Avsnitt
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Parfois surgissent des hommes qui, bombant le torse et bandant bras et membres, éructent, dans un rire gras : "Drill, Baby, drill !". Et la grande tournante repart alors dans le halètement des camions qui, dans les découvertes, vont et viennent dans les vulves de la terre, leurs bennes chargées d'or et de diamants.
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Homo sapiens serait cette créature qui croit librement inventer des technologies sophistiquées par amour de la science mais il ne ferait en réalité que mettre en œuvre un programme génétique : inventer tout ce qu'il faut pour que l'espèce puisse se multiplier et se répandre partout.
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Saknas det avsnitt?
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Il me semble que la seule chose qui croisse vraiment, au bout du compte, c'est l'humanité, je veux dire le nombre de femmes et d'hommes peuplant cette planète. Le reste, et notamment le progrès matériel et technologique, qui est réel et tangible, ne sert en fait qu'à cela : rendre possible la croissance de la population
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Notre extraordinaire capacité à trouver du plaisir partout, à nous enivrer de tout, à nous passionner pour tout, est également porteuse d'inconséquence, de désinvolture, de frivolité, de futilité.
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La multiplication des sites, applications, logiciels, outils créés pour faciliter la vie à pour contrepartie immédiate la multiplication des contraintes (mises à jour, mises en cohérence, gestion des identifiants et des mots de passe, réplication) imposées à celles et ceux qui les gèrent et à celles et ceux qui les utilisent, c'est-à-dire tout le monde.
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L'existence du désir n'est socialement légitime que dans le regard, la bouche et la pensée de celles et ceux qui sont eux-mêmes désirables. Pour les autres, il devient une obscénité, une chose contre nature : on ne peut être légitimement sujet de désir qu'à condition d'être objet de désir, à tout le moins de pouvoir l'être.
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On a tellement de mal à avouer, et même parfois à reconnaître sa faiblesse, son désir, son besoin des autres, sa dépendance. Et on est surtout tellement instruit par la vie, l'expérience et la petite connaissance qu'on acquiert peu à peu de nous-mêmes ; tellement convaincu de la vérité, de la véracité, plutôt, du terrible aphorisme qui dit : "Tu me fuis, je te suis ; tu me suis, je te fuis."
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Je crois que des êtres qui choisissent volontairement de s’affubler d’un tel accessoire ; de cette chose douce, mignonne mais évidemment ridicule, ne peuvent être totalement méchants.
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On ne peut pas tous, quand le navire coule, aller à Joshua Tree Park apprendre le yoga. Il faut parfois se défaire des habits de la pure Antigone, revêtir ceux du méchant Créon, et accepter de faire mal pour faire quelque chose.
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Est-ce pour cela que ce "humhum", dont nul ne sait d'ailleurs très bien comment il se prononce et s'écrit ; est-ce pour cela que ce "humhum" reste innommé ?
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Je ne connais pas toutes les villes mais de celles que je connais, Londres est la quintessence, comme on dit dans La vie rêvée de Walter Mitty. Non pas la plus belle (encore que), non pas la plus grande (même si), pas forcément la plus dépaysante et encore moins la plus agréable mais de loin la plus urbaine, la plus profondément, la plus radicalement, la plus intrinsèquement urbaine.
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C'est étrange, c'est paradoxal, c'est irrationnel mais c'est ainsi : nous autres, êtres humains, avons envie et sans doute même besoin de respirer, de sortir de ce que nous connaissons, même quand nous l'aimons, de voir ailleurs. Nous sommes cet animal qui migre.
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La grande force (et la grande faiblesse) des IA génératives est en effet de partager avec nous (nous : êtres humains plutôt blancs et masculins vivant au XXIeme siècle dans les pays riches du nord et de l'Occident) une immense épaisseur de connaissances, de références culturelles, de préjugés, de biais, de fantasmes, d'idées toutes faites, de lieux communs : tout un ensemble idéologique (cela soit dit sans aucun jugement) que nous avons en commun avec elles, et qui leur permet de comprendre en très peu de mots ce que nous voulons qu'elles représentent.
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Bordélique : magnifiquement et malicieusement bordélique et insaisissable, méditerranéenne et anarchique, presque grecque et athénienne ; telle est Marseille, cité selon mon coeur.
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Que Copilot ne sache pas faire de schéma, je le conçois ; ce qui stupéfie, c'est qu'il en fasse quand même ; et ce qui est prodigieusement intéressant, c'est que son approche des schémas étant purement graphique, le souci sémantique est en totalement absent. L'objectif de l'IA n'est pas ici de produire un schéma qui ait du sens, c'est de produire un schéma qui ressemble à un schéma ; et c'est pourquoi les mots, les cases, les flux sont totalement interchangeables : ils ne représentent rien. Ou pour dire les choses autrement, les deux hémisphères du réseau neuronal qui coopèrent chez les humains sont ici déconnectés l'un de l'autre ; et de cette déconnexion naissent des monstres.
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Voici plusieurs semaines, plusieurs mois peut-être, que circule sur les réseaux sociaux, à l'appui d'une citation sur le mensonge elle-même sujette à caution, une photo fausse d'Hannah Arendt. Au lieu du visage nerveux, alerte, un peu inquiet de la philosophe, on a le portrait d'une jeune femme élégante ; élégante, paisible et souriante, très propre sur elle avec son tailleur et son collier de perles : la fiancée ou la bru idéale.
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L'IA n'a pas d'accès à la réalité et ne dispose donc d'aucun moyen de vérifier par elle-même la véracité de ses prédictions ou créations, qui ne sont, vues d'elle, que des productions probabilistes, des vraisemblances, le niveau de vraisemblance étant fonction du degré de corrélation existant entre les données. Et l'IA ne connaît que cela : non pas la vérité mais la vraisemblance.
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Nous errons, troupeau divagant à travers les places et les boulevards, les cafés et les brasseries, les théâtres, les salles de spectacle, cherchant la lumière et le bruit mais comme nous le ferions de phares : non pour en être constamment illuminés, pour substituer le jour à la nuit, mais pour, restant dans l'ombre, dans cette obscurité un peu canaille que nous aimons aussi, en être parfois brièvement éclairés, éclairés et rassurés.
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Ligne douce
Bordée de la splendeur des cils,
Ligne douce que brode
L'entrecroisement des cils. -
C'est comme si l'intelligence artificielle était douée, voire très douée, en matière de créativité locale, d'instruction approfondie d'une consigne ou d'un jeu de consignes donné, mais très démunie dès lors qu'il s'agit d'élargir le champ, de voir plus loin et plus divers, d'ajouter des dimensions et de l'épaisseur, du lien, de l'inédit.
- Visa fler