Avsnitt

  • Le nom du docteur James Barry est inscrit dans l’histoire de la médecine britannique. Chirurgien militaire, pionnier de l’hygiène hospitalière, défenseur acharné des droits des patients et des plus démunis, Barry a marqué son époque par son talent et son audace. Mais ce n’est qu’après sa mort, en 1865, que son plus grand secret fut révélé : James Barry était en réalité une femme. Retour sur une vie hors normes, menée dans l’ombre des conventions.


    Une double vie savamment orchestrée

    James Barry naît vers 1789, en Irlande, sous le nom probablement de Margaret Bulkley. À cette époque, les femmes ne peuvent pas étudier la médecine, ni exercer dans l’armée. Margaret décide alors de se faire passer pour un homme, avec la complicité de quelques proches éclairés, dont l’oncle, le peintre James Barry, dont elle emprunte le nom.


    Grâce à une remarquable intelligence et une détermination hors du commun, elle entre à l'université d'Édimbourg en 1809, obtient son diplôme de médecine à seulement 22 ans, et s’engage dans l’armée britannique comme chirurgien. À partir de là, sa transformation en James Barry est complète — identité, posture, voix, vêtements — tout est calibré pour tromper la société rigide du XIXe siècle.


    Une carrière exceptionnelle

    Au cours d’une carrière militaire longue de plus de 40 ans, Barry gravit les échelons et devient Inspecteur général des hôpitaux de l’armée, un poste équivalent à celui de directeur général du service de santé. Il officie dans tout l’Empire britannique : Afrique du Sud, Inde, Caraïbes, Malte, où il introduit des réformes sanitaires révolutionnaires.


    Barry est notamment le premier médecin à pratiquer une césarienne réussie sur laquelle la mère et l’enfant ont survécu — un exploit pour l’époque. Il milite également pour une meilleure hygiène hospitalière, la distribution équitable des soins, et même la libération des esclaves malades des hôpitaux militaires.


    Une révélation posthume

    En 1865, James Barry meurt à Londres. Alors qu’une domestique prépare son corps pour l’enterrement, elle découvre que le docteur était biologiquement une femme. L’armée tente d’étouffer l’affaire, demande que l'on enterre Barry "sans autopsie", et refuse d’en discuter. Ce n’est que des années plus tard que des lettres et des témoignages viendront confirmer cette identité dissimulée avec brio.


    Une figure féministe avant l’heure

    Aujourd’hui, James Barry est devenu un symbole. Celui d’une femme qui a défié les normes de genre pour suivre sa vocation. Un pionnier de la médecine, mais aussi une figure inspirante du combat pour l’égalité. Son histoire, longtemps oubliée, résonne aujourd’hui comme une invitation à repenser ce que l’on croit immuable.


    Barry n’a pas seulement soigné des corps. Elle a guéri, sans le savoir, une partie de notre regard sur l’Histoire.

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  • Quand on imagine un Viking en plein combat, on pense immédiatement à une grande hache tranchante brandie avec rage. Et ce n’est pas un cliché : les Vikings utilisaient bel et bien majoritairement des haches au combat, bien plus que des épées. Mais pourquoi ce choix ? Était-ce une question de stratégie, de tradition… ou tout simplement de budget ? Plongeons dans les coulisses de l’armement viking.


    La hache : un outil devenu arme

    D’abord, la hache était un outil courant dans la vie quotidienne des Scandinaves. Qu’il s’agisse de couper du bois, de construire des bateaux ou d’abattre des arbres, chaque foyer possédait une ou plusieurs haches. Résultat : c’était une arme familière, robuste et polyvalente. En temps de guerre, il suffisait de renforcer le manche ou d’affûter la lame pour transformer cet objet domestique en arme redoutable.


    Les archéologues ont retrouvé de nombreuses haches de guerre spécifiques, notamment la célèbre "hache danoise", longue et à lame large, utilisée à deux mains. D’autres modèles étaient plus compacts, légers et rapides, parfaits pour les raids éclairs.


    L’épée : un luxe réservé à l’élite

    L’épée, elle, n’était pas à la portée de tous. Fabriquée en fer, souvent décorée, équilibrée et nécessitant un savoir-faire de forgeron très avancé, elle coûtait extrêmement cher. Pour un Viking ordinaire, l’épée représentait un symbole de richesse et de prestige.

    Certaines épées, comme les fameuses Ulfberht, étaient si bien conçues qu’on les considère comme les Rolls-Royce de l’époque. Elles étaient souvent transmises de génération en génération, accompagnées de rituels funéraires. Mais dans un combat de masse ou un raid, peu de guerriers en possédaient réellement.


    Efficacité et brutalité

    La hache n’avait pas seulement l’avantage du coût : elle était aussi terriblement efficace. Grâce à son poids décalé, elle permettait des frappes puissantes capables de briser des boucliers, d’éventrer des armures légères ou de désarmer un adversaire. Certaines étaient dotées de crochets, permettant d’agripper un bouclier ou de tirer un ennemi au sol.

    De plus, dans la tradition viking, le combat rapproché, brutal et direct était valorisé. La hache incarnait cette philosophie du guerrier sans fioritures, efficace et sans peur.


    Une arme identitaire

    Enfin, la hache était aussi un marqueur culturel. Elle symbolisait l’identité scandinave, à tel point qu’on la retrouve gravée sur des pierres runiques, des pendentifs, et même dans les mythes — le dieu Thor lui-même manie une arme lourde, le marteau Mjöllnir, qui partage une parenté symbolique avec la hache.

    En résumé, les Vikings se battaient avec des haches parce que c’était pratique, économique, redoutable… et profondément enraciné dans leur culture. Une arme à la fois populaire et mythique.

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  • Le 3 janvier 1521, le pape Léon X signe une bulle d’excommunication contre un moine allemand nommé Martin Luther. Ce geste n’est pas anodin : il marque la rupture officielle entre l’Église catholique romaine et celui qui va devenir le père fondateur du protestantisme. Mais qu’a donc fait Luther pour mériter une telle sanction ? Voici les faits, replacés dans leur contexte.


    Une Église en crise

    Au début du XVIe siècle, l’Église catholique est à son apogée… mais aussi minée par la corruption. De nombreux évêques cumulent des fonctions politiques, le népotisme règne à Rome, et le peuple chrétien assiste impuissant à la vente des indulgences – ces documents censés réduire le temps passé au purgatoire, moyennant finances. Pour certains religieux, ce commerce n’a rien d’évangélique : c’est une forme de simonie, la vente de biens spirituels.


    Les 95 thèses : le point de départ

    Le 31 octobre 1517, Martin Luther, moine augustin et professeur de théologie à Wittenberg, affiche sur la porte de l’église du château 95 thèses critiquant la pratique des indulgences et appelant à un retour aux fondements bibliques. Il ne cherche pas à créer un schisme, mais à réformer l’Église de l’intérieur.


    Ses idées rencontrent un immense écho dans toute l’Europe, notamment grâce à l’imprimerie. Luther affirme que le salut ne s’obtient pas par les œuvres ou les indulgences, mais uniquement par la foi et la grâce divine. Il remet aussi en cause l’autorité absolue du pape, ce qui, pour Rome, est intolérable.


    Une condamnation progressive

    En 1520, le pape Léon X publie une première bulle, Exsurge Domine, condamnant 41 propositions extraites des écrits de Luther. Il lui donne 60 jours pour se rétracter. La réponse de Luther est cinglante : il brûle publiquement la bulle pontificale devant les étudiants de Wittenberg.


    Le pape n’a alors plus d’autre choix : le 3 janvier 1521, il signe la bulle Decet Romanum Pontificem qui excommunie Martin Luther, le déclarant hérétique. Cette excommunication signifie son exclusion de l’Église et la perte de toute protection spirituelle.


    Une rupture irréversible

    Quelques mois plus tard, lors de la diète de Worms, Luther refuse encore de renier ses propos. Sa célèbre phrase – "Je ne puis faire autrement. Que Dieu me vienne en aide." – marque le début d’un nouveau chapitre dans l’histoire du christianisme : celui de la Réforme.


    En somme, Luther a été excommunié non pour une simple critique, mais pour avoir remis en cause le fondement même de l’autorité ecclésiale. Une décision qui, au lieu de l’éteindre, a fait de lui le catalyseur d’un bouleversement religieux et culturel majeur.

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  • Le procès des Templiers est l’un des épisodes les plus troublants et fascinants de l’histoire médiévale. Il mêle pouvoir royal, manipulation politique, torture inquisitoriale et chute spectaculaire d’un ordre puissant. Voici tout ce qu’il faut savoir sur ce procès hors normes, qui scella la fin tragique des célèbres moines-soldats.


    Les Templiers : richesse et puissance


    Fondé vers 1119, l’ordre du Temple avait pour mission initiale de protéger les pèlerins en Terre sainte. Rapidement, il devient un acteur militaire incontournable des croisades, mais aussi un acteur économique majeur. Grâce aux dons, à leurs privilèges fiscaux et à un réseau de commanderies dans toute l’Europe, les Templiers accumulent des richesses colossales, agissant même comme banquiers pour les rois et les papes.


    Mais après la chute de Saint-Jean-d’Acre en 1291, dernier bastion chrétien en Orient, leur raison d’être semble affaiblie. Et un homme en particulier voit d’un très mauvais œil leur pouvoir : le roi de France Philippe IV le Bel.


    Une manœuvre politique implacable


    Endetté auprès des Templiers, Philippe le Bel décide de frapper fort. Le 13 octobre 1307, il ordonne l’arrestation massive de tous les Templiers de France, y compris leur grand maître, Jacques de Molay. L’accusation est grave : hérésie, idolâtrie, pratiques obscènes lors des cérémonies d’initiation, voire sodomie et reniement du Christ.


    Ces accusations reposent essentiellement sur des aveux obtenus sous la torture, avec l’aide de l’Inquisition. Beaucoup de Templiers avouent tout… avant de se rétracter aussitôt après. Mais le mal est fait : la rumeur court, et l’image des Templiers s’effondre.


    Un procès sans justice


    Le pape Clément V, d’abord réticent, cède peu à peu à la pression du roi. Il ouvre un procès pontifical, mais les dés sont pipés. En 1312, sous la menace d’un schisme, Clément dissout l’ordre du Temple lors du concile de Vienne. Il ne le déclare pas coupable, mais supprime l’ordre par "pragmatisme".


    Le 18 mars 1314, après sept ans de captivité, Jacques de Molay est brûlé vif à Paris, sur l’île de la Cité, après avoir rétracté ses aveux en public. Il aurait lancé, selon la légende, une malédiction sur le roi et le pape, tous deux morts dans l’année suivante.


    Héritage et mythe

    Ce procès, orchestré plus par la volonté politique que par la foi, reste un symbole de l’instrumentalisation de la justice à des fins de pouvoir. Il a aussi alimenté un immense imaginaire autour des Templiers : trésors cachés, savoirs occultes, et sociétés secrètes. Mais derrière le mythe, il reste une vérité plus crue : celle d’un ordre sacrifié pour des raisons d’argent et de souveraineté.

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  • Pour écouter mon podcast Choses à Savoir Culture Générale:


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    Aujourd’hui, penchons-nous sur un élément architectural que l’on croise partout, notamment à Paris : le toit mansardé. Vous savez, ce toit à double pente, souvent en ardoise, qui donne aux bâtiments un air élégant tout en permettant l’aménagement des combles. Mais saviez-vous que ce type de toiture trouve son origine notamment dans une astuce fiscale!


    Le terme "mansarde" vient du nom de François Mansart, architecte du XVIIe siècle (1598–1666), considéré comme l’un des pionniers du style classique en France. Ce n’est cependant pas lui qui a inventé cette forme de toit, mais il l’a perfectionnée et popularisée au point qu’elle porte aujourd’hui son nom.


    Son idée géniale ? Utiliser l’inclinaison à deux niveaux d’un toit pour aménager les combles. La pente inférieure, très raide, permettait d’obtenir une hauteur sous plafond suffisante pour rendre les étages du dessus habitables, tandis que la pente supérieure, plus douce, terminait l’élévation du toit. Le tout offrait un gain de surface habitable considérable, sans dépasser la hauteur réglementaire d’un immeuble.


    Une astuce contre l’impôt sous Louis XIV

    Mais le véritable essor du toit mansardé vient d’une raison bien plus terre-à-terre : l’impôt foncier. Sous le règne de Louis XIV, les propriétaires de maisons en ville devaient payer un impôt proportionnel au nombre d’étages "visibles". Les combles aménagés sous le toit, eux, n’étaient pas comptabilisés comme étages. Résultat : en construisant un toit à la Mansart, on obtenait un ou deux niveaux supplémentaires sans payer plus de taxes !


    Cette astuce fiscale séduisit rapidement la bourgeoisie parisienne. Le style fut largement repris dans l’architecture haussmannienne au XIXe siècle, où l’on retrouve encore aujourd’hui des lignes de toits mansardés typiques des immeubles parisiens.


    Entre esthétique et pragmatisme

    Au-delà de son aspect fiscal, le toit mansardé avait aussi un intérêt esthétique. Il apportait une élégance à l’édifice, allégeant sa silhouette, tout en respectant les alignements urbains. Les fenêtres de toit, appelées aussi lucarnes, permettaient de faire entrer la lumière, rendant ces derniers étages bien plus agréables que de simples greniers.


    Aujourd’hui encore, la mansarde évoque à la fois l’élégance parisienne, les garçons de chambre logés sous les toits, et cette astuce géniale mêlant architecture et ruse fiscale. Une preuve que même un simple toit peut raconter une page entière de notre histoire.

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  • Bien que Napoléon Bonaparte et Joséphine de Beauharnais aient formé un couple emblématique, leur union n’a effectivement jamais donné lieu à une descendance commune. Et ce, malgré un amour passionné, parfois orageux, mais sincère.

    Pourtant, les deux époux étaient déjà parents :

    Joséphine, de son premier mariage avec Alexandre de Beauharnais, avait eu deux enfants, Eugène et Hortense.

    Napoléon, quant à lui, n’avait pas encore d’enfant reconnu au moment de leur mariage en 1796… mais en aurait plusieurs par la suite, y compris des enfants illégitimes.

    Alors pourquoi ce couple n’a-t-il pas eu d’enfant ensemble ? Voici les principales explications historiques :


    Une fausse couche, puis… rien

    Peu de temps après leur mariage, Joséphine aurait fait une fausse couche, ce qui est rapporté dans certaines correspondances de l’époque. Par la suite, elle ne tomba plus jamais enceinte, malgré les tentatives.

    Napoléon, très attaché à l’idée de dynastie, s’inquiéta rapidement de cette stérilité. Mais pendant un temps, il ne voulait pas en faire un obstacle à leur mariage, tant il semblait épris de sa femme.


    Stérilité : Joséphine, pas Napoléon

    Le problème venait très probablement de Joséphine. Elle avait plus de 30 ans lors de son mariage avec Napoléon, ce qui, à l’époque, était déjà considéré comme relativement tardif pour concevoir. De plus, certaines rumeurs évoquent qu’elle aurait contracté une infection utérine après sa première grossesse, ce qui aurait pu la rendre stérile.

    De son côté, Napoléon prouva ensuite sa fertilité : il eut plusieurs enfants illégitimes avec des maîtresses, et un fils légitime – Napoléon II, dit « l’Aiglon » – avec sa seconde épouse, Marie-Louise d’Autriche.


    La raison d’État

    Le manque d’héritier fut un véritable problème politique. En 1804, Napoléon devient empereur. Il veut fonder une dynastie, comme les Bourbons avant lui. Or, sans enfant légitime, la pérennité de son Empire est en danger.

    C’est cette contrainte dynastique qui le pousse, à contre-cœur, à divorcer de Joséphine en 1810, dans un climat de respect mutuel. Il écrit même : « J’ai mieux aimé renoncer à Joséphine qu’à un enfant. »


    En résumé

    Joséphine était probablement stérile, possiblement à cause d'une infection utérine.

    Napoléon, lui, était fertile.

    Leur séparation fut dictée par la raison d’État, non par un manque d’amour.

    Leur relation, même après le divorce, resta affectueuse et fidèle. Joséphine fut, jusqu’à sa mort, la femme qu’il aima le plus.

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  • Ils avançaient, torse nu, couverts de peaux de bêtes, les yeux injectés de sang.

    On les disait fous. Ou bénis des dieux.

    On les appelait… les Berserkers.


    Dans l’imaginaire viking, peu de figures sont aussi saisissantes.

    Ces guerriers redoutables, presque légendaires, combattaient comme possédés, emportés par une rage surnaturelle.

    Le mot "berserkr", en vieux norrois, peut se traduire par "celui qui porte une peau d’ours", ou "celui qui combat sans armure".

    Dans les deux cas, une chose est sûre : ces hommes ne ressemblaient à aucun autre.


    Sur le champ de bataille, ils étaient placés en première ligne.

    Ils hurlaient, frappaient, mordaient parfois même leurs adversaires.

    On disait qu’ils pouvaient briser un bouclier à mains nues, qu’ils ne ressentaient ni la douleur ni la peur.

    À ce moment-là, ce n’étaient plus des hommes… mais des bêtes déchaînées, incarnations vivantes de la rage d’Odin.


    Certains portaient des peaux d’ours, d’autres de loup.

    On les associait d’ailleurs à une autre caste tout aussi fascinante : les Ulfhednar, littéralement "ceux vêtus de peau de loup".

    Ils formaient ensemble une élite guerrière, aux frontières de la religion, du chamanisme et de la guerre.


    Mais cette fureur, d’où venait-elle ?

    Plusieurs hypothèses existent. Certains chercheurs avancent l’usage de champignons hallucinogènes, comme l’amanite tue-mouches.

    D’autres évoquent des rites de transe, des chants, des respirations extrêmes, capables d’induire une véritable possession psychologique.

    Certains parlent même de maladies neurologiques, comme l’épilepsie du lobe temporal.

    Mais peut-être était-ce tout simplement… une forme d’hypnose de guerre, destinée à abolir toute peur.

    Une manière de devenir une arme vivante.


    Si les sagas nordiques ont glorifié les Berserkers, le reste de la société viking… les craignait.

    Ils étaient admirés pour leur bravoure, mais redoutés pour leur violence incontrôlable.

    Certains, même après la bataille, ne redescendaient pas : ils frappaient leurs compagnons, tuaient sans conscience.

    Résultat ?

    Au XIe siècle, en Norvège, leur comportement fut déclaré illégal.

    Le roi les bannit. Parce qu’on ne pouvait pas laisser courir dans le pays des hommes qui oubliaient qu’ils étaient des hommes.


    Aujourd’hui, les Berserkers appartiennent à la légende.

    Mais ils nous rappellent quelque chose de profond, et peut-être d’inconfortable :

    Qu’au fond de chaque guerrier… sommeille parfois un fauve.

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  • La mort soudaine du pape Jean-Paul Ier, le 28 septembre 1978, seulement 33 jours après son élection, a nourri pendant des décennies une véritable avalanche de théories du complot. Mort naturelle ? Coup monté ? Assassinat maquillé ? Voici ce que l’on sait aujourd’hui, entre faits établis et zones d’ombre.


    Qui était Jean-Paul Ier ?

    Jean-Paul Ier, né Albino Luciani, est élu pape le 26 août 1978. Surnommé le « pape au sourire », il séduit rapidement par sa modestie, sa simplicité, son refus des fastes et sa volonté de réformer l’Église. Il annonce vouloir remettre de l’ordre dans les finances du Vatican, promouvoir la collégialité dans la gouvernance, et amorcer un net virage social.

    Mais à peine un mois plus tard, il est retrouvé mort dans son lit, à 65 ans.


    Une mort qui soulève des questions

    Officiellement, Jean-Paul Ier est mort d’un infarctus du myocarde pendant la nuit, sans avoir appelé à l’aide. Mais plusieurs éléments ont semé le doute :

    Aucune autopsie n’a été pratiquée, à la demande du Vatican.

    Le premier communiqué parle d’une découverte du corps par un prêtre, avant que le Vatican ne corrige pour dire que c’était une religieuse.

    Des documents ou projets de réforme auraient été retrouvés sur son bureau, selon certains témoignages.

    Ces imprécisions ont suffi à attiser les soupçons.


    Les principales théories du complot

    Parmi les hypothèses les plus connues, on retrouve celle d’un assassinat commandité par :

    1. Des membres de la Curie opposés à ses réformes.

    2. Le Vatican Bank (IOR), dont Jean-Paul Ier voulait auditer les finances.

    3. Le réseau maçonnique clandestin P2, soupçonné d’avoir infiltré le Vatican.

    4. Des liens indirects avec la mafia italienne, inquiète de perdre son influence sur les circuits financiers du Saint-Siège.

    Ces théories ont été popularisées par des livres comme In God's Name (1984) de David Yallop, ou plus récemment, dans certaines œuvres de fiction. Mais elles n’ont jamais été confirmées par une enquête officielle.


    Que disent les sources les plus fiables ?

    En 2017, le Vatican a publié un ouvrage fondé sur les archives médicales et les témoignages de l’époque (Pape Luciani – La Chronique d’une mort). Il y est affirmé que Jean-Paul Ier souffrait de problèmes de santé chroniques, notamment d’hypertension. Plusieurs témoins, dont son médecin personnel, avaient noté sa fatigue extrême.

    Les historiens les plus sérieux penchent donc pour une mort naturelle, aggravée par la pression du pontificat et un état de santé fragile.


    En résumé

    Aucune preuve sérieuse ne vient étayer l’idée d’un assassinat.

    Sa mort a été entourée d’un manque de transparence, mais pas nécessairement de conspiration.

    Le mystère demeure… mais l’hypothèse de la crise cardiaque reste la plus plausible.

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  • Londres, 1954. En pleine Guerre froide, la paranoïa s’infiltre jusque dans les salles stratégiques du ministère britannique de la Défense. Le monde est divisé entre l’Est et l’Ouest, entre l’OTAN et l’Union soviétique. Et dans les esprits occidentaux, une idée hante toutes les réflexions militaires : et si l’Armée rouge déferlait à travers l’Allemagne de l’Ouest ?


    Pour l’empêcher d’avancer, les Britanniques conçoivent un projet aussi secret qu’invraisemblable : le projet Blue Peacock.

    Le principe est simple… du moins sur le papier. Il s’agit d’enterrer des bombes nucléaires dans des zones stratégiques de l’Allemagne de l’Ouest – en Rhénanie notamment – pour que, en cas d’invasion soviétique, elles puissent être détonées à distance. L’objectif ? Créer une zone contaminée et dévastée, empêchant toute progression ennemie. Une sorte de barrage radioactif, aussi dissuasif que destructeur.


    Chaque bombe – ou plutôt chaque mine nucléaire tactique, comme on les appelait – devait être capable de produire une explosion d’environ 10 kilotonnes, soit environ les deux tiers de la puissance d’Hiroshima. Un impact suffisant pour anéantir des infrastructures, contaminer le sol pendant des années… et envoyer un message clair au Kremlin.

    Mais enterrer une arme nucléaire, ce n’est pas si simple. Les ingénieurs britanniques font vite face à un problème inattendu mais crucial : la température. L’hiver en Allemagne est rude, et une bombe enterrée dans le sol risque de geler. Or, le froid extrême pourrait endommager l’électronique interne de la bombe, la rendant inutilisable.


    Et c’est là qu’intervient l’un des détails les plus surréalistes de l’histoire militaire moderne.


    La solution envisagée… consiste à placer des poulets vivants à l’intérieur de l’enveloppe de la bombe. L’idée ? Leur chaleur corporelle – environ 40°C – suffirait à maintenir les composants à bonne température pendant environ une semaine. Ils seraient installés dans un compartiment séparé, avec de l’eau et des graines. Au bout de quelques jours, ils mourraient… mais la bombe, elle, serait toujours opérationnelle.


    Oui, vous avez bien entendu. Des poulets chauffants, pour préserver l'efficacité d’une bombe nucléaire. Une idée aussi britannique que baroque, entre logique implacable… et délire bureaucratique.


    Trois bombes ont effectivement été construites. Mais heureusement, le projet Blue Peacock n’a jamais été mis en œuvre. Pourquoi ? Pour des raisons évidentes : les conséquences humanitaires et politiques d’un tel usage de l’arme nucléaire sur le sol européen auraient été catastrophiques. Et surtout, comment expliquer aux alliés… qu’on était prêt à irradier une région amie pour "gagner du temps" face à l’ennemi ?


    Face aux protestations internes, le projet est finalement abandonné en 1957. Il reste classé secret-défense jusqu’à sa déclassification en 2004 par les Archives nationales britanniques. Ce jour-là, beaucoup ont cru à une blague. Et pourtant, tout était vrai.


    Aujourd’hui, Blue Peacock est souvent cité comme l’un des projets les plus absurdes de la Guerre froide. Mais il illustre surtout jusqu’où la peur de l’ennemi, le besoin de contrôle et la logique militaire peuvent pousser l’ingéniosité humaine… même au bord de l’absurde.


    Car oui, parfois, on se prépare à faire sauter la planète… avec un poulailler dans la bombe.

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  • C’est une image bien ancrée dans l’imaginaire collectif : celle du Romain repu, se faisant vomir entre deux plats gargantuesques pour continuer à festoyer. Mais est-ce vraiment historique… ou juste un mythe bien digéré ?


    Le cliché du "vomitorium"

    L’une des principales sources de confusion vient du mot "vomitorium", souvent interprété à tort comme une pièce où l’on allait vomir pendant les banquets. En réalité, un vomitorium est un couloir d’accès dans les amphithéâtres romains, permettant aux spectateurs d’entrer ou de sortir rapidement, comme "vomis" par la foule.

    Donc non, les vomitoriums n’étaient pas des salles dédiées aux excès gastronomiques !


    Et alors, vomissaient-ils vraiment ?

    La vérité est plus nuancée. Certains Romains pratiquaient bien le vomissement volontaire, mais ce n’était pas une norme culturelle générale, ni une partie ordinaire du rituel du repas. Cette pratique extrême était très marginale et associée à des comportements de luxe décadent, souvent critiqués par les moralistes et les auteurs de l’époque.

    Par exemple, l’historien Suétone, dans sa Vie de César, rapporte que l’empereur Claude mangeait et buvait jusqu’à se faire vomir — mais pour pouvoir continuer à boire encore. Ce type de comportement était considéré comme scandaleux, même par les standards de Rome.


    Une culture de l’excès… mais pas systématique

    Il est vrai que les banquets romains, surtout chez les élites, étaient souvent extravagants. Lors des convivia (repas aristocratiques), on pouvait servir des dizaines de plats, des mets rares comme des langues de flamant rose ou des loirs farcis. Le but ? Montrer sa richesse, son raffinement… et parfois, son absence totale de modération.

    Mais pour autant, la majorité des Romains ne se livraient pas à de tels excès. La plupart avaient une alimentation simple, à base de pain, légumes, légumineuses et un peu de viande ou de poisson selon les moyens.


    Le vomi comme symbole moral

    Les auteurs comme Sénèque, Pline l’Ancien ou Juvénal utilisaient la figure du vomissement comme critique morale : symbole d’une société décadente, d’un Empire qui perdait ses repères. Ce n’était pas tant un fait courant qu’une image exagérée, une caricature dénonçant la dérive de l’élite.


    En résumé

    Non, les Romains ne vomissaient pas systématiquement entre les plats.

    Oui, quelques-uns s’y livraient, mais c’était rare, marginal et mal vu.

    Le vomitorium n’avait rien à voir avec le vomissement.

    Cette idée vient surtout de caricatures morales antiques et d’un malentendu linguistique.

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  • L’impôt sur le revenu, aujourd’hui perçu comme une composante incontournable des finances publiques, n’a pourtant pas toujours existé. Il a été créé pour répondre à des besoins précis de l’État à un moment charnière de son histoire, notamment en France, mais aussi dans d’autres pays européens. Son instauration repose sur des enjeux budgétaires, sociaux et militaires, et marque un tournant dans la manière dont l’État perçoit ses citoyens et leur contribution collective.


    Un besoin urgent de financement de l’État

    En France, l’impôt sur le revenu a été institué en 1914, sous le gouvernement de Raymond Poincaré, alors président de la République, et avec l’appui du ministre des Finances Joseph Caillaux. La raison principale ? Le besoin croissant de financer les dépenses militaires face à une Europe en tension à la veille de la Première Guerre mondiale.

    Jusque-là, le système fiscal français reposait majoritairement sur des impôts indirects (sur la consommation, comme les droits sur le sel ou l’alcool), et des contributions foncières. Or, ces impôts étaient souvent injustes, car ils ne prenaient pas en compte les véritables revenus des citoyens, et pesaient proportionnellement plus sur les plus modestes.


    Une mesure de justice sociale

    L’idée d’un impôt progressif sur le revenu — c’est-à-dire un impôt dont le taux augmente avec le revenu — s’inscrit également dans un souci de justice fiscale. Elle visait à faire contribuer les plus riches à hauteur de leurs capacités réelles, dans un contexte d’inégalités économiques croissantes.

    Déjà appliqué au Royaume-Uni depuis 1842 (réinstauré après une première tentative au XVIIIe siècle), l’impôt sur le revenu était vu comme un levier moderne et équitable, permettant de financer l’État sans pénaliser excessivement les classes populaires.


    Des résistances et un tournant historique

    L’instauration de l’impôt sur le revenu fut cependant très contestée en France. Les classes aisées s’y opposèrent farouchement, craignant une atteinte à leur vie privée (car il nécessitait de déclarer ses revenus) et une remise en question de leur pouvoir économique.

    Il fallut plusieurs années de débats, et même l’urgence de la guerre, pour que la loi soit définitivement votée en juillet 1914. Elle entra pleinement en application après la guerre, en 1917, avec un barème progressif et des seuils d’imposition selon les revenus.


    Un impôt devenu pilier de l’État moderne

    Aujourd’hui, l’impôt sur le revenu est un outil central de redistribution et de financement des politiques publiques. Sa création symbolise l’entrée dans une fiscalité moderne, plus transparente, et adaptée à la complexité des économies contemporaines.

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  • Le marathon des Jeux olympiques de Saint-Louis en 1904 est sans doute l’un des événements les plus désastreux et rocambolesques de toute l’histoire olympique. Prévu comme un moment de gloire sportive, il tourna en une épreuve d’endurance surréaliste, marquée par des conditions extrêmes, des choix logistiques absurdes et des comportements pour le moins... inattendus.


    Une organisation calamiteuse

    Les Jeux de 1904, organisés aux États-Unis dans le cadre de l’Exposition universelle, furent déjà critiqués pour leur manque de cohérence et leur durée interminable (plusieurs mois). Le marathon, quant à lui, fut programmé en pleine après-midi, sous une chaleur écrasante de plus de 32 °C, sur un parcours poussiéreux, non asphalté, long de 40 km à travers les collines du Missouri.


    Pire encore : un seul point d’eau était prévu, à mi-parcours, et les organisateurs pensaient même que la privation d’eau permettrait d’étudier les effets de la déshydratation sur le corps humain. Résultat : les athlètes furent frappés de crampes, vomissements, hallucinations, et beaucoup durent abandonner.


    Des concurrents… inattendus

    Les participants eux-mêmes formaient un tableau déroutant. Sur les 32 coureurs engagés, plusieurs n’étaient ni professionnels ni préparés. L’un des favoris, Fred Lorz, abandonna après 14 km… avant de reprendre la course en voiture. Tombé en panne à 8 km de l’arrivée, il repartit à pied et franchit la ligne d’arrivée sous les acclamations. Il fut brièvement félicité par la fille du président Roosevelt, avant d’être démasqué et disqualifié.


    Un autre coureur, Thomas Hicks, fut déclaré vainqueur après avoir été littéralement dopé par son équipe : on lui administra plusieurs doses de strychnine, un stimulant utilisé à l’époque, mélangé à du brandy. Il termina la course en titubant, semi-inconscient, porté par ses entraîneurs.


    Quant à Andarín Carvajal, un facteur cubain, il courut en chaussures de ville et en pantalon coupé au couteau. Après s’être arrêté pour manger des pommes fermentées dans un verger, il souffrit de crampes violentes, fit une sieste… mais termina quand même quatrième.


    Une épreuve absurde devenue légendaire

    Le marathon de Saint-Louis est aujourd’hui considéré comme un symbole du chaos olympique des débuts. Aucun autre marathon n’a connu un tel mélange de tricheries, d’expérimentations douteuses, de malchance et d’improvisation totale.


    Mais derrière l’absurde, il révèle aussi les débuts tâtonnants du sport moderne, avant l’ère des règles strictes, du professionnalisme et des normes sanitaires. En 1904, courir un marathon n’était pas encore une science… c’était une aventure hasardeuse à la limite de la comédie.

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  • Durant la Seconde Guerre mondiale, plusieurs milliers de Français firent le choix de s’engager non pas dans la Résistance… mais dans les rangs de l’armée allemande. Parmi eux, environ 2 500 furent enrôlés dans la division Charlemagne, une unité de la Waffen-SS, l’aile militaire du parti nazi. Une décision choquante pour la mémoire collective, mais qui répond à des logiques idéologiques, politiques et personnelles complexes.


    Le contexte du recrutement

    Dès 1941, après l’invasion de l’URSS par l’Allemagne nazie, le régime de Vichy et les collaborateurs parisiens intensifient leur propagande contre le "bolchevisme", présenté comme l’ennemi absolu. Dans ce climat, de nombreux Français issus de l’extrême droite, des milieux fascistes ou ultra-catholiques voient dans l’Armée allemande un rempart contre le communisme.


    C’est dans ce cadre que naît d’abord la Légion des Volontaires Français contre le Bolchevisme (LVF), en 1941, qui combat sous l’uniforme allemand sur le front de l’Est. Mais en 1943, la SS décide de créer une unité spécifique pour les volontaires étrangers : la division SS Charlemagne, formée en 1944 à partir des survivants de la LVF, de la Milice, et d’anciens membres de la Gestapo française.


    Pourquoi s’engager dans la Waffen-SS ?

    Les motivations sont multiples :

    Idéologiques : Certains étaient sincèrement acquis à l’idéologie nazie, admirateurs d’Hitler, antisémites convaincus ou anticommunistes radicaux.

    Politiques : D’autres voyaient l’adhésion à la Waffen-SS comme un moyen d’accélérer la collaboration entre la France et l’Allemagne, rêvant d’une Europe nouvelle, dirigée par l’Allemagne nazie.

    Opportunistes : Pour certains jeunes en rupture, engagés tardivement, c’était une voie pour échapper à la misère, à des poursuites judiciaires ou au Service du Travail Obligatoire (STO).

    Par fanatisme ou fatalisme : Surtout après la Libération, certains collaborateurs français rejoignent la Charlemagne comme dernier refuge, préférant fuir vers l’Est plutôt que de tomber aux mains des Alliés.


    La division Charlemagne sur le front

    La division est engagée en Poméranie début 1945, où elle subit des pertes terribles face à l’Armée rouge. Une centaine de survivants participe ensuite à la défense de Berlin en avril 1945, dans les tout derniers jours du régime nazi. Ces SS français figurent parmi les derniers défenseurs du bunker d’Hitler. Certains, comme Henri Joseph Fenet, se distinguent par leur fanatisme, recevant même des décorations nazies.


    Une mémoire taboue

    Après la guerre, les survivants furent jugés pour trahison, certains exécutés, d’autres emprisonnés. Le sujet resta longtemps tabou en France, tant il heurtait l’image d’un pays tout entier résistant. Pourtant, l’histoire de la division Charlemagne rappelle que la collaboration militaire avec le nazisme a aussi été une réalité française — marginale, mais bien réelle.

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  • Entre 1914 et 1918, des millions de soldats se sont retrouvés plongés dans l’enfer des tranchées, où la boue, le froid, les bombardements et la faim faisaient partie du quotidien. Si l’on pense souvent aux combats, on oublie que l’un des défis majeurs de la guerre fut logistique : comment nourrir quotidiennement des armées entières, réparties sur des centaines de kilomètres de front ? La réponse n’est pas simple… car les repas des poilus étaient souvent irréguliers, monotones, voire misérables.


    Des repas très variables selon les circonstances

    Le ravitaillement dépendait largement de la situation tactique. En première ligne, sous le feu ennemi, les soldats avaient souvent peu à manger. Les rations devaient être transportées à pied ou en charrette, parfois en pleine nuit, sur des chemins boueux ou détruits. Il arrivait donc que les poilus ne reçoivent rien pendant plusieurs jours, ou seulement des denrées froides et peu appétissantes.


    À l’arrière ou dans les cantonnements plus sûrs, la situation s’améliorait un peu. Les soldats pouvaient bénéficier de repas chauds préparés par la “popote”, la cuisine roulante de l’armée.


    Un menu répétitif et peu équilibré

    L’alimentation se composait essentiellement de pain, de légumes secs (lentilles, pois cassés), de riz, de pommes de terre et de viande en conserve, souvent du “singe”, surnom donné au bœuf en boîte, souvent dur et peu savoureux.


    La ration quotidienne réglementaire pouvait comprendre::

    750 grammes de pain ou de biscuit de guerre (dur et sec)

    100 grammes de viande (souvent en conserve)

    Un peu de vin ou d’eau-de-vie

    Du café ou de la chicorée

    Du sucre et parfois un peu de confiture ou de chocolat

    Les fruits et les légumes frais étaient quasiment absents, ce qui favorisait des carences (notamment en vitamine C) et des maladies comme le scorbut, bien que rares.


    Le troc, la débrouille… et les colis

    Les soldats compensaient souvent la pauvreté de leurs repas par le système D. Ils troquaient entre eux, récupéraient des aliments chez les civils ou comptaient sur les colis envoyés par les familles : saucisson, fromage, confiture, tabac ou alcool, autant de trésors venus du pays.


    Ces colis avaient aussi une forte valeur morale, rappelant au soldat qu’il n’était pas seul dans sa tranchée. Manger devenait alors un moment de réconfort, de partage, parfois le seul plaisir au cœur de l’horreur.


    Conclusion

    L’alimentation dans les tranchées, souvent pénible et insuffisante, était un combat quotidien. Entre ration militaire, débrouille et colis familiaux, les poilus survivaient avec ce qu’ils avaient, entre camaraderie, privation et espoir de lendemains meilleurs.

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  • Dans l’imaginaire contemporain, les statues de l’Antiquité sont souvent perçues comme de froids blocs de marbre immaculé, exposés dans des musées silencieux. Mais la recherche pionnière de l’archéologue danoise Cecilie Brøns révèle une réalité bien différente : dans l’Antiquité, les statues étaient colorées, habillées, ornées de bijoux… et parfumées. Cette découverte, publiée en 2025, réinscrit l’art antique dans une expérience sensorielle globale, où l’odorat tenait un rôle central.


    Le parfum comme offrande divine

    L’usage du parfum dans l’Antiquité ne se limitait pas à la toilette personnelle ou à la séduction. Il s’agissait aussi d’un acte religieux, un moyen de rendre hommage aux dieux. Dans les sanctuaires, les prêtres et prêtresses oignaient les statues sacrées avec des huiles aromatiques coûteuses : essence de rose, de myrrhe, de nard ou de cannelle, souvent mélangées à de l’huile d’olive ou à de la cire d’abeille. À Délos, des documents comptables mentionnent les sommes importantes dépensées pour parfumer les effigies d’Artémis ou d’Apollon, preuve de l’importance de cette pratique.


    Ces rituels n’étaient pas uniquement symboliques. Dans les croyances antiques, les dieux vivaient dans leurs statues. Les soigner, les habiller, les parfumer revenait donc à honorer leur présence réelle. Le parfum, volatil et invisible, servait de pont entre le monde humain et le monde divin.


    Une esthétique du vivant

    Au-delà du rituel, parfumer les statues contribuait à leur donner une présence vivante. Comme le rappelle Cecilie Brøns, ces effigies n’étaient pas conçues pour être contemplées dans un silence muséal : elles étaient exposées dans des temples animés, au milieu des chants, des prières, des fumées d’encens et… des odeurs.

    Certaines statues étaient même mobiles : montées sur des chars ou portées en procession, elles étaient lavées, habillées, décorées de guirlandes florales et abondamment parfumées lors des grandes fêtes religieuses. On retrouve cette pratique lors des Floralia romaines ou des Panathénées à Athènes, où les effigies de divinités participaient activement à la vie collective.


    Un art multisensoriel à redécouvrir

    En restituant l’usage des parfums, la recherche de Cecilie Brøns invite à repenser radicalement notre rapport à l’art antique. Ces œuvres n’étaient pas seulement visuelles : elles engageaient tous les sens, dans une esthétique du sacré incarné. Le marbre n’était pas froid, il était chaud de vie. Et le dieu, loin d’être figé, respirait à travers l’odeur de ses offrandes.

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  • Pendant des siècles, l’image que l’on s’est faite du copiste médiéval est celle d’un moine penché sur son pupitre, dans la pénombre d’un scriptorium monastique. Mais cette vision masculine et cloîtrée est aujourd’hui sérieusement remise en question par des chercheurs norvégiens. Grâce à une analyse minutieuse de près de 24 000 colophons, ces notes personnelles glissées à la fin des manuscrits, des chercheurs norvégiens révèlent une vérité restée dans l’ombre : les femmes ont joué un rôle bien plus important dans la production de manuscrits médiévaux qu’on ne le pensait.


    Les colophons, archives intimes des copistes

    Le colophon, souvent relégué à la dernière page d’un manuscrit, est bien plus qu’une simple formule de clôture. Il s’agit parfois d’un véritable instantané de vie, où le copiste note la date de fin de copie, ses conditions de travail, ses sentiments… et parfois, son nom. C’est en épluchant ces milliers de colophons, issus de manuscrits dispersés dans les bibliothèques européennes, que les chercheurs ont commencé à identifier des signatures féminines, souvent discrètes mais indéniables.

    Parmi elles, des nonnes copistes, travaillant dans des couvents où la culture du livre tenait une place centrale, mais aussi des femmes laïques, parfois membres de confréries lettrées ou même artisanes indépendantes. Leurs œuvres couvrent une grande variété de textes : traités religieux, livres de prières, romans, ouvrages scientifiques, manuels médicaux…


    Une production massive et longtemps ignorée

    Selon l’estimation des chercheurs, plus de 110 000 manuscrits du Moyen Âge pourraient avoir été copiés par des femmes, un chiffre impressionnant qui vient ébranler l’idée d’un monopole masculin sur le savoir médiéval.


    Comment expliquer alors ce long silence autour de ces scribes ? D’abord, beaucoup de femmes signaient peu ou pas leurs travaux, par humilité religieuse ou parce que leur signature n’était pas jugée digne d’intérêt. Ensuite, les historiens eux-mêmes ont longtemps négligé les sources qui permettaient d’identifier ces actrices de l’ombre.

    Enfin, les colophons féminins, quand ils existent, sont parfois cryptiques : prénoms tronqués, formulations effacées, ou usages de noms religieux flous. Il faut donc une enquête philologique et historique minutieuse pour leur redonner une voix.


    Un nouvel éclairage sur le Moyen Âge

    Ces découvertes obligent à repenser le rôle des femmes dans la transmission du savoir et la culture de l’écrit. Elles montrent que, loin d’être passives, de nombreuses femmes ont été des actrices discrètes mais fondamentales de la vie intellectuelle médiévale.

    Grâce aux colophons, ces "mains silencieuses" reprennent enfin la parole.

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  • Le plan Morgenthau est une proposition élaborée en 1944, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, qui visait à affaiblir durablement l’Allemagne pour l’empêcher de redevenir une menace militaire. Son nom vient de Henry Morgenthau Jr., secrétaire au Trésor des États-Unis sous le président Franklin D. Roosevelt.

    Un projet radical de désindustrialisation


    Ce plan avait un objectif clair : transformer l’Allemagne en un pays essentiellement agricole, en détruisant son potentiel industriel. L’idée était de neutraliser à jamais sa capacité à faire la guerre, en supprimant ses usines, en fermant ses mines, et en démantelant son armement. Morgenthau, profondément marqué par les ravages de deux guerres mondiales, pensait qu’il fallait frapper fort pour éviter une troisième.


    Le plan prévoyait notamment :

    La démilitarisation complète de l’Allemagne.

    La désindustrialisation de la Ruhr, cœur industriel du pays.

    La division du territoire allemand en zones d’occupation durables.

    Une réduction volontaire du niveau de vie des Allemands pour décourager toute velléité de revanche.


    Une proposition controversée

    Si Roosevelt approuve d'abord le plan, notamment lors de la conférence de Québec en septembre 1944, il est rapidement confronté à des critiques virulentes. Les opposants — parmi lesquels Winston Churchill — redoutent que cette politique punitive ne radicalise davantage la population allemande et n’alimente le communisme, à un moment où l’Union soviétique gagne de l’influence en Europe.


    De plus, l’opinion publique américaine, bien que hostile à l’Allemagne nazie, commence à s’inquiéter des conséquences humanitaires d’une telle politique. On craint la famine, la misère, et l’effondrement de la société allemande.


    Abandonné, mais pas sans influence

    Face aux critiques, le plan Morgenthau est finalement abandonné officiellement fin 1944. Toutefois, certaines de ses idées ont brièvement influencé les politiques alliées dans l’immédiat après-guerre.


    Mais rapidement, dans le contexte naissant de la Guerre froide, les États-Unis changent de stratégie : l'Allemagne de l’Ouest devient un allié économique et stratégique, et au lieu de l’affaiblir, on cherche à la reconstruire, notamment grâce au plan Marshall à partir de 1947.


    Conclusion

    Le plan Morgenthau incarne une vision punitive de l’après-guerre, marquée par la volonté d’éliminer toute menace allemande. Bien qu’il n’ait jamais été pleinement appliqué, il reflète les débats intenses sur la manière de garantir une paix durable après les horreurs du nazisme.

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  • Au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, un étrange et macabre commerce prospère dans les rues sombres de Londres, d’Édimbourg ou même de Paris : celui des résurrectionnistes, aussi appelés pilleurs de tombes. À la faveur de la nuit, ces hommes s’introduisent dans les cimetières fraîchement remplis, creusent en silence et volent les cadavres, qu’ils revendent ensuite aux écoles de médecine.


    Mais pourquoi un tel trafic ? Et surtout, pourquoi la médecine en avait-elle besoin ?


    Le besoin pressant de cadavres pour la science

    À cette époque, la médecine connaît un tournant décisif. Les chirurgiens et anatomistes cherchent à mieux comprendre le corps humain. Les dissections deviennent essentielles à l’enseignement médical, mais un obstacle majeur se dresse : la rareté des corps disponibles légalement.


    En effet, seules les dépouilles des criminels exécutés étaient autorisées à être disséquées. Or, les pendaisons deviennent de moins en moins fréquentes, tandis que les écoles de médecine, elles, se multiplient. Résultat : une pénurie de corps qui pousse les établissements à se tourner vers le marché noir.


    C’est là qu’interviennent les résurrectionnistes. Ils étaient souvent des ouvriers pauvres, parfois même des fossoyeurs complices, qui échangeaient les cadavres contre quelques livres sterling. Et attention : il ne s’agissait pas de voler les cercueils ou les objets de valeur — un crime puni sévèrement — mais bien les corps eux-mêmes. Étrangement, le vol de cadavre n’était pas considéré comme un crime en soi, car le corps n’était pas juridiquement "une propriété".


    Une activité à haut risque

    Les résurrectionnistes travaillaient vite, souvent en moins d’une heure. Ils creusaient juste au-dessus du cercueil, brisaient le couvercle, passaient une corde sous les aisselles du cadavre et l’extrayaient. Parfois, ils le dénudaient sur place pour éviter toute accusation de vol d’effets personnels.


    Mais ce trafic ne tarda pas à scandaliser l’opinion publique. Les familles s’indignaient à l’idée que leurs proches puissent être profanés. Certaines prenaient les devants en coulant les cercueils dans du béton, en embauchant des gardes de cimetière, ou en installant des cages de fer autour des tombes.

    La fin des résurrectionnistes


    Le scandale atteint son apogée avec des affaires comme celle de Burke et Hare, en Écosse, qui, pour éviter le creusement, passèrent directement… au meurtre.

    Face à l’indignation, les autorités réagirent. En Grande-Bretagne, le Anatomy Act de 1832 légalisa la dissection de cadavres non réclamés, mettant fin au trafic.


    Les résurrectionnistes ont donc, paradoxalement, joué un rôle central dans le progrès médical. Mais leur activité rappelle les tensions éthiques entre science, légalité… et respect des morts.

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  • Lorsque l’on pense aux Gaulois, on imagine souvent des guerriers chevelus, armés d’épées, buvant de l’hydromel dans des festins bruyants. Mais leurs pratiques funéraires, elles, restent bien moins connues… et parfois très surprenantes. Parmi elles, l’enterrement en position assise, observé dans certaines régions de la Gaule, intrigue depuis des décennies les archéologues.


    Contrairement à l’inhumation classique allongée sur le dos, cette posture particulière — jambes repliées, corps placé dans une fosse étroite — a été découverte dans plusieurs sépultures, principalement datées du second âge du Fer, entre 500 et 50 avant notre ère. Cette pratique n’était pas la norme, mais elle était suffisamment fréquente pour interpeller les chercheurs.


    Un geste symbolique fort ?

    Pourquoi donc enterrer quelqu’un assis ? Plusieurs hypothèses coexistent. La première, et sans doute la plus couramment avancée, est d’ordre symbolique et statutaire. La position assise pourrait avoir été réservée à des personnages de haut rang, des chefs ou des figures spirituelles, pour marquer leur autorité même dans la mort. Être assis, c’est être en position de domination, de vigilance, presque de méditation. Le défunt aurait ainsi été présenté comme un veilleur, gardien du clan ou intermédiaire avec les ancêtres.


    Une autre interprétation voit dans cette position une référence au monde des vivants : le mort n’est pas couché, donc pas "absent", mais encore actif, présent, prêt à prendre part aux banquets de l’au-delà. Cette idée est renforcée par la présence fréquente d’objets déposés dans la tombe : vaisselle, armes, bijoux… autant d’éléments qui accompagnent le défunt dans son dernier voyage.


    Un rite aux origines multiples

    Il est aussi possible que ce rite ait des racines culturelles plus anciennes, peut-être issues de traditions venues de l’est de l’Europe ou même de contacts avec des peuples nomades qui pratiquaient déjà l’inhumation assise. Ce type d’enterrement a également été observé dans d’autres civilisations, comme chez certains peuples scythes ou thraces.


    Enfin, certains chercheurs envisagent une explication plus pragmatique : dans des contextes particuliers, comme des urgences liées à la guerre ou à des épidémies, il aurait été plus simple de creuser une fosse étroite et d’y placer le corps replié. Mais cette explication ne tient pas toujours, car certaines tombes assises sont très soigneusement aménagées.


    Un indice des croyances gauloises

    Ce geste funéraire reste donc encore partiellement mystérieux, mais il nous parle d’un peuple dont la vision de la mort était profondément spirituelle, symbolique et sociale. Les Gaulois n’enterraient pas leurs morts au hasard : ils les mettaient en scène, même après la vie.

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  • En 1726, l’Angleterre connaît l’un des scandales médicaux les plus étranges de son histoire. À Godalming, un petit village du Surrey, une domestique illettrée nommée Mary Toft prétend donner naissance à des lapins. Oui, des lapins.


    Tout commence lorsque Mary, enceinte, affirme avoir fait une fausse couche après avoir été effrayée par un lapin dans les champs. Peu de temps après, elle se met à "accoucher" d’étranges restes d’animaux : morceaux de lapins, entrailles de chat, fragments d’os. Son beau-frère, intrigué, alerte un chirurgien local, John Howard, qui constate lui-même la présence de fragments animaux qu’il pense expulsés par voie vaginale.


    Fasciné, Howard envoie des lettres à des médecins de renom à Londres, dont Nathaniel St. André, chirurgien du roi George Ier. Ce dernier, enthousiasmé par cette affaire qu’il pense être une découverte médicale majeure, vient examiner Mary Toft. Et là, il assiste de ses propres yeux à un "accouchement" de lapins. Stupéfait, il en parle à la cour : le roi lui-même veut en savoir plus.


    Mary est transférée à Londres, au centre de l’attention médiatique et médicale. Elle est examinée, disséquée symboliquement, interrogée. On envisage même que ses "enfants lapins" soient la preuve d’un phénomène biologique rare : la "théorie de l’impression maternelle", selon laquelle une émotion forte pouvait influencer la forme du fœtus.


    Mais bientôt, les doutes s’accumulent. Les lapins "nés" de Mary sont en réalité de jeunes spécimens parfaitement formés, certains digèrent même du foin. Finalement, Mary avoue : c’est une supercherie. Avec l’aide de complices, elle insérait des morceaux d’animaux dans son vagin, simulant des accouchements. Pourquoi ? Pour attirer l’attention, pour l’argent, ou peut-être sous la pression de ceux qui l’ont exploitée.


    L’affaire fait scandale. Mary est emprisonnée, puis relâchée sans condamnation formelle. Quant aux médecins impliqués, leur réputation est ruinée. St. André, en particulier, devient la risée du public.


    Mais au-delà du sensationnalisme, cette affaire révèle les failles de la médecine du XVIIIe siècle, où les patientes pauvres n’étaient pas écoutées, mais disséquées symboliquement par des hommes en quête de gloire. Mary Toft, à sa manière, a retourné ce pouvoir en jouant avec les attentes et les croyances de son temps.

    L’affaire des lapins de Mary Toft n’est pas seulement une imposture grotesque : c’est un miroir des inégalités sociales, du statut des femmes et de la crédulité des élites face à ce qu’elles veulent désespérément croire.

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