel Onfray met en lumière la radicalité existentielle de Thoreau : il s’agit de vivre philosophiquement, non de théoriser la philosophie. Refuser les valeurs consuméristes, les diktats de la modernité et les aliénations urbaines, pour se recentrer sur l’essentiel : la nature, la simplicité, la liberté intérieure. Une vie philosophique est avant tout une vie authentique, sobre, joyeuse, fondée sur la maîtrise de soi et l’observation attentive du monde.

    📚 Philosophes et concepts mentionnés

    * Socrate (env. 470-399 av. J.-C.) — Philosophe grec, défenseur du "connais-toi toi-même".

    * Diogène de Sinope (env. 412-323 av. J.-C.) — Philosophe cynique, prônant le dénuement et la liberté.

    * Épicure (341-270 av. J.-C.) — Philosophe grec, fondateur de l’hédonisme réfléchi.

    * Montaigne (1533-1592) — Philosophe français, auteur des Essais, défenseur de l’introspection.

    * Spinoza (1632-1677) — Philosophe rationaliste, auteur de l’Éthique, prônant la béatitude.

    * Arthur Schopenhauer (1788-1860) — Philosophe pessimiste allemand, contemporain de Thoreau.

    * John Adolphus Etzler (1791-1846) — Inventeur et théoricien utopiste, défenseur d’un progrès technologique au service du bonheur.

    * Ralph Waldo Emerson (1803-1882) — Philosophe transcendantaliste américain.

    * Henry David Thoreau (1817-1862) — Philosophe américain, figure majeure du transcendantalisme, de la désobéissance civile et de l’écologie.

    * Pierre Hadot (1922-2010) — Philosophe français, théoricien de la philosophie comme mode de vie.

    Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie



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  • 1. Introduction

    Dans cet épisode intitulé La sagesse des sauvages, Michel Onfray approfondit l’analyse de Henry David Thoreau, en soulignant la spécificité de sa pensée par rapport à Emerson. Là où Emerson reste dans un transcendantalisme théorique, Thoreau s’en distingue par un ancrage radical dans l’immanence, incarnée par son admiration pour les peuples dits "sauvages" : les Indiens d’Amérique, le bûcheron, et les brahmanes.

    2. Trois figures existentielles majeures : Socrate, Diogène, Montaigne

    Thoreau revendique une filiation philosophique singulière :

    * Socrate : pour sa maïeutique, son exigence du "connais-toi toi-même", et sa capacité à accoucher les esprits et soi-même.

    * Diogène : pour son rapport direct à la nature, sa critique des conventions sociales, et sa philosophie du dénuement inspirée par les leçons naturelles.

    * Montaigne : pour l’écriture de soi, la construction de soi par l’introspection, et le journal comme exercice philosophique.

    Onfray souligne que Thoreau privilégie ces figures pratiques, existentielles, anti-systémiques, à l’opposé des grands philosophes européens classiques.

    3. Un anti-européen : valorisation du sol américain

    Thoreau affirme son rejet des références culturelles européennes, qu’il considère anciennes, lointaines, et déconnectées du sol américain. Pour lui :

    * Il faut tourner le dos à l’Europe et marcher "vers l’Ouest", symbole d’ouverture et de nouveauté.

    * La culture authentique doit s’enraciner dans le territoire américain, non dans la répétition des modèles antiques.

    4. L’éloge des Indiens : un modèle de sagesse naturelle

    Thoreau propose une véritable philosophie à partir de la figure de l’Indien :

    * Précision du langage : les Indiens disposent d’un vocabulaire riche et exact pour décrire la nature.

    * Simplicité alimentaire : ils mangent sainement, sans excès, avec une attention au symbolisme des aliments.

    * Orientation instinctive : ils savent lire les signes de la nature (mousses, traces, feuillages) pour s’orienter, là où les modernes sont désorientés.

    * Médecine préventive : ils privilégient une santé naturelle et préservent leur vitalité par une vie en harmonie avec l’environnement.

    * Rapport serein au temps : leur conception du temps est spatiale, sans anxiété du futur, ancrée dans le présent immédiat.

    Thoreau oppose cette sagesse naturelle à la barbarie des "civilisés", dominée par l’accumulation, la consommation, la propriété et l’exploitation.

    5. La critique du consumérisme et du progrès occidental

    Thoreau dénonce :

    * Le culte de l’avoir contre l’être.

    * La dépendance aux objets inutiles et l’accumulation de biens superflus.

    * Le stress, les frustrations et les maladies engendrées par la modernité industrielle.

    À l’inverse, il valorise une vie simple, sobre, autonome, sans attachement matériel.

    6. Le bûcheron : figure de l’immanence américaine

    Autre personnage clé, le bûcheron que Thoreau observe à Concord :

    * Il incarne une vie saine, simple, sans artifices, sans rôle social.

    * Il travaille uniquement pour vivre, sans chercher à accumuler des richesses.

    * Il vit en lien direct avec la nature, dans une sobriété heureuse.

    * Thoreau admire sa frugalité, son endurance, son absence de vanité et son ancrage dans le réel.

    Cette figure s’oppose aux "grands hommes" célébrés par Emerson, incarnant un anti-héros de l’immanence.

    💡 Conclusion

    Thoreau développe une philosophie radicalement anti-européenne, naturaliste et existentielle, fondée sur l’observation des peuples premiers et des hommes simples. En valorisant l’Indien et le bûcheron, il oppose une sagesse de l’immanence à la barbarie consumériste des modernes. Sa pensée ouvre une voie originale, alliant autonomie, simplicité, respect de la nature et construction de soi, loin des transcendantalismes théoriques.

    📚 Philosophes et concepts mentionnés

    * Socrate (env. 470-399 av. J.-C.) — Philosophe grec, maître du "connais-toi toi-même", défenseur de la maïeutique.

    * Diogène de Sinope (env. 412-323 av. J.-C.) — Philosophe cynique, prônant le dénuement et la vie en accord avec la nature.

    * Michel de Montaigne (1533-1592) — Philosophe humaniste français, auteur des Essais, défenseur de l’introspection.

    * Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) — Philosophe des Lumières, théoricien du retour à la nature.

    * Ralph Waldo Emerson (1803-1882) — Philosophe américain, principal représentant du transcendantalisme.

    * Henry David Thoreau (1817-1862) — Philosophe américain, auteur de Walden et de La désobéissance civile, défenseur d’une vie simple et naturelle.

    Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie



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  • 1. Introduction

    Dans cet épisode, Michel Onfray consacre une séance entière à expliquer en détail le transcendantalisme, courant philosophique majeur du XIXe siècle américain, principalement incarné par Ralph Waldo Emerson et Henry David Thoreau. Onfray distingue ce mouvement de la philosophie matérialiste, en insistant sur ses fondements idéalistes, son rapport à la nature, à Dieu et à la construction de soi.

    2. Transcendance, transcendantal, transcendantalisme : distinctions

    Onfray commence par clarifier trois notions fondamentales :

    * La transcendance : toute idée qu’il existe un arrière-monde, une réalité supérieure au monde sensible (Platon, christianisme).

    * Le transcendantal (chez Kant) : ce qui rend possible la connaissance a priori, en dehors de l'expérience sensible.

    * Le transcendantalisme : courant philosophique proprement américain, inspiré par Emerson, qui défend l’existence d’un principe supérieur (la “surâme”), immanent à la nature, mais accessible par intuition, contemplation et vie intérieure.

    3. Les thèses du transcendantalisme selon Onfray

    Michel Onfray synthétise le transcendantalisme en sept grandes thèses :

    1. Affirmation de l’existence de DieuDieu n’est pas celui du christianisme anthropomorphe. Il est une force diffuse, présente dans la nature. Emerson parle de la “surâme”, principe universel immanent, comparable à un panthéisme.

    2. La connaissance par intuitionContre la raison mathématique, le transcendantalisme privilégie l'intuition, l'expérience sensible, le rêve, la folie, le sommeil, comme modes d'accès au réel.

    3. Mépris des masses, valorisation du génie individuelLe peuple est vu comme incapable d’accéder à la vérité. Seuls les grands hommes, figures d’exemplarité, quintessencient les forces éternelles du monde.

    4. Confiance absolue en soiMarqué par le protestantisme et la prédestination, Emerson invite chacun à obéir à son destin propre, à vivre selon sa nature, sans souci du jugement d’autrui.

    5. Non-conformisme radicalLe transcendantalisme défend le refus du conformisme social : peu importe les conventions, les institutions ou les normes, il s’agit d’être pleinement soi.

    6. Jouissance et contemplation de la natureLa contemplation de la nature est source de béatitude, d’extase païenne. La nature est divine et en elle réside la clé de la liberté intérieure.

    7. Construction de soi : souci et sculpture de soiLa priorité est donnée à la réforme individuelle plutôt qu’à la réforme politique. La transformation du monde passe par la transformation de soi.

    4. Emerson, un idéalisme américain

    Onfray souligne que le transcendantalisme d'Emerson repose sur une lecture idéalisme-platonicienne du monde. La nature n’est qu’un moyen d’accéder à une réalité supérieure. Emerson est un penseur de la transcendance, un dialecticien, théoricien éloigné de l’expérience directe.

    5. Thoreau : un transcendantalisme immanent

    Bien que souvent classé parmi les transcendantalistes, Thoreau s’en distingue nettement :

    * Il vit la nature comme une fin en soi, non comme un moyen d’accéder à un arrière-monde.

    * Il pratique un spinozisme concret, une mystique de l’immanence, où la nature est immédiatement sacrée.

    * Son engagement physique (marches, cabane, observation quotidienne) contraste avec l’approche plus théorique d’Emerson. Thoreau reste marqué par le transcendantalisme, mais s’en affranchit pour proposer une philosophie existentielle incarnée.

    6. Les dérives du transcendantalisme

    Onfray évoque les expériences qui ont dévoyé le transcendantalisme :

    * Universités transcendantalistes : libres, ouvertes, mais vite récupérées par des cercles mondains.

    * Expériences communautaires comme Brook Farm ou Fruitlands, qui mêlaient transcendantalisme, fouriérisme, végétarisme, rejet du capitalisme et du progrès, mais qui échouèrent rapidement.

    💡 Conclusion

    Le transcendantalisme, tel qu’exposé par Emerson, est un idéalisme religieux, panthéiste et individualiste, centré sur la confiance en soi, la contemplation de la nature et la construction intérieure. Thoreau s’en inspire mais lui préfère une radicalité plus pratique, tournée vers une mystique immanente et corporelle, loin des spéculations conceptuelles. Ce courant demeure une réponse critique à la montée du capitalisme, de l’industrialisation et du matérialisme.

    📚 Philosophes et concepts mentionnés

    * Pythagore (env. 570-495 av. J.-C.) — Philosophe présocratique, influençant le dualisme platonicien.

    * Platon (env. 428-348 av. J.-C.) — Philosophe grec, théoricien du monde des idées et du dualisme.

    * Plotin (env. 205-270) — Philosophe néoplatonicien, défenseur d’une mystique de l’intelligible.

    * René Descartes (1596-1650) — Philosophe français, défenseur du rationalisme mathématique.

    * Spinoza (1632-1677) — Philosophe rationaliste, père du panthéisme immanent.

    * Immanuel Kant (1724-1804) — Philosophe allemand, théoricien du transcendantal.

    * Arthur Schopenhauer (1788-1860) — Philosophe allemand, penseur du monde comme volonté et représentation.

    * Ralph Waldo Emerson (1803-1882) — Philosophe américain, principal représentant du transcendantalisme.

    * Margaret Fuller (1810-1850) — Figure américaine du transcendantalisme, féministe et écrivaine.

    * Henry David Thoreau (1817-1862) — Philosophe américain, figure de l’immanence transcendentaliste et du libertarisme.

    * Friedrich Nietzsche (1844-1900) — Philosophe allemand, proche de certaines thèses d’Emerson sur la confiance en soi et le dépassement.

    Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie



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  • 1. Introduction

    Dans cet épisode intitulé La cabane et la prison, Michel Onfray poursuit l’étude de Henry David Thoreau, en s’attardant sur les deux grandes expériences symboliques de sa vie : le séjour dans la cabane de Walden et son court passage en prison. Ces deux épisodes illustrent deux dimensions essentielles de sa philosophie : la quête d’autonomie individuelle et la désobéissance civile. Onfray déconstruit également certains mythes entourant Thoreau, tout en soulignant la portée révolutionnaire de son œuvre.

    2. La cabane : un laboratoire de vie autonome

    Onfray rappelle que l’expérience de Walden, loin du mythe du reclus permanent, dure deux ans et deux mois (1845-1847), avec des allers-retours fréquents à Concord. Cette cabane est construite par Thoreau lui-même, sur un terrain prêté par Emerson, avec des matériaux récupérés. Elle devient le symbole :

    * D’une vie simple, décroissante et autonome.

    * D’une volonté de réduire ses besoins, renouant avec les valeurs antiques de frugalité.

    * D’un espace pour penser, méditer, et expérimenter une existence fondée sur la liberté.

    Onfray souligne le lien entre cette cabane et les traditions monacales ou antiques, où l’espace réduit favorise la concentration sur l’essentiel.

    3. Un rapport sensoriel et mystique à la nature

    Thoreau développe une relation intime et poétique avec le lac de Walden, qu’il fantasme comme un être vivant, un absolu. Il y voit un lieu pur, préservé des péchés modernes (industrialisation, capitalisme), et se baigne quotidiennement dans ses eaux, perçues comme lustrales. Cette immersion sensorielle reflète son panthéisme païen, proche des philosophies orientales, rejetant toute transcendance chrétienne.

    4. La prison : naissance de la désobéissance civile

    Onfray revient sur l'épisode souvent surévalué de l’incarcération de Thoreau : une seule nuit, en 1846, pour avoir refusé de payer une taxe finançant la guerre contre le Mexique et l’esclavagisme. Thoreau voulait vivre l’expérience carcérale comme un acte politique et éthique :

    * Dire non à l’État, lorsque la conscience individuelle l’exige.

    * Défendre la primauté de l’individu et de la morale sur les lois injustes. Cet épisode donnera naissance à son texte majeur La désobéissance civile (1849), qui influencera de nombreux penseurs libertaires.

    5. De la vie éthique à l’engagement politique

    Après son séjour à Walden, Thoreau traverse une rupture existentielle. D’abord concentré sur son autonomie personnelle, il s’engage progressivement dans le combat abolitionniste, notamment après l’affaire Anthony Burns (un esclave capturé à Boston) et la rencontre avec John Brown, militant antiesclavagiste radical. Thoreau associe désormais éthique et politique, refusant toute loi qui contredit sa conscience morale.

    6. Une vie fondée sur la liberté radicale

    Onfray insiste sur la cohérence de la vie de Thoreau :

    * Refus du mariage, des attaches sociales, des biens superflus.

    * Pratique d’une ascèse existentielle, fondée sur l’autonomie, la simplicité, la réduction des besoins.

    * Refus des hiérarchies et de l’autorité, dans une logique proche de l’anarchisme, mais toujours enracinée dans la responsabilité individuelle.

    💡 Conclusion

    Thoreau incarne un modèle de liberté individuelle absolue, conjuguant une éthique personnelle rigoureuse et un engagement politique concret. La cabane de Walden et la prison deviennent les symboles complémentaires d’une philosophie de l’autonomie et de la désobéissance, où la quête du bonheur passe par la rupture avec les normes sociales oppressives. Son œuvre reste une référence pour les penseurs libertaires, écologistes et adeptes de la décroissance.

    📚 Philosophes et concepts mentionnés

    * Diogène de Sinope (env. 412-323 av. J.-C.) — Philosophe cynique, défenseur d’une vie simple et libre.

    * Épicure (341-270 av. J.-C.) — Philosophe grec, partisan d’un hédonisme frugal et de la réduction des besoins.

    * Plotin (env. 205-270) — Philosophe néoplatonicien, inspirateur du transcendantalisme américain.

    * Étienne de La Boétie (1530-1563) — Philosophe français, auteur du Discours de la servitude volontaire.

    * Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) — Philosophe des Lumières, défenseur de la nature et de la liberté individuelle.

    * Ralph Waldo Emerson (1803-1882) — Philosophe américain, figure centrale du transcendantalisme, ami de Thoreau.

    * Henry David Thoreau (1817-1862) — Philosophe américain, auteur de Walden et de La désobéissance civile, pionnier de l’écologie et du libertarisme.

    * Friedrich Nietzsche (1844-1900) — Philosophe allemand, défenseur de la liberté individuelle radicale.

    Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie



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  • 1. Introduction

    Dans cet épisode, Michel Onfray inaugure l’étude approfondie de Henry David Thoreau, qu’il présente comme une figure essentielle des radicalités existentielles du XIXe siècle. Loin de se limiter à un simple littéraire ou naturaliste, Thoreau propose une philosophie de vie, ancrée dans l’expérience quotidienne, la nature, et la quête de liberté individuelle. Onfray en fait un précurseur de l’écologie, de la décroissance, et de la désobéissance civile, au travers d’une existence pensée comme une œuvre d’art.

    2. Une vie philosophique : existence et œuvre confondues

    Thoreau ne se contente pas de théoriser, il cherche à incarner sa philosophie. Son mode de vie est lui-même une réponse philosophique :

    * Il refuse les carcans sociaux, les conventions vestimentaires, les relations mondaines.

    * Il valorise l'autonomie matérielle (construction de sa propre maison, production de ses biens essentiels).

    * Il invite chacun à tracer son propre chemin, à bâtir sa vie selon ses propres valeurs, non en imitant mais en créant.

    Onfray montre que cette posture se rattache à une tradition où la vie philosophique prime sur le discours théorique (Diogène, Montaigne, Pascal).

    3. La nature comme école philosophique

    Thoreau naît à Concord, petit village de Nouvelle-Angleterre entouré de forêts, lacs et rivières. Ce cadre géographique marque profondément sa pensée :

    * La nature est pour lui une contre-culture, un espace de liberté et de vérité face aux dérives de la civilisation industrielle.

    * Il passe sa vie à herboriser, marcher, canoter, observant la nature dans ses moindres détails.

    * Son œuvre majeure, Walden, est à la fois autobiographie et biographie du réel naturel, célébration d’une vie simple et autonome.

    4. Fidélité à l’enfance : liberté, spontanéité, jeu

    Onfray insiste sur la fidélité de Thoreau aux valeurs de l’enfance :

    * Il conserve une capacité d’émerveillement, une liberté sans compromission.

    * Il critique les adultes, qu’il juge aliénés par la société de consommation, les conventions sociales et l’obsession de l’argent.

    * Thoreau célèbre la cabanisation, les promenades, les constructions, autant de gestes enfantins devenus philosophiques.

    5. Critique de la culture moderne et du progrès

    Thoreau rejette le culte du progrès, de la mécanisation, et du commerce :

    * Il dénonce l’arrivée du chemin de fer, symbole de l’accélération du temps et de la défiguration du paysage.

    * Il critique l’argent roi, les vêtements dictés par la mode, le théâtre mondain, les journalistes serviles.

    * Il oppose à cette société une vie décroissante, fondée sur le calme, la sobriété, la nature et la liberté individuelle.

    6. La philosophie orientale et l’influence brahmanique

    À partir de ses lectures des Upanishads, de la Bhagavad-Gîtâ et des Lois de Manu, Thoreau intègre une dimension spirituelle orientale :

    * Il rejette le dualisme chrétien corps/âme au profit d’une pensée immanente.

    * Il conçoit l’homme comme partie intégrante d’un tout naturel, fluide, changeant.

    * Onfray rapproche Thoreau d’un mysticisme païen, fondé sur la fusion avec la nature et le rejet de toute transcendance.

    7. Le journal et la construction du Moi

    Thoreau consigne ses réflexions dans un journal, véritable laboratoire philosophique où il note ses observations quotidiennes, ses expériences et ses pensées. Ce journal devient un outil pour construire son individualité, sans chercher à produire un système mais à incarner une existence authentique et libre.

    8. Concorde contre New York : critique de la civilisation

    Onfray montre comment Thoreau oppose :

    * Concorde, symbole de la nature, du temps lent, du local, de la liberté.

    * New York, symbole de la civilisation marchande, du progrès technologique, de la servitude volontaire.

    Thoreau fait ainsi l’éloge d’une vie simple et locale, en rupture avec les illusions du progrès moderne.

    💡 Conclusion

    Thoreau incarne une philosophie de vie radicale, refusant le conformisme social, le matérialisme et le progrès technique aveugle. Par son attachement à la nature, à la liberté individuelle, à l’enfance et à l’autonomie, il ouvre la voie à une pensée de la décroissance, de l’écologie et de la désobéissance civile. Sa vie même devient un manifeste philosophique, invitant chacun à construire son propre chemin hors des sentiers battus.

    📚 Philosophes et concepts mentionnés

    * Héraclite (env. 544-480 av. J.-C.) — Philosophe présocratique, penseur du changement perpétuel.

    * Parménide (env. 515-450 av. J.-C.) — Philosophe grec, défenseur de l'immobilité de l'être.

    * Diogène de Sinope (env. 412-323 av. J.-C.) — Philosophe cynique, défenseur d'une vie simple en harmonie avec la nature.

    * Étienne de La Boétie (1530-1563) — Philosophe français, auteur du Discours de la servitude volontaire.

    * Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) — Philosophe des Lumières, défenseur de la nature et de l’éducation.

    * Emmanuel Kant (1724-1804) — Philosophe allemand, auteur de la question « Qu’est-ce que l’homme ? ».

    * Arthur Schopenhauer (1788-1860) — Philosophe allemand, contemporain et influencé par la pensée orientale.

    * Ralph Waldo Emerson (1803-1882) — Philosophe américain, fondateur du transcendantalisme.

    * Henry David Thoreau (1817-1862) — Philosophe américain, auteur de Walden et de La désobéissance civile, figure majeure du transcendantalisme et du libertarisme.

    Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie



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  • 1. Introduction

    Dans ce deuxième épisode de la saison 11, Michel Onfray poursuit son exploration des radicalités existentielles du XIXe siècle. Il se concentre ici sur deux figures majeures : Ludwig Feuerbach et Charles Darwin, qu’il considère comme les penseurs essentiels de la "mort de Dieu" et de la "naissance des hommes". Leur pensée permet de comprendre comment le XIXe siècle amorce la déconstruction du religieux et la construction d’un humanisme matérialiste.

    2. Ludwig Feuerbach : l’homme créateur de Dieu

    Onfray rappelle le rôle central de Feuerbach, souvent mal lu ou réduit à un simple précurseur de Marx. Son ouvrage majeur, L’essence du christianisme (1841), déconstruit le discours théologique en affirmant que :

    * Les hommes créent Dieu à leur image inversée.

    * La religion est une projection des désirs et limites humaines.

    * L'anthropologie est la clé pour comprendre la théologie : en étudiant l’homme, on comprend comment les dieux sont fabriqués.

    Feuerbach, initialement formé par l’hégélianisme, rompt avec Hegel pour adopter une position matérialiste, athée, et humaniste. Il dénonce la division entre âme et corps, et propose de réhabiliter l’homme réel, fini, sensible.

    3. La critique du dualisme chrétien

    Feuerbach rejette le dualisme corps/âme, essentiel au christianisme :

    * Le christianisme valorise l'âme éternelle, dénigrant le corps, siège de la matérialité.

    * Feuerbach défend une vision moniste : l’homme est un tout corporel et sensible.

    * Il propose une nouvelle morale : faire le bien pour l’amour de l’homme, sans Dieu ni transcendance.

    Il ouvre ainsi la voie à une pensée athée rigoureuse, qui s'oppose non seulement au christianisme, mais aussi à tout idéal transcendant.

    4. Charles Darwin : un homme parmi les animaux

    Darwin, avec L’origine des espèces (1859) et surtout La descendance de l’homme (1871), complète la déconstruction du religieux en montrant :

    * Il n’y a pas de différence de nature entre les hommes et les animaux, seulement une différence de degré.

    * Les hommes ne sont pas créés par Dieu, mais sont le fruit d’une évolution naturelle, sans dessein divin.

    * Le processus repose sur la sélection naturelle : les espèces les plus adaptées survivent.

    Darwin introduit ainsi une pensée immanente, où l’homme est pleinement inséré dans la nature, sans position privilégiée.

    5. L’éthique darwinienne : sympathie, amour et entraide

    Contrairement aux récupérations libérales (Herbert Spencer) qui voient dans Darwin une justification du "chacun pour soi", Darwin affirme :

    * L’homme est un animal social, doté d’instincts d’amour et de sympathie.

    * Le sens moral est inné et s’explique par les besoins de cohésion du groupe.

    * La morale est donc immanente, fondée sur l’utilité sociale, sans besoin d’un Dieu législateur.

    💡 Conclusion

    Feuerbach et Darwin incarnent une double révolution du XIXe siècle : la mort de Dieu et la naissance d’un homme post-chrétien, matérialiste, immanent et pleinement inséré dans la nature. Ils permettent de penser une morale sans transcendance, fondée sur l’amour, l’entraide et la solidarité. Ce tournant ouvre la voie aux radicalités existentielles qui marqueront la suite du siècle.

    📚 Philosophes et concepts mentionnés

    * Démocrite (env. 460-370 av. J.-C.) — Philosophe grec, père du matérialisme atomiste.

    * Épicure (341-270 av. J.-C.) — Philosophe grec, défenseur de l’ataraxie et de l’hédonisme.

    * Spinoza (1632-1677) — Philosophe rationaliste, penseur du panthéisme et du déterminisme.

    * Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831) — Philosophe allemand, théoricien de l’idéalisme absolu.

    * Ludwig Feuerbach (1804-1872) — Philosophe allemand, penseur matérialiste, auteur de L’essence du christianisme.

    * Max Stirner (1806-1856) — Philosophe individualiste allemand, auteur de L’unique et sa propriété.

    * Bruno Bauer (1809-1882) — Philosophe allemand, critique de la réalité historique de Jésus.

    * Charles Darwin (1809-1882) — Naturaliste britannique, auteur de L’origine des espèces et La descendance de l’homme, père de la théorie de l’évolution.

    * Karl Marx (1818-1883) — Philosophe allemand, théoricien du matérialisme historique.

    * Herbert Spencer (1820-1903) — Philosophe britannique, promoteur du darwinisme social.

    * Friedrich Nietzsche (1844-1900) — Philosophe allemand, célèbre pour l’annonce de la "mort de Dieu".

    * Sigmund Freud (1856-1939) — Neurologue autrichien, fondateur de la psychanalyse.

    Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie



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  • 1. Introduction

    Dans ce premier épisode de la saison 11, Michel Onfray ouvre une nouvelle série consacrée aux radicalités existentielles du XIXe siècle. Après avoir exploré l'année précédente l'eudémonisme social, il présente cette fois une lecture du siècle sous l'angle du "Siècle du Moi", où la priorité n’est plus donnée à la transformation de la société, mais à la construction de soi. Ce parcours mettra en avant des figures telles que Thoreau, Schopenhauer ou Stirner, qui posent les fondements d’un individualisme assumé et radical.

    2. Deux lignes de force philosophiques du XIXe siècle

    Onfray distingue deux approches majeures :

    * L’eudémonisme social : centré sur la transformation collective du monde (Bentham, Owen, Fourier, Bakounine), cherchant le bonheur à travers le progrès social, économique ou politique.

    * Les radicalités existentielles : centrées sur l’individu, son existence, son éthique personnelle. Cette approche privilégie le travail sur soi, la construction d’une belle individualité avant toute transformation sociale.

    3. L’individualisme : entre héritage philosophique et concepts nouveaux

    Le terme individualisme apparaît en 1825 et prend racine dans la philosophie antique, notamment chez les matérialistes comme Démocrite. Onfray insiste sur la distinction entre :

    * Individualisme : l’idée que l’individu est souverain, au cœur de toute philosophie, et qu’il ne doit être aliéné ni par le collectif, ni par l’État.

    * Égoïsme : souvent condamné moralement, perçu comme le repli sur soi sans souci des autres.

    * Égotisme : terme popularisé par Stendhal, lié à l’exploration consciente de soi, à travers l’écriture, le journal intime ou les mémoires.

    4. Le journal : un laboratoire philosophique

    Le XIXe siècle est aussi le siècle du journal intime comme espace d’élaboration philosophique. Onfray cite plusieurs penseurs ayant pratiqué ce genre :

    * Thoreau, Emerson, Kierkegaard, qui en ont fait un outil quotidien de réflexion.

    * Maine de Biran, Schopenhauer, Léopardi ou encore Châteaubriand et Tocqueville.

    Le journal devient ainsi un chantier pour la construction de soi, un lieu d’examen de conscience sans arrière-fond religieux.

    5. La figure du dandy : une esthétique de soi

    Onfray consacre une part importante à définir le dandisme, non comme simple affectation vestimentaire, mais comme une éthique existentielle. Inspiré par Baudelaire, il montre que le dandy s’inscrit dans une posture de résistance face aux valeurs bourgeoises du XIXe siècle (progrès, vitesse, argent, matérialisme, démocratie de masse). Le dandy privilégie la lenteur, le loisir, la distinction, et fait de sa vie une œuvre d’art.

    6. Opposition antique et moderne : éthique ou politique prioritaire

    Onfray établit un parallèle entre :

    * Socrate : priorité donnée à l’éthique individuelle, au "connais-toi toi-même".

    * Platon : priorité à la construction d’un ordre social juste et hiérarchisé.

    Cette tension traverse tout le XIXe siècle et structure l’opposition entre les penseurs collectivistes (comme Marx) et les partisans de la radicalité existentielle.

    💡 Conclusion

    Michel Onfray amorce ici un basculement du collectif vers l’individuel, en montrant que le XIXe siècle n’est pas seulement celui des grandes utopies sociales, mais aussi celui de l’affirmation du Moi. L’individu devient le centre des préoccupations philosophiques, à travers le journal, l’examen de conscience, le dandisme, ou encore les figures de Thoreau, Stirner ou Schopenhauer. Ce siècle ouvre la voie à une éthique du soi, où la vie peut être pensée comme une œuvre d’art, loin des injonctions sociales ou morales.

    📚 Philosophes et concepts mentionnés

    * Socrate (env. 470-399 av. J.-C.) — Philosophe grec, défenseur du "connais-toi toi-même".

    * Démocrite (env. 460-370 av. J.-C.) — Philosophe matérialiste grec, fondateur de l’atomisme.

    * Platon (env. 428-348 av. J.-C.) — Philosophe grec, auteur de La République, partisan d’une société hiérarchisée.

    * Marc Aurèle (121-180) — Empereur romain et philosophe stoïcien, auteur des Pensées pour moi-même.

    * Saint Augustin (354-430) — Philosophe chrétien, auteur des Confessions.

    * René Descartes (1596-1650) — Philosophe rationaliste français, auteur du Discours de la méthode.

    * Blaise Pascal (1623-1662) — Philosophe français, auteur des Pensées, critique du moi.

    * Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) — Philosophe des Lumières, auteur des Confessions.

    * Claude-Adrien Helvétius (1715-1771) — Philosophe matérialiste, théoricien du déterminisme social.

    * Jeremy Bentham (1748-1832) — Philosophe britannique, fondateur de l’utilitarisme.

    * Joseph de Maistre (1753-1821) — Philosophe contre-révolutionnaire, influence sur Baudelaire.

    * Robert Owen (1771-1858) — Réformateur social britannique, pionnier du socialisme réformiste.

    * Charles Fourier (1772-1837) — Philosophe français, théoricien du phalanstère.

    * Arthur Schopenhauer (1788-1860) — Philosophe allemand, penseur du pessimisme.

    * Max Stirner (1806-1856) — Philosophe allemand, auteur de L'Unique et sa propriété, radicalement individualiste.

    * John Stuart Mill (1806-1873) — Philosophe britannique, défenseur d’un libéralisme social.

    * Mikhaïl Bakounine (1814-1876) — Philosophe anarchiste russe, défenseur du socialisme libertaire.

    * Henry David Thoreau (1817-1862) — Philosophe et écrivain américain, auteur de Walden, chantre de l’individualisme et de la nature.

    * Charles Baudelaire (1821-1867) — Poète français, théoricien du dandysme.

    * Walter Benjamin (1892-1940) — Philosophe allemand, auteur de L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique.

    * Pierre Hadot (1922-2010) — Philosophe français, spécialiste de la philosophie antique comme mode de vie.

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  • 1. Introduction

    Dans cette conférence, Michel Onfray clôture le cycle consacré à la première partie du XIXe siècle en proposant une lecture des deux XIXe siècles. Il distingue deux temporalités philosophiques majeures : d’un côté, un siècle marqué par les utopies communautaires et les projets politiques visant à transformer la société ; de l’autre, une ère qui verra l’émergence de l’individualisme moderne. Ce bilan sert de transition vers la saison suivante, centrée sur les radicalités existentielles.

    2. Les dispositifs hédonistes : de l’Antiquité au XIXe siècle

    Onfray rappelle l’importance des dispositifs hédonistes dans l’histoire de la philosophie, lieux où s’incarnent des modes de vie philosophiques :

    * Le jardin d’Épicure.

    * Les béguinages du Moyen Âge.

    * Les salons libertins du XVIIIe siècle.

    * Les phalanstères fouriéristes, les communautés d’Owen, les cercles anarchistes.

    Ces dispositifs illustrent une philosophie qui vise à changer le monde pour atteindre le bonheur collectif.

    3. Le XIXe siècle de l’eudémonisme social

    Onfray décrit le XIXe siècle comme celui de l’démonisme social :

    * Les penseurs comme Godwin, Bentham, Stuart Mill, Owen, Fourier, Bakounine élaborent des projets pour améliorer les conditions sociales, économiques et politiques.

    * La Révolution française est vue comme une révolution libérale ayant profité aux propriétaires, et non aux classes populaires.

    * Le panoptique de Bentham devient une métaphore du contrôle social sous le libéralisme.

    4. Le Crystal Palace : métaphore de la transparence sociale

    Onfray s’attarde sur le Crystal Palace, symbole de la philosophie des Lumières :

    * Architecture transparente, abolissant la séparation entre intérieur et extérieur.

    * Métaphore d’une société de contrôle panoptique, où tout est visible et contrôlé.

    * Ce modèle sera récupéré par les nihilistes russes, les utopistes (Cabet, Tchernichewski) et critiqué par Dostoyevski, qui y voit la négation de l’homme libre.

    5. Les micro-communautés utopistes : succès et échecs

    Michel Onfray revient sur les expériences de communautés alternatives (Fourier, Owen, Cabet) :

    * Souvent vues comme des échecs, elles ont néanmoins produit des effets durables : coopératives, mutuelles, caisses de retraite, pédagogies alternatives.

    * Elles représentent une forme de micro-résistance, proposant des alternatives concrètes au capitalisme et à l’État autoritaire.

    6. Les acquis du socialisme réformiste

    Onfray dresse la liste des avancées issues de ces luttes et expérimentations :

    * Suffrage universel, réduction du temps de travail, éducation gratuite, santé publique, retraites.

    * Égalité homme-femme, suppression du travail des enfants, émancipation des colonies.

    * Ces acquis sont le fruit d’un combat mené par les socialistes, communistes, anarchistes et libéraux progressistes du XIXe siècle.

    💡 Conclusion

    Michel Onfray conclut en montrant que le XIXe siècle fut le siècle du démonisme social, où le bonheur collectif prévalait sur l’individuel, via des dispositifs communautaires. Il annonce qu'il consacrera la saison suivante à l’autre XIXe siècle : celui des radicalités existentielles, où l’on assiste à la naissance de l’individu moderne, tourné vers la construction de soi et la quête d’une vie philosophique en dehors des grands projets collectivistes.

    📚 Philosophes et concepts mentionnés

    * Diogène de Sinope (env. 412-323 av. J.-C.) — Philosophe cynique, défenseur d’une vie simple et libre.

    * Épicure (341-270 av. J.-C.) — Philosophe grec, fondateur du jardin épicurien, prônant un hédonisme réfléchi.

    * Pierre Gassendi (1592-1655) — Philosophe libertin, défenseur du matérialisme épicurien.

    * René Descartes (1596-1650) — Philosophe rationaliste, auteur du Discours de la méthode.

    * Claude-Adrien Helvétius (1715-1771) — Philosophe matérialiste et utilitariste.

    * Paul-Henri Thiry d’Holbach (1723-1789) — Philosophe matérialiste, auteur du Système de la nature.

    * Jeremy Bentham (1748-1832) — Philosophe britannique, fondateur de l’utilitarisme et du panoptique.

    * Robert Owen (1771-1858) — Réformateur social britannique, fondateur de communautés utopistes.

    * Charles Fourier (1772-1837) — Philosophe français, théoricien du phalanstère et du socialisme harmonieux.

    * Étienne Cabet (1788-1856) — Philosophe utopiste français, auteur du Voyage en Icarie.

    * Auguste Comte (1798-1857) — Philosophe positiviste, influençant les nihilistes russes.

    * Auguste Blanqui (1805-1881) — Socialiste révolutionnaire français, défenseur du suffrage universel.

    * John Stuart Mill (1806-1873) — Philosophe britannique, défenseur du socialisme réformiste.

    * Mikhaïl Bakounine (1814-1876) — Philosophe anarchiste russe, défenseur du socialisme libertaire.

    * Ivan Tourgueniev (1818-1883) — Écrivain russe, auteur de Pères et Fils, créateur du personnage Bazarov.

    * Fiodor Dostoïevski (1821-1881) — Écrivain russe, critique des utopies socialistes, auteur de Souvenirs du sous-sol.

    * Nicolas Tchernychevski (1828-1889) — Philosophe et écrivain russe, auteur de Que faire ?.

    * Louise Michel (1830-1905) — Militante anarchiste et communarde.

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  • 1. Introduction

    Dans cette conférence, Michel Onfray conclut son analyse de Michel Bakounine en le présentant comme l’incarnation d’un antimarxisme anarchiste. Opposé au socialisme autoritaire prôné par Marx, Bakounine défend un socialisme libertaire fondé sur l’autogestion, la suppression de l’État, la critique des hiérarchies et une confiance absolue dans la spontanéité du peuple.

    2. Anti-marxisme de gauche : l’anarchisme comme alternative

    Onfray montre qu’il est possible d’être anti-marxiste tout en étant de gauche, ce que Bakounine incarne pleinement. Il critique :

    * Le centralisme et l’autoritarisme du marxisme.

    * La dictature du prolétariat qui, selon lui, aboutit inévitablement à la création d’une nouvelle classe dominante.

    * L’idée marxiste d’avant-garde éclairée, qu’il oppose à une vision fédéraliste, horizontale et autogestionnaire.

    3. Deux visions opposées du socialisme

    Bakounine oppose deux formes de socialisme :

    * Le socialisme autoritaire d’État (Marx, Louis Blanc, Cabet), fondé sur l’organisation centralisée, la représentation, et le recours à l’État pour instaurer l’égalité.

    * Le socialisme libertaire positiviste (Bakounine, Proudhon), fondé sur la liberté individuelle, la destruction de l’État, la fédération des communes, et l’autogestion.

    4. Différences de tempérament : le dionysiaque contre l’apollinien

    Onfray insiste sur la divergence de tempérament entre Bakounine et Marx :

    * Marx : théoricien rigide, homme de cabinet, petit bourgeois allemand, préférant l’ordre, la planification, et les structures.

    * Bakounine : bohème révolutionnaire, révolté permanent, sanguin, empiriste, pragmatique, porté vers l’action directe et la spontanéité populaire.

    5. Critique de la dictature du prolétariat et du pouvoir

    Bakounine dénonce le concept même de dictature du prolétariat, soulignant qu’il conduira à la domination d’une minorité sur la majorité, et à l’émergence d’un nouvel État oppressif. Pour lui, le pouvoir corrompt absolument et doit être aboli sous toutes ses formes.

    6. Analyse des rapports de domination

    Bakounine développe une lecture des classes fondée non pas sur l’économie mais sur le rapport de pouvoir :

    * L’opposition est entre dominants et dominés, gouvernants et gouvernés, exploiteurs et exploités, quel que soit leur statut économique.

    * Il montre comment l’éducation, l’héritage, la religion et l’organisation sociale reproduisent ces rapports de domination.

    7. Une défense radicale du peuple

    Contrairement à Marx, qui méprise les paysans et le sous-prolétariat, Bakounine place sa confiance dans le peuple : les paysans, les chômeurs, les marginaux, les prisonniers. Il croit à la spontanéité révolutionnaire des masses, sans besoin d’organisation hiérarchique.

    8. Anticipation du totalitarisme et du fascisme

    Bakounine prédit qu’en maintenant l’État après la révolution, on ne fera que remplacer une oppression par une autre. Il anticipe les dérives totalitaires du XXe siècle et pressent que si la révolution échoue, l’alternative sera un État militaro-policier allié à l’Église pour préserver le capitalisme.

    9. Europe libertaire contre Europe libérale

    Bakounine défend l’idée d’une Europe fédérale libertaire, fondée sur des fédérations libres de communes et sans État central. Il propose une vision alternative à l’Europe libérale, toujours d’actualité.

    💡 Conclusion

    Michel Bakounine incarne une figure majeure du socialisme libertaire, opposée au centralisme marxiste. Sa critique radicale du pouvoir, sa défense de l’autogestion, du fédéralisme et de la spontanéité populaire, ainsi que son anticipation des dérives totalitaires, font de lui un penseur essentiel pour penser une alternative libertaire, égalitaire et réellement émancipatrice.

    📚 Philosophes et concepts mentionnés

    * Diogène (env. 412-323 av. J.-C.) — Philosophe cynique, figure de l’insoumission.

    * Étienne de La Boétie (1530-1563) — Philosophe français, auteur du Discours de la servitude volontaire.

    * Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) — Philosophe des Lumières, auteur du Contrat social.

    * Claude-Adrien Helvétius (1715-1771) — Philosophe matérialiste et sensualiste.

    * Charles Fourier (1772-1837) — Philosophe français, théoricien du phalanstère et du socialisme harmonieux.

    * Félicité de Lamennais (1782-1854) — Prêtre et philosophe chrétien socialiste.

    * Étienne Cabet (1788-1856) — Philosophe utopiste français, auteur du Voyage en Icarie.

    * Auguste Comte (1798-1857) — Philosophe positiviste, influençant Bakounine.

    * Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865) — Philosophe anarchiste français, critique de la propriété.

    * Louis Blanc (1811-1882) — Socialiste français, partisan d’un socialisme d’État.

    * Michel Bakounine (1814-1876) — Philosophe anarchiste russe, figure centrale du socialisme libertaire et anti-marxiste.

    * Karl Marx (1818-1883) — Philosophe allemand, théoricien du communisme autoritaire, opposé à Bakounine.

    * Pierre Kropotkine (1842-1921) — Philosophe anarchiste russe, continuateur du socialisme libertaire.

    Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie



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  • 1. Introduction

    Dans cet épisode, Michel Onfray approfondit la pensée de Michel Bakounine en s’arrêtant sur son éloge de Satan, symbole de rébellion et d’émancipation. Il montre comment Bakounine s’inscrit dans une tradition matérialiste, athée et libertaire, tout en développant une critique radicale des hiérarchies, du pouvoir, des religions et de l’État.

    2. Athéisme et matérialisme radical

    Bakounine reprend les thèses matérialistes héritées de Feuerbach et du XVIIIe siècle : Dieu n’est qu’une fiction créée par les hommes pour combler leur impuissance. Son athéisme n’est pas insultant ou blasphématoire comme chez Sade, mais découle d’une analyse rationnelle. Dieu représente l’oppression et la négation de la liberté humaine, d’où la nécessité de s’en débarrasser.

    3. Sensualisme et philosophie immanente

    Bakounine est un sensualiste, affirmant que seule la connaissance par les cinq sens est valable. Il rejette les idées platoniciennes d’un monde intelligible séparé. Sa philosophie est immanente, horizontale, sans transcendance : il refuse toute autorité venue d’en haut (État, Église, hiérarchie familiale).

    4. Socialisme libertaire et critique de l’État

    Bakounine défend un socialisme libertaire, fondé sur l’égalité, la justice sociale et la liberté, mais sans État. Il anticipe les dérives du socialisme autoritaire, incarné par Marx, qu’il accuse de reproduire les mécanismes de domination étatique. Bakounine privilégie les formes fédératives, mutualistes, contractuelles, construites à la base, par le peuple lui-même.

    5. Utilitarisme de gauche et conséquentialisme

    Michel Onfray insiste sur le fait que l’utilitarisme ne se limite pas au libéralisme. Bakounine développe un utilitarisme de gauche, où le bien est défini par les conséquences concrètes sur le bonheur collectif. Il adopte un conséquentialisme radical : la violence ou la révolution sont justifiées si elles permettent d'abolir l’exploitation et l’injustice.

    6. La figure de Satan : symbole de révolte

    Pour Bakounine, Satan incarne le premier révolté, l’ange déchu qui dit non à Dieu, à l’ordre établi et à la hiérarchie divine. Il devient le modèle du révolutionnaire, du porteur de lumière, du négateur des puissances aliénantes. Bakounine relie cette figure à l’idée que toute pensée libre, lucide et critique est nécessairement satanique, c’est-à-dire libératrice.

    7. Science et critique du scientisme

    Bakounine se méfie du scientisme, qui peut devenir un nouvel instrument d’oppression lorsqu’il renforce les hiérarchies. Il accepte la science quand elle contribue à la déconstruction des aliénations (Église, État, capitalisme), mais il privilégie le génie spontané du peuple et les micro-organisations sociales comme forces de transformation.

    💡 Conclusion

    Michel Bakounine incarne une pensée radicalement athée, matérialiste et libertaire, qui fait de la rébellion, de l'égalité et de l’autogestion les fondements de l’émancipation humaine. Son éloge de Satan symbolise la nécessité de dire non aux pouvoirs oppressifs, qu'ils soient religieux, politiques ou économiques. Sa critique du socialisme autoritaire et sa défense d’un socialisme libertaire, fédéraliste et anti-étatique en font une figure essentielle de la pensée anarchiste et révolutionnaire.

    📚 Philosophes et concepts mentionnés

    * Démocrite (env. 460-370 av. J.-C.) — Philosophe grec, fondateur du matérialisme atomiste.

    * Platon (env. 428-348 av. J.-C.) — Philosophe grec, théoricien du monde intelligible et des idées.

    * Épicure (341-270 av. J.-C.) — Philosophe grec, défenseur d’un hédonisme modéré.

    * Denis Diderot (1713-1784) — Philosophe matérialiste français, co-auteur de l’Encyclopédie.

    * Claude-Adrien Helvétius (1715-1771) — Philosophe matérialiste, théoricien de l’éducation.

    * Paul-Henri Thiry d’Holbach (1723-1789) — Philosophe matérialiste, auteur du Système de la nature.

    * Jeremy Bentham (1748-1832) — Philosophe britannique, père de l’utilitarisme libéral.

    * Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831) — Philosophe allemand, théoricien de la dialectique.

    * Ludwig Feuerbach (1804-1872) — Philosophe allemand, auteur de L'Essence du christianisme, critique des religions.

    * John Stuart Mill (1806-1873) — Philosophe britannique, défenseur du libéralisme humaniste et de l’utilitarisme qualitatif.

    * Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865) — Philosophe anarchiste français, auteur de Qu’est-ce que la propriété ?.

    * Michel Bakounine (1814-1876) — Philosophe anarchiste russe, figure majeure du socialisme libertaire et révolutionnaire.

    * Karl Marx (1818-1883) — Philosophe allemand, théoricien du communisme autoritaire, adversaire de Bakounine.

    * Pierre Kropotkine (1842-1921) — Philosophe anarchiste russe, théoricien de l’entraide.

    Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie



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  • 1. Introduction

    Dans cet épisode, Michel Onfray retrace la vie mouvementée de Michel Bakounine, figure centrale de l’anarchisme du XIXe siècle. Il met en lumière la trajectoire singulière de cet aristocrate russe devenu révolutionnaire professionnel, qui incarne un socialisme libertaire bohème, hédoniste et radical, en opposition au socialisme autoritaire incarné par Marx.

    2. Une jeunesse aristocratique et révoltée

    Né en 1814 dans une famille noble, Bakounine reçoit une éducation raffinée : polyglotte, violoniste, lecteur passionné. Mais il rejette très vite sa destinée militaire et aristocratique pour se tourner vers la philosophie, notamment l’idéalisme allemand. D’abord hégélien de droite, il adhère aux thèses de Hegel sur la coïncidence du réel et du rationnel, avant de basculer vers l’hégélianisme de gauche, plus athée, critique du christianisme et révolutionnaire.

    3. Rencontre avec les grands penseurs révolutionnaires

    Bakounine côtoie de nombreuses figures majeures du socialisme : Pierre-Joseph Proudhon, Karl Marx, Pierre Leroux, Victor Considérant, Étienne Cabet, Félicité de Lamennais, Michelet ou encore Louis Blanc. Sa pensée se forge dans ces cercles intellectuels, où il défend un socialisme libertaire, fédéraliste et anti-autoritaire, fondé sur la suppression de l’État.

    4. Un révolutionnaire professionnel, insaisissable et engagé

    Bakounine participe activement aux grandes insurrections européennes : Paris, Prague, Dresde, Lyon… Il est emprisonné, exilé en Sibérie, s’évade spectaculairement et poursuit son militantisme à travers l’Europe. Il mène une vie de bohème, sans attaches, vivant chez des amis, rejetant le travail salarié et subsistant grâce aux emprunts, dons et héritages espérés.

    5. Une philosophie hédoniste et libertaire

    Bakounine professe un hédonisme social : il dresse une échelle de plaisirs où figurent, par ordre :

    * Mourir en combattant pour la liberté.

    * L’amour et l’amitié.

    * Les sciences et les arts.

    * Les plaisirs sensuels (manger, boire, fumer, dormir).

    Il refuse les morales ascétiques, prône la jouissance de la vie, tout en restant fidèle à ses convictions révolutionnaires.

    6. Rupture avec Marx et destin du socialisme

    La rivalité avec Marx se cristallise lors des débats de la Première Internationale. Bakounine défend un socialisme libertaire, opposé au socialisme autoritaire de Marx, ce qui conduit à son éviction. Onfray souligne que cette opposition a scellé l’histoire du socialisme européen, orienté vers un modèle autoritaire, au détriment d’une voie libertaire incarnée par Bakounine.

    💡 Conclusion

    Michel Bakounine incarne une figure unique du XIXe siècle : aristocrate devenu révolutionnaire, philosophe libertaire, bohème hédoniste et militant infatigable. Sa critique radicale de l’État, du capitalisme, mais aussi des pouvoirs religieux et scientifiques, fait de lui un penseur toujours subversif. Sa vie entière, placée sous le signe de la liberté et du refus de toute autorité, propose une alternative libertaire au socialisme marxiste.

    📚 Philosophes et concepts mentionnés

    * Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) — Philosophe des Lumières, auteur du Contrat social.

    * Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831) — Philosophe allemand, père de la dialectique et de l’idéalisme.

    * Charles Fourier (1772-1837) — Philosophe français, théoricien du phalanstère et du socialisme harmonieux.

    * Félicité de Lamennais (1782-1854) — Prêtre et philosophe français, chrétien socialiste.

    * Étienne Cabet (1788-1856) — Philosophe utopiste français, auteur du Voyage en Icarie.

    * Pierre Leroux (1797-1871) — Philosophe français, inventeur du terme "socialisme".

    * Jules Michelet (1798-1874) — Historien français, auteur de L’Histoire de France.

    * Ludwig Feuerbach (1804-1872) — Philosophe allemand, auteur de L’Essence du christianisme, théoricien de l’athéisme humaniste.

    * David Friedrich Strauss (1808-1874) — Théologien allemand, auteur de La Vie de Jésus, critique de la divinité du Christ.

    * Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865) — Philosophe anarchiste français, théoricien du mutualisme.

    * Michel Bakounine (1814-1876) — Philosophe anarchiste russe, figure majeure du socialisme libertaire et révolutionnaire du XIXe siècle.

    * Karl Marx (1818-1883) — Philosophe allemand, théoricien du matérialisme historique et du communisme autoritaire.

    Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie



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  • 1. Introduction

    Dans cet épisode, Michel Onfray conclut son analyse de Charles Fourier en détaillant le concept de féérie sociétaire, un projet global qui vise à transformer la société en un espace harmonieux, joyeux, et sans répression des passions. Onfray montre comment Fourier entend réhabiliter toutes les passions humaines, refusant la morale ascétique dominante, pour construire une société où l’individu peut pleinement s’épanouir.

    2. Les passions : moteur de la société harmonieuse

    Fourier rompt radicalement avec la tradition philosophique occidentale qui diabolise les passions. Pour lui :

    * Toutes les passions sont bonnes par essence.

    * Le problème vient de leur mauvais usage en civilisation, qui génère frustration, sadisme, masochisme et névrose.

    * Il propose de les canaliser dans un cadre collectif joyeux et organisé : la féérie sociétaire.

    3. Féminisme avant l’heure : l’émancipation des femmes

    Fourier affirme que la manière dont une société traite les femmes révèle son niveau de civilisation. Il défend :

    * L’égalité totale entre hommes et femmes.

    * La libération des femmes du mariage, des maternités imposées et de la soumission domestique.

    * L’idée que l’émancipation de l’humanité passe par celle des femmes.

    4. Un utilitarisme hédoniste et conséquentialiste

    Influencé par Bentham, Fourier développe un utilitarisme singulier :

    * Une chose n’est bonne ou mauvaise qu’en fonction de ses conséquences concrètes sur le bonheur collectif.

    * Il propose d’intégrer toutes les passions (y compris sexuelles) dans la société, tant qu’elles augmentent le plaisir sans nuire à autrui.

    * Il refuse tout interdit moral rigide, au profit d’une morale du plaisir partagé.

    5. Le phalanstère : architecture de la féérie sociétaire

    Le phalanstère est l’espace où cette société idéale se réalise :

    * Communauté de 1800 personnes, organisée autour de séries d’activités multiples.

    * Architecture pensée pour satisfaire les passions : gastronomie, musique, amour, nature...

    * Chacun y cultive ses talents, variés, sans ennui ni division entre manuel et intellectuel.

    6. Réhabilitation du travail, des sens et des plaisirs

    Fourier défend :

    * Un travail ludique, varié, fondé sur la passion papillonnante.

    * L’éloge des cinq sens, y compris les plus méprisés (goût, toucher, olfaction).

    * La gastrosophie, qui unit plaisir culinaire, santé, culture et convivialité.

    7. Liberté sexuelle et pluralité des pratiques

    Fourier va très loin dans la défense de la liberté sexuelle :

    * Il légitime toutes les formes d’amour : fidélité, infidélité, polygamie, homosexualité, voyeurisme, fétichisme, etc.

    * Il propose des cérémonies amoureuses et festives, déculpabilisées, où chacun choisit librement ses partenaires.

    * La sexualité devient une passion positive, intégrée dans la société harmonieuse, loin des tabous et des névroses.

    💡 Conclusion

    Avec sa féérie sociétaire, Charles Fourier imagine une société où les passions humaines, loin d’être réprimées, deviennent la base d’une organisation joyeuse, égalitaire et épanouissante. En réhabilitant les plaisirs, les sens, les femmes, et les désirs multiples, il anticipe des thématiques aussi variées que l’écologie, le féminisme, l’éducation libertaire et la liberté sexuelle. Sa vision d’un bonheur collectif fondé sur l’émancipation des passions reste profondément subversive et moderne.

    📚 Philosophes et concepts mentionnés

    * Spinoza (1632-1677) — Philosophe rationaliste, défenseur du panthéisme et des passions joyeuses.

    * Diderot (1713-1784) — Philosophe des Lumières, critique du dualisme corps/esprit.

    * Jeremy Bentham (1748-1832) — Philosophe britannique, père de l’utilitarisme, influençant Fourier.

    * Charles Fourier (1772-1837) — Philosophe français, théoricien du phalanstère, du socialisme harmonieux, féministe et libertaire avant l’heure.

    * Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865) — Philosophe anarchiste français, contemporain de Fourier.

    * Karl Marx (1818-1883) — Philosophe allemand, théoricien du communisme, opposé à la voie réformiste de Fourier.

    * Sigmund Freud (1856-1939) — Psychanalyste autrichien, précurseur de l’analyse des pulsions, dont Fourier anticipe certains concepts.

    Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie



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  • 1. Introduction

    Dans cette conférence, Michel Onfray poursuit son étude approfondie de Charles Fourier, en insistant sur l’aspect métaphysique et cosmologique de sa pensée. Loin de se limiter à une doctrine économique ou sociale, Fourier développe une véritable gnose post-industrielle, où chaque élément du monde, des passions humaines aux planètes, obéit à des analogies et correspondances profondes. Onfray déchiffre cette pensée foisonnante et souvent jugée fantasque, révélant son lien avec le gnosticisme, le panthéisme et l'écologie avant l’heure.

    2. Un philosophe gothique : style et complexité de l'œuvre

    Fourier élabore son système dans un style baroque, marqué par :

    * Une abondance de néologismes (phalanstère, gastrosophie, papillonnante…).

    * Une prolifération de tableaux, schémas, chiffres et classifications détaillées.

    * L’usage de personnages conceptuels (comme Fakma dans son érotique). Onfray compare son œuvre aux châteaux de Louis II de Bavière : un monde exubérant, désordonné, où le lecteur doit décoder un langage propre.

    3. Gnosticisme et analogies : une cosmologie totalisante

    Fourier reprend certains éléments du gnosticisme ancien, tout en les réinterprétant :

    * Il postule une gnose, une connaissance cachée de l’univers, dont lui seul détient la clé.

    * Il élabore une théorie de l’analogie : tout dans le monde est lié, des comportements humains aux phénomènes cosmiques.

    * La copulation des planètes, l’importance des animaux (girafe, chardonneret), ou encore des végétaux, répondent à cette logique universelle.

    Son panthéisme repose sur l'idée que Dieu et le monde ne font qu’un, animés par une force unique : l’attraction passionnée.

    4. L’attraction passionnée : moteur divin et social

    Fourier conçoit l’attraction passionnée comme l’impulsion donnée par Dieu à l’univers :

    * Elle explique l’ordre du monde, depuis les passions humaines jusqu’à la mécanique céleste.

    * Elle légitime toutes les passions, aucune n’étant mauvaise en soi, seule leur civilisation (au sens négatif) les pervertit.

    * Elle annonce une société future, l’harmonie, où toutes les passions seront satisfaites librement.

    5. Une critique du capitalisme libéral et du productivisme

    Fourier dénonce le libéralisme économique, qu’il accuse de générer misère, aliénation et destruction. Selon lui :

    * Le commerce sans frein est immoral.

    * La pauvreté naît de l’abondance capitaliste.

    * La planète est menacée par l’industrialisme, bien avant les penseurs écologistes modernes.

    Il propose un modèle fondé sur les phalanges : des communautés autogérées, respectueuses des passions, des besoins réels et des ressources naturelles.

    6. Une pensée écologique avant l’heure

    Fourier anticipe des préoccupations écologistes majeures :

    * Déforestation, pollution, surconsommation des ressources.

    * Malbouffe et produits frelatés liés à la recherche du profit.

    * Déséquilibre des climats et dégradation de la planète.

    Il défend une société où l’économie respecte les cycles naturels et humains, critique les excès de productivité et prône une sobriété harmonieuse.

    💡 Conclusion

    Michel Onfray révèle en Fourier un penseur bien plus qu’excentrique : un visionnaire gnostique, critique du capitalisme, précurseur de l’écologie, défenseur d’une société libre fondée sur la satisfaction des passions. Sa théorie de l’analogie et de l’attraction passionnée dessine un monde où l’humain et le cosmos sont liés, appelant à dépasser le productivisme pour renouer avec un ordre naturel, sensuel et juste.

    📚 Philosophes et concepts mentionnés

    * Socrate (env. 470-399 av. J.-C.) — Philosophe grec, mentionné comme personnage conceptuel chez Platon.

    * Platon (env. 428-348 av. J.-C.) — Philosophe grec, référence indirecte via le platonisme des gnostiques.

    * Spinoza (1632-1677) — Philosophe rationaliste, défenseur d’un panthéisme proche de celui de Fourier.

    * Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) — Philosophe des Lumières, critique de la civilisation, influençant Fourier.

    * Claude-Adrien Helvétius (1715-1771) — Philosophe matérialiste, défenseur de l’éducation et du déterminisme social.

    * Jeremy Bentham (1748-1832) — Philosophe britannique, père de l’utilitarisme libéral critiqué par Fourier.

    * Charles Fourier (1772-1837) — Philosophe français, inventeur du phalanstère, théoricien de l’harmonie et précurseur de l’écologie.

    * Schelling (1775-1854) — Philosophe allemand, cité par Fourier pour son idée de liaison universelle.

    * Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865) — Philosophe anarchiste français, critique de la propriété privée.

    * Mikhaïl Bakounine (1814-1876) — Philosophe anarchiste russe, défenseur d’un socialisme anti-autoritaire.

    * Karl Marx (1818-1883) — Philosophe allemand, théoricien du communisme, opposé à Fourier sur le rôle de la révolution.

    Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie



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