Avsnitt

  • Après trois ans de silence, la conversation directe entre le président américain et son homologue russe et l’ouverture de négociations immédiates marquent un virage spectaculaire de la diplomatie américaine.

    Depuis l’agression contre son voisin ukrainien, Vladimir Poutine est un chef d’État sanctionné et mis au ban de la communauté internationale par les États-Unis, rappelle notre correspondant David Thomson. Il faut se rappeler qu’au même moment, en Ukraine, les soldats russes sont encore pilonnés par des munitions américaines livrées à l’armée ukrainienne. Mais avec Donald Trump, tout change, et trois semaines après son arrivée à la Maison-Blanche, il fait ce que Joe Biden avait totalement exclu depuis trois ans : un entretien téléphonique de plus d’une heure et demie avec le leader du Kremlin. « Une très bonne conversation, très productive » se réjouit Trump, pour lancer, dit-il, « des négociations de paix immédiates avec l’Ukraine. Nous sommes sur le chemin de la paix, le président Poutine veut la paix, le président Zelensky veut la paix, je veux la paix », lance Donald Trump, qui espère un cessez-le-feu dans un avenir proche. Et qui va jusqu’à offrir une invitation à Vladimir Poutine afin qu’il se rende aux États-Unis, de même que le président russe l’invite en retour en Russie. Jusqu’ici paria, Poutine retrouve son rang de partenaire légitime grâce au président des États-Unis. C’est d’ailleurs lui que Donald Trump a appelé en premier… Et Volodymyr Zelensky en second.

    Une victoire de Vladimir Poutine ?

    De nombreux commentateurs américains y voient déjà une victoire de Vladimir Poutine : « Le président Trump a capitulé devant Poutine avant même que les négociations ne commencent », selon John Bolton, son ancien conseiller à la sécurité nationale, car au même moment, depuis Bruxelles, le ministre de la Défense américain douchait les espoirs ukrainiens. « Revenir aux frontières d’avant 2014 est un objectif irréaliste » estime Pete Hegseth, ajoutant que les « États-Unis ne pensent pas que l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN soit non plus un objectif réaliste ». Poutine obtient exactement ce qu’il voulait, conclut John Bolton, ce sont les termes d’un accord qui aurait pu être écrit au Kremlin.

    La grande oubliée de ce changement de cap : l’Europe, totalement marginalisée par la Maison-Blanche alors que le conflit se déroule sur son sol. Personne n'a prévenu Bruxelles, Paris ou Berlin, qu'une conversation avec Poutine était au programme. Mais CNN rappelle que Trump se fiche de la sécurité des Européens, « Ce qu'il veut, c'est que les États-Unis cessent de payer ». Et on n'entre pas dans une nouvelle ère des relations transatlantiques, remarque le consultant Nicholas Dungan, « On entre dans une nouvelle ère où les rapports entre les grandes puissances en viennent à supplanter les institutions internationales ».

    C'est le moment que redoutaient l'Europe et l'Ukraine depuis des mois, voire des années, observe Politico, « mais la soudaineté et l'ampleur du plan dévoilé par Donald Trump ont laissé tout le monde sous le choc ». L'Amérique se retire et renonce au rôle qu'elle a tenu depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Désormais, c'est aux gouvernements européens d'assurer seuls leur défense ainsi que celle de l'Ukraine.

    Haïti et les trois visages de Kenscoff

    Avec notre confrère Frantz Duval, rédacteur en chef du quotidien haïtien Le Nouvelliste, compte-rendu de la peur constante à Pétion-ville, quartier huppé de Port-au-Prince sous la menace d’une attaque de grande envergure menée par les gangs. De nouveaux tirs y ont été signalés hier, ainsi que plusieurs maisons pillées et incendiées

    Sur les hauteurs de la capitale haïtienne, on trouve la commune de Kenscoff, très éprouvée par l’assaut meurtrier survenu il y a trois semaines, mais les reportages de Jean Daniel Sénat et Jonasson Odigène montrent que la situation sur place est loin de l’apocalypse décrite par plusieurs commentateurs, et que Kenscoff a plutôt des affaires de refuge.

    Le Nouvelliste consacre également un article aux auditions qui se poursuivent dans le dossier de l'assassinat du président Jovenel Moïse, en 2021. Et notamment celle de l'ancien fonctionnaire de l'unité de lutte contre la corruption, Joseph Félix Badio.

    Des poursuites contre les personnalités sanctionnées par les États-Unis

    Michel Martelly, Laurent Lamothe, Jean Henry Céant, Youri Latortue ? L'ONU, les États-Unis ou le Canada ont déjà gelé leurs avoirs à l'étranger et prononcé des interdictions de voyage. Ils sont accusés de corruption, de soutien à des gangs armés ou encore de trafic de drogue. Radio Métropole rappelle que le gouvernement d'Haïti veut à son tour les poursuivre afin de lutter contre l'impunité des responsables politiques. Mais il reste beaucoup de questions à trancher, « difficile pour la justice de mener ces enquêtes dans un contexte d'instabilité persistante », mais aussi en raison d'un manque de preuves, car Washington et ses alliés n'ont toujours pas fait suivre aux autorités haïtiennes le moindre dossier d'instruction.

    Quel sort pour les migrants emprisonnés à Guantanamo ?

    Exclusivité du New York Times, qui a obtenu une liste de 53 noms, 53 hommes vénézuéliens détenus à Guantánamo depuis une semaine, dans une aile réservée jusqu'ici aux anciens membres d'Al-Qaïda, et de surcroît, gardés par des militaires en lieu et place des agents de l'immigration qui devraient les encadrer. On ne sait toujours pratiquement rien d'eux, puisque le ministère américain de l'Intérieur n'a pas divulgué leur identité et encore moins ce qu'on leur reproche précisément. Jusqu’à ces révélations, leurs familles n'avaient pas même connaissance certaine de leur présence à Guantánamo. Plusieurs ONG de défense des droits de l'homme, rapporte encore le New York Times, ont saisi la justice, car ces prisonniers doivent avoir accès à un avocat et ont droit à une procédure judiciaire équitable.

    Assignation qui a toutes les chances d’agacer encore un peu plus la Maison-Blanche, à l’image de Karoline Leavitt, la porte-parole de la présidence, dans une déclaration au vitriol prononcée hier, le 12 février 2025, devant les journalistes accrédités. Donald Trump et son équipe estiment que décisions de justice qui ciblent ces opérations anti-migrants ou les suppressions de poste dans la fonction publique ne sont plus le fait de magistrats, mais de « militants politiques »qui outrepassent leurs fonctions afin de mettre des bâtons dans les roues de l’administration Trump : « La véritable crise constitutionnelle a lieu au sein de l'autorité judiciaire, où des magistrats locaux et des juridictions locales à tendance progressiste abusent de leur pouvoir pour entraver les actes les plus basiques de l'exécutif, assène Karoline Leavitt. Nous estimons que ces juges se comportent comme des militants judiciaires plutôt que comme des arbitres impartiaux. Nous nous conformerons à la loi et aux décisions de justice. Mais nous aurons recours à toutes les voies légales afin d'infirmer ces jugements extrémistes et de nous assurer que la politique du président Trump puisse être mise en œuvre ».

    Au Pérou, le Musée de la mémoire de Lima ravive les rancœurs politiques

    Au Pérou, le conflit armé des années 1980 et 1990 reste un enjeu politique. La guérilla maoïste du Sentier lumineux et les forces armées se sont livrées à l’époque à une guerre meurtrière qui a fait près de 70 000 morts. Le Musée de la mémoire de Lima tente de présenter les crimes et les massacres commis par les deux camps, mais cela ne plaît pas à tout le monde et le pouvoir politique essaie de peser dans l'histoire qui y est racontée. Reportage de notre correspondant Martin Chabal à réécouter dans son intégralité dans l’édition du jour.

    L’actualité des Outre-mer avec nos confrères de la 1ʳᵉ

    Plus de deux semaines après le drame, les corps des deux dernières victimes du crash aérien survenu à la Dominique ont enfin pu être récupérés hier, le 12 février 2025.

  • L’organisation Amnesty International a documenté l’ampleur des violences infligées aux enfants à Port-au-Prince et dans d’autres zones comme Cité Soleil et Croix-des-Bouquets. Nous en parlons avec Anne Savinel-Barras, présidente d’Amnesty Internationale France.

    Amnesty International dénonce une véritable offensive contre l'enfance en Haïti, avec des enfants âgés de 12 à 17 ans. Ces enfants sont victimes de trois types majeurs de violations, selon la présidente d’Amnesty International France. Des violences armées, avec de nombreux enfants qui sont blessés ou tués par des tirs aveugles lors des affrontements entre gangs. Ces victimes sont souvent des civils sans lien avec les combats.

    Il y a aussi des violences sexuellesnotamment contre les filles qui sont enlevées et violées par des gangs, parfois même lors de trajets scolaires. Certaines sont soumises à l’exploitation sexuelle, tombent enceintes, et se retrouvent démunies face à l’interdiction de l’avortement en Haïti. Et il y a également le recrutement forcé : des garçons, mais aussi des filles, sont contraints de collaborer avec les gangs. Ils sont utilisés comme espions ou messagers, souvent sous la menace ou attirés par l’argent, dans un contexte de grande pauvreté.

    Ces enfants vivent dans une peur constante : celle des gangs, de la police, des habitants organisés en milices d’autodéfense, et des bandes rivales. Anne Savinel-Barras qualifie cette situation de traite des êtres humains. Elle précise que malgré des alertes adressées au Premier ministre de transition, son organisation n’a reçu aucune réponse.

    États-Unis : Elon Musk défend la réforme de l’administration

    Le New York Times n’est pas convaincu par les explications de l’homme le plus riche du monde, interviewé hier (11 février 2025) par la presse dans le Bureau ovale de la Maison Blanche. Ses affirmations sur des fraudes au sein de l’administration fédérale « ne peuvent pas être vérifiées ». Quant à la transparence supposée de la commission DOGE, le journal émet des doutes. En réalité, écrit le New York Times, l'équipe d’Elon Musk opère dans le plus grand secret : elle surprend les employés fédéraux en se rendant à l’improviste dans les agences et en accédant à des systèmes de données sensibles.

    Selon un ancien haut fonctionnaire ayant travaillé sous les présidences Reagan et Bush père, le travail de la commission DOGE est tout simplement anticonstitutionnel. « Il fait fi de deux principes fondamentaux de notre gouvernement », explique-t-il dans le Washington Post. « Nous sommes une nation fondée sur les lois : c’est le Congrès qui contrôle les dépenses et adopte les lois. Le président doit exécuter fidèlement les lois du Congrès et gérer les agences exécutives conformément à la Constitution, et non pas par un droit divin ou un pouvoir absolu. »

    En tout cas, selon le Washington Post, le décret que Donald Trump a signé hier prévoit des réductions substantielles des effectifs fédéraux. Il ordonne aux agences américaines de travailler en étroite collaboration avec Elon Musk afin de réduire le nombre de fonctionnaires.

    L’inquiétude des fonctionnaires

    Le journal en ligne Politico a pu interroger quatre fonctionnaires fédéraux. Ils décrivent une ambiance anxiogène au sein de leur administration. L’équipe d’Elon Musk a « investi les agences fédérales pour évaluer la productivité des employés ». Nombre d’entre eux, après avoir rencontré les « lieutenants du milliardaire », craignent que les postes jugés incompatibles avec le style de travail de la Silicon Valley soient menacés.

    « Les entretiens sont tendus », explique un fonctionnaire à Politico. « On a peur de prononcer un mot qui pourrait nous être fatal. » Lors de ces entretiens, aucune attention n’est portée à l’expérience des personnes. Ce qui compte, selon les employés interrogés, c’est la loyauté envers la nouvelle administration. Pour mener à bien cette réforme, la commission d’Elon Musk a recours à des outils d’intelligence artificielle, censés améliorer la productivité des fonctionnaires, d’après Politico.

    Journal de 13h

    En Martinique, le nouveau préfet déclare qu’aucune rencontre n’est prévue pour l’instant avec le chef de file de la contestation contre la vie chère.

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  • La Syrie vit une période de transition historique depuis la chute du régime de Bachar el-Assad en décembre 2024. C’est un moment de grandes aspirations pour les différentes populations du pays, dont une communauté plutôt méconnue, installée au sud de la Syrie. La ville de Soueïda, à une centaine de kilomètres au sud de Damas, est surnommée « La Petite Venezuela ». RFI a pu s’y rendre pour un reportage exclusif.

    Notre envoyée spéciale Mélissa Barra a rencontré Carmelinda Rouslan qui fabrique des petits drapeaux syriens en macramé, ces drapeaux de la révolution ont trois étoiles et une bande verte et ils étaient interdits sous le régime de Bachar el-Assad : « Nous les avons tissés rapidement, il fallait faire vite. C’est une nouvelle vie qui commence, pleine d’espoir. Les gens ont besoin d’une vie meilleure. »

    Soueïda est le fief de la plus grosse communauté syrienne vénézuélienne. Cinq artisanes travaillent dans la boutique de Carmelinda. Elles confectionnent des sacs, des accessoires de décoration et même des poupées vêtues de costumes traditionnels vénézuéliens. « Ces femmes travaillent », explique Carmelinda, « ce n’est pas facile car l’économie est en récession et les prix sont élevés. Les femmes doivent faire vivre leurs familles. Comme au Venezuela, toute la famille travaille ».

    Carmelinda Rouslan est née à Caroca, au nord-est du Venezuela. Elle vit en Syrie, le pays de ses parents, depuis qu’elle a 14 ans. Dans un mélange d’espagnol et d’arabe, elle explique que de nombreux clients ont les mêmes origines. « La terre vénézuélienne est à jamais dans nos cœurs », ajoute-t-elle.

    Les habitants de Soueïda ont tous un cousin ou une tante en Amérique latine. Selon un historien local, une première vague de Syriens a émigré dans les années 50 au Venezuela pour travailler dans les champs et dans les mines d’or. Puis, après le coup d’État en 1970 de Hafez el-Assad, le père de Bachar, d’autres sont partis pour trouver un emploi dans les exploitations pétrolières. Certains enfants de ces générations sont rentrés en Syrie.

    Sawsan Almaaz en fait partie. Elle a ouvert dans le centre-ville un restaurant, où se retrouvent tous les mois les membres du groupe d’amitié Syrie Venezuela. « Quand les clients demandent des arepas vénézuéliennes - nos galettes de maïs traditionnelles – nous les préparons. » dit-elle. « On peut se procurer de la farine de maïs mais elle est chère. Elle est importée. L’ancien régime avait mis beaucoup d’impôts sur les produits d’importation. Ils coûtaient trois fois plus cher qu’un produit national. Le prix devrait baisser désormais. D’ailleurs, c’est déjà un peu le cas. »

    Durant les années 2000, le gouvernement vénézuélien a tissé des liens avec Bachar el-Assad. On dit qu’à ce moment-là, Soueïda a reçu le surnom de « Petite Venezuela ». « Quand Hugo Chavez était en vie, il est venu à Soueïda et a posé la première pierre du club vénézuélien de la ville. La moitié des habitants se sentent Vénézuéliens, par naissance ou par expatriation, ou bien parce que leurs enfants et petits-enfants le sont », explique Aida Hadefi, gérante d’une pharmacie et membre du club d’amitié. « Mon père et ma mère sont arrivés en bateau là-bas. Mes enfants sont nés au Venezuela. Ce pays est notre terre, notre mère. »

    2011 a marqué un moment décisif dans cette grande histoire de migrations. La guerre civile et la sanglante répression ont déclenché une nouvelle vague d’exil. « La Syrie est belle mais nous avons beaucoup souffert à cause de ce président. Qu’il brûle en enfer ! À cause de lui, nous avons été contraints à l’exil. Beaucoup de gens ont quitté le pays pour le Venezuela, la plupart depuis Soueïda. Maintenant nous sommes heureux. C’est la première fois que je peux en parler publiquement, car avant on pouvait vous couper la tête pour ça. Nous sommes âgés mais je pense au futur de nos enfants et de nos petits-enfants : j’espère que la Syrie va se relever et devenir meilleure qu’avant »

    La ville de Soueïda a manifesté au quotidien pour le départ de Bachar el-Assad. Elle a été relativement épargnée par la répression. Ses murs exhibent encore les slogans de la liberté et ces femmes vénézuéliennes ne cessent d’entonner l’hymne de la Syrie nouvelle - Lève la tête, tu es un Syrien libre.

    Les migrants expulsés des États-Unis arrivent au Venezuela

    Le New York Times parle d'une victoire importante pour Donald Trump,

    Le président américain « avait promis pendant sa campagne d'expulser des millions de migrants sans papiers. Pour y parvenir,» poursuit le journal, « il a besoin que le président vénézuélien de plus en plus isolé par les autres dirigeants, accepte de les accueillir ».

    Le journal El Mundo publie une photo de Nicolás Maduro au Palais de Miraflores à Caracas serrant la main de Richard Grenell, l'envoyé de Donald Trump pour les missions spéciales. Celui-ci a supervisé l'envoi des premiers avions de migrants vénézuéliens. En échange de cette bonne entente, souligne le journal, «l’administration Trump n’a pas pris de sanctions internationales contre le pays, et n'a pas retiré les licences accordées à la compagnie pétrolière américaine Chevron pour produire 200 000 barils de pétrole par jour sur le sol vénézuélien.»

    Haïti : Tirs nourris à Pétion-ville

    En Haïti, selon des témoignages recueillis par l’agence de presse AlterPresse, des tirs nourris ont été entendus dans plusieurs quartiers de la commune de Pétion-ville.

    D’importantes rafales ont été signalées, ce qui a créé l’inquiétude au sein de la population qui est terrée chez elle, rapporte AlterPresse, des tirs qui ont débuté dans la nuit de samedi et se sont intensifiés hier (10 février 2025) en début d’après-midi, perturbant les activités commerciales et scolaires. Il s’agirait de gangs armés selon l’article, la police ayant repoussé des tentatives du gang armé Kraze Baryé d’envahir plusieurs quartiers de Pétion-ville.

    Depuis le 7 Février, date charnière en Haïti marquant cette année les 39 ans de la chute de la dictature des Duvalier, la tension monte dans plusieurs communes. Le conseil exécutif intérimaire de Pétionville, Kenscoff et Tabarre ont alerté sur le climat de terreur lié à la menace des attaques de gangs, encore plus prégnants ces jours-ci.

    AlterPresse | Haïti-Criminalité : Plusieurs communes de Port-au-Prince en alerte face à des menaces d’attaques de gangs armés

    Les autorités ont, elles, fait paraître un communiqué réaffirmant leur engagement total à combattre l’insécurité et éradiquer les criminels.

    « La population doit respirer et la peur doit changer de camp », peut-on y lire. Au même moment, la police nationale a reçu de l’ambassade des États-Unis à Port-au-Prince du matériel neuf ont des armes, des munitions et des véhicules blindés, selon un article à lire dans le Nouvelliste. La PNH reçoit armes, munitions tracteurs et véhicules, dons des USA.

    Le Nouvelliste revient sur un autre engagement de la présidence haïtienne : poursuivre les personnes sanctionnés par les États-Unis, le Canada et l'ONU.

    Leslie Voltaire veut des poursuites contre les Haïtiens sanctionnés par les États Unis, le Canada ou l’ONU.

    « Depuis décembre 2020, les États-Unis, le Canada, et le Conseil de sécurité des Nations unies adoptent des sanctions contre des chefs de gangs, des hommes d’affaires et des leaders politiques » haïtiens accusés de « menacer la paix, de financer les activités des gangs armés et de perpétuer des actes de corruption ». Ces personnes seront désormais susceptibles d’être poursuivies en Haïti, le président du Conseil présidentiel de transition a écrit sur son compte X vouloir agir « avec fermeté pour traduire en justice ceux qui sapent la sécurité et la stabilité d’Haïti. »

    La presse haïtienne se fait aussi l'écho d'un appel lancé par Martine Moïse, la veuve du président assassiné Jovenel Moïse : elle demande à Donald Trump de déclassifier tous les documents relatifs à la mort de son mari.

    Assassinat de Jovenel Moïse : Martine demande à Trump de « déclassifier » tous les documents y relatifs | Gazette Haiti

    Elle espère que le président américain fera le même geste que celui qu’il a effectué après son investiture pour déclassifier les documents relatifs aux assassinats de l'ancien président John F. Kennedy, de son frère, l'ex-sénateur Robert F. Kennedy, et de Martin Luther King. Plusieurs enquêtes sont en cours suite à l’assassinat de Jovenel Moïse en Haïti et aux États-Unis mais « le processus judiciaire en Haïti progresse lentement », selon le Nouvelliste. S’adressant directement au président américain sur les réseaux sociaux, Martine Moïse fait un parallèle entre les réformes entreprises par son défunt mari et celles menées par le Donald Trump, insistant sur le fait que l’ancien président haïtien a voulu, comme lui, « mettre un terme aux milliards de dollars de corruption empochés par les oligarques».

    USAID : la bataille des employés de Mana Nutrition

    Dans le sud de la Géorgie à Fitzgerald, Mana Nutrition est une ONG qui fabrique des produits alimentaires pour combattre la faim. Depuis que Donald Trump a menacé de geler l'aide internationale américaine, ses employés sont sur la sellette.

    Allen Galbraith, le manager, rencontré par Edward Maille, témoigne : « Des enfants meurent s’ils n’ont pas accès à nos produits. Tout ce qu’on fait est pour eux, on mesure notre production quotidienne par rapport au nombre d’enfants qu’on peut nourrir. »

    Il estime que 98% de la production de nourriture est vendue à l’USAID qui a demandé à Mana Nutrition d’arrêter les contrats, avant de revenir sur cette décision. Malgré cette confusion, le manager doute que le gouvernement américain mette fin à ces dépenses. « Je n’imagine pas quelqu’un s’y opposer et dire « on n’a pas besoin de nourrir ces enfants»… je pense qu’ils vont continuer les financements d’une façon ou d’une autre. »

    Latranda Williams travaille dans l’odeur de cacahuètes grillées, et elle a effectué un séjour en Ouganda et en Éthiopie : « On est allé à l’hôpital… et certains des enfants pleuraient à cause de la faim… pas à cause d’une maladie… mais de la faim… ».

    Mana Nutrition estime avoir nourri en 2022 un million d’enfants grâce à ces produits.

    Les premières taxes douanières américaines autour de l’acier inquiètent l’Amérique latine et le Canada

    L'imposition dans un mois de droits de douanes massifs et généralisés sur l'acier et l'aluminium entrant aux États-Unis est le nouvel acte dans la guerre commerciale lancée par Donald Trump.

    El Pais parle d'un véritable tsunami pour les économies des principaux exportateurs d'acier, que sont le Canada et le Mexique, ainsi que le Brésil, pays qui est devenu en 2024 le deuxième fournisseur de cet alliage souligne le journal.

    « La première bataille de la guerre économique avec les États-Unis portera sur l’aluminium et l’acier canadien», titre le journal québécois le Devoir.

    « Les industriels sont profondément préoccupés », poursuit le quotidien. Prenant l'exemple du premier round de taxes douanières lors du premier mandat de Donald Trump, le quotidien rappelle que dès 2018, « les exportations de produits canadiens en acier ont reculé de 37,8% » alors que « les exportations d’aluminium ont diminué de moitié ».

    Pour l'entrepreneur mexicain, Carlos Slim, il faut renforcer les échanges avec les autres pays et notamment la Chine. Le magnat des télécoms mexicains pense aussi que les tarifs douaniers ne sont pas faits pour durer. Ses propos sont à lire dans el Milenio.

    Colombie : l’incertitude après le départ de 4 ministres

    En Colombie, une crise politique est ouverte depuis dimanche (9 février 2025) : le président Gustavo Petro a demandé à ses ministres et aux haut-fonctionnaires de démissionner.

    El Espectador Petro a quitté le gouvernement par intérim avec de l’incertitude sur trois fronts clés : les réformes et les élections | Nouvelles aujourd’hui | LE SPECTATEUR explique que dans « un tweet publié quelques heures avant d’atterrir à l’aéroport de Dubaï, où il entame une tournée au Moyen-Orient, le président Gustavo Petro a clairement indiqué qu’il ne voulait pas de divisions internes entre ses ministres». El Tiempo craint que le départ de ses ministres et notamment du ministre de l'Intérieur n'ait des conséquences sur l'avancement des réformes sociales et notamment celle de la justice. Le départ de Juan Fernando Cristo, poursuit le journal, est une perte car il était un homme rassembleur qui « en 7 mois est parvenu à tempérer les foudres du Congrès colombien touché par plusieurs scandales ».

    L’actualité des Outre-Mer

    Benoît Ferrand de la 1ère nous parle du Grand Port Maritime de Fort-de-France qui veut devenir un hub incontournable dans les Caraïbes.

  • Contre toute attente, les deux principaux candidats à la présidence, le président sortant Daniel Noboa et la corréiste Luisa González sont au coude à coude. Avec Emmanuelle Sinardet, professeure de Civilisation latino-américaine à l’Université Paris Nanterre, nous analysons les résultats.

    Daniel Noboa, qui visait une victoire dès le premier tour de l’élection présidentielle équatorienne, devra finalement affronter Luisa Gonzalez au second tour. Ce scénario reflète une polarisation traditionnelle entre le courant correiste, représenté par Gonzalez, et un candidat anti-correiste. Toutefois, la nouveauté réside dans l’opposition de styles, selon Emmanuelle Sinardet : Daniel Noboa mise sur une campagne numérique via TikTok et des influenceurs, tandis que Gonzalez privilégie le contact direct avec les électeurs. Le défi pour les deux candidats sera de capter les voix du centre, représentant environ 20% de l’électorat.

    L’échec du président sortant à l’emporter dès le premier tour ne s’explique pas par son absence sur le terrain, mais plutôt par l’usure de son image de « nouveau visage » en politique. Devenu président après la démission de Guillermo Lasso en 2023, il fait face à des critiques sur sa gestion sécuritaire. Malgré des baisses temporaires de la criminalité après la militarisation du pays, la violence a atteint des niveaux records récemment. Par ailleurs, des accusations de dérives autoritaires et l'inefficacité perçue de son gouvernement dans la lutte contre la criminalité et la crise économique fragilisent sa position.

    Face à lui, Luisa Gonzalez propose peu de solutions novatrices. Son programme se limite à des promesses générales de sécurité et de développement économique via un rôle renforcé de l’État, sans détails sur le financement. D’ailleurs, les deux finalistes peinent à présenter des plans concrets, tant pour la sécurité que pour l’économie. La polarisation politique s'étend également au Parlement, où un équilibre des forces pourrait compliquer la gouvernance, obligeant les candidats à convaincre un électorat important encore indécis.

    Les migrants, victime de l’IA

    À la frontière entre le Mexique et les États-Unis, l’intelligence artificielle est devenue un outil d’extorsion pour les réseaux criminels. C’est un reportage d’Éric Samson qui nous parle de l’histoire de Patricia Carchi Moroso, une migrante équatorienne disparue. Après avoir perdu contact avec elle, sa famille a reçu des vidéos et des messages prétendant qu'elle était retenue contre rançon. Manipulés par des images et des enregistrements vocaux générés par l’IA, ses proches ont versé plus de 13 500 dollars, sans jamais savoir si Patricia était encore en vie.

    Ce type de fraude est en pleine expansion, facilitée par des technologies capables d'imiter la voix et d'altérer des vidéos de manière crédible. Les criminels exploitent la détresse des familles pour les piéger, ce qui rend la vérification des informations extrêmement difficile. Des ONG alertent sur cette nouvelle tendance.

    Un revers pour Donald Trump et sa politique anti-immigration

    La justice américaine interdit au gouvernement de transférer trois Vénézuéliens détenus à Guantánamo. C’est à lire dans The New York Times. Les trois hommes font l’objet d’ordres d’expulsion après le rejet de leurs demandes d’asile, mais n’ont pas été rapatriés en raison de la rupture des relations diplomatiques entre les États-Unis et le Venezuela.

    Le journal précise que la contestation juridique reste limitée : il ne s'agit pas d’empêcher l’administration d’envoyer d’autres migrants à Guantánamo, mais de protéger spécifiquement ces trois détenus. Accusés d’être liés au gang Tren de Aragua, ils sont défendus par des avocats qui dénoncent des violations de leurs droits.

    La décision fédérale ne plaît pas à la Maison Blanche. Le vice-président JD Vance critique les juges : « Ils ne sont pas autorisés à contrôler le pouvoir légitime de l’exécutif », des propos relayés notamment par The Hill.

    Journal de la 1ère

    En Martinique, le suicide est plus fréquent chez les hommes que chez les femmes.

  • La rumeur enfle depuis plusieurs jours : les groupes armés de la coalition Vivre Ensemble se prépareraient à fondre sur Pétion-Ville, banlieue cossue de Port-au-Prince qui abrite le siège du gouvernement, les ambassades et les organisations internationales.

    C'est un jour-clé, parce qu'en Haïti, cette date du 7 février renvoie à la chute de la dictature des Duvalier en 1986, poussés dehors par une insurrection populaire. Les gangs chercheraient à surfer sur ce symbole de l'histoire haïtienne et le Conseil présidentiel de transition à placer la capitale en état d'alerte maximale pour les trois prochains jours.

    Les Haïtiens entrevoient malgré tout une lueur d’espoir, car l’administration Trump a levé les doutes et affirmé qu’elle soutiendrait bel et bien la Mission multinationale d'appui à la sécurité (MMAS). Au terme d’une importante visite hier (6 février 2025) en République dominicaine, le nouveau patron de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a promis que les États-Unis ne quitteraient pas le navire : « La solution pour Haïti est aux mains d'Haïti, de son peuple, de ses élites. Mais nous allons les aider. Nous allons participer parce que nous ne pouvons pas ignorer les problèmes actuels. Le futur du pays doit être aux mains des Haïtiens. Malheureusement, aujourd'hui une grande partie du territoire est contrôlée par des gangs armés. Il faut faire face à ce danger. Le premier objectif est donc de pacifier cette situation. Et la seule option, c'est la mission qui existe. Nous allons continuer à la soutenir. Mais le cadre de cette mission doit être élargi pour pouvoir éliminer ces gangs. »

    En substance, c'est aussi le discours de Luis Abinader à la sortie de son tête-à-tête à Saint-Domingue avec Marco Rubio. On connaît la rhétorique au vitriol du président dominicain au sujet d'Haïti et les tensions politiques et migratoires entre les deux pays. Abinader estime depuis toujours que la crise sécuritaire haïtienne menace les Dominicains, et il s'est plaint hier que trop de gouvernements étrangers restent spectateurs du carnage : « Il n'y a pas de temps à perdre. La situation d'Haïti est une menace pour la sécurité de toute la région, et pour les États-Unis. Chaque jour, le pays est confronté à la barbarie. Haïti se noie. Et pendant ce temps-là, une partie de la communauté internationale observe la gravité de la situation depuis le rivage. Nous savons tous les deux que nos pays ne peuvent pas fuir la responsabilité de faire face à cette situation avec une grande détermination. Dans le cas d'Haïti, la participation des États-Unis est essentielle et irremplaçable ».

    Coïncidence : pendant qu'Abinader et Rubio échangeaient à Saint-Domingue, la MMAS accueillait à Port-au-Prince un nouveau contingent de policiers kenyans. 144 agents sont arrivés hier, dont 24 femmes, les premières policières kenyanes à être déployées en Haïti. La MMAS compte désormais environ un millier de membres. Elle récupère aussi trois hélicoptères militaires en provenance du Salvador, qui ont été livrés hier et qui vont servir à l'évacuation des blessés.

    Le Fort Saint-Joseph, incarnation d’un patrimoine haïtien en déshérence

    Notre consœur du média d’investigation en ligne Ayibopost, Lucnise Duquereste, signe un article consacré au Fort Saint-Joseph, qui surplombe la baie du Cap Haïtien, un symbole de la lutte et de la résistance face aux colons français. L’édifice, construit par la France entre 1748 et 1774, « a été repris par les esclaves pendant la période révolutionnaire […] avant de tomber définitivement sous le contrôle de l’armée indigène en 1803, après la bataille de Vertières », rappelle-t-elle.

    Ce bâtiment, pourtant classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 20 ans, se dégrade faute d’entretien et les travaux de restauration entamés en 2022 ont été interrompus par manque de moyens. L’Institut de Sauvegarde du Patrimoine National (ISPAN) ne peut intervenir, déplore son directeur général, Patrick Durandisse, qui souligne les contraintes financières et les obstacles logistiques liés à l’insécurité croissante. « Nous comptons aujourd’hui 176 sites et fortifications historiques en danger, voire en péril », alerte le responsable.

    Si aucune mesure n’est prise pour assurer la sauvegarde de parc national historique, comprenant la Citadelle Laferrière, le Palais Sans-Souci et le Palais des Ramiers, il risque le déclassement de la liste des patrimoines de l’humanité de l’UNESCO.

    Le canal de Panama mis en péril par la sécheresse et le changement climatique

    Le canal, qui permet de relier les océans Atlantique et Pacifique sans avoir à contourner le continent par le Sud, représente la première source de revenus du Panama. Il repose sur un système de grandes écluses qui nécessitent d’énormes quantités d’eau douce. Chaque transit consomme environ 200 millions de litres d’eau, en grande partie rejetés dans la mer. Pour l’alimenter, deux réservoirs artificiels : le lac Gatún et le lac Alajuela, qui se nourrissent des précipitations et assurent non seulement le fonctionnement des écluses, mais aussi l’approvisionnement en eau potable des riverains.

    En 2023, le phénomène météorologique El Niño a provoqué une sécheresse historique et sévère des bassins versants, ces zones qui collectent les eaux pluviales de ruissellement et qui garantissent l’approvisionnement en eau du canal. Le niveau d’eau s’établissait à 1,80 mètre sous la normale, causant ainsi un ralentissement du commerce maritime international et des embouteillages de cargos.

    Ces dérèglements se multiplient sous l’effet du réchauffement climatique. Résultat, l’Autorité du canal plafonne le nombre de navires autorisés à traverser, ce qui représente une grosse perte en matière de chiffre d'affaires et entraîne d’importantes conséquences environnementales.

    Pour y remédier, le gouvernement panaméen envisage des solutions de court terme : obliger les compagnies à effectuer des réservations pour toute traversée, mettre en place une surveillance accrue des fuites d’eau, ou encore la technique du cross-filing, qui consiste à réutiliser l’eau d’une chambre à l’autre par un système de remplissage croisé, sauvant l’équivalent de la consommation de six transits journaliers (sur une trentaine en moyenne.

    À long terme, on parle aussi du projet de barrage Rio Indio, estimé à près d’1,6 milliard de dollars, 840 mètres de long et 80,5 mètres de haut. Il s’agit d’endiguer la rivière Indio toute proche et de relier ce nouveau réservoir au lac Gatún qui alimente le canal en eau, grâce à un tunnel de 8 kilomètre à creuser dans la montagne.

    Le président panaméen y semble favorable, mais la population locale rechigne et les experts sont dubitatifs, car ce projet implique des sacrifices. Les vallées fluviales d’El Zaino et de La Arenosa, riches en biodiversité et habitées par des communautés agricoles, seraient submergées. Près de 2 260 personnes devraient être relogées, et 2 000 autres seraient partiellement affectées. Le gouvernement a promis un budget de 400 millions de dollars pour indemniser les familles et les relocaliser, mais la méfiance est palpable.

    Une chose est sûre, la dégradation environnementale des bassins versants du Canal du Panama entraîne un ralentissement de l’activité économique déjà fragile du pays – une tendance mondiale, qui rappelle la permanence de l’enjeu de l’eau.

    Dossier signé Chloé Balta, à réécouter dans son intégralité dans l’édition du jour.

    Russell Vought, une nomination polémique validée par le Sénat américain

    Il vient d’être confirmé à la tête d’une agence stratégique : le Bureau américain du budget. Les Démocrates ont tout fait pour saboter le processus, mais ils n'avaient pas les voix. Par 53 votes contre 47, cet idéologue conservateur revient dans le fauteuil qu'il occupait pendant le premier mandat Trump. Pourquoi tant de haine ? Parce que Russell Vought, c'est un partisan de terre brûlée, co-auteur du « Projet 2025 », un catalogue de mesures ultra-libérales et réactionnaires censé servir de référence au Parti républicain. Le New York Times rappelle l'un de ses discours à propos des fonctionnaires fédéraux, en 2023. « Nous voulons, disait-il, traumatiser les bureaucrates. Ce que nous voulons, lorsqu'ils se lèvent le matin, c'est qu'ils n'aient pas envie d'aller travailler parce qu'ils sentent qu’ils sont devenus des pestiférés ». Avec Russell Vought, on s’attend à un énorme plan d'économies, dont la revue Forbes liste les priorités : tailler dans les programmes d'éducation civique, réduire le périmètre du ministère du logement, dépouiller l'assurance-maladie pour les plus démunis et s'en prendre à l'Agence de protection de l'environnement. C'est aussi un défenseur acharné de la fonction présidentielle, qui doit, selon lui, pouvoir passer outre certaines lois votées par le Congrès américain.

    L’actualité des Outre-mer avec nos confrères de la 1ère

    Rodrigue Petitot, le leader du RPPRAC (Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens) dénonce une nouvelle fois les accords signés en octobre 2024 et réclame un nouveau protocole contre la vie chère en Martinique.

  • Lors de ces élections générales en Équateur, marquées par une atmosphère de peur et de violences, la lutte contre le narcotrafic est au cœur des préoccupations. Nous en parlons avec notre correspondant Éric Samson.

    L’image marquante de la campagne reste celle d’un bébé abandonné après l’assassinat de sa mère, un drame symbolique d’un pays où l’on enregistre un meurtre par heure depuis janvier. Selon le politologue Gustavo Isch, interviewé par Éric Samson, la peur a été le moteur principal de la campagne, exploitée par le gouvernement pour renforcer son discours sécuritaire.

    Le président sortant, Daniel Noboa, mise sur sa politique de guerre contre la drogue pour séduire les électeurs. Il a militarisé la lutte contre les groupes criminels, saisi près de 295 tonnes de drogue en 2023, et revendique une baisse des homicides de 14%. Cependant, des promesses non tenues, comme la construction de prisons ou la location de navires-prisons, fragilisent son bilan. Malgré des scandales, comme la mort de quatre jeunes arrêtés par des militaires, sa popularité reste stable, la population semblant prête à accepter des abus au nom de la sécurité.

    Face à lui, Luisa González, candidate « corréiste » du parti de l’ex-président Rafael Correa, se pose en alternative en promettant plus de sécurité tout en respectant les droits humains. Son parti dispose d’une base électorale solide, mais il reste à voir s’il pourra dépasser son plafond habituel de 30 à 35% de l’électorat. Par ailleurs, les élections législatives révèlent un paysage politique miné par la corruption, avec de nombreux candidats impliqués dans des affaires judiciaires, soulignant le défi de la transparence démocratique dans le pays.

    Haïti : les États-Unis continueront à financer le MMAS

    C’est le principal titre du journal le Nouvelliste et nous l’évoquant largement avec son rédacteur en chef Frantz Duval. « La principale inquiétude des autorités haïtiennes et d’une large partie de la population s’est dissipée ce mercredi 5 février 2025 », écrit-il dans son éditorial

    Encore hier, mardi, les États-Unis avaient annoncé de geler leur contribution à l’ONU destiné à soutenir la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité (MMAS). Une décision qui faisait craindre un effondrement de l’assistance sécuritaire à Haïti, selon Frantz Duval. Mais le gouvernement américain a finalement réaffirmé son engagement en assurant un soutien direct à la mission. Ainsi, la MMAS continue d’être majoritairement financée par les États-Unis, sans passer par des intermédiaires. Le sérieux de l’engagement américain est confirmé par les autorités kényanes et relayé par un communiqué de l’ambassade des États-Unis en Haïti. Le pays bénéficie donc d’un traitement exceptionnel, échappant à la suspension générale des aides internationales décidée par le président Donald Trump, peut-on lire dans le Nouvelliste.

    Renforcement de la législation anti-immigration au niveau local

    Aux États-Unis, plusieurs États républicains emboîtent le pas à Donald Trump et adoptent des mesures radicales en matière d’immigration. Le Washington Post parle d’une véritable surenchère de lois anti-immigration. Alors que les sessions législatives de 2025 débutent à travers le pays, des États conservateurs proposent des projets de loi de plus en plus restrictifs. Des textes qui, s’ils sont adoptés, pourraient restreindre encore davantage la vie des migrants.

    Exemple : au Missouri et au Mississippi, des parlementaires souhaitent autoriser des chasseurs de primes à arrêter des immigrés sans papiers, avec des primes de 1 000 dollars pour toute information menant à des arrestations, écrit le Washington Post.

    Autre initiative au Tennessee, où un élu veut faire payer des frais aux parents qui inscrivent des enfants en situation irrégulière dans des écoles publiques. Il a même baptisé sa proposition « loi TRUMP », pour Tennessee Reduction of Unlawful Migrant Placement.

    Conséquences économiques pour l’Amérique Latine

    Ces expulsions massives pourraient avoir un impact économique majeur sur plusieurs pays d’Amérique latine. C’est ce qu’explique le journal brésilien Folha de São Paulo. Certains pays dépendent fortement des « remesas », ces sommes envoyées par les migrants à leurs familles restées au pays. Selon la Banque interaméricaine de développement, le Nicaragua, le Honduras, le Salvador, le Guatemala et Haïti tirent entre 20 et 25% de leur PIB de ces transferts. Des revenus essentiels pour des familles souvent composées de femmes, d’enfants et de personnes âgées. Dans son reportage, Folha de São Paulo donne la parole à une femme autochtone de l’État du Chiapas, au Mexique. Elle élève seule ses enfants grâce à l’argent que lui envoie son mari, ouvrier agricole en Géorgie. Ce dernier vit dans la peur constante d’être arrêté… même en allant simplement acheter des tortillas et des haricots.

    Journal de 1re

    GBH, le groupe Bernard Hayot, a publié ses comptes et ils révèlent une belle santé financière, ce qui n'est pas vraiment une surprise.

  • C’est une décision qui fait couler beaucoup d’encre, notamment en Haïti : la suspension immédiate par le gouvernement américain de son financement de la mission multinationale chargée d'aider la police haïtienne contre les gangs.

    Selon Le Nouvelliste, « ce gel intervient dans un contexte de sous-financement de la MMAS, de dégradation de la situation sécuritaire et notamment du massacre, la semaine dernière, d’au moins 50 personnes par des bandes armées à Kenscoff ». Le Miami Herald rappelle qu’en ce moment « des centaines de membres de gangs armés, retranchés dans les collines surplombant la capitale haïtienne, attendent l'ordre d'attaquer les dernières enclaves de Port-au-Prince qui ne sont pas actuellement sous leur contrôle ». Il ne fait aucun doute, selon le journal, que « l’effort multinational pour mettre fin à la terreur des gangs est entravé par le gel de l'aide étrangère décrété par l'administration Trump ». Le Miami Herald rapporte que certains conseillers américains engagés pour aider la police nationale d'Haïti ont déjà été licenciés. Hier mardi (4 février 2025), « des conseillers de la police canadienne, qui font également partie de la mission de sécurité, ont quitté Port-au-Prince en raison des restrictions imposées par les États-Unis », selon le Miami Herald.

    Sur la situation sécuritaire à Kenscoff, nous vous proposons une interview avec le maire de la ville, Jean Massillon. Huit jours après l’attaque meurtrière, les autorités peinent à établir un bilan précis, comme l’a confirmé le maire de la ville, Jean Massillon, à notre correspondant à Port-au-Prince, Peterson Luxma.

    La presse réagit au plan de Donald Trump de prendre le contrôle de Gaza

    Le plan de Donald Trump de « prendre le contrôle de Gaza » suscite évidemment beaucoup de commentaires dans la presse nord-américaine. Pour le New York Times, c’est l'une des idées « les plus provocantes qu'un dirigeant américain ait avancées depuis des années ». Donald Trump a beau présenter son projet comme « un impératif humanitaire et une opportunité de développement économique », mais, d’après le quotidien, « il a en fait rouvert une boîte de Pandore géopolitique aux implications considérables pour le Moyen-Orient ».

    Le Washington Post titre de manière également provocatrice : « De la rivière à la mer, la Palestine cessera-t-elle d’exister ? » En tout cas, poursuit le journal, les électeurs qui ont boudé les urnes le savent désormais : les élections ont des conséquences ! Toujours d’après le Washington Post, Donald Trump a proposé « un plan d'une cruauté inouïe ». Le monde n'a toujours pas trouvé de solution pour les réfugiés palestiniens existants, rappelle le journal : « 1,5 million vivent dans des camps de réfugiés dans la région. Et maintenant, le président américain envisage de créer quelque 2 millions de réfugiés palestiniens supplémentaires. Ou peut-être 5 millions de plus, s'il prévoit également de les expulser de Cisjordanie. »

    À écouter aussiDonald Trump assure que les États-Unis vont «prendre le contrôle de la bande de Gaza»

    La vision impérialiste de Donald Trump

    Selon CNN, l’ancien magnat immobilier considère Gaza comme une opportunité immobilière, d’où ses remarques sur le « potentiel de la bande de Gaza qui pourrait devenir la Riviera du Moyen-Orient », a déclaré l'investisseur immobilier devenu président. CNN rappelle que l'envoyé spécial de Donald Trump au Moyen-Orient, Steve Witkoff, est également un promoteur immobilier. En tout cas, quelles que soient ses véritables intentions, force est de constater que Donald Trump est en train de « redessiner la carte du monde dans la tradition de l'impérialisme du XIXè siècle », écrit le New York Times. Il veut acheter le Groenland, annexer le Canada, récupérer le canal de Panama et, maintenant, il envisage de s'emparer d'une zone de guerre dévastée au Moyen-Orient.

    Le New York Times précise que le président américain était incapable de dire si une « autorité juridique pourrait permettre aux États-Unis d'affirmer unilatéralement leur contrôle sur le territoire de quelqu'un d'autre ou si l'expulsion forcée d'une population entière constitue une violation du droit international ». Sans oublier, ajoute le journal, qu'une telle opération nécessiterait certainement l'envoi de plusieurs milliers de soldats américains et risquerait de déclencher un conflit encore plus violent. Il s'agirait aussi d'un revirement stupéfiant pour un président qui s'était présenté aux élections en 2016 en promettant de retirer les États-Unis du Moyen-Orient.

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    L’influence de la droite alternative dans la vie politique américaine

    L'influence croissante d'Elon Musk sur les institutions américaines suscite l'inquiétude des sénateurs démocrates, qui demandent une enquête sur son contrôle du système de paiement du Trésor. L'homme d'affaires libertarien a fait de sa fortune et de son réseau social un outil politique, multipliant les provocations et franchissant les lignes rouges, comme en témoigne son salut nazi lors de l'investiture de Donald Trump. Pierre Mourier, doctorant en Civilisation américaine à l'Université Lyon 2 nous explique dans une interview que cephénomène s'inscrit dans une mouvance politique radicale qui ne date pas d’hier, puisant ses racines dans l’évolution du Parti républicain et l'essor de la droite alternative, notamment à travers les réseaux sociaux.

    L'arrivée d’Elon Musk à la tête de X (ex-Twitter) a renforcé l’écosystème conservateur, qui utilise ces plateformes pour imposer son agenda. Inspirés par des personnalités comme Steve Bannon, ces courants d'extrême droite exploitent les médias numériques et les podcasts pour structurer leur discours et mobiliser leurs partisans, explique Pierre Mourrier. L’assaut du Capitole en janvier 2021 en est une illustration marquante, avec des groupes tels que les Proud Boys, dont plusieurs membres ont récemment été graciés par Donald Trump. Leur remobilisation semble inévitable, estime le spécialiste des États-Unis, malgré des revers judiciaires ayant affaibli leur organisation.

    Le salut nazi de Musk s’inscrit dans une stratégie de saturation médiatique, une tactique chère à Bannon qui vise à monopoliser l'attention et à faire avancer une idéologie en entretenant la polémique. Ce geste largement commenté montre comment ces personnalités manipulent l'espace médiatique pour imposer leur vision et influencer le débat public. Une stratégie qui vise, selon Pierre Mourrier, à accentuer la radicalisation du paysage politique américain.

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    Journal de la 1ère

    La campagne sucrière débute lundi prochain (10 février 2025) en Guadeloupe.

  • C’est la question que se pose la presse nord-américaine après que Donald Trump a suspendu, pour un mois, son projet d'imposition de droits de douane au Canada et au Mexique.

    « Qu’est-ce que Donald Trump cherche à obtenir du Canada et du Mexique ? », s’interroge The New York Times. Selon le journal, le président américain a toujours assumé son intention « d’utiliser les tarifs douaniers comme un levier économique contre les pays qui refusent de céder à ses exigences ». Pourtant, il reste flou sur la nature exacte de ces exigences — une stratégie qui lui permet de revendiquer une victoire à tout moment.

    Donald Trump affirme vouloir stopper les flux migratoires à la frontière et limiter l’exportation de Fentanyl. Mais, comme le souligne The New York Times, « il n’a fixé que des critères vagues pour mesurer la coopération de ces deux pays ». Difficile, donc, d’évaluer l’impact réel des concessions obtenues : côté canadien, la création d’une force spéciale conjointe contre le crime organisé et le blanchiment d’argent ; côté mexicain, le déploiement de 10 000 membres de la Garde nationale pour renforcer le contrôle aux frontières.

    Le démantèlement de l’agence de développement USAID

    Son site officiel reste fermé. Officiellement, le secrétaire d’État Marco Rubio a pris la direction de l’agence, mais son avenir demeure incertain. Dans les colonnes du Washington Post, le sénateur démocrate Chris Coons plaide pour son maintien : « Notre aide internationale nous permet de nous faire des alliés, de renforcer notre leadership et de neutraliser les menaces à distance. Les programmes de l’agence jouent un rôle clé dans la lutte contre les pandémies et le terrorisme. » Et il conclut : « USAID n’est pas une agence parfaite. Si l’administration Trump souhaite discuter de réformes, je suis prêt à en parler. Mais ce qu’elle fait actuellement n’est pas une réforme, c’est une destruction. Et ce sont les Américains qui en paieront le prix. »

    Le Salvador propose d’accueillir des prisonniers détenus aux États-Unis

    C’est à la une de La Prensa Gráfica. Le président salvadorien Nayib Bukele a annoncé hier (3 février 2025) qu’il accepterait l’expulsion vers son pays de migrants en situation irrégulière ayant commis des crimes graves aux États-Unis. Il a également proposé d’accueillir dans ses prisons des criminels américains actuellement incarcérés aux États-Unis.

    Mais El Faro s’interroge : le Salvador a-t-il les capacités d’absorber un afflux massif de détenus ? Nayib Bukele assure que chaque prisonnier accueilli fera l’objet d’une compensation financière versée par Washington, ce qui garantirait la viabilité du système carcéral salvadorien.

    Sur ce point, CNN rappelle que le département d’État américain met en garde les voyageurs contre les conditions de détention difficiles au Salvador, où les prisonniers n’auraient pas toujours accès à une procédure régulière.

    La grande question est de savoir si le Salvador est prêt à recevoir un flux plus important d'expulsions, non seulement de Salvadoriens sans papiers détenus sur le territoire américain, mais aussi de demandeurs d'asile. En 2024, les États-Unis étaient le pays qui comptait le plus grand nombre de demandes d'asile au monde, selon les données des Nations unies, avec plus de 3,1 millions de demandeurs d'asile. Parmi eux, 115 460 demandes émanaient de Salvadoriens, ce qui place les États-Unis au quatrième rang des pays d'Amérique centrale en termes de nombre de demandeurs d'asile, après le Nicaragua, le Honduras et le Guatemala.

    Trois spécialistes consultés par El Faro doutent de la capacité du pays à accueillir davantage de personnes. Les plus pessimistes affirment qu'il n'y a pas de conditions sociales ou économiques pour absorber plus de personnes, entre autres parce que la pauvreté a augmenté de 22,8 % en 2019 à 27,2 % en 2023, selon l'enquête sur les ménages et les usages multiples. Cela signifie que 21,1 % de la population ne dispose pas d'un revenu suffisant pour acheter un panier alimentaire de base élargi.

    Bukele a ensuite confirmé l'accord avec Rubio sur X, en déclarant dans un message : « Nous sommes prêts à n'accueillir que des criminels condamnés (y compris des citoyens américains condamnés) dans notre méga-prison (CECOT) en échange d'une redevance ».

    Le Centre de Confinement du Terrorisme du Salvador, communément appelé CECOT, est la plus grande et la plus récente des prisons du pays, avec une capacité maximale de 40 000 détenus.

    « La redevance serait relativement faible pour les États-Unis, mais importante pour nous, ce qui rendrait l'ensemble de notre système pénitentiaire viable », a-t-il ajouté.

    M. Bukele a été crédité d'avoir considérablement réduit la violence des gangs dans ce pays d'Amérique centrale depuis le lancement d'une vaste campagne de répression en 2022, qui a vu l'incarcération de plus de 81 000 personnes. Mais si le taux de criminalité du pays a baissé, le traitement des personnes emprisonnées a suscité l'indignation des organisations de défense des droits de l'homme, qui qualifient les prisons salvadoriennes d'inhumaines.

    Les conseils aux voyageurs du département d'État pour le Salvador avertissent également que les personnes emprisonnées dans le pays sont soumises à des conditions de détention « difficiles » et n'ont pas accès à une procédure régulière.

    Washington ignore Haïti, mais la crise s’invite à Santo Domingo

    Le secrétaire d'État américain entame une visite en République dominicaine sans escale prévue en Haïti, une décision qui suscite des réactions vives, nous apprend Gotson Pierre, le directeur d’Alterpresse, lors de notre interview hebdomadaire. Pour certains observateurs, cette absence traduit une volonté de privilégier la sécurité dominicaine face au chaos haïtien. Le secrétaire d’État Marco Rubio, notamment, s'inquiète des risques de débordement de la crise haïtienne vers le territoire voisin. Pendant ce temps, les discussions entre Washington et Santo Domingo pourraient inclure Haïti sans les Haïtiens, ce qui alimente les inquiétudes, dit-il.

    La situation demeure critique en Haïti, où la capitale a encore tourné au ralenti, paralysée par la peur. Des rumeurs d’attaques circulant sur les réseaux sociaux ont entraîné la fermeture de plusieurs écoles et une réduction des transports publics. À Delmas, au nord-est de Port-au-Prince, des barricades enflammées ont perturbé la circulation. Les violences persistantes ont contraint près de 1 700 personnes à fuir leurs foyers dans certaines zones particulièrement touchées, comme Cité Soleil.

    Hier encore, les gangs ont attaqué la commune de Kenscoff, à l’est de la capitale, malgré la présence des forces de l’ordre. Des maisons, des véhicules et des motos ont été incendiés, tandis que policiers et militaires tentaient de repousser les assaillants. Selon des témoins, le bilan humain s’alourdit, avec plusieurs dizaines de morts et de nombreux otages. Entre insécurité grandissante et absence de réponse internationale concrète, Haïti semble de plus en plus abandonnée à son sort, constate Gotson Pierre.

    Au Pérou, les étudiants se mobilisent pour la biodiversité

    Le Pérou est l'un des pays les plus riches au monde en biodiversité : 1 800 espèces d'oiseaux, 4 000 de papillons et plus d'une centaine de reptiles différents. Pourtant, la préservation de ces animaux et des écosystèmes exceptionnels du pays n'est pas une priorité pour les dirigeants. L'économie souterraine menace cette richesse, au point que des étudiants en droit ont décidé de se mobiliser juridiquement pour protéger l'environnement. C’est un reportage de Martin Chabal.

    Journal de la 1ère

    La campagne sucrière démarre dans quelques jours.

  • Le président américain entame son deuxième mandat par une salve de droits de douane qui visent la Chine, le Canada et le Mexique, les trois principaux partenaires économiques des États-Unis.

    « On n'en voulait pas de cette guerre, se désole le Toronto Star, le plus grand quotidien du Canada. Le coût de la vie va monter, les entreprises canadiennes vont souffrir, on va perdre des emplois. Le réflexe politique en ce moment, c'est de diviser, d'utiliser n'importe quelle crise et c'est bien ça que cherche Donald Trump. Il veut nous faire croire qu'on est devenus si faibles qu'on a plus le choix, […] il essaie de nous harceler, et la manière dont nous allons répondre va modeler la marche du monde dans les années qui viennent ». Heureusement pour nous, conclut le Star, toute la classe politique du Canada appelle à l'unité nationale, les entreprises se préparent à encaisser le choc et les Canadiens s'y mettent aussi : pétitions dans tous les sens, boycott des produits américains et annulation de voyages aux États-Unis, tant mieux car « malgré nos différends, il n'a jamais été aussi important de faire cause commune ».

    Consommer canadien

    Justin Trudeau, le Premier ministre du Canada, enjoint dans la foulée ses concitoyens à faire face en consommant canadien : « C’est le moment de choisir des produits fabriqués chez nous, au Canada. Lisez les étiquettes. Autant que possible, choisissons le Canada ». Le Toronto Star propose ainsi à ses lecteurs une liste de produits made in Canada, qui existent mais semblent difficiles à trouver ou mal indiqués. Il détaille les marques 100% locales, dans des secteurs qui vont du lait au popcorn et de la bière aux sacs poubelle. Et donne la parole au jeune patron d'un site spécialisé, qui a reçu 150 000 visites par jour depuis les annonces de Donald Trump, contre 10 000 visiteurs par mois en temps normal. Ironie de l'histoire, il a créé son site en 2018, lors de la première vague de droits de douane, brandis à l’époque par un certain… Donald Trump.

    Des dizaines de milliers de migrants internés à Guantanamo ?

    Le président américain veut ouvrir un centre de rétention sur cette base connue pour avoir été une prison et un lieu de torture après les attentats du 11 septembre 2001. Dans les années 1990, Bill Clinton y avait déjà envoyé 30 000 Cubains et Haïtiens interceptés en mer alors qu’ils tentaient de rejoindre les États-Unis, et ça n’a pas laissé de bons souvenirs. Anne Verdaguer s’entretient avec l’avocat Brian Concannon, directeur de l’Institut pour la justice et la démocratie en Haïti.

    Brian Concannon : « Je suis très perturbé par ce projet, Guantanamo a déjà été utilisé comme un camp de concentration doté de conditions de détention inhumaines et cet endroit échappe à toute juridiction aux États-Unis. La politique récente de l’administration Trump a été de s’affranchir du droit international et de prôner la maltraitance envers les populations immigrées aux États-Unis. Ces deux aspects réunis sont très perturbants, car selon une récente loi américaine, une personne venant de l’étranger peut être arrêtée même si elle a commis un délit mineur et pourra, de fait, être transférée à Guantanamo. C’est très inquiétant d’imaginer une personne détenue dans ces conditions dignes d’un camp de concentration pour un délit mineur, y compris en matière de droits humains. »

    RFI : Le terme de « camp de concentration » que vous utilisez a une résonance très forte…

    « C’est un terme très fort en effet, mais je ne l’utilise pas à la légère, car la dernière fois qu’un grand nombre de personnes était détenu là-bas, c’était des Haïtiens dans les années 1990 : ils étaient 20 000, alors que Trump parle de la possibilité d’y mettre 30 000 personnes aujourd’hui. Leurs conditions de détention étaient terribles, ils étaient dans des tentes surpeuplées en plein soleil, entourés de fil barbelé, sans nourriture convenable, sans la possibilité de faire de l’exercice et sans aucun recours légal. Les tribunaux américains ont acté qu’ils n’avaient aucune forme de juridiction à Guantanamo Bay, car ce n’est pas un territoire situé aux États-Unis. Une personne détenue là-bas n’avait aucun moyen de dénoncer ses conditions de détention ou les mauvais traitements qu’elle y subissait. La perspective que tout cela se reproduise est inhumaine. Illégale et inhumaine. Et l’on peut même dire qu’être détenu dans ces conditions, dans une base militaire en zone de non-droit rappelle les camps de concentration. »

    Pourquoi cette base de Guantanamo, si controversée, n’a-t-elle toujours pas été fermée ?

    « C’était l’une des promesses de campagne du président Barack Obama quand il a été élu en 2008, mais nous sommes en 2025 et cela n’a toujours pas été fait. Je pense qu’il y a plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, le fait de renvoyer certains prisonniers dans leur pays pose problème, car ces pays n’en veulent pas. Il y a aussi le fait que les républicains et les démocrates ont pensé qu’il était risqué politiquement de détenir ces prisonniers aux Etats Unis, car il y a un risque d’évasion et un prix politique à payer si cette évasion survient. Mais la plupart des avocats pensent que cela aurait dû être fait depuis longtemps et qu’il y a des façons de transférer les prisonniers dans leur pays d’origine ou aux Etats Unis, sans que cela ne pose aucun risque. D’ailleurs, la plupart des prisonniers présents à Guantanamo à l’époque de la guerre contre le terrorisme ont été transférés ailleurs. En réalité, si ce lieu existe encore, c’est que les présidents américains sont bien contents de disposer d’un lieu où les tribunaux ne peuvent pas agir et d’un endroit où les prisonniers n’ont aucun recours en justice possible. »

    Quels sont les recours possibles si cette décision est mise en application par la Maison Blanche ?

    « Il y a déjà des groupes d’avocats qui prévoient d’intenter des procès, et qui vont tenter d’obtenir des injonctions de la part des juges afin de stopper les vols d’expulsion. Nous avons déjà des signes d’opposition de la part de certains membres du Congrès, même s’il sera difficile pour eux de contester ces décisions, car les deux Chambres sont à majorité républicaine. La peur est présente pour les immigrés haïtiens, mais aussi pour les autres communautés de couleur, qu’elles soient originaires des Caraïbes, d’Amérique Latine ou d’ailleurs. La décision de les expulser là-bas n’a d’ailleurs aucun sens d’un point de vue économique, car c’est très loin des États-Unis et cela va coûter très cher. À mon avis, Trump fait cela pour montrer à quel point il est capable de maltraitance envers les immigrés pour qu’ils partent, et pour montrer à sa base qu’il saura se montrer cruel, comme il l’a promis. »

    L’actualité des Outre-mer avec nos confrères de la 1ère

    Depuis le 1er février 2025, la Guadeloupe dispose de son propre « index BTP ».

  • Le président de transition haïtien poursuit sa visite en France, Leslie Voltaire rencontre aujourd'hui des responsables politiques après un entretien mercredi (5 février 2025) avec Emmanuel Macron.

    Le chef de l’État français a demandé à l'ONU d'envisager une mission de maintien de la paix en Haïti, face à la violence des gangs qui déstabilise le pays et a fait plus 5.000 morts l'an dernier (2024). Une mission internationale de soutien à la police haïtienne, dirigée par le Kenya, a commencé à se déployer mais ses capacités sont encore insuffisantes.

    Seulement quelque 800 policiers de six pays ont été déployés progressivement depuis l'été dernier (2024), sur les 2.500 espérés. Et les attaques des gangs, qui contrôlent déjà selon l'ONU 85% de la capitale, ne semblent pas avoir faibli depuis.

    Pour Ricardo Germain, consultant indépendant en sécurité et défense, « les Kenyans se sont beaucoup investis aux côtés de la police haïtienne dans cette mission, mais il n’y a pas de victoires stratégiques en raison du manque de financement. Il y a aussi une lecture trop conjoncturelle de ce qu’il se passe en Haïti : il faudrait parler de groupes armés criminels et non de gangs, de conflits, et non pas de criminalité. »

    « Le problème se trouve aussi dans le contexte régional de trafic d’armes, de munitions et de drogue. Il faudrait une réévaluation de la situation en Haïti, et élargir le cadre d’intervention dans la mesure où il s’agit d’un problème régional. «

    Le Premier ministre a révélé que le Conseil supérieur de la police nationale avait été informé du projet des gans d'attaquer Kenscoff. « Les forces de l’ordre se retrouvent sur plusieurs fronts et en raison du manque d’équipement et d’effectifs, et la question est de savoir si nous avions les moyens de faire face à ces organisations criminelles » estime Ricardo Germain.

    La population est parfois alliée à la police, le président du conseil de transition le disait sur RFI, parlant de légitime défense. Pour Ricardo Germain : « Le risque est que ces civils ne soient pas encadrés et cela pourrait exacerber la situation où ces groupes de défense deviennent des groupes criminels »

    Son interview est à retrouver en intégralité sur la version audio de cette page.

    Nicaragua : Ortega « assure sa dynastie » avec la réforme de la constitution

    Daniel Ortega et sa femme Rosario Murillo ont consolidé leur pouvoir absolu au Nicaragua : en tant que président et coprésidente, ils ont désormais une emprise totale sur les organes de l'État et sur la société civile, selon une réforme constitutionnelle validée jeudi (30 janvier 2025) par le Parlement.

    Cette réforme prolonge le mandat d'Ortega jusqu'en 2028, soit un an de plus, détaille la Prensa : Ortega est un homme de 79 ans, il est au pouvoir depuis 2007, il veut «assurer sa dynastie et souhaite gagner du temps», estime le quotidien, pour pouvoir imposer sa femme comme sa seule successeure.

    Pour 100% Noticias, cette réforme constitutionnelle vivement critiquée par l'ONU, l'Organisation des États américains, les États-Unis et les opposants nicaraguayens, «élimine l'équilibre des pouvoirs» et «légalise l'apatridie» pour toute personne considérée comme traître à la Nation tout comme la pratique de la torture. Le journal d'opposition parle aussi de la création d'une «police volontaire» où des civils armés pourront participer au maintien de l'ordre, ce sont en réalité des «groupes paramilitaires», explique 100% Noticias, qui « agissent dans le cadre de la soi-disant « Opération Nettoyage » par laquelle le Gouvernement du Nicaragua a neutralisé les protestations contre lui. »

    États-Unis : le risque d’une guerre tarifaire

    La hausse de 25% des droits de douane attendus ce 1er février 2025 au Canada et au Mexique aura des conséquences sur l'agriculture américaine, estime Politico.

    Le journal relate à quel point ces droits de douane pourraient décimer certains pans entiers de l'économie américaine et, en particulier, le secteur agricole. Le sénateur du Dakota du Sud John Thune qui est aussi le chef des Républicains au Sénat a récemment déclaré sans une certaine ironie: «Apparemment, le président donne une grande valeur à l'utilisation de ces droits de douane et je suis sûre que nous aurons beaucoup de discussions à ce sujet». Il faut dire que son État pourrait se retrouver dans les «tirs croisés» de cette guerre des tarifs, poursuit le journal, ce qui pourrait lui donner «des brûlures d'estomac sur la position qu'il devra adopter» face à un Donald Trump intraitable et incontrôlable. En 2018, lors du premier mandat de Donald Trump, « les agriculteurs du Dakota du Sud qui exportent pour plusieurs millions de dollars de soja, maïs et viande ont été fortement touchés par la riposte tarifaire du Mexique et du Canada, et ils en payent encore le prix ».

    Pour le Washington Post : Cette politique tarifaire touchera en premier lieu l'économie des pays dans le viseur de Donald Trump et notamment le Canada qui « envoie presque 80% de ses exportations aux États-Unis et des millions d'emplois sont concernés ». Les secteurs de l'énergie et de l'automobile seraient parmi les plus touchés. Si le Canada décide de répondre par une hausse de droits de douanes sur les biens américains, le dollar canadien pourrait plonger et les prix augmenter. C'est «la destruction mutuelle assurée», estime un spécialiste canadien cité dans le quotidien.

    Panama : « Nous gérons parfaitement le canal »

    Traditionnellement, tout nouveau secrétaire d'État américain se rend pour son premier déplacement à l'étranger auprès de grands pays alliés y réaffirmer la bonne entente. Pas Marco Rubio. Le nouveau chef de la diplomatie américaine ira à partir de samedi (1er février 2025) dans cinq pays d'Amérique centrale où il entend incarner «l'Amérique d'abord» de Donald Trump, à commencer par le Panama dont le canal suscite les convoitises de Donald Trump, qui a promis d'en «reprendre» le contrôle pour contrer l'influence de la Chine.

    Le canal de Panama est essentiel au commerce mondial : «Nos résultats prouvent que nous gérons parfaitement le canal. Tous les pays, y compris les États-Unis, l'ont reconnu au fil des ans. Nous utilisons simplement l'une de nos ressources naturelles, pour le bénéfice du Panama.» explique Boris Moreno, vice-président des opérations du canal rencontré par Grégoire Pourtier.

    Les navires commerciaux américains sont logés à la même enseigne que les autres pavillons, et les droits de passage font l'objet d'un processus concerté. «Quand un prix augmente, personne n'est content. Mais c'est un prix juste. », poursuit Boris Moreno, « Nous faisons des études de marchés pour connaître la valeur des cargos qui transitent, et à partir de là nous déterminons le droit de passage, quelle que soit l'origine du bateau. Nos grilles tarifaires sont publiques et s'appliquent à tout le monde.»

    Boris Moreno s'étonne aussi des accusations d'une ingérence de Pékin, alors que le canal est entièrement géré par le Panama, un pilote local prenant même les manettes des navires le traversant. Mais il est vrai que les Chinois exploitent deux ports dans la zone.

    «Il n'y en a que deux autour du Canal qui sont contrôlés par des sociétés basées en Chine, et leurs concessions ont été attribuées alors que nous étions encore dirigés par l'administration fédérale américaine, en 1997. Et je n'avais jamais entendu de plainte jusque-là.» conclut-il.

    Reportage sur le Canal du Panama, à retrouver dans son intégralité dans la version audio de cette page.

    Football : le retour de Neymar dans son club de Santos

    En football, le Brésilien Neymar est présenté à Santos, son tout premier club, où il fait son retour 12 ans après. Le génial brésilien, passé entretemps par le Barça, le PSG puis Al-Hilal en Arabie Saoudite, se bat depuis plusieurs saisons avec les blessures et son meilleur niveau semble derrière lui, mais son retour suscite la joie parmi les supporters. Baptiste Leduc les a rencontrés. Parmi eux, Weslei Ribeiro qui n'avait que 6 ans quand Neymar a quitté le Brésil pour Barcelone : « Neymar est l’un des meilleurs joueurs du monde et je pense que ses performances à Santos seront excellentes », dit-il. Fernando Tavares lui n'est pas naïf, il connaît les critiques qui ont accompagné le Ney tout au long de sa carrière et sait que personne ne le changera : « Il est controversé, il l’a toujours été et le sera toujours. Il attire toujours l’attention, c’est Neymar ! »

    L’actualité des Outre-mer

    Benoît Ferrand de la 1ère nous parle des assises consacrées à la « violence des jeunes » qui se seront ouvertes ce mercredi sur l’île de Saint-Martin.

  • Le président du Conseil de transition à Haïti, Leslie Voltaire, invité de France 24 et RFI a annoncé que des élections générales devraient se tenir sur l'île caribéenne vers la mi-novembre 2025. Aucun scrutin n'a été organisé à Haïti depuis 2016, alors que la situation sécuritaire s'est nettement dégradée, avec la capitale Port-au-Prince passée sous le contrôle quasiment complet de groupes criminels armés.

    Les dirigeants de l'île ont souligné par le passé que l'ordre devait être rétabli avant de pouvoir organiser par la suite des élections libres et équitables.

    Pour Frantz Duval, éditorialiste au Nouvelliste : « le calendrier est optimiste et le président du Conseil de transition espère qu’il sera respecté même si sur la situation sur le terrain dit le contraire. Mais l’optimisme permettra peut-être de débloquer la situation »

    Leslie Voltaire a aussi affirmé que le président français Emmanuel Macron avait évoqué avec lui une «restitution» par Paris de l'indemnité d'indépendance versée par son pays à la France en 1825, d'un montant à l'époque très conséquent. Frantz Duval estime qu’il faudrait « qu’une commission soit mise en place et finisse par statuer. Il faut d’abord des discussions entre les autorités haïtiennes et françaises. Des échanges diplomatiques cordiaux ont déjà eu lieu, mais je ne pense pas que la question de la restitution de la double dette ait déjà été sur la table.»

    À écouter aussiLeslie Voltaire, président du CPT d'Haïti: «On espère des élections générales vers la mi-novembre»

    Crash aérien à Washington : « Probablement pas de survivants »

    28 corps ont été repêchés dans le fleuve Potomac, selon le chef des pompiers de Washington John Donnelly, et il n’y a « probablement pas de survivants » après la collision au-dessus de Washington entre un avion de ligne transportant 64 personnes, dont des patineurs américains et russes, et un hélicoptère militaire.

    Les 300 membres des secours d'urgence travaillent dans des «conditions extrêmement difficiles», de nuit et dans des eaux glaciales et boueuses selon le New York Times. Le Washington Post, de son côté, témoigne de températures avoisinant 0 degré dans l’eau, «ce qui peut créer une hypothermie en moins de 30 mn». Le New York Times a interrogé le célèbre pilote Chesley Sullenberg plus connu sous le nom de Sully, qui avait réussi à poser un avion dans la rivière Hudson en 2009. Il estime que cet accident intervient à « un moment de l'histoire de l'aviation où il n'a jamais été plus sûr de voler », « cela montre », ajoute-t-il « à quel point il faut toujours rester vigilant surtout de nuit ». Cela faisait 16 ans qu’il n’y avait pas eu un accident d’avion de ligne aux États-Unis, rappelle le quotidien.

    Des enregistrements de la tour de contrôle capturant les derniers échanges entre les contrôleurs et l'hélicoptère (nom de code PAT25), avant la collision avec l'avion (CRJ) ont été rendus publics sur le site liveatc.net.

    «PAT25, avez-vous un CRJ en vue ? PAT25, passez derrière le CRJ», déclare un contrôleur à 20h47 (01h47 GMT).

    Quelques secondes plus tard, un autre avion contacte la tour de contrôle en déclarant : «Tour de contrôle, avez-vous ça ?», semblant se référer à la collision, et un contrôleur enjoint à tous les appareils de retarder leur atterrissage. Pendant plusieurs heures, l’ensemble des vols sont arrêtés.

    «L'avion était sur une trajectoire d'approche parfaite vers l'aéroport», a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social «Pourquoi la tour de contrôle n'a pas dit à l'hélicoptère quoi faire au lieu de demander s'ils avaient vu l'avion. C'est une situation terrible qui a priori aurait dû être évitée», a-t-il ajouté.

    À lire aussiCrash d'un avion de ligne à Washington: «pas de survivants» selon Trump, qui charge Biden et Obama

    Les actualités des Outre-Mer

    Benoît Ferrand de la Première nous parle du Groupe Bernard Hayot, « montré du doigt » et traîné en justice, qui réagit et porte plainte à son tour.

  • Après le décret de Donald Trump, qui vient de placer les narcotrafiquants mexicains sur la liste des organisations terroristes étrangères, analyse de Bertrand Monnet, professeur à l'Edhec et spécialiste de l'économie du crime.

    Interrogé par Clotilde Dumay, Bertrand Monnet estime que, bien que ce décret puisse être appliqué, il présente des limites concrètes. Selon lui, les cartels ne sont pas des groupes terroristes au sens traditionnel, mais des organisations mafieuses motivées par l'argent. « Ce sont des extrémistes de l'argent qui ne travaillent que pour l'argent, pas pour une idéologie », souligne-t-il, peu convaincu par l'impact potentiel d'une action militaire américaine, notamment à cause de l'ancrage local des cartels et de la résistance du Mexique à toute intervention étrangère. « L'action militaire, même avec des forces telles que celles déployées par l'État mexicain, ne fonctionne pas car les cartels contrôlent des territoires immenses et l'armée ne peut pas les atteindre. »

    Bertrand Monnet fait valoir que le véritable défi réside dans la lutte économique et financière contre les cartels, en particulier à travers la lutte anti-blanchiment. D’autant plus depuis que les cartels ne se contentent plus de blanchir leur argent aux États-Unis, mais utilisent des paradis fiscaux pour dissimuler leurs gains. Les États-Unis, affirme-t-il, ont la capacité de mettre plus de pression sur ces zones opaques, car « si vous touchez à l'argent blanchi, cela leur fait beaucoup plus mal qu'un drone ».

    À la question de savoir si le décret signé par Donald Trump pourrait avoir un effet paradoxalement négatif aux États-Unis, Bertrand Monnet répond qu’il pourrait exacerber les liens entre les cartels et l'économie légale, puisque les narcotrafiquants ont investi massivement dans les tissus économiques américains et mexicains. Mais qu’il est nécessaire de lutter contre cette infiltration, même si cela pourrait ralentir une certaine forme de croissance économique.

    TPS aux États-Unis, les Vénézuéliens dans l’œil du cyclone

    C’est l’un des premiers actes du Département de la sécurité intérieure sous l’ère Trump 2.0, révélé par le New York Times : revenir sur l’extension du Temporary Protected Status (TPS) offerte aux Vénézuéliens. Ce dispositif à visée humanitaire, qui date des années 1990, offre des papiers à certains ressortissants étrangers déjà présents sur le sol américain et dans l'incapacité de rentrer chez eux en raison de la situation sécuritaire dans leur pays d'origine. Il leur ouvre le droit de résider et de travailler aux États-Unis pour une durée de 18 mois renouvelables et les met à l'abri des opérations de la police aux frontières.

    Le TPS s’appliquait jusqu’ici aux citoyens d'une quinzaine de pays, dont l’Afghanistan, Haïti, le Cameroun, le Liban, la Syrie ou l’Ukraine, et dans le cas du Venezuela, bénéficiait à plus de 600 000 personnes à la date du 10 janvier 2025. Joe Biden avait pris soin, à la toute fin de son mandat, de prolonger ce système jusqu'en octobre 2026, mais son geste n’aura pas tenu longtemps. La nouvelle ministre américaine de l'Intérieur, Kristi Noem, vient de révoquer cette extension, ce qui laisse potentiellement sur le carreau ces centaines de milliers de Vénézuéliens, désormais susceptibles d'être arrêtés à tout moment et reconduits dans leur pays dans le cadre de l'opération anti-migrants décrétée par Donald Trump le 20 janvier 2025..

    Robert Kennedy Jr. devant le Sénat pour son audience de confirmation

    C'est le neveu de l'ancien président JFK, John Fitzgerald Kennedy, c'est aussi un avocat et militant antivax, qui a propagé de fausses rumeurs sur les questions sanitaires, et Donald Trump veut en faire son ministre de la Santé. Robert Kennedy Jr., qui passe sur le grill du Sénat aujourd’hui afin de faire valider sa nomination, vient de se faire taper sur la tête par sa cousine, Caroline Kennedy, la propre fille de JFK, liée au Parti démocrate : « Avant même qu'il ne soit nommé à ce poste, son dénigrement constant de notre système de santé et les demi-vérités conspirationnistes qu'il a dites au sujet des vaccins, notamment en rapport avec l'épidémie mortelle de rougeole de 2019 à Samoa, ont coûté des vies. Superviser l’ensemble de la chaîne sanitaire et les agences chargées de protéger les plus vulnérables d'entre nous, tout cela est une énorme responsabilité. Et Bobby n'est pas qualifié pour l'assumer ».

    D'autres membres de la famille, y compris sa sœur et son frère, se sont prononcés contre sa désignation après certaines de ses déclarations jugées « déplorables et mensongères ». Car devant le Sénat, Robert Kennedy Jr. va devoir répondre à des questions pimentées. Prenons le calcul du Washington Post qui a compulsé plus de 400 entretiens et discours donnés en public par Robert Kennedy depuis 2020. « À plus de 35 reprises, note le Post, il a établi un lien entre les vaccins et l'autisme, contredisant toute la littérature scientifique ». Il n'a cessé de critiquer le principe même de la vaccination, qui a, selon lui, « empoisonné une génération entière d'enfants américains ». Et même créé un lobby antivax pour appuyer son propos, Children’s Health Defense, le Comité de défense de la santé des enfants. Mais, nomination oblige, Robert Kennedy Jr. se défend depuis quelques semaines de toute opinion définitive sur la question, assurant que s’il est nommé, il « fournira en toute transparence aux Américains un accès total aux données scientifiques, afin qu'ils puissent faire des choix éclairés pour eux et leurs familles ».

    Haïti frappée par l’arrêt des financements anti-sida américains

    Catastrophe en Haïti après la suspension du programme PEPFAR, le plan d'urgence américain contre le sida, déployé dans plus d'une cinquantaine de pays. Reportage à lire dans le Nouvelliste, le grand quotidien de Port-au-Prince, auprès des patients et des praticiens de plusieurs hôpitaux de la capitale haïtienne. On y lit que « si la décision est maintenue au-delà de 90 jours, dès le mois de septembre 2025 au moment de valider le budget, le ministère haïtien de la Santé publique sera en très grande difficulté compte tenu du poids que représente l'aide externe dans la lutte contre le VIH/Sida en Haïti », et que des opérations de dépistage ont déjà été mis à l'arrêt, y compris à la frontière entre Haïti et la République dominicaine.

    La Fondation SEROvie, présente dans les dix départements d’Haïti, se voit elle aussi forcée d’arrêter son activité alors qu’elle accompagne 9 000 patients sous traitement. Le secrétaire général de l'Association médicale haïtienne rappelle que l'aide américaine représentait jusqu'ici 90% de l'aide externe en matière de santé et qu'en l'absence de réaction immédiate des autorités haïtiennes, une catastrophe sanitaire est toute proche.

    L’actualité des Outre-mer avec nos confrères de la 1ère

    Il n’y a pas eu de miracle : les corps des quatre occupants du petit avion qui s’est écrasé en Dominique ont été localisés hier (28 janvier 2025), non loin de l’épave de l’appareil.

  • L’agence ICE, qui coordonne le coup de filet massif voulu par la Maison Blanche, revendique plus de 1 179 arrestations en l’espace d’une journée.

    1 179 arrestations ce lundi 27 janvier 2025. À ce stade, c’est le chiffre journalier le plus élevé depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, trois fois plus haut que la moyenne quotidienne établie l’an dernier (2024) sous l’administration précédente. Au total, plus de 3 500 interpellations ont eu lieu depuis l’investiture, il y a huit jours. Le bras armé de cette opération, c'est l'agence ICE, pour Immigration and Customs Enforcement, la Police aux frontières. Mais CNN signale que plusieurs organes fédéraux liés au ministère de la Justice viennent d'être mobilisés pour lui venir en aide : le FBI, l’agence anti-drogue DEA ou le Bureau de contrôle des armes, qui dispose lui aussi de forces d'intervention.

    La traque a lieu sur tout le territoire américain, mais s’est concentrée hier (27 janvier 2025) sur la région de Chicago, un fief démocrate, ainsi qu’au Texas où plus de 80 personnes ont été détenues hier. Le Dallas Morning News souligne que l’on en sait très peu à ce stade sur le profil des suspects et ce qu’il leur est reproché, le porte-parole de l'agence ICE au Texas se contentant d'évoquer des « degrés variés de criminalité ».

    Les inconnues du DOGE

    Le Department of Government Efficiency ou DOGE, mis en place à la demande de Donald Trump, n’est pas un ministère à proprement parler. C’est un comité créé de toutes pièces, avec un mot d'ordre répété comme un mantra par Donald Trump et par Elon Musk, qui en prend la tête : tailler dans les dépenses publiques et les programmes d’aide fédérale. Anne Verdaguer fait le point dans notre dossier Amériques sur les nombreuses questions qui entourent cet ovni administratif aux contours mal définis. À retrouver ici.

    Troubles dans la localité de Kenscoff, sur les hauteurs de Port-au-Prince

    Notre confrère Gotson Pierre, le directeur de l’agence de presse haïtienne Alterpresse, revient sur les violences qui ont éclaté dans cette commune toute proche de la capitale haïtienne après une attaque de gangs lourdement armés. Les affrontements avec la Police nationale haïtienne « ont paralysé les activités régulières, incluant les écoles et le commerce de produits agricoles. Plusieurs enfants, qui étaient en route pour rejoindre leurs classes, ont dû rebrousser chemin », indique Alterpresse qui signale qu’un couvre-feu a été instauré de dix heures du soir à cinq heures du matin.

    Le président kenyan assure que Donald Trump soutient la MMAS

    La Mission multinationale d’appui à la sécurité pourrait survivre à Donald Trump, si l’on en croit William Ruto, cité par la radio kenyane Capital FM. Le président du Kenya a pris la parole devant la communauté religieuse de Nairobi le week-end dernier pour assurer que le nouveau président américain « soutient la mission du Kenya en Haïti afin que les hommes, les femmes et les enfants haïtiens puissent jouir de la paix et de la stabilité dans leur pays ». Propos à prendre avec beaucoup de précautions, connaissant l'imprévisibilité du président américain qui l'a répété depuis son investiture : il n’est pas question que les États-Unis s'engagent dans les conflits qui concernent d'autres pays.

    Première tournée diplomatique de Marco Rubio

    Le nouveau patron de la diplomatie américaine, pour son premier déplacement officiel à l’étranger, se rend en Amérique centrale. Sa tournée englobe le Panama, le Guatemala, le Salvador, le Costa Rica et la République dominicaine (sans doute le 5 février), où il devrait mettre en avant les questions migratoires. La venue de Rubio à Saint-Domingue est à peine annoncée que déjà dénoncée par des organisations de gauche et d'extrême gauche. Prensa Latina rapporte qu’elles s'inquiètent d'une « soumission du gouvernement dominicain à la politique américaine » et sont convaincues que Marco Rubio va faire pression sur le président Abinader afin qu'il coupe ses relations avec la Chine et s'engage en faveur de Taïwan.

    L’actualité des Outre-mer avec nos confrères de la 1ère

    Deux jours après le crash d’un petit avion de tourisme venu de la Martinique, les recherches ont repris aujourd’hui dans les montagnes de l’île voisine de la Dominique.

  • La volonté de Donald Trump d'expulser de très nombreux immigrés entrés illégalement aux US a suscité une montée de tension spectaculaire entre deux pays habituellement très liés : la Colombie et les États-Unis. Tout commence par la décision de Bogota de refuser de rapatrier les colombiens renvoyés des États-Unis.

    Le président colombien a interdit l'atterrissage de deux avions militaires américains qui transportaient des colombiens arrêtés lors des raids contre les immigrés illégaux aux États-Unis qui ont eu lieu ces derniers jours. Gustavo Petro a estimé que ses concitoyens devaient être renvoyés dans « le respect des droits de l'homme ». Il s’agit d’une référence au sort réservé aux 88 Brésiliens expulsés par les États-Unis vers Manaus. À leur arrivée, ils avaient déclaré avoir eu les pieds et les mains liés pendant tout le trajet, ne pas avoir eu le droit d'aller aux toilettes, ni même de boire un verre d'eau.

    Le président colombien a donc fait savoir qu'avant de réceptionner ses ressortissants, il souhaitait préalablement négocier avec les États-Unis un protocole de renvoi pour garantir un rapatriement digne, ajoutant dans un tweet : « la Colombie est un état souverain, et non pas une colonie ». Donald Trump a alors immédiatement annoncé des mesures de rétorsion : des droits de douanes de 25% pour les produits colombiens, qu'il a menacé d'augmenter à 50% si la Colombie n'acceptait pas de reprendre ses ressortissants d'ici la semaine prochaine et des restrictions de visas.

    Le bras de fer a duré 8h : une crise diplomatique couplée d'échanges nourris sur les réseaux sociaux. Le président colombien s'est montré particulièrement direct en affirmant qu’il était quelqu’un « d’entêté », « J'ai résisté à la torture et je vous résiste », a affirmé le président Gustavo Pétro. Il a poursuivi en disant qu’il n’aimait pas le pétrole de Trump, « Vous allez anéantir l’espèce humaine à cause de la cupidité », a-t-il écrit « Peut-être qu’un jour, nous pourrons en parler franchement autour d’un verre de whisky, mais c’est difficile parce que vous me considérez comme une race inférieure et ce que je ne suis pas, ni aucun Colombien ».

    Au final, les deux pays ont déclaré l'incident clos : la Colombie a cédé, elle acceptera les migrants expulsés, et la Maison Blanche a salué l'accord comme une victoire pour la ligne dure de Donald Trump.

    À lire aussiColombie: Trump suspend les sanctions douanières contre Bogota après un accord sur les migrants

    Crise Colombie-États-Unis : la presse colombienne divisée

    Cette crise entre la Colombie et les États-Unis, aussi intense qu'éphémère, fait la Une de toute la presse en Amérique latine.

    Dans El Espectador, l’éditorialiste raconte qu’en seulement 24h, « la relation binationale entre la Colombie et les États-Unis a été chamboulée », « et il n’a fallu qu’une semaine après l’investiture de Donald Trump pour en arriver là ». Le quotidien colombien rappelle que « le président Gustavo Petro a déjà été impliqué dans de violentes passe d'armes avec Donald Trump par le passé en raison de la différence idéologique entre les deux hommes ».

    El Tiempo parle d’une crise monumentale entre les États-Unis et la Colombie. Le journal détaille presque heure par heure la montée des tensions, du premier tweet du président Petro qui s’est insurgé contre le fait que les migrants colombiens étaient traités comme des « criminels » jusqu’au moment où il propose l’avion présidentiel pour aller les chercher.

    La presse colombienne est divisée sur la réaction du président Gustavo Petro : pour Semana,

    Gustavo Petro écrit un message de défi à Donald Trump : « Renversez-moi, président, et les Amériques et l’humanité vous répondront » - Semana

    Cette situation «sans précédent dans l’histoire des relations entre les deux pays» «aurait pu avoir des conséquences catastrophiques pour la Colombie».

    Le journal reprend notamment les messages tweetés par le président colombien à son homologue américain, dans lesquels « il use d'un ton agressif qui aurait pu conduire à un point de non-retour » selon le journal, qui rappelle que le président Gustavo Petro « est déjà très impopulaire dans son pays » et que « sa réaction aurait pu conduire la Colombie dans une situation désastreuse ». Les États-Unis sont en effet le premier partenaire commercial du pays, et son principal allié militaire.

    « Les expulsions de migrants ont ouvert la première crise entre Trump et l’Amérique latine », titre O Globo, le journal brésilien revient sur les premiers discours du président américain quand il évoque sa vision de l’Amérique latine. Donald Trump estime que « les Etats-Unis n’ont pas besoin de l’Amérique latine mais qu’en revanche l’Amérique latine a besoin de son pays ». Fidèle à son style « direct et souvent grossier », poursuit le journal, « le président américain revient aux principes de la doctrine Monroe, que certains analystes ont déjà rebaptisée la doctrine Donroe », qui est « un concept du XIXème siècle utilisé pour justifier la nécessité d’une expansion territoriale des États Unis. » Mais, écrit O Globo, Trump ne peut pas tourner le dos à l’Amérique latine pour des raisons commerciales et surtout en raison de la guerre d’influence menée avec la Chine. En attendant, « les pays d'Amérique latine se préparent déjà depuis quelque temps à l'offensive anti immigration de Donald Trump et ils savent à quoi s'attendre », conclut le journal.

    La politique anti-immigration de Trump : une « catastrophe » pour Haïti

    Les décisions anti-immigration du président américain inquiètent aussi en Haïti où Le président du Conseil présidentiel de transition, Leslie Voltaire parle d'une « catastrophe » pour Haïti.

    Ses propos sont repris dans le Nouvelliste, Leslie Voltaire a déclaré lors de sa récente visite à Rome où il a rencontré le pape François que « les décisions de l'administration Trump de geler les programmes d'aide, d'expulser les migrants et de bloquer les réfugiés auront des conséquences désastreuses pour Haïti » qui lutte déjà contre la faim, doit déjà gérer les personnes déplacées à l'intérieur du pays et ne peut pas faire face à cet afflux.

    Dans un rapport publié ce mois-ci, l'agence des Nations unies pour les migrations estime que «les déplacements internes en Haïti ont triplé au cours de l'année écoulée et dépassent désormais le million de personnes». «La situation est due en grande partie à la violence des gangs», rappelle le Nouvelliste. «Trump a dit qu'Haïti était un 'trou à rats'», a rappelé Leslie Voltaire, « donc je ne pense pas qu'il se soucie d'Haïti ».Le président du Conseil présidentiel de transition a discuté avec le souverain pontife de la situation en Haïti où «la moitié des 11,4 millions d'habitants souffrent déjà de la faim et la perte de l'aide humanitaire ne fera qu'aggraver la situation», a t-il conclu.

    Le Nouvelliste parle également de la création d’une cellule pour venir en aide aux Haïtiens des États-Unis : « selon une circulaire datant du 24 Janvier, le ministère haïtien des Affaires étrangères a instruit l’ambassade et les postes consulaires aux États-Unis qu'ils devaient s’empresser « de créer dans les meilleurs délais une cellule de veille et d'urgence (...) en vue d'assister et d'accompagner les Haïtiens qui seraient potentiellement visés par les décisions du gouvernement américain sur l'arrestation et la déportation de migrants en situation irrégulière », rapporte le journal.

    « Chaque cellule aura pour mission de collecter les informations pour mieux guider, orienter et informer les ressortissants haïtiens (..) sur leurs en cas d'arrestation, d'incarcération, de détention préventive ou toute autre forme de mesures restrictives ».

    À lire aussi«Un véritable coup de massue»: les mesures anti-immigration de Trump inquiètent les Haïtiens

    Haïti : reportage à Liancourt, une commune agricole minée par l’insécurité

    « Tout est parti à vau l'eau. Les rizières sont en friches... On ne voit plus rien tellement les terres sont abimées », témoigne Frantz Calixte, responsable de plusieurs organisations d’agriculteurs à Liancourt rencontré par Ronel Paul, « pour replanter les champs ça va nous prendre beaucoup de temps. Il faut d’abord déboiser, ensuite curer les canaux. Le pire, c'est que nous n'avons plus rien pour travailler la terre. Le gang a pris tout ce que nous possédions. On est complètement ruiné. », poursuit-il. La région abrite le gang le plus violent du département. Vol, viol, kidnapping et massacre à répétition sont monnaie courante. Conséquence, cette commune essentiellement agricole est à l’abandon depuis environ 2 ans en raison du contrôle quasi-total du gang. Les agriculteurs qui ont dû fuir pour sauver leur peau ont tout perdu.

    Mais depuis quelques mois, grâce à une présence policière renforcée à Liancourt, certains agriculteurs ont pu retourner sur leurs terres. C’est le cas de Frantz Calixte qui raconte : « J’avais 6 vaches avec des veaux, 5 taureaux que je ne voulais pas encore vendre, mes porcs, ma maison… je n'ai rien retrouvé. À vrai dire, c'est à contre coeur que je suis parti. Un ami m’avait hébergé chez lui pour que je puisse récupérer un peu, mais j’ai senti que je ne pouvais plus rester... je pleurais beaucoup... Alors je suis retourné à Liancourt en septembre dernier. C’est moi et quelques jeunes hommes qui avons aidé la police à frayer un chemin pour revenir dans la zone parce que je ne voulais pas mourir loin de chez moi. »

    Le gang sème encore la terreur au milieu de cette population qui n'a plus rien. Conséquence : « plus de 70% des terres agricoles de la région ne sont pas cultivées », constate Kedder Présendieu membre du "Collectif pour sauver l’Artibonite" une organisation de défense des Droits humains. Face à la situation humanitaire catastrophique à Liancourt, outre la lutte contre les gangs, le jeune avocat insiste sur la nécessité pour les autorités de verser des aides aux agriculteurs, « pour qu’ils trouvent des intrants agricoles, des tracteurs et tant d’autres matériels leur permettant de labourer la terre. Ils doivent aussi avoir accès aux semences et aux engrais pour qu’au moins, lors de la prochaine campagne agricole en été, ils puissent reprendre leur activité comme avant. »

    Il n'y a pas que les agriculteurs qui pâtit de la violence des gangs dans l'Artibonite : la population dans son ensemble subit les conséquences du détournement régulier des camions de marchandises, du contrôle et du détournement de l’eau du barrage qui alimente les terres de la principale région rizicole d'Haïti. Les opérations de la police nationale contre les bandits se sont jusque-là soldées par un échec. Fin décembre, un blindé de la mission multinationale d'appui à la sécurité a été incendié par ces caïds qui menacent aujourd'hui de détruire complètement le barrage.

    Auschwitz 80 ans : le travail de mémoire menacé aux États-Unis

    Ce lundi 27 janvier 2025 marque le 80ème anniversaire de la libération du camp de concentration d’Auschwitz. Aux États-Unis, des Américains s’inquiètent d’un manque de travail de mémoire dans un contexte de montée des extrêmes. « Si vous ne parlez pas de l’histoire et du passé, l’histoire est vouée à se répéter. D’une certaine manière, c’est en train de se passer », témoigne Jamie rencontré à Atlanta par Edward Maille. C’est aussi l’avis de Joe : « Beaucoup de nationalistes blancs continuent de répéter que cela ne s’est jamais produit ou le remettent en question et je ne pense pas qu’assez de choses ont été faites récemment pour lutter contre cela. »

    Pour Grant, 53 ans, « Il y a plus de remarques tolérées à propos des personnes racisées ou d’une autre religion... ou sur les immigrés qui sont dénigrés. »

    Selon une étude publiée, cette année, du CLAIMS conférence, une organisation internationale pour l’indemnisation des victimes de la Shoah, presque la moitié des Américains interrogés ne connaissaient pas le nom d’au moins un camp de concentration.

    À écouter aussiMémoire de la Shoah: les jeunes se sentent-ils capables de la transmettre?

    L’actualité des Outre-Mer avec Tessa Grauman

    À la Une : un véritable phénomène en Guyane, le vol des câbles.

  • En Haïti, la situation sécuritaire ne cesse de se dégrader à mesure que l'emprise des gangs augmente, avec un million de personnes déplacées, soit trois plus que l'année dernière (2024). Comment tous ces déplacés vivent-ils, comment le gouvernement haïtien leur vient-il en aide ?

    Mikaël Ponge a joint Rosy Auguste Ducéna, chargée de programme au RNDDH, pour revenir sur la situation des Haïtiens vivant dans des sites d’accueil : 150 000 personnes, dont 30 000 enfants, répartis sur 117 sites d'accueil répartis dans le département de l'ouest (où se trouve Port-au-Prince) et dans le département de l'Artibonite.

    Mais ces écoles, églises, hôpitaux ne sont pas faits pour accueillir des déplacés. Dans la grande majorité des cas, il n'y a pas accès à des points d'eau ou des toilettes. Seule la moitié des sites que le RNDDH a pu visiter bénéficie d'un plan de santé de la part de l'État.

    L’État qui n’est pas totalement absent, mais dont les efforts sont insignifiants, selon Rosy Auguste Ducéna. Elle dénonce, par ailleurs, la mainmise des 38 ONG présentes sur les différents sites. Car si la responsable du RNDDH salue leurs efforts pour venir en aide à la population, elle déplore, entre autres, que les distributions se fassent souvent dans un désordre général, et que les personnes assistées n’aient pas été consultées en amont, pour que l’aide corresponde au mieux à leurs besoins.

    Se pose aussi la question de la sécurité, avec une police absente de ces espaces : le RNDDH relève des cas de bagarres, de violences sexuelles, de harcèlement de femmes et de filles.

    Leslie Voltaire a quitté Haïti

    Le président du Conseil présidentiel de transition haïtien, Leslie Voltaire, va aller en France et au Vatican, où il sera reçu samedi (25 janvier 2025) par le pape, rapporte Le Nouvelliste. Dans son éditorial, Frantz Duval remarque que « notre diplomatie n’est pas toujours là où elle devrait être ni avec les interlocuteurs les plus attendus, mais elle s’active (…) Toute l’utilité de la diplomatie est d’aider à trouver des résultats, des ressources, des moyens aux problèmes ». Et Frantz Duval de conclure : « Dans le cas d’Haïti, nous n’avons souvent que les sourires et des soupirs ».

    Aux États-Unis, les arrestations et expulsions de migrants ont commencé

    Aux États-Unis, Donald Trump a donné le coup d’envoi de sa politique répressive envers les migrants clandestins : ce jeudi 23 janvier 2025, 538 ont été arrêtés, et plusieurs centaines expulsées.

    Selon le quotidien mexicain Milenio, plus de 500 migrants auteurs de délits mineurs ont été expulsés. Aux États-Unis, dans les communautés de migrants dans la région de Boston, tout le monde est paniqué, titre le Boston Globe : les rumeurs de raids des officiers de l’immigration courent sur les médias sociaux, dans les boucles téléphoniques, les migrants affolés appellent leurs avocats... Des rumeurs qui, dans ce cas, se sont révélées fausses, écrit le quotidien, mais dans les villes où la population immigrée est importante, c’est la panique. D’autant que, annonce USA Today, Donald Trump « affecte des milliers d'agents fédéraux en plus à l'arrestation d'immigrants » : les U.S. Marshals, la Drug Enforcement Administration, le Bureau des alcools, du tabac, des armes à feu et des explosifs, ainsi que le Bureau fédéral des prisons. Dans le Chicago Tribune, le maire de Chicago Brandon Johnson s'engage à lutter pour protéger « tous les habitants de Chicago », et affirme qu’il « ne cèdera pas » devant les menaces de poursuite par le ministère de la Justice de Donald Trump.

    Le Mexique se prépare au retour de migrants

    La présidente du Mexique Claudia Sheinbaum a dit son opposition aux expulsions annoncées par Donald Trump, rappelle le New York Times, mais le Mexique ayant le plus grand nombre de migrants illégaux vivant aux États-Unis (estimés à 4 millions), le pays doit se préparer. Ce jeudi 23 janvier 2025, écrit Excelsior, Claudia Sheinbaum a indiqué que les travaux d'adaptation des centres pour les migrants mexicains qui pourraient être expulsés par le gouvernement Trump se poursuivent : 2 sont déjà prêts, et les 9 faisant partie du programme « Le Mexique vous prend dans ses bras » devraient être prêts en fin de semaine. 9 centres situés près de la frontière, détaille le New York Times, constitués d’immenses tentes situées dans des parkings, des stades et des entrepôts, avec des cuisines mobiles gérées par l’armée. Toutes les branches du gouvernement doivent participer à cet effort – et au-delà : la présidente, relève Excelsior, a ainsi remercié le Conseil de coordination des entreprises pour son soutien dans l'ouverture de près de 35 000 postes de travail pour les ressortissants mexicains.

    Droit du sol

    On se prépare donc au Mexique, mais aussi dans plusieurs pays d'Amérique latine car Donald Trump ne compte pas s'arrêter là : il veut interdire temporairement le droit du sol. Mais le décret allant dans ce sens, signé juste après son investiture, a été suspendu par un juge fédéral, pour deux semaines. Un temps limité, explique Sébastien Natroll, journaliste et spécialiste de la Cour suprême, car c’est le seul moyen pour un juge de district de pouvoir agir au niveau national. Reste que, selon Sébastien Natroll, toute famille touchée par ce décret pourra saisir la justice et le faire invalider dans son propre cas - car le texte va à l’encontre des jurisprudences émises par la Cour suprême depuis 1898…

    Jair Bolsonaro espère des grâces au Brésil

    Ce jeudi, l'ancien président brésilien Jair Bolsonaro a espéré que son pays allait s'inspirer de Donald Trump, plus précisément de sa décision de gracier des personnes condamnées pour l'assaut du Capitole. L’ancien président d’extrême-droite pense, bien sûr, de son côté à une amnistie pour les quelque 400 personnes arrêtées pour avoir attaquées le siège des Trois Pouvoirs à Brasilia en 2023, rapporte Correio Braziliense – ils cherchaient à saboter l’investiture du président Lula.« J’espère qu’un président de droite n’aura pas à venir pour faire cela, et que le Congrès résoudra ce problème maintenant », a dit Jair Bolsonaro. Jair Bolsonaro est lui-même sous le coup d’une enquête, pour déterminer s’il est l’instigateur de la tentative de coup d’État du 8 janvier.

    Donald Trump est aussi une inspiration aussi pour Javier Milei : Ce jeudi, le président argentin l'a qualifié de « lumière pour le monde entier » lors de son intervention au forum économique de Davos. Et, dans la droite ligne du dirigeant américain, il a critiqué ce qu'il appelle le « cancer du wokisme ». David Copello, politologue et spécialiste de l'Argentine à l'Institut catholique de Paris, y voit aussi une volonté de « se réaffirmer comme celui qui avait proposé tout cela en premier, et essaie maintenant de trouver des partenaires internationaux. »

    Le journal de la Première

    En Martinique, l’affaire de la « publication des comptes » du Groupe Bernard Hayot a été renvoyée au 13 février 2025.

  • Aux États-Unis, Donald Trump annonce l'envoi de 1 500 militaires supplémentaires à la frontière mexicaine, mais, selon la presse, ce sont 10 000 hommes qui pourraient bientôt être déployés. Nouvelle étape du durcissement de la politique migratoire américaine, après l'annonce de l'état d'urgence dans la zone et encore la suspension de l’application CBP One, qui permettait aux migrants de prendre rendez-vous pour leur demande d'asile du côté mexicain de la frontière.

    Conséquence immédiate : des milliers de personnes se retrouvent bloquées, sans autre perspective que renoncer ou se tourner vers des passeurs. Et ces trafiquants mettent en place de nouvelles techniques : Éric Samson, l'envoyé spécial de RFI à McAllen, au Texas, a constaté que ces réseaux utilisent de plus en plus souvent des enfants, qu'ils louent pour maximiser les chances de faire passer les migrants aux États-Unis. Explication d'un agent de la Patrouille Frontalière : « On ne prend pas les empreintes des migrants mineurs. On fiche les adultes détenus. Les faux parents prennent le bus vers le Nord, l'enfant loué repasse la frontière et arrive une nouvelle famille avec ce même enfant. » Aujourd'hui, le service de l'Immigration et des Douanes dispose d'un système de reconnaissance faciale qui facilite l'identification de ces enfants, que les cartels et les mafias emploient pour que les migrants détenus ne soient pas rapidement déportés. Identifier ces enfants est important, explique l'universitaire Jennifer Bryson Clarck, pour éviter qu'ils ne soient recrutés par les bandes - pour des tâches chaque fois plus dangereuses et compromettantes.

    Immigration toujours : Donald Trump peut dorénavant s'appuyer sur une loi votée ce mercredi (22 janvier 2025) par le Congrès. Elle prévoit la détention automatique des migrants en situation irrégulière qui ont été condamnés ou même juste inculpés, y compris pour des délits mineurs. L'avocate texane Karla Marisol Vargas s'en désole, d'autant plus que le texte a été soutenu par une quarantaine d'élus démocrates.

    Démanteler la politique environnementale de Joe Biden

    Autre dossier qui inquiète : la politique environnementale de Donald Trump ou plutôt l'absence totale de mesures en faveur de la planète. Le nouveau président a signé une série de décrets pour démanteler les législations environnementales de l'administration Biden. Pour autant, Francés Colón, ancienne conseillère de l'administration de Barack, explique qu'il serait très compliqué de démanteler les incitations à la transition contenues dans la loi Biden sur le climat. Car il faudrait adopter une autre loi, « et ce serait difficile à faire parce que la plupart de ces projets se déroulent dans des États républicains, dans des États plus conservateurs où des emplois sont créés ».

    Javier Milei suit Donald Trump

    Le président argentin Javier Milei est vraiment sur la même longueur d'onde que Donald Trump : il « réfléchit à quitter l'OMS et le traité sur le climat », titre Clarin, qui précise : « il s'aligne avec le Maison Blanche », mais note que déjà en juin 2024, le président argentin avait donné l'ordre de ne pas suivre le nouveau protocole sur les épidémies de l'organisation onusienne. En tous cas, le quotidien rappelle que si l'Argentine quitte l'OMS, elle ne lui versera certes plus d'argent, mais elle n'aura plus accès aux vaccins et à d'autres médicaments – dans son éditorial, Clarin parle d'une « grave erreur » : « nous espérions tous un monde plus uni avec plus de coopération face aux menaces de nouvelles pandémies ».

    Et ce n'est décidément pas le mode de fonctionnement vers lequel penche Javier Milei : El Dia rapporte que le président argentin pense aussi à abandonner le Mercosur, cette zone de libre-échange qui regroupe cinq pays d'Amérique latine, si le elle freine un traité de libre-échange avec les Etats-Unis.

    Crise en Colombie

    En Colombie, en moins d'une semaine, les affrontements entre groupes armés ont fait plus de cent morts, dont plus de 80 morts et 32 000 déplacés dans le Catatumbo, à la frontière avec le Venezuela. « La Paix totale en jachère », titre El Colombiano – la Paix totale, c'est celle qu'avait promise Gustavo Petro en arrivant au pouvoir. « Les négociations avec l'ELN ne fonctionnaient plus depuis des mois, et il était facile de prévoir depuis le début que cette guérilla ne voulait pas réellement la paix », insiste l'éditorialiste d'El Espectador. Avec en toile de fond le Venezuela, affirme-t-il, entre « le lien connu entre le gouvernement chaviste et l'ELN » et le maintien de Nicolas Maduro au pouvoir. El Colombianorenchérit : « Avec des guérillas qui se déplacent facilement entre les deux pays et des routes de trafic de drogue contrôlées par le gouvernement et l'armée au Venezuela, le mandat de Maduro rendra la paix totale plus difficile. » Et l'éditorialiste d'appeler à revoir l'ensemble du processus de paix et garantir une plus grande présence de l'État, « avant que l'on ne tue ceux qui ont respecté l'accord de paix de 2016 ».

    Gustavo Petro à Jacmel

    Malgré ces violences dans son pays, le président colombien a maintenu sa visite en Haïti ce mercredi (22 janvier 2025). Gustavo Petro a passé quelques heures à Jacmel où il a rencontré les autorités haïtiennes – entre autres le président du Conseil de transition – accompagné de plusieurs membres de son gouvernement. Des accords ont été signés, explique le correspondant de RFI en Haïti Peterson Luxama, qui rapporte que Gustavo Petro a présenté ses excuses au peuple haïtien pour l'implication de soldats colombiens dans la mort du président Jovenel Moïse.

    Frantz Duval, le rédacteur en chef du Nouvelliste, revient sur cette visite : « on a mis le paquet sur Jacmel, c'était la première fois qu'Haïti recevait un président depuis quelques années ». Il souligne aussi les propos du secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres qui, lors d'une réunion du Conseil de sécurité, a expliqué qu'il n'y avait pas d'argent pour la Mission multinationale actuellement en Haïti. Dans le même temps, il a mis en garde contre le risque de voir les gangs prendre le contrôle de toute la capitale, et évoqué la lenteur du processus de transition politique. De fait, 2025 s'annonce compliquée, explique Frantz Duval : il faut changer de Constitution, élaborer une nouvelle législation électorale, et organiser les nouvelles élections.

    Amazon déserte le Canada

    L'entreprise Amazon ferme ses sept entrepôts au Canada et licencie 1 700 employés permanents : une annonce faite hier matin, (22 janvier 2025) « sans crier gare », note Le Devoir. Le géant américain du commerce en ligne va retourner à son système d'avant 2020, confier la livraison de colis à des sous-traitants. Une décision qui, selon les syndicats, « s'inscrit dans le cadre d'une campagne antisyndicale menée par l'entreprise », rapporte The Globe and Mail, qui rappelle qu'en mai 2024, les employés de l'entrepôt de Laval avaient été les premiers d'Amazon au Canada à se syndiquer. Le Toronto Star souligne de son côté que l'an dernier (2024), le tribunal du travail de Montréal avait ordonné à Amazon de cessez d'intervenir dans les affaires syndicales d'un de ses entrepôts. Dans le Montreal Gazette, Amazon affirme que non, ces fermetures n'ont aucun lien avec la syndicalisation.

    Le journal de la Première

    On connait désormais les réquisitions à l'encontre du leader du RPRAC Rodrigue Petitot en Martinique.

  • En Colombie, le président Gustavo Petro a déclaré l'état d'urgence ce lundi (20 janvier 2025) face à la soudaine flambée de violence entre groupes armés qui a forcé 32.000 personnes à fuir.
    5.000 soldats sont mobilisés dans le Nord-Est, où se trouve le fief des guérillas marxistes, pour tenter de rétablir l'autorité de l'État.
    En six jours, les affrontements pour le contrôle de territoires, de lucratives plantations de coca et de routes du trafic de drogue ont fait plus de 100 morts dans trois régions de Colombie.

    C’est dans la région montagneuse du Catatumbo, frontalière du Venezuela, qu’il y a le plus de victimes. Les familles déplacées, notamment des militants qui avaient signé l'accord de paix de 2016 ont peu de solutions de repli.

    « C’est inhumain, la manière dont sont logées ces personnes », témoigne Marli Acosta, est une activiste qui dirige la fondation Mujer Popular Catatumbo. Elle a déjà été menacée et séquestrée par un groupe armé l’année dernière (2024), et elle aide 50 familles qui ont dû être relogées : « Elles vivent à même le sol, et c’est le cas aussi pour les enfants qui n’ont pas de couvertures. Il y a des gens malades, qui ne bénéficient pas d’aide humanitaire. Le gouvernement national et les autorités locales n’aident pas ces personnes. Ils les laissent pratiquement à l’abandon. »

    Mathilde Allain : « La plupart des groupes armés en Colombie vivent avec le trafic de drogue »

    Mathilde Allain, maîtresse de conférences en Sciences politiques à l'Institut des Hautes études de l'Amérique latine et chercheuse au Centre de recherche et de documentation sur les Amériques était l’invitée de RFI. Elle explique les dynamiques à l’intérieur des groupes armés qui s’affrontent pour contrôler les territoires liés au trafic de drogue : « La guérilla de l’ELN est l’une des plus anciennes depuis la démobilisation des FARC. Dans le Catatumbo, elle a mené une opération contre l’une des dissidences de la guérilla des FARC pour le contrôle des ressources. La plupart des groupes armés en Colombie vivent avec le trafic de drogue. C’est l’une des sources premières de financement de ces groupes armés. Depuis un certain temps, on voyait que les tensions montaient entre ces deux groupes. Les premières victimes de cette attaque sont les civils »

    Pour de nombreux Colombiens, les récents affrontements, les pires dans le pays depuis des années, rappellent la guerre civile qui a fait environ 450.000 morts en plus d'un demi-siècle.

    « Depuis la signature des accords de paix en 2016 entre le gouvernement colombien et la guérilla des FARC, il y a une fragmentation importante des groupes armés dans le pays », poursuit Mathilde Allain, « Il y a les groupes liés à des structures de guérilla, et d’autres issus d’anciens groupes paramilitaires qui sont des bandes armées criminelles qui se réunissent ponctuellement pour organiser le trafic de drogue. » « La plupart de ces armées non étatiques commettent des massacres, et cherchent à assoir leur pouvoir territorial, l’objectif premier étant de contrôler le trafic de drogue et notamment le trafic de coca qui est très important dans cette région du Catatumbo ».

    Dans ce contexte, le président colombien Gustavo Petro a décidé de suspendre les négociations de paix engagées avec l'ELN. Depuis son arrivée au pouvoir en 2022, le président colombien peine à parvenir à de véritables accords de paix avec les guérillas, les gangs et les groupes de narcotrafiquants, ce qui lui vaut d'être taxé par ses détracteurs de mollesse à l'égard des insurgés.

    Steve Bannon, ex-conseiller de Donald Trump : « Nous sommes dans une guerre de l'information »

    Aux États-Unis, le retour de Donald Trump au pouvoir ne s’est pas fait sans sa base MAGA, de son slogan Make America great again, porté par des centaines d'influenceurs, d'animateurs de podcasts qui lui sont entièrement dédiés et qui véhiculent la version mensongère de Donald Trump sur la présidentielle de 2020 perdue. Tous ces messages sont lus, vus, entendus par des dizaines de millions d'abonnés.

    Notre envoyé spécial à Washington DC, David Thomson a rencontré l'un des plus influents d’entre eux. L’ancien stratège de Donald Trump et militant d'extrême-droite Steve Bannon.

    The War Room, son podcast qui est diffusé en direct chaque jour est l’un des plus suivis par sa base. Il dure 4 heures et prend pour cible les médias traditionnels.

    « Nous sommes dans une guerre de l'information », dit Steve Bannon, « Si le War Room est aussi puissant c’est parce qu’on l’ouvre à la base. C'est une émission populaire. C'est un spectacle. C'est une émission populiste et nationaliste. C'est comme si le Front national chez vous avait une grande émission de quatre heures par jour, avec des personnes qui n'ont pas la possibilité de se faire entendre ailleurs. La raison pour laquelle l'émission est si puissante, c'est qu'elle s'adresse aux sans voix, c’est pour ça qu'elle marche aussi bien ». Le podcast a été lancé en 2019, 2 ans après le départ de Steve Bannon de la Maison Blanche. C’est durant la pandémie de Covid qu’il est devenu l’un des hommes les plus influents auprès des partisans de Donald Trump en dénonçant les restrictions sanitaires et les obligations vaccinales.

    « On a été les premiers à couvrir la pandémie », s’enorgueillit Steve Bannon, « les premiers sur le mouvement anti-vaccins, les premiers à dénoncer le vol de l’élection de 2020, les premiers aussi à demander l'arrêt de tout financement à l'Ukraine et l'arrêt de l'invasion migratoire de l'Amérique, mais aussi de l'invasion de l'Europe. En France, vous allez avoir une guerre civile dans quelques années ».

    L’actualité des Outre Mer avec la 1ère

    En Martinique, deuxième journée de procès ce mercredi (22 janvier 2025) pour le leader du « R-Prak » Rodrigue Petitot avec Benoît Ferrand.

  • La vaste offensive anti-immigration de Donald Trump a pris forme dès son discours d'investiture. Dans la soirée du 20 Janvier, il a signé depuis la Maison Blanche le décret déclarant l'état d'urgence à la frontière avec le Mexique. Donald Trump compte aussi s'attaquer au droit d'asile et au droit du sol.

    À Los Angeles, à des centaines de kilomètres de Washington, c’est l’incrédulité qui domine avec le renforcement de cette politique anti-immigration. Des opérations d’arrestations et d’expulsions massives pourraient débuter très vite.

    Dans le quartier d’Altadena, ces mêmes immigrés que Donald Trump veut renvoyer dans leur pays aident à déblayer les quartiers dévastés par les incendies qui ont fait 27 morts.« C’est un message que nous voulons envoyer, le jour même de l’investiture », explique Nadia Marin-Molina de l’organisation de défense des droits des travailleurs immigrés, NDLON, rencontré par notre envoyé spécial Achim Lippold. « Alors que les immigrants sont stigmatisés par le nouveau gouvernement, ici, des travailleurs immigrés se mobilisent pour aider leur quartier », poursuit-elle. Certains ont tout perdu : leur maison, leur travail et à présent ils risquent l’expulsion.

    José, un migrant venu du Guatemala il y a 18 ans est en situation irrégulière et il est inquiet : « J’ai perdu mon emploi parce que je travaillais pour une famille de Pacific Palisades qui a perdu sa maison. Je m’occupais de leur jardin. Alors, comme je n’ai plus rien à faire, je viens ici depuis plusieurs jours pour aider à nettoyer. J’essaie de redonner un peu à ce pays qui m’a tant donné. »

    Chaque matin, des centaines de bénévoles affluent pour donner un coup de main dans ce quartier particulièrement touché par les feux. Beaucoup sont dans des situations extrêmement précaires : ils n’ont pas accès à l’aide fédérale. Certains évitent même les centres d’aide publiques, par peur des contrôles de la police fédérale de l’immigration qu’ils appellent « la Migra », en espagnol.

    L’inquiétude sur ce qui va se passer dans les prochains jours est bien réelle, explique José : « Tous mes amis, ceux qui n’ont pas de papiers, disent : mais comment je vais faire ? J’ai une voiture, j’ai un crédit… Ça fait des années que je suis ici, comment je vais faire s’ils me renvoient dans mon pays alors que j’ai des enfants ici ? »

    À la frontière mexicaine, des milliers de migrants bloqués dans l’attente d’un rendez-vous

    Premier effet concret de la vaste offensive anti-immigration de Donald Trump : la plateforme de demandes d'asile lancée par l'administration Biden Customs and Border Protection (CBP One) a cessé de fonctionner dès lundi. «Les rendez-vous existants ont été annulés», a indiqué le service sur son site internet.

    Au Mexique, des milliers de migrants principalement d’origine d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale sont déconcertés. Dans la ville frontalière de Ciudad Juarez, Carly Fernandez, rencontré par notre correspondante Gwendolina Duval vient de recevoir un courriel d’annulation de son rendez-vous prévu en février. « On a tant lutté pour arriver là », témoigne-t-elle, « Ma soeur veut rentrer, elle fatigue de tout ce qu’on a enduré pour arriver ici… pour rien… »

    Au Paso de Norte, lui des points d’entrée pour aller à pied aux États-Unis, Yaledi a eu l’espoir d’être parmi les dernières à bénéficier du programme CBP One comme une centaine d’autres personnes qui attendaient depuis tôt le matin. Mais elle vient d’apprendre qu’elle ne pourra plus déposer une demande d’asile aux États-Unis, malgré son rendez-vous programmé l’après-midi même. « Je trouve que c'est injuste », dit-elle, « ce matin encore des personnes encore sont entrées. Pourquoi on ne nous donne pas cette chance ? Pourquoi ? ».

    Haïti : la fin du programme Humanitarian Parole « un jour triste pour des milliers d’Haïtiens »

    Donald Trump a également mis fin au programme « Humanitarian Parole » spécifiquement conçu pour les migrants en provenance d'Haïti, de Cuba, du Nicaragua et du Venezuela.

    Pour Gotson Pierre, directeur de l’agence Alterpresse, « c’est un jour triste pour des milliers d’Haïtiens qui comptaient sur ce programme appelé aussi « programme Biden » comme moyen pour fuir le pays ». « C’était une voie pour trouver refuge aux États-Unis et tenter de se créer un autre avenir », poursuit-il, « c’est un coup dur pour eux et c’est également l’incertitude pour d’autres qui bénéficiaient du programme temporaire : ils ne savent pas ce que sera leur sort, alors que le président américain brandit la menace de centaines de milliers d’expulsions »

    Pour Frantz Duval, qui signe un éditorial dans le Nouvelliste intitulé Trump, Haïti et les Haïtiens, Donald Trump « avait fait des Haïtiens installés à Springfield dans l’Ohio les emblèmes de l’immigration délétère » et le président américain avait à plusieurs reprises insulté ceux qui « habitent un sale trou (pour employer un euphémisme) et sont porteurs du Sida ». « Si l’on ignore si Donald Trump va se pencher sur les affaires haïtiennes autrement que via son programme restrictif sur l’immigration », poursuit l'éditorialiste, « il a déjà annoncé la couleur : le programme humanitarian Parole » qui bénéficie à de nombreux Haïtiens, « a pris fin ce jour même quelques heures après sa prestation de serment ». « Le président Trump peut nous enfoncer, nous laisser cuire dans notre jus ou nous ignorer. Dans tous les cas, nous avons des devoirs à faire. », conclut le Nouvelliste.

    Certains décrets anti-immigration de Trump « compliqués voire impossibles à mettre en œuvre »

    État d'urgence à la frontière avec le Mexique et «millions» d'expulsions promises, retrait de l'accord de Paris sur le climat, grâces pour des centaines d'assaillants du Capitole... L’avalanche de décrets signés par Donald Trump pour son retour au pouvoir compte quelques mesures spectaculaires qui risquent néanmoins d'être difficiles à mettre en œuvre. Elles promettent aussi de vives contestations devant les tribunaux. Certaines semblent même violer la constitution américaine.

    «Si le message est très clair», dit le NY Times, certains de ces décrets anti-immigration feront face à « de gros défis d'un point de vue légal et pourraient être compliqués voire impossible à appliquer ». Pour exemple, l'état d'urgence décrété à la frontière mexicaine et le rôle de l'armée qui pourrait être sollicité pour autre chose qu'un simple maintien de l'ordre. Le décret indique que l’armée aidera à « refermer les frontières et maintenir la souveraineté, l'intégrité du territoire et la sécurité des États-Unis en repoussant les différentes formes d'invasion ».

    « Cette directive pourrait entrer en opposition avec une loi datant de 1870 appelée le Posse Comitatus Act qui limite l'usage des troupes fédérales à des fins de maintien de l'ordre à l'intérieur des États-Unis », explique le NY Times qui fait aussi allusion à la volonté de Donald Trump de mettre fin au droit du sol, qui viendrait contredire le « 14ième amendement vieux de 157 ans, et d'ailleurs, dans les heures qui ont suivi cette annonce », explique le quotidien américain, « l'union américaine des libertés civiles a déjà annoncé sa volonté d'intenter un procès. »

    Colombie : l’état d’urgence décrété pour 90 jours

    La Colombie fait face à une vague de violences, des affrontements entre guérillas qui ont déjà fait plus d'une centaine de morts et 20 000 déplacés. Le président Gustavo Petro a déclaré l'état d'urgence, un décret qui sera effectif pour 90 jours avec possibilité de prolongation jusqu’à 270 jours, précise El espectador dans son édition du jour, mais le président colombien aura besoin de l’aval du Parlement s’il veut prolonger.

    Pour Semana qui cite des sources gouvernementales, l’état d’urgence ne s’appliquera pas à tout le territoire mais « dans les municipalités les plus touchées du nord de Santander en raison des affrontements entre l’ELN et les dissidents des FARC. »

    « C’est un caprice pour gouverner par décret », fustige l’opposition dans El espectador. La sénatrice María Fernanda Cabal du Centre Démocratique estime que « la situation dans la région du Catatumbo autour du contrôle de la production de cocaïne a été créée par le président lui-même. »

  • Donald Trump prend officiellement ce lundi (20 janvier 2025) les rênes des États-Unis. Retour à la Maison Blanche, après quatre années dans l’opposition, pour le Républicain, plus puissant aujourd’hui que lors de son premier mandat.

    L’envoyé spécial de RFI à Washington, Vincent Souriau, revient sur l’ambiance à Washington, quelques heures avant la prestation de serment du président et de son vice-président, JD Vance : la ville est remplie de partisans de Donald Trump, des familles montées à Washington pour l’investiture. Mais la cérémonie ne se passera pas en plein air à cause du froid – des températures atteignant les -20° sont attendues dans la journée. Seules 600 personnes seront présentes dans la rotonde du Capitole, et 20 000 suivront l’évènement dans une salle de spectacle, sur des écrans.

    Dans les rues, les forces de sécurité sont très présentes – armée, voitures de police, contrôles. La police craint un « loup solitaire », après une campagne pendant laquelle Donald Trump a failli être assassiné. Mais explique Vincent Souriau, « cela se fait avec beaucoup de civilité, et on ne ressent pas de tension dans les rues de Washington ».

    Fanny Lauby, professeure associée en Science politique à l'Université d'État de Montclair, dans le New Jersey, note que beaucoup plus d’invités que d’habitude viennent du secteur privé – notamment des dirigeants des entreprises de la tech. Ont également été invités des représentants de pays étrangers, notamment de ceux que Donald Trump considère comme amis – Italie, Hongrie... Pour Haïti, la presse du pays note que c’est le chargé d’affaires de l’ambassade d’Haïti à Washington qui sera présent.

    L’investiture vue par la presse du continent américain

    «Hashtag Ere Trump : retour au pouvoir», titre aux États-Unis El Diario, le quotidien en espagnol, qui a rencontré « les latinos de New York, entre peur et espérance avant le nouveau gouvernement Trump ». Espérance, parce que selon un Colombien rencontré par le journal, « les démocrates n’ont rien fait pour les migrants ou les travailleurs ». Peur parce que, comme l’écrit au Brésil O Globo, Trump met entre autres l’accent sur les expulsions et le protectionnisme. Le Brésil cherche d’ailleurs des alliés pour résister aux assauts du nouveau gouvernement. De fait, titre au Mexique La Razon, « C’est le début de temps difficiles pour le Mexique et le reste du monde ». Tout le contraire des États-Unis, affirme le conservateur Washington Times, qui parle d’un « renouveau patriotique » et se félicite de la fin de la « catastrophe Biden ». Certains essaient de limiter les dégâts : « avec les rapports commerciaux dans la balance, les chefs d’entreprise du Canada se bousculent à Washington pour l’investiture », note le Toronto Star. Le fait est que cette fois, écrit le New York Times, « Trump rencontre de la déférence, et non de la défiance ». Ce qui n’empêche pas l’éditorialiste de La Prensa, au Panama dont Donald Trump menace de reprendre le contrôle du canal, de parler d’un « retour triomphale du maccarthysme aux États-Unis ».

    L’immigration, priorité affichée

    Samedi dernier encore (18 janvier 2025), Donald Trump affirmait que la gigantesque opération d’expulsion de migrants dont il parle depuis sa campagne présidentielle commencerait très vite. C’est Chicago, grande ville démocrate qui serait visée en premier, explique Fanny Lauby. Par contre, on ne se sait pas si ce sont des criminels qui vont être expulsés, ou si l’administration va multiplier les raids sur les lieux de travail par exemple. En tous cas, le Sénat doit donner à Donald Trump sa première victoire sur le dossier de l’immigration lundi après-midi, en votant une loi qui permettrait l’expulsion des immigrés qui ont été accusés de crimes mineurs, sans avoir pour autant été jugés coupables.

    À la frontière, Donald Trump cherche à mettre en place un état d’urgence, explique l’enseignante : il peut le déclarer en invoquant une crise à la frontière, ce qui lui permettrait de débloquer certains fonds et de déployer l’armée. Autre possibilité : mettre en place un état d’urgence médicale, qui lui avait permis à l’époque de la pandémie de fermer la frontière. Mais, remarque Fanny Lauby, il n’y a pas d’urgence médicale en ce moment, et les arrestations à la frontière sont en baisse.

    Le coût des expulsions

    L’envoyé spécial de RFI au Texas, Achim Lippold, a rencontré Joaquin Garcia, directeur de l’ONG Lupe, qui explique qu’une déportation massive serait très grave pour la région : « Beaucoup de familles qui vivent dans la vallée du Rio Grande comptent au moins un membre en situation irrégulière. Et souvent, ce sont les deux parents qui n’ont pas de papiers. » Et pour Fanny Lauby, on peut s’attendre à voir de nouveau des familles séparées, comme lors du premier mandat de Donald Trump, « pour décourager les familles de venir. Et bien qu’il y a eu pendant des années des enfants ‘perdus’, que l’on n’a pas réussi à remettre dans leurs familles, ça n’a posé aucun problème aux républicains à l’époque ». L’enseignante estime que les conséquences seraient économiquement désastreuses pour de nombreux secteurs : agriculture, construction, services à la personne (garderies par exemple). Et beaucoup de ces promesses vont coûter très cher, alors que pendant la campagne Donald Trump a prévu des baisses d’impôts supplémentaires. D’où, explique Fanny Lauby, cette volonté du président de déclarer l’état d’urgence, « qui lui permettrait de débloquer des fonds alloués au budget militaire, et d’utiliser ces fonds pour ne pas avoir à passer par la case Congrès pour obtenir des fonds pour financer ses expulsions ».

  • Cent vingt-sept prisonniers ont été remis en liberté à Cuba, dont le dissident José Daniel Ferrer, dans le cadre de l'accord négocié avec l'église catholique après le retrait de l'île de la liste noire américaine des pays soutenant le terrorisme. L'opposant historique âgé de 54 ans a été libéré jeudi matin (16 janvier 2025) de la prison de Mar Verde, à Santiago de Cuba.

    Dans une interview à RFI, José Daniel Ferrer dit son soulagement mais estime que sa libération n'en est pas vraiment une. « Je suis en liberté conditionnelle et je ne l’accepte pas pour une raison très simple : je n’ai commis aucun des délits qu’ils ont inventés. »

    L’opposant cubain a été emprisonné le 11 juillet 2021, date à laquelle il avait tenté de se joindre aux manifestations antigouvernementales qui secouaient le pays, les plus importantes depuis l'avènement de la révolution castriste en 1959.

    Un mois plus tard, un tribunal avait révoqué sa liberté conditionnelle et l'avait renvoyé derrière les barreaux pour terminer de purger une peine de quatre ans et demi de prison à laquelle il avait été condamné en 2020, accusé d'avoir frappé un homme, ce qu'il nie.

    «Ils m’ont dit que j'allais sortir de prison quoi qu'il arrive, et que si je ne me conformais pas aux termes de ma libération, que si je ne m'appliquais pas à mener une vie qui rentre dans les normes de la légalité socialiste, ils allaient de nouveau m’enfermer » confie-t-il, « je dois obéir une série de règles, comme me rendre tous les mois dans un tribunal pour déposer ma signature - ce que je ne ferai jamais, ou me présenter au tribunal pour qu’ils me confient tout travail qu’ils jugent approprié. Je refuse de travailler pour l’Etat pour une raison simple : mon temps, mon espace, je veux uniquement les consacrer à la lutte non-violente pour la démocratisation de mon pays. »

    Le régime cubain s'est engagé à relâcher 553 prisonniers.

    À Los Angeles, le retour difficile des habitants dans leurs quartiers dévastés par les flammes

    À Los Angeles, les incendies commencent peu à peu à être maîtrisés. Mais pour les sinistrés, la reprise d’une vie normale est un véritable défi. Notre envoyé spécial à Los Angeles a rencontré les habitants du quartier d’Altadena, qui a perdu un tiers de ses habitations, ravagées par le Eaton Fire. Le quartier est situé sur les hauteurs de la ville. Contrairement à Pacific Palisades, Altadena est un quartier modeste, avec une forte population d’immigrants, pour la plupart locataires. « Quand les incendies ont débuté dans les montagnes, je n’aurai jamais pensé qu’ils descendraient aussi vite », témoigne Selma, une habitante d’Altadena, « Nous avons tout perdu, mon quartier ressemble à un endroit où une bombe aurait explosé. C’est une tragédie ! Des gens sont morts et on ne sait même pas encore combien. Mon appartement c’était mon premier chez moi depuis 10 ans après mon divorce… et mon assurance habitation a annulé mon contrat, il y a un an et demi.». Comme beaucoup d’habitants, Selma a trouvé refuge dans des centres d’hébergement provisoire. Le sien est tenu par la Croix Rouge et accueille actuellement plus de 400 personnes. « Altadena, c’est une communauté très vulnérable », explique Diana Ramirez, la chargée de communication du centre d’accueil, « Il y a des Latinos, des Afro-Américains, des Asiatiques, des personnes âgées... beaucoup ont besoin de soins médicaux. Ici tout le monde est le bienvenu, quels que soient sa nationalité ou son statut, légal ou non. Car toutes les personnes qui sont ici, n’ont aucun autre endroit où aller. »

    Venezuela : la question migratoire au cœur de la relation avec Donald Trump

    L’invité de ce vendredi est Thomas Posado, maître de conférences en Civilisation latino-américaine contemporaine à l'Université de Rouen Normandie. Il répond à RFI sur la situation au Venezuela après l’investiture contestée du président Nicolas Maduro et à quelques jours de l’investiture de Donald Trump aux États-Unis.

    RFI : Pensez-vous que l'administration Trump puisse appuyer Edmundo Gonzalez Urrutia, le candidat de l'opposition qui revendique la victoire à l'élection présidentielle vénézuélienne, de la même manière qu'elle l'avait fait avec Juan Guaido qui s’était auto-proclamé « président intérimaire » après la réélection contestée de Nicolas Maduro en 2018 ?

    Thomas Posado : Le cas du président Guaido a été un échec reconnu par l'ensemble des chancelleries occidentales, y compris par l'opposition vénézuélienne elle-même. Ce qu'on pressent, d'après les premières déclarations de Donald Trump, c’est la mise en avant de la question migratoire pour menacer de sanctions et pour faire un chantage concernant la déportation massive de migrants vénézuéliens présents sur le sol étatsunien. Il y aurait en échange le maintien de l'allègement des sanctions qu’a établi Joe Biden mais on reste pour l'instant sur des suppositions. Il faut dire que les Vénézuéliens sont devenus la première nationalité aux frontières des États-Unis et sachant le poids de de la question migratoire dans l'agenda de Donald Trump, il est possible qu'il s’en serve pour faire un chantage comme il va le faire à l'égard du Mexique et de l’Amérique centrale.

    RFI : La crise qui touche le Venezuela à cause notamment des sanctions américaines, a poussé ces dernières années près de 8 000 000 de personnes à fuir. C'est 1/4 de la population vénézuélienne et nombre d’entre eux sont installés aux États Unis. Aujourd’hui, Caracas refuse d’accueillir les migrants qui sont expulsés par l’administration américaine. Est-ce que cette position des autorités pourrait changer ?

    Thomas Posado : Les premières déclarations de Donald Trump laissent présager un chantage autour des migrants mais rien n’est sûr. Cela pourrait laisser entendre un règlement Trump/Maduro aux dépens des migrants vénézuéliens. Mais est-ce que Nicolas Maduro acceptera cela ? Au prix d'un bras de fer ? Au prix de négociations sans doute assez tendues ? La question est posée. C'est aussi possible que Donald Trump veuille maintenir la politique très offensive qu'il avait pendant son premier mandat et qu’il maintienne des sanctions quelle que soit l'issue des négociations sur la question migratoire.

    RFI : Donald Trump semble poussé par un certain nombre de chefs d'entreprise dont le mot d'ordre avait été repris, il y a quelques semaines, par le Wall Street Journal : « Plus de pétrole, moins de migrants » ?

    Thomas Posado : C’est en effet plutôt la tendance qui semble advenir. Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, des négociations ont été mises en œuvre par l'administration Biden avec le gouvernement de Nicolas Maduro. Et désormais, le Venezuela exporte entre 200 000 et 300 000 barils de pétrole chaque jour aux États-Unis. Est-ce que ce commerce va se poursuivre ? C'est tout l'enjeu mais les États-Unis ne sont pas dépendants du pétrole vénézuélien même si cela a permis de peser à la baisse sur le prix du baril dont on sait qu'il a des conséquences sur l'économie américaine.

    RFI : Le président Nicolas Maduro a parlé de nouveau départ avec Donald Trump, est-ce que des contacts ont déjà été pris entre les deux présidences ?

    Thomas Posado : Je pense qu'il y a un effet un peu performatif dans les paroles de Nicolas Maduro. Dès l'élection de Donald Trump, il a essayé de le saluer et il essaie de d'amadouer Donald Trump, comme le font beaucoup de chefs d'État, avec un succès relativement limité à l'heure actuelle. Tout ce qu'on peut pressentir aujourd'hui, c'est que les personnes nominées dans l’administration Trump sont des personnes extrêmement hostiles au gouvernement de Nicolas Maduro et ils sont plutôt partisans de la ligne dure. Mais on sait que le fonctionnement de Donald Trump est assez imprévisible et qu’il peut prendre le contre-pied de toutes les personnes qu'il a nommées dans son administration pour décider lui-même d'une politique plus conciliante. C'est possible. Et d'autant plus qu'il n'a pas besoin de l'électorat anti-Maduro de Floride pour une possible réélection puisqu'il ne peut plus être réélu.

    RFI : Est-ce que cela peut s’inscrire dans une politique internationale plus large, avec notamment comme objectif de ne pas laisser le champ libre à la Chine et à la Russie, qui sont des soutiens de Nicolas Maduro ? Est-ce que les dernières années d'absence américaine ont profité à Moscou et à Pékin ?

    Thomas Posado : Jusqu’en 2018, avant les sanctions américaines les plus dures à l'encontre du Venezuela. Les États-Unis étaient le premier fournisseur, le premier client du Venezuela. Ces sanctions ont brutalement offert le Venezuela à la Chine et à la Russie. La Chine est désormais le premier client du pétrole vénézuélien. Si Donald Trump considère que sa priorité est l'affrontement avec la Russie et la Chine, il pourrait reconsidérer sa position. Donald Trump ne pourra sans doute pas maintenir des pressions aussi maximales à l'égard d'autant de pays qu'il a pu menacer avant son investiture.

    Mexique : la menace des taxes douanières

    Le Mexique se prépare également au retour de Donald Trump. Les relations entre les deux pays sont telles que leurs dirigeants n'ont pas vraiment d'autre choix que de s'entendre et de collaborer sur certains dossiers. Cela n'a pas empêché le président élu américain de menacer le Mexique comme le Canada de droits de douanes considérables : 25%, du jamais vu.

    Si 25% de frais de douanes étaient instaurés, cela aurait un impact énorme sur les industries automobiles et électroniques au Mexique, sans parler des fruits et des produits alimentaires, rapporte Gwendolina Duval, correspondante à Mexico de RFI.Mais Marcelo Ebrard, le ministre mexicain de l’Économie, se veut rassurant et met en avant l’interdépendance de chacun, premier partenaire commercial de l’autre : « On va avoir besoin l’un de l’autre et nous allons travailler ensemble. On a déjà vécu des situations avec des frais de douanes, des révisions de l’accord de libre-échange… On est liés comme dans un mariage. »

    Le départ d’un géant du cinéma

    David Lynch, réalisateur de la série «Twin Peaks», mais aussi de films aussi célèbres qu'étranges et nébuleux comme «Mulholland Drive», «Blue Velvet», «Elephant Man» ou «Dune». Il avait remporté la Palme d'or à Cannes en 1990 pour le film «Sailor et Lula».

    « Il était si visionnaire, si audacieux », écrit le magazine Variety

    « Qu'il était devenu difficile d'imaginer le monde sans lui. »

    Le journal vante « l'avant-gardisme de son cerveau que David Lynch avait laissé s'épanouir dans une esthétique ayant retourné les tripes d'Hollywood. »

    « À l'inverse de ses films », ajoute le Los Angeles Times,

    « Le charme désarmant de David Lynch est une œuvre d'art à part entière. »