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  • L'antifascisme a déjà une longue histoire, qui correspond à celle du fascisme puisque celui-ci suscita d'emblée une riposte de la part des gauches, du mouvement ouvrier et de tou·tes celles et ceux attaché·es aux idées d'égalité et de justice sociale. Avec l'installation des extrêmes droites dans les champs politiques des sociétés capitalistes actuelles, partout dans le monde, il est nécessaire de revisiter l'histoire riche de l'antifascisme. C'est à cette démarche que nous nous consacrons dans cet entretien - enregistré durant l'été 2023 - avec deux frères, Alain et Philippe Cyroulnik, tous deux militants de longue date de la gauche communiste et révolutionnaire (d'abord à l'Union des étudiants communistes puis à la Jeunesse communiste révolutionnaire, ensuite au sein de la Ligue communiste, refondée plus tard sous le nom de Ligue communiste révolutionnaire, et aujourd'hui du Nouveau parti anticapitaliste). On revient avec eux sur leur entrée dans le militantisme, la place du combat contre le fascisme dans leur engagement révolutionnaire et ce que signifiait concrètement lutter contre l'extrême droite avant, pendant et après mai-juin 1968. On s'arrête notamment sur l'attaque par la Ligue communiste du meeting fasciste d'Ordre nouveau le 21 juin 1973, qui pose notamment la question de l'usage de la violence dans la lutte antifasciste. On conclut en s'interrogeant sur les défis présents, alors que l'extrême droite ne se réduit plus à des organisations violentes mais groupusculaires, car elle dispose d'une large base de soutien électoral, qui lui permet d'envisager la conquête du pouvoir politique en France - comme elle l'a fait dans d'autres pays.

  • Dans ce nouvel épisode de "Minuit dans le siècle", on s'arrête sur l'un des représentants les plus influents des extrêmes droites contemporaines, en Europe et au-delà : Viktor Orbán. Modèle de Marine Le Pen en France, en raison notamment de ses politiques xénophobes et de sa longévité au pouvoir, il entretient de bonnes relations avec Vladimir Poutine mais aussi Narendra Modi, Recep Erdoğan, Benjamin Netanyahou, ou encore Donald Trump. Si les choix politiques d'Orbán s'ancrent dans l'histoire de la Hongrie, elles ne reflètent en rien un simple particularisme hongrois. Il se pourrait même d'ailleurs que sa trajectoire, exprimant une synthèse entre le néolibéralisme d'origine thatchérienne (qui fut son inspiration initiale) et le nationalisme réactionnaire (pour lequel il a opté ensuite), ait anticipé des transformations qui sont à l'oeuvre dans les droites de nombreux pays, y compris en France. Pour parler de tout cela, je reçois la journaliste Amélie Poinssot, autrice du livre "Dans la tête de Viktor Orbán", aux éditions Actes Sud.

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  • Dans ce nouvel épisode, on poursuit avec Pierre Stambul - militant de l'Union juive française pour la paix - notre questionnement sur le projet sioniste, la colonisation de la Palestine et l'extrême droite israélienne, dans le contexte de la guerre génocidaire menée, en ce moment même, par le pouvoir israélien contre les Palestinien·nes de Gaza. Après être revenu sur le mouvement sioniste et sur l'histoire de l'extrême droite en son sein, une histoire plus ancienne que la création de l'État d'Israël et du nettoyage ethnique de 1948, qui a vu des centaines de milliers de Palestinien·nes être expulsé·es de leurs terres, on évoque dans cet épisode la domination politique de cette extrême droite en Israël ainsi que les différentes branches - notamment orthodoxe et laïque - en son sein, qui peuvent se différencier sur des sujets internes à la société israélienne mais qui toutes aspirent à construire un "Grand Israël" et, pour cela, à se débarrasser des Palestinien·nes. On aborde également la question de l'instrumentalisation du génocide des Juifs d'Europe à des fins de légitimation de l'État d'Israël, de sa politique de colonisation et de sa guerre actuelle contre Gaza. On termine sur la question de la répression des mouvements de solidarité avec la Palestine et du rôle que joue cette répression dans le processus de fascisation à l'oeuvre en France, tout en posant la question de la lutte contre l'antisémitisme.

  • Dans ce nouvel épisode, on aborde avec Pierre Stambul - militant de l'Union juive française pour la paix - la question du projet sioniste et de la colonisation de la Palestine, sans laquelle on ne saurait comprendre ni l'extrême droite israélienne (actuellement au pouvoir dans le pays) ni la guerre (de nature potentiellement génocidaire) menée, en ce moment même, par le pouvoir israélien contre les Palestinien·nes de Gaza. Cette extrême droite et la radicalisation raciste de la politique en Israël, allant jusqu'à la déshumanisation de Palestinien·nes présenté·es par de hauts personnages de l'État comme des "animaux humains", ne viennent pas de nulle part. Il ne s'agit en rien d'une simple réaction aux attaques du Hamas : des organisations fascistes se développent depuis longtemps dans le cadre du sionisme, et elles s'inscrivent en pleine continuité avec 75 ans de colonisation de la Palestine tout en se proposant d'aller toujours plus loin, avec des méthodes toujours plus criminelles. Cette extrême droite a une longue histoire, plus ancienne encore que la création de l'État d'Israël et du nettoyage ethnique de 1948, qui a vu des centaines de milliers de Palestinien·nes être expulsé·es de leurs terres. Avant d'en venir au tableau précis de la politique israélienne actuelle, il nous faut donc revenir aux origines du sionisme, faire comprendre quel est son projet fondamental (et fondamentalement colonial), ainsi que les différents courants en son sein.

  • Que sait-on du Front national, devenu récemment Rassemblement national, en tant qu'organisation ? Comment fonctionne le parti dirigé longtemps par Jean-Marie Le Pen puis, depuis 2011 par sa fille, Marine Le Pen ? Comment devient-on un dirigeant de l'une des principales organisations d'extrême droite européennes ? En obtenant de plus en plus d'élus (locaux, nationaux ou européens), le FN/RN est-il devenu un parti comme les autres ? Qui y domine : les élu-es ou les membres de l'appareil ? Qu'est-ce que l'on observe lorsque l'on s'éloigne de la façade communicationnelle ou électorale ? C'est à ce type de questions que nous cherchons à répondre dans cet épisode avec la chercheuse en science politique Safia Dahani, qui a menée une longue enquête de terrain sur le FN/RN dans le cadre de sa thèse. Elle y propose notamment la notion de "parti patrimonial", mais développe aussi des réflexions passionnantes sur les modes de sélection des dirigeant-es, les rapports entre les élu-es et l'appareil, la manière dont l'organisation se perpétue dans et malgré les crises de direction, les formes et les raisons de l'engagement et du désengagement militant, le rôle joué par la médiatisation, le type de domination exercée par les dirigeants (en particulier Jean-Marie Le Pen puis Marine Le Pen), ou encore la formation des militants et des cadres, etc.

  • Dans ce double épisode de rentrée, on revient sur ce qui s’est joué il y a exactement 50 ans au Chili : un coup d’État militaire mené contre le président élu Salvador Allende, qui mit fin à l'expérience de l'Unité populaire. L'installation de la dictature anéantit l’espoir pour des millions de Chilien-nes, appartenant notamment à la classe ouvrière et à la paysannerie, d’une sortie de la misère pour beaucoup mais plus profondément d’une société socialiste et démocratique mettant fin à l’exploitation et à toute forme d’oppression. Pour cela, j'ai rencontré Franck Gaudichaud, spécialiste des luttes sociales et politiques en Amérique latine, auteur de plusieurs livres sur le Chili et en particulier sur la séquence allant de l'élection d'Allende, en septembre 1970, au coup d'Etat militaire du 11 septembre 1973, ces "mille jours qui bouleversèrent le monde" pour reprendre le titre de l'un de ses ouvrages. Dans ce 2nd volet, on revient particulièrement sur la manière dont s'est déroulé concrètement le coup d'État et l'installation d'une dictature militaire sous la férule du général Pinochet, une dictature féroce à l'égard des militant-es de gauche et qui engagea le pays dans une contre-révolution néolibérale extrêmement brutale, une "thérapie de choc" qui a marqué très durablement le Chili.

  • Dans ce double épisode de rentrée, on revient sur ce qui s’est joué il y a exactement 50 ans au Chili : un coup d’État militaire mené contre le président élu Salvador Allende, qui mit fin à l'expérience de l'Unité populaire. L'installation de la dictature anéantit l’espoir pour des millions de Chilien-nes, appartenant notamment à la classe ouvrière et à la paysannerie, d’une sortie de la misère pour beaucoup mais plus profondément d’une société socialiste et démocratique mettant fin à l’exploitation et à toute forme d’oppression. Pour cela, j'ai rencontré Franck Gaudichaud, spécialiste des luttes sociales et politiques en Amérique latine, auteur de plusieurs livres sur le Chili et en particulier sur la séquence allant de l'élection d'Allende, en septembre 1970, au coup d'Etat militaire du 11 septembre 1973, ces "mille jours qui bouleversèrent le monde" pour reprendre le titre de l'un de ses ouvrages. Dans ce 1er volet, on revient tout d'abord sur l'expérience de la gauche au pouvoir et la grande peur que celle-ci engendra du côté des classes dominantes, malgré le légalisme d'Allende et le caractère graduel des réformes. Dès la victoire de celui-ci, les forces de l'oligarchie, appuyées par les Etats-Unis, prirent ainsi des initiatives pour l'empêcher d'accéder au pouvoir puis l'empêcher de gouverner. Après le sabotage économique et le blocage institutionnel, qui n'empêchèrent pas l'Unité populaire de progresser électoralement, c'est vers l'option d'un coup d'État qu'ils se tournent en 1973.

  • Il faut évidemment refuser le discours dominant selon lequel les classes populaires seraient passées à l'extrême droite. Tenu aussi bien par des néolibéraux que par des idéologues ou des politiciens proches du FN/RN, ce discours valide les prétentions de ce parti : être devenu le parti du peuple, des ouvriers, des gens "modestes", de la classe travailleuse. Du côté du pouvoir néolibéral et de ses porte-voix, il s'agit - dans un mépris de classe évident - de renvoyer les classes populaires à une forme d'incompétence culturelle et de déviance politique : le peuple serait prompt à succomber comme un seul homme à l'autoritarisme et au racisme (alors même que c'est un gouvernement néolibéral qui mène actuellement des politiques autoritaires, anti-migrant·es et islamophobes). Pour autant, on ne devrait pas faire l'autruche en prétendant que les classes populaires seraient allergiques à l'extrême droite : il y a des franges de ces classes et des territoires populaires dans lesquels on vote assez largement - ce qui ne veut pas dire unanimement - pour le FN/RN. Il n'y a pourtant pas grand-chose de "social" dans le programme du FN/RN, et encore moins de propositions qui amélioreraient nettement les conditions de vie des classes populaires. Il importe donc d'interroger les logiques sociales qui conduisent malgré tout à voter à l'extrême droite. C'est de ces logiques dont on discute dans cet épisode avec le sociologue Benoît Coquard, spécialiste des classes populaires rurales et auteur d'un livre marquant il y a quelques années, "Ceux qui restent" (éditions La Découverte), où il relate une enquête par immersion et de long terme dans ce qu'il nomme les campagnes en déclin. Ayant rencontré en chemin la question de la politisation et du vote, sa recherche permet de comprendre comment, dans des territoires ruraux désindustrialisés, la politisation se construit en grande partie dans le cadre des "bandes de potes", c'est-à-dire dans les formes de solidarité qui naissent et s'entretiennent en bonne partie pour résister à la précarisation, à la montée des concurrences et des incertitudes, ou encore dans les processus de construction des masculinités ou de marginalisation des femmes (sur le marché du travail ou dans les sociabilités). C'est tout cela, sur fond de légitimation du racisme et de stigmatisation des "assistés" dans l'espace public, qui conduit concrètement à rendre l'extrême droite quasi-hégémonique dans certains territoires populaires, à amener certain·es à penser que voter pour le FN/RN c'est se ranger du côté des "gens biens".

  • Narendra Modi et les ultranationalistes hindous sont au pouvoir depuis 2014, et ils aspirent à s'y maintenir en gagnant les prochaines élections législatives qui auront lieu en 2024. Mais cette mouvance n'est pas réductible à Modi et à son parti le BJP : celui-ci est l'incarnation sur le terrain politico-électoral d'une organisation : le RSS, l'Organisation des Volontaires nationaux. Créé dès les années 1920 sur le modèle notamment des fascismes européens, ce mouvement de masse est largement implanté dans la société indienne et extrêmement ramifié, puisqu'il a engendré au cours du 20e siècle un vaste réseau d’organisations satellites (réseau que l’on nomme le « Sangh Parivar ») : des organisations culturelles et religieuses comme le VHP (qui signifie en français le Conseil hindou mondial), des organisations de jeunes, de femmes, syndicales, d’éducation populaire, des think tanks, des coopératives, des médias, mais aussi des milices et le BJP qui en constitue une sorte de front politique et de vitrine électorale. C'est sur ce mouvement, son histoire et son idéologie, ses objectifs et son mode de fonctionnement, que nous revenons dans cet épisode avec le chercheur Christophe Jaffrelot, l'un des plus grands spécialistes au niveau mondial de l'extrême droite indienne et auteur de nombreux livres sur cette question, en particulier "L’Inde de Modi. National-populisme et démocratique ethnique" (publié en 2019 aux éditions Fayard).

  • Nouvel épisode de "Minuit dans le siècle", court et sans invité, pour aborder un point qui a beaucoup agité les médias ces dernières semaines : les agissements de la mouvance dite "ultra-droite". Attaque contre le maire de Saint-Brévin, défilé dans Paris le 6 mai, colloque de l'Action française, hommage à Dominique Venner organisé par l'Institut Iliade, marche aux flambeaux à Annecy, etc., les militants néofascistes, royalistes et ultra-réactionnaires sont à l'offensive. J'essaie dans cet épisode d'expliquer pourquoi cette catégorie d'ultra-droite est une mauvaise piste, en montrant qu'il s'agit plutôt de la frange extraparlementaire et militante d'une extrême droite qui a aussi une branche institutionnelle (le RN), avec laquelle elle partage une vision du monde. Je tente également de donner quelques éléments de compréhension concernant les fonctions de l'extrême droite extraparlementaire, et d'avancer enfin des pistes sur la riposte en abordant la question qui fâche : faut-il soutenir des dissolutions et des interdictions ?

  • Le Front national devenu récemment Rassemblement national (FN/RN) a indéniablement conquis une frange de l'électorat populaire au cours des quatre dernières décennies. Pour autant, défend-il un programme favorable aux intérêts matériels des classes populaires ? Pas le moins du monde, comme on le montre dans cet épisode avec l'économiste Denis Durand. Après avoir promu des politiques violemment néolibérales pendant les deux premières décennies de son histoire, il défend depuis - avec des évolutions selon l'actualité - une variété particulière de néolibéralisme : hostile au droit de grève et aux syndicats, à la cotisation sociale (donc à la protection sociale) et aux fonctionnaires (donc aux services publics). Plus fondamentalement, le FN/RN se situe dans la continuité de toutes les idéologies d'extrême droite : en défense des hiérarchies supposées naturelles (dont la domination du patron sur les travailleur·ses) et de la liberté des capitalistes d'exploiter sans entraves (sous le faux nez de la "libre entreprise"), contre la fiscalité progressive et l'imposition forte des bénéfices des entreprises, etc. Et contrairement à une idée reçue le FN/RN ne défend nullement la retraite à 60 ans pour tou·tes à taux plein. Loin de là d'ailleurs puisqu'au vu de ses propositions, certain·es devraient attendre 67 ans pour toucher une retraite pleine. S'il prétend ainsi soutenir la mobilisation actuelle qui s'oppose à la contre-réforme des retraites, espérant profiter de l'hostilité à Macron pour se poser en alternative crédible et populaire, il n'a cessé de s'opposer au mouvement réel, notamment en dénonçant la grève reconductible et en défendant les innombrables violences policières contre les manifestant·es.

  • 90 ans après l'arrivée de Hitler au pouvoir, le 30 janvier 1933, ce nouvel épisode de "Minuit dans le siècle" revient sur un moment historique un peu oublié mais qui contribua à électriser contre lui les forces nationalistes allemandes (dont les nazis constituaient la frange la plus extrême) : l'instauration de la République en novembre 1918, l'émergence de conseils d'ouvriers et de soldats partout dans le pays, et la possibilité réelle d'une révolution communiste. Avec l'historien Jean-Numa Ducange, autour de son livre récent "La République ensanglantée" (paru aux éditions Armand Colin), on discute également du cas autrichien, qui vit le parti socialiste le plus puissant au monde conquérir la capitale, Vienne, et la gouverner pendant plus d'une quinzaine d'années, puis être vaincu militairement par ce qu'on nomma l'austrofascisme. On essaie ainsi de comprendre comment les mouvements ouvriers les mieux organisés et les plus imposants au monde ont pu être défaits - sans combattre véritablement dans le cas allemand - par différentes variétés du fascisme, en rappelant l'origine et l'ampleur des sectarismes croisés entre socialistes et communistes qui les empêchèrent de bâtir un front uni face au danger mortel qu'ils affrontaient. Cet épisode permet ainsi d'aborder certains des débats stratégiques centraux pour l'antifascisme d'hier, mais aussi d'aujourd'hui.

  • Le meurtre récent en plein Paris de trois membres de la communauté kurde, ainsi que la grande manifestation en l’honneur de Fidan Doğan, Sakine Cansız et Leyla Söylemez, trois militantes du mouvement kurde assassinées il y a dix ans à Paris également, réclamant qu’enfin justice soit faite, est venue rappeler la brutalité de la persécution que subissent les populations kurdes en Turquie, de la part du régime de Recep Tayyip Erdoğan, mais aussi des mouvements d’extrême droite. Avec Emre Öngün, militant franco-turc et docteur en science politique, nous revenons dans ce nouvel épisode sur les trajectoires du fascisme en Turquie. Celui-ci est principalement incarné, depuis près d’un demi-siècle, par une organisation : le MHP (parfois connu à travers son symbole, le « loup gris »). Mais il trouve ses racines intellectuelles chez Nihâl Atsiz, un écrivain qui fut proche du nazisme et qui élabora les principaux fondements idéologiques du fascisme turc. Le MHP est depuis 2015 un allié d'Erdoğan, qui se trouve lui-même engagé depuis une dizaine d'années dans un processus de fascisation marqué par une répression féroce des mouvements kurdes, l'enfermement de milliers de militant·es (notamment du HDP), la suppression de nombreux médias indépendants du pouvoir, le licenciement de centaines de milliers d'employé·es de la fonction publique n'ayant rien à voir avec la tentative de coup d'État, et plus profondément la concentration des pouvoirs dans les mains du chef, la soumission de la justice, etc. Ainsi se nouent au sein du pouvoir turc une droite conservatrice en voie de fascisation et une extrême droite fasciste ancrée dans l'histoire du pays.

  • On invoque souvent, à raison, le déclin des gauches et du mouvement ouvrier pour expliquer la montée des extrêmes droites. Mais on ne devrait pas sous-estimer ce qui se joue depuis au moins dix ans du côté des droites traditionnelles - libérales ou conservatrices - et de leurs électorats. Après tout, Trump et le trumpisme sont apparus dans l'orbite du Parti Républicain, sur un terrain préparé par le Tea-Party, des franges de la droite radicalisées par l'arrivée au pouvoir de Barack Obama. On voyait ainsi déjà progresser ce qui se présentait comme une "droite alternative" (alt-right). Ce qui était alors embryonnaire s'est développé et a fait de Trump, Bolsonaro ou Orbán les leaders d'un combat contre le mal : un cosmopolitisme progressiste qui chercherait à détruire tous les fondements de l'ordre traditionnel. Avec Pablo Stefanoni, auteur récent du livre "La rébellion est-elle passée à droite ?" (éd. La Découverte), c'est à comprendre ces dynamiques politiques et culturelles, qui pourraient bien devenir centrales au sein des droites à l'échelle mondiale, que nous nous consacrons dans cet épisode.

  • On n'a sans doute pas assez insisté sur le rôle de la Manif pour tous, en France, dans le renouveau des extrêmes droites, dans la radicalisation de franges de la droite conservatrice mais aussi dans la stimulation d'un nouveau militantisme féminin ancré dans la sphère des droites radicales, identitaires et néofascistes. Dans ce nouvel épisode, on discute avec Magali Della Sudda de cette question à partir de son dernier livre, intitulé "Les nouvelles femmes de droite" et paru aux éditions Hors d'atteinte. On y évoque la création de nouveaux collectifs féminins, le socle éthique et politique qui les unit mais aussi les clivages qui les séparent, notamment entre antiféminisme et "féminisme identitaire". On revient sur les trajectoires, les propriétés sociales et les aspirations politiques de ces femmes - généralement jeunes - qui font le choix de militer dans ces collectifs. On parle enfin des nouvelles stratégies, communicationnelles et militantes, qu'elles mettent en oeuvre et la manière dont elles contribuent ainsi à la bataille culturelle.

  • Dans ce nouvel épisode, on discute avec la sociologue Violaine Girard du vote pour l'extrême droite mais sous un angle un peu inhabituel : celui des politiques industrielles et d'aménagement urbain qui ont contribué à façonner un "peuple de droite". Dans son livre "Le vote FN au village" (éd. Le Croquant), elle montre en effet à quel point le vote pour le FN/RN doit être lu en lien avec ce qui se joue au travail mais aussi dans l'espace résidentiel. Elle insiste également sur le fait que les pouvoirs publics ont façonné une classe ouvrière conservatrice en implantant de nouvelles industries dans des territoires marqués par une faiblesse des solidarités collectives (notamment syndicales), mais ont aussi mené - sans le dire - des politiques de peuplement visant à construire ou maintenir un entre-soi blanc.
    Si l'éloge de la "valeur travail" et de la "méritocratie" mais aussi la stigmatisation des "assistés", de l'immigration et des quartiers populaires avaient permis à Nicolas Sarkozy de s'attirer les votes d'une partie des travailleurs·ses de ces territoires, la déception et la défiance vis-à-vis des élites politiques traditionnelles les a fait pencher largement depuis vers Marine Le Pen et l'extrême droite. On voit donc moins ici le basculement des classes populaires de la gauche vers l'extrême droite que la radicalisation d'un "peuple de droite", dans un contexte de montée des concurrences sur le marché du travail et dans l'espace résidentiel.

  • Le parti Fratelli d'Italia caracole en tête des sondages d'opinion pour les élections qui doivent se dérouler dans quelques jours. Giorgia Meloni, sa présidente et principale figure publique, pourrait ainsi prendre la tête d'une coalition des droites - avec Forza Italia de Silvio Berlusconi et la Lega de Matteo Salvini - et diriger le prochain gouvernement italien. Ce n'est pas la première fois que l'extrême droite figurerait dans un gouvernement, notamment en Italie, mais c'est la première fois qu'elle dominerait une coalition au pouvoir dans un des principales puissances capitalistes européennes. Avec David Broder, responsable éditorial de la revue Jacobin et historien spécialiste de l'Italie, nous revenons sur les origines, le projet et la stratégie de Fratelli d'Italia, et nous tentons de comprendre comment ce parti peut être actuellement la force dominante dans le champ politique italien. Nous nous interrogeons enfin sur ce qui pourrait déboucher d'une telle expérience, dans un pays où la gauche semble désespérément incapable de renouer un lien avec les classes populaires et d'entraver l'ascension des néofascistes.

  • Gramsci est devenu une icône, célébrée par tou·tes ou presque (y compris les extrêmes droites contemporaines, héritiers de ses pires ennemis politiques), réduite à quelques citations (les fameux "monstres" qui surgissent dans le "clair-obscur" de la crise), en somme une figure parfois dépolitisée, souvent privée de son tranchant politique. Ce qu'on oublie bien souvent, c'est que Gramsci fut un dirigeant du parti communiste italien, s'inscrivant dans la filiation de Lénine et de la révolution russe, enfermé par la dictature mussolinienne. Mais on oublie aussi et surtout ses apports spécifiques à la compréhension du fascisme et de la lutte pour le communisme. Avec Yohann Douet, on se propose donc dans cet épisode de vous aider à naviguer parmi les textes, les idées et les concepts de Gramsci, en soulignant à quel point elles permettent de penser le fascisme, le danger qu'il représente et les voies par lesquelles il progresse. Chemin indispensable pour nous, au regard de la montée des extrêmes droites, en France et dans le monde.

  • Dans ce nouvel épisode, on continue avec Pierre Madelin notre série sur l'écofascisme, et plus largement sur les rapports entre les extrêmes droites et l'écologie. Pour mieux combattre les écologies identitaires, qui ne se réduisent pas à une simple tactique électorale mais renvoient à une vieille préoccupation d'une certaine extrême droite, pour mieux montrer l'impasse dans laquelle ces écologies nous enferment, il faut comprendre la manière dont les néofascistes pensent l'environnement, s'approprient la question du climat, élaborent des arguments et popularisent des solutions (qui n'en sont pas). À rebours des logiques xénophobes et racistes qu'elles promeuvent, Pierre Madelin plaide pour une refondation internationaliste de l'écologie, montrant en particulier qu'il n'y a rien de contradictoire à défendre la solidarité avec les exilé·es et l'attention portée aux territoires.

  • Dans ce nouvel épisode, nous continuons à explorer avec Laurent Lévy les conséquences du 6 février 1934, mais sous l'angle de la réaction de la classe ouvrière et de la gauche à cette tentative de coup de force fasciste. Nous revenons notamment sur le formidable élan unitaire des travailleurs·ses en faveur de l'unité antifasciste, qui s'exprima notamment lors de la manifestation du 12 février 1934, à Paris mais aussi et surtout en province. Largement spontané, cet élan contraignit les dirigeants des organisations ouvrières - syndicales et politiques - à construire un front uni capable de faire reculer les ligues d'extrême droite. L'unité permit l'entrée dans une nouvelle séquence politique en donnant confiance à la classe ouvrière : les grèves avec occupation d'usines de mai-juin 36 et la victoire électorale du Front populaire au même moment en sont l'expression. La transformation du front des organisations ouvrières contre le fascisme en Front populaire, intégrant le Parti radical (un parti de notables, naviguant entre le centre-gauche et le centre-droit), donna par ailleurs lieu à des débats stratégiques importants, que nous évoquons également dans cet épisode.