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  • Donald Trump lors de son discours d’investiture, qui assure vouloir reprendre du canal de Panama. Un lieu de passage stratégique, construit par les États-Unis avant que son contrôle ne soit rendu au Panama en 1999. Ces 77 km qui lient les océans Pacifique et Atlantique sont au cœur de toutes les spéculations. Donald Trump assure qu’il est géré par les soldats chinois et que les navires américains payent plus cher pour la traversée. Pékin rejette les accusations, tout comme le gouvernement du Panama. Qu’en est-il vraiment ? RFI fait le point.

    « Les navires américains sont sévèrement surtaxés et ne sont pas traités équitablement et cela inclut la marine américaine. Et surtout c’est la Chine qui gère le canal ». Sous la coupole du Capitole, lors de son inauguration Donald Trump a renouvelé sa sortie sur l’une de ses récentes obsessions aux côtés du Groenland et du Canada : le canal de Panama.

    Le président américain revient à la charge malgré les fermes démentis du Panama, que cela soit par la voix de son président Jose Raul Mulino qui martèle que « le canal est et restera panaméen », ou celle de Ricaurte Vasquez Moralez, administrateur du canal cité par Associated Press, pour qui il n’y a « aucune discrimination sur les tarifs ». Les prix pour les traversées sont accessibles. Ils varient selon le poids de la cargaison, la taille du navire mais pas la nationalité du pavillon sous lequel ils flottent. Lors de la rétrocession du canal au Panama sous Jimmy Carter, il était spécifié que l’administration des 77 kilomètres qui séparent le Pacifique de l’Atlantique sera faite selon le principe de la neutralité permanente. Aucun fait probant ne permet d’alimenter les accusations américaines. D’autant que si les États-Unis sont les principaux bénéficiaires des marchandises qui transitent par la voie d’eau, peu de transporteurs américains la fréquentent. Les principales entreprises de fret maritimes sont désormais asiatiques et européennes. L’American President Line, seule à être nommée parmi les principaux utilisateurs du canal est en réalité une filiale de l’entreprise française CMA-CGM. Les accusations de Donald Trump, d’ingérence chinoise, ou d’une présence supposée de soldats de Pékin sur le sol panaméen sont, elles aussi, infondées.

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    Alors à quoi joue Donald Trump ?

    Au-delà de l’intérêt électoral sur le plan domestique, il semble avoir dans son viseur une entreprise de Hong-Kong, CK Hutchison, qui opère les ports aux deux extrémités du canal : Balboa et Cristobal. La concession pour 25 ans a été renouvelée en 2021 et fait l’objet de débat au Panama dû à un manque de transparence supposée dans l’attribution du contrat aux termes trop favorable à l’entreprise. Les autorités panaméennes ont donc lancé un audit pour faire la lumière sur les conditions de la concession, mais également pour obtenir des chiffres permettant de contrer le discours américain. Derrière la rhétorique de Donald Trump se cache l’idée qu’en Chine, toute entreprise doit répondre aux désirs du Parti communiste et que Pékin a nettement gagné en influence au Panama. Deux thèses auxquelles il faut apporter d’importantes nuances.

    En 2017, la Chine a largement avancé ses pions dans le pays d’Amérique Centrale. Le Panama était un allié historique de Taïwan, l’un des rares à reconnaître officiellement l’île, de fait indépendante, que Pékin cherche à isoler diplomatiquement. L’ex-président Juan Carlos Varela a changé d’allégeance, abandonnant Taipei pour reconnaître la Chine continentale. La porte du pays a été ouverte en grande pompe à Xi Jinping lors d’une visite en 2018. Rapidement les contrats de construction chinois se sont multipliés alors que Pékin cherchait alors à faire avancer significativement les « nouvelles routes de la soie » dans la région : TGV, installation portuaire, ligne de métro, pont. Une lune de miel à laquelle a mis fin le nouveau chef d’État panaméen en 2019 : Laurentino Cortizo. Il s'est montré plus équilibré dans ses rapports entre Pékin et Washington et la plupart des projets sino-panaméens ont été abandonnés.

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  • Au Japon, la chaîne Fuji TV est contrainte, sous la pression d'un de ses principaux actionnaires, d'ouvrir une enquête sur l'un de ses présentateurs les plus célèbres à la suite d'allégations « d'inconduite sexuelle ». Masahiro Nakai, 52 ans, une ex-star du boys band « SMAP », très populaire dans les années 1990, aurait versé à une femme une somme de 550 000 euros pour régler, ce que les grands médias, très prudents, qualifient de « problème sexuel ». Il aura fallu qu'un fonds d'investissement américain et actionnaire important de Fuji TV appelle publiquement la chaîne de télévision à « clarifier les faits », pour que le scandale éclate.

    Avec notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles

    Dalton Investments, le fonds américain qui contrôle 7% du capital de Fuji TV, condamne le géant japonais des contenus multimédias, pour avoir ignoré les allégations à caractère sexuel concernant l'une des célébrités les plus populaires du Japon. « Vos lacunes dans le compte-rendu des faits sont impardonnables », s’indigne Dalton dans un communiqué, « cela sape la confiance des téléspectateurs et réduit la valeur des titres des actionnaires ». La star a versé 500 000 euros à une femme, conclu avec elle un accord de confidentialité, sans doute pour régler ce que les médias qualifient de « problème sexuel ». Fuji TV dit avoir « annulé pour le moment », l'émission hebdomadaire animée par Masahiro Nakai en attendant les résultats de l'enquête. L'agence artistique du présentateur assure que « la star n'avait jamais eu recours à la force, ni n'était devenue violente ».

    15% de chute en bourse : les retombées du scandale Fuji TV

    L'indignation publique du fonds d'investissement américain incite de grandes marques comme Toyota, McDonalds, le géant des superettes 7-Eleven, à retirer leurs spots publicitaires de Fuji TV. Le journal Nikkei, la bible des milieux d'affaires japonais, indique que vingt autres grands annonceurs, des compagnies d'assurance, des opérateurs ferroviaires qui placardent dans les wagons de trains et métros des publicités rehaussées du portrait de la star, boycottent, eux aussi, Fuji TV. Sur la plateforme d'investissement en ligne Smartkarma, les analystes révisent à la baisse leurs évaluations des médias cotés en bourse pour lesquels travaille l’ex-star du boys band « SMAP ». Une émission de la chaîne Nippon TV co-animée par Masahiro Nakai a été diffusée, cette semaine, mais sans ses apparitions, elles ont été coupées au montage.

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    Le fondateur de Johnny & Associates au cœur d’un héritage trouble

    Johnny Kitagawa, décède en 2019, il avait violé plusieurs centaines de garçons âgés de 8 à 15 ans qui rêvaient de devenir des idoles de boys band. Ses infamies étaient connues depuis longtemps. Mais il aura fallu la diffusion, en mars 2023, d’un documentaire de la BBC pour que les langues se délient. Une journaliste japonaise qui accusa de viol un journaliste influent de la chaîne TBS proche d'un ancien Premier ministre, Shinzo Abe, éprouva toutes les peines du monde à convaincre les médias et la justice de prendre au sérieux ses accusations. Le harcèlement sexuel a longtemps été un tabou au Japon. Ça l'est moins. Même si le mouvement « Metoo » n'a aucune influence ici. L'industrie du showbiz a été secouée par d'autres scandales. Les Japonaises commencent à parler des violences sexuelles. Pourtant, selon la police, 95% des viols ne sont pas dénoncés. Et la réaction des grands médias reste insuffisante. La preuve par ce dernier scandale en date de Fuji TV.

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  • Les premiers pas de Donald Trump sont aussi suivis de près en Inde, la première population mondiale, partenaire économique et militaire incontournable. Le président américain jouit d’une bonne image auprès des partisans du Premier ministre Narendra Modi. Dans le même temps, les incertitudes sur les visas dans l'ère Trump inquiètent de plus en plus...

    Face au retour de Donald Trump, l’enthousiasme se fait prudent

    Sur le papier, ils ont tout pour s’entendre. Durant son premier mandat, Donald Trump a invité Narendra Modi en grande pompe au Texas et s’est vu retourner la pareille en Inde. Les deux dirigeants se posent en hommes providentiels, artisans de la renaissance de la majorité hindoue ou chrétienne de leur pays. La diplomatie Indienne, écartelée entre le bloc occidental et la Russie, est séduite par la volonté affichée par Donald Trump de mettre rapidement fin à la guerre en Ukraine, tout comme ses sorties agressives sur la Chine, une menace bien tangible en Inde.

    Mais depuis un mois, les débats violents au sein du Parti Républicain autour de l’immigration ont gâché la fête. Tout a commencé avec la nomination par Trump de Sriram Krishnan, un investisseur américain d’origine Indienne, comme conseiller à l'intelligence artificielle. Quoi de plus normal vu son succès, qui reflète celui de nombreux immigrés Indiens aux sommets du monde de la Tech aux États-Unis. Sauf que les MAGA, la frange la plus raciste des partisans de Donald Trump ne s’en sont pas accommodés. « Les Indiens, ils sont partout et ça commence à bien faire », ont affirmé en substance plusieurs figures républicaines, qui exigent la fin totale des visas H1B.

    Le malaise s’est installé parmi les Indiens et Américains d’origine indienne

    Elon Musk, lui-même venu d’Afrique du Sud, a défendu ces visas pour étrangers spécialisés et Trump lui a donné raison. Mais la violence des attaques contre la communauté Indienne lors de ce débat reste un choc. Après l’Amérique latine, c’est aujourd’hui d’Inde que viennent le nombre le plus de migrants aux États-Unis. Le mur a la frontière du Mexique n’a jamais vraiment choqué les Indiens, dont certains se considèrent comme des immigrés d’élites. Le nationalisme de leur Premier ministre, sa proximité affichée avec Trump, l’accession d’américains d’origine Indienne à la tête de Google et Microsoft, leur sont autant de raisons de penser qu’outre-Atlantique, on ne peut pas se passer d’eux.

    Plus dure est donc la chute lorsqu’ils constatent que la xénophobie des MAGA ne les épargne pas. Le sort de l’entrepreneur Vivek Ramaswamy l’illustre à merveille. Ce républicain, fervent soutien de la déportation massive d’immigrés, en croisade contre le « racisme anti-blanc », s’est vu insulter violemment en raison de ses origines indiennes. Lui qui était un temps pressenti pour être vice-président, a finalement été annoncé au sein du département de l’efficacité gouvernementale du nouveau président. On a appris ce lundi qu’il ne fera finalement pas partie du gouvernement. Les Indiens trouveront-ils grâce au sein de la cour réactionnaire autour de Donald Trump ? C’est la question qui taraude ici.

  • Alors que le président Donald Trump entame son second mandat aujourd’hui, son approche à l'égard de la Chine devrait être multiforme, combinant des mesures commerciales et des engagements diplomatiques. En commençant sur les chapeaux de roue puisqu’il a permis la réouverture de Tiktok dimanche 19 janvier.

    de notre correspondante à Pékin,

    La décision de Donald Trump de « sauver » TikTok est lourde de sens. Elle montre que son administration est prête à faire des compromis sur des sujets sensibles si cela s’aligne avec les intérêts des États-Unis. En l’occurrence, protéger les données des utilisateurs via une prise de contrôle partielle - à 50 %, propose-t-il - par des entités américaines.

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    Cela reflète aussi une reconnaissance du rôle économique et culturel des plateformes technologiques comme TikTok, qui compte des millions d’utilisateurs américains. Mais cette stratégie va plus loin. Elle s’inscrit dans le discours « America First » de Donald Trump, en répondant aux enjeux de sécurité nationale tout en assurant la domination américaine sur les infrastructures numériques clés.

    Calcul stratégique

    Ce geste envoie un message clair : les États-Unis, sous Trump, adoptent une ligne dure face à la Chine, mais restent ouverts à des solutions pragmatiques. Cela met en avant un équilibre délicat : protéger les intérêts nationaux tout en évitant une rupture complète avec leurs partenaires économiques.

    Toutefois, cette décision intervient dans un contexte tendu. La Chine n’a pas manqué de critiquer ce qu’elle considère comme une attaque injuste contre ses entreprises. Et en proposant que TikTok soit partiellement contrôlé par les États-Unis, Trump pourrait non seulement durcir les relations avec Pékin, mais aussi déclencher des représailles économiques ou diplomatiques.

    Impact du mandat Trump sur les relations sino-américaines

    Trump a toujours affiché une posture offensive, ferme, face à la Chine, notamment sur le commerce. Pendant sa campagne, il a évoqué des droits de douane pouvant atteindre 60 % sur les produits chinois, avec un supplément de 10 % lié aux préoccupations sur le fentanyl. Ces mesures visent à réduire le déficit commercial des États-Unis et à stimuler la production locale.

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    Mais cela comporte des risques. Les chaînes d’approvisionnement mondiales pourraient être perturbées, entraînant des coûts plus élevés pour les consommateurs américains.

    Trump renforce les alliances dans l’Indo-Pacifique. Marco Rubio, candidat au poste de secrétaire d'État, doit rencontrer ses homologues de l'Inde, du Japon et de l'Australie – le groupe que l’on connaît sous le nom de « Quad » – pour contrer l’influence croissante de Pékin dans cette région clé.

    Malgré cette rhétorique musclée, Trump a aussi exprimé son souhait de maintenir un dialogue diplomatique avec la Chine. Il a d’ailleurs annoncé son intention de visiter Pékin dans les 100 premiers jours de son mandat. Et le vice-président chinois Han Zheng, quant à lui, est attendu à l’investiture de Trump, un signe fort de bonne volonté.

    Le vice-président chinois Han Zheng s'est d'ailleurs entretenu avec le vice-président élu américain J.D. Vance et le milliardaire de la tech Elon Musk lors de réunions séparées à Washington avant l'investiture de Donald Trump, durant laquelle il représente le gouvernement chinois. Les deux parties ont réaffirmé leur engagement en faveur d'une relation « longue et fructueuse ».

    La Chine se prépare

    La Chine adopte une posture mesurée face à ce nouveau mandat Trump, mêlant prudence et préparation stratégique. Pékin anticipe des tensions accrues, notamment sur le commerce, et évalue déjà des alternatives pour amortir l’impact des tarifs douaniers américains. Les experts chinois misent sur la résilience de leurs secteurs manufacturier et technologique, avec une réorientation vers d’autres marchés et un renforcement de l’innovation nationale.

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    Face à l’imprévisibilité de Trump, la Chine semble prête à naviguer dans un contexte géopolitique incertain, cherchant à préserver ses intérêts tout en évitant une confrontation directe.

  • La Thaïlande pourrait devenir, d'ici à 2029, le nouveau temple du jeu en Asie. C’est en tout cas l’objectif affiché par le gouvernement thaïlandais qui vient d’adopter un projet de loi légalisant les casinos et les jeux d’argent dans le royaume. L’initiative portée par le ministère des Finances vise à dynamiser le secteur touristique et à renforcer l’économie, tout en combattant les casinos clandestins, véritable fléau, et qui échappent au contrôle de l’État.

    Comme le sujet est polémique, la Première ministre thaïlandaise Paetongtarn Shinawatra s’est bien gardée de parler de « casinos ». Le texte évoque plutôt des « complexes de divertissements », une manière d’apaiser les craintes dans une société à majorité bouddhiste, préoccupée par les conséquences néfastes des jeux d’argent – dépendances et endettement en tête – et qui font des ravages dans certaines familles.

    A priori, les casinos seront implantés sur cinq sites. Deux à Bangkok, la capitale, et trois autres à Pattaya, Chiang Mai et Phuket. Ils devront obligatoirement faire partie d’un complexe de loisirs, englobant un hôtel, une salle de congrès, un centre commercial ou un parc à thème pour attirer des familles.

    Les casinos seront interdits aux moins de 20 ans, gratuits pour les étrangers et payants pour les Thaïlandais qui devront débourser 140 euros.

    Promouvoir le tourisme et lutter contre les jeux de hasard illégaux

    La question de la légalisation des casinos est un serpent de mer en Thaïlande qui a interdit les jeux en 1935. Seules la loterie nationale et les courses de chevaux sont autorisées par l’État. De nombreuses administrations ont tenté dans le passé de rouvrir les débats sans réussir à aller plus loin, en raison de l’opposition d’une partie de la population. L’argument du gouvernement, entré en fonction en septembre dernier, est avant tout économique. Le tourisme étant le principal moteur économique du pays, les casinos pourraient attirer davantage de touristes étrangers, ce qui permettrait de renflouer les caisses de l’État en taxant cette activité lucrative. Bangkok prend comme modèle Singapour, où l’industrie du jeu a stimulé le tourisme et considérablement augmenté la croissance économique de la cité-État.

    L’autre argument est juridique, la Thaïlande espère ainsi réglementer les activités illégales et mettre un frein aux casinos qui pullulent à la frontière avec la Birmanie, le Cambodge ou le Laos.

    Impact pour les voisins

    Forcément, le projet thaïlandais est scruté de près par Singapour ou les Philippines, qui tirent d’énormes bénéfices de ce secteur chiffré en milliards d’euros. Macao n’a pas de soucis à se faire, car il reste le champion hors catégorie en Asie, l’industrie y avoisine les 28 milliards d’euros. Pour concurrencer les voisins et attirer les opérateurs, Bangkok envisage un taux d’imposition de 17%, soit le plus bas d’Asie.

    Si les casinos deviennent légaux dans le royaume, l’impact pour le Cambodge sera considérable, car l’écrasante majorité des joueurs dans ses casinos le long de la frontière sont thaïlandais. Entre 30 et 40 casinos pourraient mettre la clé sous la porte. Manille pourrait également mécaniquement avoir une baisse de recettes, le président Marcos envisage déjà d’autoriser l’ouverture de nouveaux complexes hôteliers avec casino pour attirer les touristes.

    Une chose qui ne changera pas, selon les spécialistes de l’économie souterraine : les casinos visent avant tout une clientèle étrangère fortunée et la légalisation n’éliminera certainement pas les jeux de hasard clandestins, qui continueront à entraîner dans la spirale de la dette des milliers de Thaïlandais accros aux jeux.

  • Alors que les premiers marins ont franchi la ligne d'arrivée du Vendée Globe, la fin du peloton sort tout juste des éprouvantes mers du Sud. Le skippeur chinois Jingkun Xu, 31ᵉ sur 33 coureurs, vient de passer l’étape symbolique du Cap Horn, la pointe de l’Amérique du Sud. Il est le premier navigateur chinois à participer à cette course autour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance.

    Pionnier de la voile en Chine, Jingkun Xu, 35 ans, est l'un des très rares navigateurs chinois professionnels et le seul à s’être lancé dans la course au large. Il a déjà relevé plusieurs défis : la navigation en solitaire autour de la Mer de Chine (2012), la Mini Transat (2015) ou le tour du monde à la voile avec sa femme (2017). Mais ses performances sont d'autant plus remarquables que Jingkun Xu a un handicap. A 12 ans, il a accidentellement perdu son avant-bras gauche en manipulant des feux d'artifices.

    Rien ne prédestinait ce fils d’agriculteurs à devenir marin. Né en 1989 dans les montagnes du Shandong, à l'Est de la Chine, très loin de la mer, il devient à 13 ans sprinter dans une équipe d'athlétisme régionale. Quelques années plus tard, il est repéré dans le cadre d’une campagne de sélection d’athlètes pour les Jeux Olympiques. Jingkun Xu, qui n’a jamais mis les pieds sur un bateau et ne sait même pas nager, rejoint en 2005 l'équipe paralympique chinoise de voile, une discipline quasi inexistante en Chine jusque-là.

    Trois ans plus tard, son équipage arrive à la 10ᵉ aux Jeux de Pékin de 2008, mais l'équipe est dissoute, la Chine ayant décidé de concentrer ses efforts sur des sports aquatiques plus pourvoyeurs de médailles. Sauf que, lui, a attrapé le virus. Il retape un vieux bateau, se lance des défis sportifs, devient moniteur de voile et ouvre une école nautique à Sanya, sur l’île de Hainan, une zone économique spéciale qui attire les capitaux étrangers.

    Grand rêve, petit budget : un parcours du combattant

    Pour participer au Vendée Globe, sans doute la course la plus exigeante et la plus dangereuse au monde, il ne faut pas seulement avoir les moyens de se payer un bateau de classe Imoca. Idéalement, il faut intégrer des structures de formation à la course au large, qui accompagnent les navigateurs dans leur préparation, il faut aussi des sponsors généreux et des chantiers navals spécialisés dans ce type de bateaux, pour pouvoir optimiser les performances de ces bolides des mers.

    Grosso modo, les infrastructures de la course au large n'existent qu'en France ou dans le monde anglo-saxon. Résultat, en vue de se lancer sur le Vendée Globe, Jingkun Xu vend sa maison en Chine et déménage en Bretagne en 2015. Il réussit à réunir assez d'argent pour s'acheter un vieil Imoca de 2007 qui a déjà couru quatre Vendée Globe, un bateau surnommé « SingChain Haikou » qui participe donc à son cinquième tour du monde.

    De tous les marins, Jingku Xu est celui qui a le plus petit budget. Il n'a d’ailleurs pas pu adapter les commandes à son handicap, et winch donc, comme tout le monde, sur un « moulin à café » classique, à deux bras, pour déployer et adapter la voilure. Depuis plusieurs années, il se forme tout seul, avec sa femme, en participant à plusieurs transatlantiques (Route du Rhum, Transat Café, New-York Vendée) qui lui ont permis de se sélectionner pour son plus grand défi, le Vendée Globe 2024-2025.

    Ambassadeur de la voile en Chine

    Son destin hors du commun et sa détermination ont fait de lui un ambassadeur de la voile en Chine. D’autant qu’il a su communiquer sur son parcours et sa passion : 130 millions de personnes suivent ses aventures sur Weibo, le principal réseau social chinois, où il poste ses vidéos et photos, partage ses coups durs, son quotidien à bord, ses satisfactions. Modeste et naturel, il incarne le rêve de l’aventure au large dans un pays qui n’a plus la culture de la voile… depuis le XVIᵉ siècle.

    Depuis la dynastie des Ming et l'extraordinaire expédition de l'explorateur chinois Zheng He qui a voyagé jusqu'en Inde et en Afrique du Sud, l'accès à la mer, à la navigation et aux ports, était très restreint en Chine. Il a fallu attendre les années 1980 et les politiques d'ouverture de Deng Xiaoping, le successeur de Mao Zedong, pour que la mer redevienne un espace d’exploration et d’investissements.

    Avec Jingkun Xu, il y a l'espoir que la voile se développe en Chine et devienne, un jour, une discipline plus populaire. Le potentiel est immense : des marinas flambant neuves ont vu le jour, les industries navales se développent, il y a de plus en plus d'évènements liés au nautisme, et on sent ces dernières années un intérêt grandissant, chez les jeunes notamment. Son livre Humble Dreamer (le rêveur humble) avait eu beaucoup de succès auprès des nouvelles générations. Ce sont eux que Jingkun Xu veut inspirer, leur montrer qu'avec courage et persévérance tous les rêves peuvent se réaliser.

  • En Inde, le plus grand rassemblement religieux du monde s’est ouvert cette semaine. Le gouvernement annonce plus de 400 millions de visiteurs pour la Kumbh Mela, pèlerinage hindou sur les bords du Gange dans l’Uttar Pradesh.

    Comment organiser un rassemblement humain d’une telle ampleur ?

    C’est un peu le parcours du combattant car ce rassemblement a lieu au milieu de nulle part. Il est difficile d’imaginer que presque un quart de l’Inde, le pays le plus peuplé du monde avec 1.4 milliards d’habitants, doit y défiler. Ces chiffres avancés par le gouvernement sont sans doute exagérés mais dans tous les cas cela s’annonce comme le plus grand rassemblement jamais organisé. Et ses effets se font sentir : les hôtels des villes alentour sont complets, les prix des billets de train et d’avions montent en flèche...

    Pourquoi cet engouement des fidèles hindous pour ce rassemblement ?

    D’abord la Kumbh Mela est le rassemblement le plus important de l’hindouisme, qui a lieu tous les trois ans sur une période déterminée par l’astrologie. La mythologie dit qu’un nectar d’immortalité est alors versé par les dieux dans le Gange et s’y baigner permet donc de sortir du cycle des réincarnations. Mais cette année, il s’agit de la Maha Kumbh Mela, la plus grande de toutes. Elle a lieu tous les douze ans là où le Gange rejoint deux autres rivières sacrées. C’est la première Kumbh Mela de cette ampleur que Narendra Modi organise, élu il y a onze ans. Le Premier ministre a été réélu en juin pour un troisième mandat et il a bâti son succès sur son image de défenseur et promoteur de l’hindouisme. Il se doit donc d’en faire un événement à la fois plus grandiose et démesuré que jamais, mais aussi une parfaite réussite logistique, deux objectifs contradictoires mais inséparables !

    Comment se sont déroulés les premiers jours ?

    La grande crainte est celle d’une bousculade, fréquente dans les rassemblements hindous où la ferveur est à son comble. En voulant visiter une Kumbh Mela en 1954, le Premier ministre Nehru avait été accusé de créer un chaos occasionnant 1 000 morts. Narendra Modi veut éviter cela à tout prix et de grands moyens ont été déployés en termes d’infrastructures, de surveillance de la foule. Et pour l’instant le pari est tenu, à part quelques pénuries d’eau, aucun incident majeur n’est à déplorer pour l’ouverture du festival on l’on compte déjà 15 millions de visiteurs dont beaucoup se sont baignés dans le Gange. Reste à tenir sur la longueur : la Kumbh Mela va encore durer 40 jours, au cœur de l’hiver.

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  • À la Une en Asie aujourd’hui : les déboires du groupe français Sodexo, bien connu pour les nombreux restaurants d’entreprise qu’il gère en France... En Australie son incursion dans le secteur minier, pourtant locomotive de l’économie australienne, lui coûte au contraire, très cher.

    Avec notre correspondant à Sydney,

    Un géant en grande difficulté ?

    Absolument, il a perdu près de 10 millions d’euros l’année dernière, et plus de 100 millions d’euros, au cours des neuf dernières années… Il faut dire que l’activité qui plombe la Sodexo en Australie est loin d’être aisée, puisqu’il s’agit de gérer des camps de mineurs, des camps situés généralement dans des régions très isolées, à des centaines de kilomètres des villes les plus proches, souvent en plein désert, où le climat, est particulièrement rude.

    Et pour ajouter à ces difficultés, la Sodexo a perdu en 2024 l’un de ses gros clients, le groupe Fortescue, propriété d’Andrew Forrest, la deuxième personne la plus riche d’Australie, qui lui a préféré une entreprise concurrente pour gérer ses camps de mineurs dans la région de Pilbara, où on trouve certaines des plus grandes mines de fer au monde.

    Des services de Sodexo parfois critiqués

    Oui c’est exact, ces dernières années, la Sodexo a souvent été critiquée par les mineurs, notamment pour la qualité des repas qu’elle proposait dans ces camps… Or ces mineurs, ils sont certes très bien payés, mais ils travaillent aussi dans des conditions très difficiles, ils passent plus de la moitié de l’année à des centaines, voire à des milliers de km de leur foyer, de leur famille, et donc le minimum qu’ils attendent, quand leur journée de travail est terminée, ce sont des installations correctes et des repas qui leur plaisent. Qui plus est, comme ils disposent de compétences rares, et très recherchées, ils n’ont aucun mal à trouver du travail, et ce qui peut faire la différence, quand il s’agit de choisir un employeur, et bien c’est la qualité de la cantine.

    Alors ces critiques, la Sodexo les a entendus, elle a investi plus de 130 millions d’euros depuis 2017 dans sa division australienne pour monter en gamme… Ainsi dans certains de ces camps de mineurs, on peut maintenant manger de la côte de bœuf, il y a aussi des chefs asiatiques qui vous proposent des plats chinois ou vietnamiens… Le groupe prévoit également d’y mettre en place prochainement des salons de coiffure ou encore des cours de yoga.

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    Une montée en gamme pour décrocher de nouveaux contrats

    Évidemment, mais aussi à en renouveler certains, notamment un méga contrat de un milliard et demi d’euros conclu avec le géant minier Rio Tinto d’une durée de dix ans, et qui arrive à échéance en 2026. Le groupe a tout récemment indiqué à ses actionnaires qu’il était en train de négocier son éventuelle reconduction, et que celle-ci serait déterminante pour l’avenir du groupe en Australie. Il faut dire que la Sodexo, qui est au service de plus de 20 000 mineurs en Australie, a vu son chiffre d’affaires plus que doubler en 10 ans, il a atteint plus de 600 millions d’euros l’année dernière, mais c’est aussi le cas de ses coûts, notamment en matière de main-d’œuvre, mais aussi de matières premières.

    Reste que pour l’instant, le groupe reste déterminé à s’installer durablement dans le secteur minier australien et il continue d’espérer qu’à terme, cette activité finira être rentable.

  • Face à une possible interdiction de TikTok aux États-Unis, les créateurs de contenu se tournent vers Lemon8, une application sœur de TikTok. Développée par ByteDance, Lemon8 combine le format vidéo de TikTok avec l’esthétique d’Instagram et Pinterest. Lancée aux États-Unis en 2023, après son arrivée sur les marchés asiatiques, elle a suscité un intérêt limité comparé à TikTok, qui compte plus de 170 millions d’utilisateurs américains. Cependant, l’application connaît un regain de popularité ces dernières semaines, devenant l’une des applications gratuites les mieux classées sur l’App Store.

    Lemon8, la nouvelle plateforme développée par ByteDance, combine des fonctionnalités qui rappellent Instagram et Pinterest. Elle met en avant des contenus photos et vidéos dans des domaines variés : mode, beauté, gastronomie, bien-être, voyages et décoration. Son objectif ? Offrir un espace où les utilisateurs peuvent non seulement créer et partager du contenu, mais aussi explorer des flux personnalisés et échanger avec une communauté partageant leurs centres d’intérêt.

    Avec son interface intuitive, Lemon8 propose des outils d’édition, des modèles et des fonctionnalités conçus pour simplifier la création de contenus visuels. L’inscription est rapide: un simple e-mail suffit, ou encore une connexion via d’autres plateformes comme Instagram ou TikTok. L’accent est mis sur des contenus à la fois esthétiques et informatifs, renforçant ainsi un esprit communautaire et collaboratif. Une expérience qui séduit déjà de nombreux utilisateurs à travers le monde.

    Émergence stratégique

    Lemon8 pourrait jouer un rôle stratégique majeur dans un contexte où TikTok risque une interdiction. Cette application, proposée comme une alternative, permettrait à ByteDance de maintenir une présence forte sur le marché des réseaux sociaux. Lemon8 se distingue par une expérience unique, mêlant l’esthétique d’Instagram et de Pinterest. En diversifiant ses produits, ByteDance réduit ainsi sa dépendance à TikTok et propose une option moins controversée. En mettant l’accent sur des normes de confidentialité renforcées et des fonctionnalités éloignées des polémiques, Lemon8 cherche à éviter le niveau de surveillance auquel TikTok est confronté.

    Si TikTok venait à disparaître dans certains marchés, Lemon8 pourrait combler le vide, notamment en attirant les utilisateurs et annonceurs en quête d’une nouvelle plateforme. Avec son focus sur le style de vie et les contenus visuels, Lemon8 est en passe de devenir une solution viable pour capter ce public à la recherche d'autres plateformes.

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    Soft power de la Chine

    Lemon8 souligne l’impact croissant de la Chine dans l’innovation technologique et la rivalité géopolitique. Après le succès de TikTok, ce nouvel outil montre la capacité de la Chine à concurrencer les géants américains en façonnant les usages numériques mondiaux. Pourtant, des inquiétudes subsistent : les gouvernements occidentaux s’interrogent sur l’influence possible de Pékin sur des entreprises privées comme ByteDance et sur la confidentialité des données. Lemon8 pourrait ainsi devenir un test pour voir si les entreprises chinoises peuvent regagner la confiance sur les marchés étrangers.

    En toile de fond, cette montée en puissance illustre la dépendance mondiale à l’égard de la technologie chinoise, malgré des tentatives de régulation. Elle s’inscrit également dans la rivalité technologique entre Washington et Pékin, où chaque acteur cherche à défendre sa position dans la bataille de l’innovation numérique.

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  • Des images d'hôpitaux bondés, de personnel médical débordé et de patients avec des difficultés à respirer. De quoi faire rejaillir chez certains les souvenirs du Covid-19, près de cinq ans jour pour jour après que la Chine a déclaré le premier mort de la pandémie. Alors que certains médias parlent d’un nouveau virus inconnu et que des internautes alertent sur le risque de pandémie, RFI fait le point sur ce qu’on sait du HMPV, déjà bien connu de la communauté scientifique.

    Des patients incapables de respirer, des gardes de sécurité qui peinent à garder le calme dans un hôpital chinois, un homme qui éprouve toutes les peines du monde pour sortir le mot « médecin » de sa bouche… Si l’on se contente d’une lecture de X, difficile de ne pas craindre un retour de la « pandémie 2.0 ».

    D’autant que des médias en Inde, par exemple, font le décompte des nouveaux cas de ce mal au nom barbare : métapneumovirus humain (MPVh ou HMPV). D’autres médias, comme la télévision sud-africaine eNCA, parlent d'un « virus mystérieux ». Toutes ces images venues de Chine laissent penser que l’on se dirige tout droit vers un scénario catastrophe.

    Un virus identifié en 2001

    Pourtant, rien de bien neuf ou même d’inquiétant, selon l’OMS : « Il a un nom assez inhabituel, donc cela a pu susciter un certain intérêt. Mais ça n'est pas un nouveau virus, il a été identifié pour la première fois en 2001, explique Margaret Harris, porte-parole de l’organisation genevoise. Il est présent dans la population humaine depuis un certain temps maintenant. C'est un virus ordinaire qui circule en hiver et au printemps… »

    Les symptômes, eux aussi, sont ceux d’une maladie respiratoire classique. Pour la plupart des malades, la guérison est simple ; les patients à risques sont les enfants et les personnes âgées. La population humaine y est exposée depuis des décennies, ce qui implique un certain niveau d'immunité collective. Comme le rappelle Paul Hunter, professeur de médecine à l'université d'East Anglia à l’AFP, « quasiment chaque enfant comptera au moins une infection au HMPV avant son cinquième anniversaire ».

    Si les autorités chinoises font état, en effet, d’une hausse des cas, elle resterait très limitée et surtout habituelle en cette période de l’année. Kan Biao, responsable des maladies infectieuses au Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies, a reconnu une hausse de la détection des maladies infectieuses respiratoires, mais « d’une ampleur et d’une intensité [...] inférieure à celles de l’année dernière ».

    La grippe A, le Covid-19, se propagent aussi, notamment dans le nord de la Chine, une région à l’hiver particulièrement rude. Margaret Harris évacue toute tension ou panique dans les hôpitaux chinois : « Les autorités signalent que les taux de fréquentation hospitalière sont en réalité plus bas que d'habitude, ils sont actuellement plus bas que l'année dernière et il n'y a pas eu de déclaration d'état d'urgence. C'est très important à signaler, il n'y a pas eu de déclaration d'état d'urgence. »

    Une sortie en réponse directe aux rumeurs qui se propagent sur les réseaux sociaux.

    Fake news à foison

    Le traumatisme de la pandémie, bien présent dans tous les esprits, a donné lieu à une litanie de fausses nouvelles sur les réseaux sociaux : état d’urgence déclaré par les autorités sanitaires, taux de mortalité de 43% ou encore soignants dans la tenue de protection bleue omniprésente durant la pandémie.

    Nos confrères de France 24 ont recensé trois informations erronées sur le HMPV : si les images de malades vues plusieurs millions de fois semblent réelles et avoir été tournées à l’hôpital de Tianjin, rien ne permet d’attester d’une supposée panique hospitalière. Quant aux taux de mortalité de 43%, il correspondrait à une étude réalisée sur des patients atteints de leucémie ayant reçu une transplantation. Enfin, les images de soignants dans leurs tenues de soignants, datent, elles, de la pandémie de Covid-19.

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  • Cap en Chine ce matin au Guangzhou FC, l’équipe de football la plus titrée de Chine et double championne d’Asie qui semble avoir reçu cette semaine le coup de grâce. Endetté jusqu’au cou, incapable de redresser la situation, le club a été exclu cette semaine, par la Fédération chinoise de football, du championnat professionnel pour 2025.

    L’épilogue d’une longue descente aux enfers

    Pour comprendre, il faut remonter à 2010, lorsque le club de Canton a été racheté pour 13 millions d’euros par le géant chinois de l’immobilier Evergrande qui a massivement investi ensuite sur le marché des transferts pour attirer les grands noms du football international. Pendant cette décennie dorée, l’équipe, anciennement connue sous le nom de « Guangzhou Evergrande » a été entraînée par des légendes vivantes, Marcello Lippi, Felipe Scolari, ou l’ancien ballon d’or Fabio Cannavaro. À noter aussi les passages remarqués au sein du club des stars brésiliennes comme Paulinho et Robinho, ou du buteur colombien Jackson Martinez, transféré pour la modique somme de 45 millions d’euros, un record à l’époque pour une équipe asiatique.

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    Une stratégie qui s’est avérée payante sur le court terme, puisque la formation chinoise a remporté entre 2011 et 2017, sept titres de champion consécutifs et deux Ligues des champions d’Asie en 2013 et 2015.

    Dans la spirale de la crise immobilière

    Son sort est étroitement lié aux déboires de son principal actionnaire, le géant immobilier Evergrande. Après cette frénésie de dépenses, le groupe se lance en 2020 dans un autre projet faramineux : la construction d’un nouveau stade pour un coût évalué à un milliard 800 millions d’euros. Mais deux ans plus tard, le projet est annulé. Guangzhou FC est relégué en 2ᵉ division. La Chine est frappée de plein fouet par l’effondrement du marché immobilier, Evergrande plonge dans la tourmente, endetté à plus de 288 milliards d’euros, le promoteur fait faillite et est placé début 2024 en liquidation, entraînant dans son sillage le club qui n’a jamais réussi depuis à rembourser ses dettes ni à répondre aux exigences financières imposées par la Fédération chinoise de football.

    Investir dans la jeunesse

    L’équipe ne jouera pas cette année dans le championnat professionnel, c'est officiel, en revanche, il est difficile de savoir si elle réussira un jour à remonter la pente. Une chose est sûre : la Fédération de football chinoise a sifflé la fin des dépenses extravagantes. Aujourd’hui, il n’y a quasiment plus de grands joueurs internationaux en Chine, les clubs devront faire attention à leurs finances et investir raisonnablement. Depuis 2020, ralentissement économique et pandémie de Covid-19 oblige, une trentaine de clubs ont dû fermer, frappés par des faillites ou des cas de corruption. La Fédération a appelé tous les clubs nationaux à se concentrer désormais sur le long terme et à construire un avenir solide en investissant dans la jeunesse.

  • En début de semaine, quelque 300 réfugiés afghans sont arrivés à Manille, aux Philippines, dans le cadre d’un accord avec les États-Unis. Depuis trois ans, les deux pays négocient l’accueil en « transit » aux Philippines, de plusieurs familles afghanes en danger dans leur pays. Ce programme d’accueil américain appelé « Allies Welcome » prévoit de donner l’opportunité à des Afghans qui ont travaillé, entre 2001 et 2024 au service des États-Unis, d’obtenir un visa pour s’y réfugier. Ce visa leur sera délivré au consulat américain à Manille. Éclairages.


    Avec notre correspondante aux Philippines, Nemo Lecoq-Jammes

    L'idée de cet accord, c’est de permettre au gouvernement américain de déléguer à une autre administration les traitements des dossiers des candidats à un visa pour les États-Unis. En fait, depuis que ce programme d’accueil « Allies Welcome » a été mis en place en 2021 par Joe Biden, l’administration américaine croule sous la longue liste d'Afghans dans l’attente d’un visa. Parce que comme vous vous en doutez, rentrer sur le territoire américain, c’est compliqué. Les ressortissants afghans doivent être soumis à un contrôle médical et à plusieurs contrôles de sécurité. L'idée, c’est que tout ce processus se fasse ici aux Philippines.

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    En attendant, quelque 300 Afghans sont nourris, logés à Manille. Ils ont accès à des soins médicaux et à un programme éducatif pour les enfants, qui sont nombreux, tout ça aux frais du gouvernement américain.

    Le président Ferdinand Marcos Junior a été clair : pas un seul peso ne sera dépensé par les Philippines, et surtout, les Afghans devront quitter le territoire maximum 59 jours après leur arrivée, peu importe le statut de leur demande de visa.

    Pourquoi les Philippines ?

    Ce choix peut en effet surprendre... D’un point de vue géographique, les Philippines ne sont pas vraiment sur la route de Kaboul vers les États-Unis. Mais d'un point de vue pratique, Manille est un endroit adapté pour abriter une mission diplomatique d’une telle ampleur.

    En raison d'une cinquantaine d'années de colonisation américaine, l'ambassade et les services consulaires sont très développés : la mission de Manille est l'un des plus grands postes du Département d'État américain. Mais il y a aussi un intérêt stratégique : Manille est un allié historique de Washington, et le président Marcos Junior a à cœur de rendre service aux États-Unis, en échange d’une collaboration, notamment militaire. Les Philippines bénéficient d’un soutien financier et sécuritaire de la part des USA. Un soutien qu’il faut entretenir face aux menaces croissantes de la Chine en mer Chine méridionale.

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    Dans son alliance avec les États-Unis, le président Marcos Junior s'est opposé à sa sœur, la sénatrice Maria Imelda Marcos, qui n’est pas vraiment favorable à l'accueil des ressortissants afghans… Depuis le début des négociations, elle exprime des craintes d’un point de vue sécuritaire et pose des questions quant aux intentions des Américains : pourquoi ont-ils voulu héberger des ressortissants afghans dans un autre pays en attendant de savoir s’ils étaient fiables ? Est-ce que les services de renseignement philippins sont en danger ? Et surtout, comment pourrait réagir le sud du pays, où des militants de l'État islamique opèrent toujours ? Toutes ces craintes ont été soumises à une enquête avant la signature de l’accord. Et pourtant, les 300 afghans arrivés aux philippines sont retenus dans un centre tenu secret, sans aucune autorisation de sortir, sauf une seule fois, pour assister à leur entretien consulaire à l'ambassade des États-Unis à Manille.

  • Cap en Thaïlande, où la fortune colossale de l’actuelle Première ministre de 38 ans, Paetongtarn Shinawatra, fait parler ces derniers jours. Selon sa déclaration auprès de la Commission nationale anti-corruption, partagée par la presse locale la semaine passée, le total de ses avoirs s’élève à 13,84 milliards de bahts, la monnaie locale, soit l’équivalent de 390 millions d’euros.

    de notre correspondant à Bangkok

    L’extrême richesse de la Première ministre thaïlandaise n'est pas vraiment une surprise pour les Thaïlandais. Paetongtarn Shinawatra est bien connue pour afficher son train de vie luxueux sur les réseaux sociaux. Un Thaïlandais nous a dit sur un ton ironique : « On savait qu’elle était richissime, mais on ne connaissait pas les détails ».

    Or, depuis quelques jours, les détails de sa fortune sont connus, grâce à la déclaration de patrimoine qu’elle était tenue, selon la loi, de fournir à la Commission nationale anti-corruption.

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    Le document mentionne une douzaine de propriétés en Thaïlande, au Royaume-Uni et au Japon. Et on y trouve, entre autres, 75 montres et 217 sacs à main de luxe d’une valeur totale de plus de 6 millions d’euros. Ou encore une collection de 23 véhicules de grand standing, dont une Rolls-Royce.

    Dans ce pays qui est l’un des plus inégalitaires de la zone Asie Pacifique, les Thaïlandais préfèrent en rire et disent que c’est un énième commérage sur la saga des Shinawatra, la famille la plus puissante du royaume.

    Une héritière

    Car la Première ministre est aussi une héritière : c’est la fille du milliardaire Thaksin Shinawatra, figure aussi incontournable que controversée en Thaïlande. Et la fortune de Paetongtarn Shinawatra fait écho à celle de son père qui, avec 2 milliards d’euros, selonForbes, est la dixième personne la plus riche du royaume.

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    Magnat des télécom, Thaksin s’était servi de sa richesse pour construire sa carrière politique. Premier ministre de 2001 à 2006 avant d’être renversé par un putsch militaire puis de s’enfuir, pour échapper à des accusations de corruption, il a toujours exercé, même depuis l’étranger, une forte influence sur la vie politique thaïlandaise.

    De retour au pays en 2023 après 15 ans d’exil, l’homme de 75 ans qui fut un temps le propriétaire du club de Manchester City, est depuis omniprésent dans la sphère politique.

    Au point qu’ici, beaucoup l’accusent d’être en réalité aux manettes du pouvoir thaïlandais, dans l’ombre de sa fille cadette.

    Il n’y a pas qu’en Thaïlande où la politique est une affaire de famille…

    L’Asie du Sud-Est est marquée par les dynasties politiques. Au Cambodge, en 2023, le Premier ministre Hun Manet a pris le relais de son père, Hun Sen, qui s’accrochait au pouvoir depuis quatre décennies. Un an plus tôt, aux Philippines, Bongbong Marcos, fils du dictateur Ferdinand Marcos, était élu à la tête de l’archipel.

    Et en Indonésie, le gendre du dictateur Suharto a accédé, en octobre dernier, à la présidence, et son vice-président n’est autre que le fils du président sortant.

  • À Taïwan, un parti pro-unification avec la Chine est menacé de dissolution par le gouvernement. Fondé par un ancien chef de la mafia taïwanaise, ce parti est accusé d’être lié au crime organisé et de compromettre la sécurité nationale. Sa dissolution est une proposition inédite et radicale.

    Avec notre correspondant à Taipei, Jules Bois

    Officiellement, ce que le gouvernement reproche au parti, ce ne sont pas ses liens idéologiques avec la Chine, d’ailleurs le parti ne s’en cache pas, il en est même très fier, en témoigne son nom : « le Parti pour la promotion de l’unification avec la Chine ». Mais le gouvernement l’accuse de recevoir des financements chinois, ce qui est interdit par la loi. Dernier élément en date, en novembre dernier, un couple affilié au parti a été poursuivi par la justice pour avoir reçu plus de deux millions d’euros sur dix ans de la part du Parti communiste chinois. Leur mission : faire de la propagande pro-Chine et encourager Taiwan à rendre les armes en cas d’invasion. D’ailleurs, le ministère de l'Intérieur affirme avoir monté un dossier pour dissolution à la suite de ces révélations.

    Usage de la violence et liens avec la mafia

    Le fondateur du parti, parfois surnommé « Loup Blanc », est un ancien chef officiellement repenti de la triade taïwanaise Bambou Uni. Elle est connue pour ses nombreuses activités criminelles, dont le trafic de drogue et d’êtres humains. Alors, le parti prétend ne pas avoir de lien direct avec la triade, mais a déjà admis que plusieurs de ses membres actifs avaient, eux aussi, un passé dans l’organisation criminelle. Menaces de mort sur des dissidents politiques hong-kongais, altercations avec la police, agression de manifestants... Depuis sa création en 2005, les controverses et condamnations ont été nombreuses. Sur les plus de 30 000 adhérents que le parti se vante d’accueillir, le ministère de l'Intérieur affirme en avoir recensé plus d’une centaine directement liée à des activités criminelles.

    Depuis plusieurs années, les autorités taïwanaises au pouvoir et en faveur de l’autonomie de l’île vis-à-vis de Pékin s’inquiètent du pouvoir de déstabilisation du parti. Avec notamment la crainte de ce que ses membres pro-unification et proches de la mafia pourraient faire de l’intérieur, en cas de conflit ouvert avec la Chine.

    Inquiétudes de l’opposition

    Selon Liao Da-chi, une proche du KMT – le principal parti d’opposition plutôt favorable à un dialogue avec la Chine –, cette mesure est politique. Si le parti pro-unification représentait une réelle menace pour la sécurité du pays, le gouvernement devrait utiliser la voie judiciaire plutôt que de faire appel à la Constitution. Ce qu’elle craint le plus, c’est que si la cour valide la dissolution, il puisse y avoir des abus politiques à l’avenir. Mais les experts en droit constitutionnel Liu Ting-chi et Zhang Tong-rui de l’université nationale de Chengchi restent, eux, confiants dans la capacité de la cour à jouer son rôle de garde-fou.

    En fait, ce qui est vraiment inédit avec cette demande de dissolution, c’est que le gouvernement brise le consensus qui était jusqu’ici de ne pas dissoudre de partis politiques via le ministère de l’Intérieur. Ce qu’il faut retenir, c’est que face à la menace chinoise bien réelle pour la stabilité démocratique de Taïwan, le gouvernement a décidé d’employer une mesure radicale. À voir si la Cour constitutionnelle valide ou non cette demande. D’ailleurs, pour le moment, plusieurs sièges sont vacants et des réformes sont en cours, donc, on ne sait pas quand ce dossier sera traité. Mais, surtout, à voir quelles seront les conséquences politiques de cette nouvelle approche du gouvernement pour se défendre face à la menace chinoise.

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  • Surnommé le « champignon-chenille » le Yartsa Gunbu est le champignon le plus cher du monde. Réputé dans la médecine traditionnelle chinoise pour soigner presque tous les maux, sa culture sur les pentes tibétaines est aujourd'hui menacée par le réchauffement climatique.

    Pour espérer une bonne récolte à la fin du printemps, c'est en hiver que tout se joue. Le Yartsa Gunbu, longtemps abondant à basse altitude, ne pousse plus que dans les pâturages au-dessus de 3 200 mètres. Car il aime les températures froides, une neige abondante et surtout précoce : il faut qu’il neige en octobre, novembre et décembre. Or, sur les sommets de l'Himalaya, la neige tombe de plus en plus tard et dans des quantités bien moindre qu'avant. L'hiver dernier, il a fallu attendre janvier pour voir les premiers flocons. Dans certaines régions, il n'a même pas neigé du tout, ce qui a de très graves conséquences pour les réserves d'eaux dans les vallées et les pays limitrophes. Sans neige, pas de fonte des glaces, des fleuves à sec en été, et pas de Yartsa Gunbu. Depuis une dizaine d’année, les cueilleurs en trouvent de moins en moins.

    Pourquoi est-il si prisé ?

    Peu étudié en Occident, ce champignon pas plus gros qu’une épingle, qui se consomme en infusion ou en soupe, est réputé dans la médecine traditionnelle chinoise. Ces dernières années, des chercheurs en Chine, mais aussi en Inde et au Népal, ont confirmé qu'il a un intérêt thérapeutique pour les maladies rénales, hépatiques et cardiovasculaires. Erigé en super-remède, le Yartsa Gunbu stimule le système immunitaire, avec ses vertus anti-inflammatoires, antivirales et antioxydantes. Il aurait même - mais ça reste à prouver - des effets aphrodisiaques, d'où son autre surnom de « Viagra de l'Himalaya ».

    Ce champignon qui devient de plus en plus rare se vend donc, après moult intermédiaires, de plus en plus cher. Littéralement, à prix d'or : comptez entre 20 000 et 100 000 euros le kilos de Yartsa Gunbu, selon sa qualité et sa fraîcheur. Légalisé en 2001 au Népal, le commerce de ce produit de niche a transformé la vie des communautés agro-pastorales himalayennes, historiquement pauvres et marginalisées. Les ventes de Yarsta Gunbu, représentent désormais entre 50 et 70% de leurs revenus aujourd'hui. Ces familles vivent mieux, elles ont enfin les moyens d'envoyer leurs enfants à l'école à Katmandou, augmenter leurs troupeaux de yaks... Le déclin des récoltes de ce champignon les inquiète donc au premier chef.

    Le réchauffement climatique met à mal des récoltes

    Si le réchauffement climatique met à mal les récoltes, le très attractif Yartsa Gunbu, souffre aussi de surexploitation. Le principal marché est la Chine et la demande explose d'autant plus que ce champignon est devenu un marqueur de statut social. Chaque printemps, c'est la ruée vers le Yarta Gunbu sur les pentes himalayennes, avec des pratiques de récolte agressives qui empêchent le champignon de se reproduire, de créer des spores. D'où son classement depuis 2020 dans la liste des espèces vulnérables.

    Son système de reproduction, très particulier, a longtemps rendu très difficile sa culture en laboratoire. Le champignon prend en fait le contrôle du système nerveux des chenilles quand elles sont en hibernation en hiver, sous terre, et les force à remonter vers la surface, où la tige du champignon fini par les tuer en transperçant la carapace à quelques centimètres du sol, au printemps. Depuis 2014, une entreprise chinoise, a réussi à produire des Yartsa Gunbu en culture industrielle. Elle fournirait 20% du marché désormais, mais ça ne fait pas baisser la pression sur le champignon sauvage pour autant.

  • En Corée du Sud le feuilleton politique se poursuit, et l'arrestation du président déchu Yoon Suk-yeol pourrait être imminente. Un mandat d'arrêt à son encontre a été émis cette semaine, s'inscrit dans le cadre d'une enquête pour rébellion, suite à sa tentative avortée de proclamer la loi martiale. Selon l’agence de presse sud-coréenne Yonhap, il pourrait être mis en œuvre dès ce jeudi.

    Partisans et opposants de Yoon Suk-yeol qui s’invectivent devant la résidence de l’instigateur de la loi martiale, séparés par un cordon de police. Sur les réseaux sociaux les images attestent de la tension croissante à l’heure où pour la première fois de l’histoire du pays, un président certes suspendu, mais toujours en exercice pourrait être arrêté. Une première qui pourrait avoir lieu dès ce jeudi selon l’agence de presse sud-coréenne Yonhap.

    Le mandat a été émis il y a deux jours, par un tribunal de Séoul mais l’arrestation n’a toujours pas eu lieu. Les enquêteurs du Bureau d'enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO), qui centralise les investigations sur le coup de force du 3 décembre, manœuvrent avec précaution. Tout d’abord car Yoon Suk-yeol bénéficie toujours de la protection de la garde présidentielle, jusqu’à la décision définitive de la Cour constitutionnelle qui est attendue d’ici juin. Trois fois, son service de sécurité a empêché les tentatives de perquisition du domicile ou des bureaux du président déchu. Une opposition qu’ils justifient par une loi interdisant les perquisitions dans les lieux contenant des secrets d'État sans l'accord de la personne responsable. On ignore combien de gardes se trouvent avec M. Yoon, et comment ils réagiront en cas d'arrestation. La ligne officielle du service de sécurité présidentiel est d'obéir aux décisions de justice.

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    Défiance

    Et le camp ultraconservateur joue également avec l’atmosphère de tension qui règne autour de la résidence de Yoon Suk-yeol. Présents jours et nuit, ses partisans issus de la mouvance ultra conservatrice sont de plus en plus nombreux à camper devant la résidence, faisant craindre à une escalade de violence si les autorités tentent d’arrêter leur « champion ». Il est déjà arrivé, en 2000 et 2004, que les autorités sud-coréennes échouent à arrêter des élus recherchés par la justice parce qu'une foule de partisans avait empêché la police de s'emparer des suspects pendant les sept jours durant lesquels les mandats d'arrêt étaient valides.

    Le président déchu ne semble pas prêt à se soumettre à la justice, bien qu’il soit désormais interdit de quitter le pays. Depuis son domicile, il continue de mobiliser sa base ultra-conservatrice. Dans une lettre envoyée cette nuit à ses soutiens, il a assuré qu’il suivait leur combat en direct sur Youtube et promis de se « battre jusqu’au bout ». Nourrissant une rhétorique complotiste, Yoon Suk-yeol a évoqué un « danger » imminent pour la Corée, citant à la fois des forces internes et externes menaçant la souveraineté du pays, sans oublier de dénoncer ce qu'il appelle des éléments « anti-étatiques ». Un discours qui tend à faire un pont entre ses deux grands ennemis : la Corée du Nord et l’opposition menée par le Parti démocrate.

    De leur côté, les avocats de l'ex-président réfutent la légalité du mandat d'arrêt, arguant que l’enquête sur la corruption des hauts responsables ne relève pas de la compétence des autorités en charge de l’affaire. Ils n’hésitent pas à dénoncer une manipulation politique derrière cette procédure judiciaire.

    Et si l’arrestation a lieu ?

    Le mandat d’arrêt, qui expire ce lundi, permettrait la détention de Yoon Suk-yeol pour une période de 48 heures. En cas d'arrestation, l’ex-président serait transféré au siège du bureau d'enquête, situé à Gwacheon au sud de Séoul, où des mesures de sécurité sont actuellement renforcées. Là, il serait enfin confronté aux questions de la justice, après avoir jusqu’ici refusé de s’y soumettre. Sa détention à proprement parler aurait lieu dans un centre à proximité En fonction des réponses qu’il donnera, les enquêteurs pourraient alors demander un nouveau mandat d'arrêt ou décider de le relâcher. Une arrestation entraînerait un précédent historique dans la politique sud-coréenne : jamais un président en exercice n’a été placé en détention.

    Les prochaines heures s’annoncent cruciales pour l’avenir politique de la Corée du Sud et la stabilité de ses institutions. Un premier président par intérim a déjà été destitué alors que l’opposition majoritaire au Parlement estimait qu’il ralentissait l’avancée du processus de destitution de Yoon Suk-yeol. Désormais les regards se tournent vers le ministre des Finances Choi Sang-mok, qui a promis de faire tout son possible pour mettre fin au chaos politique.

  • Cap en Thaïlande, où les fêtes de fin d’année riment aussi, hélas, avec l’augmentation des accidents de la route. La preuve en est : au cours des trois premiers jours d’une campagne de sécurité routière lancée le 27 décembre et qui prendra fin le 5 janvier, c’est-à-dire durant la période festive des vacances du Nouvel An, le pays d’Asie du Sud-Est a déjà recensé 143 morts et 841 blessés dans 872 accidents de la route.

    Avec notre correspondant à Bangkok, Valentin Cebron

    Ces derniers jours, les principales causes de ces accidents de la route sont les excès de vitesse, les changements brusques de voie, et la conduite en état d’ivresse. Du 27 au 29 décembre, les autorités ont recensé plus de 1600 cas de conduite dangereuse à cause de l’alcool au volant.

    Les deux roues, omniprésents dans le royaume, sont impliqués dans près de 85 % de ces récents accidents de la route. La presse locale rapporte par exemple qu’à la veille du réveillon de Noël, un motard en état d’ébriété a renversé 10 personnes devant une école, tuant un agent de la circulation sur le coup et un petit garçon de 5 ans qui, avant-hier, a succombé à ses blessures.

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    Et même si la Thaïlande observe une baisse du nombre d’accidents par rapport à l’an passé, à la même période, les décès, quant à eux, ont augmenté.

    Les routes thaïlandaises parmi les plus meurtrières du monde

    Les accidents de la route font près de 20 000 morts et un million de blessés par an. D’après l’Organisation mondiale de la santé, la Thaïlande a les routes les plus meurtrières d'Asie, juste derrière le Népal. Et le royaume se classe au 16e rang mondial pour la mortalité routière.

    Celles et ceux qui voyagent régulièrement sur les routes thaïlandaises connaissent le comportement dangereux de nombreux conducteurs. En ville comme à la campagne, les motocyclistes ne portent généralement pas de casques et, quand ils en ont un, celui-ci est rarement aux normes.

    Les véhicules utilitaires sont souvent surchargés, mal conçus, mal éclairés. Et les infractions aux règles de sécurité ne sont pas assez sanctionnées : il n’est pas rare que des agents de la circulation de rang inférieur reçoivent des pots-de-vin pour fermer les yeux sur les excès de vitesse ou le non-port du casque. De même que les contrôles techniques des véhicules sont affaiblis par la corruption.

    La sécurité routière n'est pas une priorité

    Malgré les statistiques effroyables, la sécurité routière n’est pas considérée comme une question de premier plan. Cette problématique ne retient guère l’attention de la population thaïlandaise, à part quand un drame de grande ampleur se produit : ce fut le cas en octobre dernier, quand vingt écoliers et trois instituteurs sont morts lorsque leur bus, qui n’était pas aux normes, s’est enflammé.

    Ce drame a remis à l'ordre du jour la nécessité d’une réglementation stricte et d’une meilleure application du code de la route.

    La Thaïlande a par ailleurs mis en place en 2022 un plan quinquennal sur la sécurité routière visant à réduire le taux de mortalité à 12 pour 100 000 d'ici à 2027, soit moins de 8500 décès par an. Il y a une semaine, la capitale Bangkok a fixé une nouvelle limitation de vitesse maximale de 60 km/h pour la plupart des routes de la mégalopole. Reste à savoir si cette nouvelle règle sera appliquée par les automobilistes.

  • Aujourd’hui aux Philippines, le dernier Pogo du pays ferme ses portes. Les Pogo sont des casinos en lignes très populaires aux Philippines, à destination de joueurs étrangers, en particulier des Chinois. Mais depuis la pandémie de Covid, ils cachent surtout des opérations de cyberescroquerie sous le contrôle des mafias chinoises, alors, en juillet dernier, le président philippin Ferdinand Marcos a annoncé leur interdiction.

    Avec notre correspondante à Manille, Nemo Lecoq-Jammes

    Les Pogo (pour Philippine Offshore Gaming Operator existent depuis une vingtaine d’année aux Philippines, mais c’est vraiment en 2016, que Rodrigo Duterte, l’ancien président décide de les relancer. Son but : assouplir les politiques de jeux sur Internet tout en créant de nouveaux emplois et une nouvelle économie avec les jeux offshore.

    Le principe, c’est qu’ils sont destinés uniquement aux clients situés à l’extérieur du pays. Ce qui vient très vite intéresser une forte population chinoise, parce que la plupart des jeux de hasard sont interdits en Chine.

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    On assiste alors à une arrivée massive de ressortissants chinois, dont beaucoup sans papiers, qui viennent pour travailler comme croupiers dans des Pogo à Manille et dans d’autres villes du pays.

    En parallèle de cette diaspora chinoise qui se développe dans les Pogo viennent se greffer des activités illicites. Les Pogo deviennent une couverture. Et on parle d'espionnage, de blanchiment d'argent, mais aussi de prostitution, de torture, et même de meurtre.

    L’affaire Alice Guo…

    Tout commence en mars dernier, quand les autorités reçoivent une alerte : un jeune Vietnamien, roué de coups, vient de s’échapper d’un Pogo à Bamban, ville au nord de Manille. La police antigang y effectue une descente et elle découvre plusieurs centaines d’employés illégaux, dont une majorité de Chinois, mais aussi des Vietnamiens, des Malaisiens et des Rwandais, qui sont en fait les petites mains d’un vaste réseau illicite.

    La spécialité de ce Pogo, derrière sa couverture d’entreprise légitime, c’est de mener des activités de surveillance et de piratages de sites web du gouvernement philippins. C’est de l’espionnage.

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    Alice Guo, la maire de la ville de Bamban, est mise en cause : élue maire de la ville en 2022,elle est soupçonnée d'être une citoyenne chinoise qui opère, depuis le début de son mandat, sous une fausse identité. Démise de ses fonctions et sous el coup d'une enquête, la jeune femme a depuis fui les Philippines. Elle a été arrêtée en Indonésie en septembre dernier.

    Cette affaire a tenu en haleine tout le pays, sur fond de conflit sino-philippin en mer de Chine du Sud. Le gouvernement philippin décide alors de trancher et de mettre fin aux activités des Pogo.

    Des conséquences économiques importantes...

    En 2019, l’économie des Pogo représentait près d’1 % du PIB du pays ! Et donnait du travail à des milliers de Philippins et de Chinois. Aujourd'hui, le bureau de l’immigration prévoit 20 000 expulsions d’étrangers qui travaillaient dans les Pogo. Mais pour ceux qui restent, les Philippins, l’avenir est difficile à envisager.

    Un exemple concret : l’ancienne ville agricole de Santa Anna au nord de l’archipel s’est développée depuis une dizaine d’années grâce à l’industrie des Pogo dont elle est devenue complètement dépendante. Aujourd’hui, près de 2 000 habitants de cette ville sont sans emploi.

  • La Chine craint que l'augmentation des droits de douane dégénère en un conflit commercial plus large, ce qui aurait des répercussions négatives sur le commerce mondial et la stabilité économique. Le gouvernement chinois a critiqué les augmentations tarifaires unilatérales, affirmant qu'elles ne résoudraient pas les problèmes sous-jacents et pourraient nuire aux deux économies. Si cela ne changera pas la donne pour le porte-monnaie des Chinois, les commerçants, eux, pourraient voir leurs exportations prendre un nouveau cap.

    de notre correspondante,

    Nous sommes dans le centre d’export de petits produits de base de Yiwu, dans la province du Zhejiang. On trouve tout ce que l'on veut dans ces milliers de petites boutiques.

    Li, par exemple, vend des souvenirs bon marché. Pour elle, la menace de droits de douane plus élevés ne changera pas vraiment la donne : « Ce n'est pas vraiment un problème. Nous n'avons pas beaucoup de clients américains. Il est plus facile pour nous de commercer avec le Moyen-Orient et des pays comme la Russie, qui sont plus amicaux à notre égard. Il y a 10 ou 20 ans, c'était peut-être plus important. Aujourd'hui, beaucoup moins ».

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    Mais pour d’autres commerçants, c’est surtout la crainte d’un changement économique global qui inquiète.

    Yue, vend des objets colorés de décoration : « Je serai certainement inquiète. Cela dépend de l'évolution des taux de change mondiaux. Certains clients pourraient trouver les prix trop élevés. Nos produits sont non essentiels puisqu'il s'agit de souvenirs de voyage. Les gens ne l'achètent que lorsqu'ils ont de l'argent en poche... J'espère donc un développement stable et pacifique sans trop de problèmes. Nous avons des clients américains, mais les affaires n'ont pas bien marché ces dernières années ».

    Mais elle a déjà le regard ailleurs, notamment tourné vers les possibilités qu’offre le marché du Proche-Orient : « Il est plus favorable aujourd'hui. Comment l'expliquer ? L'environnement de ce marché s'est beaucoup amélioré par rapport à avant. Ces dernières années, le volume des commandes et les prix ont augmenté de manière significative. Mes clients américains sont de moins en moins nombreux, et leurs prix sont de plus en plus bas ».

    Le professeur Ma est un économiste de l’Université de Pékin. Selon lui, cela aura un impact limité : « Le coût global des importations s'en trouverait augmenté et le principal problème pour les États-Unis serait l'inflation. La Chine a largement contribué à réduire l'inflation américaine en raison de ses tendances déflationnistes. L'interaction entre la déflation chinoise et l'inflation américaine contribue à faire baisser l'inflation mondiale. Sans cela, l'inflation américaine aurait pu être beaucoup plus élevée. L’impact de ces contre-mesures pourrait ne pas être aussi important ou prononcé que par le passé. La voie la plus viable pourrait consister à se concentrer sur la circulation intérieure. Il faudrait pour cela revitaliser la consommation et l'investissement internes afin de stimuler la croissance sur le marché intérieur ».

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    Des droits de douane plus élevés obligeraient les vendeurs à augmenter leurs prix ou à accepter des marges bénéficiaires beaucoup plus faibles. Si les clients américains n'acceptent pas les nouveaux prix, ces commerçants n’auront pas d’autre choix que de se tourner vers d'autres pays.

  • Un évènement diplomatique majeur s’est déroulé cette semaine à Pékin. Les ministres des Affaires étrangères chinois Wang Yi et japonais Takeshi Iwaya se sont rencontrés mercredi 25 décembre. Les représentants de la deuxième et de la troisième économie mondiale, deux partenaires commerciaux clés, ont décidé d’aplanir leurs divergences et de renforcer le dialogue au nom de la stabilité régionale. Cela après des années de tensions et rivalités. Plusieurs mesures ont été annoncées, laissant entrevoir une possible détente dans les relations sino-japonaises.

    Parmi les annonces concrètes, le Japon a annoncé assouplir ses règles de visas pour les ressortissants chinois. À partir du printemps prochain, les visas à entrées multiples destinés aux touristes chinois à haut revenu seront prolongés et valables désormais 10 ans. Autre nouveauté, les détenteurs de visas de groupe pourront rester au Japon jusqu’à 30 jours au lieu de 15 actuellement. Cette mesure intervient après la décision en novembre de Pékin d’autoriser les Japonais à entrer en Chine sans visa pour une période de 30 jours, exemption valable jusqu’à la fin 2025.

    Tokyo espère ainsi stimuler sa croissance et sa consommation intérieure, et battre son dernier record de 33 millions de visiteurs, en majorité des Chinois.

    Tokyo accepte que Pékin participe à la surveillance des eaux de Fukushima

    Le deuxième signe positif concerne le commerce, crucial pour le Japon puisque la Chine est sa plus grande partenaire commerciale.

    À ce titre, Takeshi Iwaya a annoncé des avancées concernant la reprise des importations chinoises de produits de la mer en provenance du Japon. Il y a un an et demi, la Chine avait imposé une interdiction totale des importations des fruits de mer Japonais, après le rejet dans le Pacifique des eaux usées traitées par la centrale nucléaire de Fukushima.

    Pékin avait alors posé des conditions à Tokyo : l’autoriser à effectuer ses propres échantillonnages et contrôles et à prendre part au mécanisme de surveillance international. Cette condition a été acceptée. La levée de l’interdiction devrait intervenir dans la première moitié de cette année. Le dialogue économique devrait se poursuivre l’an prochain, avec notamment la relance des négociations sur la reprise des importations de bœuf et de riz japonais.

    Activités militaires chinoises inquiétantes, volonté d’avancer

    Ces avancées montrent que les deux voisins cherchent à stabiliser leurs relations compliquées, après une année marquée par des activités militaires chinoises qui inquiètent Tokyo.

    Wang Yi et Takeshi Iwaya, dont c’était le premier voyage en Chine depuis sa prise de fonction en octobre, ont évoqué des discussions « très franches » et de « grande envergure », afin « d’avancer ensemble » pour la « paix et la prospérité » régionale et mondiale. Derrière ces termes très diplomatiques, Iwaya n’a évidemment pas fait l’impasse sur la situation en mer de Chine orientale, et notamment autour des îles Senkaku/Diaoyu, des îlots inhabités administrés par le Japon et revendiqués par Pékin.

    En août, l’armée de l’air chinoise a pour la première fois effectué une incursion dans l’espace aérien japonais, puis la Chine a lancé en septembre un missile balistique intercontinental dans l’océan Pacifique. Sans compter ses exercices maritimes record au large de Taïwan, qui ont alarmé le Japon. Les deux pays rivaux ne cessent d’ailleurs ces dernières années d’augmenter leurs dépenses militaires.

    Cette rencontre sino-japonaise démontre malgré tout une volonté de rapprochement et de coopération, dans un environnement sécuritaire dégradé. Les deux parties se préparent déjà une visite du chef de la diplomatie chinoise Wang Yi au Japon, qui devrait être suivie dès que possible l’an prochain par celle du Premier ministre chinois Li Qiang.

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