Avsnitt

  • Et si Radio Nova Ă©tait un animal ? Une plante ? Un instrument de musique ? Que peut-on nous souhaiter pour les quarante prochaines annĂ©es ? Chants de joie et pistes de rĂ©flexion avec Camille, DJ LBR, Samba Ndiaye. Jean Morel, AurĂ©lie Sfez, Marie Bonnisseau, Ariel Wizman, Bintou SimporĂ©, Marie ArquiĂ©, Ray Lema, Bruno Delport, Marushka Vidovic, IAM, Mathilde Serrell, Lionel « Foxx » Magal, Reza Pounewatchy, Arnayd Aymard, MĂ©lanie Mallet, Bastien Stisi, Angela Lorente, Camille Diao, Sir Ali, David Brun-Lambert, Isadora Dartial, DJ Cut Killer, Sophie Marchand, Richard Gaitet, ThĂ©o SĂ©bald, MĂ©lanie Bauer, Christophe Nick, Nicolas Saada, Squaaly Baba, Hadja Tabi, Sapho, Jean-Jacques Palix & Eve Couturier, Roudoudou, Princesse Erika, Thierry Paret, Liz Gomis, Marion Armengod, Esteli Hernandez Ortiz, Ariel Kyrou, Alex Masson, Yannick (Barbe) & MĂ©lusine (Raynaud), Armel Hemme, FrĂ©dĂ©ric TaddĂ©i, Morane Aubert, Patrick von Troyen.

    RĂ©alisation, mixage : Sulivan Clabaut.

  • À l’heure de la sĂ©paration de Daft Punk le temps d’une vidĂ©o explosive baptisĂ©e Épilogue, Ă  l’heure oĂč le Goncourt est dĂ©cernĂ© au SĂ©nĂ©galais Mohamed Mbougar Sarr (31 ans) pour sa Plus secrĂšte mĂ©moire des hommes alors qu’on sent monter l’odeur de l’essence dans une France rance obsĂ©dĂ©e par les dĂ©rapages d’Hanouna et les tirades anti-wokes de CNews, Ă  l’heure du triomphe des genres sous le capot de Julia Ducournau (38 ans, premiĂšre Française sacrĂ©e d’une Palme d’Or pour Titane), Ă  l’heure du double biopic cinĂ©-tĂ©lĂ© sur le SuprĂȘme NTM (avec reconstitution troublante de leurs premiers freestyles aux grandes heures du Deenastyle), Nova touche une rive inconnue et commĂ©more ses 40 ans l’annĂ©e de ses 41 ans avec un podcast de 42 heures, de A jusqu’à ZĂšbre. Tout en s’affirmant encore et toujours comme un laboratoire des espoirs. Voyez nos nouvelles recrues : Jeanne Lacaille et sa Potion, David Bola et sa Traque, Math de CapĂšle et sa maĂźtrise des rĂ©seaux, ou le DJ et ex-disquaire de BPM, Romain BNO, devenu programmateur musical. À l’extĂ©rieur, observez le rayonnement de nos talents. Ruddy Aboab a Ă©tĂ© nommĂ© directeur de FIP. Les dĂ©bats de sociĂ©tĂ© de C ce soir sur France 5 ne peuvent plus se passer de Camille Diao. NĂ© en loucedĂ© au micro de Nova, GrĂŒnt de Jean Morel et ses complices – dont Morane Aubert – est devenu le studio de production audiovisuelle de rĂ©fĂ©rence de rap francophone d’avant-garde. Marie Bonnisseau parle de censure chinoise ou d’un condamnĂ© Ă  mort libĂ©rĂ© grĂące Ă  un podcast sur le plateau de 28 minutes animĂ© par Elisabeth Quin – qui fut notre toute premiĂšre matinaliĂšre en 1991. Marie Misset dirige la rĂ©daction de Konbini et l’une de nos anciennes stagiaires, Ambre Chalumeau, tient avec panache la Brigade des Affaires Culturelles de Quotidien. Marion Armengod a montĂ© Make Some Noise, son propre studio de podcasts, idem pour Thomas Baumgartner avec Waves ou Christophe Payet avec Nique la radio. Marc H’Limi et Sulivan Clabaut rĂ©alisent via Allsound tout l’audio du groupe SoPress. Queenie Tassell crĂ©e et rĂ©alise avec Ambre Larrazet la sĂ©rie historico-marrante Damoiselle sur TV5 Monde. AurĂ©lie Sfez recueille des Fragments de vie pour Arte et Richard Gaitet des conseils d’écriture dans Bookmakers pour Arte Radio. Sans oublier la cinquantaine de fĂȘtes et autres bals Nova organisé·e·s chaque annĂ©e dans tout le pays par ThĂ©o SĂ©bald et son comitĂ© du fun, pour lesquels ce n’est jamais le dernier jour du disco. Saviez-vous en outre que Bintou SimporĂ© vient d’ĂȘtre sacrĂ©e ChevaliĂšre de l’ordre des Arts et des Lettres, l’annĂ©e des 30 ans de NĂ©o-GĂ©o ? Comme disait Godard : c’est la marge qui fait tenir la page. Quelle bande magnĂ©tique !

    RĂ©alisation, mixage : Malo Williams.

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  • « Rends-moi le soleil que tu as cachĂ© dans tes poches / DĂ©posez-moi lĂ  sur l'Ă©toile la plus proche / Demande au ciel si l'avenir sera moche / Je recolle le nĂŽtre avec des petits bouts de scotch. » Il a dĂ» se passer un truc pour que Biga* Ranx, astre montant du dancehall hexagonal Ă©quipĂ© en 2020 de sa Sunset Cassette, nous envoie une recette de soupe polonaise depuis son studio tourangeau. Yeah les confiné·e·s, ça fait chaud dans le coeur. Étranges souvenirs. Pangolins maltraitĂ©s sur le marchĂ© de Wuhan. Patient zĂ©ro. Mains lavĂ©es six fois par jour, vigoureusement. Masqué·e·s-ganté·e·s au supermarchĂ© et, pardon mais : laver ses courses en rentrant ? Attestations de dĂ©placement, y compris pour marcher sur la plage. Couvre-feu et bars clandĂ©s. Clique & collecte Ă  ton grĂ© le nouveau variant brĂ©silien, anglais, sud-africain, indien. FĂȘtes en journĂ©e et coups de fil longue durĂ©e Ă  des ami·e·s perdu·e·s de vue. Le prĂ©sident rĂ©pĂšte que nous sommes en guerre. Urgences dĂ©bordĂ©es et applaudissements Ă  20h pour le personnel hospitalier. Écouvillons dans le pif, coudĂ©es et checks du pied. ApĂ©ros Zoom et shots d’hydroxychloroquine au comptoir du vaccinodrome, troisiĂšme dose ou antivax et complots Ă  gogo. Barbe bicolore d’Édouard Philippe. Prenez soin de vous. Anniversaires en solitaire. Rattrapage en sĂ©ries, qui disent beaucoup sur l’époque : Euphoria, Watchmen, Years & Years, En thĂ©rapie.


    Sur Nova, la pandĂ©mie grille un bout de notre grille des programmes, mais les gens se remettent Ă  Ă©couter la radio en masse et partagent nos hommages Ă  Manu Dibango, Christophe, Tony Allen, Juliette GrĂ©co, Idir ou Mory KantĂ©. À la mort d’Ennio Morricone, David Blot dĂ©cide de clore chaque Nova Club avec un morceau du maestro italien, pendant un an. Joie de retrouver les collĂšgues en prĂ©sentiel. Jean Rouzaud, dandy punk et historien de l’underground, qui a toujours raison mĂȘme quand il a tort, part Ă  la retraite non sans distribuer ses livres et ses cravates. Dix-huit ans aprĂšs avoir dĂ©marrĂ© au standard, MĂ©lanie Mallet est nommĂ©e directrice de notre antenne, qui retrouve une certaine vitalitĂ© avec la crĂ©ation de deux espaces physiquement dĂ©diĂ©s Ă  la musique live et Ă  la bamboche, qui n’est donc pas terminĂ©e. D’abord Chambre noire, animĂ©e par Reza Pounewatchy avec la complicitĂ© de Judah Roger, accueillant chaque mercredi soir de solides espoirs comme P.R2B, Voyou ou Bonnie Banane. Et le vendredi, de trĂšs attendues Teufs d’appart cĂšdent les platines Ă  Get A Room, Yuksek, ChloĂ©, le collectif Moonshine, Boombass, La CrĂ©ole ou divers anciens comme Blundetto ou Laurent Garnier, qui seront sommé·e·s de dĂ©fier notre « manĂšge Ă  trois » de DJs maison : Malo Williams, SmaĂ«l Bouaici, ThĂ©o Wizman, en bande organisĂ©e. La technique, le flow de malade, artistiquement, on se balade.


    RĂ©alisation, mixage : Malo Williams.

  • Vers quels pĂ©rils roule notre civilisation, ivre de tous ses excĂšs ? 2019 a des allures de train-fantĂŽme. AllĂŽ allĂŽ allĂŽ ? BĂ©bĂ© fait du sale, humanitĂ© endgame. L’Australie et l’Amazonie s’enflamment, tout comme les ventes d’ouvrages sur la notion d’effondrement, ou les visionnages d’une sĂ©rie sur Chernobyl. Catastrophes naturelles et marches mondiales pour le climat secouent enfin les consciences les plus rĂ©tives au changement, qui questionnent a minima leur consommation de viande, de plastique ou d’avion, tout en Ă©coutant le cri d’alarme formulĂ© par Greta Thunberg, en larmes, Ă  la tribune de l’ONU : « Je ne devrais pas ĂȘtre lĂ , je devrais ĂȘtre Ă  l’école. Vous avez volĂ© mes rĂȘves et mon enfance avec vos paroles creuses. Des Ă©cosystĂšmes entiers s’effondrent, nous sommes au dĂ©but d’une extinction de masse et tout ce dont vous parlez, c’est de l’argent et du conte de fĂ©e d’une croissance Ă©conomique Ă©ternelle. Comment osez-vous ? Depuis plus de quarante ans, la science est claire comme du cristal. Comment osez-vous venir ici en prĂ©tendant que vous en faites assez ? »


    CoĂŻncidence symbolico-mystique : Notre-Dame de Paris s’embrase pour la premiĂšre fois depuis le XIIIe siĂšcle au niveau de sa flĂšche, dont la charpente a nĂ©cessitĂ© la coupe de mille trois cents chĂȘnes. Ça chauffe aussi en AlgĂ©rie, en Irak et Ă  Hong-Kong, oĂč des manifestations contestent la violence et la corruption du pouvoir ; sur Nova, AurĂ©lie Sfez dĂ©rive Ă  Alger avec le collectif techno ATM ou le leader de Gnawa Diffusion, et surtout plonge son micro dans la marĂ©e humaine qui conduira le prĂ©sident Bouteflika Ă  dĂ©missionner. Tout le contraire d’une autre Ă©mission d’AurĂ©lie, plus feutrĂ©e, toujours rĂ©alisĂ©e par Bertrand Chaumeton : une nuit entiĂšre en compagnie de Christophe, ses mots bleus et son « nouveau petit synthĂ©tiseur », qui nous avoue « ne jamais penser Ă  la mort » et se rendre aux enterrements « en souriant ». CachĂ© derriĂšre ses lunettes fumĂ©es, peut-ĂȘtre Ă©tait-il Ă  celui de Michel Legrand, AgnĂšs Varda, Toni Morrison, Scott Walker, Karl Lagerfeld, Philippe Zdar, Jean-Pierre Marielle ou JoĂŁo Gilberto. Ou Ă  celui de Chirac. Ou Ă  celui d’Andrew Orr, cofondateur de Nova, auquel Catherine Lagarde rend un hommage bouleversant.

    RĂ©alisation, mixage : Malo Williams.

  • Âż QuĂ© Onda ? La question qui donne son titre, chaque samedi soir, trois saisons durant, au road trip auditif d’Isadora Dartial au hasard grĂ©sillant des radios internationales, mĂ©rite son effet boomerang. Quels archipels furent abordĂ©s, en 2018, par les corsaires et flibustiĂšres naviguant sur les ondes de Nova ? C’est-Ă -dire l’annĂ©e oĂč nous quittons le 11e arrondissement de Paris pour nous poser Porte de Clignancourt, dans un immeuble blanc de six Ă©tages, avec vue sur le pĂ©riph’, partagĂ© avec Les Inrocks ou une start-up de coworking. L’amĂ©nagement des studios prend un retard fou, occasionnant des mois entiers Ă  recevoir des invitĂ©/e/s dans de grandes piĂšces vides, sans chauffage, aux murs de moellons bruts, avec des fils qui pendouillent de partout, ou des lives captĂ©s avec trois bouts de ficelle sans mĂȘme pouvoir fermer la porte – puisqu’il n’y a pas de porte. Il nous faudra quelques fĂȘtes pour nous acclimater.

    Passion burlingue, justement. Jean Morel et Sophie Marchand ouvrent au quotidien Bam-Bam, le Bureau des Affaires Musicales, qui dĂ©cortique des samples cultes avec Sims, se penchent sur le business de la musique bouleversĂ© par le stream et les algorithmes, explique aux novices le mastering, le mashup ou le larsen, se rĂ©jouissent du Pulitzer pour Kendrick, suivent de prĂšs cette prodige espagnole du flamenco nommĂ©e RosalĂ­a, ou interrogent Myd, Casey ou Flavien Berger sur le disque qui a changĂ© leur vie. ParallĂšlement, aprĂšs deux ans aux mains d’un rĂ©giment zazou de quinquagĂ©naires mĂąles, la matinale est confiĂ©e Ă  deux jeunes femmes Ă  la fois prĂ©cises et fantasques, Marie Bonnisseau et Queenie Tassell, passablement fans de CĂ©line Dion, qui imaginent Pour que tu rĂȘves encore afin de « retarder l’heure du rĂ©veil » avec cueillette de songes, quiz de mots, cours de danse bollywoodienne ou japonaise.


    Pendant ce temps, la Book Box, notre juke-box littĂ©raire, multiplie les dĂ©fis en compagnie d’un rĂ©alisateur champion de cyclisme nommĂ© Sulivan Clabaut : partie interactive d’un roman dont vous ĂȘtes le hĂ©ros avec l’humoriste Haroun et les auditeurs, en direct ; dĂ©clamation par Kate Tempest, pas encore rebaptisĂ©e Kae, de son poĂšme Les Nouveaux Anciens les yeux fermĂ©s, quasiment d’un seul souffle – la vidĂ©o frĂŽle les deux millions de vues ; reportage de douze jours Ă  la FĂȘte du Livre de Kinshasa, Congo ; traversĂ©e des Ardennes sur 111 kilomĂštres dans les bottines de Rimbaud, Ă©popĂ©e pĂ©destre qui parvient aux oreilles de Patti Smith, invitant l’équipe prĂšs des ruines de la ferme oĂč fut Ă©crit Une saison en enfer, qui contient ce vers : « J'ai appelĂ© les bourreaux pour, en pĂ©rissant, mordre la crosse de leurs fusils. »


    RĂ©alisation, mixage : Malo Williams.

  • « Tous les matins, on a une mission. Trouver la gaietĂ© au milieu des raisons de dĂ©sespĂ©rer. La beautĂ© au milieu des laideurs. La gentillesse au milieu des visages fermĂ©s. Les caresses au milieu des griffes. La tendresse au milieu des gifles. L'ouverture au milieu des fermetures. Si vous acceptez cette mission, la journĂ©e sera magnifique. Si vous la refusez, allez vous recoucher tout de suite ! » Pendant deux ans, nos matinĂ©es furent piratĂ©es par une troupe de joyeux lurons ayant en commun l’absolue cĂ©lĂ©bration de l’instant, de la fulgurance surrĂ©aliste, du happening ordinaire, du nawak en bandouliĂšre, avec une sorte de « refus de l’actualitĂ© ». Autour d’Édouard Baer, qui refuse gĂ©nĂ©ralement de lire le conducteur de l’émission prĂ©parĂ© par EugĂ©nie Poumaillou, d’éternels complices s’agitent et rebondissent, tels Atmen Kelif, François Rollin, Jack Souvant, Alexandre Astier ou le guitariste bordelais Tito el FrancĂ©s. D’une saison Ă  l’autre de Plus prĂšs de toi, quatre journalistes – Marie Bonnisseau, Camille Diao, Marie Misset et notre rĂ©dacteur en chef, Thomas Baumgartner, qui salue « le sens du direct, au bord du prĂ©cipice » de l’acteur-animateur – essayent de mettre un peu de sens dans ce carrefour giratoire des fantaisies cafĂ©inĂ©es, d’interviewer des invité·e·s entre des jeux sans queue ni tĂȘte ni bras ni gambettes, ou les personnages inventĂ©s par Arnaud Aymard, aussi fictifs que les emplois de PĂ©nĂ©lope Fillon ; immortel « Ammoniacal », mi-homme mi-pingouin mi-chiffon, dont les mĂ©saventures « dans une jungle de saucisses » inspireront Ă  Katerine une tranche de sa chanson Stone avec moi.


    L’émission, forcĂ©ment inĂ©gale d’un jour Ă  l’autre puisque viscĂ©ralement dĂ©pendante de l’énergie de ses hĂ©ros, part se revitaliser Ă  Brest, Ă  Florange, Ă  Tunis, Ă  MontrĂ©al, Ă  la romaine Villa MĂ©dicis ou station ChĂątelet-les-Halles. Elle prend aussi le risque de rĂ©veiller par tĂ©lĂ©phone un « monument » : Jean-Paul Gaultier, Marina FoĂŻs, Alain Chabat, Yolande Moreau ou... Claire Chazal. FilmĂ©es par Nicolas Lartigue, les « entrĂ©es » d’Édouard, au cours desquelles l’histrion dĂ©coiffĂ© monologue avec l’emphase de LĂ©o FerrĂ© sur « ceux qui se lĂšvent de mauvaise humeur, contrariĂ©s, renfrognĂ©s, froissĂ©s, les yeux en dedans, le cƓur cadenassĂ© », ou « ceux qui sortent le lundi soir, qui sont quand mĂȘme bien vicieux », deviennent virales. Et deux fois par semaine Ă  la fin du show, Ruddy Aboab organise des concerts privĂ©s sous la verriĂšre de Nova, au casting exceptionnel : AngĂšle et Jorja Smith (pour leur premiĂšre radio française), la fanfare allemande Meute, Ben Harper, Sofiane Saidi & Mazada, Toots & The Maytals, Arto Lindsay, Altin GĂŒn, Acid Arab, Alain Souchon ou encore Rone avec l’écrivain d’anticipation Alain Damasio.


    RĂ©alisation, mixage : Malo Williams.

  • « Ça ne s’arrĂȘtera jamais. » Quelques minutes avant minuit, Ă  la veille des 35 ans de Radio Nova, un olibrius passablement surexcitĂ© livre une belle dĂ©monstration d’optimisme
 lors d’une annĂ©e mouvementĂ©e. En 2016, la musique connaĂźt de grandes pertes : David Bowie, Leonard Cohen, Pierre Barouh, Alan Vega, George Michael (oui), Prince Buster et surtout, Prince tout court ; Sa MajestĂ© Roger Nelson, dont le premier concert parisien au Palace en 1981 Ă©tait dĂ©jĂ  sponsorisĂ© par Actuel, et auquel David Blot rend de nombreux hommages teintĂ©s de pluie pourpre dans son Nova Club bientĂŽt coanimĂ© avec Sophie Marchand. C’est aussi l’hĂ©catombe chez les Michel : Rocard, Butor, Delpech, Galabru et Tournier rejoignent les limbes du Pacifique. Chagrin Ă©galement pour les aficionados de Michael Cimino, de Fidel Castro, de Gotlib, de la Princesse Leia ou de Mohamed Ali, que la Faucheuse met K.-O.

    Tous ces gens loupent le vertigineux nouvel album de Christophe (Les vestiges du chaos), le Nobel pour Dylan, les premiĂšres chansons de Catastrophe ou de Kate Tempest, la mise en marche vers le pouvoir de ce jeune banquier « ni de gauche ni de droite » – c’est-Ă -dire de droite – nommĂ© Emmanuel Macron, qui vient de quitter le ministĂšre de l’Économie. Ou encore Nuit Debout, ce mouvement antilibĂ©ral hĂ©tĂ©roclite nĂ© de la contestation d’une Ă©niĂšme loi travail, qui occupa trois mois la place de la RĂ©publique Ă  Paris, et qu’Armel Hemme, Marion Armengod, Guillaume Girault et Julien Goetz couvrent en direct, une semaine, via des reportages ou des Ă©missions in situ. Pendant ce temps, sous les drapeaux noirs de Daech ou d’Al-QaĂŻda, le chaos frappe encore : Ă  Nice, Ă  Jakarta, Ă  Bruxelles, Ă  Bagdad, Ă  Ouagadougou, au Pakistan, en Allemagne, au Bangladesh, en CĂŽte d’Ivoire, dans un mariage turc, une Ă©glise de Seine-Maritime ou une discothĂšque LGBT de Floride. Ajoutez Ă  ceci l’élection-surprise de Donald Trump aux USA aprĂšs des mois d’outrances, le Brexit, des dĂ©bats stĂ©riles sur la question du burkini et l’empire mĂ©diatique de Vincent BollorĂ© dont l’influence ne cesse de s’étendre... l’ambiance est lourde.


    Dans les couloirs de Nova, on s’inquiĂšte pas mal. Un banquier de gauche, Matthieu Pigasse, ancien conseiller de Dominique Strauss-Kahn et de Laurent Fabius au ministĂšre de l’Économie, a rachetĂ© Ă  titre personnel, en 2015, notre antenne. À son sujet, le journal Le Monde a Ă©crit : « La vente du PSG, c'est lui. La renĂ©gociation de la dette irakienne, c'est lui. La nationalisation du gaz bolivien pour le compte du prĂ©sident Evo Morales, c'est lui. La recherche d'une sortie de crise pour LibĂ©ration, c'est encore lui. Matthieu Pigasse est le banquier d'affaires le plus recherchĂ© du moment. Celui que les patrons du CAC 40 invitent Ă  leur table avant de lancer une OPA. » Moins de dix ans aprĂšs cet article, il prend le contrĂŽle du journal Le Monde avec Pierre BergĂ© et Xavier Niel. Puis ce lecteur de Cioran et de Michaux, actionnaire de l’Obs, de TĂ©lĂ©rama, de Courrier international ou de Vice, propriĂ©taire du festival Rock en Seine et prĂ©sident des EurockĂ©ennes de Belfort, a fondĂ© Les Nouvelles Éditions IndĂ©pendantes (LNEI), qui abritent Les Inrockuptibles, le webzine fĂ©ministe Cheek. Et, donc, Nova, ses vingt-six frĂ©quences et ses soixante-cinq employé·e·s. Qu’allions-nous devenir, au sein du groupe ? Quels Ă©taient les projets de ce fan de The Clash en costume Dior ?


    RĂ©alisation, mixage : Malo Williams.

  • « Oh serre-moi fort, compĂšre. » Le refrain de cette Danse montagnarde (et polissonne) de Maria Tănase, chroniquĂ©e dans NĂ©o-GĂ©o par RĂ©my Kolpa Kopoul, pouvait servir de mantra pour nous consoler de cette annĂ©e difficile. Quelle ironie que le ConneXionneur en chef ait mentionnĂ© « l’enterrement inimaginable » de cette chanteuse Ă  Bucarest, oĂč se pressĂšrent des centaines de milliers de Roumain·e·s
 Nous avions besoin de nous serrer fort, oui, le 11 janvier, sur la place de la RĂ©publique Ă  Paris comme aux quatre cents coins de l’Hexagone, afin d’honorer la mĂ©moire des victimes des terroristes qui ensanglantĂšrent Charlie Hebdo, Montrouge et l’Hyper-Casher de la Porte de Vincennes au nom de Daech. À l’antenne, nous diffusons des lectures et des morceaux qui invitent Ă  rĂ©flĂ©chir – en se marrant, si possible – sur la libertĂ© d’expression ; l’écrivaine Axl Cendres partage ainsi une lettre de sa maman, Hafida, qui pleure de colĂšre en se souvenant de la dĂ©cennie noire en AlgĂ©rie, quand les islamistes semaient dĂ©jĂ  la terreur. Mi-mars, un attentat frappe le musĂ©e du Bardo, Ă  Tunis. Et des bombes explosent Ă  Beyrouth, Ă  Bamako, au KoweĂŻt, dans l’IsĂšre
 ou n’explosent pas (de justesse) dans le Thalys. Puis d’autres fous de dieu, aigles de la mort et du mĂ©tal des kalachnikovs, se faut sauter le vendredi 13 novembre, d’abord Ă  proximitĂ© du Stade de France, tandis que leurs complices mitraillent des terrasses avant d’interrompre un concert des Eagles of Death Metal au Bataclan. Des centaines de « lettres Ă  Paris » nous parviennent, lues toute la semaine Ă  l’antenne, sur le modĂšle des « lettres Ă  Elodie » (Font), qui prĂ©sente dĂ©sormais la matinale avec Thierry. Se serrer fort, encore.

    Entre-temps, le cƓur de RĂ©my cesse de danser la batucada au lendemain d’une mille-et-uniĂšme fĂȘte Ă  Brest, oĂč il mixait, Ă  66 ans. Lui qui venait Ă  peine de clore Ă  Montreuil les reprĂ©sentations d’une comĂ©die musicale Karioka sur l’ñge d’or du BrĂ©sil auquel il rĂȘvait depuis trente ans
 Ce dandy Ă©lectropical en chaussures de chantier, Ă  la voix de canard enrouĂ© (« madrĂ©e », disait-il, qui signifie selon le Larousse : « rusĂ©e, sous des dehors bonhommes »). Ce pilier du premier LibĂ©, qui fut « mao un jour, mambo toujours », certifiĂ© fan de fromages, de champagne et de calembours, et surtout « mariĂ© avec la musique ». Permettez de citer cette profession de foi, qui rĂ©sume quasiment notre radio : « Qu’est-ce qu’un chanteur de tango a de commun avec un musicien new wave ? Qu’est-ce un vieux chanteur de bossa nova a de commun avec un jeune DJ ? Ce sont des mondes sĂ©parĂ©s qu’il faut brasser ensemble, parce qu’ils ont tout intĂ©rĂȘt Ă  se connaĂźtre. C’est le mĂ©lange des Ăąges et des cultures. Le Grand Mix. Et j’aime bien touiller. »


    RĂ©alisation, mixage : Malo Williams.

  • À tous les coups, c’est une question de rythme. Trouver le tempo adĂ©quat pour poser sa voix, ses idĂ©es, la musique qui fait vibrer. Comme le prouve cette sĂ©rie de reportages signĂ©s Sophie Marchand & Isadora Dartial pour accompagner la sortie du coffret « Nova Danse », qui enregistrent des rudiments de claquettes, les mouvements de base de la samba, de la house ou du hip hop, les pas rĂ©tros pas si compliquĂ©s qui enjaillent depuis 1936 le parquet du Balajo de Bastille, des conseils de compagnons du kompa haĂŻtien, voire du zouk et de la biguine enseignĂ©s dans son salon de Bobigny par feu Frantz DĂ©ric, musicien et DJ ambianceur de bals aux Antilles. De maniĂšre, Ă  chaque fois, beaucoup moins reloue que le prof de batterie vicieux de Whiplash, rĂ©alisĂ© par Damien Chazelle – lui-mĂȘme ex-batteur de jazz enseveli de rĂ©compenses, de Deauville aux Oscars.

    Le rythme d’écriture est intense dans les turbines de 2H15 avant la fin du monde. Tel un late show Ă  l’arrache, Armel Hemme & Marie Misset prennent le pari d’accoucher de quatre sketchs par jour, volontiers absurdes, toujours liĂ©s Ă  l’actu, Ă  propos des fraudes fiscales du ministre du Budget d’un gouvernement de gauche (merci pour ce moment, JĂ©rĂŽme Cahuzac) ou de la disparition d’un glacier (en Islande), en invitant toutes les personnes qui traversent le grand couloir blanc de la rĂ©daction Ă  chanter, crier, imiter Manuel Valls ou parodier les dĂ©bats cacophoniques des chaĂźnes d’information en continu. L’émission devient Ă©galement le cadre d’un chantier invraisemblable, rĂ©solument tournĂ© vers l’avenir, mais dont le succĂšs pourrait coĂ»ter leur place aux deux journalistes : monter de toutes piĂšces, avec des ingĂ©nieurs de Montreuil, un androĂŻde animateur nommĂ© Robi le Robot (comme dans PlanĂšte interdite) au moyen d’un financement participatif qui rĂ©colta, Ă  l’époque, seize mille euros !

    Simulation : s’il avait pris l’antenne Ă  la place de Marie & Armel, qu’est-ce que Robi aurait bien pu dire de
 l’invasion de la CrimĂ©e – dĂ©jĂ , en 2014 – par la Russie, qui lance la guerre du Donbass dont nous subissons encore les consĂ©quences ? De la disparition inexpliquĂ©e du vol MH370 et ses 239 passagers ? De cet autre avion de la mĂȘme compagnie, Malaysian Airlines, abattu en plein air avec ses 298 passagers quatre mois plus tard, par un missile russe, au-dessus de l’Ukraine ? Qu’aurait dit ce robot des luttes contre le projet d’aĂ©roport de Notre-Dame-des-Landes ? De la nouvelle saison de Black Mirror ? Du Nobel de Modiano ? De cette coalition contre l’Etat Islamique en Irak et en Syrie ? De la fin de LĂ -bas si j’y suis de Daniel Mermet, aprĂšs vingt-six ans de quotidienne sur Inter ? Du nouveau World Trade Center ? De la B.-O. extraterrestre signĂ©e Mica Levi pour Under The Skin, avec Scarlett Johansson ? De cette plateforme nommĂ©e Netflix, qu’on dit capable de flinguer le cinĂ©ma en salles ? De la mort de Lauren Bacall, de Frankie Knuckles, de Paco de Lucia, de Resnais, de Cavanna, de Garcia Marquez ? Du suicide de Robin Williams, de l’overdose de Philip Seymour Hoffman ? Du roman goncourisĂ© de Lydie Salvayre, intitulĂ© Pas pleurer ? De notre interview bouleversante de Chantal Akerman ? De l’élĂ©gance de Gaspard Ulliel dans Saint Laurent de Bonello ? De ce freestyle de Mobb Deep dans L’ElĂ©phant effervescent ? Des canicules Ă  rĂ©pĂ©tition ? Ou de cette question que Jacques Chancel peut dĂ©sormais poser Ă  Dieu en personne : « Et Dieu dans tout ça ? »

    RĂ©alisation, mixage : Malo Williams.

  • Random Access Memories. Comme nous le souffle le titre du quatriĂšme album de Daft Punk sorti en trĂšs grandes pompes cette annĂ©e-lĂ , plongeons au hasard de nos souvenirs balĂšzes de 2013. OK : Keziah Jones pĂšte une corde en donnant une leçon de blufunk Ă  Isadora Dartial dans les coulisses des Nova Sessions, concerts privĂ©s filmĂ©s sous la verriĂšre du 127 avenue Ledru-Rollin et diffusĂ©s sur la plateforme Culturebox de France TĂ©lĂ©visions. MĂ©connaissables sans leurs casques argentĂ©s de robots, Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo causent de leur goĂ»t pour l’anonymat au micro de David Blot
 dans l’indiffĂ©rence gĂ©nĂ©rale du peuple de nos studios. Get lucky, les Terrien·ne·s : alors que Sandra Bullock se tire in extremis de ses pĂ©pins orbitaux dans Gravity d’Alfonso Cuaron, un astĂ©roĂŻde de quarante kilomĂštres de diamĂštre frĂŽle de peu la planĂšte, quelques heures aprĂšs la chute d’une super-mĂ©tĂ©orite au sud de l’Oural, qui blesse quand mĂȘme des milliers de Russes. La voix de Get lucky, Pharrell Williams, tourne Ă  Los Angeles un clip vidĂ©o d’une durĂ©e totale de vingt-quatre heures, dont la version abrĂ©gĂ©e rend instantanĂ©ment happy. Dans la foulĂ©e, puisque « dormir, c’est mourir un peu », et surtout parce que la nuit Paris se meurt de trop d’embourgeoisement et de plaintes gna-gna-gna contre les nuisances sonores, Nova improvise une fĂȘte clandĂ© itinĂ©rante d’arrondissement en arrondissement, au volant d’une camionnette Ă©quipĂ©e d’un sound-system, en gigotant sur un remix de Janet Jackson par Kaytranada ou sur La Femme qui recherche des sensations, heureux comme au dĂ©but de La Grande Belleza de Paolo Sorrentino ; un moment formidable, dirait Stromae, que nous raconte ici Nadine Gravelle, chanceliĂšre de la teuf et bien-aimĂ©e directrice des partenariats durant vingt-cinq ans.

    Pendant ce temps, le quotidien britannique The Guardian publie en ligne un document secret, premier d’une sĂ©rie d’archives chapardĂ©es Ă  la NSA par un ancien agent de la CIA, l’informaticien amĂ©ricain Edward Snowden, 29 ans. Les rĂ©vĂ©lations du lanceur d’alerte sensibilisent l’opinion sur l’espionnage pratiquĂ© par les agences de renseignements des États-Unis et du Royaume-Uni – et plus gĂ©nĂ©ralement sur notre droit Ă  la vie privĂ©e, la prĂ©dation exercĂ©e au quotidien par les squales de la Silicon Valley : Google, Apple, Facebook ou Amazon. Un capitalisme pernicieux, carnassier, ardemment combattu par Angela Davis, black panther et figure du mouvement amĂ©ricain des droits civiques, dont la venue en matinale provoque une grande Ă©motion chez Thierry Paret. ParallĂšlement, partout en France, les rĂ©acs de la « manif’ pour tous » s’opposent en rose Ă  la loi portĂ©e par Christiane Taubira, ministre de la Justice, qui autorise le mariage des couples homosexuels. Signe des temps qui se dĂ©tendent : la Palme d’Or revient aux amoureuses aux joues rouges et cheveux bleus de La Vie d’AdĂšle d’Abdellatif Kechiche.

    RĂ©alisation, mixage : Malo Williams.

  • « Putain, c’est quoi ça ? » En 2012, un obscur calendrier maya, contestĂ© par les meilleur.e.s anthropologues, situe la fin du monde au 21 dĂ©cembre. ClĂŽture cataclysmique d’un cycle de plus de cinq mille ans pour l’humanitĂ©. Tsunamis et sĂ©ismes sont redoutĂ©s, entraĂźnant insurrections, famines et krachs boursiers. Les « survivalistes » Ă©laborent des scĂ©narios d’effondrement de la sociĂ©tĂ© et se replient dans des bunkers souterrains, avec armes et provisions, transforment des fermes en camps retranchĂ©s, s’enfoncent dans les forĂȘts de SibĂ©rie ou dans la jungle – pour apprendre Ă  vivre avec la mĂȘme intensitĂ© que celle qui habita, une nuit sur Nova, le performer-Ă©crivain-musicien Jean-Louis Costes, auteur d’opĂ©ras dits « pornos-sociaux », lors d’une lecture de Kerouac enregistrĂ©e dans sa maison de Mayenne. « On ne savait plus oĂč Ă©tait la route », cette annĂ©e-lĂ . À Toulouse et Montauban, les attentats menĂ©s par Mohammed Merah contre une Ă©cole juive et des militaires font sept morts. Poutine est rĂ©Ă©lu et le Costa Concordia coule un vendredi 13 au large de la Toscane. Fallait-il quitter la Terre, se tĂ©lĂ©porter vers d’autres univers, sur Mars comme le robot Curiosity, au son de la boucle disco Beam me up de Midnight Magic, en rotation lourde Ă  l’antenne ? Plusieurs figures aguerries des Ă©toiles s’éteignent comme des supernovas : Neil Armstrong, Moebius, Ray Bradbury ou la star Donna Summer, tandis que l’astronaute japonais Akihiko Hoshide se prend en photo depuis l’espace et offre un Ă©cho inouĂŻ Ă  l’usage du mot selfie.

    Dans notre galaxie radiophonique, le joyeux tandem de matinaliers, Armel Hemme et Thierry Paret, renforcĂ©s par la prĂ©sence d’une jeune journaliste, Marie Misset (devenue vite indispensable notamment pour sa capacitĂ© Ă  Ă©crire des vers sur tout et n’importe quoi), se disloque. Thierry reste aux commandes de l’astronef matinal et fonde en septembre, avec Linda Lorin, La Nouvelle Internationale, focalisĂ©e sur des actualitĂ©s du monde entier, qui s’enthousiasme pour la rĂ©surrection mĂ©diatique de Sixto Rodriguez via le documentaire Sugar Man, reçoit GaĂ«l Faye ou Thomas Pesquet (qui s’entraĂźne encore un chouĂŻa avant de passer prĂšs de 400 journĂ©es extra-terrestres). Pendant ce temps, Armel & Marie nous offrent chaque fin d’aprĂšs-midi 2H15 avant la fin du monde, une quotidienne d’info-tainement avec interviews, lives et sketchs – dont Tournez planĂšte co-Ă©crit avec Giulio Callegari, anti-guide touristique qui alimente avec fougue les clichĂ©s sur les pays visitĂ©s. Exemple 1 : « Comment savoir si vous ĂȘtes dans un quartier chaud au PĂ©rou ? Sortez votre bras par la fenĂȘtre. Si vous n'avez plus de montre, c'est normal. Si vous n'avez plus de bras, c'est un quartier chaud. » Exemple 2 : « Le nom du pays Madagascar vient du dessin animĂ© Madagascar. Les autoritĂ©s ont longtemps hĂ©sitĂ© avec Moi, moche et mĂ©chant, mais les Malgaches ne sont pas mĂ©chants. » Exemple 3 : « Quand vous chassez en NorvĂšge, criez "Je ne suis pas un Ă©lan" pour Ă©viter qu'on ne vous tire dessus, la visibilitĂ© est rĂ©duite. Si vous entendez "Je suis un Ă©lan", ne tirez pas non plus, c'est un Ă©lan qui parle et c'est rarissime. Vous allez devenir riche. »

    Au mĂȘme moment, le Prix de la Page 111, notre Goncourt Ă  nous, un prix littĂ©raire trĂšs sĂ©rieusement absurde qui rĂ©compense la meilleure page 111 de la rentrĂ©e francophone, se bricole autour d’un jury d’écrivain·e·s gentiment farfelu·e·s. La plume taquine aussi mĂ©chamment les rappeurs rameutĂ©s en loucedĂ© par Jean Morel dans nos stud3ios pour les freestyles filmĂ©s du crew GrĂŒnt avec Lomepal, ou encore Nekfeu, Alpha Wann, Doums (bref, L’Entourage).

    RĂ©alisation, mixage : Mathieu Boudon.

  • Performance ? Tentative rĂ©ussie d’inscrire sur la mappemonde notre dĂ©sir long-courrier de mĂ©tissage culturel, ce Grand Mix XXL affranchi des frontiĂšres gĂ©ographiques ? Record battu en appuyant trente fois sur record ? Moment un peu mythique – et paradoxalement mĂ©connu – de l’Histoire de la radio française ? Ou juste une fixette dĂ©mesurĂ©ment farfelue autour du nombre onze ? Le 11/11/11, c’est-Ă -dire le 11 novembre 2011, Radio Nova a cĂ©lĂ©brĂ© ses 30 ans
 pendant 30 heures de direct, en envoyant 30 reporters dans 30 villes le long des fuseaux horaires afin qu’il soit perpĂ©tuellement 11H Ă  l’antenne. Le temps d’une Ă©mission-marathon oĂč nos journalistes se sont passé·e·s le relais, au dĂ©part de Venise avec Henry Chapier et HĂ©loĂŻse Delaunay jusqu’au final bolivien Ă  La Paz avec Fadia Dimerdji. Le tout, diffusĂ© parfois depuis les locaux de radios locales, et surtout grĂące Ă  un dispositif pensĂ© de main de maĂźtre par notre directeur technique BenoĂźt Simon. Au fil de cette course hyper-cool contre la montre... Bintou SimporĂ© joue du Mireille Mathieu Ă  Shanghai. RKK fait claquer ses bretelles sur la plus importante radio de Papouasie-Nouvelle GuinĂ©e. David Blot se balade en train entre Salt Lake City et San Francisco. Nicolas Saada et Isabelle Gornet apprivoisent la vie sur pilotis, les aubes roses et la solitude sur le sable blanc des Maldives. Isadora Dartial choisit pour guide en JamaĂŻque un certain Courtney John, en poussant jusqu’aux studios Tuff Gong. Jean Rouzaud et BenoĂźt Thuault se font chambrer en VO dans un cabaret en taule d’Addis-Abeba, Ethiopie, par un chanteur moqueur. Adrien Gingold apprend Ă  surfer ailleurs sur que le net : Ă  Honolulu, avec un collier de fleurs mauves, tandis que Jean-Philippe de Tinguy flippe pour son ventre Ă  DubaĂŻ. Les oreilles et les Ăąmes voyagent du Kazakhstan Ă  la Nouvelle-ZĂ©lande, des Fidji au Groenland, des cuisines d’HanoĂŻ au chant des baleines dans la nuit des Açores



    Et tandis que nos globe-trotters fouinent les mĂ©tropoles – avec la contrainte supplĂ©mentaire de trouver un groupe capable de reprendre I got you babe de Sonny & Cher dans la langue du pays, clin d’Ɠil au film Un jour sans fin – avant ce super grand live international, les ancien·ne·s reprennent du service au micro. Pendant une semaine, le matin et chaque fin d’aprĂšs-midi, les voix familiĂšres d’Edouard Baer, Yannick & MĂ©lusine, Karl ZĂ©ro & Daisy d’Errata, LoĂŻc Dury, Gilb’r et Thierry Planelle, sans oublier Jamel Debbouze (venu avec MichaĂ«l Youn et, par tĂ©lĂ©phone, Omar Sy et Ramzy Bedia), rĂ©sonnent dans nos studios parigots. OĂč se presse, au soir de ce jour J extra-large, une foule de galopins et d’ambianceuses venu·e·s fĂȘter ce NovAnniversaire Maousse Dingo autour de Bruno Delport, Marion Armengod, Max Guiguet, Mathilde Serrell ou notre assistant « goal volant » appelĂ© Ă  de grandes responsabilitĂ©s rapologiques : Jean Morel, dit Jean-Mo. « Onze » va pas se mentir : c’était chouette.

    RĂ©alisation, mixage : Mathieu Boudon.

  • En 2011, Nova dĂ©barque au festival de Cannes en compagnie d’une bande de jeunes espoirs masculins, dont Giulio Callegari, futur co-crĂ©ateur de la sĂ©rie tĂ©lĂ© ValidĂ©, qui Ă  l’époque signe plĂ©thore d’articles pour Novaplanet.com dans un bureau du web partagĂ© avec Adrien Gingold et Christian Nzonta. Le temps d’un sketch cruellement drĂŽle et bourrĂ© de mĂ©pris pour la vieillesse, empruntant le ton dĂ©jĂ  fort empruntĂ© de Godard dans le film du mĂȘme titre, Giulio se plaint de ces seniors qui rabĂąchent Ă  toute heure que « c’était mieux avant ». Cette rengaine, rincĂ©e jusqu’à la glotte, notre antenne ne finit jamais d’en faire les frais – alors que de nouveaux talents sont accueillis Ă  bras ouvert chaque saison, parfois sans expĂ©rience radiophonique, sur la foi d’une Ă©nergie, d’une idĂ©e, d’une voix, d’une envie. Alex Masson, jurĂ© cette annĂ©e-lĂ  de la Semaine de la Critique (qui rĂ©compense d’un grand prix le brillant Take Shelter de Jeff Nichols, Ă  propos d’un ouvrier terrorisĂ© par des visions d’apocalypse imminente), est ainsi contraint de vivre en colocation avec un Ă©crivain-journaliste bavard et exaltĂ©, Richard Gaitet, qui seconde Marion Armengod au booking des invité·e·s et participe aux plateaux collĂ©giaux de L’ElĂ©phant effervescent animĂ© sur la plage par MĂ©lanie Bauer avec
 David Blot, de retour sur nos ondes aprĂšs des centaines d’heures de fĂȘte, Respect. Quatre mois plus tard, Richard mettra en marche les rouages d’un « juke-box littĂ©raire » nocturne et quotidien, sa Nova Book Box, qui donne Ă  entendre des extraits de romans, des bouts d’essais, de la poĂ©sie, des bizarreries ou de la BD, des classiques et de la nouveautĂ©, une « machine Ă  lire » qui s’évertue Ă  balancer des tranches de littĂ©rature aussi variĂ©es, exigeantes et inattendues que la playlist de la station, et qui durera neuf ans.


    Pendant ce temps, le printemps parle arabe car le Moyen-Orient s’embrase dans le sillage de la rĂ©volution tunisienne, qui force Ben Ali Ă  quitter le pouvoir. D’autres peuples reprennent le slogan « DĂ©gage ! » et parfois, bsahtek, ça marche. En Egypte, dĂ©mission du prĂ©sident Moubarak, en place depuis 1981. Au YĂ©men, le prĂ©sident Saleh est chassĂ© de son palais aprĂšs trente-trois ans de rĂšgne. Une guerre civile Ă©clate en Lybie et aboutit au lynchage de Kadhafi, mettant fin Ă  quarante-deux ans de tyrannie. La contestation s’intensifie en Syrie, mais la rĂ©pression orchestrĂ©e par Bachar el-Assad n’en est que plus brutale. Idem au BahreĂŻn, oĂč le roi Hamad reste vissĂ© sur son trĂŽne. Sur Nova, certaines nuits se font l’écho de ces protestations, ou prennent le temps d’explorer des « Sujet(s) » comme la boxe ou le hacking (avec le concours de comĂ©dien·ne·s aussi follement marrant·e·s que Fred Tousch et Diane Bonnot).


    RĂ©alisation, mixage : Mathieu Boudon.

  • Les glaciers fondent, mais ça continue de chauffer dans les Ă©tages du 33 rue du Faubourg Saint-Antoine. OK, dĂ©jĂ  trois ans qu’on ne peut plus fumer dans les lieux publics, mais quand la Nova Family doit quitter son immeuble historique occupĂ© depuis le dĂ©but des annĂ©es quatre-vingt, chargĂ© de tant de joies souples, de drames lourds, de concerts spongiformes et de cĂ©lĂ©brations paĂŻennes, elle organise une teuf d’adieu ponctuĂ©e par un geste explosif d’exorcisme quasi chamanique, comme un remake fauchĂ© gĂ©nial de PiĂšge de cristal. Le tout, pour ne transhumer tel un troupeau d’élĂ©phants forcĂ©ment effervescents, qu’à seulement 702 mĂštres de lĂ , dans les couloirs blancs du 127 avenue Ledru-Rollin, encore dans le XIe arrondissement de Paris, en face d’un commissariat.


    En ces mĂȘmes bureaux, nous retrouvons Ă  nouveau nos consƓurs et confrĂšres plus sages de TSF Jazz – avec des flashs infos assurĂ©s sur les deux antennes par Amar Abdelkrim, Thierry Paret, Laurent Sapir ou Thierry Lebon. Qui annoncent, en vrac, que : la terre tremble terriblement en HaĂŻti, en Chine, au Chili, Ă  Sumatra ; Jacques Audiard est cĂ©sarisĂ© pour son ProphĂšte ; le lanceur d’alerte australien Julian Assange dĂ©voile via la plateforme WikiLeaks des milliers de documents confidentiels sur le rĂŽle du gouvernement amĂ©ricain et de leurs alliĂ©s dans la guerre en Irak et en Afghanistan ; la mort de Chabrol, Lhasa, Rohmer, Louise Bourgeois ; la crĂ©ation d’Instagram, l’arrivĂ©e de l’iPad ; le burlesque filmĂ© par Mathieu Amalric en TournĂ©e, prix de la mise en scĂšne Ă  Cannes, dont les nuits sont parfaitement dĂ©crites sur nos ondes par Enora MalagrĂ© ; cette loi indienne qui oblige les enfants de 6 Ă  14 ans Ă  aller Ă  l’école, pour lutter contre le travail des mineurs ; ou la sortie des mĂ©moires de Patti Smith, sous le titre Just Kids.


    Cette dĂ©cennie qui dĂ©marre sera l’écrin d’un fameux petit programme qui pousse, qui pousse, passant de vingt minutes Ă  une heure : Dans Les Oreilles de..., prĂ©sentĂ© par Isadora Dartial et rĂ©alisĂ© par Guillaume Girault et BenoĂźt Thuault. « Quel disque a changĂ© votre vision de la musique ? Celui que vous avez le plus Ă©coutĂ© ? Quel air a bercĂ© votre jeunesse ? » Voici le type de questions auxquelles rĂ©pondent, excusez du peu, Bob Wilson, Lalo Schifrin, Bianca Li, James Blake, Anna Karina, Jean-Pierre Bacri, Carolyn Carlson ou Russell Banks



    Pendant ce temps, une caravane est joyeusement atomisĂ©e par nos auditeurs lors d’une fĂȘte Ă  Nova Bordeaux, dont les membres sont aussi garnements qu’à Paname. Marie ArquiĂ©, biblio-maniaque Ă  la voix grave, s’immisce dans le Grand Mix de l’aprĂšs-midi pour glisser quelques conseils littĂ©raires entre le rock fluide de Gossip et la plage en plastique dĂ©noncĂ©e par Gorillaz (entourĂ© cette fois de Bobby Womack, Lou Reed ou l’orchestre national du Liban). Les jeunes musiciens new-yorkais du Menahan Street Band se pointent avec deux mastodontes de la soul, Lee Fields et Charles Bradley, et tout s’arrĂȘte : l’équipe se colle aux vitres du studio pour Ă©couter leurs timbres baignĂ©s de whisky. Alors, on danse, dirait le Belge Stromae, Ă  suivre. Et Bintou reçoit ce message des Nubians, envoyĂ© depuis Brooklyn, Ă  l’annonce de notre dĂ©mĂ©nagement : « Quand je me balade dans New York, bars et restaurants sont souvent tenus par des Français. LĂ©gion, nous sommes. GĂ©nĂ©ration Nova. L’hospitalitĂ©, c’est dans le sang. Les fĂȘtes sur le toit du 33 rue du Faubourg Saint-Antoine font partie de l’Histoire (
) Gardez-nous vifs, et alertes, conscients, pleins et amoureux, heureux et malpolis, meilleurs mĂȘme dans le pire, voisins, humains ! »


    RĂ©alisation, mixage : Malo Williams.

  • On dirait que le sort s’acharne. Cofondateur du magazine Actuel, fidĂšle compagnon de route de Nova dont il fut un Ă©phĂ©mĂšre directeur dans les annĂ©es 80, Jean-Pierre Lentin disparaĂźt dĂ©but mars, d’une crise cardiaque, Ă  58 ans. On pouvait le lire dans Sciences et Avenir, LibĂ©, Le Canard EnchaĂźnĂ©, dans son ouvrage L’EncyclopĂ©die des merveilles sur les plus belles images de la science, dans ses nombreuses enquĂȘtes Ă  propos des dĂ©gĂąts des ondes Ă©lectromagnĂ©tiques, dans ses documentaires sur les drogues, on pouvait voir ses rĂ©alisations sur Canal+ dans l’émission culte L’ƒil du Cyclone, ou l’entendre sur notre antenne Ă  minuit dans l’émission Out of the blue, qui prĂ©sentait la sĂ©lection de notre « coffret bleu » dont il Ă©tait l’un des orfĂšvres. Juste avant sa mort, Jean-Pierre projetait de crĂ©er un programme « sur les musiques innovatrices », qui aurait pu devenir un livre intitulĂ© À la recherche de la musique qui cherche.


    Alors, dans cette pĂ©riode de deuil dur-dur qui dure, Nova prend l’air. Et dĂ©cide de partir chaque Ă©tĂ© en Grande TournĂ©e Ă  travers les villes oĂč nous avons (ou aurons bientĂŽt) une frĂ©quence, posant ses consoles, micros et peaux de zĂšbres dans des bars, sur les places ou sous les chapiteaux des festivals ; ainsi, Ă  Avignon, avec MĂ©lanie Bauer, marquĂ©e par un drĂŽlement joli concert du funambule flegmatique aux doux trois-fois-rien Mathieu Boogaerts. Mathilde Serrell, elle, repart au Combat, titre d’un rendez-vous sur l'activisme contemporain imaginĂ© comme un « manuel d'entraĂźnement pour tous les gabarits », sur « la contestation rigolarde, festive, mutante », ce « bourgeonnement de nano-rĂ©volutions » en cours depuis le dĂ©but des annĂ©es 2000. « S’engager aujourd’hui, Ă©crira-t-elle qui dans le bouquin qui en dĂ©coulera (publiĂ© oĂč ? Chez Nova Editions !), c’est cultiver son miel en ville, uriner sous la douche pour Ă©conomiser l'eau ou empĂȘcher une expulsion. À chacun ses mini-prises de la Bastille. »


    Cette annĂ©e-lĂ , dans NĂ©o-GĂ©o toujours animĂ© par Bintou SimporĂ©, Isadora Dartial interroge un sacrĂ© bosseur : le romancier, poĂšte et philosophe martiniquais Edouard Glissant, auteur du concept de « crĂ©olisation », qui encourage Ă  vivre « l’imprĂ©visible », l’inĂ©dit qui naĂźt grĂące Ă  la « mise en relation » des cultures du monde, lesquelles « s’intervalorisent » dans un partage consenti. Voyez comment la prĂ©sence enfumĂ©e des jardiniers jamaĂŻcains du collectif roots-reggae Inna Di Yard bouleverse la population de la station !


    Pendant ce temps, des notifications tombent sur nos premiers iPhone. Éclipse solaire totale, la plus longue du vingt-et-uniĂšme siĂšcle. Bashung dĂ©laisse les grands axes et prend la contre-allĂ©e vers l’irrĂ©el, avec imprudence. Tout comme Lux Interior (des Cramps), Ron Asheton (des Stooges) et Michael Jackson, qui venait pourtant d’annoncer son come-back. Polanski, lui, est incarcĂ©rĂ© en Suisse pour ses agressions sexuelles Ă  la suite d’un mandat d’arrĂȘt international Ă©mis par les États-Unis. Un jeune rappeur de Caen nommĂ© OrelSan se dĂ©clare perdu d’avance. La fable Ă©cologique en 3D de James Cameron, Avatar, contre l’impĂ©rialisme colonial et militaire, bat tous les records. Le dessinateur Winshluss revisite Pinocchio façon punk. Et sur la derniĂšre compil’ NovaTunes, la rumba infirme survitaminĂ©e des Congolais du Staff Benda Bilili cĂŽtoie les lamentations romantiques d’Eels, qui mĂ©dite sur un regard qui ne lui Ă©tait pas destinĂ©. Dans le cyclone de l’actu, il est bon de garder un Ɠil sur Nova.


    RĂ©alisation, mixage : Mathieu Boudon.

  • En juin 2008, un incendie se dĂ©clare par accident dans un arriĂšre-studio d’Universal Ă  Hollywood. Pendant douze heures, plus de cent mille bandes analogiques sont dĂ©truites, emportant des originaux de Snoop Dogg, Ella Fitzgerald, Nirvana, Yma Sumac, R. E. M., Al Green, Burt Bacharach, les Who, Billie Holiday ou Sonic Youth. Le New York Times dĂ©plore « le plus grand dĂ©sastre de l’industrie musicale ». Vivre le deuil de quelqu’un, d’un collĂšgue et ami Ă  l’intelligence goguenarde, puis d’un chef gourmand aux idĂ©es magiques, est-ce comme voir
 brĂ»ler une bibliothĂšque – selon la formule de l’écrivain malien Amadou HampĂątĂ© BĂą Ă  la tribune de l’Unesco, re-tricotĂ©e par son confrĂšre amĂ©ricain Edmund White ? Lentement, mais sĂ»rement, Nova « se relĂšve de ses morts », comme dit Mathilde Serrell, en fredonnant ce blues sans Ăąge de Moriarty, menĂ©s par Rosemary Standley, qui se souvient d’un vieux buffle nommĂ© Jimmy. Mathilde insiste aussi, dans cet Ă©pisode, sur la finesse de la sĂ©lection musicale de Max Guiguet et Emile Omar, programmateurs diggers de pĂ©pites : la cumbia revisitĂ©e par l’Anglais et Colombien d’adoption Quantic, le spleen long-courrier d’un barde du Nouveau-Mexique au pseudo de capitale libanaise (Beirut), le groove politisĂ© de l’Anglo-Pakistanaise M. I. A., le retour soul de Sharon Jones & ses Dap-Kings, la pop afro des blancs-becs bon teint de Vampire Weekend ou les harmonies d’un fils de pasteur jamaĂŻcain, Winston McAnuff, qui rĂ©veilla notre premiĂšre Nuit ZĂ©brĂ©e marseillaise. Pendant ce temps, Gilles Peterson ambiance des soirĂ©es cubaines et introduit RKK au clubbing, en tant que DJ-bientĂŽt-star Ă  bretelles. Notre bande-originale.


    Entre nos murs, alors que la Palme d’Or revient cette annĂ©e-lĂ  Ă  Laurent Cantet pour son portrait d’une classe de collĂšge parisien rĂ©putĂ©e difficile, on parle pas mal de cinĂ©ma. Du fond crĂ©meux de leur Ă©mission dominicale baptisĂ©e Le Pudding qui durera quinze ans, Jean Croc et Nicolas Errera reçoivent John Malkovich, pour savoir ce qui se passe dans sa tĂȘte. L’annĂ©e de sortie du premier Iron Man, qui lance la domination rĂ©gressive de « l’univers Marvel » appelĂ©e Ă  phagocyter la pop-culture mondiale, notre critique Alex Masson salue la puissance d’un premier long-mĂ©trage produit par Kassovitz, Johnny Mad Dog de Jean-StĂ©phane Sauvaire, adaptĂ© d’un roman d’Emmanuel Dongala sur les enfants-soldats. AgnĂšs Varda manque de tomber d’un bateau en excĂšs de vitesse par notre faute, Jean-Claude Van Damme Ă©voque ses parents en discothĂšque et
 on rĂ©Ă©coute avec chagrin les messages que Guillaume Depardieu laissait sur notre rĂ©pondeur, dont celui-ci : « Je vous appelle en direct de ma solitude, si soudaine et si prĂ©visible. Et je compte sur vous tous pour mettre un peu de SANG dans vos textes, dans vos films, dans vos espoirs, dans vos cris, dans vos rires – s’il en reste. »


    Yes we can! Barack Obama devient le premier prĂ©sident noir des Etats-Unis. Des espoirs, il en reste. Dans Le Monde de Demain, bulle d’anticipation poursuivant sa voie l’annĂ©e de la triomphale reformation du SuprĂȘme NTM, Antoine Blin se projette chaque matin dans le futur, le temps d’un flash info qui exacerbe les prĂ©occupations du moment (enfermant la sociĂ©tĂ© dans une Ă©pidĂ©mie « de grippe folle » avec protections d’hygiĂšne encadrĂ©es par l’Etat, non mais vraiment, n’importe quoi). Bref, notre radio « bordĂ©lastique » tient toujours debout.


    RĂ©alisation, mixage : Emmanuel Baux.

  • Avec force, et un art monstrueux du montage, ils affirment pratiquer la « caricature tranquille ». Chaque dimanche soir pendant deux ans, les deux punks de premiĂšre classe planquĂ©s derriĂšre les pseudos de « PolĂ©mix et La Voix Off » piquent, repiquent et remixent les petites phrases et polĂ©miques nulles de nos politiques, pour « crĂ©er une chambre mĂ©diatique absurde », parfois secondĂ©s par un Ă©nigmatique « DJ Flashball ». Ce brillantissime bulletin de « dĂ©formations », souhaitĂ© comme « iconoclaste et hirsute », encore portĂ© de nos jours (en ligne et sur d’autres ondes) par le Tourangeau Jean-Baptiste Diaz, nous a permis de rire et de respirer. Ce n’était pas toujours fastoche, en 2007. Un procĂšs dĂ©marre contre Charlie Hebdo suite Ă  la publication de caricatures de Mahomet, qui auront des consĂ©quences tragiques. Il y a des phases plus lĂ©gĂšres, comme notre feuilleton matinal Plus belle la France, lui aussi riche en dĂ©tournements (avec, parfois, les doubleurs des Simpson). N’oublions pas non plus la candidate du Parti Socialiste, SĂ©golĂšne Royal, qui dĂ©clare lors d’un voyage en Chine, en pleine campagne prĂ©sidentielle : « Qui n'est pas venu sur la Grande Muraille n'est pas un brave, et qui vient sur la Grande Muraille conquiert la bravitude. »


    Il fallut rester braves, lucides et drĂŽles, Ă  l’annonce de la victoire de Nicolas Sarkozy – qui, dĂšs le lendemain de son sacre, part se reposer au large de Malte sur le yacht de son ami Vincent BollorĂ© et laissera un gĂ©nĂ©reux dictateur libyen, Mouammar Kadhafi, planter sa tente dans les jardins de l’hĂŽtel de Marigny. Entre Jamel et Diam’s, vĂ©nĂšres et dĂ©pité·e·s, la tribu Nova se rĂ©unit au micro, apaisĂ©e par Jean-François Bizot qui relativise, en poussant Ă  la rĂ©flexion, la gĂ©nĂ©ration nan nan. Mais pressent-il lui-mĂȘme qu’en coulisses, un ancien du magazine Actuel, Bernard Kouchner, se joindra au gouvernement « d’ouverture » formĂ© par François Fillon, en tant que ministre amer des Affaires Ă©trangĂšres ?


    Citizen Bizot meurt en septembre, Ă  63 ans. C’est tĂŽt. Dans le livre Un moment de faiblesse (Grasset, 2003), son « plus long reportage » sur la guerre menĂ©e contre le cancer qui le « squatte », il Ă©crivait : « Plusieurs regards possibles quand on rĂ©vĂšle qu’un crabe grouille dans le ventre. Ceux qui, droit dans les yeux, laissent passer une brume dans le regard. Cette humiditĂ© seule vous fait l’amour. Ceux qui l’ont vĂ©cu, le vivent, vous accueillent au club, flegmatiques comme un barman Ă©lĂ©gant (
) Le cancer est une maladie philosophique ; on ne peut le remercier qu’en le mettant KO mais la lutte reste un cours particulier sur l’épistĂ©mologie des Ă©motions. » Proches et disciples se rĂ©unissent pour la veillĂ©e. Dans LibĂ©, ses copains Van Eersel et Mercadet signent une nĂ©crologie exemplaire, oĂč piocher des mantras : « Jean-François Bizot nous a quittĂ©s Ă  l'Ăąge de 126 ans. Vivre jour et nuit pendant 63 ans, le compte y est. Il n’avait peur de rien, mais il Ă©tait terrifiĂ© Ă  l'idĂ©e de devenir un grand bourgeois comme il faut. Il avait peur du "bon goĂ»t" (
) Peur de ne rien faire. Ses mots clĂ©s : "Bougez ! se remuer le cul ! Vite ! " Peur de mourir, terriblement peur. Encore qu'Ă  cet Ă©gard, cinq annĂ©es de lutte exemplaire contre Jack, ainsi qu'il nomma le rongeur, avaient Ă  l'Ă©vidence opĂ©rĂ© en lui des mĂ©tamorphoses essentielles (
) La vie continue. La vie sans Bizot commence. »


    RĂ©alisation, mixage : BenoĂźt Thuault.

  • Un quart de siĂšcle ! En 2006, Nova cĂ©lĂšbre ses noces d’argent avec le public et ne coupe pas le son, contrairement Ă  Philippe Katerine qui, sur son album Robots aprĂšs tout, confie pourtant qu’il adore regarder danser les gens au bar du Louxor. Notre anniversaire se fĂȘte un dimanche soir en trĂšs grandes pompes dans les 12 500 mÂČ de la Nef du Grand Palais, Ă  Paris, avec DJ Medhi, Amadou et Mariam, Rachid Taha, SaĂŻan Supa Crew, Bumcello, Grand Master Dee Nasty ou l’Allemande Ayo – dont la complainte soul acoustique Down on my knees tourne en rotation lourde. AccompagnĂ© d’un DVD documentaire de 3H30 d’archives vidĂ©o (aujourd’hui disponible sur YouTube), un livre sort en kiosques avec 25 ans d’histoires, « ponctuĂ©es de causes et d’actes aussi gratuits que l’est une radio pour un auditeur », Ă©crit Jean-François Bizot en ouverture. « Pour vivre, survivre, Nova a affirmĂ© sa libertĂ© face aux autoritĂ©s de tutelle, celles d’avant le CSA. Avant qu’on ne comprenne Ă  quel point Nova a vocation Ă  figurer dans les grandes agglomĂ©rations. »


    On nous capte dĂ©sormais aussi Ă  Angers, Boulogne-sur-Mer, Dreux, Limoges, Marseille, Montpellier, Nantes et Pau. Cela mĂ©rite une n-ovation ! Et notre sachem de faire le bilan, calmement : « Il est passĂ© du beau monde dans les locaux (
) Quand on Ă©coute les Ă©panouis de la rĂ©ussite, les entortilleurs de causes (
) ou les filles Ă  la voix d’or qui passent plus vite que l’éclair, oui, quand on les revoit tous avec amour, fiertĂ© et cette complicitĂ© puissante (
), eux qui ne sont devenus rien de plus que ce qu’ils Ă©taient, puisqu’ils Ă©taient si forts qu’ils n’avaient rien besoin de devenir (
) En regardant dans le rĂ©troviseur de Nova (
), on sent qu’il va falloir assurer pour participer aussi fortement aux vingt-cinq ans qui se profilent, avec leurs nationalismes, leurs enfermements, leurs ĂąpretĂ©s (
), faire attention aux humeurs de la banque si l’on refuse d’ĂȘtre domptĂ©. »


    L’animal indomptĂ© qui ne trompe pas, dans ce contexte, c’est L’ÉlĂ©phant effervescent, baptisĂ© d’aprĂšs une chanson de l’ex-Pink Floyd Syd Barrett (qui meurt en 2006, comme Ray Barretto, Ali Farka TourĂ©, J Dilla et mĂȘme Sa MajestĂ© James Brown, le jour de NoĂ«l). AnimĂ©e par MĂ©lanie Bauer, transfuge de OuĂŻ FM, cette Ă©mission quotidienne, qui parvient Ă  aligner un live par jour et n’oublie pas de jouer Baxter Dury, Amy Winehouse ou Le Chercheur d’or d’Arthur H, voit dĂ©marrer un jeune critique littĂ©raire : Augustin Trapenard. Nouveaux pilotes de nos matins, Armel Hemme et Mathilde Serrell s’octroient les services de deux reporters farfelus, Jean-Philippe Lagarde et MĂ©lanie-George Mallet, et ne parlent probablement pas du coup de tĂȘte de Zidane en finale de coup du monde, mais plutĂŽt : de la crĂ©ation de Twitter, d’une extraordinaire sĂ©rie sur Baltimore baptisĂ©e The Wire, de l’épidĂ©mie de chikungunya Ă  la RĂ©union, de la sortie de Borat ou d’OSS 117 avec Dujardin en athlĂšte des sourcils, de Justin Timberlake produit par Timbaland, des deux cowboys in love de Brokeback Mountain, du premier tome de la BD Aya de Yopougon rĂ©compensĂ© Ă  AngoulĂȘme, du groupe Phoenix en perruques dans le biopic de Marie-Antoinette, de la France qui dĂ©crĂšte une journĂ©e nationale pour commĂ©morer l’abolition de l’esclavage, du succĂšs d’une trilogie suĂ©doise nommĂ©e Millenium, voire de la pendaison de Saddam Hussein en Irak – oĂč se crĂ©e, dans l’ombre, une organisation terroriste appelĂ©e Daech.


    Le dernier mot est encore de Bizot : « Nova a besoin d’agrandir son espace pour progresser. Et plus question de la fermer. Comme on disait sur nos badges de 1981 : pas question de mollir. »


    RĂ©alisation, mixage : BenoĂźt Thuault.

  • Le 1er janvier 2005, Radio Nova dĂ©marre l’annĂ©e avec la pire des gueules de bois. Notre « Tintin post-moderne », Marc-Alexandre Millanvoye, est mort accidentellement au terme d’une nuit de rĂ©veillon, Ă  31 ans. Toute l’équipe est sous le choc, de battre son cƓur s’est arrĂȘtĂ©. Il faut pourtant reprendre le micro. L’hommage rendu Ă  l’antenne se prolonge sur la piste du Rex, avec des lives de Cosmo Vitelli, Laurent Garnier ou Keren Ann.


    Hors Nova, une ambiance Ă©trangement sombre plane sur 2005. De janvier Ă  juin, des comitĂ©s de soutien travaillent Ă  la libĂ©ration de Florence Aubenas, journaliste Ă  LibĂ©ration, et de son guide Hussein Hanoun, sĂ©questrĂ©s en Irak – ce que nous raconte la rubrique Deux minutes de rĂ©el conçues par Mathilde Serrell, Antoine Blin et Isadora Dartial comme un plan-sĂ©quence avec des sons bruts. En mai, Trois enterrements, western crĂ©pusculaire de Tommy Lee Jones, remporte le prix du scĂ©nario au festival de Cannes. En juin, un mĂŽme de 11 ans est tuĂ© devant chez lui Ă  la Courneuve (Seine-Saint-Denis) de deux balles perdues. En rĂ©action, Nicolas Sarkozy, ministre de l'IntĂ©rieur, affirme vouloir « nettoyer au Karcher la citĂ© des 4000 ». Fin aoĂ»t, l’ouragan Katrina ravage la Louisiane et notamment la Nouvelle-OrlĂ©ans ; sur place, un rappeur et producteur de rap nommĂ© Kanye West, remarquĂ© pour l’inventivitĂ© de son premier album The College Dropout, interpelle George W. Bush Ă  la tĂ©lĂ©vision en considĂ©rant que le prĂ©sident amĂ©ricain « ne se prĂ©occupe pas des Noirs ». En octobre, deux adolescents meurent Ă©lectrocutĂ©s dans un transformateur EDF de Clichy-sous-Bois, en tentant de se soustraire Ă  un contrĂŽle de police. L’évĂ©nement dĂ©clenche de trĂšs nombreuses Ă©meutes en banlieue, pendant trois semaines, Ă  tel point que le gouvernement proclame l’état d’urgence.


    Pourtant, tout n’est pas dĂ©primant – loin de lĂ . On peut tuer les zombies culturels Ă  coups de vinyle dans la gueule, comme Ă  la fin de la comĂ©die anglaise Shaun of the dead. Remonter jusqu’à l’extrĂȘme-amont de la motivation, tels les courageux « hordiers » qui font bloc pour avancer Ă  « contrevent » dans le best-seller d’Alain Damasio. PremiĂšre greffe rĂ©ussie du visage sur une femme de 38 ans, mordue par un chien. Au mĂȘme moment, un rĂ©alisateur trĂšs drĂŽle venu de France Culture, Armel Hemme, nous rejoint et tombe le masque : depuis deux ans dĂ©jĂ , c’était lui, « Brice Lee », reporter du zinc. De son cĂŽtĂ©, RĂ©my Kolpa Kopoul dĂ©couvre une jeune chanteuse cap-verdienne Ă  la voix d’émeraude, Mayra Andrade. Le film Broken Flowers de Jim Jarmush augmente l’intĂ©rĂȘt du public pour l’éthio-jazz, ardemment dĂ©fendu sur nos ondes depuis le milieu des annĂ©es 80. CoiffĂ© de trois CĂ©sars, Abdellatif Kechiche rappelle dans L’Esquive, si besoin, que les jeunes des citĂ©s savent charmer en dĂ©clamant Marivaux et son jeu de l’amour et du hasard. Lors d’une Nuit ZĂ©brĂ©e mythique, les NĂ©o-ZĂ©landais de Fat’s Freddy Drop et leur fanfare dub-reggae-soul mettent les spectateurs en apesanteur. À minuit, pendant deux ans, la voix de synthĂšse qui prĂ©sente Home Radio fait de Nova la premiĂšre antenne FM Ă  proposer des podcasts, en donnant un espace aux crĂ©ations sonores bizarres. Quand elles sont bien choisies, paroles et mĂ©lodies restent inoubliables. Comme le chante Camille sur son deuxiĂšme album, Le Fil, qui bourdonne : « LĂšve-toi c'est dĂ©cidĂ© / Laisse-moi te remplacer / Je vais prendre ta douleur / Doucement sans faire de bruit / Comme on rĂ©veille la pluie / Je vais prendre ta douleur / Elle lutte elle se dĂ©bat / Mais ne rĂ©sistera pas / Je vais bloquer l'ascenseur / Saboter l'interrupteur. »


    RĂ©alisation, mixage : BenoĂźt Thuault.

  • Dans son livre Vaudou & compagnie, histoires noires de Abidjan Ă  Zombies, Bizot Ă©crit : « Je voudrais ici rendre hommage Ă  Jean Rouch qui m’a, le premier, immergĂ© dans le monde africain quand j’avais vingt-cinq ans et des clichĂ©s Ă  en boucher le nez. Jean Rouch m’a fait toucher l’histoire vivante de l’Afrique, de ses peuples, ses royaumes et ses empires. » Pionnier du cinĂ©ma ethnographique, auteur d’une centaine de films (au cƓur d’une secte ghanĂ©enne, chez les chasseurs de lion, ou les danseurs dogons du Mali), Jean Rouch meurt au Niger en 2004 au cours d’un accident de voiture, de nuit. C’est aussi la nuit qu’Aline AfanoukoĂ© reçoit, Ă©clairĂ©e Ă  la bougie, dans son cabinet de curiositĂ©s musicales intitulĂ© Novamix, un tout nouveau duo parisien, Justice – qui vient de remixer Simian et ne sera plus jamais seul. Leur Ă©lectro qui tabasse, pop et brutale, au succĂšs phĂ©nomĂ©nal en queue de comĂšte de la French Touch, va s’affirmer comme l’un des repĂšres esthĂ©tiques de la dĂ©cennie, comme d’autres productions du label Ed Banger tout rĂ©cemment montĂ© par Pedro Winter, manager de Daft Punk. Sur Nova, on joue Ă©galement l’obsĂ©dante Ritournelle de SĂ©bastien Tellier, les bricolages funkys-dub de Sporto KantĂšs (Yo Leeroy!), ou la bossa lumineuse du BrĂ©silien Seu Jorge, embauchĂ© par Wes Anderson pour reprendre Bowie dans le sous-marin loufoque de La vie aquatique.


    Dans le grand bain de cette annĂ©e-lĂ , deux hommes sont mariĂ©s Ă  BĂšgles par un Ă©lu de la RĂ©publique alors que la loi ne le permet pas encore. Un Ă©tudiant de Harvard crĂ©e avec quelques camarades un rĂ©seau informatique fondĂ© sur le principe du trombinoscope, baptisĂ© « Facebook ». Le Hong-Kongais Tony Leung joue un Ă©crivain qui se souvient de ses histoires d’amour dans le somptueux 2046 de Wong Kar-wai, tandis que Jim Carrey efface de sa mĂ©moire sa rencontre avec Kate Winslet dans Eternal sunshine of the spotless mind, rĂ©alisĂ© par le Français Michel Gondry.


    Pendant ce temps, Nova Mag publie son dernier numĂ©ro et de nouvelles recrues (Isadora Dartial, Franck Haderer, Liz Gomis, Emilien Aumard) viennent grossir les troupes de la station, qui se structure autour d’une vĂ©ritable grille des programmes pensĂ©e comme « un bug sur la bande FM » avec mission de « perturber » le ronron des ondes, dixit Antoine Blin, rĂ©alisateur et co-animateur de la matinale avec Emmanuel Gouache et qui, par exemple, couvre pendant deux semaines une (vrai) course de dromadaires dans le dĂ©sert tunisien. Le tout, en ouvrant leur refuge Ă  une jeune chroniqueuse, Mathilde Serrell, qui cause activisme et dĂ©sobĂ©issance civile. Un nouveau module surgit quatre Ă  cinq fois par jour, sur une idĂ©e de Marc H’Limi : le Sonar, collage sonore quotidien sur l’actualitĂ© politique et sociale, sans aucun commentaire. S’intercalent Ă©galement des tops horaires gouailleurs, qui dureront quasiment vingt piges, fabriquĂ©s Ă  partir de la collection de vieux films de Jean Croc. Le seul moyen de passer le temps, c’est de jouer Ă  la roulette russe. Mais l’évĂ©nement de notre antenne, c’est la crĂ©ation d’un programme qui servira de vitrine Ă  notre antenne pendant dix-huit ans, d’abord Ă  Paname puis Ă  travers la France : Les Nuits ZĂ©brĂ©es, concerts gratuits Ă  haut potentiel de transe collective, limite vaudoue, qui dĂ©marrent Ă  la ScĂšne Bastille, animĂ©es avec flamme par Aline, produites par Ruddy Aboab, sur une intuition originale de Marca.


    RĂ©alisation, mixage : Mathieu Boudon.