Avsnitt
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RĂ©unis par lâidĂ©e de crĂ©er un mĂ©dia un peu pirate pour parler du monde de la tech, Lauren Boudard et Dan Geiselhart ont lancĂ© en 2017 la newsletter Tech Trash. Ton ironique, visuels dĂ©calĂ©s, rubriques mordantes comme la fameuse âbulshit quoteâ de la semaine, ils ont rapidement trouvĂ© une identitĂ© percutante, sans oublier le fond. Avec aujourdâhui plus de 30 000 fans de ce rendez-vous hebdomadaire.
En avançant, le duo a vu tout le potentiel du format des newsletters. Ils viennent de rĂ©ussir leur campagne de financement participatif pour lancer une nouvelle newsletter, Climax, sur le climat : 2000 personnes ont souscrit un abonnement payant. Parce que lâobjectif pour eux est maintenant de vivre en dĂ©veloppant ces petits mĂ©dias. Et en accompagnant dâautres projets Ă©ditoriaux, grĂące Ă leur studio judicieusement baptisĂ© Courriel.
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Pour aller plus loin
https://www.crrl.xyz/
https://www.climaxnewsletter.fr/
https://www.techtrash.fr/
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Lâessentiel de lâĂ©pisode
04:20 Tech trash est nĂ© dâun constat mĂȘlĂ© dâune frustration : dans le milieu feutrĂ© de lâinnovation, beaucoup de choses se disent en off et bien souvent dans les mĂ©dias on trouve surtout les levĂ©es de fonds. Il y a assez peu de critiques. Quand on sâest lancĂ© en 2017, la startup nation avait le vent en poupe.
06:45 On sâest positionnĂ© avec notre ton : on parle un peu des mĂȘmes choses que dans les mĂ©dias tech mais un peu diffĂ©remment, en mettant en lumiĂšre les trucs quâon aime pas. Les lecteurs trouvaient chez nous quelque chose quâils ne trouvaient pas ailleurs. LâidĂ©e Ă©tait de proposer un rĂ©cit alternatif au mythe entrepreneurial.
08:15 On a rĂ©flĂ©chi Tech Trash comme un mĂ©dia, avec de nombreuses rubriques. Il y a une tendance aux newsletters trĂšs incarnĂ©es, avec un Ă©dito Ă©crit Ă la premiĂšre personne. Nous, on a surtout voulu lâincarner par le ton et pas les personnes. Le Canard EnchaĂźnĂ© nous a inspirĂ©, avec ses rubriques et son ton : on se sent un peu les pirates de la tech.
09:55 Il y a une couche dâanalyse et de donnĂ©es scientifiques, une couche de catharsis quand on pointe des propos absurdes et une touche dâhumour et de poĂ©sie. Tout cela donne un ton unique. Et les rubriques permettent de crĂ©er un Ă©quilibre dans tout ce quâon essaie dâinsuffler dans la newsletter. On est assez diffĂ©rent des newsletters Ă lâamĂ©ricaine.
10:40 Ces rubriques crĂ©ent aussi le rdv toutes les semaines, certaines touchent les gens, les font marrer, notamment la fameuse âbullshit quoteâ.
11:35 A la base, lâidentitĂ© visuelle Ă©tait Ă lâarrache. On lâavait dessinĂ©e seuls. On en a gardĂ© le fait de prendre des photos et de rĂ©Ă©crire dessus sur Paint pour le cĂŽtĂ© caricature et pirate quâon aime bien. Plus tard, on a Ă©tĂ© accompagnĂ©s par un trĂšs bon graphique qui nous a refait notre identitĂ© visuelle plus prĂ©cise qui fonctionne trĂšs bien et garde le cĂŽtĂ© dessinĂ© Ă la main quâon aime beaucoup.
16:18 Souvent les newsletters sont des aventures individuelles. Pour nous ce nâest pas totalement le cas, du coup ça nous demande un travail de coordination et de ne pas trop avoir dâego quand lâautre repasse sur le texte. On fait un trĂšs gros travail de veille, on sâenvoie des notes et des commentaires sur un Google doc. On Ă©crit puis on repasse sur les sujets de lâautre pour obtenir un ton uniforme mĂȘme si on est deux.
17:20 Tech Trash on le voit comme un collectif et beaucoup de gens nous envoient des infos.
19:50 Au dĂ©but on lâa fait sans rĂ©flĂ©chir au business model, parce quâon avait trĂšs envie de porter cette voix diffĂ©rente. On avait quand mĂȘme envie que ce soit un vrai mĂ©dia, mĂȘme si Ă lâĂ©poque, la newsletter Ă©tait vue comme un hobby et tout le monde pensait que ça sâĂ©crivait en 2h avant de lâenvoyer.
22:30 La publicitĂ© a Ă©tĂ© Ă©cartĂ©e de fait. Le payant, on a eu du mal Ă trancher. Du coup on sâest reportĂ© sur le modĂšle du don parce quâon avait atteint une communautĂ© suffisamment grande et avec un engagement suffisamment fort pour pouvoir espĂ©rer financer notre journĂ©e par semaine Ă de travail pour chacun.
23:30 On a 30 000 abonnĂ©s et vu quâon nâa jamais fait de pub, la croissance sâest faite par pics. Lorsquâon avait des reprises dans un mĂ©dia ou que la newsletter Ă©tait relayĂ©e par un influenceur, dâun coup on prenait 1000 abonnĂ©s. Maintenant, avec la taille, on gagne plusieurs centaines de nouveaux abonnĂ©s par semaine via le bouche Ă oreille.
25:15 Beaucoup de nos abonnés les plus engagés bossent dans le milieu de la tech ou des startups, aussi des geeks, des passionnés des nouvelles technologies.
La bonne surprise, ça a été que notre audience est assez équilibrée hommes-femmes.
26:45 La tech est un univers codé et pour comprendre certaines bullshit quotes il faut le connaßtre pour comprendre la saveur. Pour certains maintenant ça devient une maniÚre de découvrir cet univers.
28:00 Une autre bonne surprise ça a Ă©tĂ© que les gens rĂ©pondent assez naturellement Ă la newsletter, comme si câĂ©tait le mail dâun pote. On a lâimage du format de lâemail qui est assez vertical et froid, et en fait il permet bien lâinteraction. Et dâailleurs on essaie de rĂ©pondre Ă chaque mail.
30:05 Au lancement de Tech Trash, on sâest posĂ© la question du fond mais pas vraiment de la forme. Câest le fait dâavoir investi ce format durant 3 ans qui nous a convaincus quâil est hyper intĂ©ressant Ă investir, notamment pour sâaffranchir de contraintes dâun mĂ©dia traditionnel comme lâalgorithme de Facebook pour diffuser les articles. Il nây a pas dâeffets extĂ©rieurs qui viennent parasiter, avec en plus une libertĂ© de ton et de format.
31:50 Pour nous, la newsletter est avant tout un format Ă©ditorialisĂ©. Câest un peu le nouveau journal que tu reçois dans ta boĂźte mail plutĂŽt que dans la boĂźte aux lettres.
35:20 La newsletter existe depuis toujours, comme le podcast, et Ă un moment on sâest dit que câest le renouveau du journalisme. Ce quâon peut dire câest que câest un format sous utilisĂ© et il y a plein de choses Ă faire.
36:05 Câest un format pas trĂšs coĂ»teux, Ă part en termes de temps. Câest un mĂ©dia trĂšs accessible, pas coĂ»teux et pas compliquĂ© techniquement. Cela permet Ă plein de monde de se lancer sur un sujet de niche, une thĂ©matique qui les passionne. Comme Ă lâĂ©poque des blogs ou des radios pirates. On a bien 10 ans devant nous.
37:05 On nâest pas trĂšs loin dâen vivre assez raisonnablement. Il y a de la marge parce que câest assez lĂ©ger, pas besoin de gĂ©nĂ©rer un revenu trop important pour assurer une forme de pĂ©rennitĂ©.
37:50 Avec Climax, on a basculĂ© sur le payant. La campagne de financement participatif a permis de lever 3 fois plus quâavec Tech trash en 3 fois moins de temps. Mais câest vrai que câest encore balbutiant en France, il nây a que Brief me qui y arrive.
39:55 La passion economy permet de gĂ©nĂ©rer des revenus qui donnent une libertĂ© Ă des journalistes mais il y a aussi une vraie force dans le collectif, quâon peut potentiellement perdre avec la solitude de la newsletter. Avec Climax, on veut recrĂ©er une dynamique de comitĂ© de rĂ©daction. Je ne pense pas que tous les sujets seront Ă©pluchĂ©s pour ne devenir que des sous-verticales de niches. Câest plutĂŽt un phĂ©nomĂšne amĂ©ricain.
On croit beaucoup Ă lâintelligence collective, de faire des projets Ă plusieurs.
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Crédits
Interview : Jean-Baptiste Diebold
Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
Design graphique : Benjamin Laible
Générique et habillage sonore : Boris Laible
Intégration web : Florent Jonville
Production : Ginkio -
Voxe jusquâĂ fin 2019, avait la forme dâun chatbot sur Facebook Messenger destinĂ© Ă aider les jeunes Ă sâengager dans le dĂ©bat public, comme nous le racontait sa prĂ©sidente LĂ©onore de Roquefeuil dans lâĂ©pisode 17 dâA Parte. Elle est revenue nous expliquer comment Voxe sâest transformĂ©e en une newsletter dâempowerment pour les jeunes femmes.
Entre-temps, lâĂ©quipe a fait un gros travail sur son audience, pour identifier les personnes les plus engagĂ©es. Est alors apparue de maniĂšre un peu inattendue lâimportance des jeunes femmes de 20 Ă 40 ans et leur besoin de s'informer diffĂ©remment sur les sujets sĂ©rieux. Le rituel de la newsletter matinale sâest ainsi imposĂ©, avec un ton trĂšs travaillĂ© de discussion entre copines.
CÎté finances, le média veut équilibrer ses revenus entre ceux provenant de la communauté - club, programme de coaching et ces jours-ci campagne de donation - et ceux issus de marques en affinité avec les valeurs du média.
Lâessentiel de lâĂ©pisode
[02:40] Voxe est un mĂ©dia dâactu et dâempowerment fĂ©minin qui fonctionne principalement via une newsletter qui sâappelle La Quotidienne
[03:20] Il y a une partie actu, chaude ou tiĂšde : 4-5 brĂšves sur lâactu Ă©co, sociale, politique puis une actu centrale de 5000 signes pour entrer en profondeur.
La newsletter arrive chaque matin Ă 6h30 et permet dâĂȘtre au point sur lâactu pour la machine Ă cafĂ© ou la rĂ©union zoom du matin.
La deuxiĂšme partie prĂ©sente 5 piliers dâempowerment, diffĂ©rent chaque jour : travail, Ă©cologie, vie de la citĂ©, argent, culture.A la fin du mail, on trouve une sĂ©lection de bons plans et un exemple dâune femme qui a fait quelque chose de remarquable, parce quâon veut montrer des rĂŽles modĂšles.
[07:30] Le ton, câest un peu la âsauce secrĂšteâ de Voxe : on lâa pensĂ© comme une conversation. On considĂšre que pour quâune info soit bien assimilĂ©e, il faut se mettre Ă la place de la personne Ă laquelle on sâadresse. Le format questions-rĂ©ponses est Ă©crit vraiment avec les questions que nous nous posons.
On vise les urbaines de 20 Ă 40 ans : on parle et on Ă©crit comme nous on le fait avec nos amies, dâoĂč beaucoup de rĂ©fĂ©rences Ă la pop culture. Le but Ă©tant de donner la pĂȘche Ă la personne qui nous lit.
[10:30] Charlotte, qui a cofondĂ© Voxe et est journaliste de formation, rappelle souvent les deux rĂšgles de journalisme : âest-ce que ça intĂ©resse Mme Michu?â et la loi du mort-kilomĂštre. La rĂ©alitĂ© est trĂšs diffĂ©rente, notre audience par exemple est intĂ©ressĂ©e par des sujets trĂšs ardus, le Rwanda ou la dette publique.
On a une section dĂ©diĂ©e Ă lâĂ©change. On lâutilise pour expliciter nos rĂ©flexions Ă©ditoriales. Tous les vendredis, on propose de voter sur les sujets de la semaine suivante.
[15:35] La newsletter est un support trĂšs intĂ©ressant. MĂȘme les jeunes ouvrent leurs mails parce quâil y a plein de services pour lesquels on a besoin dâun mail, câest devenu lâĂ©quivalent de lâadresse postale. Mais câest est vrai quâon touche des gens moins jeunes que lorsquâon Ă©tait un chatbot sur Facebook Messenger. On est passĂ© de 18-25 ans Ă 20-40 ans.
La boĂźte mail est hyper intime : notre audience, ouvrir sa boĂźte mail câest la premiĂšre chose quâelle fait dans la journĂ©e.
La newsletter un outil qui est Ă©conomiquement et stratĂ©giquement hyper utile parce quâon contrĂŽle sa base de mails et quâon Ă©vite dâĂȘtre dĂ©pendant dâune techno qui nâest pas la sienne.
[17:50] JusquâĂ fin 2019, on publiait lâactu sous forme dâun questionnaire via un chatbot sur Messenger. On avait environ 20 000 abonnĂ©s qui avaient entre 18 et 25 ans, avec lesquels on Ă©changeait sous forme dâune conversation sur Messenger.
On sâest rendus compte quâon se lassait du format, quâon Ă©tait trĂšs contraints par Facebook Messenger et quâon commençait Ă voir nos taux dâouverture baisser, parce que Facebook changeait sa politique.
On a creusĂ© nos donnĂ©es et on sâest rendu compte que 70% des personnes qui cliquaient ou sâengageaient Ă©taient des jeunes femmes alors quâon ne sâĂ©tait jamais vus comme un mĂ©dia fĂ©minin. Du coup, on a menĂ© une Ă©tude auprĂšs des 500 plus actives de cette audience durant 8 semaines, avec un questionnaire par semaine, pour comprendre leur rapport Ă lâinfo : Ă quel moment elles sâinforment, ce dont elles ont besoin. On sâest rendu compte que pour elles lâinfo est trĂšs anxiogĂšne et quâelles aimaient notre aspect positif et dĂ©complexant. Elles aimaient aussi le cĂŽtĂ© pratique pour consommer lâinfo quand elles voulaient.[21:15] Les femmes paient moins pour de lâinfo. On sâest dit quâil y avait un truc particulier Ă faire sur la presse gĂ©nĂ©raliste pour ces jeunes femmes.
[21:55] Sur la newsletter tu vois moins de choses que sur un chatbot. On pouvait savoir Ă quel moment de la lecture les gens sâarrĂȘtaient. On a des donnĂ©es sur lâouverture, le nombre de personnes qui cliquent et donc sâengagent. Les clics Ă la fin sont la seule façon de voir si les gens vont jusquâau bout.
[23:35] Tous les 6 mois on fait une Ă©tude approfondie auprĂšs des lectrices.
[24:20] Pour lâinstant on se concentre sur la newsletter comme format auto-porteur pour avoir toute lâinfo sur un seul endroit et pour bien faire ça, câest du travail. On a plein de demandes pour le podcast, notamment des mamans nous disent quâen audio ce serait plus pratique le matin.
Le problĂšme du podcast câest la monĂ©tisation.
[26:40] On a conçu la newsletter comme un mĂ©dia communautaire. La premiĂšre brique câest le club. On lâa lancĂ© en novembre. Il permet dâavoir plus de Voxe : dâautres contenus, notamment la âFriteletterâ une fois par mois sur un sujet dĂ©ployĂ© un peu comme le fait le magazine Le 1, une confĂ©rence dâempowerment chaque mois. Actuellement, on augmente lâoffre pour donner accĂšs en permanence aux archives de la newsletter.
[30:50] On cible les jeunes marques de la transition, des vĂȘtements, de la cosmĂ©tique, des services, qui mettent les utilisatrices au centre et pensent Ă la planĂšte et Ă leur impact sur la sociĂ©tĂ©. LâidĂ©e est dâavoir 50% des revenus qui viennent de la communautĂ© et 50% de revenus de marques. On veut laisser une place importante Ă lâaudience.
[32:55] Le portrait-robot de notre audience, on lâappelle ChloĂ© : elle a 28 ans, elle vit Ă Nantes, elle a fait 2-3 annĂ©es dâĂ©tudes post-bac et elle est Ă un moment de sa vie oĂč elle pense Ă sâĂ©tablir.
[35:05] On peut le dire maintenant, il nous restait 6 mois de cash quand on a dĂ©cidĂ© le changement. On voulait tester la newsletter mais on nâĂ©tait pas serein. On a eu une chance folle, nos actionnaires nous ont dit oui.
On a testĂ© durant 6 mois et on a vu trĂšs vite le succĂšs, avec plein des mails de lectrices qui nous disent quâon a changĂ© leur rapport Ă lâactu. En 7 ans dâentreprenariat, je nâavais jamais eu ce sentiment. Quand tu nâas pas trouvĂ© ton marchĂ© tu ne le sais pas mais quand tu l'as trouvĂ© tu le sens.
Notre chance a été de commencer à exister au moment du premier confinement et comme on ne comptait pas sur des revenus, on ne comptait pas sur des revenus. On a eu un peu de temps pour apprendre.
[37:40] Pendant le premier confinement, certaines de nos lectrices nous ont parlĂ© de leurs questions existentielles sur leur boulot et nous ont proposĂ© des groupes de discussion. AprĂšs analyse du besoin, on a proposĂ© le programme dâaccompagnementâBoost campâ sur 5 semaines, avec 2h30 par semaine puis une sĂ©quence de mails qui permettent de se poser les bonnes questions pour prendre les rĂȘnes de sa vie pro.
[40:20] Pour participer Ă la vie publique, il faut se sentir lĂ©gitime, il y a un vrai sujet de confiance en soi et notamment de ne pas regarder ses chaussures quand un dĂ©bat Ă©clate et lâinfo est le premier outil pour ça.
Crédits
Interview : Jean-Baptiste Diebold
Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
Design graphique : Benjamin Laible
Générique et habillage sonore : Boris Laible
Intégration web : Florent Jonville
Production : Ginkio -
Saknas det avsnitt?
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Il y a deux ans, dans lâĂ©pisode 1 dâA Parte, Aude Favre nous racontait comment elle dĂ©montait les fake news sur Youtube avec sa chaĂźne WTFake. Toujours journaliste et youtubeuse pour raconter les coulisses de ses enquĂȘtes de fact-checking, Aude a vĂ©cu beaucoup de changements en 2020.
Le confinement lâa amenĂ©e Ă lancer des enquĂȘtes collaboratives en mobilisant sa communautĂ© de 86 000 abonnĂ©s. Peu avant, la collaboration avec France TV Slash sâĂ©tait arrĂȘtĂ©e, la conduisant Ă se tourner vers un modĂšle plus participatif pour financer sa chaĂźne.
Place donc Ă la communautĂ© : 1400 personnes sont actuellement rĂ©unies sur le serveur Discord et travaillent avec elle sur les enquĂȘtes. Pour Aude, ce fonctionnement ouvert est aussi une excellente maniĂšre de combattre les incomprĂ©hensions sur le travail des journalistes et tenter de restaurer la confiance entre ceux-ci et le grand public. Lâobjectif pour Aude maintenant, avec son camarade Sylvain Louvet, est de sortir une grande enquĂȘte collaborative qui pourra avoir un fort impact.
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Pour aller plus loin
La chaĂźne Youtube WTFake
Le Tipee de WTFake la rédac
LâĂ©pisode 1 dâA Parte avec Aude Favre
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Lâessentiel de lâĂ©pisode
[4:45 ] Ma chaĂźne est Ă lâarrĂȘt provisoirement. Je me suis rendu compte que câest bien de fact-checker dans la joie et la bonne humeur mais je ne sais pas si câest si efficace que ça. Je m'explique : on a eu de lâimpact sur beaucoup de contenus complotistes qui ont fini par disparaĂźtre, notamment parce quâils avaient honte et quâon les avait affichĂ©s. De ce point de vue câest efficace. Mais en mĂȘme temps lâefficacitĂ© Ă©tait limitĂ©e par le cĂŽtĂ© âAude contre le reste du mondeâ. Jâai mes petits moyens, jâai besoin de trois mois pour faire des vidĂ©os fouillĂ©es. Du coup jâai senti que câĂ©tait peut-ĂȘtre la fin dâun cycle.
[6:18] LĂ -dessus est venue se greffer la crise covid qui fait que je me suis retrouvĂ©e dĂ©munie : je nâĂ©tais plus en contrat avec France TV et jâai un peu Ă©chouĂ© Ă la campagne oĂč je nâavais aucun matĂ©riel. Et jâai commencĂ© Ă fact-checker avec la communautĂ©. Jâai dĂ©couvert Ă ce moment-lĂ la force que ça pouvait reprĂ©senter de travailler ensemble avec 100 puis 200 puis 600 et aujourdâhui 1400 personnes. On se retrouve sur le serveur Discord et on est la rĂ©dac WTFake.
[07:10] Câest hyper intĂ©ressant en termes dâimpact et en termes dâouverture du journalisme. On invite qui le souhaite, y compris des fans de certains documentaires un peu complotistes sont dans la rĂ©dac. Ensemble nous essayons de recouper des infos, dâenquĂȘter et ça fait rĂ©flĂ©chir tout le monde. Je crois de plus en plus en un mouvement d'alliance entre les journalistes et les citoyens pour assainir le dĂ©bat public. Je travaille avec Sylvain Louvet, journaliste avec lequel je travaille sur de nombreux projets.
[8:55] AprĂšs une ou deux vidĂ©os de fact-checking, oĂč je donnais un peu des devoirs aux gens, trĂšs rapidement jâai Ă©tĂ© dĂ©passĂ©e. Des gens de la communautĂ© mâont dit : il faut aller sur Discord. Pour tous ceux qui sây connaissent câĂ©tait vraiment la bonne solution car ça permet dâorganiser les choses.
[10:15] Je suis pas du tout geek, ils mâont tenu la main, certains sont devenus modĂ©rateurs et font un boulot de dingue. Câest gĂ©nial. jâai dĂ©couvert la force dâune communautĂ©, câest comme une petite famille. Aujourdâhui on est 1440. On se retrouve rĂ©guliĂšrement dans des lives sur Twitch et on fait progresser les enquĂȘtes sur Discord.
[11:40] Au dĂ©but il y avait des personnes qui nâĂ©taient pas dans lâambiance, qui est bon enfant, courtoise⊠Certains Ă©taient clairement dans la mouvance complotiste. Le problĂšme câĂ©tait la façon dont ils interagissaient, ils Ă©taient hargneux. Cela sâest calmĂ© rapidement
[12:45] Le Discord est ouvert Ă tous. GrĂące au travail des modĂ©rateurs, il n'y a pas de soucis. Dans les temps qui viennent, on va sâorganiser un peu plus, on va mettre des rĂšgles basiques sur le groupe : courtoisie, ne pas changer de pseudo tous les jours, ne pas contacter le ministĂšre de lâIntĂ©rieur au nom de la rĂ©dac...
[15:00] Jâai relancĂ© le Tipeee avec lâobjectif de 9000 euros par mois, qui est en fait un objectif bas pour produire des enquĂȘtes ambitieuses. Les enquĂȘtes coĂ»tent trĂšs cher mais je ne suis pas une bonne marketeuse. On doit ĂȘtre Ă 17% de lâobjectif. Câest aussi de mon fait dans le sens oĂč on nâa pas encore produit âLâenquĂȘte de la rĂ©dacâ qui peut ĂȘtre un produit dâappel pour que les gens donnent. Avec Sylvain Louvet, on veut faire une super belle enquĂȘte et on nâavait pas encore les moyens. On avait le choix de faire une enquĂȘte artisanale soit attendre de trouver des partenaires mĂ©dias intĂ©ressants, peut-ĂȘtre des donateurs⊠On a choisi la deuxiĂšme option. Depuis la rentrĂ©e, je suis partie en recherche de fonds, remplir des dossiers de 90 pages. Et donc Ă partir de ce moment-lĂ le Tipee nâa plus augmentĂ©. LĂ , on est en bonne voie pour produire quelque chose de vraiment chouette grĂące Ă des donateurs, un mĂ©dia web.
[18:40] Il y a des gens, notamment dans la communautĂ©, qui trouvent que ça ne va pas assez vite, quâon pourrait produire des enquĂȘtes. Mais dans lâexercice de rĂ©daction collaborative, il y a aussi cette idĂ©e que les enquĂȘtes câest long et ça prend du temps. Personne ne se doute quâil faut faire des notes de centaines de pages pour intĂ©resser les financeurs. Peut-ĂȘtre certaines personnes se demandent ce que je fais alors que jâai des journĂ©es de 29 heures⊠Peut-ĂȘtre que je devrais communiquer sur les rĂ©seaux sociaux. Pour moi, câest pas grave si je disparais quelque temps parce que je sais que ça avance.
[21:15] A la base je cherchais plutĂŽt Ă aider quelquâun sur Youtube, je ne voulais pas me mettre en avant. Câest une expĂ©rience vraiment Ă part. Jâai beaucoup de collĂšgues Ă la tĂ©lĂ© qui me regardent et se disent : quâest-ce quâelle fait ?
[22:15] Comme expĂ©rience câest trĂšs riche. Jâen retire que câest payant d'ĂȘtre soi et dây aller. Lâinformation est trop formatĂ©e. Ce que jâai fait sur ma chaĂźne pendant trois ans, je serais encore en train d'essayer si jâavais essayĂ© de le vendre Ă un gros mĂ©dia. Peu de gens parient sur des choses nouvelles.
[23: 10 ]LĂ oĂč ça me pose question câest les effets de foule, le trolling, la haine qui est assez forte.
Au dĂ©but, je regardais les notifications. Au dĂ©but, 80% des commentaires les gens aimaient bien. AprĂšs quand jâai commencĂ© Ă avoir un peu dâimpact, ça a fait moins rire un certain nombre de gens. LĂ jâai commencĂ© Ă avoir des trolls. Et ça a explosĂ© avec une vague en particulier (Lama FĂąchĂ©).
[24:50 ]En fait, ça a Ă©tĂ© les montagnes russes : des vagues de âcâest topâ et des vagues encore plus grandes de haine pure. Jâai passĂ© pas mal de temps trĂšs mal oĂč je ne dormais pas. Si tu lis trop ces commentaires, tu finis par penser que tu es la pire des crĂ©atures qui a existĂ© sur terre⊠En fait, il faut pas les regarder.
[26:00] Je me suis pris des torrents de haine par certaines pĂ©riodes. Jâai appris Ă le gĂ©rer. Je nâai pas pris de cours, mais finalement jâai arrĂȘtĂ© de regarder mes notifications et puis en fait je lis beaucoup et la littĂ©rature me fait un bien de dingue. Je n'ai jamais autant aimĂ© la littĂ©rature que depuis que je suis sur YouTube. Tu te poses, tu prends du recul, tu es dans le silence. Dans les rĂ©seaux sociaux, l y a un cĂŽtĂ© intoxication, ça t'attaque ton mental, tu ne fais plus que penser à ça. Je me suis rĂ©fugiĂ©e dans les bouquins, le silence, mes enfants. La vie est courte. Parfois il y a un seul mec sous 40 pseudos. De quel droit il peut me pourrir la vie?
Cela mâa pris du temps de relativiser ça. Câest important dâĂȘtre droit avec soi-mĂȘme. Je pense souvent aux jeunes qui se mettent sur ce truc-lĂ . A 38 ans câest bon, Ă 19 ans je nâaurais pas tenuâŠ
[30:10] La solution sur le financement, je la cherche. Je n'ai pas cette compĂ©tence de faire une stratĂ©gie Ă©conomique. Je suis une petite journaliste qui aime faire ses sujets. Sur Youtube il faut ĂȘtre entrepreneur, câest une autre paire de manches. Jâai juste crĂ©Ă© un Tipee. Je compte sur le fait que nos enquĂȘtes vont nous permettre dâasseoire une communautĂ© plus large. Je pense que lâavenir c'est de se faire financer par sa communautĂ©. C'est un dĂ©fi : crĂ©er une communautĂ© prend du temps mais c'est l'avenir.
[33:30] Jâai la chance d'avoir une sociĂ©tĂ© de production qui me suit dans mes diffĂ©rents projets, qui sâappelle Babel. On est Ă la frontiĂšre entre lâancien monde et le nouveau monde. Tout le monde dans les mĂ©dias se posent des questions. Jâavoue, je nâai pas de rĂ©flexion trĂšs pointue lĂ -dessus, câest peut-ĂȘtre un peu handicap. Lâargent, le financement, le marketing ne sont pas des choses qui me parlent. Mais je suis accompagnĂ©e, de la rĂ©dac, de Sylvain, de Babel.
[35:50 ]Le fact-checking nâest pas le graal. Cela ne marche pas toujours de faire comprendre Ă quelquâun quâil a tort. Cela ne suffit pas et ça ne marche pas toujours de montrer quâon a vĂ©rifiĂ©. A mon grand regret
Sur un live, on a eu un Ă©change hyper intĂ©ressant sur Hold up avec une femme qui en Ă©tait fan. Les faits vĂ©rifiĂ©s, elle sâen fichait . Câest perçu comme lâĂ©lite qui cherche Ă contrĂŽler lâinformation. Alors que non !
Câest ce qui me fait penser quâen crĂ©ant une sorte de mouvement collectif, oĂč chacun agrĂšge ses compĂ©tences, quâon va sâen sortir. En ouvrant la façon dont on travaille au plus grand nombre. Le problĂšme de fond, c'est la confiance. On est dans une sociĂ©tĂ© oĂč plus personne nâa confiance dans les journalistes alors quâils posent les questionnements de monsieur et madame tout le monde et se faire leur porte-voix. C'est dramatique Ă lâĂ©chelle dâune sociĂ©tĂ©. Câest lâessence de mon travail : rĂ©concilier journalistes et grand public, dialoguer ensemble, pour exiger un dĂ©bat public qui reposent sur des faits et non des fantasmes.
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Crédits
Interview : Jean-Baptiste Diebold
Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
Design graphique : Benjamin Laible
Générique et habillage sonore : Boris Laible
Intégration web : Florent Jonville
Production : Ginkio -
La tech nâest pas un monde rĂ©servĂ© Ă des ingĂ©nieurs blancs : elle infuse dans toute notre sociĂ©tĂ©. Câest sur ce postulat que le mĂ©dia Numerama a lancĂ©, en mars 2020, la newsletter #RĂšgle 30, allusion ironique Ă cette ârĂšgle des internetsâ qui prĂ©tend quâ âil nây a pas de femme sur internetâ.
Preuve du contraire, lâautrice de #RĂšgle30, Lucie Ronfaut, navigue dans la tech et le web depuis longtemps maintenant : aprĂšs 6 ans Ă travailler sur ces sujets au Figaro, elle a dĂ©cidĂ©, fin 2019, de devenir journaliste indĂ©pendante. Avec cette newsletter, elle a trouvĂ© lâendroit oĂč partager un regard plus âchaudâ sur ce monde trĂšs froid en apparence de la tech.
Bilan au bout de presquâun an : 2000 abonnĂ©s et un taux dâouverture de 57% en moyenne. Une belle performance. Lâobjectif pour cette annĂ©e est de dĂ©velopper lâinteractivitĂ© avec lâaudience, via un live Twitch par exemple et - dĂšs que possible - des rendez-vous en vrai.
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Pour aller plus loin :
La newsletter #RĂšgle30
https://www.numerama.com/newsletter-regle30-il-ny-a-pas-de-femmes-sur-internet/
Les podcasts réalisés par Lucie pour Binge Audio :
https://www.binge.audio/podcast/programme-b/les-skyblogs-ladolescence-du-web
https://www.binge.audio/podcast/programme-b/mort-a-la-ligne?uri=mort-a-la-ligne%2F
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Lâessentiel de lâĂ©pisode :
[02:30] Numerama voulait une newsletter qui mĂȘle les sujets dâinclusivitĂ©, de fĂ©minisme et de tech parce que ce sont des sujets quâils abordent beaucoup. Pour eux, dans un monde oĂč tout est numĂ©rique, traiter du numĂ©rique, câest parler de la sociĂ©tĂ©.
Marie Turcan qui est rédactrice en chef et Julien Cadot qui est COO sont venus me voir. On a discuté plusieurs mois et on est tombé sur cette idée.
[03:30] RĂšgle 30 câest une inside joke. Nous ne sommes pas tombĂ©s dessus tout dessus. Un titre câest toujours difficile⊠Câest une rĂ©fĂ©rence Ă ârule 30â. Au dĂ©but des internets il y avait une blague comme quoi il y avait des ârĂšglesâ. La plus connue est la 34 selon laquelle, quand il existe quelque chose, il en existe du porno. On connaĂźt moins la rĂšgle 30 : âil nây a pas de femme sur internetâ. Comme les filles aiment pas aller sur internet, si tu parles Ă une femme, câest sans doute en fait un mec.
Cette blague un peu stupide collait en fait assez bien Ă ce quâon voulait faire : se concentrer sur tout ce qui nâest pas le clichĂ© du geek, un homme, blanc, jeune, peut-ĂȘrre avec des lunettes⊠On parle de femmes, de personnes LGBT, racisĂ©es, handicapĂ©es. On essaie de sortir un peu de ce clichĂ©.
[05:30] Câest une newsletter dâactu car hebdo. Elle est divisĂ©e en 3 parties : un Ă©dito sur une actu qui a accrochĂ©e notre attention.
[07:00] LâĂ©co et les produits ce sont souvent les angles privilĂ©giĂ©s de la tech. Les angles sociĂ©taux ont longtemps Ă©tĂ© les parents pauvres de la tech et câest que Numerama veut mettre en avant.
[07:50] Je ne suis pas toute seule. Je travaille toutes les semaines avec Marie Turcan, redchef de Numerama. Le lundi entre 10 et 16 heures, je vais voir Marie. Elle me fait ses retours, on dĂ©bat et ensuite je mets Ă Ă©crire. Jây consacre environ une journĂ©e. Le plus gros câest lâintro, qui fait entre 3 et 5 000 signes. Ensuite il y a la revue de presse. Câets un travail qui se fait tout au long de la semaine pour ma curiositĂ© et mon travail, je âpocketeâ mes articles. Le lundi jâen choisis quatre, avec au moins un article en français. Jâessaie aussi de trouver des articles qui nâont pas trop tournĂ©.
La 3e partie, câest la reco culture : jâessaie dâĂ©largir, dâouvrir le point de vue. Si ça touche aux nouvelles technologies, de prĂšs ou de loin, et Ă lâinclusivitĂ©, je vais en parler. Le but ce nâest pas forcĂ©ment de parler des nouveautĂ©s. Cela peut ĂȘtre un livre de science fiction dâil y a 10 ans, une vidĂ©o de la semaine derniĂšre...
[11:38] Au Figaro, on nâutilise pas le âjeâ. Je pense que câest avec Numerama quâon sâest dit que cet usage Ă©tait appropriĂ©. Je viens en tant que femme dans la tech, qui en a aussi subi les mauvais aspects, comme le sexisme. Je ne fais pas du journalisme gonzo mais jâessaie de personnifier lâinformation, de la mĂȘme maniĂšre que sur Twitter. Cela me permet de faire des blagues ou des coups de gueule, dâavoir une Ă©criture âplus chaudeâ vis Ă vis dâune actu tech plutĂŽt froide, un peu dĂ©sincarnĂ©e. Jâessaie de la rĂ©incarner.
[14:15] On voulait une newsletter courte, qui puisse ĂȘtre lu en 5 minutes dans le mĂ©tro.
On utilise le logiciel Mailchimp qui donne 2 stats principales : le taux dâouverture qui laisse pense que le format plait et le taux de clics
On vient de passer la barre des 2000 abonnés, avec un taux d'ouverture de 57%. Cela nous rend fiers.
[13:40] Fin 2020, jâai demandĂ© aux lecteurs ce quâils voulaient changer : on a beaucoup de compliments, le format a lâair de plaire.
On est Ă la recherche de pas mal dâinteractivitĂ©. Autoriser une newsletter Ă venir dans sa boĂźte mail, câest une marque de confiance. Mais on a moins dâinteractions quâun article, on nâa pas les commentaires. En fin de semaine je vais faire un premier live Twitch.Quand on rĂ©pond au mail je peux consulter. Jâessaie dâencourager cette interactivitĂ©.
[18:10] Lâenjeu câest de tomber du premier coup dans lâonglet boĂźte principale et pas promotions. Lâennemi n°1 câest Gmail et ses onglets. On a remarquĂ© que les mots lesbiennes, pĂ©nis, vagin sont utilisĂ©s, la newsletter est moins ouverte, sans doute parce quâelle a Ă©tĂ© envoyĂ©e dans les promotions et donc moins vue.
[21:45] On a deux leviers : ceux de Numerama, sur Twitter et Facebook, un peu moins Instagram. Et aprĂšs moi de mon cĂŽtĂ©, je vais utiliser mes rĂ©seaux. Jâai 18 000 followers sur Twitter. A un moment dans la semaine, je rappelle que jâai une newsletter. Et le jour oĂč on envoie la newsletter, je fais une capture dâĂ©cran, je le relaie sur Twitter et Instagram.
De plus en plus, on a aussi des lectrices et des lecteurs qui en parlent directement sur Twitter. Cela nous permet de toucher une audience qui nâest pas la nĂŽtre et câest une dĂ©marche super valorisante.
On a remarquĂ© aussi que dĂšs que jâai de la visibilitĂ©, mĂȘme sans rapport avec la newsletter, cela crĂ©e des nouveaux abonnĂ©s.
[25:05] Le succĂšs actuel des newsletters montre un vrai intĂ©rĂȘt pour une info qui va un peu moins vite, une info plus Ă©ditorialisĂ©e. Il y a un charme un peu rĂ©tro dâattendre le numĂ©ro suivant.
Cela dit aussi des choses sur les jeunes journalistes et leur place dans les rĂ©dactions. Peut-ĂȘtre un retour Ă quelque chose de plus petit, reprendre un peu le contrĂŽle sur la maniĂšre dont on veut traiter lâinfo.
Enfin, on retrouve un rapport plus direct avec le lecteur ou la lectrice. Je ne reçois jamais dâinsultes, contrairement aux espaces de commentaire dans les mĂ©dias, oĂč câest la guerre. Câest un rapport beaucoup plus sain
[28:45] La newsletter est un vieux format. Elle a Ă©tĂ© longtemps quelque chose de fĂ©minin. Est-ce que câest une bulle ? Les meilleures et celles qui sont amenĂ©es Ă durer sont celles qui rĂ©munĂšrent la personne qui les produit et encadre cette personne.Câest du travail. Avoir un Ă©diteur, un redchef qui relit, câest essentiel Ă sa pĂ©rennitĂ© et aussi un gage de qualitĂ© sur le long terme. Câest un format assez enthousiasmant. Convaincre une personne de payer, câest retrouver ce rapport direct. Il y aura forcĂ©ment un Ă©crĂ©mage. Je suis assez optimiste. Je suis trĂšs cliente, je suis abonnĂ©e Ă au moins 40 newsletters et je les lis toutes!
[31:50] Je suis journaliste indĂ©pendante depuis plus dâun an : je suis partie du Figaro juste avant la pandĂ©mie⊠Le Figaro Ă©tait ma premiĂšre expĂ©rience professionnelle qui a Ă©tĂ© super. Jâapprochais de la fin de ma vingtaine. Jâai eu envie de prendre un peu de risques, de travailler avec d'autres rĂ©dactions et de creuser ces sujets de sociĂ©tĂ© et dâinclusivitĂ©.
Jâai eu la chance de travailler avec Numerama dĂšs mars 2020. Avoir des piges rĂ©guliĂšres câest le graal. Je travaille avec LibĂ©ration, Le MondeâŠ
Jâavais aussi envie dâaborder des formats diffĂ©rents, la newsletter, le podcast. Binge audio mâa donnĂ© ma chance alors que je ne venais pas de lâaudio.
Je sors un roman en avril : âLes rĂšgles du jeuâ, sur les startups et le fĂ©minisme, aux Ă©ditions La ville brĂ»le.
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Crédits
Interview : Jean-Baptiste Diebold
Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
Design graphique : Benjamin Laible
Générique et habillage sonore : Boris Laible
Intégration web : Florent Jonville
Production : Ginkio -
Mi-mars, en plein confinement en Normandie, Laetitia Vitaud et son conjoint Nicolas Colin se posent beaucoup de questions existentielles. âNous avions envie de prendre la parole et de travailler ensemble.â Ainsi naĂźt âNouveau DĂ©part, le mĂ©dia de la crise et de la transitionâ avec la volontĂ© pour eux dâen tirer un revenu dans ce monde incertain pour des indĂ©pendants.
Laetitia Vitaud est autrice : elle a publiĂ© en 2019 le livre Du Labeur Ă lâouvrage, elle anime la newsletter gratuite Laetitia@work sur le futur du travail et le fĂ©minisme, et elle est aussi rĂ©dactrice en en chef pour la startup Welcome to the jungle. Quant Ă Nicolas Colin, cofondateur de lâaccĂ©lĂ©rateur de startups The Family, il est spĂ©cialiste du monde numĂ©rique et Ă©dite la newsletter âEuropean Straitsâ.
âNouveau MĂ©diaâ a dĂ©marrĂ© en vidĂ©o mais les tests sur ce format ne sont pas rĂ©vĂ©lĂ©s concluants : format trop complexe Ă produire. La newsletter inclut finalement des contenus Ă©crits - Ă©ditos ou notes de lecture - ainsi que les Ă©pisodes du podcast âA Deux Voixâ, rĂ©servĂ©s aux abonnĂ©s. Tout lâenjeu est en effet de convaincre lâaudience de soutenir le projet Ă hauteur de 150 euros par an. RĂ©sultat au bout de 6 mois : environ 5% des inscrits - 3000 en tout - sautent le pas du payant.
La suite est dĂ©jĂ en construction : âBuilding Bridgesâ, sorte de version europĂ©enne de âNouveau DĂ©partâ, propose des interviews sous forme de podcast en anglais, dĂ©clinĂ©es en français, allemand et bientĂŽt espagnol.
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Pour aller plus loin (liens Ă mentionner)
Laëtitia Vitaud est présente sur LinkedIn et sur Twitter.
âNouveau DĂ©partâ a sa page LinkedIn, sa chaĂźne YouTube, son compte Twitter.
Les conseils newsletter de Laetitia...
...sur le futur du travail...
Zevillage (Xavier de Mazenod)
Billet du futur (Samuel Durand)
La Mutante (Noémie Aubron)
Remotive (Rodolphe Dutel)
Fwd: Economy (MIT)
The Professional Freelancer (Anna Codrea-Rado)
O'Reilly Next Economy (Tim O'Reilly)
⊠sur dâautres sujets...
European Straits (la newsletter de Nicolas Colin)
Idée fixe (Toni Cowan-Brown)
The Uncertainty Mindset (Vaughn Tan)
Behavioral Scientist
Maker Mind (Anne-Laure Le Cunff)
Les Glorieuses (Rebecca Amsellem)
Culture Study (Anne Helen Petersen)
Plumes with Attitude (Benjamin Perrin)
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Lâessentiel de lâĂ©pisode (avec time code)
[06:25] Les usages du podcast ont Ă©voluĂ©. Les gens avaient lâhabitude de les Ă©couter sur le chemin du travail, un demi-Ă©pisode le matin et lâautre le soir. Le confinement a crĂ©Ă© de nouveaux usages : en faisant la cuisine ou en faisant son sport. On y revient dâautant plus quâon en a marre dâavoir les yeux rivĂ©s sur lâĂ©cran, le fameux tunnel zoom.
[06:43] Une fois quâon a levĂ© le verrou technique, sur les outils et la qualitĂ© du son, il y a quand mĂȘme un petit coĂ»t dâentrĂ©e. AprĂšs, il nây a plus de limite. Les gens sont plus disponibles.
[08:00] Nouveau DĂ©part est une newsletter : les abonnĂ©s qui paient un abonnement reçoivent des contenus exclusifs, le podcast âA deux voixâ, qui est une conversation avec nos deux approches diffĂ©rentes qui est diffĂ©rent de ce quâon entend Ă la radio. On en fait deux fois par semaine.
Le chapeau, câest âle mĂ©dia de la crise et de la transitionâ. On a compris que la crise actuelle accĂ©lĂšre un certain nombre de phĂ©nomĂšnes en germe et qui nous font passer dâun paradigme Ă un autre. Le prisme de Nicolas câest lâĂ©conomie numĂ©rique et l'entrepreneuriat. Mon angle de travail est le futur du travail, les transformations des organisations.[13:43] La newsletter permet dâenvoyer des formats diffĂ©rents. Le lundi par exemple on envoie un Ă©dito Ă©crit avec une version audio et Ă tous nos inscrits.
[15:39] La newsletter est du coup plutĂŽt un canal mais cela a ceci de particulier que ça crĂ©e un lien diffĂ©rent avec les abonnĂ©s : il suffit de rĂ©pondre pour interagir directement avec la personne qui crĂ©e le mĂ©dia et de maniĂšre beaucoup plus intime, plus direct. Pas du tout comme de laisser un commentaire au bas dâun article ou dâun blog de maniĂšre anonyme. LĂ câest toujours plus constructif.
[17:20] On a largement dĂ©passĂ© les 100 abonnĂ©s. Câest intĂ©ressant de regarder la courbe. Au dĂ©but ce temps quâon passe pour trĂšs peu dâabonnĂ©s , ça semble pas du tout rentable. Et arrive un moment quand ça progresse, on voit que ça commence Ă valoir la peine, et puis on commence Ă envisager dâacheter du matĂ©riel, dâavoir des personnes qui nous aident.
[19:02] Un mĂ©dia comme ça finalement câest une startup : toucher le plus de gens possible, tu attires un maximum de gens avec du contenu gratuit, tu les habitues et puis un jour certains passent le pas du payant. Donc le dĂ©fi câest de savoir ce qui va leur faire franchir le cap, en faisant dĂ©couvrir par exemple notre podcast, ou avec des opĂ©rations spĂ©ciales.
[21:05] Environ 5 et 10% inscrits sont abonnĂ©s et on doit ĂȘtre Ă un peu moins de 3000 inscrits, avec Ă peu prĂšs 5-6% abonnĂ©s.
[23:05] Il y a quelque chose de trĂšs personnel, câest une relation qui sâĂ©tablit. Soit ils aiment cette maniĂšre de voir le monde, en particulier pour lâun de nous deux. Câest nous quâon vient suivre. Souvent des gens avec lesquels on a dĂ©jĂ interagi, par exemple lors dâune confĂ©rence.
[28:45] Dans un monde qui se polarise, oĂč on cherche des choses tranchĂ©es, singuliĂšres, le cĂŽtĂ© âmĂ©dia fourre-toutâ, qui ne se mouille pas, sans identitĂ©, câest pas forcĂ©ment ce que les gens viennent chercher. Pour un accĂšs Ă lâinformation brute, oui, mais seules quelques institutions pourront jouer ce rĂŽle.
[29:27] On voit Ă©merger des modĂšles singuliers, dâindividus, souvent des anciens journalistes, qui dĂ©cident de faire disparaĂźtre cet intermĂ©diaire quâest le mĂ©dia traditionnel et vont sâadresser directement Ă une communautĂ©, parfois ils ont mĂȘme dĂ©jĂ construit une audience.
[32:24] Est-ce quâil y a de la place pour tout le monde ? Dans cette phase de conquĂȘte, il y a des gens qui vont prendre des places. Mais Ă un moment il va y avoir saturation.
[33:10] Pour arriver Ă 100 abonnĂ©s prĂȘts Ă payer, il faut en avoir touchĂ© 10-20 000. Câest pas un hasard si beaucoup de ceux qui rĂ©ussissent Ă en vivre sont des journalistes car il vaut mieux avoir une audience au dĂ©part.
[34:10] En thĂ©orie les grands mĂ©dias ont une opportunitĂ© extraordinaire de recruter des talents et de redevenir plus glamour auprĂšs dâune audience qui Ă©volue, comme Ă lâĂ©poque des blogueurs. Câest ce quâavait fait New York Times avec le blog FiveThirtyEight de Nate Silver pour les Ă©lections de 2012.
[35:25] Ces stars de la passion economy deviennent des mĂ©dias eux-mĂȘmes et ils perdraient en libertĂ©, indĂ©pendance, autonomie sans gagner forcĂ©ment en notoriĂ©tĂ©. Il faudrait pouvoir les dĂ©tecter au bon moment, avant quâils soient des superstars et ça nĂ©cessiterait de prendre des risques, dâĂȘtre trĂšs curieux des petites pousses. Jâai pas lâimpression que les grands mĂ©dias fassent ça. Et jâai lâimpression que les grands mĂ©dias font cela avec beaucoup de retard.
[38:11]Pour exister dans la passion economy il faut pouvoir dire âjeâ, exister comme une personne singuliĂšre, avoir une identitĂ© Ă©ditoriale trĂšs claire, une niche.
[38:51] Il faut se lancer ! CrĂ©er un mĂ©dia câest un vĂ©hicule pour crĂ©er son identitĂ© dans un contexte oĂč il faut construire une rĂ©putation, un rĂ©seau. Beaucoup de podcasts que jâaime bien sont partis comme ça. Ils lâont fait au dĂ©but sur une volontĂ© dâapprendre, pas immĂ©diatement avec lâidĂ©e dâen faire quelque chose de rentable. Et finalement ils en ont fait quelque chose dâunique, et se sont crĂ©Ă© un revenu.
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Crédits
Interviews : Jean-Baptiste Diebold
Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
Design graphique : Benjamin Laible
Générique et habillage sonore : Boris Laible
Intégration web : Florent Jonville
Production : Ginkio -
La dĂ©fiance vis-Ă -vis des grands mĂ©dias tient en partie Ă lâactionnariat de ces entreprises, avec la prĂ©sence de nombreux milliardaires, et au doute sur lâindĂ©pendance des rĂ©dactions qui en dĂ©coule. Ce constat constitue le point de dĂ©part dâUn Bout du Monde qui propose, via un financement participatif, Ă tout un chacun de devenir membre de cette association qui a vocation Ă peser sur la gouvernance du Monde et dâautres mĂ©dias.
Les deux animateurs de la campagne, Assen Lekarski, fondateur de l'agence Kokoshka (ex-Newspayper), et CĂ©cile Calmon, chargĂ©e d'opĂ©rations au sein d'Un Bout du Monde, nous racontent ce projet portĂ© par lâĂ©conomiste Julia CagĂ©, autrice de Sauver les mĂ©dias et prĂ©sidente de la sociĂ©tĂ© des lecteurs du Monde.
Cette association souhaite devenir une sorte dâ «ONG» pour les mĂ©dias français, permettant Ă la fois de mobiliser une communautĂ© impliquĂ©e dans lâindĂ©pendance des rĂ©dactions et de fournir un support logistique, juridique⊠aux mĂ©dias ayant des problĂ©matiques dâactionnariat.
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Pour suivre Un Bout du Monde
Site Un Bout du Monde : https://unboutdumonde.org/ Campagne KisskissBankbank : https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/unboutdumonde?utm_source=unboutdumonde&utm_campaign=aparte&utm_medium=podcast------
Lâessentiel de lâĂ©pisode
[06:07] LâidĂ©e de Julia CagĂ© est de concrĂ©tiser pour le Monde et les grands mĂ©dias la capacitĂ© Ă fĂ©dĂ©rer de maniĂšre citoyenne et dĂ©mocratique les journalistes, les salariĂ©s et les lecteurs afin de leur permettre dâentrer dans le capital de ces mĂ©dias
[07:14] Pourquoi câest intĂ©ressant de faire appel au grand public ? En France la question de la production de lâinformation est Ă©minemment politique, câest trĂšs prĂ©sent dans le dĂ©bat. Tout le monde a un avis sur les mĂ©dias, notamment mainstream. Il suffit de regarder lâarrivĂ©e de Daniel Kretinski au capital du Monde.
[08:37] Il y a un besoin de fiabilitĂ©, un besoin de comprendre, avec beaucoup de sujets complexes Ă apprĂ©hender (climat, 5GâŠ). Lâassociation fait aussi le constat dâun manque de confiance dans lâinformation proposĂ©e avec, parmi les facteurs Ă©voquĂ©s, la question de lâactionnariat. Il y a une volontĂ© de sâinvestir Ă lâĂ©chelle individuelle et pas forcĂ©ment la structure qui permet de sâorganiser collectivement pour peser dans le dĂ©bat public et participer au financement des mĂ©dias.
Donc lâidĂ©e du financement participatif, câest de remettre les citoyens au centre du jeu. Les mĂ©dias sont un pilier de la dĂ©mocratie : aujourdâhui on fait le constat dâun doute grandissant vis-Ă -vis des mĂ©dias dits mainstream. Le financement participatif permet de parler Ă chacun et de peser collectivement. Il y a vraiment cet effet de bascule.
[11:21] Quand Daniel Kretinski a rachetĂ© la participation de Mathieu Pigasse dans Le Monde, câest uniquement grĂące Ă la mobilisation des journalistes, des salariĂ©s et des lecteurs mobilisĂ©s par le journal contre cet actionnaire non dĂ©sirĂ© quâun droit dâagrĂ©ment a pu ĂȘtre obtenu par les journalistes et le pĂŽle dâindĂ©pendance.
Lâassociation Un Bout du Monde vise Ă consolider ce soutien dans le temps et de se doter de fonds pour mener des actions dâentrĂ©e au capital lĂ oĂč ce sera possible, avec une prĂ©sence au conseil dâadministration. Et tout simplement aussi avoir cette foule prĂȘte Ă se battre pour lâindĂ©pendance des journalistes, des gens identifiĂ©s, prĂȘts Ă se battre et facilement mobilisables.
[12:58] Câest une sorte dâONG des mĂ©dias quâon est en train de crĂ©er avec Au Bout du Monde, comme dans lâenvironnement, avec des gens prĂȘts Ă se mobiliser pour des causes et des initiatives.
[14:12] Julia CagĂ©, en tant que prĂ©sidente de la SociĂ©tĂ© des Lecteurs du Monde, participe aux rĂ©unions avec les actionnaires et a Ă©voquĂ© lâassociation. La direction du Monde soutient lâinitiative, ainsi que le po^le dâindĂ©pendance, membre de lâassociation, et la SociĂ©tĂ© des RĂ©dacteurs du Monde.
[15:42] Un point lié au financement participatif : quel que soit le montant de la participation, 5 ou 30 euros, chaque personne a une voix en assemblée générale. Une personne, une voix.
[17:11] Dans lâaction dâUn Bout du Monde vis-Ă -vis des autres mĂ©dias, il y a bien sĂ»r les situations de crise, avec des actionnaires non dĂ©sirĂ©s, pour mobiliser lâopinion mais il existe aussi des situations oĂč des rĂ©dactions ont envie dâune nouvelle gouvernance et ont besoin dâun accompagnement. Par exemple de petits mĂ©dias indĂ©pendants qui ont fait des choix courageux et ont des questionnements juridiques pour Ă©voluer vers un schĂ©ma de fondation comme on le pousse.
[19:30] On peut aussi soutenir lâaction des journalistes sâils sont en grĂšve, sâils veulent dĂ©fendre leur indĂ©pendance Ă cause de dĂ©cisions qui touchent leur Ă©thique ou leurs conditions de travail, on sera lĂ pour les dĂ©fendre, nous et la communautĂ©.
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Crédits
Interviews : Jean-Baptiste Diebold
Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
Design graphique : Benjamin Laible
Générique et habillage sonore : Boris Laible
Intégration web : Florent Jonville
Production : Ginkio -
AprĂšs des annĂ©es passĂ©es en Suisse au journal Le Temps et au sein du jeune site Heidi.news, mĂ©dias oĂč il a dĂ©veloppĂ© de nombreuses newsletters, Jean Abbiateci a lancĂ© Bulletin.fr en juin 2020. Un mĂ©dia Ă taille humaine qui va pouvoir grandir avec le nombre de ses abonnĂ©s.
Le point de dĂ©part de son aventure entrepreneuriale ? Franchir le mur du temps ! Les formats courts des bulletins sont en effet pensĂ©s pour sâadapter aux vies trĂšs denses des 30-45 ans. ConcrĂštement, Bulletin utilise le canal de la newsletter pour proposer de mini-magazines Ă haute valeur ajoutĂ©e en terme de confort visuel et avec la promesse dâĂȘtre lisibles en 5 minutes.Jean Abbiateci mise sur la curiositĂ©, une vertu selon lui dĂ©laissĂ©e par les mĂ©dias, en mĂ©langeant infos concernantes et dĂ©couvertes. Son modĂšle Ă©conomique est âfreemiumâ : on sâabonne gratuitement Ă un bulletin et, si on en veut plus, il faut sâabonner. Prochaines thĂ©matiques Ă venir : parentalitĂ©, Ă©crans, psycho-sciences...
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Pour aller plus loin
Le site de Bulletin Les coups de coeur de Jean Abbiateci : la revue Pays actuellement en campagne de financement participatif, le collectif Argos sur les questions climatiques et le collectif Youpress qui travaille beaucoup sur les questions de harcĂšlement au travail. Un petit coup de coeur personnel : le magazine SphĂšres.-----
Lâessentiel de lâĂ©pisode (avec time code)
[05:53] : Le sentiment que jâai, qui est peut-ĂȘtre iconoclaste, est quâil faut aller vers le format court. Je ne voulais pas faire un mĂ©dia qui soit mis dans une bibliothĂšque de maniĂšre un peu cĂ©rĂ©monielle mais un mĂ©dia qui soit lu.
[08:25] Jâai lâimpression aujourdâhui quâun mĂ©dia doit devenir un mĂ©dia compagnon, qui nous accompagne au long de la journĂ©e, de la semaine, du mois. On ne peut plus juste dire : venez chez nous, on a du contenu.
[08:59] : La newsletter, par son format simple, rĂ©gulier, qui crĂ©e un rendez-vous, ouvre sur dâautres sources, permet de rĂ©aliser ce mĂ©dia compagnon. La newsletter du New York Times est trĂšs incarnĂ©e. Un mĂ©dia doit ĂȘtre comme un guide de musĂ©e qui indique ce qui est intĂ©ressant Ă regarder aujourdâhui sur un sujet. Câest un mĂ©lange de recommandations, de conseils de lectures...
[10:24] Une bonne newsletter câest de lâinfo et de lâesprit. Dans cet ordre-lĂ .
[11:05] Une des promesses initiales de la newsletter câest : moi lecteur, je vous donne mon adresse email et vous, Ă©diteur,vous engagez Ă mâenvoyer du contenu ma ma boĂźte mail, sinon je vous supprime. Cela crĂ©e un lien trĂšs fort.
[11:25] Le modÚle des pages vues ne permet plus de créer ce lien entre le lectorat et une rédaction
[12:03] LâidĂ©e est de crĂ©er de mini-magazines pour le mobile. On a vraiment travaillĂ© sur le design, avec un dĂ©coupage court, de petites formats, on a crĂ©Ă© des cartes de textes, dâimages, de quizz⊠Faire lâexpĂ©rience la plus simple, la plus agrĂ©able possible. Quâon puisse lire un Bulletin avec un cafĂ© le matin
[15:03] Mon obsession Ă©tait dâĂ©viter de faire un mĂ©dia de journaliste pour des journalistes. Câest un des biais quand on crĂ©e des mĂ©dias, on sâĂ©coute beaucoup et on a envie dâĂȘtre reconnus par nos pairs. Il faut beaucoup plus Ă©couter les gens qui seront vos lecteurs : bouchers, fonctionnaires⊠Quand je travaille sur mes audiences, je chasse ceux que jâai identifiĂ©s comme journalistes pour ne pas ĂȘtre biaisĂ© dans lâanalyse.
[16:38] La cible de Bulletin, ce sont les CSP+ - parce que ce sont eux qui lisent de lâinformation - dans les villes de province. En fait jâai pensĂ© Ă ma femme qui est institutrice. Comment faire un mĂ©dia pour elle ? Comment est-ce quâelle consulte lâinfo, quâest-ce quâelle lit, quâest-ce qui lâintĂ©resse ? RĂ©ponse, un mĂ©lange entre des infos pratiques et des infos inspirantes. Pour moi cette façon de faire est moins intimidante que dâimaginer un mĂ©dia pour une audience large.
[18:10] Aujourdâhui on a 500 prĂ©-abonnĂ©s payants via un crowdfunding. Et puis 9000 abonnĂ©s gratuits. Grosso modo ils ont entre 30 et 45 ans, câest un public en lĂ©gĂšre majoritĂ© fĂ©minin, plutĂŽt CSP+.
[19:20] Le projet Bulletin, ce sont des bulletins Ă la carte. On sâabonne aux bulletins qui nous intĂ©ressent. Pour lâinstant il y a un bulletin sur lâactualitĂ©. Et demain il y aura un bulletin sur la parentalitĂ©, sĂ»rement un sur les Ă©crans, un entre psycho et sciences... Câest le mĂ©dia Ă la carte.
[20:15] Ce qui me frappe câest que dans la presse française il y a peu de choses sur la parentalitĂ© qui mâintĂ©ressent moi, pĂšre de 3 enfants. Je pense quâil y a un crĂ©neau Ă prendre.
[21:09] Ce nâest pas que de lâutile, câest un mix entre des choses concernantes et des choses qui mâouvrent. Je crois beaucoup au âmĂ©dia piĂšgeâ .
[22:38] Un bon mĂ©dia doit Ă©couter ses lecteurs et les ouvrir Ă dâautres choses.
[23:15] Je fais une part importantes Ă des articles de chercheurs, pas que des articles de journalistes.
[24:20] En crĂ©ant Bulletin, je voulais Ă©viter une erreur. Jâai vu beaucoup de copains qui crĂ©aient des mĂ©dias. Ils font une super revue. Le problĂšme câest que ce nâest pas tenable sur la durĂ©e, une fois passĂ©e la pĂ©riode du bĂ©nĂ©volat. Jâai conçu Bulletin comme quelque chose de trĂšs modeste. Je peux gagner ma vie Ă cĂŽtĂ©.
[25:40] Le crowdfunding Ă 13 000 euros Ă©tait modeste. Cette expĂ©rience a Ă©tĂ© trĂšs cool, a permis de tester des choses. Maintenant nous avons la possibilitĂ© de demander des aides Ă la presse. Jâai investi un peu dâargent personnel. La premiĂšre annĂ©e est donc Ă peu prĂšs assurĂ©e. AprĂšs, on verra si les gens sont prĂȘts Ă mettre quelques euros par moisâŠ
[26:55] On pourra sâabonner Ă un bulletin gratuitement et si on en veut plus on prend un abonnement.
[29:24] Je crois beaucoup Ă la fabrication Ă plusieurs de lâinformation, entre les journalistes et le public. Il faut inventer des projets sur-mesure qui permettent au lecteur dâĂȘtre acteur de lâinformation.
[31:15] Je pense que câest important dâavoir une mission en tant que mĂ©dia, de savoir Ă quoi on sert.
[32:08] La mission de Bulletin câest lâĂ©veil par la curiositĂ©. La curiositĂ© câest une vertu peu oubliĂ©e par les mĂ©dias je trouve. A Bulletin, on est sensible aux infos un peu plus optimistes, des choses dans les angles morts, regarder ailleurs ou dans le rĂ©tro. Câest une hygiĂšne professionnelle dâaller explorer ça.
[34:01] Lâinnovation dans les mĂ©dias se fait beaucoup hors des rĂ©dactions.
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Crédits
Interviews : Jean-Baptiste Diebold
Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
Design graphique : Benjamin Laible
Générique et habillage sonore : Boris Laible
Intégration web : Florent Jonville
Production : Ginkio -
Le dernier invitĂ© de la deuxiĂšme saison dâA Parte est Ludovic Blecher, le responsable de Google News Initiative Innovation (GNI), la structure mondiale crĂ©Ă©e il y a 3 ans au sein du gĂ©ant du numĂ©rique pour favoriser la âcollaboration et le soutien aux initiatives dans les mĂ©diasâ. Un poste dâobservation particuliĂšrement intĂ©ressant sur le monde de lâinformation.
Ludovic Blecher raconte comment, en pleine crise du covid 19, Google a lancĂ© en quelques jours un fonds dâurgence dâaide aux mĂ©dias qui a permis Ă plus de 5000 dâentre eux Ă travers le monde, surtout de petites structures locales, de recevoir quelques milliers dâeuros pour faire face aux besoins matĂ©riels liĂ©s au confinement.
Cette opĂ©ration sâinscrit dans une stratĂ©gie globale de Google depuis 2013 dâaccompagnement de la transformation numĂ©rique des mĂ©dias. La plateforme, dĂ©criĂ©e comme fossoyeuse des revenus des Ă©diteurs mais devenue indispensable pour leur trafic, lance des appels Ă projets innovants, finance des Ă©tudes du Reuters Institute ou encore crĂ©e des produits utiles Ă la presse, comme Subscribe with Google, rĂ©cemment adoptĂ© par Le Monde.
Dans son parcours lâamenant du site internet de LibĂ©ration jusquâĂ Google, en passant par une bourse dâĂ©tude Ă Harvard, Ludovic Blecher raconte sa passion pour le journalisme de qualitĂ© et son constat quâĂ lâĂšre numĂ©rique il nâexiste plus de recette magique. A chaque mĂ©dia dâinventer son modĂšle.
Pour aller plus loin
Le site de Google News Initiative Subscribe with Google-----
Lâessentiel de lâĂ©pisode
Lâurgence face Ă la crise du Covid
[00:07:45] C'est une lame de fond qui vient toucher, impacter absolument tout le monde. Et moi, ça fait des annĂ©es, quasiment dix ans, que le cĆur de mon mĂ©tier, c'est de stimuler l'innovation, de pousser les mĂ©dias Ă rĂ©flĂ©chir, mettre en place des habitudes nouvelles, Ă tester des choses, Ă travailler aussi sur leur culture, sur des logiques d'accompagnement du changement, sur les nouveaux modes de production, des nouveaux modes de distribution. Et finalement, lĂ , il nâĂ©tait plus tellement question d'innovation dans les discussions que j'avais, ou en tout cas plus question de pousser Ă innover puisque l'innovation et l'adaptation Ă©taient forcĂ©es du jour au lendemain. Il fallait rĂ©inventer des mĂ©thodes de travail. Il fallait inventer immĂ©diatement, mettre en place du jour au lendemain d'autres mĂ©thodes de distribution, etc.
[00:08:49] En revanche, lĂ oĂč s'est vraiment focalisĂ©e la conversation, ça a Ă©tĂ© de dire : le choc est tel que l'on n'est pas sĂ»r d'avoir le minimum pour pouvoir continuer Ă faire le boulot minimum. Comment on paie nos journalistes? Comment on fait pour s'Ă©quiper, pour travailler Ă la maison? Comment on fait pour s'adapter et assurer le besoin d'information dans cette pĂ©riode si particuliĂšre, alors mĂȘme que les gens ont plus que jamais besoin d'ĂȘtre informĂ©s?
[00:17:18] On a reçu tout de suite, dĂšs le premier jour, un nombre extrĂȘmement consĂ©quent de projets. Alors, je vous donne le chiffre, Ă©videmment. On a reçu au final plus de 12 000 projets de 140 pays Ă©ligibles. Donc, c'est absolument Ă©norme, gigantesque. Et 90% de ces projets venaient de salles de rĂ©daction, d'entitĂ©s, d'organisation mĂ©dias, de moins de 26 journalistes. Il y en avait des beaucoup plus grosses, Ă©videmment, mais ça dit Ă quel point il y avait cet impact, Ă quel point la crise touchait tout le monde et Ă©tait dure, brutale, violente.
[00:19:54] Le nombre de médias aidés, c'est plus de 5300 médias et qui ont reçu ou sont en train de recevoir un soutien entre 5 000 dollars et 30.000 US dollars.
[00:24:59] Cet d'amortisseur a permis de mieux mettre en place toute cette mécanique indispensable pour se mettre en ordre de bataille et essayer de s'adapter à cette nouvelle réalité.
CrĂ©er une âcollaborationâ entre Google et les mĂ©dias
[00:29:42] Moi je crois Ă la collaboration entre diffĂ©rents acteurs qui font partie d'un Ă©cosystĂšme. Il est Ă©vident qu'on fait partie d'un Ă©cosystĂšme. Aujourd'hui, nous Google - j'ai plus de difficultĂ© Ă mettre dans un mĂȘme sac toutes les plateformes parce que je crois que chacun a des diffĂ©rences - Google est Ă©videmment a un modĂšle dâapport d'audience, de trafic, de partage de revenus.
[00:30:15] Il faut quand mĂȘme avoir, lĂ aussi, quelques chiffres intĂ©ressants en tĂȘte. En Europe, plus de 8 milliards de fois, des gens cliquent sur des contenus news depuis Google. Il y a plus de 3000 de clics par seconde et de visiteurs qui sont apportĂ©s Ă des sites mĂ©dias. En 2018, plus de 14 milliards ont Ă©tĂ© partagĂ©s Ă travers le monde Ă travers du partage de revenus publicitaires Ă des Ă©diteurs.
[00:32:39] La façon dont ont été pensées ces appels à projets, ont permis, ont vu passer là , certainement parmi, si ce n'est les principales, innovations de ces derniÚres années dans les médias français.
Tous les grands modĂšles, les changement de modĂšle, modĂšle d'abonnement, mise en place de zones premium, travail sur la relation avec les lecteurs, des nouveaux produits Ă©ditoriaux, je pense Ă la Matinale du Monde mais on pourrait vraiment en mentionner beaucoup, certains extrĂȘmement rĂ©ussis, d'autres qui ont permis d'apprendre des choses mĂȘme si ça n'a pas Ă©tĂ© une innovation qui a permis nĂ©cessairement de gĂ©nĂ©rer des revenus. D'autres qui se sont vraiment installĂ©s dans le paysage. Tous ces projets sont passĂ©s par par ce fonds français, ont Ă©tĂ© financĂ©s par le fonds français, ensuite par le fonds europĂ©en.
[00:33:40] Ce qu'on voit trĂšs bien, c'est que cette collaboration, qui a ouvert un espace de discussion permanent entre les mĂ©dias et Google, a permis d'avancer sur tout un tas de thĂ©matiques. Et donc de ce fonds français, de ces discussions, de cette Ă©mulation, est nĂ©e une initiative, cette fois au niveau europĂ©en, qui est venue deux ans et demi ou trois ans aprĂšs est venue prendre le relais, câest qu'on a appelĂ© le DNI, le Digital News Initiative.
[00:34:14] Cette fois, on a Ă©tĂ© plus loin. On s'est pas contentĂ© de faire un fonds qui stimule l'innovation dans les mĂ©dias dont j'ai pris la charge. Mais on a aussi ajoutĂ© deux autres piliers, autour de la formation et de la recherche, avec des rapports sur le numĂ©rique, des Ă©tudes super approfondies, vraiment passionnantes, qui sont faits chaque annĂ©e en partenariat avec le Reuters Institute. Jâincite tout le monde Ă aller voir, c'est certainement l'une des sources les plus les plus profondes, les plus travaillĂ©es sur l'Ă©tat de la mutation, de la transformation des mĂ©dias Ă l'heure du numĂ©rique, partout dans le monde.
[00:35:18] Et puis, une dimension plus âproduitâ avec des produits comme AMP, qui a permis un nouveau standard open source pour multiplier et accĂ©lĂ©rer Ă©normĂ©ment l'affichage de lâinformation des articles sur les mobiles, intĂ©grant lĂ aussi des logiques d'abonnement, des nouveaux produits qui sont venus un peu plus tard, comme Subscribe with Google, qui est maintenant mis en place par diffĂ©rents acteurs. Le Monde l'a rĂ©cemment mis en place, ainsi que beaucoup d'autres acteurs partout ailleurs en Europe et dans le monde.
Une carriĂšre dans la transformation digitale de lâinfo
[00:42:58] J'Ă©tais rĂ©dacteur en chef et directeur numĂ©rique Ă LibĂ©ration. Et finalement, j'Ă©tais un journaliste qui Ă©tait devenu un amoureux de la fabrication de nos produits. J'ai toujours estimĂ© que le digital, c'Ă©tait finalement une chance, une opportunitĂ©. Et en tant que journaliste, c'Ă©tait tellement rare de voir des nouveaux mĂ©dium se crĂ©er, quâil fallait le prendre tel quel en inventant des nouvelles Ă©critures, en inventant une nouvelle relation avec le lecteur, et que tout ça, c'Ă©tait gĂ©nial.
Et donc, j'ai Ă©tĂ© d'abord journaliste, reporter. C'Ă©tait ma passion. Et puis, trĂšs vite, je me suis dit : moi, j'aime aussi crĂ©er des mĂ©dias, ou Ă l'intĂ©rieur des mĂ©dias, crĂ©er ce qu'on appelle, ce qui Ă©tait Ă l'Ă©poque un gros mot Ă LibĂ©ration, des produits, avec un marketing pour installer ce produit et attirer de nouveaux lecteurs. J'ai Ă©tĂ© confrontĂ© un peu Ă cette logique oĂč on vit un peu en silos, oĂč j'avais le sentiment que les journalistes me regardaient parfois avec des gros yeux en disant : mais pourquoi tu t'intĂ©resses aux abonnĂ©s, au montant de l'abonnement, au prix Ă payer, voire Ă la publicitĂ© ou bien Ă la communication et au marketing. Cela ne doit pas ĂȘtre dans ton champ.
[00:49:00] Je crois quâun des Ă©lĂ©ments du numĂ©rique, c'est qu'il nây a plus de âsilver bulletâ, comme disent les AmĂ©ricains, câest-Ă -dire de recette miracle, de recette magique. Chacun doit construire sa petite recette. Il faut s'inspirer des autres. On peut emprunter les ingrĂ©dients de ce qui se fait partout ailleurs, mais Ă un moment, il faut construire avec son identitĂ©, son journalisme, sa rĂ©alitĂ© et surtout ses audiences.
[00:52:15] Si on fait du journalisme, il est Ă©vident que le point de dĂ©part est l'Ă©ditorial. Mais le rapport aux outils et Ă la techno va ĂȘtre diffĂ©rent si on est dans un modĂšle 100% abonnement, si on a un modĂšle d'un taux de conversion avec un modĂšle trĂšs mixte, oĂč avoir besoin de beaucoup d'audience et beaucoup de reach est aussi important que de monter son taux d'abonnement, ou bien si l'on est sur un modĂšle purement gratuit ou lĂ , ce qui est important, c'est de gĂ©nĂ©rer un maximum d'audience.
[00:52:58] Je crois que rĂ©ellement, la reconstitution des liens avec les lecteurs, part de lĂ , c'est le plus fondamental. Quelle est sa promesse Ă©ditoriale? Comme on est capable de la tenir, comme on est capable de faire des choix, comment on est capable de produire un journalisme d'extrĂȘme qualitĂ© aujourd'hui. Et ça, les gens sont prĂȘts Ă le payer. Ensuite, la techno va ĂȘtre utilisĂ©e, cette fois dans un second temps, pour des logiques de rĂ©duction par exemple du churn, de rĂ©duction de l'attrition, comment on maintient ses abonnĂ©s. Comment on se rappelle Ă ses abonnĂ©s? Comment on fait en sorte que quelqu'un qui s'est abonnĂ© avant tout pour soutenir la qualitĂ© soit aussi au courant de ce qui est produit Ă travers des newsletters, des rappels, des alertes, des choses qui sont poussĂ©es pour s'assurer qu'il consomme et qui profite de la qualitĂ© et que cela lui donne envie de se rĂ©abonner ou dâĂȘtre un ambassadeur de la marque mĂ©dia.
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Crédits
Interviews : SĂ©bastien Bailly, Elise Colette, Philippe Couve, Jean-Baptiste Diebold, Marianne Rigaux
Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
Réalisation sonore : Raphaël Bellon
Design graphique : Benjamin Laible
Communication : Laurie Lejeune
Générique et habillage sonore : Boris Laible
Intégration web : Florent Jonville
Production : Ginkio et Samsa.fr -
Ce nouvel Ă©pisode dâA parte nous emmĂšne en CĂŽte dâIvoire, oĂč les jeunes journalistes se tournent de plus en plus vers la communication digitale. FormĂ© Ă lâESJ Lille, puis revenu Ă Abidjan, IsraĂ«l Guebo innove depuis 10 ans dans les mĂ©dias en Afrique de lâOuest. Son dernier projet en date est une radio militante et bĂ©nĂ©vole qui lutte contre les fake news en diffusant des informations vĂ©rifiĂ©es sur WhatsApp, Twitter et Facebook. Depuis le dĂ©but de la crise du coronavirus, WAmĂ©dias joue ainsi un rĂŽle fondamental pour sensibiliser et Ă©duquer la population. Son JT touche de nombreux Ivoiriens, au pays et Ă lâĂ©tranger, notamment grĂące Ă la reprise des contenus par des radios communautaires, qui assurent une traduction en langues locales. Dans les prochains mois, WAmĂ©dias pourrait continuer son travail de fact-checking Ă lâoccasion de la prochaine Ă©lection prĂ©sidentielle en CĂŽte dâIvoire.
Avant WamĂ©dias, IsraĂ«l Guebo a menĂ© de nombreux autres projets journalistiques, souvent participatif, toujours militant, pour que les mĂ©dias gardent toute leur place dans le pays. Il a notamment crĂ©Ă© une Ă©cole de journalisme afin d'insuffler aux jeunes le mĂȘme enthousiasme qui lâanime depuis 10 ans.
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L'essentiel de l'Ă©pisode
[00:04:05.460]
La CĂŽte d'Ivoire a eu son premier cas d'infection au coronavirus le 11 mars. Et dans la foulĂ©e, il y a eu beaucoup d'informations qui circulaient, disant par exemple que le soleil tue le coronavirus. Que les Noirs ne meurent pas du coronavirus. Quâil faut boire de l'eau chaude pour lutter contre le coronavirus. Et Ă cĂŽtĂ© de ça, on s'est rendu compte que l'information institutionnelle donnĂ©e par le gouvernement restait au niveau au sommet, ne descendait pas auprĂšs des populations. On s'est dit : il faut qu'on arrive Ă rĂ©cupĂ©rer ces informations, Ă vĂ©rifier et Ă les diffuser auprĂšs des populations, qu'elles soient en ville ou village. Parce que finalement, ces informations trouvent le bouche Ă oreille et deuxiĂšmement, faire un Ă©cho, faire un relais aux informations officielles qui permettent Ă©galement de contrer les fake news.
[00:05:27.970]
Au tout début, on a lancé un appel à contribution. On a dit : que vous soyez en Chine, au Japon, au Congo-Kinshasa, à Brazzaville, au Sénégal, en CÎte d'Ivoire, si vous avez envie de témoigner sur la situation du coronavirus chez vous, rejoignez ce qu'on appelle la salle de rédaction, qui est en fait un groupe Facebook. Aujourd'hui, prÚs de 600 personnes ont adhéré. Et c'est ainsi que on reçoit des éléments un peu partout dans le monde. Ensuite, nous, on a trois, quatre journalistes qui sont ici à Abidjan et qui vérifient l'information et ensuite diffusent via WhatsApp.
[00:07:47.070]
WA mĂ©dias est inspirĂ© de situations qui existent ici en CĂŽte d'Ivoire. Je me suis rendu compte que dans un village, une femme qui ne savait ni lire ni Ă©crire utilisait WhatsApp pour vendre de l'huile de palme. Elle faisait des notes vocales dans la langue locale, les personnes passaient commande Ă©galement via une note vocale. Jâai trouvĂ© que c'Ă©tait une façon assez innovante de communiquer et quâon pouvait l'adapter Ă la diffusion de l'information. D'autant plus qu'aujourd'hui aujourd'hui, WhatsApp devient un grand diffuseur de la dĂ©sinformation. Si on veut contrer les fakes news, câest sur ce terrain lĂ que nous devons jouer et câest pourquoi on est arrivĂ© sur WhatsApp.
[00:09:05.070]
Câest entiĂšrement bĂ©nĂ©vole. Et pour ĂȘtre trĂšs honnĂȘte, je lâai fait sur un coup de tĂȘte. Moi, j'adore la radio, et je me suis dit : qu'est ce qu'on peut faire avec des amis ?
[00:09:40.970]
On a eu des radios rurales, des radios communautaires qui nous ont approché. Il y en a aujourd'hui qui récupÚrent le son brut du journal et le diffusent sur leurs antennes ensuite, notamment deux radios dans le centre du pays. Elles vont prendre cet élément des reportages et les traduire en langue locale. Donc, indirectement, on arrive à toucher les populations rurales via les radios communautaires.
[00:11:27.550]
Qui sont les auditeurs qui vous contactent pour poser des questions aux auditeurs?
Il y en a qui qui posent des questions sur des informations et quâils veulent qu'on vĂ©rifie. Et pour âauditeurs Ă l'antenneâ, ils rĂ©pondent plutĂŽt Ă une question. Le vendredi, nous mettons la question de la semaine dans le groupe WhatsApp et sur Facebook. Ils ont toute la journĂ©e du vendredi et du samedi pour nous envoyer leurs rĂ©ponses en 60 secondes par notes vocales. Et aprĂšs, on met tout cela bout en bout.
[00:12:39.660]
Comment vous gérez ça sur WhatsApp? On sait que les groupes ont une limite à 256 personnes.
Alors on crée des listes de diffusion. Donc aujourd'hui, nous sommes à sept liste de diffusion et chaque liste de diffusion peut prendre jusqu'à 256 personnes. Donc on imagine que 7 fois 256 personnes vont écouter les émissions.
Mais parallĂšlement, vous diffusez aussi sur Facebook et sur Twitter?
[00:13:33.150]
Oui, parce que tout le monde n'est pas sur WhatsApp. On a aussi prĂšs de 5000 personnes qui sont abonnĂ©es Ă notre page Facebook et Ă notre compte Twitter. Le fait dĂ©jĂ qu'on ait prĂšs de 2000 personnes qui entendent la bonne information, c'est dĂ©jĂ un pas. Petite anecdote : chaque soir avant le journal, nous envoyons les chiffres officiels du coronavirus en CĂŽte d'Ivoire. Et quand, Ă 20 heures, on n'a pas envoyĂ© les chiffres du jour, mĂȘme si le ministĂšre de la SantĂ© a publiĂ© officiellement les informations, les auditeurs attendent WAmĂ©dias avant de se dire : OK, c'est vrai. Donc, cette crĂ©dibilitĂ© lĂ , elle est assise. Et puis derriĂšre, on se dit que c'est un projet qui est duplicable partout, par exemple sur les Ă©lections.
[00:14:52.490]
On l'a entendu dans l'extrait il y a quelques minutes, la CÎte d'Ivoire va avoir des élections à l'automne. Quel rÎle pourrait jouer WAmédias à ce moment là et dans quel avenir?
Au regard de ce petit succĂšs, je me dis quâon peut ĂȘtre utile dans cette pĂ©riode prĂ© Ă©lectorale parce qu'on sait trĂšs bien qu'Ă l'approche des Ă©lections en CĂŽte d'Ivoire ou ailleurs d'ailleurs, il y a beaucoup de fausses informations qui circulent. Et aujourd'hui, cette radio peut servir Ă donner de la bonne information. Donner la bonne information, c'est aussi garantir un climat de stabilitĂ© et de paix. On a aussi un rĂŽle d'Ă©ducation. D'ailleurs, notre slogan, c'est informer, Ă©duquer, sensibiliser.
[00:19:38.830]
Tu es passĂ© par lâESJ Lille avant de revenir en CĂŽte d'Ivoire pour lancer de nouveaux mĂ©dias comme Avenue 225, qui Ă©tait un site participatif Ă l'Ă©poque, dans la veine de ce que proposait Rue89. Tu as aussi donnĂ© beaucoup de formations en Afrique de l'Ouest. Quel est le regard que tu portes, toi, sur l'innovation mĂ©dia en Afrique de l'Ouest?
[00:20:00.220]
Je pense que on a eu un gros retard au niveau justement des médias et du développement des médias en Afrique de l'Ouest, notamment francophones. Et puis, sur les 4, 5 derniÚres années, on a vraiment une sorte de révolution qui se met en place en utilisant les réseaux sociaux. De plus en plus de journalistes sont sur les réseaux sociaux, de plus en plus de journalistes créent leurs blogs, des médias intÚgrent l'interaction. Dans le site internet, on amÚne du multimédia, donc on a vraiment cette ébullition.
Ăa, c'est le cĂŽtĂ© technique, mais aprĂšs, on a toujours de gros dĂ©fis au niveau Ă©ditorial et au niveau de l'Ă©thique, parce que les habitudes journalistiques qu'on avait dans la presse papier se retrouvent aussi sur Internet. Ca veut dire quâon va privilĂ©gier une confĂ©rence de presse plutĂŽt qu'un reportage dans lequel on prend le temps de vĂ©rifier une information avant de la diffuser.
[00:23:51.970]
Est ce que, selon toi, le métier de journaliste attire encore en CÎte d'Ivoire?
Je peux rĂ©pondre directement : le journalisme nâattire plus en CĂŽte d'Ivoire. La plupart des jeunes formĂ©s notamment dans les Ă©coles de journalisme ici, notamment Ă l'Institut supĂ©rieur des sciences de la communication STC, virent tous vers la communication, pour finir, comme attachĂ© de presse, parce que c'est lĂ oĂč il y a beaucoup plus d'argent que le journalisme. Mais je pense que c'est une mauvaise approche de l'environnement. C'est vrai qu'aujourd'hui, il y a un gros dĂ©samour entre les lecteurs et les journalistes parce qu'ils ont longtemps Ă©tĂ© habituĂ©s Ă ce qu'on appelle la titrologie.
La titrologie, pour ceux qui ne savent pas, c'est le fait de s'informer en regardant uniquement les titres des journaux sans acheter. Pendant vingt ans on a Ă©tĂ© habituĂ©s à ça. Les populations ne savent pas pourquoi acheter un journal. Il y a quelques annĂ©es, les coĂ»ts des journaux ont augmentĂ© autour de 300 francs CFA. Environ 50 centimes. 50 centimes, c'est le prix d'un plat pour manger Ă midi, donc pour le lecteur le choix est tout de suite fait. Et puis, Internet est arrivĂ©, qui est beaucoup plus dans l'instantanĂ©. Un Ă©vĂ©nement qui a lieu le samedi, on va voir le mĂȘme samedi. Alors que la presse Ă©crite, on va attendre jusqu'au lundi pour avoir tout ça.
[00:26:24.560]
Donc, non, le mĂ©tier du journalisme lui mĂȘme n'est plus sexy aujourd'hui. Celui de la com attire, celui de la com digitale encore plus. Mais justement, notre travail avec l'Institut africain des mĂ©dias, c'est de redonner le goĂ»t, de redonner une certaine beautĂ© aux journalistes en disant aux gens : si vous vous ĂȘtes un bon journaliste, vous avez des chances de rĂ©ussir parce que moi, je suis un exemple palpable.
[00:26:49.950]
Et toi, qu'est ce qui fait que tu tiens?
Je pense que ce sont mes collaborations avec des médias étrangers, notamment. J'ai été correspondant pour la rédaction web de TV5 pendant 8 ans. Pendant cinq ans, de 2008 jusqu'à 2013, j'ai collaboré avec des magazines en Europe, en France, notamment avec le magazine Altermondes. Toutes ces collaborations là m'ont amené aussi à me dire que finalement, quand tu fais ton travail de journaliste, tu peux avoir des opportunités à l'international. Et puis, finalement, je me sens investi d'une mission de transmettre tout ça à une génération qui est un peu déphasée, un peu perdue, un peu découragée, un peu déçue de masquer la médiocrité présentée les 20 derniÚres années.
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Crédits
Interviews : Philippe Couve, Marianne Rigaux
Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
Réalisation sonore : Raphaël Bellon
Design graphique : Benjamin Laible
Communication : Laurie Lejeune
Générique et habillage sonore : Boris Laible
Intégration web : Florent Jonville
Production : Ginkio et Samsa.fr -
Chez les Journalistes Solidaires, on fait les confĂ©rences de rĂ©daction sur Discord et les enquĂȘtes en mode collaboratif sur AirTable. Ce collectif de pigistes bĂ©nĂ©voles rĂ©partis dans plusieurs pays a vu le jour au dĂ©but du confinement. Ensemble, ils traquent les fake news qui se multiplient depuis le dĂ©but de la crise sanitaire.
Leur rĂ©dactrice en cheffe, Lina Fourneau, dĂ©voile dans cet Ă©pisode le fonctionnement du collectif. Journalistes Solidaires rassemble une soixantaine de journalistes, dont certains sont des experts du fact-checking et endossent la position de mentors pour encadrer les enquĂȘtes. EnquĂȘtes qui sont relayĂ©es par des mĂ©dias partenaires.
Le collectif travaille en open newsroom : toutes les enquĂȘtes sont accessibles Ă tous en ligne dans des fiches collaboratives. Un fonctionnement qui demande beaucoup de rigueur mais qui crĂ©e une grande confiance chez les internautes.
Ceux-ci ont la possibilitĂ© dâadresser des âsignalementsâ aux Journalistes solidaires, câest Ă dire des informations Ă vĂ©rifier ou dĂ©monter. Peu de moyens, mais beaucoup de motivation : tel est le credo des JS, qui ne comptent pas arrĂȘter leur travail de fact-checking avec le dĂ©confinement.
Leur derniĂšre trouvaille ? Un outil dâintelligence artificielle pour anticiper la viralitĂ© potentielle dâune fake news. Une innovation applicable bien au delĂ du seul coronavirus.
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Pour aller plus loin
https://journalistessolidaires.com/
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Lâessentiel de lâĂ©pisode
[00:01:08.360]
Bonjour tout le monde. MalgrĂ© le confinement, on continue d'enregistrer Ă distance et on parle aujourd'hui de Journalistes Solidaires ou JS pour les intimes. Il s'agit d'un collectif de pigistes nĂ© pendant la crise du coronavirus et qui traque les fake news. Nous sommes donc en ligne avec Lina Fourneau. Bonjour Lina, tu es journaliste pigiste et rĂ©dactrice en cheffe de Journalistes solidaires. Ou es tu actuellement? Et oĂč sont les autres membres de JS ?
[00:01:39.420]
Je suis dans un appartement Ă Paris et les autres sont un peu partout. Comme le virus, on s'est propagĂ©. On est entre la Belgique et la France principalement. On a quelqu'un en Alaska, au Mexique. On a crĂ©Ă© une espĂšce de d'internationale. Ce sont des journalistes qui se sont regroupĂ©s Ă partir du 16 mars, au moment du discours dâEmmanuel Macron, qui annonçait le confinement. On a eu un message de Julien Cazenave, qui est un journaliste monteur vidĂ©o qui nous proposait de faire quelque chose. Il y avait dĂ©jĂ plein de fake news diffĂ©rentes, tout le monde Ă©tait un peu perdu sur le flux d'information qu'il y avait face Ă nous. Sur les rĂ©seaux sociaux, on voyait n'importe quoi, donc on se dit qu'il y avait quelque chose Ă faire.
[00:05:23.080]
On est principalement des pigistes. Les pigistes se sont fait couper les commandes au dĂ©but du confinement. Donc on avait du temps devant nous. On sâest dit : est ce que je dĂ©cide de commencer une nouvelle sĂ©rie sur Netflix ou je participe Ă l'utilitĂ© publique? On a tous pris la deuxiĂšme option. Moi je suis un bĂ©bĂ© de la PQR, j'ai commencĂ© ma carriĂšre il y a un an et demi. Je fais des piges principalement pour la presse Ă©conomique. On a voulu prendre tout le monde, ouvrir la porte Ă des Ă©tudiants, Ă des jeunes journalistes comme je l'Ă©tais, mais aussi se faire aider par ce qu'on a appelĂ© aprĂšs des mentors qui Ă©taient des experts du fact checking, qui avaient dĂ©jĂ leur expĂ©rience et qui pouvaient nous offrir aussi leurs ressources. Ca a hyper bien marchĂ© comme ça, parce qu'il y avait de l'entraide. Parce que, justement, ces journalistes spĂ©cialisĂ©s dans le fact checking avaient peut ĂȘtre moins de temps, mais beaucoup de choses Ă nous apprendre.
[00:08:40.180]
On a fait comme dans toutes les rĂ©dactions. On a crĂ©Ă© un salon sur Discord : il y a vraiment le cĂŽtĂ© un peu machine Ă cafĂ© oĂč on discute de tout et de rien. Mais il y a aussi deux confĂ©rences de rĂ©daction par semaine. Et c'est lĂ on discute des sujets. On utilise aussi Telegram, qui est en fait l'outil qu'on utilise pour avancer notre sujet. Chaque groupe se retrouve sur une discussion Telegram et on a Airtable qui en fait notre base de donnĂ©es Ă©ditable, une sorte dâExcel collaboratif en ligne. On s'est Ă©tabli en open newsroom, câest Ă dire une rĂ©daction ouverte oĂč, justement, tout le monde peut voir l'avancĂ©e de nos enquĂȘtes et c'est vraiment notre idĂ©e de la transparence et notre idĂ©e des mĂ©dias. Au dĂ©but, on a tous Ă©tĂ© rĂ©ticents parce que ça veut dire qu'il faut avoir de la rigueur tout le temps. Tout est visible sur le site.
[00:12:30.390]
On fonctionne avec des signalements. Un signalement, c'est un internaute qui va dire OK, j'ai vu ce texte, j'ai vu ce tweet, j'ai vu ce post Facebook. Est ce que vous pouvez le vĂ©rifier s'il vous plait? Chaque enquĂȘte mobilise un coordinateur, deux vĂ©rificateurs et un mentor. Le coordinateur, c'est celui qui gĂšre l'Ă©quipe et lâangle. Le mentor, câest un expert du fact checking, des gens qui connaissent le mĂ©tier, qui veulent nous aider.
[00:15:01.260]
Je pense que principalement, les gens sont quand mĂȘme contents de ce qu'on fait parce quâils voient qu'on se dĂ©carcasse pour produire de l'information sans vraiment demander en retour des investissements. AprĂšs, bien sĂ»r, on s'attaque Ă des idĂ©es conspirationnistes, donc forcĂ©ment des gens peu convaincus. Donc, il y a des sujets oĂč on a eu des rĂ©actions vraiment mauvaises.
[00:16:16.010]
On publie également des ce qu'on appelle les ripostes qui sont les articles externes, c'est à dire des articles du Monde ou de Libération faits par les cellules de fact checking. En fait, c'est comme ça qu'on a commencé à marcher. C'est en se servant de nos réseaux sociaux pour centraliser toutes les informations parce que les gens ne sont pas conscients qu'il existe autant d'outils pour faire du fact checking en France.
[00:20:17.380]
On a Ă©tĂ© assez bien reçus et ça a Ă©tĂ© assez bienveillant de la part des mĂ©dias traditionnels. On a eu beaucoup de discussions avec France Info, notamment sur le mentorat. On a un partenariat avec les Observateurs et France24, avec qui on a publiĂ© notamment une enquĂȘte sur le test de la flamme sur les masques. C'est assez intĂ©ressant de travailler ensemble. Il y a d'autres discussions qui sont mises en place et on essaye dâĂȘtre assez large. Ils ne peuvent pas traiter tous les sujets, donc je pense que l'entraide est dans les deux sens.
[00:21:47.680]
Pour le moment, il n'y a aucune rĂ©munĂ©ration, malheureusement. Mais on essaye de prĂ©parer l'aprĂšs et ça a Ă©tĂ© l'objectif depuis la fin du confinement le 11 mai. C'est bien dans le bĂ©nĂ©volat, mais ça va pas pouvoir durer. Et donc, oui, on essaye de trouver des solutions. On sait pas si ça va venir des mĂ©dias ou si c'est Ă nous aussi d'aller d'aller chercher des fonds ailleurs. On a ouvert un open collective dĂšs le mois d'avril, câest Ă dire une plateforme de financement public. On a eu, je vous avoue, surtout eu de l'argent de nos proches, mais parce qu'ils avaient envie de nous soutenir, ils nous voyaient travailler 60 heures par semaine. On va voir si on continue Ă pĂ©renniser le projet parce que ça serait dommage de baisser les bras Ă la fin du confinement. On a pris l'habitude de rĂ©flĂ©chir Ă 20.000 mille choses Ă la fois, de faire tout de la veille pour le lendemain. Le confinement a Ă©tĂ© levĂ© il y a deux semaines, donc c'est vrai qu'Ă l'Ă©chelle de JS, c'est beaucoup deux semaines, mais ça va ĂȘtre mis en place.
[00:27:24.040]
Comment est ce que vous imaginez changer l'Ă©quation chez Journalistes solidaires?
[00:27:31.300]
J'aimerais bien changer cette Ă©quation, mais malheureusement, c'est trĂšs compliquĂ©. C'est beaucoup d'Ă©ducation mĂ©dias. On a fait un espĂšce de bingo des news oĂč, justement, on relevait toutes ces petites incohĂ©rences qui pouvaient faire une fausse information.
[00:28:29.610]
Il y a des équipes de fact checking dans beaucoup de médias en France et à travers le monde. Pourtant, on n'a pas l'impression que ça fasse réellement reculer les fake news, ni la crédulité face à un certain nombre de fake news. Qu'est ce que vous apportez de plus dans ce domaine?
[00:28:56.970]
Je pense que les gens nous font confiance, parce qu'ils ont vu quâon Ă©tait de bonne volontĂ© et c'Ă©tait peut ĂȘtre ça la diffĂ©rence. Je ne veux pas me comparer avec un mĂ©dia parce que c'est impossible, mais je pense qu'il y a eu une part de confiance qui venait du fait quâon n'Ă©tait pas un mĂ©dia et que dans cette crise de confiance envers les mĂ©dias, on pouvait peut ĂȘtre changer les choses. On essaye vraiment vraiment de jouer sur cette Ă©ducation aux mĂ©dias et sur cette proximitĂ© avec l'internaute surtout. On essaye de rester aussi trĂšs accessible. Sur notre page Facebook, les internautes peuvent poser des questions et parfois, on pouvait avoir de grandes conversations en inbox avec des internautes qui, vraiment, avaient l'air un peu perdus.
[00:30:33.510]
AprÚs, il y aura toujours des gens suspicieux, parce qu'il y a toujours des gens qui, sur des propos pas du tout fondés, vont remettre en question notre travail, comme dans tous les médias. Mais il faut passer à cÎté et justement, écouter ceux qui ont besoin de nous. On savait qu'on avait un énorme champ libre et on en a profité. Et la preuve, c'est qu'il y a des trucs qui ont marché.
[00:32:24.890]
Tu nous reparle de l'intelligence artificielle que vous avez mise Ă votre profit. De quelle maniĂšre?
[00:32:30.870]
Oui, on a dĂ©cidĂ© de dĂ©velopper ça au moment oĂč on a participĂ© au hackathon de la Commission europĂ©enne. Ăa aussi, c'est un peu une idĂ©e folle, mais c'Ă©tait c'Ă©tait super parce qu'on a pu gagner en visibilitĂ© aussi. A ce moment lĂ , on a crĂ©Ă© cet outil d'intelligence artificielle. L'idĂ©e, c'est de calculer la viralitĂ© de la news avant mĂȘme qu'elle ne devienne virale, c'est Ă dire que 'intelligence artificielle va calculer selon les critĂšres qu'on lui a inculquĂ© un indicateur pointant les fake news qui peuvent cartonner.
[00:35:27.800]
Qu'est ce que tu retiens, toi, de de cette expĂ©rience? Qu'est ce qui tâa marquĂ©? Qu'est ce qui t'a surpris? Qu'est ce qui t'a déçu? Je pense que ce qui m'a rĂ©ellement marquĂ©, c'Ă©tait que mon Ă©quipe Ă©tait capable de faire quelque chose Ă petite Ă©chelle. On n'a peut ĂȘtre pas les moyens, mais on va essayer de le faire. Ce qui m'a aussi marquĂ©e, c'est le fait que l'on arrive Ă produire Ă©normĂ©ment alors qu'on se connait pas. C'est peut ĂȘtre le confinement qui a fait ça, mais il s'est passĂ© quelque chose d'extraordinaire, de production, de la mĂȘme, dans une ambiance assez conviviale. Enfin, il y a eu un effort collectif, et je pense qu'il y a aussi cette partie de bĂ©nĂ©volat qui a Ă©tĂ© assez importante parce que forcĂ©ment, quand on dĂ©cide d'ĂȘtre bĂ©nĂ©vole pour un collectif, c'est qu'on est ultra motivĂ©. Donc, on a eu une espĂšce d'hyperactivitĂ© collective de 60 personnes en mĂȘme temps. Je vous avoue que Ă gĂ©rer, ce n'Ă©tait pas toujours facile. J'ai Ă©tĂ© diplĂŽmĂ©e il y a un an et je me retrouvais Ă la tĂȘte d'un collectif de 60 personnes Ă gĂ©rer.
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Crédits
Interview : Philippe Couve et Marianne Rigaux
Design graphique : Benjamin Laible
Communication : Laurie Lejeune
Générique et habillage sonore : Boris Laible
Production : Ginkio et Samsa.fr
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Au moment oĂč les kiosques physiques souffrent et alors que le distributeur de la presse Presstalis s'enfonce dans la crise, les kiosques numĂ©riques trouvent leur place, aprĂšs une lente Ă©mergence. Ari Assuied, le PDG et fondateur de Cafeyn (ex-LeKiosk), raconte la percĂ©e de ce quâil prĂ©fĂšre appeler un service de âstreaming de lâinformationâ.
Avec le confinement, le nombre de fans de Cafeyn a explosĂ©, atteignant 1,5 million dâutilisateurs actifs. Essentiellement grĂące aux partenariats avec les groupes de tĂ©lĂ©coms mais aussi avec une offre illimitĂ©e en direct. Ce sont encore beaucoup de CSP+ urbains, mĂȘme si lâusage commence Ă se populariser au-delĂ . Ces lecteurs sont des âpapillonneursâ utilisant la lecture Ă lâarticle, avec en moyenne une dizaine de titres consultĂ©s par mois.
Aux Ă©diteurs inquiets de perdre le contrĂŽle sur leurs abonnĂ©s, singuliĂšrement Le Monde grand absent de Cafeyn, Ari Assuied dĂ©signe le monde de la vidĂ©o et de la musique, oĂč les abonnements sans engagement avec larges catalogues se sont imposĂ©s. Autant de revenus supplĂ©mentaires pour les mĂ©dias, Ă cĂŽtĂ© des abonnements en direct Ă leurs fidĂšles. Un peu comme dans le luxe, avec dâun cĂŽtĂ© la vitrine du sur mesure et de lâautre la rentabilitĂ© avec le prĂȘt-Ă -porter et les accessoires.
Cafeyn entame maintenant la conquĂȘte du grand public, son internationalisation et veut sâimposer comme un âhavre dâaccĂšs Ă de lâinformation de qualitĂ©â.
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Pour aller plus loin
https://www.cafeyn.co/fr/newsstand/
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Lâessentiel de lâĂ©pisode
Un usage qui a explosé durant le confinement
[00:02:22]
On nâaime plus trop la notion de kiosque numĂ©rique, qui nous semble ĂȘtre une notion peu comprise finalement par les utilisateurs, et on se positionne plutĂŽt sur le streaming de l'information. C'est vraiment la troisiĂšme verticale des contenus, aprĂšs celle de la musique ou de la SVOD. Et ce type de plateforme et ce type de services ont connu pendant la pĂ©riode de confinement une vĂ©ritable explosion des usages et on a Ă©videmment pleinement bĂ©nĂ©ficiĂ©.
[00:03:30]
Cafeyn, qui existe depuis 14 ans, s'est extrĂȘmement bien dĂ©veloppĂ© au cours de ces cinq derniĂšres annĂ©es, notamment grĂące Ă un certain nombre de partenariats qu'on a mis en Ćuvre. On a un business modĂšle un peu particulier, fondĂ© sur pas mal de partenariats, notamment avec des opĂ©rateurs tĂ©lĂ©coms comme Bouygues Telecom, comme Free. Nous sommes Ă©galement intĂ©grĂ©s dans les offres de Canal+, dans Mycanal. Nous sommes Ă©galement avec CDiscount intĂ©grĂ©s dans les programmes de programmes de fidĂ©litĂ©, câest un peu l'Ă©quivalent de ce que fait Amazon avec Amazon Prime.
[00:04:34]
Beaucoup de gens qui Ă©taient chez ces diffĂ©rents opĂ©rateurs ne savaient pas forcĂ©ment quâils avaient accĂšs Ă Cafeyn et, dans la pĂ©riode de confinement, ils ont eu plus de visibilitĂ©. Ensuite, ça s'est fait aussi de façon organique puisque ce n'est pas notre seul canal de distribution. Les gens peuvent aussi s'abonner directement Ă Cafeyn via notre offre en illimitĂ© en direct.
[00:05:13]
On a multiplié chaque mois pendant les deux mois de confinement par 5 nos inscriptions et une augmentation trÚs significative du nombre de nouveaux souscripteurs à notre service. On a eu une véritable explosion de l'usage sur tous les canaux de distribution du Cafeyn.
Le profil des utilisateurs
[00:07:54]
Ce quâon constate, c'est l'abonnĂ© type est plutĂŽt un papillonneur plutĂŽt quâun habituĂ© d'une marque. C'est aussi ça la force de notre modĂšle. On ne va pas cibler des grands consommateurs d'une marque unique qui vont plutĂŽt s'abonner directement auprĂšs de cette marque.
[00:08:34]
Il y a des magazines ou certains quotidiens qui sont consommĂ©s trĂšs rapidement et d'autres qui sont consommĂ©s de façon beaucoup plus importante, avec mĂȘme des Ă©pisodes, les gens Ă plusieurs reprises pour pouvoir consommer.
[00:08:55]
Aujourd'hui, le profil type, c'est plutÎt des CSP+ urbains, donc avec des revenus assez élevés. On constate qu'il y a un élargissement de cette cible, notamment à d'autres catégories sur lesquelles on est en train de travailler.
Un nouveau modĂšle pour la presse
[00:10:09.690]
(Pour les lecteurs) Il y a aussi des avantages Ă©conomiques et des avantages d'expĂ©rience. On ne se contente pas de rĂ©pliquer des magazines ou des quotidiens qui sont disponibles sur notre offre, c'est Ă©galement un moteur de recherche, la lecture Smart, qui permet d'avoir une lecture dĂ©linĂ©arisĂ©e des contenus. Donc, en fait, on essaye de mettre le meilleur du digital dans ce qui est lâexemplaire papier et le meilleur du papier dans le digital. Donc c'est lĂ tous les bĂ©nĂ©fices de notre service. Effectivement, il y a la dimension distribution et prix qui est un atout essentiel.
[00:10:47] Lâindustrie de la presse est Ă©norme en terme de volume, c'est la plus grosse industrie de contenus en France. Elle reprĂ©sente toujours 7 milliards et demi. Effectivement, de la dĂ©croissance mais pas aussi significative finalement.
Elle reste Ă©normĂ©ment plus importante que l'industrie de la musique. En France si je me trompe pas, les derniers chiffres de la musique câest 600 millions d'euros. Donc 7 milliards versus 600 millions...
[00:14:22]
Nous, on est plutĂŽt dans une logique de dire que l'exemplaire papier ou tout cas l'unitĂ© de mesure doit ĂȘtre revue. Cette unitĂ© sert notamment Ă la rĂ©munĂ©ration publicitaire des Ă©diteurs, qui est un Ă©lĂ©ment essentiel et peut aller de 30 Ă 70 pour cent de leurs revenus, voire plus. Il faut favoriser une meilleure monĂ©tisation de leur audience sur le digital qui est fondamentalement la problĂ©matique majeure des Ă©diteurs.
[00:16:31]
Moi, je suis convaincu que les Ă©diteurs, que ce soit Cafeyn ou d'autres acteurs, vont devoir de plus en plus se passer par les agrĂ©gateurs. Non pas parce qu'ils nâont pas des marques puissantes, c'est pas du tout le cas, ils ont des marques puissantes, solides, qui ont un lien fort avec les consommateurs. Mais la majoritĂ© des consommateurs ne vont pas pouvoir s'abonner Ă plusieurs titres parce que ça coĂ»te extrĂȘmement cher et qu'ils vont devoir faire des arbitrages.
[00:18:26]
Ce qui est paradoxal, c'est que le papier reprĂ©sente toujours une part trĂšs importante des revenus des Ă©diteurs. Si on regarde les indicateurs Ă©conomiques, la distribution papier aujourd'hui perd de l'argent. Finalement, le papier, c'est un peu l'Ă©quivalent quand vous ĂȘtes dans l'univers du luxe, du sur mesure. Globalement, ces marques gagnent de l'argent sur prĂȘt Ă porter et sur les accessoires. Et je pense que c'est un peu l'Ă©quivalent. Les lignes de revenus, qui sont en volume moins importantes sur le digital, rapportent plus et sont beaucoup plus rentables.
[00:23:41]
Aujourd'hui, on est encore aux prĂ©mices du dĂ©veloppement de la distribution digitale, des contenus de la presse. Quand on va commencer Ă arriver Ă un phĂ©nomĂšne de plateau, on va s'adresser Ă une base de lecteurs qui sont des lecteurs avec des moyens Ă©conomiques qui seront moins importants, la notion de plateforme est beaucoup plus au centre des enjeux. Lâun ne sera pas antinomique de lâautre.
On a multipliĂ© nos partenariats distribution. Et aujourd'hui, on voit que les usages se multiplient. Il n'y a pas de cannibalisation. On n'a pas de clients en direct parce quâon sâest ouvert auprĂšs des clients Canal+ ou auprĂšs des clients Cdiscount, ou des clients TĂ©lĂ©com Free.
Lâinfo de qualitĂ©
[00:25:15]
(Dans un contexte de fake news) L'objectif de notre plateforme, c'est de construire un havre dâaccĂšs Ă des contenus de qualitĂ©. On ne veut pas ou on ne veut pas ĂȘtre une plateforme Ă clics.
[00:26:05]
On est convaincu que la qualité d'un contenu venant d'une marque reconnue avec des journalistes, avec une rédaction, est beaucoup plus importante que celle venant de n'importe quel contenu, de n'importe quelle marque sur le net.
C'est pour ça quâon pense qu'il y a une valeur Ă ces contenus, qu'il faut la monĂ©tiser et qu'il y a une justification Ă cette motivation et que les consommateurs, notamment par rapport Ă tout ce qui s'est passĂ© dans le monde sur ces cinq ou dix derniĂšres annĂ©es, vont de plus en plus enclins Ă retrouver du contenu de qualitĂ©.
On est dans une dans une pĂ©riode intermĂ©diaire, d'abord Ă refaire dĂ©couvrir la valeur de ces contenus. Pour nous, pour nous, c'est notamment grĂące Ă la distribution qu'on met en Ćuvre. Puis, derriĂšre toutes les façons, c'est une maniĂšre, de façon directe ou indirecte, de payer pour accĂ©der Ă ces contenus qui ont de la valeur.
Et maintenant lâaudio et la vidĂ©o
[00:33:38]
Aujourd'hui, on a plusieurs types d'usages. On a toujours l'usage de la consommation du contenu tel qu'il existe sur le papier, mais on peut aussi lire Ă lâarticle, utiliser le moteur de recherche. LĂ , on est en train d'intĂ©grer de plus en plus d'autres types de contenus autour de l'audio et de la vidĂ©o, qui permet de renforcer la proposition de valeur. Ce sont des types formats sur lesquels tout le monde est en train de travailler, tout le monde est en train de rĂ©flĂ©chir. Et d'ailleurs, quand vous parlez d'une marque de presse, c'est un mĂ©dia.
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Crédits
Interviews : SĂ©bastien Bailly, Elise Colette, Philippe Couve, Jean-Baptiste Diebold, Marianne Rigaux
Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
Réalisation sonore : Raphaël Bellon
Design graphique : Benjamin Laible
Communication : Laurie Lejeune
Générique et habillage sonore : Boris Laible
Intégration web : Florent Jonville
Production : Ginkio et Samsa.fr -
Dans cet Ă©pisode (enregistrĂ© avant le confinement), la journaliste de France Inter Sara Ghibaudo raconte les coulisses de la crĂ©ation de â13 Novembre, lâenquĂȘteâ. Ce podcast natif publiĂ© en novembre dernier est un des tout premiers de la grande chaĂźne publique. Il connaĂźt un succĂšs phĂ©nomĂ©nal avec plus de deux millions dâĂ©coutes.
En 9 Ă©pisodes dâune vingtaine de minutes, Sara Ghibaudo remonte le parcours des terroristes du 13 Novembre, avec notamment leur passage et leur âformationâ en Syrie. Câest la journaliste qui a eu lâidĂ©e de proposer Ă sa direction cette reconstitution, rendue possible par ses quatre annĂ©es passĂ©es Ă couvrir au jour le jour cette actualitĂ© tentaculaire. Elle a pu rĂ©aliser quelques interviews majeures - un repenti ou le procureur fĂ©dĂ©ral de Belgique - et travaillĂ© avec deux productrices de Radio France pour retracer le rĂ©cit de ce petit groupe dâindividus qui ont plongĂ© la France dans lâeffroi.
Une saison 2 ? Rendez-vous peut-ĂȘtre en 2021, lâannĂ©e du procĂšs de Salah Abdeslam. Une chose est sĂ»re, pour France Inter câest le premier grand succĂšs de la catĂ©gorie des podcasts originaux.
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Pour aller plus loin
https://www.franceinter.fr/emissions/13-novembre-l-enquete
https://www.franceinter.fr/personnes/sara-ghibaudo
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Lâessentiel de lâĂ©pisode
Un podcast Ă France Inter
[00:03:54]
Il fallait restituer la vision d'ensemble (sur les attentats) et recoller un peu tous ces morceaux. Et c'est le moment oĂč, effectivement, France Inter a lancĂ© sa politique de podcasts natifs, et je me suis dit : c'est un format qui permet d'ĂȘtre Ă la fois dans la narration, dans le documentaire, et je vais pouvoir utiliser largement la matiĂšre accumulĂ©e. On ne va pas du tout rĂ©inventer la radio, le feuilleton, la sĂ©rie, tous ces choses qui existent depuis trĂšs longtemps, mais lĂ je me suis dit que c'Ă©tait vraiment un format Ă exploiter pour ce projet.
[00:07:27]
Je pense que c'est vraiment quelque chose qu'il faudrait refaire honnĂȘtement, d'exploiter les enquĂȘtes ou des sujets qui se prĂȘtent comme ça Ă une narration longue sous ce format-lĂ .
Dire âjeâ
[00:08:05]
C'est sĂ»r que quand on est habituĂ©e comme moi Ă des formats trĂšs courts, c'est une autre Ă©criture. Moi, j'avais eu l'occasion dĂ©jĂ d'Ă©crire un livre d'enquĂȘte. Quand on est journaliste, on sait jongler un peu avec les formats. Moi, jâai trouvĂ© ça vraiment enthousiasmant. AprĂšs, ce qui Ă©tait plus dĂ©routant pour moi, c'est quand on a commencĂ© Ă m'expliquer : tu sais Sara, le podcast il faut parler Ă la premiĂšre personne, c'est trĂšs loin de ma culture.
C'Ă©tait notamment lors des conversations avec mes rĂ©alisatrices puisque j'ai travaillĂ© avec des rĂ©alisatrices qui Ă©taient chargĂ©es de la mise en ondes, qui ont trouvĂ© le gĂ©nĂ©rique, la musique. Et mĂȘme la directrice de France-Inter, Laurence Bloch, me l'avait dit. Il faut non seulement raconter cette histoire, mais aussi expliquer comment tu travailles. Et c'est trĂšs intĂ©ressant d'ailleurs, je trouve que ça fait partie d'une d'une charte de transparence et d'une nouvelle relation Ă l'auditeur. Si on peut lui expliquer pourquoi je vous raconte ça, comment je le sais, d'oĂč ça vient, ce que je ne sais pas aussi, pourquoi je fais plusieurs hypothĂšses et finalement, on ne peut pas trancher... Ăa, c'Ă©tait la dĂ©marche pour moi qui tranchait le plus avec mon travail habituel.
[00:09:49]
Dire âjeâ, je trouve que c'est pertinent quand il s'agit d'expliquer mon travail, comment je procĂšde et sans doute que j'aurais pu aller un peu plus loin et prendre encore plus le temps de le faire. Pourquoi je vous dis ça? Comment je le sais? Les questions que je me pose, les questions que d'autres se posent, les doutes que je peux avoir. Ăa, c'est une dĂ©marche journalistique intĂ©ressante.
RĂ©alisation
[00:16:33]
Donc, si j'ai pu le faire, c'est parce que j'avais suivi ça pour France Inter et donc je connaissais déjà bien le dossier quand je me suis lancée dedans. AprÚs, j'ai travaillé sur mon temps libre, c'était le deal, pour ce qui est de la conception et de l'écriture. Et à la rentrée de septembre, j'ai eu un mois et demi dégagé puisque là , il fallait vraiment travailler avec les réalisatrices notamment, pour finir le montage des interviews, l'écriture, et puis enregistrer, mixer.
Et ça, c'est vraiment trÚs précieux. Je trouve qu'il y'a vraiment un trÚs beau travail de réalisation sonore aussi avec les réalisatrices de France Inter qui sont dédiées à ces podcasts d'ailleurs, comme Fanny Bohuon et Anne-Sophie Ladonne, qui ont trouvé par exemple la musique du générique, qui m'ont suggéré plein de choses. C'est un beau produit sonore.
Bilan
[00:26:12]
Pour la radio, on est vraiment dans notre fonction de service public. C'est quand mĂȘme un Ă©vĂšnement majeur de notre histoire contemporaine, mĂȘme une page importante qui a eu des rĂ©percussions gĂ©opolitiques, sociales, politiques. Et donc essayer d'expliquer un peu en dĂ©tail les faits, le dĂ©roulement, moi, je suis trĂšs contente de l'avoir fait et je pense que ça fait vraiment partie du cahier des charges et de la mission de France Inter.
Qu'est ce que ça m'a apportĂ©, dâun point de vue personnel ? Moi, j'Ă©tais Ă la fin d'un cycle. Je savais que j'allais quitter le service police-justice pour me tourner vers d'autres fonctions. Moi aussi ça m'a Ă©videmment beaucoup marquĂ© ces derniĂšres annĂ©es. J'avais envie, encore une fois, de recoller les morceaux et de laisser de laisser un produit qui me permette, pas de mettre un point final, mais en tout cas de faire, j'espĂšre, un bon rĂ©sumĂ© de ce que je savais Ă ce moment-lĂ .
Crédits
Interviews : SĂ©bastien Bailly, Elise Colette, Philippe Couve, Jean-Baptiste Diebold, Marianne Rigaux
Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
Réalisation sonore : Raphaël Bellon
Design graphique : Benjamin Laible
Communication : Laurie Lejeune
Générique et habillage sonore : Boris Laible
Intégration web : Florent Jonville
Production : Ginkio et Samsa.fr -
Certains groupes de presse rĂ©gionale surveillent de prĂšs leurs lecteurs et le bassin de population sur lesquels ils interviennent. Câest le cas du groupe Rossel-La Voix du Nord, qui a crĂ©Ă© il y a plus de vingt ans une direction des Ă©tudes. Guillaume Lecointre, le directeur, est venu nous expliquer son fonctionnement, son lien avec la rĂ©daction en chef et lâĂ©volution de lâattitude des journalistes vis-Ă -vis des Ă©tudes marketing.
Nous avons aussi parlĂ© de ces fameux lecteurs-clients, de la maniĂšre dont ils avaient Ă©voluĂ© et de ce quâils attendaient aujourdâhui de la presse.
Entre lâenregistrement de cet Ă©pisode, dans les studios de CrĂ©atis Ă Paris, et sa diffusion, nous avons tous Ă©tĂ© confinĂ©s. Mais tout Ă©tait prĂȘt de notre cĂŽtĂ© et nous sommes en mesure de vous proposer cet Ă©pisode, qui ne parle ni de Covid-19, ni de toux, ni de couvre-feu et encore moins de malades.
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Pour aller plus loin
http://www.rossel-lavoix.fr/-----
Crédits
Interviews : SĂ©bastien Bailly, Elise Colette, Philippe Couve, Jean-Baptiste Diebold, Marianne Rigaux
Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
Réalisation sonore : Raphaël Bellon
Design graphique : Benjamin Laible
Communication : Laurie Lejeune
Générique et habillage sonore : Boris Laible
Intégration web : Florent Jonville
Production : Ginkio et Samsa.fr -
Comment rĂ©pondre aux innombrables questions du public face Ă la crise sanitaire inĂ©dite liĂ©e au coronavirus ? Le groupe TF1 a fait le choix, non pas de la libre antenne, mais dâun robot conversationnel. Julien Laurent, le pilote de ce projet mis en place en quelques jours, raconte cette expĂ©rience. La pĂ©riode du confinement a aussi permis au directeur marketing pour lâinfo de TF1 et LCI dâavancer sur le sujet de lâaudio, avec un nouveau podcast natif, âOn dĂ©confine lâinfoâ.
En un mois et demi dâutilisation, prĂšs de 400 000 personnes ont utilisĂ© le chatbot coronavirus de LCI, qui a eu les honneurs du 20 heures de TF1 sept fois. Pour un total de prĂšs de 800 000 questions, dont 25 000 dĂšs la premiĂšre demi-journĂ©e. Surprise, elles ne portaient pas tant sur des points mĂ©dicaux ou lâactualitĂ©, mais surtout sur des interrogations pratiques, avec des cas trĂšs concrets comme la gestion de la garde alternĂ©e entre parents sĂ©parĂ©s.
Cet outil conversationnel crĂ©Ă© avec la startup Clustaar a permis une autre expĂ©rimentation : crĂ©er un pont pour la premiĂšre fois entre lâinfo de TF1 et LCI, dâune part, et le site Doctissimo, rachetĂ© en 2018.
Au final, pour TF1 lâenjeu de cette opĂ©ration chatbot, sans enjeu financier et a priori Ă usage exceptionnel, tient Ă lâancrage dâune image de âmĂ©dia dâĂ©coute du publicâ avec un fort engagement digital. Le nouveau dispositif dâintelligence collective âMa nouvelle vieâ va dans le mĂȘme sens. Il sâagit dâinventer avec le public le mĂ©dia dâaprĂšs.
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Pour aller plus loin
https://www.lci.fr/questions-coronavirus/
https://www.lci.fr/podcast/
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Lâessentiel de lâĂ©pisode
Chatbot, conception et résultats
[02:45] On a Ă©tĂ© confrontĂ©s Ă un vrai questionnement en tant que mĂ©dia : dĂšs lâĂ©mergence de la crise, on sâest mis Ă produire Ă©normĂ©ment de contenus sur le sujet du coronavirus et du covid, et on voyait les questions affluer. Cela tombe bien, le mĂ©tier dâune rĂ©daction câest de rĂ©pondre aux questions. Mais il y a tant de questions et on produit tellement de contenus. Comment faire pour centraliser toutes les rĂ©ponses quâon produit et que ce soit facile pour un utilisateur de pouvoir trouver les rĂ©ponses Ă ses questions ?
[05:10] Il a fallu rouvrir tous nos contenus, identifier Ă lâintĂ©rieur de nos contenus quels Ă©lĂ©ments de rĂ©ponses on pourrait y trouver pour quelles questions et ensuite synthĂ©tiser ces Ă©lĂ©ments de rĂ©ponses pour les associer aux articles qui permettent aux utilisateurs de creuser la rĂ©ponse.
[09:03] Câest un exemple dâune technique qui se met au service dâun contenu. TrĂšs vite on atteint le premier seuil critique de 25 000 questions pour que les moteurs dâintelligence de la solution de Clustaar se mettent Ă fonctionner. Il nous aura fallu seulement une demi-journĂ©e pour lâatteindre. TrĂšs vite, on voit des intentions, des besoins de rĂ©ponses Ă©merger, sous forme dâensembles.
[09:37] Le premier constat quâon fait trĂšs vite, câest quâon sâest trompĂ©s sur le postulat de dĂ©part. Au dĂ©but on se dit quâon va faire un chatbot trĂšs santĂ© : âje tousse, quâest-ce que je fais?â Ou alors trĂšs actu : âoĂč en est la propagation, la diffusion?â TrĂšs vite, on voit que la grande question des gens, câest : âest-ce que je peux faire ceci ou cela?â
[10:23] C'est gĂ©nial, parce que d'abord, on a un baromĂštre des questions de la sociĂ©tĂ©, câest extraordinaire. On voit toutes les questions que se posent les gens et on se rend compte que c'est des questions pratiques beaucoup plus que des questions de santĂ©. Ăa veut dire que trĂšs vite maintenant, il faut qu'on aille chercher des rĂ©ponses Ă ces questions.
On a un comitĂ© tous les jours de l'Ă©quipe projet qui analyse les cinq grandes nouvelles intentions qui apparaissent, qui regarde un peu les tendances et qui rĂ©ajuste le dispositif Ă©ditorial Ă l'intĂ©rieur du chatbot pour quâil soit de plus en plus performant.
âUn mĂ©dia dâĂ©couteâ
[14:16] Nous, on a misĂ© sur une interactivitĂ© trĂšs directe, de rĂ©ponse directe Ă la question. Ce nâest pas de la libre antenne, c'est encore plus que ça. C'est encore plus prĂ©cis. On ne filtre pas. On a vraiment ouvert grand les bras aux questions des gens en assumant qu'on n'aurait pas 100% de rĂ©ponses parce que c'Ă©tait une machine. Mais voilĂ , c'est une autre modalitĂ©.
En faisant ça, on a essayĂ© de dĂ©montrer que notre vision est de ne pas ĂȘtre un mĂ©dia sachant et descendant. En quoi a renforcĂ© le lien Ă travers cette forme d'interactivitĂ© entre nous et les gens ? HĂ© bien ça renforce ce lien parce que on n'est pas un mĂ©dia top-down de sachants qui va leur expliquer ce qu'ils doivent savoir. Mais on va plutĂŽt essayer de comprendre ce qu'ils veulent qu'on fasse pour ensuite construire notre information.
[16:46] On nâattend aucun revenu en particulier en termes d'espĂšces sonnantes et trĂ©buchantes. On n'est pas dans cette sĂ©quence-lĂ . En revanche, encore une fois, on veut petit Ă petit dĂ©montrer que notre ambition est d'ĂȘtre un mĂ©dia d'Ă©coute, un mĂ©dia digital Ă l'Ă©coute du pouls, de la sociĂ©tĂ© et des gens.
[19:45] Sur cette histoire de chatbot, je pense quâon sera pragmatique. L'expĂ©rience est passionnante mais elle ne peut pas ĂȘtre pĂ©renne. Pourquoi pas le maintenir typiquement sur des sujets comme la mĂ©diation de lâinformation? Essayer de voir si ce nâest pas mieux qu'une boĂźte mail d'avoir dĂ©jĂ une premiĂšre rĂ©ponse tout de suite. Mais je ne crois pas que ce soit une façon de faire de l'information. AprĂšs, ce qui me semble ĂȘtre une façon de faire de l'information et qui est encore un enseignement du chatbot, c'est d'Ă©couter les gens. Câest une trĂšs bonne façon de trouver des sujets et des angles.
[21:13] Quand on est un mĂ©dia d'information, on a forcĂ©ment une dimension citoyenne et elle est passionnante Ă creuser Ă lâĂšre de l'accĂ©lĂ©ration digitale des mĂ©dias. LĂ , ce qu'on met en place câest une plateforme qui va permettre aux gens de se projeter et donc de nous projeter dans la vision qu'ils ont du monde d'aprĂšs.
Bien malin, ou sans doute trÚs doué, le patron de rédaction qui aura la vista suffisante pour fabriquer le média qu'attendent les gens dans six mois. Et bien en fait nous, on préfÚre donner la parole aux gens, les laisser s'exprimer. C'est une approche trÚs civictech, appliquée aux médias d'information.
On va questionner les gens, puis ensuite on va les faire Ă©crire. On va les engager vĂ©ritablement dans la production de contenus, ce contenu Ă©tant de la donnĂ©e qui sera retravaillĂ©e, recompartimentĂ©e, quelque part digĂ©rĂ©e, pour nous donner une trajectoire Ă©ditoriale. Câest une plateforme d'Ă©changes citoyens qui doit nous guider dans la production du contenu que trouveront les gens dans six mois.
Podcasts
[24:45] On ne fait que des podcasts natifs. Et quand on a lancĂ© cette initiative podcast il y a un an et demi avec le premier podcast qui s'appelle âImpact Positifâ, on l'a fait vraiment dans l'esprit du podcast natif. Et pour tout dire, on a complĂštement bootstrappĂ© le projet. On a Ă©tĂ© chercher une heure dans le studio de mixage du JT avec une journaliste pour monter petit Ă petit ce programme. Enregistrement avec un zoom H5 comme tout bon podcasteur natif. On a vraiment fabriquĂ© ça quand on aurait pu faire Ă la maison.
AprÚs, on s'est doté d'une vocation éditoriale, on s'est donné une ligne de conduite, on a multiplié les programmes, on a relativement professionnalisé la production. On fait ça maintenant de façon organisée avec des plannings etc mais on ne fait que du natif. Pour autant, on ne s'interdit pas, à terme, de faire le chemin inverse des radios.
Les radios ont d'abord fait du replay audio et elles se sont mises Ă faire du natif. Nous, on aura appris cette semaine du podcast 100% en natif et on ne sâinterdit pas Ă un moment de mettre des bouts d'antenne en audio parce qu'aprĂšs tout ça fait sens.
[28:40] Sur les podcasts, je crois assez au modĂšle Ă©diteurs-producteurs. J'aime beaucoup les modĂšles que peuvent dĂ©ployer des Great Big Story, par exemple, aux Etats-Unis et finalement on nâest pas trĂšs loin de cette approche-lĂ . Ils produisent un contenu singulier, ils dĂ©veloppent une pĂąte, ensuite ils vendent la possibilitĂ© Ă des marques de s'associer Ă ces contenus-lĂ pour les co-produire, Ă partir du moment oĂč ça ne galvaude pas le contenu. Et puis surtout ils produisent du contenu âĂ la maniĂšre deâ et je trouve ça trĂšs sain.
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Crédits
Interviews : SĂ©bastien Bailly, Elise Colette, Philippe Couve, Jean-Baptiste Diebold, Marianne Rigaux
Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
Réalisation sonore : Raphaël Bellon
Design graphique : Benjamin Laible
Communication : Laurie Lejeune
Générique et habillage sonore : Boris Laible
Intégration web : Florent Jonville
Production : Ginkio et Samsa.fr -
Christophe Coquis a eu des sueurs froides en lançant le financement participatif de la version papier de Geek Junior pile au moment oĂč la France se confinait pour lutter contre le coronavirus. A quelques jours de la fin, tout va mieux : la collecte est un succĂšs. Le site dâinfo geek pour les ados, crĂ©Ă© en 2015, va se dĂ©cliner en magazine dĂšs le mois de mai.
Geek Junior vise Ă permettre aux ados de mieux maĂźtriser leur environnement numĂ©rique et aussi Ă aider les adultes autour dâeux Ă les accompagner dans cette exploration. Le magazine a Ă©tĂ© pensĂ© sous forme de tutos, avec des fiches Ă dĂ©couper. Pour assurer la pĂ©rennitĂ© du mĂ©dia, Christophe Coquis peut donc maintenant compter sur ses premiers abonnĂ©s issus de la campagne participative ainsi quâun partenariat avec Okapi. Il va aussi dĂ©velopper les abonnements dans les CDI des collĂšges Ă travers la France.
BasĂ© dans le Tarn, le serial entrepreneur des mĂ©dias est un habituĂ© de la frugalitĂ©. Il dĂ©veloppe ce projet comme il avait dĂ©jĂ lancĂ© il y a quelques annĂ©es Gaillac info, un site dâinfo hyperlocale accompagnĂ© dâun mensuel gratuit. Ses rĂšgles dâor : la passion et la patience.
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Pour aller plus loin
La campagne de financement participatif sur Ulule
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Lâessentiel de lâĂ©pisode
Lâorigine de Geek Junior
[00:03:14]
C'est vrai qu'on a une vision de l'adolescent toujours collĂ© Ă son Ă©cran, qui serait un geek en puissance, capable de tout faire avec son appareil mobile ou avec un ordinateur. En fait, on en est assez loin. Câest à ça que j'ai pensĂ© en crĂ©ant le mĂ©dia en ligne Geek Junior. L'objectif Ă©tait de pouvoir aider les adolescents Ă mieux mieux maĂźtriser leur environnement numĂ©rique.
[00:04:42]
On peut aussi parler de sujets beaucoup plus larges de l'univers geek, les séries télé, les mangas, tout ce qui tourne autour de l'univers geek au sens large.
[00:05:18]
L'article qui fonctionne le mieux depuis depuis longtemps, c'est un récapitulatif de toutes les ressources pour apprendre à coder.
Une version papier pour les parents ?
[00:13:47]
On a pensé aux parents, mais aussi aux professeurs, notamment aux professeurs documentalistes. A tous ceux qui transmettent l'information et qui peuvent aussi se nourrir de cette information pour améliorer leurs pratiques et aussi mieux transmettre ces pratiques auprÚs des adolescents. C'est un peu l'idée du magazine. On sait que ces magazines papier, les adolescents ne vont pas naturellement aller sur ce type de supports.
[00:15:31]
Le magazine, je l'ai conçu sous la forme de tutos. Il y a un tiers sur l'actu et deux tiers sous la forme de tutos, avec des fiches qu'on va pouvoir découper facilement.
[00:16:17]
On veut faire découvrir Geek Junior d'une maniÚre différente auprÚs des ados par des tiers. A l'intérieur du magazine, il y aura quatre pages détachables pour les parents. Et là , c'est vraiment sur. Pour accompagner les parents par rapport à la pratique du numérique vis à vis de leurs enfants, notamment la gestion des écrans.
Objectif 1000 abonnés
[00:17:33]
On a besoin dâun minimum dâargent quand on passe au papier. C'est pour ça qu'on est dĂ©jĂ lĂ , Ă la campagne Ulule. C'est pour ça aussi que je me suis entourĂ© de personnes qui ont commencĂ© Ă investir dans le magazine, dans tout ça pour commencer Ă construire quelque chose de plus solide.
[00:18:18]
Au dĂ©but, on pensait on espĂ©rait entre 15 et 20.000 euros. AprĂšs, il y a eu le confinement qui est arrivĂ© et lĂ , on a beaucoup moins fait les malins parce que notre campagne Ulule a commencĂ© juste avant de confinement. On a vraiment flippĂ© et malgrĂ© tout, on a rĂ©ussi Ă dĂ©passer lâobjectif initial. On est presque Ă 12.000 euros. Il nous reste encore une vingtaine de jours. Je pense qu'on va arriver pas loin des 15 000.
Donc, on n'est pas si loin de l'objectif initial. Avec ça, qu'est ce qu'on peut faire? On peut imprimer les premiers numéros, payer la graphiste, payer le routage pour envoyer les magazines.Et puis c'est à peu prÚs tout. Moi, je n'arrive pas à me payer avec trois cents abonnés, c'est évident. L'objectif derriÚre, c'est de proposer le magazine auprÚs notamment des bibliothécaires, des professeurs documentalistes pour qu'ils puissent s'abonner à leur collÚge.
[00:19:24]
Il y a 5.000 collĂšges en France. Si on arrive dĂ©jĂ Ă attirer 10% de ces collĂšges, ça fait 500. Et lĂ , ça commence Ă ĂȘtre intĂ©ressant. L'objectif, c'est d'arriver trĂšs rapidement Ă 1.000 abonnĂ©s pour trouver un modĂšle Ă©conomique et payer les charges du magazine.
Convaincre les ados⊠et leurs parents
[00:21:01]
C'est bien l'idĂ©e avec ce magazine d'Ă©ducation numĂ©rique, c'est que les parents puissent se dire : tiens, mon enfant va pouvoir dĂ©couvrir peut-ĂȘtre autre chose que ce qu'il fait habituellement sur son tĂ©lĂ©phone portable, oĂč il a tout le temps le nez sur les deux mĂȘmes applications, Instagram et Tik Tok, par exemple.
En tout cas, c'est l'objectif du magazine de proposer autre chose, de montrer ou de développer la culture, les compétences numériques des adolescents. Et c'est là dessus qu'on joue auprÚs des parents pour les motiver à abonner leurs enfants.
Serial entrepreneur frugal
[00:21:51.610]
Avec Gaillac info, jâai Ă©tĂ© un des pionniers des mĂ©dias locaux en ligne. C'Ă©tait Ă la fois un mĂ©dia en ligne et un magazine papier gratuit qu'on livrait tous les mois chez les commerçants. C'Ă©tait de l'hyper local, un micro mĂ©dia.
Je me suis beaucoup amusé avec ça. L'idée quand je crée un média, c'est de m'amuser avec une thématique qui m'intéresse. Et puis, c'est une premiÚre expérience pour moi en termes de création de média. J'en avais créé d'autres au sein d'entreprises avant, mais là , c'était moi tout seul et j'ai fait ça pendant quatre ans.
[00:22:55]
Et aprĂšs, j'ai revendu Gaillac Info Ă une agence de communication locale et je suis parti Ă Barcelone pendant quatre annĂ©es oĂč j'Ă©tais le rĂ©dacteur en chef de la version française d'un site d'informations technologiques qui s'appelait SofTonic.
[00:25:58]
J'interviens de temps en temps dans les collÚges, dans les lycées, notamment pour tout ce qui concerne l'éducation aux médias. J'interviens aussi auprÚs des bibliothécaires, médiathécaires pour essayer d'attirer de nouveau les adolescents dans leurs structures. Et c'est effectivement grùce notamment à l'activité de Geek junior que j'arrive à faire ça et c'est une partie de ma rémunération.
[00:27:33]
Geek Junior est partenaire de Okapi, du groupe Bayard Presse. On fait la page geek de Okapi. C'est geek junior qu'il a produit, enfin c'est surtout moit.
[00:29:08]
C'est facile de lancer un média en ligne ou créer un site web. Ce n'est pas trÚs compliqué mais ce qu'il faut, c'est de la constance. Et puis, ne pas oublier quelles sont ses priorités personnelles.
C'est super important, et notamment les priorités financiÚres, surtout quand on arrive à un certain ùge, avec une maison à payer, des enfants, etc.
[00:32:06]
Quand on a créé un média, c'est généralement pas par hasard. C'est parce qu'on a vraiment déjà beaucoup travaillé sur le sujet. On connaßt bien le sujet et on sent qu'il y a un vrai besoin. Donc il faut suivre son intuition, bien définir ce qu'on veut faire au niveau, au niveau professionnel et quel équilibre on veut avoir.
Moi, je vis dans le Tarn, ça a plein d'avantages: il n'y a pas beaucoup de cas de coronavirus... Mais en mĂȘme temps, pour crĂ©er un mĂ©dia national, c'est compliquĂ©. Pour tous les rĂ©seaux Ă crĂ©er, c'est plus long. Justement, ça permet aussi de faire des choix et ne pas perdre son temps.
Et ensuite, comme je l'ai déjà dit, il faut vraiment faire attention à s'assurer une indépendance financiÚre, quelle qu'elle soit.
[00:33:49]
Moi, je savais ce que cela pouvait donner. Et puis, tout de suite, j'ai eu beaucoup de retours et je me suis dit: tiens, a priori, il y a un vrai besoin et en tout cas, ça intĂ©resse du monde. Mais il faut tester, savoir aussi arrĂȘter un mĂ©dia si ça ne marche pas ou si vous avez plus l'envie. Si ça devient une punition pour vous, il faut arrĂȘter.
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Crédits
Interviews : SĂ©bastien Bailly, Elise Colette, Philippe Couve, Jean-Baptiste Diebold, Marianne Rigaux
Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
Réalisation sonore : Raphaël Bellon
Design graphique : Benjamin Laible
Communication : Laurie Lejeune
Générique et habillage sonore : Boris Laible
Intégration web : Florent Jonville
Production : Ginkio et Samsa.fr -
L'Ăquipe sans sport, câest un cas dâĂ©cole assez fascinant. Cette semaine dans A Parte, JĂ©rome Cazadieu, son directeur de la rĂ©daction, raconte ces quelques semaines absolument sans Ă©quivalent dans lâhistoire plus que centenaire du quotidien sportif. L'Ăquipe a passĂ© le cap et a mĂȘme recrutĂ© environ 10 000 abonnĂ©s numĂ©riques depuis le dĂ©but du confinement !
Comme tous les autres mĂ©dias, il a fallu basculer intĂ©gralement en tĂ©lĂ©travail. PremiĂšres mesures lorsque les compĂ©titions se sont arrĂȘtĂ©es : passer en pagination estivale rĂ©duite, suspendre le magazine et rĂ©duire fortement le prix de ventes au numĂ©ros.
Ensuite il a fallu innover. Chaque jour, le quotidien publie deux sĂ©ries permettant de se replonger dans les archives sportives. Le journal a Ă©galement crĂ©Ă© le programme âBob L'Ăquipe Challengeâ dans sa rubrique âcoachingâ, avec des vidĂ©os quotidiennes de Bob Tahri, ancien athlĂšte de haut niveau, prĂ©parateur physique, coach mental et nutritionniste. Cette nouvelle tendance Ă©ditoriale centrĂ©e sur la pratique amateure des Français va certainement perdurer, de mĂȘme quâune dimension plus participative des lecteurs.
Maintenant il faut tenir car les Ă©vĂ©nements majeurs ont Ă©tĂ© reportĂ©s de plusieurs semaines ou plusieurs mois. Le sport ne va pas repartir normalement de sitĂŽt. Et bien entendu penser Ă lâavenir. JĂ©rĂŽme Cazadieu veut faire de L'Ăquipe un journal âplus engagĂ© sur le sport santĂ©, le sport sociĂ©tĂ©, plus Ă©cologique et raisonnable Ă©conomiquementâ. En attendant, L'Ăquipe Explore offre une bouffĂ©e dâoxygĂšne Ă ses lecteurs avec la sortie vendredi 24 avril, de la sĂ©rie de vidĂ©os interactives âUn Printemps suspenduâ, tournĂ©es sur les plus hauts sommets des Alpes.
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Pour aller plus loin
Lien de lâEquipe Explore qui sort le 24 avril-----
Lâessentiel de lâĂ©pisode
[04:20] A chaque fois quâon arrivait en fin de semaine, on se posait la question : est-ce quâon va ĂȘtre capable de faire la mĂȘme chose la semaine suivante, avec suffisamment de sujets forts pour aller Ă la Une ? Cette interrogation on ne lâa plus. On sait quâon est capables dâavoir des idĂ©es, de mobiliser des Ă©nergies, dâaller chercher des sujets nouveaux⊠Sur notre capacitĂ© Ă©ditoriale Ă tenir la ligne, on sait quâon est capables de le faire.
Ce qui est plus difficile câest quâon reste beaucoup dans lâincertitude et quâon ne connaĂźt pas les conditions de reprise des Ă©vĂ©nements sportifs.
[06: 27] On essaie dâĂȘtre les plus attentionnĂ©s possibles pour lisser la charge de travail dans la journĂ©e et Ă©viter dâavoir des coups de chaud parce que les coups de chaud en tĂ©lĂ©travail câest compliquĂ©. Sur une semaine ça va mais avec la rĂ©pĂ©tition sur 5 semaines, on sent que ça fatigue les Ă©quipes.
[08:27] Nous ne pouvons ĂȘtre 100% coronavirus, mĂȘme si on doit sâintĂ©resser aux initiatives, aux belles histoires, et par exemple on fait un portrait tous les mercredis baptisĂ© âNos hĂ©rosâ. On a essayĂ© dâaller aussi sur lâinformation sportive parce quâil se passe encore des choses : les sportifs ne restent pas chez eux Ă rien faire, les institutions sportives ont une continuitĂ© dâorganisation, elles prĂ©parent la saison prochaineâŠ
[09:43] On a essayĂ© aussi de toucher une des seuls effets positifs de cette pĂ©riode, Ă savoir lâactivitĂ© physique des Français. Les gens font du sport, du yoga, vont courir... On a essayĂ© tout de suite de sâaccaparer cette thĂ©matique avec le âBob L'Ăquipe challengeâ.
[11:08] Les âBob challengeâ câest intĂ©ressant parce que globalement L'Ăquipe couvre surtout le sport professionnel, le sport de haut niveau, et là ça nous permet de toucher un autre segment quâon ne touchait pas aujourdâhui.
[13:30] On ne va pas ressortir de cette crise comme on en est entrĂ©s. Cette crise peut durer jusquâĂ la fin de lâannĂ©e, voire au dĂ©but de lâannĂ©e prochaine, pour le sport et aussi pour nous, sur la maniĂšre dont nous traitons le sport.
[14:25] La question de la pratique, du sport santĂ©, du sport sociĂ©tĂ©, de lâimpact du sport sur un certain nombre de sujets, câest quelque chose que nous pouvons pousser au fil de lâeau. Pareil sur des formats numĂ©riques interactifs.
[15:30] On a intĂ©rĂȘt Ă apporter notre vision, dâun sport plus Ă©quitable, plus raisonnable Ă©conomiquement, un sport plus Ă©cologique. On va ĂȘtre beaucoup plus engagĂ©s.
[18:48] Pour la sa sĂ©rie Equipe explore âUn Printemps suspenduâ, publiĂ©e le 24 avril, on a bossĂ© avec la sociĂ©tĂ© de production Upian pour en faire un objet un peu unique avec beaucoup de motion design, dâanimation 3D pour montrer la montagne sous un angle interactif.
[20:38] Nous avons la chance dâavoir 7 et 8 millions de personnes qui ont tĂ©lĂ©chargĂ© lâappli cation de L'Ăquipe et ces gens viennent une dizaine de fois par jour. Ils sont trĂšs connectĂ©s Ă notre univers. Il y a moins de fidĂ©litĂ© qui viennent par le web et les rĂ©seaux sociaux.
[21:26] Le trafic, en rÚgle générale avec des compétitions, oscille entre 1,4 et 1,6 milliard de pages vues par mois. Evidemment il a baissé mais il reste suffisant pour conserver de la publicité.
[22:18] On a recrutĂ© beaucoup dâabonnĂ©s depuis le dĂ©but du confinement, entre 3 et 4 fois plus de nouveaux abonnĂ©s que dâhabitude. Nous sommes Ă 276 000 abonnĂ©s, soit Ă peu prĂšs 10 000 nouveaux abonnĂ©s.
[24:53] Moi je ne crois pas Ă la disparition du papier. Peut-ĂȘtre que je suis un dinosaure de ce point de vue-lĂ . Je pense quâil y a un usage qui va ĂȘtre un peu renforcĂ© par la crise. Pas en terme de volumes : ils vont continuer Ă baisser compte tenu de la crise de la distribution. En revanche, est-ce que les gens ne vont pas avoir besoin dâavoir des temps plus longs ?
[25:45] La nature du support compte : par exemple quand on prend un journal papier le matin, on se pose avec un cafĂ© pour le lire. Je crois que nos lecteurs vont un peu changer de mode de vie. Si la publicitĂ© continue de dĂ©crocher, cela rendra lâĂ©quation Ă©conomique plus incertaine.
[27:20] Pour les mĂ©dias, cette crise va nĂ©cessairement accĂ©lĂ©rer la transition numĂ©rique. En particulier pour notre rĂ©daction dans sa maniĂšre de fonctionner. Tout le monde travaille directement dans les back-offices numĂ©riques alors quâil y avait encore un peu de rĂ©ticences. On a aussi vu lâagilitĂ© de nos journalistes pour faire des visioconfĂ©rences.
[28:36] Cela fait trois ou quatre ans quâon parlait Ă lâĂ©quipe du tĂ©lĂ©travail. On lâa mis en place en 15 jours.
[29:30] Il ne faudrait pas que tous ces changements provoquent du tout-numĂ©rique. Il ne faudrait pas que les mĂ©dias traditionnels, historiques, que ce soit en presse Ă©crite, radio ou en tĂ©lĂ©, aient juste une jambe numĂ©rique. Jâai peur que cela crĂ©e un dĂ©sĂ©quilibre.
[31:00 ]Les lecteurs papiers nâattendent pas la toujours mĂȘme chose que les internautes. Ce sera Ă nous dâimaginer comment on est capables de concilier une transformation numĂ©rique qui va sâintensifier avec une industrie traditionnelle quâon doit ĂȘtre capable de maintenir, d'enrichir, de transformer, de telle sorte Ă ce quâelle reste viable Ă la fois pour lâentreprise qui la porte et pour les lecteurs qui vont la consommer.
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Crédits
Interviews : SĂ©bastien Bailly, Elise Colette, Philippe Couve, Jean-Baptiste Diebold, Marianne Rigaux
Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
Réalisation sonore : Raphaël Bellon
Design graphique : Benjamin Laible
Communication : Laurie Lejeune
Générique et habillage sonore : Boris Laible
Intégration web : Florent Jonville
Production : Ginkio et Samsa.fr -
La crise du coronavirus et son flot de fausses informations ont rendu dâutilitĂ© publique les formats de âdĂ©bunkageâ de fake news. Et câest ainsi que, le 1er avril, France 2 a mis pour la premiĂšre fois Ă lâaffiche de son 20 heures le module âvrai ou fakeâ venu de FranceInfoTV et du numĂ©rique. Julien Pain, son rĂ©dacteur en chef, et toute son Ă©quipe ont fait entrer leurs codes visuels inspirĂ©s des youtubeurs et leurs mĂ©thodes issues du âmojoâ (journalisme mobile) dans la grande messe du JT.
LâĂ©quipe de Julien Pain a en effet lâhabitude de partir avec des smartphones pour couvrir les manifestations, de bidouiller quand il le faut pour tester de nouveaux formats et a pu sâadapter en 24 heures aux conditions inĂ©dites de tĂ©lĂ©travail imposĂ©es par le confinement. Et quand il sâest agi de contribuer aux besoins de France tĂ©lĂ©visions pour couvrir cette crise, âVrai ou fakeâ sâest imposĂ© tout naturellement.
Que restera-t-il de cette expĂ©rience aprĂšs la crise ? Le style de narration et la rĂ©alisation trĂšs Youtube ne transformeront pas le 20 heures du jour au lendemain. Le tĂ©lĂ©travail ne deviendra pas non plus la rĂšgle pour la machine tĂ©lĂ©visuel et ses exigences de qualitĂ© dâimage et de son trĂšs Ă©levĂ©es. Mais, espĂšre Julien Pain, cette accĂ©lĂ©ration de lâinnovation lui permettra de pouvoir mieux diffuser et partager son travail dans le paquebot public et de tester plus rĂ©guliĂšrement de nouvelles idĂ©es en mode agile.
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Pour aller plus loin
Le home studio de Julien Pain La rubrique Vrai ou Fake Les Observateurs de France 24-----
L'essentiel de l'Ă©pisode
Se concentrer sur la lutte contre les intox
[00:05:23] Au moment du confinement, je me suis dit en quoi je peux ĂȘtre utile? Qu'est ce qu'est ce que l'Ă©quipe peut faire le mieux et sur laquelle elle peut ĂȘtre efficace le plus rapidement? Il y avait un vrai dĂ©veloppement des intox au moment de ce dĂ©but du confinement, on voyait bien qu'il y avait tout et n'importe quoi qui Ă©tait racontĂ© sur les rĂ©seaux sociaux. En tant que journaliste du service public, j'ai senti qu'on avait un rĂŽle Ă jouer important parce qu'on s'est aperçu concrĂštement que les intox tuent au sens propre du terme. Ce n'est plus une allĂ©gorie. ConcrĂštement, les fausses informations qu'on reçoit sur les rĂ©seaux sociaux en ce moment, peuvent nous mener Ă l'hĂŽpital. Je me suis dit c'est sĂ»rement lĂ que je pouvais ĂȘtre le plus efficace avec mon Ă©quipe en ce moment. Donc, du coup, j'ai rĂ©orientĂ© le travail de toute l'Ă©quipe sur cette lutte contre les infox.
Du mojo au 20 heures
[00:06:30] Un jour, on était au boulot. On n'avait absolument jamais été en télétravail. France Télévisions n'est pas habituée au télétravail. La télé, c'est pas vraiment quelque chose qui se fait en télétravail. Et du jour au lendemain, littéralement, on a monté ce petit projet qui est devenu plus gros de lutte contre les intox en télétravail.
[00:07:30] Au dĂ©part, on n'avait mĂȘme pas d'ordinateur du bureau. C'est notre ordinateur perso, on a installĂ© les logiciels qui nous permettent de faire des interviews, etc. Ensuite on sâest dit, il faut qu'on fabrique des sujets. La meilleure façon de filmer, c'est de le faire avec kits âmojoâ.
[00:09:14] En gros, c'est l'idĂ©e, c'est que le matĂ©riel que vous avez tous Ă la maison c'est le mĂȘme que j'utilise quasiment moi pour tourner des sujets qui passent en ce moment au 20 heures.
[00:09:35] La chance qu'on a Ă nous, finalement, c'est que ça fait des annĂ©es qu'on travaille avec ce genre de matĂ©riel. Moi, je travaille souvent avec des camĂ©ras classiques mais il y a plein de moments oĂč on avait dĂ©jĂ expĂ©rimentĂ© de travailler chacun avec des kits mojo, par exemple dans les manifs. Nous, on trouve que c'est plus pratique de filmer avec des iphones parce qu'on est plus discret, parce que on peut se faufiler, parce qu'on peut aller prendre des sonores en se rapprochant plus des gens. Et on intimide moins les gens qu'avec une grosse camĂ©ra.
Donc, nous ça fait des annĂ©es qu'on travaille avec ce type de matĂ©riel et finalement, ça a Ă©tĂ© une chance dans ce moment oĂč il a fallu se redĂ©ployer trĂšs rapidement parce que non seulement non seulement moi, mais toute l'Ă©quipe, Ă©tait capable dâutiliser ce kit tĂ©lĂ©phone, etc. Je pense que ça aurait pris beaucoup de temps pour une Ă©quipe classique de France TĂ©lĂ©. Pour nous, c'Ă©tait relativement naturel.
[00:10:25] On a commencé uniquement avec notre matos à nous, je tournais avec mon téléphone à moi et je montais avec mon ordinateur à moi. Là , on est en train de se professionnaliser un peu, c'est à dire qu'on est en train de récupérer du matos maison pour avoir des outils un peu plus performants pour faire une meilleure image, pour monter de façon un peu plus pointue.
[00:11:20] Quand qu'on commence Ă passer au 20 heures. On attend quand mĂȘme une qualitĂ© technique un peu meilleure. Donc lĂ , on s'est Ă©quipĂ© avec un micro qui nous permet mĂȘme d'ĂȘtre assez loin de la camĂ©ra et mĂȘme en mâĂ©loignant en s'Ă©loignant du smartphone, j'arrive quand mĂȘme Ă avoir une qualitĂ© correcte.
Et puis aprĂšs, sur la fabrication, au dĂ©part on montait tout seul sur iMovie; maintenant, on fait des bout Ă bout sur iMovie et ensuite on les envoie au bureau, pour faire rajouter une couche graphique quâon ne pouvait pas faire. On aime bien, en plus, avoir du texte qui s'affiche, avoir de l'infographie un peu un peu chiadĂ©, qui vient supporter le propos parce que comme on fait du fact checking on a des choses assez prĂ©cises Ă expliquer et l'infographie est utile. Et ça, Ă©videmment, on n'est pas infographiste, on ne peut pas faire tous les mĂ©tiers tout seul.
[00:13:15] C'est une période de crise et une période de transformation violente, et moi, personnellement, c'est quelque chose qui m'intéresse. Parce que dans les moments de transformations importantes, il faut imaginer des nouveaux process trÚs rapidement. Il faut changer son logiciel trÚs rapidement. Moi, c'est quelque chose que j'ai toujours aimé.
C'est une période dynamique pour moi d'un point de vue de travail parce que j'ai pu faire évoluer trÚs rapidement des process, sachant que France TV, c'est une grosse maison qui évolue trÚs lentement. Et là , ça m'a donné l'opportunité de faire bouger la maison quelque part beaucoup plus que n'aurais pu le faire.
Ăa fait quatre ans que je suis Ă France TV. J'avais trĂšs peu fait Ă©voluer France TV puisque je suis un petit rouage, mais lĂ , en quelques semaines, on a quasiment tous les jours ou tous les deux jours, un sujet entiĂšrement filmĂ© Ă la maison avec un tĂ©lĂ©phone qui passe au 20 heures de France 2. Donc, la rĂ©volution, elle est Ă©norme.
Alors, je ne suis pas idiot. J'imagine bien qu'Ă la fin du confinement, le 20 heures, avec sa machine beaucoup plus sophistiquĂ©e, va se remettre en place et qu'on aura sĂ»rement moins besoin des kits mojo et heureusement. Mais en mĂȘme temps, je pense que ça laissera une trace. Je pense qu'on est sur une voie d'innovation qui est intĂ©ressante.
15 ans dâagilitĂ©
[00:16:28] Cela fait 15 ans que je bricole, c'est-Ă -dire que j'ai toujours Ă©tĂ© un artisan et un bricoleur dans la tĂ©lĂ©. Je n'ai jamais fait les choses de façon traditionnelle parce que je n'ai pas de formation tĂ©lĂ© classique. Quand tout se passe bien, les bricoleurs comme moi, on a peut ĂȘtre moins besoin parce que tout roule, parce qu'il faut savoir gĂ©rer des grosses machines. Par contre, dans les moments oĂč il faut aller trĂšs vite, on sent qu'il y a un besoin de changement. Et lĂ , le travail que tu as fait depuis 15 ans d'ĂȘtre capable de bricoler et surtout d'avoir formĂ© une Ă©quipe, c'est trĂšs utile.
[00:17:37] Je vois comment les youtubeurs font, je vois comment les mecs font sur Facebook, du coup ça reste dans mon pĂ©rimĂštre et le jour oĂč j'ai besoin de dĂ©gainer une idĂ©e pour la tĂ©lĂ©, je vais aller la chercher dans d'autres univers. Je crois que la force de l'Ă©quipe qu'on a, c'est qu'on est capable d'aller chercher des idĂ©es ailleurs, pas seulement dans notre univers.
[00:17:59] Nos sujets que tu vois au 20 heures, c'est des âface camâ, donc des gens qui parlent face Ă la camĂ©ra et qui expliquent des choses en alternant trĂšs vite avec du in, de la vidĂ©o qui vient rentrer, ensuite des infographies, et c'est montĂ© en ce qu'on appelle le âjump cutâ, c'est-Ă -dire qu'on ne cherche pas Ă faire de plans d'illustration. Lâinspiration câest Youtube.
[00:19:04]
LâĂ©quipe, c'est tous des journalistes. Par contre, moi, je ne peux pas avoir quelqu'un dans l'Ă©quipe qui a une aversion pour la technique. Si quelqu'un me dit : moi, je suis uniquement rĂ©dacteur, donc le techos, c'est le mec Ă cĂŽtĂ© qui prend le son ou qui filme, et moi je ne touche qu'Ă l'Ă©ditorial parce que je suis un journaliste, cette personne ne mâintĂ©resse pas.
On peut ĂȘtre excellent dans l'Ă©ditorial et en mĂȘme temps toucher un peu Ă tout; ça ne va pas rendre moins bon Ă©ditorialement dâĂȘtre capable de se servir d'un smartphone.
Les Observateurs sur France 24
[00:22:50]
Jâai commencĂ© comme ça le fact checking: jâavais des images, mais je ne pouvais pas les passer Ă lâantenne tant que je les avais pas vĂ©rifiĂ©es. Moi, j'ai attaquĂ© le fact checking d'un point de vue trĂšs pratique. Il fallait que je vĂ©rifie pour pouvoir passer Ă l'antenne et donc effectivement, en ce moment, oĂč on est en confinement et on voit passer toutes ces images qui circulent sur les rĂ©seaux sociaux, moi c'est dans mon ADN de les prendre, de les rĂ©cupĂ©rer et de me dire qu'est ce que je peux en faire, comment je les utilise, etc.
Et aprĂšs ?
[00:25:55] Je pense que c'est une graine, elle est plantée. Moi, j'étais une graine qui était hors sol, c'était les tomates hors sol bio de Bretagne. Maintenant, c'est fini. Cette graine est plantée parce que le 20 heures nous a fait rentrer dans le sol. Alors forcément dans un premier temps, on va vivre en recul. On a pris une place pendant le confinement qui était importante parce que quelque part, on n'avait pas le choix. Là , il y aura un recul aprÚs la sortie du confinement, c'est sûr. Mais la graine, elle est là et je pense que ça va faire réfléchir des gens.
[00:27:31] Moi, ce que je voudrais, qu'on imagine les formats diffĂ©remment, c'est-Ă -dire que pour l'instant, un 20 heures mais aussi une chaĂźne info, fonctionne avec 3 ou 4 formats. Par exemple, si je prends FranceInfo, on a le sujet tĂ©lĂ© classique avec un sonore, avec des images d'illustration, avec commentaire sur images et ensuite on a un intervenant en plateau qui fait une chronique, une chronique, c'est toujours la mĂȘme chose. Et nous, Ă France Info, on a inventĂ© un nouveau format : un âhubâ avec quelqu'un qui se retrouve face Ă un grand Ă©cran et il va pouvoir le toucher parce que c'est un Ă©cran tactile.
Là , on est en train de montrer que on peut créer beaucoup plus rapidement des formats qui s'adaptent à ce que les gens voient déjà sur les réseaux auxquels ils sont habitués et qui permettent de se différencier des autres. Et ces formats, il ne faut pas les faire évoluer une fois tous les 5 ans. Il faut toute l'année tester des choses. Moi, je pense qu'il faut expérimenter des choses et ne pas avoir peur de casser les codes pendant l'année.
[00:29:04] Si on doit résumer, je pense qu'il faut qu'on prenne un peu plus de risques parce qu'il y a moyen de faire des paris qui fonctionnent.
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Crédits
Interviews : Sébastien Bailly, Elise Colette, Philippe Couve, Jean-Baptiste Diebold, Marianne Rigaux Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold Réalisation sonore : Raphaël Bellon Design graphique : Benjamin Laible Communication : Laurie Lejeune Générique et habillage sonore : Boris Laible Intégration web : Florent Jonville Production : Ginkio et Samsa.fr -
Depuis une semaine, le Monde propose Ă ses lecteurs de retrouver ses informations sur WhatsApp, pour suivre de plus prĂšs lâactualitĂ© du coronavirus. Câest lâĂ©quipe des DĂ©codeurs qui a mis en place ce service, pour lutter encore plus efficacement contre les fake news. Mais câest Ă la porte de leurs consoeurs et confrĂšres du Monde Afrique quâils ont frappĂ© pour mieux connaĂźtre WhatsApp et ses utilisateurs.
Depuis un an et demi, en effet, Le Monde Afrique est prĂ©sent sur WhatsApp. Dâabord via les groupes, puis en touchant un plus grand nombre de personnes grĂące Ă des logiciels spĂ©cifiques. La formule a vite connu un franc succĂšs auprĂšs de ses lecteurs, tant lâapplication de messagerie est populaire sur le continent africain. Mais depuis la fin de lâannĂ©e 2019, WhatsApp (qui appartient Ă Facebook) a changĂ© les rĂšgles du jeu et les mĂ©dias ont dĂ» sâadapter.
Au Monde Afrique, on est passĂ© Ă la fabrication de âstatutsâ pour continuer Ă diffuser lâinformation. Et ça marche !
Marilyne Baumard, la rĂ©dactrice en chef du Monde Afrique, est lâinvitĂ©e de ce nouvel Ă©pisode dâA Parte. Elle revient avec nous sur lâaventure de sa rĂ©daction sur WhatsApp, de ses bĂ©nĂ©fices et de ses limites. Elle nous parle aussi du traitement de lâinformation au temps du coronavirus.
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Pour aller plus loin
Pour sâabonner aux statuts du Monde Afrique sur WhatsApp :
Pour suivre lâactualitĂ© du coronavirus avec les DĂ©codeurs sur WhatsApp
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Lâessentiel de lâĂ©pisode
Le WhatsApp des DĂ©codeurs
Les DĂ©codeurs sont allĂ©s chercher un petit peu les mĂȘmes choses que nous sur WhatsApp. C'est Ă dire un lien beaucoup plus proche avec le lecteur, mais aussi une info qui passe mieux et qui passe vers des personnes qui, peut ĂȘtre, ne passent pas leurs journĂ©es Ă Ă©couter le live du monde.fr. Ăa leur permet de toucher un autre public, de le toucher diffĂ©remment.
Ăa permet Ă ces messages d'ĂȘtre beaucoup plus viraux que ne peut l'ĂȘtre un article du Monde.
Avec la fermeture des frontiĂšres un peu partout, bien WhatsApp, c'est une porte d'entrĂ©e qui permet d'ĂȘtre Ă©coutĂ©, d'ĂȘtre lu dans la francophonie un peu partout dans le monde. CâĂ©tait un objectif aussi des DĂ©codeurs d'aller, comme Le Monde Afrique, chercher un public non français.
Test and learn
On a commencĂ© sur WhatsApp, au Monde Afrique, en se disant on va voir ce que ça donne. Comme on est aujourd'hui sur Telegram : on voit ce que ça donne. On nâen sait rien. Il faut inventer. Il faut regarder pour regarder ce qui plaĂźt au lecteur, ce qu'il a envie de lire et ce qui est utile dans le paysage aujourd'hui.
Les relations avec WhatsApp
On a dĂ©jĂ eu beaucoup de mal Ă crĂ©er un lien avec lâentreprise WhatsApp. C'est une toute petite Ă©quipe qui nâa pas de reprĂ©sentation en France. Donc, ils ne s'embĂȘtent pas Ă discuter avec les mĂ©dias.
Les choses sont devenues trĂšs compliquĂ©es quand ils ont changĂ© les rĂšgles du jeu. Ce qui se passait au dĂ©part, lorsqu'on a lancĂ© le WhatsApp Afrique, c'est que l'on pouvait, par un logiciel, dĂ©plafonner nos 256 abonnĂ©s par groupe. Ce qui fait que l'on avait un immense groupe d'abonnĂ©s qui ne prenait pas en compte ce chiffre plafond de 256. Et puis, un jour, au cĆur de l'Ă©tĂ© 2019, WhatsApp a donc annoncĂ© que tout ça s'Ă©tait terminĂ©, qu'il n'Ă©tait plus question d'avoir des logiciels qui plafonnent et quâil fallait rentrer dans le moule et se limiter Ă la diffusion d'une information Ă 256 personnes. Ce qui Ă©tait totalement inconcevable pour nous.
Lâutilisation de statuts de WhatsApp
Alors on a testĂ© nos abonnĂ©s WhatsApp. On leur a demandĂ© : âQu'est ce qui vous conviendrait? Qu'est ce que vous aimeriez qu'on fasse pour continuer Ă vous informer via WhatsApp?â
Et ils nous ont dit : âNous, on regarde les statuts WhatsApp.â C'est lĂ qu'on a commencĂ© Ă faire des petites vidĂ©os qui prĂ©sentent aussi une actualitĂ© dans les statuts de lâapplication.
Il y a un peu l'Ă©quivalent du chapeau et du premier paragraphe d'un article, mais s'il le souhaite, lâinternaute peut cliquer sur le lien et se retrouver sur le site du Monde Afrique pour lire lâarticle en intĂ©gralitĂ©.
Cela ne change pas l'info qu'on donne. On repart toujours de notre info de base. Ce qui change, c'est son mode de prĂ©sentation. Câest la porte d'entrĂ©e qui change et qui va faire que l'on est plus engageant et que l'on va aussi permettre Ă des gens qui n'ont pas envie de lire cinq feuillets sur les tests coronavirus d'avoir cette information. Et puis, petit Ă petit, d'aller de plus en plus vers des articles plus longs.
Quâest-ce qui change ?
Donc, ce n'est pas l'info qui change, mais c'est la façon de l'amener. Et ça aussi, c'est trÚs enrichissant pour nous, journalistes, parce que on a envie aussi que les choses bougent un peu.
On a envie de bouger les formats. C'est quand mĂȘme un vrai espace de libertĂ© qui est intĂ©ressant Ă utiliser.
La contrainte du format sur WhatsApp, c'est la mĂȘme contrainte que quand on veut faire un bon papier. C'est de donner un maximum d'infos dĂšs le dĂ©but, sans rebuter. Donc, c'est rĂ©pondre Ă ces fameuses quatre ou cinq questions importantes (les 5W). Et en mĂȘme temps, que ce soit en engageant que ce soit un peu fun et que ce soit beau aussi.
A partir du moment oĂč l'information est vĂ©rifiĂ©e, c'est notre standard. La forme, elle peut bouger, elle doit bouger, elle doit Ă©voluer.
Les statistiques dâaudience, les retours
Le nombre de retours qu'on a est aussi un vrai moyen de mesurer l'implication des lecteurs et leur attrait pour ce vecteur d'information. Mais ce qu'on ne peut pas mesurer, c'est le nombre de partages.
WhatsApp en Afrique
En Tunisie, WhatsApp n'a pas une bonne rĂ©putation. Alors que sur toute l'Afrique francophone d'Afrique de l'Ouest, ça marche vraiment trĂšs bien. Câest le cas aussi au Maroc et en AlgĂ©rie. On a vu que ça avait beaucoup augmentĂ© pendant les Ă©vĂ©nements en AlgĂ©rie. Au Cameroun aussi, ça fonctionne bien.
Le Monde Afrique au temps du coronavirus
On a une vingtaine de correspondants en Afrique. Ils sont tous restĂ©s sur place et ils travaillent tous. Ils sont tous en lien avec les populations, mĂȘme si on leur demande de prendre des prĂ©cautions pour travailler. Mais ils font leur boulot sur le terrain pour essayer de voir quelles sont les limites de ces beaux messages qui, vus de France, disent que lâAfrique est confinĂ©e. Il y a des choses qui sont qui sont impossibles en Afrique. âLavez-vous les mains vingt fois par jour !â D'accord. Mais quand on est dans un quartier oĂč il n'y a pas d'eau courante, comment on s'y prend ?
Tous nos dĂ©placements d'un pays Ă l'autre se sont arrĂȘtĂ©s. Donc on travaille Ă Paris, on fait remonter de l'info beaucoup plus de nos correspondants qui, eux, sont restĂ©s sur le terrain.
Et puis sur place ? Bah, voilĂ , ce qu'on demande, c'est d'ĂȘtre prudent. Bien sĂ»r, on a des journalistes malades, ils se soignent. Et puis on est avec eux et on surveille que les choses ne dĂ©gĂ©nĂšrent pas. Et on continue Ă aller voir sur le terrain, Ă ĂȘtre au plus prĂšs des gens.
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Crédits
Interviews : SĂ©bastien Bailly, Elise Colette, Philippe Couve, Jean-Baptiste Diebold, Marianne Rigaux
Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
Réalisation sonore : Raphaël Bellon
Design graphique : Benjamin Laible
Communication : Laurie Lejeune
Générique et habillage sonore : Boris Laible
Intégration web : Florent Jonville
Production : Ginkio et Samsa.fr -
A Parte poursuit sa série sur les médias en pleine gestion de crise du Covid-19.
Cette semaine, Erwann Gaucher, le directeur du numĂ©rique de France Inter, a trouvĂ© un rapide crĂ©neau pour nous raconter Ă chaud comment les choses sâorganisent au sein de la âpremiĂšre radio de Franceâ et comment innover, avec des âconcerts dans la cuisineâ inaugurĂ©s avec StĂ©phane Eicher ou un nouveau podcast, âParoles de soignantsâ.Il a fallu abandonner les captations vidĂ©os des Ă©missions dâinfo en studio qui cartonnent sur Youtube en temps normal et constituent un tiers de lâaudience numĂ©rique. Une solution a finalement Ă©tĂ© trouvĂ©e - en visioconfĂ©rence - pour les humoristes. ParallĂšlement, cette crise a Ă©tĂ© lâoccasion de mettre lâaccent sur la mission Ă©ducative dâInter. Des trĂ©sors ont Ă©tĂ© dĂ©nichĂ©s pour aider les lycĂ©ens Ă rĂ©viser leur bac de français ou dâhistoire.
France Inter mise aussi sur les podcasts natifs. Cette semaine, elle inaugure une production quotidienne, publiĂ©e juste avant les applaudissements de 20 heures, avec des tĂ©moignages de soignants sur 5 Ă 7 minutes. Et en quinze jours, les podcasts "Les OdyssĂ©es" et "Les histoires d'Oli" ont dĂ©passĂ© les 2 millions dâĂ©coutes.
DerniĂšre tendance, comme nombre dâautres mĂ©dias, la radio publique ouvre grand son antenne aux questions des auditeurs et auditrices. Un flot incroyable de questions sont envoyĂ©es directement sur Facebook en messages directs. Elles ont toutes droit Ă une rĂ©ponse informĂ©e.
Que restera-t-il aprĂšs la crise ? A minima de nouvelles habitudes de travail, constate celui qui se dĂ©crit sur Twitter comme un âagitateur de rĂ©dactionâ. Il est servi.
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Lâessentiel de lâĂ©pisode
Mise en place en un week-end
[00:02:56]
France Inter étant ce qu'on appelle un opérateur d'importance vitale, il était, dans le cadre d'une crise sanitaire comme celle que l'on vit depuis quinze jours, absolument essentiel que nous soyons en capacité de continuer à émettre sur les ondes, mais aussi de mettre ces contenus à disposition de tout le monde sur les différents devices numériques, le site, l'application et l'ensemble des supports sur lesquels nos auditeurs nous écoutent chaque jour en numérique. Avec comme pour tout le monde, la petite difficulté de l'équation, c'est que il ne fallait plus personne à la Maison de la radio.
[00:05:22]
Il fallait vraiment qu'on soit efficace tout de suite parce que nos audiences ont quasiment triplĂ© en quelques heures, les visites, les Ă©coutes, en direct, en podcast. On a senti ce rĂ©flexe qui rappelle l'importance de la radio dans les moments de crise. C'est vraiment le mĂ©dia vers lequel se tourne naturellement le plus de monde. Câest de brancher la radio quand il se passe quelque chose de trĂšs grave et trĂšs important.
La vidéo
[00:05:58]
La premiĂšre chose, par la force des choses, ça a Ă©tĂ© de supprimer la vidĂ©o. Et ce n'est pas anecdotique parce qu'aujourd'hui un tiers de l'audience numĂ©rique de France Inter se fait en vidĂ©o. C'est un des grands lieux de conquĂȘte. On a une chaĂźne YouTube qui marche trĂšs, trĂšs fort, avec plus d'un demi-million d'abonnĂ©s. On fait environ 40 Ă 45 millions de vidĂ©os vues par mois. Ăa reprĂ©sente vraiment une grosse part de notre audience et c'est sans aucun doute, mĂȘme si on n'a pas de chiffres prĂ©cis, on le voit par recoupement, une grande partie d'internautes qui ne sont pas des auditeurs de radio. Donc ce sont des gens qui nâĂ©coutent France Inter que par le biais de la vidĂ©o et notamment de YouTube.
Dans les premiers jours, on a donc dĂ» couper puisqu'on n'avait plus personne en studio, on nâavait plus d'invitĂ©s, on n'avait plus non plus suffisamment de gens pour s'occuper de la radio filmĂ©e, puisqu'on a Ă©videmment transfĂ©rĂ© le maximum des forces vers l'antenne pour avoir le moins de monde possible de gens dans des studios.
Petit à petit, on y est revenu, à travers des fausses vidéos qui sont les fameuses vidéos avec des ondes défilant sur des photos. Et puis depuis le début de la semaine, notamment à travers les chroniques d'humour trÚs, trÚs attendues qu'on nous réclamait beaucoup.
Accent sur lâĂ©ducation et les podcasts
[00:08:33]
Cela sâest trĂšs vite mis en place. Depuis plusieurs mois, voire un peu plus d'un an, cĂŽtĂ© numĂ©rique Ă Inter, on travaille avec l'envie de proposer aux enfants et aux jeunes parents des choses Ă Ă©couter, Ă faire Ă©couter Ă leurs enfants sans avoir Ă les mettre devant un Ă©cran. Et le podcast est assez gĂ©nial pour ça. Et il suffit de voir un enfant entre jouer aux playmobil en Ă©coutant âLes OdyssĂ©esâ pour comprendre tout l'intĂ©rĂȘt, c'est-Ă -dire qu'il n'est pas captif de la chose.
[00:09:37]
Ces offres ont vraiment beaucoup plus cartonné que je ne m'y attendais puisque Oli, le podcast des histoires pour les petits et les Odyssées, pour les un peu plus grands, ont été écoutés 2 millions de fois en dix jours. C'est vraiment assez énorme pour des podcasts qui ne passent pas à l'antenne, qui sont uniquement en podcast natif.
[00:13:05]
Notre nouveau podcast sâappelle âParole de soignantsâ et l'idĂ©e n'en est pas forcĂ©ment trĂšs, trĂšs originale. On a simplement constatĂ© ce qui se passe autour des soignants, cette envie des gens d'aller les applaudir tous les soirs. Nous on a beaucoup de tĂ©moignages Ă l'antenne, de mĂ©decins, d'infirmiĂšres, de toute cette communautĂ© de soignants dont tout le monde sait qu'ils sont en premiĂšre ligne actuellement.
Et on se dit que ce que l'antenne ne permet pas tout le temps en temps, c'est-à -dire d'avoir un témoignage sur la longueur, pourrait faire un podcast intéressant. Là , on est depuis quelques jours vraiment les mains dans le cambouis pour pouvoir sortir chaque soir avant 20 heures, un podcast de 5 à 7 minutes. C'est-à -dire qu'on veut leur laisser la parole en longueur, qu'ils nous expliquent ce qu'ils vivent en ce moment dans les différentes régions de France, dans les différents métiers de la communauté soignante, leurs problÚmes, leurs peurs, leurs envies, leurs coups de gueule, leurs coups de coeur et leurs petits moments joyeux.
[00:14:20]
Enregistrement Ă distance avec un rĂ©alisateur Ă distance qui travaille dessus. C'est presque le plus long Ă mettre en place : le cheminement pour pouvoir industrialiser la chose. Parce pour faire un ou deux Ă©pisodes on sait le faire maintenant rapidement, mĂȘme dans ces conditions. Mais si on veut que tous les soirs Ă la mĂȘme heure, un podcast sorte, c'est lĂ oĂč l'organisation doit se mettre en place.
[00:15:15]
Vendredi dernier, on a inaugurĂ© un concert Ă distance avec StĂ©phane Eicher depuis sa cuisine. Concept qui devrait se renouveler au fil des semaines avec des concerts de musiciens depuis leur cuisine. On nâavait rien, pas de bons smartphones. Et au final, la qualitĂ© de ce qui a Ă©tĂ© diffusĂ©e n'est Ă©videmment pas optimale, pas celle qu'on admettrait si StĂ©phane Eicher Ă©tait venu jouer dans nos studios, mais elle est tout Ă fait correcte. Il faut vraiment souligner le boulot des Ă©quipes techniques.
RĂ©seaux sociaux
[00:18:10]
On a eu une montĂ©e en charge de commentaires et de DM, de messages directs, que ce soit sur Facebook ou Twitter. Et je pense que c'est à ça qu'on voit aussi la qualitĂ© d'une communautĂ©. Les gens n'Ă©taient pas lĂ , forcĂ©ment, pour poser beaucoup de questions entre eux, mĂȘme s'il y en a eu beaucoup plus que d'habitude, mais ils venaient nous poser des questions. Mais concrĂštement, est ce que je peux faire ça concrĂštement? Est ce que je dois faire ceci ou cela? Est ce que je vais voir? Et c'est lĂ oĂč on se dit qu'on a rĂ©ussi Ă tisser un lien.
[00:18:43]
Là , je tire un coup de chapeau à l'équipe de community management parce qu'il ont vraiment passé quinze jours à répondre individuellement. Je pense que la quasi-intégralité de ceux qui nous ont envoyé un message privé via Facebook ou Twitter pour nous poser une question ont reçu une réponse qui n'était pas simplement un accusé de réception, mais une réponse pour leur dire : voilà , nous, on a trouvé dans telle émission, dans tel article de la rédaction, quelque chose qui nous semble répondre à votre question et on vous propose de le lire ou d'écouter pour vous renseigner.
[00:21:05]
On a un vrai Facebook qui cartonne en ce moment, c'est à dire qu'on a vu le taux par rapport au nombre de fans que l'on a sur Facebook et le nombre de visites que ça génÚre, qui est trÚs, trÚs important.
Travail concentré sur la lutte anti fake news
[00:21:28]
ImmĂ©diatement, on a vu circuler absolument tout et n'importe quoi sur WhatsApp, Messenger, sur les rĂ©seaux, en vidĂ©o, etc. StĂ©phane Jourdain, le rĂ©dacteur en chef numĂ©rique, sâest dit que c'Ă©tait vraiment ça qu'il fallait creuser et ça a Ă©normĂ©ment cartonnĂ©.
[00:22:10] Premier dispositif, les repĂ©rer. On a vraiment tout le monde mis Ă contribution parce qu'on sait que le trĂšs gros des fake news, ce n'est pas forcĂ©ment ce qu'on voit le plus passer sur Facebook. C'est plutĂŽt ce qui s'Ă©change en messages directs, en boucle WhatsApp, et mĂȘme mails pour les internautes les plus ĂągĂ©s. On essaie vraiment de les rĂ©colter et puis, un par un, de les prendre. Sur le site de France Inter, on a crĂ©Ă© Focus, sous la Une, avec tous les articles consacrĂ©s aux fake news.
[00:22:58]
Il y a une grosse partie de gens qui nous ont dĂ©couvert en cherchant ces infos via les moteurs de recherche, via des agrĂ©gateurs comme Apple News ou les rĂ©seaux sociaux. Beaucoup nâĂ©taient pas des internautes dâInter.
Les méthodes de travail
[00:24:42]
Notre organisation sâest trĂšs vite mise en place, chacun Ă©tait dans son couloir, savait exactement ce qu'il avait Ă faire et a foncĂ©, a Ă©tĂ© efficace. J'ai mĂȘme moi, en tant que directeur du numĂ©rique, plutĂŽt dĂ» dire aux Ă©quipes : attention, on est parti comme des fous, c'est un magnifique sprint, mais c'est un marathon qu'on va devoir courir. Il faut maintenant rĂ©ussir plutĂŽt Ă s'organiser pour tenir dans la longueur, parce qu'on est un peu moins nombreux que normalement. Et on est surtout dans des conditions plus fatigantes. Je pense que toute personne qui tĂ©lĂ©travaille pendant deux semaines de suite se rend compte quâĂȘtre toute sa journĂ©e en visioconfĂ©rence c'est beaucoup plus fatiguant que de se voir et passer discuter d'un sujet de bureaux Ă bureaux.
[00:26:05]
Ce qui va rester ? Sans doute un potentiel changement dans les modes de production, parce qu'on voit qu'il y a des choses qu'on arrive Ă faire Ă distance. Je pense surtout que ça a validĂ© quelque chose dont on se disait rĂ©guliĂšrement qu'on en Ă©tait capable, mais on n'avait jamais eu Ă le l'expĂ©rimenter Ă cette Ă©chelle-lĂ , Ă savoir une trĂšs, trĂšs grande souplesse. Paradoxalement, le numĂ©rique n'est pas toujours aussi souple que peut ĂȘtre la radio Ă l'antenne, la radio FM, avec des outils plus simples.
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Crédits
Interviews : SĂ©bastien Bailly, Elise Colette, Philippe Couve, Jean-Baptiste Diebold, Marianne Rigaux
Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
Réalisation sonore : Raphaël Bellon
Design graphique : Benjamin Laible
Communication : Laurie Lejeune
Générique et habillage sonore : Boris Laible
Intégration web : Florent Jonville
Production : Ginkio et Samsa.fr -
Avec le coronavirus, les mĂ©dias traversent une pĂ©riode inĂ©dite, Ă la fois exaltante et inquiĂ©tante. A parte commence une sĂ©rie dâentretiens autour des impacts humains, Ă©ditoriaux et Ă©conomiques de la crise du coronavirus sur les mĂ©dias. Au journal Nice Matin, la majeure partie de lâĂ©quipe a basculĂ© dans le tĂ©lĂ©travail malgrĂ© quelques rĂ©ticences.
Le responsable digital de Nice matin, Damien Allemand, a renforcĂ© la rĂ©daction web pour produire des contenus de façon accrue. Un live tourne en continu de 7h Ă 23h, une newsletter spĂ©ciale a Ă©tĂ© lancĂ©e et un module de questions/rĂ©ponses avec les internautes a Ă©tĂ© ouvert. Comme pendant les inondations ou les attentats, le quotidien multiplie les initiatives pour ĂȘtre au plus proche de ses lecteurs. Ainsi, Nice Matin a dĂ©veloppĂ© la webapp CoronAides qui met en relation des habitants disponibles pour aider dâautres personnes. Cette plateforme solidaire sâinscrit directement dans lâADN du journal, qui pratique le journalisme de solution depuis trois ans.
Nice matin est dans un processus de mutation numĂ©rique important depuis quelques annĂ©es. Un processus qui sâest accĂ©lĂ©rĂ© ces derniĂšres semaines : avec le coronavirus, la transformation digitale se fait Ă marche forcĂ©e, les choses bougent, lĂ oĂč les projets mettent dâhabitude des mois Ă se concrĂ©tiser.
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Pour aller plus loin
L'article de présentation de CoronAides Suivre Damien Allemand sur Medium-----
Lâessentiel de lâĂ©pisode
Coronavirus, on sâorganise comment
[00:03:49] C'est un peu compliquĂ© de rĂ©pondre Ă la question parce que au dĂ©but, on est confinĂ© Ă domicile. Par contre, elle est trĂšs reprĂ©sentative de tous les documents qu'on reçoit Ă la rĂ©daction depuis depuis le dĂ©but de la crise sanitaire. Il n'y a pas un jour oĂč on reçoit pas 10, 15, 20, 30 vidĂ©os de gens qui applaudissent Ă leur balcon Ă 20 heures ou d'infirmiers, de personnel soignant qui veulent tĂ©moigner de leurs conditions de travail. On reçoit Ă©normĂ©ment de documents sur cette crise. Des documents qui sont tous positifs, qui tĂ©moignent de soutien au corps mĂ©dical, dans une ambiance, je n'ai pas envie de dire festive, mais qui est plutĂŽt bon enfant.
[00:05:02] Oui, c'est trÚs important de le dire parce que c'est une prouesse technique. Dire que c'est un miracle quotidien est en tout cas oui. On est toujours sorti depuis le début de la crise. Tout est fait et tout a été fait pour que le journal continue de sortir. Il y a eu une réduction de pagination, un chemin de fer qui a été refait en quelques heures pour se mettre en ordre de bataille pour garantir la sortie de la sortie du journal. Tout ça, ça a été fait. Et aprÚs, ce qui est intéressant à voir, c'est en gros. Tout s'est fait à marche forcée et j'ai l'impression qu'on est dans une transformation de l'entreprise en quelques en quelques semaines, alors que ce sont des projets qui, en général, dure plusieurs mois. Mais on a une grosse partie de la rédaction qui a basculé en télétravail, une partie qui découvre cela que c'est intéressant.
[00:06:27] CĂŽtĂ© Web, le plus gros enjeu pour nous, ça a Ă©tĂ© de renforcer l'effectif pour tenir le rythme. Depuis le dĂ©but du confinement, on a un live qui tourne de 7 heures Ă 23 heures. En parallĂšle, on continue d'alimenter nos sites. La particularitĂ© de Nice-Matin, c'est qu'il y a deux sites : Nice-Matin et Var-Matin. Du coup, on a quasiment eu quatre renforts sur l'Ă©quipe web pour nous permettre d'alimenter les sites, des gens qui Ă©taient dans les agences. Certains avaient une expĂ©rience du Web, mais pas tous. On Ă©change beaucoup plus lĂ en tĂ©lĂ©travail que quand on est tous dans la mĂȘme piĂšce, on parle toute la journĂ©e sur Slack, on fait une vision le matin, une vision le midi, visio le soir.
[00:09:34] Les journĂ©es sont beaucoup plus denses en tĂ©lĂ©travail. AprĂšs ce qu'on est en train de mettre en place, c'est un petit indicateur du bien ĂȘtre en tĂ©lĂ©travail. J'ai mis en place un formulaire que j'envoie Ă l'Ă©quipe avec une note sur cinq. En gros, comment s'est passĂ©e votre semaine ? Cinq Ă©toiles, c'est trĂšs bien. Une Ă©toile, c'Ă©tait pas top. Qu'est ce qui a bien fonctionnĂ© cette semaine? Est ce qu'on peut amĂ©liorer ça? C'est un truc qu'on commence lĂ et qu'on va essayer de remplir Ă peu prĂšs toutes les semaines.
Coronavirus, la couverture de lâinfo
[00:13:27] On a essayĂ© plusieurs choses et on a essayĂ© surtout de dĂ©couper la journĂ©e en temps de lecture. On essaye de concentrer la matinĂ©e sur tout ce qui est initiatives solidaires et tout ce qui va ĂȘtre un petit peu espoir liĂ© Ă la crise du coronavirus. En gros, l'initiative solidaire, c'est des gens qui mettent en place des collectes pour le personnel soignant, qui offre de la bouffe au personnel soignant ou un taxi qui va faire toutes ses courses gratuitement pour les petites mamies qui veulent aller faire leurs courses.
Le midi, ça va plutĂŽt ĂȘtre comment s'occuper Ă la maison avec des tutos, des conseils pour des sĂ©ries tĂ©lĂ© et des conseils pour occuper ses enfants. Puis on va aller sur du temps long, avec du tĂ©moignage en aprĂšs midi et du dĂ©cryptage des annonces du gouvernement ou de nos responsables locaux avec les impacts sur la vie quotidienne des AzurĂ©ens.
[00:15:33] Le dernier format quand on a mis au point, ce n'est pas trĂšs original, mais ça fonctionne trĂšs, trĂšs bien, ce sont les questions rĂ©ponses avec les internautes. En gros, tous les jours, on rĂ©pond Ă 5 questions de nos lecteurs sur le coronavirus, comme âEst ce que j'ai le droit de promener mon chien?â, âEst ce que ce que j'ai le droit de faire mon footing?â âEst ce que je peux attraper le coronavirus en touchant une poignĂ©e de porte?â On rĂ©pond Ă ces questions lĂ sur notre site. Les journalistes aiment bien faire des sujets d'angles, des belles interviews. LĂ , on se retrouve avec des questions trĂšs concrĂštes d'internautes qui sont âEst ce que quand je vais faire les courses, il faut que je nettoie mes lĂ©gumes, mes lĂ©gumes?â Du coup, on a un vrai rĂŽle Ă jouer pour bien expliquer aux gens. Et du coup aller chercher la bonne info et la retranscrire le plus lisiblement possible.
Coronavirus, accompagner la solidarité
[00:20:25] Oui, on a malheureusement l'habitude des catastrophes Ă Nice-Matin. Et Ă chaque fois, on mobilise nos lecteurs et la rĂ©daction autour autour de causes. Pendant les inondations, on avait crĂ©Ă© des cagnottes sur Ulule pour aider les sinistrĂ©s. On lâavait Ă©galement fait pour les attentats. Et Ă chaque fois, on a essayĂ© de se demander comment pourrait ĂȘtre le plus utile Ă nos lecteurs en essayant de les mobiliser.
[00:21:39] On a mis en place une webapp avec Glide, une start up américaine qui permet de faire des webapp trÚs facilement. Il n'y a pas de code, c'est un Googlesheet qui est derriÚre. Il faut juste le construire et mettre quelques formules pour que toutes les pages communiquent entre elles. On l'a sorti en 10 heures aprÚs l'allocution de Macron et ça s'appelle CoronAides.
Le principe, en gros : Vous avez envie de proposer une aide pendant cette crise du coronavirus? Donnez nous votre nom, donnez nous votre adresse, laissez votre numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone. Si vous voulez sur l'application, les gens peuvent les consulter et vous contacter sâils en ont besoin. Et du coup dessus, on retrouve un peu de tout puisqu'il y a des assistantes maternelles qui sont au chĂŽmage technique et qui, du coup, proposent gratuitement leurs services. On a des chauffeurs Uber qui proposent gratuitement leurs services, des gens qui disent âje suis disponible en bonne santĂ©, j suis volontaire pour aller faire des courses pour des personnes ĂągĂ©esâ. J'ai vu un message qui me fait sourire, quelquâun qui disait qu'il avait un Doliprane chez lui.. Et du coup, il y a des Ă©changes qui lui sont assez inspirant sur la plateforme.
[00:24:31] On a le journal participatif dans le sang. On a été parmi les premiers à relancer le journalisme de solutions en France en 2015. L'application est typiquement quelque chose qui transpire le journalisme de solutions et l'utilité. On a une newsletter qui est dédiée à la gestion de crise en Italie. Comment ils gÚrent, comment ils la vivent. Depuis le début, on dit qu'ils ont dix, quinze jours d'avance sur nous.
[00:26:25] On est en transformation digitale Ă marche forcĂ©e. Il y a plein d'individualitĂ©s aussi qui sont rĂ©ticents Ă la bascule numĂ©rique. LĂ , on est obligĂ© de travailler sur de nouveaux outils. On est obligĂ© de trouver de nouvelles maniĂšres de travailler. Des organisations se font en quelques jours alors que ça fait des mois, voire des annĂ©es, que la plupart des journaux se cassent les dents dessus. Par contre, lĂ , on voit surtout une accĂ©lĂ©ration de tous les projets. On a, comme tous les autres sites, des pics d'audience. Depuis le dĂ©but de la crise, l'abonnement numĂ©rique marchait trĂšs bien chez nous. LĂ , mĂȘme en ayant passĂ© des contenus gratuits, les gens continuent de s'abonner.
[00:31:38] Je trouve que câest une pĂ©riode qui est trĂšs stimulante, oĂč on peut tester beaucoup de choses. En gros, on peut tester, se tromper. C'est pas trĂšs grave parce qu'il y a tellement de choses qui marchent Ă cĂŽtĂ© qu'on peut se planter sur un truc. On peut faire un chatbot dĂ©diĂ© au coronavirus, si ça marche pas, ça marche pas.
[00:32:39] On voit que les gens ont envie de parler. On a mis en place un groupe privĂ© sur Facebook oĂč les gens peuvent se poster en photo chez eux, en tĂ©lĂ©travail ou en train de faire du yoga. Les gens ont besoin de partager en ce moment et de parler, mĂȘme virtuellement, Ă d'autres gens. Et c'est ici qu'il faut qu'on arrive Ă trouver le bon crĂ©neau pour s'installer. J'aimerais bien dans les prochaines semaines, peut ĂȘtre, lancer des groupes de discussion sur le foot qui seraient animĂ©s par nos jeunes sportifs pour encore garder du lien avec nos lecteurs diffĂ©remment.
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Crédits
Interviews : Sébastien Bailly, Elise Colette, Philippe Couve, Jean-Baptiste Diebold, Marianne Rigaux Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold Réalisation sonore : Raphaël Bellon Design graphique : Benjamin Laible Communication : Laurie Lejeune Générique et habillage sonore : Boris Laible Intégration web : Florent Jonville Production : Ginkio et Samsa.fr - Visa fler