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  • Deux jours après sa vive altercation avec Donald Trump à la Maison Blanche, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est rendu, dimanche 2 mars, à Londres pour y rencontrer ses alliés européens. Les dirigeants britannique, allemand, français, polonais, italien veulent faire front commun pour soutenir l’Ukraine, face à un président américain qui adopte de plus en plus ouvertement le langage du Kremlin. À tel point que commence à être évoqué un rapprochement économique entre Washington et Moscou.

    Volodymyr Zelensky était venu à Washington pour signer avec Donald Trump un accord sur l’exploitation des minéraux ukrainiens. Après la brutale séance d’humiliation publique que lui ont infligé le président et le vice-président américain, il est parti sans céder à cette exigence de Trump. Mais le président américain était-il seulement encore intéressé par le deal ? « J’aimerais également pouvoir acheter des minéraux sur le sol russe »déclarait-il à la veille de recevoir son homologue ukrainien. « Ils ont d’excellentes terres rares, et aussi du pétrole, du gaz... Ce serait bien pour la Russie qu’on trouve un accord, ils ont des gisements de grande valeur qui sont inexploités, donc oui ça pourrait bien finir par arriver ». Soucieuse de ne pas voir les liens entre Kiev et Washington se renforcer, Moscou a fait une contre-proposition aux Américains, faisant passer le message que la Russie disposait de réserves beaucoup plus importantes que l'Ukraine en terres rares, sans préciser que ces réserves incluaient les gisements situés dans les territoires ukrainiens conquis depuis février 2022 et illégalement occupés par l'armée russe.

    Trump et le rapprochement avec Moscou

    Donald Trump n'y a visiblement pas été insensible. La semaine dernière, alors qu'il s'apprêtait à recevoir le président français Emmanuel Macron, il évoquait sur son réseau social « des discussions très sérieuses avec Vladimir Poutine » concernant « des accords de développements économiques majeurs ». C’est l’un des facteurs qui explique peut-être ce spectaculaire retournement d’alliances, ce basculement de l’ordre mondial auquel on est en train d’assister. Pour l'heure, ce rapprochement peine à se traduire concrètement. Bloomberg évoque de premières discussions sur l'établissement de routes commerciales en mer arctique, une manière de prendre la température de l'eau et de tester les limites du dégel des relations entre les deux puissances.

    Les entreprises occidentales face à l’incertitude russe

    La situation est regardée de très près par les grandes entreprises occidentales. Beaucoup ont été forcés de quitter la Russie depuis l'invasion russe à grande échelle de l'Ukraine. C’est le cas de deux tiers des entreprises américaines. Un retour en masse n’est pas à l’ordre du jour, en tout cas pas tant que les sanctions n’auront pas été levées. C’est dans l’intérêt des Russes dont l’économie souffre plus que ne veulent bien le reconnaître les autorités. Donald Trump lui est obsédé par la Chine, pour enfoncer un coin dans l'alliance entre Moscou et Pékin il est visiblement prêt à sacrifier l'Ukraine.

    La presse américaine fait état de premiers contacts établis entre le Kremlin et les états-majors de plusieurs multinationales. Les entreprises occidentales sont hésitantes. Elles n’ont pas oublié les conditions dans lesquelles elles ont dû partir, forcées de brader leurs actifs à des entrepreneurs proches du Kremlin quand l’État russe ne les a pas tout simplement saisi. Les pertes cumulées des entreprises américaines en Russie dépassent 45 milliards de dollars d’après le Financial Times.

    Certaines sont tout de même tentées, y voyant un marché à reconquérir. Au moment de partir, certaines entreprises ont fait inscrire une clause de rachat dans les contrats de vente, qui doivent en théorie leur permettre de récupérer leurs actifs russes à bon prix. Or bon nombre de ces clauses vont arriver à expiration dans les prochains mois. En cas de cessez-le-feu durable, la question pourrait aussi se poser pour les entreprises européennes. Le contexte est favorable à celles qui sont restées malgré la guerre. La banque autrichienne Raiffeisen par exemple, pointée du doigt ces trois dernières années pour son refus ostensible de quitter le pays. Depuis la victoire de Donald Trump à la présidentielle son action a pris plus de 40 %.

  • L'intelligence artificielle a de nombreux effets sur les marchés boursiers mondiaux. Depuis plusieurs mois, ce sont les valeurs en lien avec l’IA qui font la pluie et le beau temps de ces marchés. Dernière illustration en date : la Bourse de Hong Kong qui a atteint son plus haut niveau depuis 2022, en raison précisément des titres de la tech. Décryptage.

    Promis, on va essayer de comprendre ce qui se joue en restant les plus concrets possible. Prenons l’exemple de la Bourse de Hong Kong dont la valeur a augmenté de 20% depuis le début de l’année. Une hausse en seulement deux mois poussée par une envolée des valeurs technologiques car ce sont elles qui tirent pour le moment l’indice de référence hong-kongais. Cela prouve que les marchés sont très sensibles à tout ce qui touche à l'IA. L'une des explications de cette augmentation notamment c'est que le gouvernement a annoncé investir dans le développement d'un pôle d'intelligence artificielle !

    DeepSeek et Alibaba en grâce

    Il faut aussi préciser que les titres entretiennent cette tendance, comme par exemple DeepSeek. Le robot conversationnel chinois a bousculé le milieu il y a un peu plus d'un mois et rencontre un grand succès et témoigne d'une autonomie technologique de la Chine. Cela plait aux investisseurs. Et puis on peut aussi noter le retour en force d'Alibaba. Le groupe de e-commerce chinois continue sa remontada boursière depuis la semaine dernière. La raison est simple, c'est la réapparition de son patron Jack Ma qui en a profité pour présenter un plan d'investissement dans l'intelligence artificielle. C'est un peu le serpent qui se mord la queue. L’IA intéresse les entreprises et surtout, elle joue aussi un rôle essentiel à la dynamique du moment.

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    Une crainte toujours vive

    Pourtant, les titres liés à l'intelligence artificielle ne sont pas toujours en hausse. Par exemple, Nvidia, le fabricant de puces électroniques et de semi-conducteurs indispensables à l'intelligence artificielle s'est fait peur le mois dernier en perdant 600 milliards de dollars de valeur boursière à New York en une seule journée, avant de reprendre des couleurs. La raison, c'est la présentation de DeepSeek qu'on évoquait à l'instant. Avant la présentation des chiffres de Nvidia cette semaine, sa valeur a encore chuté car ils craignaient que l'entreprise soit en difficulté. Ses investisseurs ont donc été rassurés, cela parce que le chiffre d'affaires du groupe a augmenté de 78% par rapport à 2023, preuve de l'intérêt pour le secteur. L'activité de Nvidia continue donc d'être stimulée par les investissements constants des plus grandes entreprises technologiques dans les centres de données.

    De fait, toutes les Bourses dépendant notamment des valeurs liées de près ou de loin à l'intelligence artificielle, l'enjeu est de savoir si c'est un effet de court terme ou bien une tendance de fond qui pourrait dicter la vie boursière et financière des prochaines années !

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  • Le président américain a une nouvelle idée, il compte mettre en place un visa un peu spécial, un « visa d’or ». Objectif de cette manœuvre, remplacer le visa qui permet aux investisseurs étrangers d'obtenir une carte verte, à savoir un permis de séjour légal aux États-Unis. Et tout cela moyennant finance. Décryptage.

    Comptez cinq millions de dollars pour obtenir la fameuse carte verte américaine qui permet de résider aux États-Unis. La carte permet aux citoyens non américains de s'installer et de travailler légalement dans le pays sans avoir besoin de visa. Aujourd'hui, pour l'obtenir, on peut investir dans des entreprises américaines, ce qui déclenche le processus d'attribution. Le locataire de la Maison Blanche souhaite tout simplement la monnayer.

    Le président américain et son administration considèrent que cette règle fait l'objet de nombreuses fraudes. Aujourd’hui, en investissant au moins 800 000 dollars, il est possible d'avoir la possibilité de résider aux États-Unis. Mais problème selon le ministre américain du Commerce, ce dispositif est sujet à trop de fraudes, et représente un moyen d'obtenir la carte verte à un bas coût. Résultat, en bon homme d'affaires, Donald Trump change la règle afin de mettre en place en quelque sorte un prix plancher pour obtenir un permis permanent de résidence et faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'État en attirant les étrangers fortunés dans le pays.

    Les riches dépensent beaucoup

    Le président américain se justifie : « des gens riches vont venir en achetant cette carte. Ils seront riches et ils réussiront, ils dépenseront beaucoup d'argent, paieront beaucoup d'impôts et emploieront beaucoup de gens ». Car Donald Trump a besoin de personnes riches pour faire tourner l'économie américaine. L’agence Moody's vient de publier une étude qui le démontre. Les 10% d'Américains les plus riches représentent aujourd'hui la moitié de toutes les dépenses du pays. Cette catégorie de population est essentielle à l'économie américaine, le président Trump compte sur eux !

    Des opportunités et des risques

    Si pour le président américain, ce système est viable, l’OCDE est plus mesurée. Dans un rapport réalisé en 2023, l'Organisation de coopération et de développement économiques estime que oui, ces riches étrangers contribuent à stimuler la croissance grâce aux investissements directs étrangers. Mais qu'il y a des limites, car s'il ne faut que cinq millions de dollars pour résider sur le sol américain, cela peut attirer les criminels ou d'autres qui sont persona non grata ailleurs ou qui cherchent à échapper à la justice ou à blanchir de l'argent.

    Néanmoins, des critiques se font déjà entendre concernant la venue possible d'oligarques russes. Donald Trump balaie tout cela d'un revers de main, il considère qu'ils pourront profiter de ce système et d'ajouter qu'il connait des oligarques russes « qui sont des gens très sympathiques ». Car on le rappelle, ces oligarques ont pour la grande majorité été sanctionnés par l'administration américaine depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie il y a de ça trois ans. En tout cas, c'est loin d'être anecdotique, Donald Trump ne s'en cache pas, il est proche des fortunés de la planète et réciproquement d'ailleurs. On parle même de broligarques, des hommes, milliardaires, qui s'immiscent petit à petit dans les sphères politiques et institutionnelles, qu'ils viennent des États-Unis ou d'ailleurs !

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  • L’Union européenne affine sa stratégie pour faire face à la Chine et aux États-Unis. La Commission européenne publie ce mercredi sa feuille de route sur le sujet. Son nom : « Clean Industrial Act », décryptage.

    Pour les 27, c’est clair, il y a urgence avec cette question qui résonne en toile de fond : comment l'UE compte-t-elle enrayer son déclin industriel et relancer sa croissance ? L'équation est difficile pour Bruxelles et les États membres, entre une économie allemande dans le rouge pour la deuxième année consécutive et ses partenaires à la traîne. Le continent est en effet pris en étau entre les pratiques déloyales de Pékin et les menaces de guerre commerciale du président américain.

    Quel mal européen ?

    Sans prétendre être exhaustif, on peut avancer plusieurs explications pour expliquer la situation européenne. Déjà sa productivité, plus faible que celle des Américains et des Chinois. On retiendra surtout les prix de l'énergie, trois à quatre fois plus élevés. À cela, on peut aussi ajouter une sur règlementation européenne que dénoncent en tous cas les grands patrons qui ne leur permettrait pas d'être aussi réactifs que leurs concurrents. Tous ces faits mis bout à bout ont une conséquence bien concrète : l'UE manque de compétitivité face aux deux mastodontes que sont la Chine et les Etats-Unis.

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    Pour mettre au point un plan de bataille, la Commission va s'appuyer sur ce constat pour proposer ses solutions. Trois grands axes au menu des mesures de l'exécutif européen, à savoir la baisse du coût de l'énergie, l'allègement du fardeau administratif et le soutien à la décarbonation de l'industrie. Concernant l'énergie, priorité sera donnée à la baisse des prix pour les ménages. On privilégiera aussi les contrats de long terme d'achat d'électricité pour les entreprises et puis l'ambition affichée d'une sortie accélérée des énergies fossiles. Nom du projet : Clean Industrial Deal, traduisez « pacte pour une industrie propre ».

    Il est temps d’agir

    S’il n’y a pas de certitude quant aux résultats, ce qui est positif pour l'économie du continent, c'est que la Commission prend le sujet à bras-le-corps. Car ça presse. Des piliers de l'industrie européenne dans la chimie, dans l'automobile ou la sidérurgie menacent de délocaliser leurs usines en Asie ou aux États-Unis pour échapper à des coûts de l'énergie jugés prohibitifs et fuir les lourdes réglementations européennes. Cela peut donc être un argument de poids pour les faire rester. Ensuite, il faut que l'exécutif européen ait les moyens de ses ambitions et que les pays membres parlent d'une seule et même voix.

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    Il faut aussi préciser que l'UE a déjà présenté plusieurs plans d'attaques pour éviter le décrochage des industries européennes. D'ailleurs Mario Draghi, l'ancien président de la Banque centrale européenne a rendu un rapport en ce sens avec ses recommandations il y a quelques mois, avec une priorité : investir. L'an passé, la Commission a présenté le Net Zero Industry Act pour que l'industrie prenne le tournant de la transition écologique notamment. Mais là, la situation est différente car les 27 se savent sous pression depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche. Pression que le président américain compte bien exercer jusqu'à ce qu'il y trouve son compte !

  • L'agriculture est à l'honneur jusqu'à dimanche à Paris dans le cadre de son salon international. Une grande partie du globe, à savoir les pays du Sud, doivent faire face à un défi crucial : le financement de la transition agricole. Décryptage.

    Il n’y a pas d’autres manières que de le dire, l’agriculture est un secteur essentiel pour la planète puisque d'après l'ONU, près de 870 millions de personnes y travaillent. Cela représente tout de même un Terrien sur dix. En Afrique, par exemple, on estime que 70 % de la population en dépend. Ces pays dits du Sud sont ainsi indispensables pour subvenir aux besoins alimentaires mondiaux. Mais ils sont aussi et surtout les premiers concernés par le changement climatique et la dégradation des ressources naturelles. Cela les oblige à s'adapter pour faire face à ce phénomène, continuer de nourrir la planète, sans oublier d’assurer leur propre sécurité alimentaire.

    Équilibre à trouver

    Ce n'est pas si simple, car très souvent, pour ne pas dire tout le temps, il faut arbitrer entre limiter l’impact environnemental des cultures et produire davantage. L'un des constats majeurs, c'est que les petits producteurs de ces pays sont des maillons indispensables des filières agricoles. Pour autant, ils sont souvent exclus des financements plus globaux. Pour une véritable mise en pratique, il faudrait par exemple mettre en place de mécanisme de microfinance adaptés aux réalités du terrain. C'est ce que préconise notamment la FARM, la fondation pour l'agriculture et la ruralité dans le monde. On peut penser à des crédits aux agriculteurs ou encore donner plus d'importance aux coopératives. Ces structures peuvent jouer le rôle d'intermédiaire entre les producteurs et les financeurs, avec un accompagnement de leurs adhérents à l'éducation financière pour mieux appréhender ces changements.

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    L’argent, nerf de la guerre

    Aujourd'hui, ce sont 540 milliards de dollars qui sont destinés au soutien des producteurs agricoles de ces pays. Pourtant, d'après un rapport de plusieurs organes des Nations Unies, 87 % de ce montant est inefficace. Ça ne marche pas car c'est de l'argent qui est soit mal utilisé soit mal distribué. En effet, ces subventions créent un effet de distorsion sur les prix. Concrètement, elles faussent les prix des denrées alimentaires. Et puis cet argent n'est pas toujours déployé où il y a des besoins. Exemple concret avec l'Afrique : malgré le poids de l’agriculture dans l’économie du continent qui représente tout de même un tiers de son PIB, elle reste sous-financée, avec seulement 3 % des crédits à l’économie alloués à ce secteur.

    L’agroécologie, solution viable ?

    L'une des réponses à ces enjeux est de mobiliser des investisseurs privés afin de mettre en place des partenariats publics - privés. Mise en pratique bien concrète avec l'investissement de grandes entreprises agro-alimentaires dans les pays du Sud. Mais encore faut-il que leurs projets prennent en compte et les besoins locaux, et les critères de durabilité. Car en fil rouge, comme une épée de Damoclès, il y a le changement climatique. L’une des pistes vantées depuis des dizaines d’années, c’est l'agroécologie. Concrètement, en privilégiant par exemple des engrais verts, en opérant une rotation des cultures, en limitant le travail du sol, en conservant ou en replantant des arbres dans les parcelles. Cela signifie d’après les études, une productivité élevée couplée à une réduction de l'empreinte environnementale. Pratique peu généralisée aujourd'hui car l’agro-industrie et l’ensemble des acteurs qui font les marchés agricoles, des banquiers aux négociants, ne parlent pas toujours de la même chose et n'ont très souvent pas les mêmes objectifs !

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  • Ce dimanche 23 février ont lieu des élections législatives anticipées en Allemagne. Le scrutin vise à renouveler les 630 sièges du Bundestag, la chambre basse du Parlement et donc de former une nouvelle majorité et élire un nouveau chancelier. Situation politique expliquée par sa situation économique qui a des conséquences à l’échelle européenne. Décryptage.

    L'Allemagne reste la première économie européenne et la troisième mondiale. Mais elle est dans le rouge. En 2024, elle a connu une deuxième année de récession consécutive. Une croissance négative expliquée par la crise de son modèle industriel. Ces derniers mois en sont la preuve... Ils ont été rythmés par des annonces de plans sociaux au sein de grands groupes mais aussi dans des entreprises de taille moyenne. Le symbole de cette difficulté allemande, c'est évidemment cette décision de Volkswagen, à savoir la suppression de 35 000 emplois dans le pays d'ici à 2030. Hier, c'est Mercedez-Benz qui a dévoilé un plan d'économies de plusieurs milliards d'euros.

    Tout l’écosystème européen en souffrance

    Ce marasme économique allemand affecte ses partenaires et notamment les pays membres de l'Union européenne. Cela parce que l'Allemagne est le premier partenaire de pratiquement la moitié des pays de l'UE. Si son activité ralentit, mécaniquement, c'est celle des autres pays qui va aussi ralentir. Illustration en Italie. Le pays abrite bon nombre de sous-traitants de filiales allemandes, notamment dans la métallurgie et dans l'automobile. Ces deux secteurs font face à d'importantes difficultés en Allemagne. Cela a des conséquences directes sur la production en Italie. À ce propos, c'en est d'ailleurs la preuve, les exportations italiennes à destination de l'Allemagne ne cessent de diminuer: -3,7% en décembre dernier.

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    La situation pourrait même être plus inquiétante pour les pays d'Europe centrale. Par exemple la République tchèque ou la Pologne qui sont dépendantes de l'activité économique allemande. Si la production allemande se contracte, c'est la leur qui souffrira de plein fouet !

    Faire face à la Chine et aux États-Unis

    Dans ce contexte, il est difficile de ne pas évoquer l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche. Ses menaces de droits de douanes tous azimuts risquent aussi d'affecter l'économie allemande et européenne à plus large échelle. L'inquiétude est réelle à Berlin puisqu’il y a quelques jours, le président de la Bundesbank, la banque centrale allemande s'en est lui-même fait l'écho. Il prévient que les mesures protectionnistes du président américain toucheraient fortement l'Allemagne et qu'il fallait que le pays s'adapte vite, pour ne pas dire en urgence. Et puis il y a aussi la Chine, concurrent qui sape la compétitivité allemande. Les deux pays ne jouent plus dans la même catégorie et c'est Berlin qui en pâtit le plus, cela notamment parce que Pékin subventionne la production industrielle notamment, production qui est le cœur de métier de l'Allemagne.

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    Tous ces éléments sont autant de dossiers en souffrance sur le bureau de la chancellerie. Car les prévisions de croissance pour 2025 restent positives mais elles diminuent de mois en mois. Une expression résume plutôt bien la situation, si l'Allemagne éternue ce sont les Européens qui toussent. Il ne reste maintenant qu'à préparer les mouchoirs, voire les médicaments !

  • Cela fait un mois jour pour jour que Donald Trump est arrivé à la Maison Blanche. Trente jours durant lesquels le président américain a mis la planète dans une forme de tension. Le nouveau président américain est très vite passé à l’action en prenant des mesures économiques chocs. Décryptage.

    Le chiffre peut donner le tournis en seulement trente jours puisque d’après NBC News, Donald Trump a signé 67 décrets depuis son arrivée au pouvoir. Et pour beaucoup il faut bien le dire, il est question d'économie et de finance. On retiendra surtout celui-ci, l'imposition de droits de douane pour tout produit venant du Mexique et du Canada à hauteur de 25%. Ces surtaxes, sur le papier auraient dû entrer en vigueur le 1er février dernier mais le président américain a fait marche arrière. Quelques heures avant l'entrée en vigueur de ce décret, et le Canada, et le Mexique ont trouvé un accord avec les États-Unis. Le projet a été suspendu pour un mois.

    Personne ne semble épargné

    Ce sujet est d'ailleurs un marqueur très fort de son début de mandat. Donald Trump estime que les concessions faites par les voisins mexicain et canadien sont un triomphe pour lui. Mais dans les faits, d'un point de vue purement économique, pas grand-chose n'a changé sur cet aspect précis.

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    Par ailleurs, pendant toute sa campagne il promettait des tarifs douaniers de 60% à l'encontre de la Chine. Pareil, Donald Trump a revu à la baisse ses ambitions. Si Washington a repris la guerre commerciale qui l’oppose à Pékin, ce n'est qu'avec l'application de 10% de droits de douane supplémentaires sur les importations chinoises. Riposte immédiate de la Chine qui a mis en place une hausse des taxes sur les importations d'hydrocarbures aux États-Unis et une enquête contre Google. Le président américain entend aussi imposer toutes les importations d'aluminium et d'acier de 25% de taxes, cela qu'importe la provenance. Entrée en vigueur prévue le 12 mars. Beaucoup d'idées donc mais pour le moment, peu de mise en pratique !

    Des mesures aux effets concrets

    Il y a notamment la mise sur pause du programme USAID, l’agence américaine pour le développement qui est le plus grand donateur au monde. Des centaines d'ONG et d'associations humanitaires sont concernées. Chaque année, ce sont près de 40 milliards de dollars qui sont distribués partout sur la planète. Et puis il y a aussi la mise en place du DOGE, le département de l'efficacité gouvernementale, mené par Elon Musk. Objectif : tailler à la serpe dans la fonction publique. Plan déjà concrétisé par la fin des périodes d'essai, l'interdiction du télétravail aux fonctionnaires et par un plan de départs volontaires. Environ 75 000 agents ont décidé de partir, en étant payés jusqu'à fin septembre. Cela représente environ 3% des fonctionnaires fédéraux. On retiendra aussi que la banque centrale américaine a laissé ses taux inchangés. La FED attend de voir les effets des politiques menées par Donald Trump avant de déterminer quel mouvement adopter concernant les taux d'intérêts.

    Bref pour le moment, Donald Trump se montre à la manœuvre et occupe il faut bien le dire l'espace médiatique. Mais il reste difficile de comprendre ses stratégies économiques puisque leurs conséquences pourraient être négatives pour les Américains. Et puis il s'est beaucoup exprimé, à l'oral comme par écrit, il a beaucoup menacé mais adopter le bluff comme stratégie de long terme pourrait trouver ses limites.

  • C’est l’une des ambitions de Donald Trump : avoir accès aux minerais critiques en Ukraine. Ambition pour le moment balayée d'un revers de main par son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky. Mais derrière tout cela, il faut comprendre que les États-Unis sont à la recherche de métaux stratégiques. Décryptage.

    Comme souvent, pour comprendre, quoi de mieux qu’un bref état des lieux. Quand on parle de ces métaux, sans pour autant être exhaustifs, on parle du lithium, du nickel, du cobalt, du graphite, du cuivre ou encore de terres rares. De tous ces métaux, c'est la Chine qui en est la principale productrice mondiale. Le secteur connait une croissance exponentielle depuis vingt ans : la demande a explosé avec des taux de croissance annuels à deux chiffres !

    Des métaux rares utiles donc pour produire des batteries ou des panneaux solaires, mais pas que. Tous sont indispensables pour la téléphonie, les nouvelles technologies, l'espace mais aussi la défense et les systèmes de missiles, bref, tout ce qui est essentiel à l'industrie américaine et à son économie. Donald Trump veut d'ailleurs la stimuler voire la relancer via la production dans ces secteurs afin que les États-Unis soient compétitifs.

    Il faut importer

    Pourtant, il y a un problème pour les États-Unis. Ils ne sont pas autonomes en métaux stratégiques. Prenons l'exemple des terres rares. Si les Chinois sont très loin devant, ce sont les Américains qui sont en deuxième position sur ce marché. Donc il est aisé de se dire que les États-Unis sont capables de rivaliser mais si le pays sait extraire ces terres rares, il n'a pas les capacités de raffinage que la Chine peut avoir. Résultat, les Américains doivent exporter cette matière première brute pour qu'elle soit raffinée ailleurs, par exemple au Canada, avant de revenir aux États-Unis. C'est donc pour cela que Donald Trump veut sécuriser l'approvisionnement des États-Unis en métaux stratégiques.

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    Des accords tous azimuts

    En scellant des accords à la source, directement avec des pays producteurs. Avec l'Ukraine mais pas seulement. L'Australie est dans le viseur de Donald Trump. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien si Washington fait preuve d'une certaine mansuétude à l'égard de Canberra concernant des droits de douane de 25% sur l'acier et l'aluminium, parce que l'île-continent regorge de métaux stratégiques. Plusieurs gisements sont en cours de développement alors que 80% du pays n'a pas encore été prospecté. On pense aussi au Groenland, île de l'Atlantique-Nord objet de toutes les convoitises de Donald Trump, ou encore le Canada. Bref, des pays souvent menacés par le président américain, des menaces pour espérer obtenir quelque chose.

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    Le continent africain pourrait aussi connaitre un intérêt des Américains puisqu'il regorge de minerais essentiels à ces nouvelles technologies. Mais les relations avec les dirigeants du continent sont souvent complexes. Par exemple, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a appelé ses homologues à refuser d’ouvrir leurs mines aux États-Unis. Un choix contre la décision de Donald Trump d’offrir l’asile aux Afrikaners.

    La marge de manœuvre apparait finalement étroite pour le président américain car s'il ne parvient pas à trouver d'accord avec les pays producteurs, et malgré ses menaces, ce sont bien les États-Unis qui pourraient être perdants sur toute la ligne !

  • Le Salvador était le premier à reconnaitre le bitcoin comme monnaie officielle et donc légale à travers le monde. Mais ce fut aussi à l'inverse le premier pays à mettre fin à la reconnaissance de cette cryptomonnaie. Pari raté donc pour le président de ce pays d’Amérique centrale. Décryptage.

    En septembre 2021 Nayib Bukele en était fier, son pays était le premier au monde à adopter officiellement le bitcoin comme monnaie. Monnaie légale donc avec un cours légal. Concrètement, cette loi obligeait toutes les entreprises et les institutions du Salvador d'accepter tout paiement en bitcoin. Nayib Bukele estimait que cette mesure allait stimuler l'activité économique du pays en attirant des investissements et en accélérant des paiements. Mais trois ans et demi plus tard, force est de constater que ce qu'il considérait comme une opération de modernisation du Salvador n'a pas vraiment marché comme il l'avait envisagé.

    Entre 200 et 400 millions de dollars

    La mayonnaise n'a pas pris, c'est aussi simple que ça. Déjà pour payer en bitcoin, il faut détenir du bitcoin, ce qui n'est franchement pas donné à tout le monde. Pourtant, le gouvernement a beaucoup investi pour que ça fonctionne. D'après le quotidien hispanique El Pais, entre 200 et 400 millions de dollars ont été mis sur la table notamment en créant une mesure incitative pour passer au bitcoin. Il suffisait de télécharger une application spécifique pour faire cette conversion. En contrepartie, vous receviez 30 dollars. Sauf que beaucoup de Salvadoriens ont fait la manipulation mais en sont restés là pour simplement gagner ces 30 dollars. D'après le bureau national de recherche économique, un organisme privé américain, pratiquement la moitié des téléchargements ont eu lieu au lancement de l'application. La banque centrale salvadorienne estime elle à moins de 2% l'envoi de fonds via ces cryptos entre janvier et novembre 2023.

    Pression du FMI

    Le manque d’utilisateurs du bitcoin n’a pas été la seule raison à ce pas en arrière de Nayib Bukele. En fait, les autorités ont cédé aux demandes du Fonds monétaire international. Parce qu'il faut savoir que le Salvador fait face à une dette publique de 31 milliards de dollars, elle est conséquente puisqu'elle représente à peu près 85% du PIB du pays. Pour obtenir des liquidités, seul le FMI acceptait de prêter mais à une condition: mettre fin à la reconnaissance du bitcoin comme monnaie officielle, l'institution ayant toujours vu d'un mauvais œil cette décision. Le Salvador a donc cédé aux pressions du Fonds monétaire international qui devrait lui octroyer un prêt d'1,4 milliards de dollars.

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    Pourtant, le Salvador détient encore de cette cryptomonnaie dans ses réserves nationales. Même si le gouvernement est plutôt discret sur le montant, d'après le bureau national du bitcoin, le Salvador possède 6 050 bitcoins, d'une valeur d'environ 600 millions de dollars. Pour le moment, le pouvoir ne va pas y toucher mais Nayib Bukele mise sur son homologue américain. Donald Trump ne s'en cache pas, c'est un fervent défenseur des cryptomonnaies. Le président salvadorien estime qu'avec le nouveau locataire de la Maison Blanche, il y aura une « appréciation exponentielle du bitcoin ». Reste à savoir s'il en est convaincu ou s'il veut rassurer !

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  • Les chiffres du commerce extérieur italien pour 2024 sont publiés lundi 17 février. Même si cela ne devrait pas durer, l'Italie est l'une des championnes européennes des exportations. Décryptage.

    Tenez-vous bien, l'Italie est le quatrième exportateur mondial : elle est aux pieds du podium, derrière la Chine, les États-Unis et l'Allemagne. Le pays est en pointe pour vendre sa production tout autour de la planète. Les secteurs où l'industrie italienne brille, c'est la mode, l'ameublement, les matériaux, la construction et évidemment la production alimentaire et le vin. Ces exportations sont essentielles à l'économie italienne puisqu'elles représentent à peu près un tiers de son PIB.

    L’explication de cette dynamique tient en un chiffre : 400 000. C'est le nombre d'entreprises industrielles dans le pays et c'est beaucoup. Àtitre d'exemple, la France en compte 250 000. La particularité de cette industrie italienne est que 99 % de ces structures sont des petites et moyennes entreprises (PME). Mais ce qui fait leur spécificité, c'est qu'elles sont regroupées en districts industriels, par secteurs donc, comme l'agroalimentaire ou le cuir pour ne citer qu'eux.

    Des districts industriels puissants

    En étant regroupés par secteurs, cela favorise la complémentarité des entreprises. Autre aspect important, la concurrence est exacerbée dans ces tissus industriels. Cela pousse ces structures à sans cesse innover et donc à être en pointe sur certains marchés : le pays est alors bien intégré dans les chaînes de valeur.

    L'autre explication de cette dynamique italienne des exportations se résume au fait que produire en Italie coûte moins cher que dans d'autres pays européens. Résultat : les produits sont vendus à un prix moins élévé, ce qui rend l'industrie italienne plus compétitive que d'autres.

    La menace des taxes américaines

    Pourtant, la croissance italienne est à peine positive. Cela signifie que la production stagne. Dans certains secteurs, elle est en chute libre : la production automobile a subi une chute de 43 % l'an passé, expliquée notamment par les difficultés du groupe Stellantis. C'est difficile aussi pour des secteurs porteurs de ces exportations comme la mode ou encore la métallurgie. On notera aussi que d'un côté la population vieillit et de l'autre les jeunes ne veulent plus travailler dans la production industrielle. Le modèle italien sembe arriver petit à petit à bout de souffle.

    Mais les acheteurs ne sont plus au rendez-vous. L'Allemagne, le partenaire commercial principal de l'Italie, importe moins en raison de ses propres difficultés économiques. La demande se maintient toutefois du côté des États-Unis, le deuxième client du pays. Les entreprises américaines ont d'ailleurs dû faire du stock ces derniers mois avant l'entrée en vigueur d'éventuels droits de douane à l'encontre des pays membres de l'UE. Selon Confindustria, la fédération des entreprises italiennes, cette nouvelle taxation pourrait coûter entre 4 et 7 milliards d'euros par an à la péninsule italienne.

    Mais cela est sans compter sur la Première ministre italienne Giorgia Meloni. La leader d'extrême droite entretient des liens étroits avec le président américain Donald Trump, une relation qui pourrait lui permettre d'obtenir des passe-droits.

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  • Ce vendredi 14 février, c'est la Saint-Valentin, considérée dans de nombreux pays comme la fête des amoureux. L'occasion de revenir sur cette situation en Chine : le nombre de mariages dans le pays s'est effondré, moins 20 % en 2024. Si l'amour fait sûrement recette, le mariage, lui, est boudé, alors que Pékin tente de relancer la dynamique. Décryptage.

    Le désintérêt des Chinois pour le mariage et la famille est bien réel. Cela peut paraître anecdotique, mais ça a un impact économique concret. Qui dit moins d'unions dit moins d'enfants. Dans une logique purement pragmatique, ça implique moins de main-d'œuvre d'ici à vingt ans. Or, la croissance chinoise tient en partie à cette main-d'œuvre importante et bon marché. À cela, ajoutez une population vieillissante, et donc des retraites à financer. L'équation est donc compliquée à résoudre pour les autorités.

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    Pour encourager le mariage et donc la natalité, le pouvoir central encourage les collèges et les lycées à dispenser une éducation à l'amour pour promouvoir une vision positive du mariage et in fine de la fécondité et de la famille.

    Récompense financière

    Certaines villes proposent même de l'argent aux couples pour les inciter au mariage. Par exemple, à Lüliang, dans le nord du pays, il est versé 1 500 yuans aux deux tourtereaux qui viennent de signer leur contrat de mariage. L'équivalent de 197 euros. La mesure n'est entrée en vigueur qu'en début d'année 2025 et elle rencontre pour le moment un franc succès.

    D'autres provinces ont adopté des mesures incitatives d'ordre financier, notamment lors de la naissance d'un deuxième ou d'un troisième enfant. Cela semble porter ses fruits puisque dans les villes où ces aides sont mises en place, le nombre de naissances a été en hausse en 2024. Et puis, par endroits également, le gouvernement organise même des rencontres amoureuses officielles. L'amour est donc un sujet pris très au sérieux. Pékin entend bien faire de Cupidon un de ses partenaires économiques majeurs !

  • L’Union européenne se montre à la manœuvre pour faire face à l’avalanche de décisions prises par Donald Trump. La présidente de la Commission entend répondre frontalement au président américain. Mais en parallèle, l’exécutif européen s’active pour sceller de nouveaux partenariats. Décryptage.

    C’est un invité de marque qui est arrivé à Bruxelles ce mercredi 12 février 2025, le Premier ministre canadien Justin Trudeau. Son pays est dans le viseur de Donald Trump, en sursis pour encore trois semaines de droits de douanes de 25% notamment. Une visite dans l'intérêt et des Européens et des Canadiens, avec un objectif : resserrer leurs liens commerciaux déjà bien noués avec le Ceta.

    Parce qu'on le rappelle, Donald Trump veut s'en prendre à l'UE. L'une des mesures phare qu'il entend imposer, et pas qu'aux Européens d'ailleurs, c'est l'entrée en vigueur de nouveaux droits de douane de 25% sur l'acier et l'aluminium. Et si le président américain en a après l'UE, c'est parce que les États-Unis importent plus qu'ils n'exportent vers le continent européen. Ce déficit commercial au détriment de Washington est d'ailleurs estimé à environ 180 milliards d'euros.

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    Des discussions tous azimuts

    C'est vrai que Bruxelles est déjà signataire de bon nombre d'accords commerciaux, une quarantaine couvrant plus de 70 pays. Mais le bloc européen, malgré les messages de fermeté, s'inquiète des conséquences que pourraient avoir les mesures de Donald Trump. Mi-décembre, la Commission européenne a scellé l'accord de libre-échange avec les pays d'Amérique latine membres du Mercosur. Et à la veille de l'investiture du président américain, c'est avec le Mexique qu'il y a eu entente. Les négociations n'avançaient pratiquement plus, l'actualité nord-américaine a donc eu l'effet d'un électrochoc.

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    Le commissaire européen au Commerce, de son propre aveu, l'affirme, il y a « un énorme intérêt à accélérer les négociations de libre-échange avec l'UE ». L'exécutif européen a justement repris les discussions avec la Malaisie autour d'un accord de ce type alors qu'elles étaient à l'arrêt depuis dix ans. On peut retenir aussi l'intérêt croissant de Bruxelles pour l'Inde. Le pays sera d'ailleurs la destination du premier voyage officiel du second mandat de la présidente de la commission. Et puis en début de semaine, l'Afrique du Sud, cible également de Donald Trump, a émis le souhait de renforcer son partenariat avec les Européens.

    Encore faut-il s’entendre

    Si l’on veut conclure, tout pourrait bien se passer pour l'Union européenne. Mais il faut relativiser, tout n'est pas si simple. Déjà parce qu'en concluant des accords à la hâte, il y a de fortes chances qu'ils soient moins ambitieux que s'ils aient été minutieusement négociés. Ils pourraient donc être moins opportuns pour les Européens.

    Et puis surtout, c'est le grand sujet finalement. Il faut que les pays membres parlent d'une seule et même voix et on le constate, ce n'est pas le cas. Il y a de profondes divergences au sein du continent, notamment entre les deux leaders que sont la France et l'Allemagne. Quoi qu'il en soit, la politique commerciale de Donald Trump tend à faciliter les nouvelles alliances entre l'Union européenne et d'autres pays. L'enjeu maintenant, c'est que les Européens fassent front uni et s'intègrent dans cette dynamique !

  • Donald Trump prévoit des droits de douane de 25 % sur l’acier et l’aluminium importé, pour tous les pays, sans exception ni exemption. La mesure entrera en vigueur le 12 mars 2025, mais elle - comme toutes les décisions du nouveau président américain - pèse dans le monde des affaires. Décryptage.

    Dans les Conseils d'administration des grandes entreprises mais aussi dans les salles de marché des Bourses mondiales, c’est l’incertitude qui domine. Moins d'un mois après l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, le monde des affaires semble bien interloqué par ce flou suscité par sa politique économique. Pour comprendre ce qu'il se joue, c'est le directeur général de Snap-On, entreprise américaine d'outillage, qui en parle le mieux. Il compare la situation à un manège à sensation forte. « C'est comme être sur Space Mountain à DisneyWorld. Vous montez dans une voiture, vous êtes dans le noir et le train va à toute vitesse à gauche, puis à droite, le tout en montant et en descendant, avec des virages brusques. Bref, vous ne savez pas où vous allez mais à la fin, vous savez que vous allez arriver au bon endroit ». Voilà ce qu'il explique et ce que ressentent beaucoup d'entreprises américaines.

    Des transactions à la baisse

    L'un des indicateurs qui met en lumière la frilosité des entreprises américaines c'est le nombre de transactions effectuées. D'après les données de LSEG, une des institutions financières de référence, le nombre de ces transactions aux États-Unis sur le mois de janvier a été le plus bas depuis dix ans. 900 transactions effectuées contre par exemple 1200 en janvier dernier et plus de 1500 en janvier 2023. Cette dynamique est l'un des symptômes du manque de confiance en l'avenir pour les acteurs économiques américains.

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    Pourtant, l'objectif de Donald Trump, c'est l'inverse. Grâce à ses différentes mesures, il veut doper l'économie américaine. Il le dit lui-même d'ailleurs, il y aura des perturbations sur du court terme mais il est convaincu que l'impact sera positif et se fera ressentir sur le long-terme.

    Avenir flou

    Pour le moment et pour ne citer qu'elles, les entreprises qui sont dépendantes des exportations et des importations sont plutôt occupées à gérer les conséquences des décisions du président américain. Leur priorité est donc de régler leurs problèmes d'approvisionnement, de contrôler la situation et de surtout trouver la manière de faire face à ces changements pour rester en bonne santé. Du temps passé pour trouver des solutions qui n'est pas mis à profit pour signer des contrats.

    La grande interrogation est bien celle-ci : combien de temps cela va durer ? La question est simple mais la réponse l'est beaucoup moins. Il n'y a pas vraiment de règle. Soit les entreprises trouvent des alternatives pour faire face à ces chocs d'offre, soit elles sont accompagnées. Dans tous les cas elles vont devoir s'adapter, si possible pour elles à moindre coût. Car ce qu'il faut retenir, c'est qu'en économie il y a des mots qui font peur. Incertitude, imprévisibilité, attendre et voir en font partie. Le problème c'est qu'ils font aussi partie du vocabulaire de Donald Trump !

  • Le Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle s’achève, ce mardi 11 février au soir, à Paris. Si les États-Unis et la Chine sont en pointe sur le domaine, les Européens affirment qu’ils pourraient être une alternative à ces deux pays. Parmi eux, la France. Mais a-t-elle les moyens de devenir une grande nation de l’IA ? Décryptage.

    Si l'on écoute les responsables politiques français et en premier lieu Emmanuel Macron, oui évidemment, la France peut devenir un pays de référence pour l'intelligence artificielle. Mais ce ne sont pas les seuls à le penser. Dans une tribune publiée dans le journal le Monde ce week-end, Sam Altman, le patron d'Open Ai, entreprise qui développe ChatGPT, estime que la France est un acteur essentiel de l'IA en Europe.

    Ce ne sont que des avis mais dans les faits, la France est plutôt bien positionnée sur le sujet. D'après le classement Global AI Index, le pays est 5e mondial en la matière, juste derrière le Royaume-Uni. Mais on ne va pas tourner autour du pot, son point fort, c'est l'énergie. La France produit pratiquement 70% de son électricité grâce au nucléaire. Il s'agit là d'une ressource fiable, pilotée, disponible 24h/24, 7 jours sur 7, et surtout, elle est très peu chère. C'est donc l'un des critères pour les géants de l'intelligence artificielle puisque leurs centres de données pour faire travailler les serveurs sont ultra énergivores.

    De nombreux atouts

    L’un des autres points forts tricolores, c’est que le pays détient de nombreux pôles d'excellence, de la formation aux infrastructures. Le pays héberge certaines des plus prestigieuses écoles d'ingénieurs au monde comme par exemple, Polytechnique. Concernant les infrastructures, d'une part, la France dispose d'un large réseau en fibre optique et de nombreux terrains pour construire des sites de recherche. D'autre part, le pays s'est doté de trois supercalculateurs dédiés à l'IA, un quatrième sera mis en route fin juin.

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    Mais si la France n'est pas au niveau des États-Unis ou de la Chine, c’est parce qu'elle n'a pas eu les moyens de ses ambitions. Pire encore, des ambitions américaines et chinoises. Si Emmanuel Macron table sur 109 milliards d'euros d'investissement pour l'IA durant les prochaines années, Donald Trump, lui, annonce 500 milliards de dollars. Les crédits publics pour la recherche ont diminué d'année en année aussi. Ceci explique ce retard tricolore. En revanche, les États-Unis ont notamment ChatGPT, la Chine DeepSeek, la France a aussi ses champions. On peut citer par exemple Mistral, LightOn ou KyutAI.

    Mais la France ne pourra pas porter seule cette dynamique. Tous les analystes le disent, c'est via une collaboration européenne qu'il pourrait y avoir une fameuse troisième voie dans l'intelligence artificielle. Encore faut-il que les pays européens parlent du sujet d'une seule et même voix !

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  • La France accueille un sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle à Paris. Dans ce contexte, Emmanuel Macron annonce 109 milliards d’euros d’investissements en France dans les prochaines années pour développer cette technologie. Les géants américains de la tech investissent quant à eux depuis bien longtemps sur le sujet, à coût de dizaines de milliards. Décryptage.

    C’est un record historique. Les Gafam n'ont jamais autant investi dans l'intelligence artificielle. Ces deux dernières semaines, chacun y est allé de sa petite annonce pour 2025. Médaille d'or pour Amazon : le groupe de Jeff Bezos compte investir 100 milliards de dollars cette année. 80 milliards pour Microsoft, 75 pour Google ou encore entre 60 et 65 milliards pour Meta. Bref, c'est beaucoup d'argent. Cette année, les analystes estiment à plus de 320 milliards de dollars d'investissements par ces géants de la tech dans l'intelligence artificielle. Pour vous faire une idée du phénomène, c'est plus du double qu'en 2023.

    Inquiétude des marchés financiers

    Devant de telles sommes et de tels projets, les investisseurs ont pris froid. Après l'annonce d'investissement de 100 milliards de dollars par Amazon en fin de semaine dernière, l'action du groupe est passée dans le rouge à la Bourse de New York. Des investisseurs frileux pour la simple et bonne raison qu'ils ont peur de perdre de l'argent dans cette opération. Concrètement, le retour sur investissement va être long à atteindre. En effet, de telles dépenses ne sont pas sans risques d'autant qu'il n'y a aucune certitude sur les revenus futurs.

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    Pourtant, il leur est important de prendre ce risque. L’IA, c’est l'un des progrès de demain dont la révolution se fait aujourd'hui. Et pour mener cette révolution, il faut investir. Deuxième raison : c'est un peu une « course à l'échalote ». Dans un monde concurrentiel et globalisé, il faut être au niveau des concurrents et des autres acteurs du marché sinon on est très vite hors course. Il est donc essentiel pour que les géants de ces vingt dernières années, Amazon, Meta, Microsoft ou Google restent dans le jeu pour garder leurs rangs dans le futur.

    L’Europe à la traîne

    L’Europe est en retard en la matière, c’est indéniable. Aux États-Unis, Donald Trump souhaite investir 500 milliards de dollars dans le cadre du projet StarGate qu'il compte mener. L'Union européenne est loin du compte mais ça commence à bouger. Avant d'investir et surtout d'inciter les entreprises à le faire, l'UE s'est surtout consacrée à réguler les pratiques. En tout cas, la France veut être le pays moteur de cette dynamique. Déjà en organisant ce sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle et ensuite en investissant 109 milliards sur les prochaines années. Le pays a d'ailleurs ses champions de l'IA par exemple comme Mistral.

    Et puis la France attire aussi. Elle va bénéficier de 30 à 50 milliards d'euros d'investissements des Emirats Arabes Unis pour la construction d'un centre de données géant. Le fonds canadien Brookfield compte également y investir 20 milliards. Tout n'est donc peut-être pas perdu !

  • Les chiffres de la croissance pour 2024 sont publiés ce vendredi. L'occasion de nous intéresser à ce qui fait respirer cette économie russe, à savoir les hydrocarbures, puisque le pétrole et le gaz sont les deux poumons du pays. Décryptage.

    La Russie fait partie des trois principaux producteurs de pétrole au monde avec l'Arabie Saoudite et les Etats-Unis. Les hydrocarbures sont donc essentiels à son économie. En valeur, ils représentent pratiquement la moitié de ses exportations. Preuve de leur importance: en 2021, avant l'invasion de l'Ukraine et les sanctions occidentales donc, ils représentaient 46% du budget russe. C'est donc un apport de devises très important pour Moscou.

    Pour autant, les sanctions occidentales n’ont pas eu d’impact aussi fort sur l’économie russe que l’auraient espéré les pays occidentaux. Les exportations d'hydrocarbures russes ont tendance à légèrement diminuer mais c'est vraisemblablement lié à la baisse d'achat de charbon. En revanche, le pétrole et le gaz en volume restent stables.

    Des sanctions pas assez fortes

    On peut voir deux raisons à la stabilité des exportations de pétrole et de gaz. D’une part, les sanctions occidentales ne sont pas assez fortes pour toucher le cœur du système russe. Et si elles ne sont pas assez mordantes, c'est surtout pour éviter de déstabiliser les marchés occidentaux. D’autre part, la Russie a réorienté ses exportations. Fini l'Ouest et les Occidentaux. Maintenant, direction l'Asie avec surtout l'Inde et la Chine qui sont deux grands clients de Moscou. Petite subtilité, la Russie a augmenté ses taxes sur les exportations pour compenser les pertes occidentales. Pourtant les économies occidentales semblent s'être habituées à vivre avec moins d'hydrocarbures russes et à long terme, ça aura des conséquences sur la Russie.

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    Point de bascule

    Ces sanctions commencent à avoir un impact notamment sur le pétrole. S'il y a un prix maximal de 60 dollars imposé par les Occidentaux pour l'achat de barils, les Russes réussissent à contourner la mesure avec leur flotte fantôme. Il s'agit là de vieux cargos clandestins pleins de pétrole qui font le tour du monde pour trouver preneurs. Ça, ça compte, puisque d'après l'école d'économie de Kiev, près de 90 % du brut russe se négocie au-dessus de ce plafond, ce qui représente une marge de 10 milliards de dollars par an.

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    Les hydrocarbures russes ont, pour le moment, de beaux jours devant eux. Mais c'est sans compter sur Donald Trump. Le président américain entend bien mettre la pression sur Moscou. Il compte tout simplement utiliser ces hydrocarbures comme arme géopolitique. Sa solution : demander aux pays exportateurs de pétrole comme l'Arabie saoudite de produire plus, ce qui engendrera mécaniquement une baisse des prix. Et donc pour que la Russie continue de vendre, elle devra, elle aussi, baisser ses prix pour être compétitive.

    L'idée fait son chemin car elle pourrait frapper très fortement Moscou au portefeuille puisque la Russie ne peut pas se passer de ses exportations pour soutenir son économie. Le tout dans un contexte de surchauffe de son économie de guerre. La croissance portée par les dépenses dans l'armement se tarit de plus en plus. Cela veut dire que si cet autre pilier de l'économie russe est vacillant sur le long terme, en plus d'une baisse du prix du pétrole, ça va compliquer les affaires de Moscou. L'industrie militaire deviendrait alors investissement peu rentable. Car finalement, produire un char qui se fera détruire en Ukraine n'a pas la même valeur qu'exporter plusieurs millions de barils de pétrole par jour !

  • Il y a de la friture sur la ligne entre Nissan et Honda. Les deux constructeurs automobiles japonais avaient fait parler d'eux à la fin décembre en annonçant en grande pompe leur fusion. Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts puisque le projet patine et pourrait même ne pas voir le jour. Décryptage.

    L’ambition était grande: que Nissan et Honda soient des acteurs solides face à la concurrence chinoise sur la voiture électrique. Il était même question que Mitsubishi, détenu à un peu moins de 25 % par Nissan fasse partie de l'accord. Un joli projet puisque sur le papier, cette holding aurait été l'une des plus puissantes du secteur en étant le troisième constructeur mondial de voitures. Mais tout ne s’est pas passé comme prévu.

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    À la fin janvier 2025, Mitsubishi est sorti du jeu. Le constructeur s'est désengagé du projet par peur d'être noyé dans cette gigantesque manœuvre. Un désengagement aussi parce que les négociations entre Honda et Nissan étaient très difficiles. Si les sourires et les poignées de main étaient de rigueur le 23 décembre 2024 lors de l'annonce de la fusion, l'heure est maintenant aux grimaces. Les deux parties ne semblent plus être sur la même longueur d'ondes.

    De sérieux désaccords

    Si Honda et Nissan vendent un nombre assez similaire de voitures au Japon, leur capitalisation à la bourse de Tokyo est bien différente. Honda y pèse à peu près 50 milliards de dollars tandis que Nissan seulement 11 milliards. Les deux groupes ne discutent pas vraiment d'égal à égal, l'équilibre des pouvoirs est faussé.

    Résultat, Honda a très vite pris l'ascendant dans les négociations. Étant donné son poids, on peut le comprendre, d'autant que Nissan rencontre de sérieuses difficultés financières.

    Mais le week-end dernier, Honda a durci le ton en envisageant d’acquérir les actions de Nissan et le transformer en simple filiale, ce qui signifie en prendre le contrôle. Un projet qui n'est pas passé auprès des négociateurs de Nissan.

    Rester bons amis

    Si Nissan devient une filiale d'Honda, cela voudrait dire qu'il serait en quelque sorte invisibilisé derrière sa maison mère. Or, Nissan reste un symbole de l'automobile japonais. Deuxième argument, le plus important, c'est que Nissan est détenu à hauteur de 35,7 % par le groupe Renault. Qu'il s'agisse d'une fusion ou d'une filiation, il aurait gagné des liquidités. Mais d'après plusieurs sources, Honda a fait une proposition au rabais et Renault via Nissan a dit non. Mais toutes les parties l'ont affirmé hier, les négociations se poursuivent, avec promettent-elles des annonces à la mi-février.

    En tout cas si ce mariage de raison semble mal embarqué, les fiançailles sont un fiasco. Honda et Nissan, bien que concurrents, doivent continuer de discuter et de travailler ensemble. Il y a pratiquement un an d'ailleurs, en mars 2024, ils ont signé un partenariat dans les domaines de la voiture électrique et de l'intelligence artificielle car ils le savent, c'est sur ce créneau qu'ils devront être compétitifs à l'avenir. Quoiqu'il en soit, si la fusion des deux ne se fait pas, ils ont tout intérêt à rester de bons amis cordiaux !

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  • La guerre commerciale est bien ouverte entre les États-Unis et la Chine. Pékin, visé depuis hier, mardi 4 février, par 10 % de droits de douane supplémentaires par Washington, a immédiatement répliqué, mais pas frontalement. Quelle stratégie compte adopter la Chine ? Décryptage.

    Nouvelle échéance dans la guerre commerciale sino-américaine, le 10 février, date à partir de laquelle la Chine compte imposer des droits de douane à son tour à l'encontre des États-Unis. Mais pas sur toutes les importations. Il s'agit là de taxer l'équivalent d'environ 14 milliards de dollars de produits américains. En 2023, cela représentait moins de 10 % des biens importés des États-Unis. La raison, notamment, c'est que la Chine exporte trois plus de biens vers le sol américain qu'elle n'en achète, ce qui signifie qu'elle a forcément moins de biens à taxer. On est donc loin des mesures prises par Washington sur l'ensemble des produits chinois.

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    Une telle stratégie permet à Pékin de se montrer à la manœuvre, d'être dans le jeu, mais en le faisant subtilement. L'objectif, c'est que sa réaction ne soit pas perçue comme une invitation à de nouvelles représailles ou une escalade supplémentaire dans la guerre commerciale sino-américaine. Voilà pour l'image renvoyée, mais dans les faits, les autorités chinoises marchent sur des œufs. Elles ne peuvent pas répondre aussi frontalement qu'attaque Donald Trump, cela parce que la Chine a besoin des États-Unis pour faire tourner son économie. L'an passé, les exportations à destination du sol américain représentaient 525 milliards de dollars, l'économie chinoise est ainsi vulnérable car dépendante des exportations. Le pays fait aussi face en interne à un ralentissement de la croissance et traverse une crise immobilière.

    Marge de manœuvre très étroite

    Si l’on s’en tient aux indicateurs économiques, Pékin ne semble pas en position de force face à Washington. D'ailleurs, ça, Donald Trump doit bien l'avoir en tête lorsqu'il met en place ses différentes mesures. Pourtant, il y a une fenêtre de tir pour négocier. Alors oui, la marge de manœuvre est réduite, mais c'est envisageable. Comme à son habitude, le président américain met la pression sur ses interlocuteurs et les menace pour essayer d'obtenir quelque chose en échange.

    Xi Jinping joue donc la montre. Il était question d'un échange téléphonique avec Donald Trump cette nuit. Finalement, le combiné n'a pas sonné alors que le locataire de la Maison Blanche affirmait que c'était prévu, preuve que la Chine a encore la capacité de faire face !

    Comment faire face ?

    Il reste cinq jours avant l’entrée en vigueur des mesures chinoises. Cinq jours pour discuter, négocier et arracher un accord. Pékin peut s'appuyer sur ce qu'il vient de se passer avec le Mexique et le Canada, à savoir la suspension de droits de douane quelques heures avant leur application. L'économie chinoise a aussi pris les devants ces dernières années en diversifiant ses partenariats au cas où Washington prendrait des sanctions à son égard. Ça aussi, ça compte.

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    Mais face aux États-Unis et malgré une apparence sereine, Pékin est sur un fil. Pour tenir en équilibre, d'un côté, il faut se montrer fort. Mais de l'autre, il faut faire preuve de douceur pour éviter la chute !

  • Les États-Unis suspendent la mise en place de tarif douanier sur tout produit importé du Canada et du Mexique. Ils devaient être de 25 % et qui auraient dû entrer en vigueur ce mardi 4 février. Un accord a été trouvé et le projet a été suspendu pour au moins un mois. Une pause dans l'intérêt de tout le monde. Décryptage.

    Le Mexique, le Canada et les États-Unis ont une longue histoire commune et sont liés dans le cadre d'un accord de libre-échange. Le Mexique d’abord, ultra-dépendant des États-Unis puisque plus de 80 % de ses exportations y sont destinées. C'est aussi l'un des principaux partenaires commerciaux des États-Unis, les investissements directs étrangers d'entreprises américaines dans le pays sont estimés à 236 milliards de dollars. Le Canada aussi est très lié à son voisin du sud. Même situation que pour le Mexique, huit exportations sur dix sont à destination du sol américain. À l’inverse, le Mexique et le Canada sont d'ailleurs devenus les deux premiers partenaires commerciaux des États-Unis devant la Chine.

    Ménager le consommateur américain

    Pour comprendre pourquoi Donald Trump s'est résolu à ne pas appliquer les fameux droits de douane dont il parle depuis des mois, il faut regarder du côté américain, car ces mesures auraient pu impliquer de nombreuses conséquences dans le quotidien du consommateur américain. Donald Trump lui-même ce week-end affirmait que l'application de ces taxes douanières aurait engendré quelques perturbations économiques mais que « ça en valait la peine ». Un tel scénario aurait provoqué une hausse des prix dans toute la région et des suppressions d'emplois. Les prix des produits importés et du Canada et du Mexique auraient naturellement augmenté. Aujourd'hui donc, le prix d'un kilo de tomates, de concombres ou d'avocats du Mexique ne va pas exploser. Sur ce point-là, les Américains échappent donc à une inflation plus forte. D'après le groupe ING, les mesures du président américain se seraient traduites par une perte de 3 342 dollars pour une famille de quatre personnes. Par ailleurs, il faut aussi préciser que le Mexique et le Canada avaient de leur côté pris des mesures de rétorsion à l'encontre des États-Unis !

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    L’intimidation a ses limites

    Donald Trump a donc bluffé pour parvenir à ses fins. En brandissant ces menaces de hausse des tarifs douaniers, il semblait être en position de force. En les suspendant, il a obtenu en contrepartie un déploiement de 10 000 soldats mexicains à la frontière avec les États-Unis pour enrayer le trafic de fentanyl et limiter le passage de migrants. Le Canada, lui, s'est engagé à lutter contre cet opioïde meurtrier.

    À la fin, si l’on suit le narratif proposé par Donald Trump, c’est lui qui a gagné. Pourtant, sa marge de manœuvre était très étroite. S'il avait appliqué ses mesures, il y aurait eu une hausse des prix aux États-Unis. Juste un exemple, produire une voiture aurait coûter plus cher, car beaucoup de pièces sont fabriquées au Canada ou au Mexique. La voiture aurait été vendue plus chère, encore faut-il qu'elle soit achetée. Et surtout, Wall Street a tremblé ce lundi soir. La bourse de New York a fini dans le rouge tant les investisseurs étaient inquiets. Il s'agit donc d'un sursis sur ces taxes pour les produits canadiens et mexicains, car si aucun ne semble pour le moment gagnant, personne n'est finalement perdant. Reste maintenant à savoir si ce sursis va se poursuivre pour devenir la norme ou si Donald Trump ira au bout de sa politique d'intimidation qui pourrait connaitre ses limites !

  • Dans son discours d’adieu à la Maison Blanche, Joe Biden avait averti les Américains du danger qui menaçait de voir se former une « oligarchie » à la tête de l’État. Depuis son retour au pouvoir Donald Trump a confié les clés du gouvernement à une poignée de milliardaires.

    Qu’ont en commun Howard Lutnick, secrétaire d’État au commerce, Linda McMahon, ministre de l’Éducation, Scott Bessent, secrétaire d’État au Trésor ou encore Warren Stephens, probable futur ambassadeur américain au Royaume-Uni ? Tous sont milliardaires. Si l’on y inclut Elon Musk, l’homme le plus riche du monde, à la tête d’un Département à l’efficacité gouvernementale créé de toute pièce pour lui, l’administration Trump (dont tous les membres n’ont pas encore été confirmés par le Congrès) devrait compter au moins treize milliardaires. Leur fortune cumulée dépasse 450 milliards de dollars, rivalisant avec le PIB de pays de taille moyenne. Le gouvernement Trump s’annonce comme le plus riche de toute l’Histoire.

    « Une oligarchie est en train de prendre forme aux États-Unis », avait prévenu Joe Biden dans un message d’adieu adressé à ses concitoyens. « Une concentration extrême des richesses et du pouvoir aux mains d'un petit groupe d'ultra riches qui menace notre démocratie tout entière ». Alors reprenons les bases, qu’est-ce qu’une oligarchie ? Le mot vient du grec « oligos » qui veut dire « petit nombre » et « archo » qui veut dire « diriger ». Il désigne une forme de gouvernement où le pouvoir est aux mains d’un petit groupe de personnes, par opposition par exemple à une monarchie où le pouvoir est aux mains d’un seul individu, comme un roi.

    Le règne des « broligarques »

    Voilà pour la définition du dictionnaire. Mais dans son acceptation moderne, le mot fait plutôt référence aux hommes d’affaires qui ont fait fortune après la chute de l’Union soviétique, quand l’État qui possédait tout s’est mis à brader son Empire. Un petit groupe d’hommes qui sans être directement aux commandes ont acquis assez de richesses et de pouvoir pour influer directement sur les prises de décision politiques et économiques du Kremlin. Trois décennies plus tard, le paysage russe a changé mais le mot est resté, désignant une nouvelle génération de riches hommes d’affaires proches de Vladimir Poutine. Au moment de l’invasion de l’Ukraine, ces oligarques ont été visés par les sanctions occidentales au même titre que les membres du gouvernement russe.

    Joe Biden ne faisait pas seulement allusion aux milliardaires ayant directement pris un rôle gouvernemental. Son avertissement pointait surtout les grands patrons de la tech : Jeff Bezos, le patron d’Amazon, Mark Zuckerberg à la tête de Meta, Sam Altman derrière la révolution ChatGPT avec OpenAI. Ceux que le public a commencé à surnommer les « broligarques » et qui se sont empressés de prêter allégeance à Donald Trump, en revenant sur leurs programmes internes de promotion de la diversité, par exemple, ou en contribuant généreusement à la cérémonie d’investiture du président américain. Bezos, Zuckerberg et Altman ont tous les trois versés un million de dollars à la fondation Trump à cette occasion.

    Plusieurs millions de dollars versés à Donald Trump

    Pour s’acheter les faveurs du président américain, Mark Zuckerberg est même allé beaucoup plus loin puisque Meta a accepté de verser 25 millions de dollars de dommages et intérêts à Donald Trump pour se faire pardonner de l'avoir banni de Facebook après l'attaque du capitole le 6 janvier 2021. Et il n’est pas le seul. Juste avant l’élection Donald Trump avait aussi porté plainte contre la chaîne CBS après une interview de Kamala Harris qui lui avait déplu. Trump réclamait un montant absurde 10 milliards de dollars.

    D’après le New York Times, les studios Paramount, propriétaires de la chaîne, ont décidé de ne pas aller jusqu’à un procès qu’ils étaient pourtant sûrs de gagner, préférant verser plusieurs millions de dollars à Donald Trump. Pourquoi ? Parce que Paramount vient de racheter SkyDance Media pour 8 milliards de dollars, un deal qui doit encore être approuvé par le régulateur américain.

    Le patron de SkyDance Media qui s’avère être le fils du multimilliardaire Larry Ellison, le patron d’Oracle et un proche de Trump. Voici donc un petit groupe d’hommes qui sans être directement aux commandes ont acquis assez de richesses et de pouvoir pour influer directement sur les prises de décision politiques et économiques de la Maison Blanche. Comme quoi il n'y a pas besoin de parler russe.