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L’Ambassadeur de France, en poste dans de nombreux pays européens, reconnaît une Inquiétude au sein de l’Union européenne, depuis que la Hongrie du pro-russe Viktor Orban a pris la présidence tournante du Conseil de l’UE pour 6 mois.
V. Orban s’est rendu à Moscou discuter avec Vladimir Poutine : «La Hongrie a clairement cherché à s'opposer ou à ralentir des décisions européennes sur le soutien à l'Ukraine mais n'a jamais réussi. Et depuis 2012 et le traité de Lisbonne, le pays qui tient la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne ne préside aucune autre institution, ce qui limite son rôle dans le domaine de la politique étrangère».
Viktor Orban s’est aussi rendu à Kiev, pour la première fois depuis 12 ans, pour «jouer un rôle d'honnête courtier comme certains de ses conseillers ou ministres l'ont dit», nous précise Philippe Étienne, «il veut montrer qu'il est un facteur de paix. Mais les autorités hongroises actuelles disent que ça ne change pas pour autant la position de la Hongrie sur le fond, et le gouvernement hongrois cherchera clairement à jouer de cette présidence pour favoriser telle ou telle de ses positions». Le Premier ministre hongrois tente de créer une alliance politique de droite radicale au Parlement européen, cherchant à rallier à lui certains partis : «Le résultat des élections européennes l'aide parce qu'il manifeste une poussée des forces eurosceptiques à droite nettement plus en ligne avec lui dans plusieurs pays».
Côté USA, l’Union européenne émet des inquiétudes dans le cas d’une victoire de Donald Trump et l’ancien Ambassadeur en convient : «si l'on se fie au précèdent mandat de Trump, il avait une attitude beaucoup plus critiques vis-à-vis de l'Union européenne que les Démocrates et Joe Biden depuis qu'il est président. Mais quel que soit le résultat de cette élection, les Européens doivent faire face à leurs propres sujets. Nous avons, nous, Européens, nos propres contraintes, nos propres défis. La Défense en est un et il faut que nous développions cette défense européenne». Pour stopper la guerre en Ukraine, Donald Trump a parlé d’instaurer la négociation entre Moscou et Kiev : «Il n'a pas dit qu'il interromprait immédiatement le soutien à l'Ukraine mais, implicitement, le soutien à l'Ukraine serait en quelque sorte lié à cet effort de négociation. Les Américains ont tort de considérer que la guerre en Ukraine est un problème européen, parce que l'agression par un membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU sur pays voisin est une menace à l'ordre international en général», affirme-t-il.
Ce jeudi 4 juillet 2024, au Royaume-Uni, après 14 ans de gouvernement conservateur, les Travaillistes l’ont emporté à la Chambre des Communes avec une très large majorité. Keir Starmer succède donc à Rishi Sunak au 10 Downing Street, et ce sera «extrêmement intéressant à suivre», note Philippe Étienne, optimiste sur l’avenir des relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne qui vont être «beaucoup plus paisibles» : même si revenir sur le Brexit ou réintégrer le Marché unique semble être totalement exclus. «Il y a un domaine où elles peuvent gagner de la substance sans revenir sur les grandes décisions économiques, c'est les questions de défense et de sécurité», prédit Philippe Étienne.
En tant que président de la Mission de commémoration des 80 ans de la Libération, Philippe Étienne rappelle que la Russie n’a pas participé au Débarquement, « par leur faute, en raison de la guerre en Ukraine qu’ils ont déclenchée : mais il a tout de même été largement question du rôle de l’Armée Rouge lors des discours et événements ». Mais ce qu’il tient surtout à souligner, c’est que ces commémorations «ont clairement rappelé à notre opinion et surtout à notre jeunesse le prix de la liberté, ne serait-ce que par la présence de ces vétérans américains, britanniques, français et autres, des personnes âgées d’une centaine d’années qui sont quand même venus, qui ont voulu rencontrer les jeunes.»
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Nous recevons cette semaine Alexander Stubb, président de la République de Finlande depuis février 2024, ancien Premier ministre et ancien ministre des Affaires étrangères, ex-député européen. Il y a un peu plus d’un an, la Finlande rejoignait l’OTAN, mettant ainsi fin à des décennies de neutralité et de non-alignement militaire. La guerre en Ukraine et les inquiétudes qu’elle a suscitées en Europe ont provoqué ce tournant historique.
Alexander Stubb estime que l’entrée de son pays dans l’OTAN apportera « plus de valeur ajoutée » à l’organisation grâce au « million de Finlandais ayant effectué leur service militaire » et à la position stratégique du pays, qui double la frontière de l’OTAN avec la Russie. « L'OTAN a beaucoup gagné et la Finlande a gagné aussi », souligne-t-il. Si la Finlande « n'est pas provocatrice » vis-à-vis de la Russie, elle ambitionne d’«être dans le noyau dur de l'OTAN ».
Alexander Stubb accueille de manière « très positive » le choix de nommer l'ancien Premier ministre néerlandais Mark Rutte à la tête de l’OTAN. « Il va être un très bon chef pour l'OTAN », se réjouit-il, « je suis très content pour lui et pour l'OTAN ».
Depuis plusieurs mois, la Finlande a fermé ses frontières avec la Russie face à l’arrivée de migrants, originaires pour la plupart du Moyen-Orient et d’Afrique, et accuse Moscou d’orchestrer ce flux migratoire pour influencer la politique finlandaise. Selon Alexander Stubb, « Poutine utilise les gens comme un instrument, il essaie de déstabiliser la Finlande » et mène « une guerre hybride ». Le président finlandais espère trouver une solution sûre et humaine.
L'Union européenne a officiellement lancé mardi (25 juin 2024) des négociations d’adhésion avec l’Ukraine. La Finlande, qui a dû céder 10% de son territoire à la Russie en 1940, « comprend exactement ce que si passe en Ukraine en ce moment et c’est pour ça qu’on donne un soutien assez fort » à la candidature de Kiev. La perspective de voir arriver Viktor Orban à la présidence de l’UE à partir du 1er juillet et les conséquences éventuelles sur le soutien des 27 à l’Ukraine n'inquiètent pas Alexander Stubb, malgré la proximité affichée du Premier ministre hongrois avec Vladimir Poutine. « Je crois que le chemin de l'Ukraine pour l'Union est clair », déclare Alexander Stubb. Le Premier ministre finlandais reste optimiste, estimant qu’en dépit des crises, « on trouve toujours des solutions en Europe ». Il cite l’exemple de l’accord financier pour une aide à l’Ukraine que Viktor Orban avait bloqué avant de finir par plier sous la pression des 27.
Alexander Stubb considère qu’en matière d’Europe géopolitique, « on a bien avancé pendant les cinq dernières années mais il faut aussi comprendre que l'Europe est jamais parfaite, jamais, surtout parce qu'on a 27 États membres, de temps en temps, avec des intérêts un peu différents ». Il salue le bilan d’Ursula von der Leyen, « une grande présidente de la Commission, un peu comme Jacques Delors ». Il lui apporte son soutien pour un second mandat à la tête de la Commission européenne, qui serait « une bonne chose pour l’Europe ». À l’heure où le multilatéralisme est en déclin, il pense que « l'intégration régionale va être plus forte » et l’Europe sera « assez forte » dans ce nouveau contexte mondial. « L’Europe ne va pas être les États-Unis, l’Europe ne va pas être la Chine mais quelque chose entre les deux et si on comprend ça, je crois qu’on va avoir une vue plus positive de l’Europe. »
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Saknas det avsnitt?
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Quelques jours après un scrutin européen déterminant pour l'avenir de l’Europe et lors duquel les partis d’extrême droite eurosceptiques ont gagné des sièges, nous recevons celle qui est encore Commissaire européenne à la Cohésion et aux Réformes, la Portugaise Elisa Ferreira, chargée du rattrapage des régions les plus reculées et en difficulté. Deuxième enveloppe du budget européen après la Politique agricole commune, la politique de cohésion bénéficie pour l’exercice 2021-2027 de 390 milliards d’euros à distribuer aux États membres pour qu’ils mettent entre autres en place des projets d’aide aux plus démunis ou à la transition écologique.
Elisa Ferreira voit dans cette montée de l’extrême droite, lors des élections du 9 juin 2024, la conséquence du sentiment d’exclusion de certaines régions pauvres, qui sont «inquiètes, et donc s’attachent à quelqu'un qui leur dit ‘je te protège’, même si cette personne veut seulement arriver au pouvoir». Elle le reconnaît, il y a des disparités de richesse au sein de l’Europe qui est, rappelle-t-elle, «fondée sur la libre concurrence» au sein de l’Union, mais «la situation serait bien pire si la politique de Cohésion n’existait pas», soutient-elle. C’est pourquoi «il faut que tous les agendas politiques, y compris au niveau national, se préoccupent de la cohésion pour donner des opportunités à tous les territoires».
Dans une récente tribune co-écrite avec Nicolas Schmit, actuel Commissaire européen à l’Emploi et aux Droits sociaux, elle appelait les Européens à aller voter «en faveur des partis pro-européens, qui ont confiance dans l'Europe et qui donnent confiance à l'Europe». Elle espère que le résultat du scrutin, qui voit tout de même une large majorité pour le «centre élargi» se dégager, permettra de «maintenir la politique de cohésion au centre de notre future politique commune. Sans la politique de cohésion, l'Europe va se fractionner. Surtout quand on pense que l'Europe doit s'élargir. Et le succès de tous les élargissements précédents s’est fait grâce à un renforcement de la politique de cohésion.» Preuve en est, l’augmentation du PIB par habitant des pays qui ont intégré l’Union, qui sont en moyenne passés de 50% de la moyenne européenne à 80% «c'est une croissance incroyable»!
Pour Elisa Ferreira, la politique de cohésion n’est pas une redistribution d’argent, mais «une redistribution d'opportunités pour que tout le monde puisse contribuer à la richesse commune. Bien sûr, pour ça, il faut avoir de l'argent. Mais l'argent n'est pas un but en soi, c'est une condition pour que le rattrapage puisse se faire.» La politique de cohésion est là pour aider les États membres mais, précise la Commissaire, «on ne peut pas décider de ce qui est fait au niveau des régions, on dépend des propositions qui nous sont faites. On refinance, on aide, mais c'est en partenariat. Bien sûr, il y aura toujours partout des gens démunis, mais le travail qui a été fait avec les fonds européens en termes de création d'emploi, de formation, d'éducation, d'accès à la santé, est reconnu partout.»
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Nous recevons cette semaine Pascal Lamy, ancien commissaire européen pour le Commerce et directeur général de l’Organisation mondiale du Commerce de 2005 à 2013. Aujourd’hui président émérite de l’Institut Jacques Delors, Pascal Lamy commente depuis le siège de la Commission européenne ces élections pleines de surprise, et marquées en France par la dissolution inattendue de l’Assemblée Nationale.
Les résultats de ces élections «hybrides» car capitales sur le plan européen mais aussi au niveau national marquent selon Pascal Lamy «une légère poussée à droite au Parlement européen mais qui reste contenue» et moins forte que ce que prévoyaient les sondages. Reste à savoir si cette droite portée par Ursula von der Leyen parviendra à maintenir une majorité, nécessaire pour faire voter les textes que la Commission proposera. Selon Pascal Lamy, «il est probable que madame von der Leyen aura la majorité suffisante pour être élue». Mais pas sûr que cette potentielle majorité d’Ursula Von der Leyen lui permette de faire voter tous les textes, quand certains fustigent le Pacte Vert par exemple, difficilement défendu par des Verts au plus bas.
«On va avoir une commission dont la composition sera plus influencée par les forces de droite qu'avant», prédit-il. À peine trois ou quatre commissaires sur 27 pourraient être de la famille sociale-démocrate. «Il est fini le temps où la Commission avait plus de sociaux-démocrates que de chrétiens démocrates ou de centre droit». Mais même si les partis d’extrême droite et les groupes de droite radicale chez les non-inscrits totalisent 25% des sièges du Parlement, cela ne constitue pas une «minorité de blocage» pour Pascal Lamy. La raison est simple : «ils ne sont pas d’accord sur l'Ukraine, ils ne sont pas d'accord sur l’OTAN, ils ne sont pas d'accord sur l'environnement, ils ne sont d'accord sur rien».
Si l’extrême droite est au plus haut en France, elle recule déjà dans les pays nordiques ; et même en Hongrie, le parti de Viktor Orban n’a pas obtenu le résultat escompté. Selon Pascal Lamy, l’explication est simple : «là où ils sont au pouvoir, ils baissent». Le populisme atteint donc ses «limites» dès son arrivée au pouvoir : «parce que quand on est élu, on devient responsable». Quant à la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée Nationale, il suppose le raisonnement suivant : «un gouvernement dominé par le Rassemblement national pendant trois ans, serait moins propice à une élection du Front national en 2027 à l'Elysée». En revanche, un échec du RN à la bataille des législatives supposerait «une très forte mobilisation des partis qui ne sont pas au RN» dont il doute.
Les élections européennes marquent aussi une redistribution des «top jobs», les hautes fonctions de l’UE. Compte tenu du «gain parlementaire du PPE», la reconduction de Roberta Metsola à la tête du Parlement européen et celle d’Ursula Von der Leyen à la Commission européenne semble «vraisemblable» pour Pascal Lamy. Un social-démocrate pourrait bien se voir attribuer la présidence du Conseil européen : Pascal Lamy avance le nom d’Antonio Costa, l'ancien Premier ministre portugais, ou encore celui de Kaja Kallas, Première ministre estonienne centriste, comme cheffe de la Diplomatie. «Il est assez normal que l'Europe centrale et orientale soit représentée, comme d'ailleurs elle l'a été avec le président polonais Donald Tusk qui maintenant est Premier ministre en Pologne», conclut-il.
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Nicolas Schmit, tête de liste du Parti socialiste européen, déplore que la social-démocratie soit à la peine en Europe et dans cette campagne, face à la focalisation sur la montée de la droite extrême et de sa possible alliance avec le droite mainstream : car c’est bien le PPE mené par Ursula Von der Leyen, qui est donné en tête des sondages au niveau européen.
La course aux alliances post-électorales a presque démarré au Parlement européen : Viktor Orban, le très populiste Premier ministre hongrois plaide pour un rapprochement des souverainistes européens autour de Marine Le Pen et Giorgia Meloni. La cheffe du gouvernement italienne est aussi courtisée par la droite plus traditionnelle d’Ursula von der Leyen. Pour Nicolas Schmit, cette romance est une trahison à la « fiction qui a été inventée par le PPE et par madame von der Leyen de ne faire des alliances qu’avec ceux qui sont pro-européens, pro-Ukraine, et pro-État de droit ». Les deux visions pour l’Europe sont donc « totalement incompatibles », et une majorité pour soutenir un mandat von der Leyen 2 entre les socio-démocrates qu’il dirige et les troupes de Mme Meloni est une « option exclue ».
Sur le volet social, le commissaire aux Affaires sociales souhaite défendre la santé comme « droit fondamental des citoyens de l’UE » : la « notion de service public doit être au cœur du projet européen social-démocrate : il faut notamment veiller à ce que les salaires soient corrects », avec l’aide du salaire minimum européen qu’il a mis en place comme commissaire. Quant à l’influence des Russes sur la campagne européenne, Nicolas Schmit déplore des « interférences permanentes au niveau européen comme au niveau national ». Il souhaite « alerter les citoyens qui peuvent effectivement s'égarer de ce côté-là, leur vote est aussi un vote de soutien indirect à ces dictatures puisque, on le connaît, il y a des liens évidents entre l’extrême droite et Poutine », conclut-il.
À propos de la Palestine, sujet qui a divisé les socialistes européens, Nicolas Schmit se prononce en faveur d’une reconnaissance de l’État palestinien. S’il condamne les « crimes impardonnables du 7 octobre et les otages toujours détenus par le Hamas », le commissaire blâme la riposte disproportionnée du « gouvernement d’extrême droite israélien ».
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Nous recevons cette semaine Nadia Calviño, présidente de la Banque européenne d’investissement, ancienne ministre de l'Économie du gouvernement Sanchez, et vice-présidente de ce gouvernement socialiste espagnol. Elle est la première femme à accéder à la tête de cette grande banque de l’Union européenne, qui a investi plus de 87 milliards d’euros en 2023 en Europe. Transformer la BEI en « Banque verte », au service des technologies et du futur, tout en renforçant l’industrie de la défense européenne : c’est le défi qu’elle s’est fixé depuis sa prise de fonction en janvier 2024.
Les investissements de la BEI sont « clés pour l’avenir de l’Europe » selon la présidente, qui fait face à des défis colossaux, à commencer par la guerre en Ukraine. La BEI a annoncé lever les restrictions concernant les biens à double usage, civil et militaire. Un « grand pas en avant » selon Nadia Calviño, pour « contribuer à soutenir l’industrie européenne de sécurité et de défense ». La Banque Européenne d’Investissement participe aussi à la reconstruction de l’Ukraine, à travers une « expertise technique » et des investissements : « en ce moment nous sommes le partenaire le plus important de l’Ukraine en ce qui concerne les investissements », assure la présidente.
Ce soutien de la BEI est concurrencé par le grand plan d’investissement de l’administration Biden, l’Inflation Reduction Act, mais aussi par la Chine, qui subventionne les grands groupes. Nadia Calviño entend avant tout « préserver le leadership européen » face à ces grands acteurs, notamment dans le domaine des nouvelles technologies. Elle souhaite « soutenir les secteurs les plus affectés comme l’agriculture », faire en sorte que les industries « restent en Europe » et que ça soit « profitable d’un point de vue de leur business ». Plus de la moitié des investissements de la BEI sont consacrés à la finance verte : « On est en train d'investir dans les technologies de l'avenir et garantir qu'on peut avoir une transition climatique qui aille au bénéfice des citoyens et des entreprises », assure la présidente.
L’accélération de cette transition verte va de pair avec « l’autonomie stratégique » de l’Europe en matière d’énergies : « on ne peut pas dépendre des autres quand il s’agit d’énergie, et c’est là qu’on doit investir », préconise-t-elle. Cette autonomie doit se faire avec le concours de tous les pays de l’UE selon la présidente : « Aucun pays, même la France ou l'Allemagne, qui sont de grands pays, ne peuvent pas faire face aux défis actuels tout seul. L’Union nous rend plus forts. » À quelques semaines du scrutin européen, c’est l’heure du bilan de la dernière mandature : « On est resté unis jusqu'à maintenant. On a répondu à la pandémie et à la guerre en Ukraine de façon unie, déterminée. Et je pense que c'est le secret de notre succès. Il faut continuer dans la même ligne pour l'avenir ».
La BEI investit en Europe, mais aussi en Afrique, à hauteur de 150 milliards d'euros d'ici 2030 pour financer des grands projets d'énergies renouvelables, d'accès à Internet, aux transports, aux vaccins et à l'éducation. Nadia Calviño réaffirme son soutien à l’Afrique : « Évidemment, l'Afrique est une priorité pour l'Europe. [...] on soutient des projets qui sont très importants pour l'avenir du continent et des citoyens africains, que ce soit dans les domaines de l'énergie, de la digitalisation, mais aussi de l'eau, l'agriculture ». Cette aide financière européenne ne doit pas faire oublier les « spécificités de ces pays » qui sont la « priorité » de l’Europe, en tant que « voisins » et « partenaires ».
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Nous recevons cette semaine Salomé Zourabichvili, présidente de la Géorgie, pays du Caucase où ont lieu d’importantes manifestations après l’adoption de la loi dite sur « l’influence étrangère » le 14 mai 2024 au Parlement. La présidente s’inquiète des effets de cette nouvelle loi -calquée sur une loi russe- sur la société civile, les organisations non-gouvernementales et les médias. Mais la dirigeante craint aussi la réaction négative de ses partenaires européens. La Géorgie s'est vu accorder le statut de pays candidat en décembre 2023, et l’adoption de cette loi pourrait bien compromettre son entrée dans l’UE.
Cette loi est un « pavé dans la mare » et une « provocation à la polarisation » pour la présidente, et va de pair avec une rhétorique « extrêmement anti-occidentale, anti-européenne, qui ressemble beaucoup à la rhétorique du Kremlin ». Mais la présidente peut compter sur le soutien de la population géorgienne, qui « veut son avenir européen et n'est pas prête à y renoncer ». La dirigeante met en garde contre les théories « conspirationnistes » des dirigeants, et contre la violence physique exercée contre les manifestants. Il reste malgré tout une solution institutionnelle : le droit de veto que la présidente compte exercer, vivement souhaité par les manifestants : « toute la population attend. Je reçois des messages toute la nuit et la journée de tout le monde me disant surtout mettez le veto », raconte-t-elle.
La prochaine étape : les élections d’octobre, qui tiendront lieu de « référendum pour ou contre un futur européen », selon la dirigeante. Si les Géorgiens se déclarent en faveur de l’Europe, « l'Union européenne réagira comme elle le souhaite et comme elle le doit », estime Salomé Zourabichvili. Si la population géorgienne émet alors un avis défavorable quant à son avenir européen et sa volonté de le défendre à tout prix, alors les sanctions sur la Géorgie seront « justifiées », selon elle. Tout dépendra du choix de la population géorgienne qui « déterminera réellement non seulement son avenir, mais ses relations avec l'Union européenne », assure la présidente.
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France 24 célèbre la journée de l'Europe en donnant rendez-vous sur le parvis de l'Hôtel de Ville de Paris pour une table ronde au cours de laquelle il sera question d’Europe de la culture et des sciences. Elle rassemble des Européens au parcours inspirant : la tête dans les étoiles, dans les petits plats mijotés, les carnets de croquis ou dans les séries télévisées. Car l'Europe est présente dans tous les segments de notre vie quotidienne, mais aussi dans les secteurs qui nous inspirent et nous font rêver.
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L’ancien Premier ministre italien, actuel président de l’Institut Jacques Delors, dans son rapport sur le marché unique européen remis aux 27 chefs d’État au dernier sommet le 18 avril, tire la sonnette : « Nous vivons un décrochage dramatique », par rapport aux USA et à la Chine. Il faut donc « changer d’échelle pour que l’Europe reste compétitive », alors que nous avons 27 marchés financiers fragmentés : « chaque année, 300 milliards d’euros épargnés par les Européens qui s’envolent vers les États-Unis, et alimente en actions les entreprises américaines qui se renforcent et reviennent en Europe acheter nos entreprises européennes avec notre propre argent, c'est une folie totale ».
Enrico Letta soutient l’Ukraine contre la « folle agression russe » : « on a dépensé beaucoup d'argent pour soutenir l'Ukraine et on a bien fait de le faire. Mais on a dépensé 80 % de l'argent du contribuable français, italien, allemand pour créer des emplois en Turquie, en Corée du Sud, au Michigan ou au Wisconsin », puisqu’on achète ailleurs des armes pour l’Ukraine : « il faut dépenser pour créer des emplois en Europe ! »
« Optimiste » pour les élections européennes le 9 Juin, il constate que contrairement à celles de 2019, « personne ne parle de Frexit ou d’Italexit … Moi, je prends tout ça comme élément positif. L’Europe a convaincu même les eurosceptiques ! » ironise-t-il, même s’ils veulent la changer.
Quant aux rumeurs sur son éventuelle candidature à la présidence de SciencesPo Paris, l’ancien Doyen de l’École des Affaires internationales ne l’exclut pas, même en cette période tourmentée pour l’école: « L'affaire Gaza est une affaire qui est en train de créer des troubles partout dans les universités du monde et il est évident que la tension autour de ces sujets est une attention qui est absolument particulière. »
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Maros Sefcovic, le vice-président de la Commission européenne, il s'agit d'un homme politique slovaque issu du Parti social-démocrate, qui en est troisième mandat de commissaire européen dans les commissions Barroso, Juncker et maintenant Von der Leyen, désormais en charge du Pacte Vert : « nous sommes en une étape de ce Pacte beaucoup plus compliquée, beaucoup plus difficile, parce qu'on est en pleine mise en œuvre. Comment on peut faire cette mise en œuvre d'une manière qui sera juste, qui sera efficace, à l'écoute aussi de nos collègues industriels et agricoles ! »
Il justifie les mesures d’assouplissement des règles agro-écologiques de la Politiques agricole commune : « nos agriculteurs ont perdu presque 20 milliards d'euros seulement dans le domaine des céréales », souligne celui qui a « entamé un dialogue stratégique, avec le monde agricole, complétées en août pour présenter les recommandations pour la prochaine Commission européenne ». Il entend « pousser pour les objectifs plus verts, et en même temps garder notre compétitivité » !
Concernant les industriels, Maros Sefcovic estime que les prix de l’énergie sont encore trop forts (par rapport aux États-Unis et à la Chine) : « c'est pourquoi je crois que ce sera très important de trouver une solution, là, de rechercher toutes les possibilités qu'on a en Europe, parce que c'est un facteur très, très important et spécialement pour notre industrie lourde, et notre industrie verte. » Il suggère une réduction des taxes nationales.
Sur le discours de la Sorbonne du président Macron, il s’inquiète de concert que notre Europe soit « mortelle » : « nous sommes vraiment en situation assez précaire. D'un côté, on a démontré une résilience dans les derniers quatre ans. L'inflation élevée, le problème du Covid, de l'énergie, et des deux guerres qui sont très proches de nous : bien sûr que nous sommes beaucoup plus impactés que la Chine ou les États-Unis ! »
L’État de droit est mis en cause dans son pays la Slovaquie par le populiste Robert Fico, et c’est ce gouvernement qui décidera de son avenir politique : il rempilerait bien pour un 4è mandat, « dans le domaine de l'énergie ou de l'industrie, je suis disponible. Je suis prêt à servir l'Europe. »
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Nous recevons cette semaine Arancha Gonzalez Laya, économiste espagnole, ancienne ministre des Affaires étrangères du gouvernement socialiste de Pedro Sanchez et doyenne de l'École des Affaires internationales (PSIA) de Sciences Po. Conflit Israël-Hamas, pacte asile et migration, changements climatiques, elle nous éclaire sur les préoccupations des Européens, à quelques semaines des prochaines élections.
Interrogée sur la volonté de l’Espagne de reconnaître l’État de Palestine au 1er juillet, Arancha Gonzalez Laya estime que cette reconnaissance pourrait peut-être contribuer à maintenir la solution de deux États pour Israël et la Palestine : « Peut-être que le moment est venu de le faire. En tout cas, c'est clairement le point de vue qu'on a en Espagne. Il y a d'autres États membres qui voient aussi avec sympathie l'idée de le faire maintenant, et je crois que c'est une question qui va se poser aux autres membres de l'Union européenne. »
Le dialogue se poursuit sur les défis de la gestion de la migration en Europe et le récent pacte asile et migration, adopté par le Parlement européen, le 10 avril 2024. Arancha Gonzalez Laya souligne la nécessité de trouver un équilibre entre responsabilité et solidarité européennes. « Nous avons un problème. Pas avec la migration. Nous avons un problème avec la gestion de la migration et je trouve que ce pacte a trouvé un point d'équilibre sur des sujets majeurs : celui de la responsabilité. La responsabilité des États membres de l'Union européenne et pas simplement celle de pays qui sont ceux des premières entrées dans l'espace européen. Ce pacte a aussi trouvé selon elle le point d'équilibre dans la solidarité européenne : « Comme pour toute politique européenne. Ce n'est pas parfait, mais je trouve qu'on donne un signal clair de la capacité des États membres de l'Union européenne à s'entendre pour assurer une meilleure gouvernance des flux migratoires. C'est certainement mieux que de ne pas avoir une gouvernance pour la migration en Europe. », conclut-elle sur le sujet.
Alors que La hausse des demandes d'asile est bien là avec plus d'un million de demandeurs d’asile en 2023 et le renvoi possible à un pays d'un demandeur d'asile vers un pays tiers considéré comme sûr, Arancha Gonzalez Laya pointe le fait que « ce n'est pas l'Union européenne qui définit les règles. l'Union européenne les met en place. Les règles en matière d'asile, ce sont des règles internationales. Il y a des engagements que l'Union européenne et tous ces États membres ont pris au sein de l'ONU. Il s'agit simplement de trouver la meilleure manière de le mettre en place. Encore une fois, on n'est pas dans le domaine du parfait. Nous avons aussi été capables de trouver un compromis sur un sujet qui est difficile. (...) Mais soyons clairs : on est arrivé à mettre de l'ordre dans un domaine qui va rassurer nos citoyens et qui va aussi nous rendre un peu plus responsables vis-à-vis de nos partenaires internationaux », se félicite-t-elle.
Le thème de la migration en Europe est, par ailleurs, au cœur de la campagne des élections européennes du mois de juin 2024. À tel point que l’ancienne ministre espagnole des Affaires étrangères estime que les principales préoccupations des Européens ont été oubliées, et que les conséquences sont déjà visibles : « Ce qui me préoccupe, c'est qu'il y a une forte baisse de la participation attendue des citoyens européens dans les élections européennes. On est à 44% des participations des citoyens français. C'est en baisse. Par rapport à la dernière fois où on avait vu l'effet contraire. Et pourquoi ? Parce que les citoyens français avaient comme priorité le pacte vert. C'est de ça dont on avait parlé pendant la campagne électorale. Cette fois-ci, ce qu'on voit, c'est une diminution de la participation des citoyens. Et pourquoi ? Peut-être parce qu'on n'est pas en train de parler des vraies préoccupations des citoyens », explique-t-elle. « Il faudrait être un peu plus sensible aux préoccupations de nos citoyens. Je crois que ce qui les intéresse, c’est l'économie, le pouvoir d'achat, la sécurité. On voit bien qu'il y a une guerre à côté de l'Union européenne et ça préoccupe les citoyens européens. Pour les jeunes, la préoccupation c'est le changement climatique.(...) Mettons aussi l'accent sur les interrogations des citoyens et on verra peut-être augmenter les taux de participation », demande finalement la doyenne de l’École des Affaires internationales de Sciences Po.
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Le grand débat France 24 - RFI a réuni les principales têtes de listes françaises aux élections européennes, le 10 avril 2024 à Bruxelles, autour de Caroline de Camaret et Valérie Gas. Manon Aubry (La France insoumise), François-Xavier Bellamy (Les Républicains), Léon Deffontaines (Parti communiste français), Raphaël Glucksmann (Parti socialiste-Place publique), Valérie Hayer (majorité présidentielle), Marion Maréchal (Reconquête!), Marie Toussaint (Les cologistes) et Fabrice Leggeri (Rassemblement national en remplacement de Jordan Bardella) ont confronté leurs programmes.
C’est autour de la thématique de l’immigration et du vote du Pacte sur la migration et l’asile au Parlement européen qu’a eu lieu l’un des temps forts de ce débat. Maitrise des frontières extérieures, accueil et répartition des migrants, conditions et examens des demandes d’asile, autant de questions sur lesquelles les candidats ont des convictions parfois opposées et apportent des réponses très différentes.
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À l’approche d’un sommet européen consacré à l’économie européenne et la façon de la stimuler, nous recevons Markus Beyrer, directeur général de Business Europe, l’association patronale de l’UE. Il déplore une surcharge de bureaucratie pour les investissements au niveau européen, limitant le développement des entreprises et leur faisant perdre en compétitivité sur les marchés mondiaux.
Face à la concurrence des entreprises chinoises et américaines, Markus Beyrer, le directeur général de Business Europe, estime que les sociétés européennes manquent d’attractivité. « Les prix de l’énergie en Europe sont beaucoup plus élevés en Europe qu’aux États-Unis ou dans d’autres pays du monde », assure le dirigeant de l’association patronale européenne. Mais surtout, selon lui, il y a beaucoup trop de bureaucratie dans les institutions européennes pour renforcer la compétitivité sur les marchés mondiaux. « Les procédures pour permettre l’investissement dans des sites industriels ou dans les infrastructures prennent beaucoup trop de temps. Beaucoup d’entreprises qui investissent dans d’autres pays nous disent que la démarche est plus simple, plus claire. » Cette régulation « excessive » réfrène les investissements étrangers dans les entreprises européennes, ce qui freine leur développement assure-t-il.
Les 17 et 18 avril 2024, un rapport sur le futur du marché unique européen, qualifié d’encore trop national et segmenté par son rapporteur, sera rendu aux dirigeants des 27 pays. Un rapport très attendu par Markus Beyrer qui déplore un « déclin ces dernières années de ce bijou de l’intégration européenne auquel il faut remédier ». Habituellement opposé aux aides d’État nationales qui viendraient perturber le marché européen, le dirigeant du syndicat patronal européen reconnaît « qu’elles peuvent être justifiées pour aider les entreprises pour faire face à la concurrence mondiale mais aussi pour les accompagner dans leur programme de décarbonation ». Des aides « temporaires qui doivent être contrôlées au niveau européen » pour permettre de renforcer la compétitivité du marché unique. Il appelle pour cela à l’établissement d’un « Industrial Deal » en complément du Green Deal mis en place au début de la présidence d’Ursula Von der Leyen à la tête de la Commission européenne.
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Le président du Conseil européen en convient : « On a eu besoin de plusieurs semaines pour réussir à dégager une position détaillée, unie, parce qu'on sait que sur un sujet pareil, les 27 États membres peuvent avoir des relations avec Israël ou avec la Palestine qui sont inspirées par l'histoire, et c'est cela qui nous a amené à avoir besoin d'un peu de temps avant d'être en mesure d'exprimer une position unique et unie sur ce sujet ».
Mais l’UE ne pratique pas les « doubles standards » entre Gaza et l’Ukraine. Pour ce conflit sur sol européen : « Nous allons vite […] et nous avons pris le Kremlin et le reste du monde par surprise, parce que l’Union européenne, traditionnellement vue comme un projet exclusivement économique fondé sur des valeurs, est en train de devenir un projet qui a une ambition de puissance et de développement de capacités militaires », affirme-t-il. On a « fait un pas supplémentaire en s'attaquant aux revenus des avoirs russes gelés,» dans les banques européennes, qui s’élèvent à 4 milliards d’euros, « afin de soutenir l'Ukraine, y compris avec de l'équipement militaire ».
Pour satisfaire les agriculteurs européens qui se plaignent d’un déséquilibre des prix, l’Union est tentée de plafonner les exportations agricoles d'œufs, de poulets ou de blé ukrainiens. Charles Michel revendique une négociation avec l'Ukraine « pour trouver une solution qui soit à la fois bonne pour les agriculteurs européens, mais qui permette aussi à l'Ukraine de continuer à exporter, d’ailleurs principalement vers des pays en dehors de l'Union européenne, et à utiliser l'Union européenne pour permettre un centre de transit d’un certain nombre de produits agricoles. [...] Et le Conseil européen a demandé à la Commission et à nos ministres de l'Agriculture de travailler dans les jours qui viennent à trouver des accords pragmatiques avec l'Ukraine ».
Le 25 mars 2024, Moscou a été la cible d’un attentat faisant plus de 140 morts. Vladimir Poutine a reconnu qu’il avait été commis par des islamistes radicaux, tout en continuant à sous-entendre un lien avec l'Ukraine. « Une fois encore on fait face à du mensonge, de la propagande, de la désinformation », dénonce Charles Michel, « on voit qu'il est apparemment impossible pour le Kremlin [...] de ne pas tomber dans la tentation du mensonge en tentant de faire de l'escalade rhétorique, en accusant de manière saugrenue l'Ukraine. [...] Ça montre qu'on a raison comme Européens, avec de nombreux partenaires dans le monde, de défendre la démocratie, la liberté, la souveraineté de l'Ukraine », affirme-t-il.
Charles Michel a finalement décidé de rester à son poste de Président du Conseil européen, après avoir annoncé être candidat aux élections européennes du 9 juin : « Il n’y a pas eu de pression de mes pairs. J’ai fait un choix en conscience, j’ai observé, en dehors du Conseil européen, une tentation de certains d’instrumentaliser cette éventuelle candidature au Parlement européen. Ce qui compte pour moi c’est la stabilité du Conseil. Dans un moment comme celui-ci, on a besoin d’un ancrage et avec les 27 chefs d’États et de gouvernements, on continuera à travailler pour réussir la transition institutionnelle qui sera nécessaire après les élections européennes du mois de juin », conclut-il.
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Cette semaine européenne est marquée par deux sommets importants à Bruxelles : un Sommet européen dédié à l’Ukraine, mais également le Sommet international de l’énergie nucléaire, le tout premier du genre, co-organisé par la Belgique et l’Agence internationale de l’Énergie atomique (AIEA). Nous recevons Rafael Grossi, le directeur général de cette institution internationale placée sous l’égide de l’ONU, et dont les attributions sont non seulement le contrôle et la limitation du développement des applications militaires de l’atome, mais aussi d’en promouvoir les usages civils et pacifiques, objet de ce sommet.
Rafael Grossi se réjouit de la tenue de ce sommet : « le fait que les leaders du monde se retrouvent ici autour du nucléaire civil, de l’énergie nucléaire, en dit long sur les nombreux défis liés à l’énergie auxquels le monde fait face actuellement, comme la décarbonation ou le mix énergétique. »
Mais il le reconnaît : « Il y a un consensus global sur le fait que le nucléaire n’est pas la panacée, mais sans le nucléaire, nous ne pourrons pas arriver au niveau des accords de Paris », faisant référence à la conférence sur le climat de 2015.
Ces conférences étaient selon lui « hostiles » à l’encontre du nucléaire, sauf la dernière en date, à Dubaï en novembre 2023. Un « retour au réalisme », se félicite le directeur général de l’AIEA. « On est arrivé à un consensus pour dire que le nucléaire doit être accéléré. C’est selon moi un retour au réalisme ».
Pour pouvoir financer la production de cette énergie décarbonée, Rafael Grossi est très clair : « les financements publics sont indispensables, mais on est devant un paradoxe parce que ces institutions de financement international interdisent dans certains cas le financement du nucléaire. (...) Elles sont en décalage par rapport au marché, aux décisions politiques et à la société. (...) Je suis en consultation avec la Banque mondiale et avec d'autres instances pour faciliter l'accès aux financements publics pour des projets nucléaires ».
Interrogé sur le conflit actuel entre la Russie et l’Ukraine et les risques de cyberattaques que cela peut représenter pour les installations nucléaire, Rafael Grossi se veut rassurant : « On surveille. Les problèmes de cyberattaque c'est un problème de type militaire qui peut influencer non seulement le nucléaire, mais aussi toute autre activité. Ce n'est pas parce qu'on a une centrale nucléaire qui a été occupée militairement que la technologie nucléaire a un problème. Le problème, c'est la guerre. […] Mon rôle, c'est d'éviter un accident nucléaire », explique le directeur général de l’AIEA. « Je ne pourrai pas, en tant que chef d'une organisation, faire pression sur un État. Mais j'ai une mission et je sais ce que je peux faire pour éviter un éventuel accident avec des conséquences radiologiques graves », rappelle-t-il.
Rafael Grossi répond aussi aux critiques qui suggèrent que l’Europe est trop dépendante de la Russie et qu’elle ne sanctionne pas assez la Russie. Il insiste sur le fait qu’il est impossible de stopper net tout projet en lien avec la Russie dans le domaine de l’énergie « car cela nuirait à des pays européens qui en dépendent énormément. En Europe de l'Est, il y a des pays qui dépendent complètement de l'énergie apportée par leurs réacteurs nucléaires. […] Il y a des efforts, au niveau du secteur énergétique, aux États-Unis aussi, en France, dans d'autres pays, pour développer des capacités de fabrication de combustible nucléaire autres que les Russes. Mais ça prendra un peu de temps », conclut-il.
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Au Portugal, le centre-droit a remporté d’une courte tête les élections législatives anticipées du 10 mars 2024, mettant fin à 8 années de gouvernement socialiste. Mais cette coalition menée par le Parti social-démocrate n’est pas en mesure de former une majorité à elle seule. Elle exclut néanmoins de s’allier au parti d’extrême droite Chega qui connaît une ascension fulgurante et frôle les 20% des votes.
Nous recevons Carlos Moedas, le maire de centre-droit de Lisbonne, qui avait déjà arraché la ville aux socialistes, à la surprise générale, en 2021. Il salue ce « changement de cycle » mais regrette la montée de l’extrême-droite, alimentée par « un vote du désespoir » et de « révolte ».
Ces élections intervenaient dans un contexte inédit, après la démission du Premier ministre Antonio Costa. Le dirigeant portugais avait été accusé d’avoir touché des pots-de-vin et poussé au départ. Il s’agissait d’une méprise, le ministère public l’ayant confondu avec son homonyme, le ministre de l’Économie, Antonio Costa Silva. Carlos Moedas revient sur cette affaire « lamentable ». Ces « scandales derrière des scandales » écœurent les Portugais, qui « en ont marre de la politique ».
Carlos Moedas rappelle que le parti socialiste a gouverné 23 des 30 dernières années et estime qu’il porte une lourde responsabilité dans la montée de l’extrême droite. « Elle est un produit de la gauche et du parti socialiste qui a beaucoup eu l'intérêt d'augmenter l'extrême droite » pour « détruire » la droite modérée, accuse-t-il. Selon lui, le succès des populistes d’extrême droite en Europe s’explique également par les attentes nouvelles de la population qui demande des solutions immédiates dans un monde où, « à l’ère du digital, tout s’accélère. Mais les gouvernements ne peuvent pas résoudre tous les problèmes dans la minute » avec « une baguette magique » car « il faut le temps de la démocratie ». Carlos Moedas critique les partis populistes comme Chega qui promettent que « s’ils étaient au gouvernement, tout serait merveilleux, ils feraient tout ». Il remarque que les extrêmes qui gouvernent sont confrontés à la réalité, en citant l’exemple italien. Georgia Meloni « a changé, parce qu'elle n'est plus la même, parce qu'elle a vu qu'en fait, être au pouvoir et gouverner, c'est quelque chose de très différent »
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Top départ pour le camp présidentiel. Devancé de près de 10 points dans les sondages par la liste du Rassemblement national, Renaissance entre dans le vif du sujet et demande une « Europe plus forte, plus unie et plus démocratique ». La campagne sera pour le camp du chef de l’État l’opportunité de rappeler son bilan et sa vision pour l’Europe des 5 prochaines années.
Pour le ministre délégué en charge de l’Europe, Jean-Noël Barrot, « ce sera l’occasion aussi de démasquer un certain nombre de contradictions internes au Rassemblement national”, soulignant l'absentéisme des parlementaires du RN, « qui ont déserté le Parlement, plutôt que d’y prendre une part active pour honorer le mandat qui leur avait été confié par les Français il y a cinq ans ». Il pointe « certaines des incohérences, des inconsistances de l’extrême droite française », alors que le parti de Marine Le Pen a voté contre le Pacte asile et immigration au Parlement européen : un paradoxe selon lui, car cet ensemble de lois devrait permettre précisément d’assurer « un contrôle effectif des frontières de l’UE et de lutter efficacement contre l’immigration irrégulière ».
Alors que les leaders européens ont rejeté en bloc l'éventualité évoquée par Emmanuel Macron d’envoyer des troupes en Ukraine, le ministre préfère souligner au contraire « l’unité et la détermination » affichée par les États membres. Le 26 février 2024, ils ont convenu ensemble « de faire plus, de faire mieux et faire davantage pour l’Ukraine », rappelle-t-il. Chacun faisant « selon de ses moyens ». Quant à son adhésion à l’Union européenne, le ministre réaffirme que la place de l’Ukraine est bien dans le club. Kiev devra néanmoins « mettre en œuvre un certain nombre de réformes de manière à se rapprocher du socle de l’État de droit européen ». Il rappelle que des changements seront nécessaire pour que l’élargissement se déroule bien. C’est-à-dire sans déstabiliser certains marchés, certains citoyens, tout comme la politique agricole commune et les politiques de cohésion « qui, aujourd’hui, en Europe sont la garantie de la préservation de notre modèle ».
Sur le front de la guerre en Ukraine, Jean-Noël Barrot rappelle que « la nécessité de mettre entre les mains des Ukrainiens tout ce dont ils ont besoin rapidement pour résister aux assauts de la Russie et de Vladimir Poutine, tout en réveillant notre base industrielle de défense, notre industrie de défense au niveau européen, pour que nous puissions, dans la durée, assurer ce soutien à l'Ukraine, quel que soit le sort des autres grands pays producteurs d'armement ».
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L’eurodéputé François-Xavier Bellamy, mène la liste du parti français Les Républicains, créditée de 8% d’intentions de vote dans les sondages pour le scrutin du 9 juin. Il entend s’adresser à son électorat rural : « Ça fait maintenant des mois, des années qu'ils disent leur angoisse parce que l'Europe n'a cessé de leur rendre la vie de plus en plus compliquée, comme si le but était de les empêcher de produire. Ce sont des Verts, de La Gauche et Renew Europe qui ont porté dans l’hémicycle un projet de décroissance », selon lui, entre autres à travers le projet de loi sur la Restauration de la nature, contre lequel il a voté.
Il expose les contradictions de Jordan Bardella, qui caracole à 20 points au-dessus de sa liste dans les sondages : « On voit un Rassemblement national qui dit tout et son contraire sur les sujets agricoles. Tout et son contraire, quand il propose les prix plancher qui sont la solution de LFI pour l'agriculture française et que dès que le président de la République se rallie à cette idée d'un seul coup, le Rassemblement national finit par abandonner et changer complètement de discours ! »
Les 6 et 7 mars 2024, le PPE se réunit à Bucarest pour son congrès pour renouveler sa confiance à l’actuelle présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, cheffe de file de la droite européenne… c’est sans lui ! « Nous nous sommes opposés à la perspective d'un nouveau mandat d'Ursula von der Leyen, simplement parce que nous regardons le bilan et nous sommes nombreux au PPE à dire qu’il n'est pas conforme à ce qu'on doit attendre aujourd'hui d'une Commission européenne qui a pour mission de renforcer l'Europe et qui aura très largement contribué à la fragiliser au cours des dernières années (...) Quand Ursula von der Leyen, avec une stratégie qui la rendait otage de l'agenda des Socialistes et des Verts, a poussé pour des mesures qui ont créé plus de complexité, plus de contraintes, plus de régulations, avec d'une certaine façon, la certitude que cela aboutirait à fragiliser la production en Europe, évidemment, nous ne pouvons pas la suivre. »
Emmanuel Macron a tenu à Paris une conférence de soutien à l’Ukraine, parlant d’envoi de troupes occidentales au sol en Ukraine. Pour François-Xavier Bellamy, « ce manque de sérieux, ce goût de la communication permanente, cette espèce de légèreté et de désinvolture incroyable est d'une gravité inouïe quand on parle d'un sujet comme celui d'une guerre. (...) En faisant cela, il expose notre pays, il met un continent en danger. » L’élu européen se prononce pour un soutien à l’Ukraine dans le conflit mais contre une adhésion pleine et entière de l’Ukraine à l’UE : « cela me semble être une fausse promesse. D'abord, on le voit, tous les processus d'adhésion aujourd'hui sont à l'arrêt. (...) et à 27, nous n'arrivons pas à avoir un processus de décision qui fonctionne correctement. Comment imaginer que demain, on puisse aller vers de nouveaux élargissements ? » Et il ajoute « les différences structurelles entre l'Ukraine et nos pays sont si grandes (...) que faire entrer l'Ukraine dans l'Europe, ce serait déstabiliser directement toutes les politiques européennes. Il va créer un statut intermédiaire, inventé pour eux et avec eux, bien sûr », conclut-il.
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Malgré la grogne des agriculteurs partout en Europe notamment en Espagne et la remise en cause constante par la droite du Pacte vert, le gouvernement espagnol socialiste de Pedro Sanchez récuse l’idée de pause environnementale. Teresa Ribera, vice-présidente de ce gouvernement, en charge de la transition écologique et du défi démographique explique que l’Europe doit dialoguer avec les agriculteurs.
Selon elle, l’UE doit les accompagner vers de nouveaux modes de production tout en leur garantissant un revenu suffisant. Mais la sècheresse, l’érosion des sols et les restrictions en eau dans certaines régions d’Espagne comme la Catalogne et l’Andalousie - dans les campagnes comme dans les villes - montrent bien l’urgence en la matière. Teresa Ribera critique aussi le populisme du parti d’extrême droite espagnol « Vox », anti-écologique et anti-européen. À la veille des prochaines élections européennes, elle affirme que malgré des avancées majeures ces dernières années, les défis restent nombreux. Mais pour elle seule, l’Union européenne permettra à chacun des pays d’y faire face.
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Après sa récente nomination à la tête du groupe Renew au Parlement européen, Valérie Hayer se dit honorée d’une telle responsabilité : « on est ce groupe charnière sans lequel aucune majorité n'est possible au Parlement européen. Donc on a une vraie force d'influence. » estime-t-elle. L’occasion de rappeler ses priorités en cette année électorale : « Depuis 2019, on a eu des priorités très fortes autour du Green Deal, le fameux pacte vert, en ne laissant pas de côté les agriculteurs », estime la Présidente du groupe Renew Europe au Parlement européen. « On a une identité très forte autour de la protection de l'État de droit, des libertés fondamentales, des enjeux de compétitivité et de souveraineté européenne.»
Interpellée sur l’absence de tête de liste pour son parti, Valérie Hayer s’en défend : « On n'a pas de retard. Il y a beaucoup de questions en ce sens. La réalité, c'est qu'on parle d'Europe depuis le premier jour du premier mandat d'Emmanuel Macron. Et évidemment, la majorité présidentielle est active sur les enjeux européens. On a un ADN très fort autour de l'Europe et on va entrer dans la campagne dans les prochaines semaines » assure-t- elle. « Pour moi, l'enjeu, c'est de conserver l'unité et la cohésion du groupe sur les prochains dossiers législatifs qui arrivent, parce qu'on a encore du travail avant le lancement de la campagne. »
Fille et petite-fille d’agriculteurs, Valérie Hayer s’est exprimée sur la crise agricole qui a secoué l’Union européenne, ces dernières semaines. Une grogne qui n’est pas une grogne anti-Europe selon elle : « Il y a des mécontentements vis-à-vis de l'Union européenne, mais il y a aussi des attentes très fortes vis-à-vis du niveau national et preuve en est, le Premier ministre a fait une série d'annonces et ces annonces françaises nationales ont permis de lever les blocages au niveau agricole, au niveau national », explique-t-elle. Si Bruxelles a reculé sur certaines ambitions environnementales face à cette pression agricole, il n’est pas question pour Valérie Hayer d’opposer agriculture et environnement : « Les agriculteurs sont les premières victimes du réchauffement climatique et ils sont eux-mêmes l'un des acteurs majeurs dans la lutte contre le réchauffement climatique. », tonne la présidente du groupe Renew Europe au Parlement européen. « Ursula von der Leyen a fait des propositions d'aménagement, elle a aussi entamé un dialogue structurel sur l'avenir de l'agriculture, et je pense que c'est un point important, elle a fait aussi cette semaine une annonce de remise en cause de la fameuse loi de réduction des pesticides ». Une loi rejetée par le Parlement, au grand regret de Valérie Hayer : « On a tous intérêt, collectivement, à aller vers une réduction de l'usage des pesticides. Je voudrais dire que les agriculteurs ne sont pas les premiers ravis d'utiliser des pesticides pour des raisons sanitaires, pour des raisons de coût économique, évidemment, mais il faut qu'on les accompagne vers des alternatives quand elles n'existent pas. »
Un accompagnement auquel la présidente du groupe Renew Europe au Parlement européen n’associe pas à l’extrême droite, qu’elle juge hypocrite : « le Rassemblement national a voté en faveur de la PAC, c'est-à-dire les contraintes réglementaires de la PAC, mais il a voté contre le budget de la Politique agricole commune, c'est à dire les 9 milliards chaque année qui vont aux agriculteurs français, Jordan Bardella ne les a pas soutenus. Et puis par ailleurs, il y a quelques mois, il disait qu'il était le premier écologiste de France, aujourd'hui, il dit qu'il faut mettre à bas le Green Deal. Donc il y a cet opportunisme électoral qui est assez insupportable », regrette-t-elle.
Le Rassemblement national qui est classé loin devant Renaissance, le parti présidentiel en France, à 27 % dans les sondages contre 20 %. La Présidente du groupe Renew Europe au Parlement européen tient à garder ses distances avec ces sondages, estimant que la campagne n’a pas commencé « l'Europe c'est dans notre ADN. […] On a besoin d'Europe. On a fait beaucoup sur ce mandat. Il nous reste encore beaucoup à faire pour continuer à transformer l'Europe. On a des enjeux fondamentaux et donc on va entrer en campagne de manière déterminée, avec le souffle qu'on avait en 2017. […] Il faut qu'on accélère sur les enjeux de souveraineté avec pour nous ces deux priorités, c'est-à-dire l'Europe qui protège et puis l'Europe puissance. » conclut Valérie Hayer.
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